Salariés opérés du canal carpien : suivi professionnel pendant 3 ans

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Salariés opérés du canal carpien : suivi professionnel pendant 3 ans
dmt
TF 185
études et enquêtes
Salariés opérés du canal carpien :
suivi professionnel pendant 3 ans
Le syndrome du canal carpien est une affection très fréquente qui atteint des salariés de nombreux
secteurs d’activité. Suivre sur 3 ans le devenir des salariés opérés est l’objet de cette étude
qui permet ainsi d’évaluer le retentissement professionnel de cette affection, une fois opérée.
En résumé
Cette étude, débutée en 2004, a permis de suivre pendant 3 ans, sur les plans médical et professionnel, 99 salariés (80 femmes et 19 hommes) opérés d’un syndrome
du canal carpien avec seulement 3 salariés perdus de vue.
Les salariés sont répartis en trois grandes catégories :
« emplois de bureau », « service et commerce » et « ateliers
ou usines ».
À l’issue de la première visite médicale du travail,
54 femmes et 12 hommes ont été déclarés aptes à leur
poste antérieur à l’intervention chirurgicale. À l’issue des
3 ans, seuls 8 salariés ont vu leur parcours professionnel
modifié par les conséquences du syndrome du canal
carpien.
Vingt-neuf salariés ont déclaré leur pathologie en maladie professionnelle, 20 ont été reconnus.
A
vec 40 537 reconnaissances
en 2007, le tableau 57 du
régime général des maladies
professionnelles (MP) représente environ 75 % des MP
déclarées et reconnues chez les salariés de ce régime. Les secteurs les plus touchés sont par ordre de
fréquence décroissante de reconnaissance : la métallurgie, le bâtiment et les travaux publics, les industries
des transports, de l’eau, du gaz, de l’électricité, du livre
et de la communication, puis les services, les commerces et les industries de l’alimentation.
En 2007, près de 135 000 interventions chirurgicales pour syndrome du canal carpien (SCC) chez des
personnes en âge de travailler ont été recensées. Le
SCC représente à lui seul près de 37 % des reconnaissances au titre du tableau 57 et 27 % de l’ensemble des
MP reconnues. L’objectif de ce travail est d’étudier de
façon plus précise le retentissement du traitement chirurgical du SCC sur le devenir médical et professionnel des salariés opérés au cours des 3 années suivant la
reprise du travail.
PARIS M., PASQUIER C.,
LIBERT B.
Médecins du travail,
AMETIF
Matériel et méthode
Durant l’année 2004, chaque salarié vu en visite médicale du travail – visite d’embauche, visite périodique,
visite de reprise, visite occasionnelle – après une intervention pour syndrome du canal carpien datant de
moins de 1 an est retenu dans l’étude. Au cours de cette
visite, un questionnaire médico-socio-professionnel est
complété par le médecin du travail (annexe 1). Ce questionnaire comprend notamment des items sur le vécu
du poste occupé avant l’intervention.
Dans le mois suivant cette première visite médicale,
le poste de travail occupé par le salarié est étudié par le
médecin du travail ou le technicien hygiène et sécurité
avec une grille d’analyse (annexe 2). Il s’agit du poste
effectivement occupé par le salarié, avec les restrictions
ou aménagements définis par le médecin du travail,
dans les suites de la visite médicale.
Un suivi du devenir du salarié est assuré à 6 mois, 1,
2 et 3 ans par le médecin du travail au cours d’une visite médicale, d’une étude de poste ou d’un entretien
téléphonique (annexe 3). Le contact avec le salarié a
pu être conservé soit au travers de son maintien dans
l’entreprise, soit à l’aide de ses coordonnées personnelles (adresse, numéro de téléphone) que celui-ci
avait volontairement communiquées au médecin du
travail lors du premier entretien, après information sur
la teneur de l’étude.
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1er trimestre 2010
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Vécu du poste avant l’intervention
chirurgicale
Résultats
L’analyse du vécu du poste effectué avant l’intervention par les salariés fait ressortir les éléments suivants :
- 75 salariés estiment travailler vite, 86 sont débordés, 76 se déclarent stressés ;
- 62 salariés choisissent l’ordre des tâches, 64 prennent de l’avance dans leur travail ;
- 67 salariés peuvent compter sur l’aide de leurs supérieurs hiérarchiques et autant sur l’aide de leurs collègues ;
- 44 salariés sont gênés par le froid, la chaleur ou
l’humidité.
À L’ISSUE DE LA PREMIÈRE VISITE
Population globale
Tous les médecins du service interentreprises ont participé à l’étude. Il n’y a eu aucun refus ni des médecins
ni des salariés, ce qui a permis d’inclure 99 salariés. L’âge
moyen de l’ensemble de ces salariés est de 45 ans, droitiers dans 80 % des cas. Ils sont répartis en 80 femmes,
d’âge moyen 44 ans avec des extrêmes de 22 à 61 ans et
19 hommes, d’un âge moyen 47 ans avec des extrêmes
de 35 à 62 ans.
Ces salariés, d’une ancienneté moyenne de 13,5 ans
dans l’entreprise et de 10,5 ans dans le poste, bénéficient
à 98 % d’un contrat de travail à durée indéterminée.
Les salariés sont répartis en trois grandes catégories :
« emplois de bureau », « services et commerces » et
« ateliers ou usines » (tableau I).
La nature de la première visite médicale réalisée
après l’intervention est consignée sur la figure 1.
L’intervention chirurgicale réalisée concerne 39 fois
la main droite, 21 fois la gauche et 39 fois les 2 mains.
La médiane de la durée de l’arrêt de travail est de
2 mois et la moyenne est de 3 mois.
Au moment de cette première visite médicale,
29 salariés signalent avoir fait une déclaration de maladie professionnelle, sans que l’on puisse savoir qui est à
l’initiative de cette démarche. Parmi eux, 13 ont obtenu une reconnaissance, 15 sont en attente de décision et 1 est refusé.
TABLEAU I
Femmes Hommes
Emplois
de bureau
64
Cette étude du poste occupé par le salarié après l’intervention a été menée par le médecin du travail ou le
technicien hygiène et sécurité.
Les caractéristiques les plus fréquemment retrouvées sont, pour l’ensemble des salariés inclus :
- une activité identique tout au long de la journée
(58 salariés),
- des efforts avec la main droite (65 salariés) ou la
main gauche (61 salariés),
- le soulèvement répétitif de charges de plus de 1 kg
(59 salariés),
- des efforts de poussée (43 salariés) ou de traction
(52 salariés) avec les avant-bras,
- une absence d’appui des avant-bras (67 salariés),
- des mouvements de flexion du poignet de plus de 10°
(61 salariés) ou d’extension de plus de 30° (49 salariés),
- l’utilisation des doigts en crochet ou en pince
(57 salariés).
Répartition de la population en fonction des différents secteurs d’activité et de l’avis d’aptitude
à la première visite médicale du travail.
Population globale
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Profil du poste de travail occupé après
l’intervention chirurgicale
Salariés aptes
Salariés aptes
avec restriction
Femmes Hommes Femmes Hommes
Salariés aptes
Salariés inaptes
avec aménagement
Femmes Hommes
Femmes Hommes
21
2
17
2
4
0
0
0
0
0
Services
et commerces
35
8
24
5
9
2
0
1
2
0
Ateliers
ou usines
24
9
13
5
6
4
1
0
4
0
Total
80
19
54
12
19
6
1
1
6
0
Fig. 1 : Nature de la première visite médicale après l’intervention.
60
56
50
39
40
30
20
10
3
1
Occasionnelle
Embauche
0
Reprise
Périodique
Salariés aptes
À l’issue de cette première visite, 66 salariés
(54 femmes et 12 hommes) sont déclarés aptes (tableau I).
La moyenne d’âge de ces salariés est de 46 ans pour
les hommes et les femmes.
L’ancienneté moyenne dans l’entreprise est de 15 ans
(14 ans pour les femmes, 17 ans pour les hommes) et de
11 ans dans le poste (11 ans pour les femmes, 12 ans
pour les hommes).
Parmi ces 66 salariés, 13 ont fait une déclaration de
maladie professionnelle avant la première visite médicale ;
5 ont été reconnues, 7 sont en attente et 1 est refusée.
Salariés avec réserves d’aptitude
À l’issue de la première visite, 33 salariés ne bénéficient pas d’une aptitude totale (tableau I).
Parmi eux, 25 sont déclarés « aptes avec restriction »
et 2 « aptes avec aménagement ». L’âge moyen est de
45,1 ans et leur ancienneté moyenne dans l’entreprise
est de 11,7 ans et 9,9 ans dans le poste.
La différence entre restriction et aménagement
n’est pas toujours très évidente dans les dossiers étudiés. Les restrictions d’aptitude se résument à une limitation temporaire de la manutention de charges. Les
aménagements consistent pour un salarié à équiper son
poste d’une aide mécanique à la manutention et pour
l’autre en la transformation de son poste de coursier
moto en coursier véhicule léger.
Parmi ces 27 salariés, lors de la première visite,
12 ont fait une déclaration de MP ; 5 sont reconnus et
7 sont en attente.
Six salariées sont déclarées « inaptes temporaires »
ou « inaptes au poste et aptes à un autre poste »
(tableau I). Leur âge moyen est de 45 ans, leur
ancienneté moyenne dans l’entreprise est de 18 ans et
de 13 ans dans le poste.
Parmi elles, 4 ont fait une déclaration de MP, dont
3 sont déjà reconnues lors de la visite, la 4e étant en attente.
TROIS ANS APRÈS LA PREMIÈRE VISITE
Le devenir des salariés est présenté dans le tableau
II. Trois ans après la première visite médicale, 69 ont
conservé leur poste de travail, 30 salariés ont changé de
parcours, dont 3 perdus de vue.
Du fait du syndrome du canal carpien, 12 salariés
ont vu leur parcours professionnel modifié. Il est à noter que, parmi ces 12 salariés, 2 avaient été initialement
déclarés aptes à leur poste. Les parcours professionnels
ont été modifiés comme suit :
- 5 salariés ont conservé leur poste mais avec un
aménagement,
- 1 a changé de poste en restant dans la même entreprise,
- 1 a changé d’entreprise suite à un licenciement,
- 2 ont vu leur départ à la retraite accéléré,
- 2 sont perdus de vue suite à des inaptitudes en rapport avec le SCC,
- 1 est au chômage.
Il s’agit de 10 femmes et de 2 hommes, d’un âge
moyen de 46 ans, en CDI, ayant une ancienneté
moyenne dans l’entreprise et dans le poste de 10 ans
lors de la 1re visite.
La durée moyenne des arrêts pour ces salariés est
de 4 mois contre 3 mois pour l’ensemble de la population étudiée.
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TABLEAU II
Devenir des salariés trois ans après la première visite.
Situation par rapport à celle
lors de la première visite
Salariés initialement Salariés initialement Salariés initialement
aptes
aptes avec restriction aptes avec aménagement
Salariés initialement
inaptes
Au même poste
49
20*
2*
3**
À un autre poste dans
la même entreprise
2
1
0
Dans une autre entreprise
suite à un licenciement
1
1
0
1
Dans une autre entreprise
suite à une démission
4
0
0
Au chômage
1
2
0
1
En retraite
7
1
0
Perdus de vue
2
0
0
1
Total
66
25
2
6
* Les restrictions et les aménagements initiaux ont été maintenus.
** Il s’agissait d’inaptitudes temporaires qui ont été levées ultérieurement.
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Lors de la première visite, 7 salariés travaillaient dans
le secteur « services et commerces » (1 coiffeuse, 2 employées de jardinerie, 1 aide-ménagère, 1 aide médicopsychologique, 1 chauffeur véhicule léger, 1 vendeuse en
poissonnerie), 4 en « atelier usine » (1 ouvrier affecté à
l’agrafage de pièces automobile, 1 au montage de parechocs, 1 sur une machine de déroulage, 1 conditionneuse) et 1 dans les « bureaux » (secrétaire de direction).
Au moment de la première visite médicale, 7 parmi
ces 12 salariés ont fait une déclaration de maladie professionnelle, 6 seront reconnus.
Il faut noter que, sans rapport avec le syndrome du canal carpien, 18 salariés ont changé de travail : 15 femmes
et 3 hommes d’un âge moyen de 45,3 ans ayant en
moyenne, 17,4 ans d’ancienneté dans l’entreprise et
13,4 ans dans le poste lors de la 1re visite. Sept avaient,
lors de la 1re visite, un emploi de « bureau », 5 dans le secteur « services et commerces » et 6 en « atelier usine ».
Trois salariés ont été perdus de vue (1 à 1 an, 1 à
2 ans et 1 à 3 ans). Il s’agit de femmes d’un âge moyen
de 37 ans, 2 travaillaient en « services et commerces »
et 1 en « atelier usine », avec une ancienneté de 6 ans
dans l’entreprise et de 5 ans dans le poste, au moment
de la première visite.
Sur les 29 déclarations de maladies professionnelles
constatées lors de la première visite, 3 ans après, 20 ont
abouti à une reconnaissance, 3 à un refus et 6 ne sont
pas documentées. Il n’y a eu aucune déclaration postérieure à la reprise de travail.
Discussion
SUR LE PLAN MÉTHODOLOGIQUE
Il convient d’abord de souligner l’enregistrement
dans le dossier médical, en accord avec le salarié, de
données personnelles (en particulier le numéro de téléphone) : celui-ci a permis de limiter au maximum
les perdus de vue en suivant le devenir, non seulement des salariés restant dans leur entreprise d’origine, mais aussi de ceux l’ayant quitté. Il est bien
évident que c’est essentiellement le devenir de cette
population « migrante » qui était préoccupant. Une
étude comparable menée par le service interentreprises de médecine du travail de Saône-et-Loire de
1997 à 2000 faisait état de 40 % de perdus de vue à
3 ans et seuls 51 dossiers sur 103 avaient pu être inclus dans l’enquête [1].
La répartition par secteur d’activité de la population
étudiée est sensiblement différente de celle retrouvée
dans d’autres études : le commerce et les activités de
service sont très représentés, alors que le secteur du bâtiment et des travaux publics est beaucoup moins important. Ceci peut s’expliquer par le fait que les salariés
de ce dernier secteur ne sont, en majorité, pas suivis
par le service de santé au travail initiateur de l’étude.
LES RÉSULTATS
La bilatéralité de la symptomatologie est très fréquente. Quarante pour cent des salariés suivis ont été
opérés des 2 poignets, chiffre très proche de celui de
l’étude menée sur la population du Maine-et-Loire en
2002 et 2003 [2].
La durée moyenne d’arrêt de travail pour l’ensemble
de la population étudiée est de 3 mois (avec des extrêmes de 0 à 31 mois) contre une durée moyenne de
4 mois pour les salariés dont la pathologie a impacté la
vie professionnelle lors de la reprise. La médiane de la
durée d’arrêt est de 2 mois, ce qui est également retrouvé dans l’étude des Pays de la Loire menée en 2003
auprès de 1 509 sujets opérés d’un syndrome du canal
carpien [2] et dans la série de 59 patients suivis par
Carmona et coll [3]. Cette durée est cependant très supérieure à celle retrouvée dans une étude britannique
faisant état d’un arrêt moyen de 17 jours [4].
Cette enquête n’a pas recherché l’étiologie, en
particulier professionnelle, du syndrome du canal
carpien ; il n’a en effet pas été réalisé d’études des
postes de travail occupés préalablement à l’intervention, mais seulement du vécu à ces postes des salariés. Seule une prise en compte de l’ancienneté dans
le poste et du vécu du travail a été retenue. Cependant, plusieurs remarques s’imposent :
- la rapidité d’exécution des tâches, le manque de
temps, le stress sont autant de facteurs de risque de
troubles musculosquelettiques, même si les salariés reconnaissent avoir de l’intérêt pour le travail effectué,
avoir un certain degré de liberté dans l’organisation et
pouvoir compter sur leur entourage professionnel,
- Derebery [5] fait état d’une multiplicité de facteurs
qui peuvent éventuellement être retrouvés et diversement associés dans la genèse d’un syndrome du canal
carpien. Sur le plan professionnel, deux situations apparaissent favorisantes : des travaux de force et répétitifs associés à des vibrations dans des positions
inconfortables d’une part, et des travaux de force et répétitifs en ambiance froide d’autre part.
La grande majorité des salariés (66/99) occupent,
lors de la reprise du travail, le même poste qu’avant l’intervention. Celui-ci présente souvent un certain nombre de contraintes généralement reconnues comme
pouvant contribuer au développement d’un syndrome
du canal carpien. Trois ans après, 74 salariés sont toujours au même poste. La persistance de contraintes reconnues comme habituellement pathogènes ne
semblent pas être un facteur de récidive.
Alors que l’âge moyen des salariés est le même
quelle que soit la conclusion d’aptitude, l’ancienneté
moyenne dans l’entreprise et au poste des salariés initialement déclarés inaptes est très légèrement supérieure à celles des salariés déclarés initialement aptes.
Trois ans après l’intervention, seuls 8 salariés ont vu
leur parcours professionnel impacté par leur pathologie
du canal carpien, dont 1 sans travail et 1 ayant changé
d’entreprise. Pour être totalement exhaustif, il faut
ajouter 2 salariés retraités et 2 perdus de vue à cause de
leur pathologie. Ces chiffres confirment la bonne réadaptation à leur travail des opérés du canal carpien et
le faible impact de cette pathologie traitée sur le devenir professionnel.
L’étude publiée en 2003 par le service interentreprises de médecine du travail de Saône-et-Loire à propos du devenir médico-professionnel des opérés du
canal carpien [1] concluait, en accord avec les données
de la littérature, à un taux de 75 % de salariés se considérant comme guéris ou satisfaits 3 ans après l’intervention, mais sur un nombre faible de dossiers et une
proportion importante de perdus de vue (40 %).
Les résultats de la présente enquête sont par ailleurs
en accord avec ceux d’une étude menée auprès de
toutes les personnes domiciliées dans le Maine-etLoire ou la Loire-Atlantique [6] et ayant subi en 2003
une libération chirurgicale du nerf médian au canal carpien. Cette même étude montre que les patients
n’ayant pas repris d’activité professionnelle présentent
plus fréquemment d’autres atteintes musculosquelettiques (67,1 % vs 47,4 %) ; cette dernière donnée n’a
pas été évaluée dans le travail rapporté ici.
Seuls 29 % des salariés ont fait une demande de
reconnaissance en maladie professionnelle. Ce chiffre assez faible peut s’expliquer par la sous-déclaration générale des maladies professionnelles, par le
bon résultat du traitement chirurgical – 85 % de satisfaction au moment de la reprise – et par l’envie du
salarié de retrouver son ancien poste de travail. Il
semble que la déclaration en maladie professionnelle
soit le plus souvent envisagée comme un moyen de «
prévoir » l’avenir lorsque la reprise au poste ou à un
autre poste dans l’entreprise paraît difficile (importante durée d’arrêt, inaptitude temporaire à la reprise…) ; dans ce sens, cette déclaration ne serait pas
le reflet objectif d’une corrélation entre un poste et
une pathologie, mais plutôt le marqueur d’un risque
social.
Conclusion
En accord avec la plupart des autres études, ce
travail constate que la majorité des salariés opérés
du syndrome du canal carpien reprend le travail au
poste occupé avant l’intervention. Bien que fréquemment bilatérale, cette pathologie apparaît
peu pénalisante sur le parcours professionnel des
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67
salariés quand elle est opérée. Il est vraisemblable
que la réussite du traitement chirurgical associée à
la reprise au même poste explique le faible nombre
de déclarations en maladie professionnelle.
Cette étude a par ailleurs montré qu’il était possible de suivre pendant une longue période une population salariée, même dans une région à forte mobilité
de main d’œuvre.
Points à retenir
Le plus grand nombre de salariés opérés du canal
carpien reprend son poste de travail à l’issue de
l’intervention.
Une bonne adhésion des salariés au suivi à long
terme est possible, même dans une région à forte
mobilité de main d’œuvre.
Seuls 29% des salariés ont déclaré une maladie
professionnelle.
Bibliographie
[1] BARDOUILLET MC, GEY C, HAMONIC T,
JORRY F - Devenir médico-professionnel des opérés
du canal carpien. Arch Mal Prof. 2003 ; 64 (2) :
83-88.
[2] ROQUELAURE Y, HA C, PÉLIER-CADY MC,
NICOLAS G ET AL. - Surveillance en population générale du syndrome du canal carpien dans le Maineet-Loire en 2002 et 2003. Bull Épidémiol Hebd.
2005 ; 44-45 : 221-24.
[3] CARMONA L, FAUCETT J, BLANC PD,YELIN E Predictors of rate of return to work after surgery
for carpal tunnel syndrome. Arthritis Care Res. 1998 ;
11 (4) : 298-305.
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68
[4] ACHARYA AD,AUCHINCLOSS JM - Return to
functional hand use and work following open carpal
tunnel surgery. J Hand Surg Br. 2005 ; 30 (6) : 607-10.
[5] DEREBERY J - Work-related carpal tunnel syndrome: the facts and the myths. Clin Occup Environ
Med. 2006 ; 5 (2) : 353-67.
[6] ROQUELAURE Y, MARIOT C, HA C - Devenir
des patients opérés d’un syndrome du canal carpien. In : Symposium Épidémiologie des troubles
musculosquelettiques d’origine professionnelle :
résultats et apports pour la prévention. Ministère
de la Santé et des Solidarités. 15 novembre 2005.
InVS, 2005 (www.invs.sante.fr/publications/2005/symposium_tms/index.html).
Annexe 1
QUESTIONNAIRE MÉDICO-SOCIO-PROFESSIONNEL LORS DE LA 1ÈRE VISITE MÉDICALE
Devenir médico-socio-professionnel
des opérés du canal carpien
BILAN INITIAL
À REMPLIR PAR LE MÉDECIN DU TRAVAIL EN PRÉSENCE DU SALARIÉ
GÉNÉRALITÉS
1
››
Nom du médecin : _____________________________________________
2
››
Date de l'entretien : ___/___/____
A / Salarié
3
››
Nom : ____________________________________________________________________
4
››
Prénom : _________________________________________________________________
5
››
Âge : _____________________________________________________________________
6
››
Sexe :
◆
◆
7
››
Masculin
Féminin
Droitier
Ambidextre
◆ Gaucher
◆
››
1
❐
❐
❐
1
❐
❐
❐
1
2
Êtes-vous ?
◆
8
❐
❐
2
3
Quelle est la nature de votre contrat de travail ?
CDI
CDD
◆ Intérimaire
◆
◆
2
3
B/ Depuis combien d'années travaillez-vous ?
9
››
Depuis votre premier emploi : _____________________________________________________________________________________
10
››
Dans cette entreprise : ______________________________________________________
11
››
Dans le poste occupé avant l’intervention : ___________________________________
12
››
Étiez-vous polyvalent(e) dans le poste occupé immédiatement
avant votre intervention ?
Oui
Non
❐
❐
1
2
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FACTEURS PSYCHOSOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
CONCERNANT LE POSTE OCCUPE AVANT L'INTERVENTION
13 ›› Votre travail vous obligeait-il à travailler très vite ?
Rarement
Parfois
◆ Assez souvent
◆ Très souvent
◆
◆
14
››
Jamais
De temps en temps
◆ Souvent
◆ Toujours
◆
››
Souvent
Parfois
◆ Rarement
◆ Jamais
◆
››
Jamais
Rarement
◆ Parfois
◆ Souvent
◆
››
Oui tout à fait
Plutôt oui
◆ Plutôt non
◆ Non
◆
››
Oui tout à fait
Plutôt oui
◆ Plutôt non
◆ Non
◆
››
Non
Plutôt non
◆ Plutôt oui
◆ Oui tout à fait
◆
70
❐
❐
❐
❐
1
❐
❐
❐
❐
1
3
4
2
3
4
2
3
4
2
3
4
❐
❐
❐
❐
1
❐
❐
❐
❐
1
2
3
4
Pensiez-vous que le poste que vous occupiez immédiatement
avant l’intervention pouvait être supprimé ?
◆
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1
2
Pouviez-vous compter sur vos collègues en cas de difficultés dans votre travail ?
◆
19
❐
❐
❐
❐
4
Pouviez-vous compter sur votre supérieur hiérarchique immédiat
en cas de difficultés dans votre travail ?
◆
18
1
3
Preniez-vous de l'avance dans votre travail ?
◆
17
❐
❐
❐
❐
2
Pouviez-vous choisir l'ordre dans lequel vous accomplissiez vos tâches ?
◆
16
1
Étiez-vous débordé(e) dans votre travail ?
◆
15
❐
❐
❐
❐
2
3
4
20
21
››
››
Étiez-vous gêné par le bruit à votre poste ?
◆ Non
◆ Plutôt non
◆ Plutôt oui
◆ Oui tout à fait
Non
Plutôt non
◆ Plutôt oui
◆ Oui tout à fait
◆
››
Non
Plutôt non
◆ Plutôt oui
◆ Oui tout à fait
◆
››
❐
❐
❐
❐
1
❐
❐
❐
❐
Pas du tout
Un peu
◆ Beaucoup
◆ Enormément
◆
››
1
3
4
2
3
4
2
3
4
Quel niveau de stress éprouviez-vous sur le poste occupé avant l'intervention ?
◆
24
❐
❐
❐
❐
2
Étiez-vous gêné par le froid, la chaleur ou l’humidité à votre poste ?
◆
23
1
Étiez-vous gêné par la nature de l’éclairage à votre poste ?
◆
22
❐
❐
❐
❐
1
2
3
4
Quel intérêt portiez-vous à votre travail ?
(situez votre intérêt sur l’échelle ci-dessous en cochant)
◆
aucun
énorme
◆
QUESTIONNAIRE MÉDICAL
25 ›› Type de visite :
❐
❐
❐
❐
Visite d’embauche
Visite annuelle
◆ Visite de reprise
◆ Visite occasionnelle
◆
◆
26
››
Date de l’ (ou des) intervention (s) :
◆
◆
Canal carpien droit
Canal carpien gauche
mois : ________
mois : ________
année : ________
année : ________
27
››
Durée de l'arrêt : ________________
28
››
À ce jour pouvez-vous dire que l’intervention a apporté une amélioration
à vos symptômes ? :
Pas du tout
Plutôt non
◆ Plutôt oui
◆ Oui tout à fait
◆
◆
❐
❐
❐
❐
1
2
3
4
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29
››
Déclaration maladie professionnelle :
◆
◆
30
››
❐
❐
Oui
Non
Reconnaissance maladie professionnelle :
❐
❐
❐
Oui
En attente
◆ Non
◆
◆
31
››
Poste occupé avant l'intervention : _________________________________________
32
››
Poste occupé lors de la visite : _____________________________________________
33
››
Si le poste occupé est le même qu’avant l’intervention, a-t-il été aménagé ?
◆
◆
34
››
❐
❐
Oui
Non
Avis d'aptitude émis :
Apte
Inapte à tous les postes de l'entreprise
◆ Apte avec restriction
◆ Inapte temporaire
◆ Apte avec aménagement de poste
◆ Pas d'avis
◆ Inapte au poste / apte à un autre poste
◆ Aptitude différée
◆
◆
35
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››
Numéro de téléphone du salarié :
◆
Personnel
____________________________
◆
Portable
____________________________
◆
Professionnel
____________________________
❐
❐
❐
❐
❐
❐
❐
❐
Annexe 2
GRILLE D’ANALYSE DU POSTE OCCUPÉ APRÈS L’INTERVENTION
Entreprise :
Date de l’EP :
Nom du salarié :
Poste occupé :
Nom du médecin :
Profil du poste après l’intervention
Numéro Questions
1
Fréquence significative (proche de 100 mouvements/minute)
2
Le salarié exerce-t-il la même activité tout au long de sa journée
de travail ?
3
Le salarié utilise-t-il un clavier infomatique ?
5
Non
Existe-t-il une répétitivité des gestes ? sous-entendu : fréquence de
sollicitation du poignet en flexion, extension, pronation, supination
››
4
Oui
››
Plus de 4 heures par jour ?
››
Utilise-t-il également une souris ?
Faut-il fournir un effort manuel au poste de travail ?
››
Avec la main droite ?
››
Avec la main gauche ?
››
Les charges soulevées manuellement dépassent-elles les 1 000 g ?
››
Le poste nécessite-t-il de pousser les avant-bras ?
››
Le poste nécessite-t-il de tirer avec les avant-bras ?
Les gestes et la posture au poste de travail :
››
Absence d’appui des avant-bras ?
››
Flexion du poignet supérieure à 10° ?
››
Flexion du poignet supérieure à 30° ?
››
Utilisation des doigts en crochets ou en pince digitale ?
››
Utilisation de la paume de main comme marteau ?
6
Le salarié a-t-il l’occasion d’exercer pendant son activité
professionnelle une pression sur un objet dur ou coupant ?
7
Utilise-t-il de manière habituelle un outil vibrant ?
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Annexe 3
FICHE DE SUIVI REMPLIE LORS D’UNE VISITE MÉDICALE, D’UNE ÉTUDE DE POSTE OU
D’UN ENTRETIEN TÉLÉPHONIQUE SPÉCIFIQUE
Devenir médico-socio-professionnel des opérés
du canal carpien
FICHE DE SUIVI
Nom du médecin :
_____________________________________________
Nom et prénom du salarié : _________________________________________________________
Entreprise : ________________________________________________________________________
Date de la 1re visite : _____/_____/_____
Avis d’aptitude à la 1re visite :________________________________________________________
Devenir du salarié à 6 mois
Poste occupé (en clair) : _______________________________________________________
◆ Même poste que celui occupé lors de la 1re visite
❐
◆ Même poste que celui occupé lors de la 1re visite mais aménagé
❐
Préciser en clair le type d’aménagement
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆ Autre poste dans la même entreprise ______________________________❐
◆ Poste dans une autre entreprise suite à :
◆ démission
❐
◆ licenciement
❐
◆ Pas de poste suite à :
◆ démission
❐
◆ licenciement
❐
◆ retraite
❐
◆ autre (en clair) : _______________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆
La pathologie du canal carpien a eu un impact direct sur l’aménagement
du poste, le changement de poste, la démission, le licenciement
❐
Devenir du salarié à 1 an
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Poste occupé (en clair) : _______________________________________________________
◆ Même poste que celui occupé lors de la visite à 6 mois
❐
◆ Même poste que celui occupé lors de la visite à 6 mois mais aménagé ❐
Préciser en clair le type d’aménagement
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆ Autre poste dans la même entreprise
❐
Poste dans une autre entreprise suite à :
◆ démission
❐
◆ licenciement
❐
◆ Pas de poste suite à :
◆ démission
❐
◆ licenciement
❐
◆ retraite
❐
◆ autre (en clair) : _______________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆ La pathologie du canal carpien a eu un impact direct sur l’aménagement
du poste, le changement de poste, la démission, le licenciement
❐
◆
Devenir du salarié à 2 ans
Poste occupé (en clair) : _______________________________________________________
◆ Même poste que celui occupé lors de la visite à 1 an
❐
◆ Même poste que celui occupé lors de la visite à 1 an mais aménagé
❐
Préciser en clair le type d’aménagement
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆ Autre poste dans la même entreprise
❐
◆ Poste dans une autre entreprise suite à :
◆ démission
❐
◆ licenciement
❐
◆ Pas de poste suite à :
◆ démission
❐
◆ licenciement
❐
◆ retraite
❐
◆ autre (en clair) : _______________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆ La pathologie du canal carpien a eu un impact direct sur l’aménagement
du poste, le changement de poste, la démission, le licenciement
❐
Devenir du salarié à 3 ans
Poste occupé (en clair) : _______________________________________________________
- même poste que celui occupé lors de la visite à 2 ans
❐
- même poste que celui occupé lors de la visite à 2 ans mais aménagé ❐
Préciser en clair le type d’aménagement
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆ Autre poste dans la même entreprise
❐
◆ Poste dans une autre entreprise suite à :
◆ démission
❐
◆ licenciement
❐
◆ Pas de poste suite à :
◆ démission
❐
❐
◆ licenciement
◆ retraite
❐
◆ autre (en clair) : _______________________________________________
______________________________________________________________
______________________________________________________________
◆ La pathologie du canal carpien a eu un impact direct sur l’aménagement
du poste, le changement de poste, la démission, le licenciement
❐
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