Médecine hors norme - Médecins francophones du Canada

Transcription

Médecine hors norme - Médecins francophones du Canada
Volume 41 – N° 4 – Juillet-août 2008
Sommaire
articles
Construire un monde
meilleur
– Page 8
Un chemin naturel
pour un sportif
convaincu
– Page 10
Journée de FPC et
Parlementaire à Québec
– Page 12
Chroniques
La santé en francophonie
canadienne
– Page 5
Nos médecins
venus d’ailleurs
– Page 7
Parlez-vous franglais...
en médecine ?
– Page 13
Ce mystérieux monde
du placement...
– Page 15
Site internet
Avez-vous lu récemment
Des mots et des remèdes ?
Médecine hors norme
Par Claudine Auger
n avant-midi de fin de mars, soleil frileux
U
filtrant avec économie sa douceur printanière, ne laissant en rien présager de la chaleur de
la rencontre qui s’annonce. Prévenu par la réceptionniste de la clinique où il travaille quelques heures par semaine, le Dr Alain Bérubé, longue silhouette
fébrile, arrive aussitôt pour accueillir la journaliste.
En toute simplicité, il lui offre une marche jusqu’au
restaurant. La journaliste ne le sait pas mais son
interlocuteur, un guide passionné, s’apprête à lui
révéler quelques secrets de Sherbrooke, ville fascinante
à travers son regard, lui qui y vit et y pratique la médecine depuis plus de 35 ans. À la découverte du Dr Alain
Bérubé, médecin hors norme s’il en est.
Le réveil spirituel
Parce qu’il a grandi auprès de parents très croyants
et particulièrement engagés socialement, Alain
Bérubé ne s’est jamais senti athée. Tout au
long de sa vie, il côtoiera le père Lionel
Jacob, qui demeurera une influence
marquante. À l’aube de son adolescence, le jeune Alain devient
moniteur science et nature pour
un camp de vacances fondé par
la communauté des Religieux
de Saint-Vincent-de-Paul, à
laquelle appartient le père
Jacob, et construit par les
adolescents eux-mêmes.
Lorsqu’Alain et l’élue
de son cœur décident de
suite à la page 2 ➤
org
www.amlfc.
II Le Dr Alain Bérubé
L’AMLFC, partenaire du médecin francophone pour l’innovation et l’engagement social
Médecine hors norme
suite de la une
se marier, c’est tout naturellement
vers le père Jacob qu’ils se tournent.
À l’époque, le geste est moins romantique que destiné à apaiser la
conscience parentale. Devant ce
manque de conviction des tourtereaux, le père Jacob ne peut accepter
de célébrer le mariage. Il les envoie
plutôt participer à un groupe de rencontre du renouveau charismatique.
Là se retrouvent des chrétiens catholiques ayant vécu un éveil spirituel.
Frappés par l’unité de ces gens en
prière, touchés par leur mysticisme,
Alain et sa future femme désirent en
savoir davantage : « Ces gens ont
rencontré quelqu’un... Je veux le
rencontrer aussi! » Le cœur ouvert à
l’Esprit, Alain Bérubé a écouté l’appel de Dieu.
Un cheminement guidé par
trois présences : celle, bienveillante,
éclairante et toujours près de lui,
du père Jacob; celle des Filles de la
Charité, souvent appelées « Sœurs
de Saint-Vincent-de-Paul », à qui
le jeune Alain a demandé avec
candeur comment on faisait pour
avoir la foi; et finalement, un peu
plus tard dans sa vie, celle des moines de l’abbaye Saint-Benoît.
La Maison « Étoile
de Bethléem »
Nous sommes au début des années
1970. Après l’éveil spirituel de ses
protégés, le père Jacob a accepté
avec joie de célébrer leur union.
Quant aux jeunes mariés, déterminés plus que jamais à vivre leur foi,
ils cherchent une manière concrète,
inscrite dans le quotidien, de lui
permettre d’éclore. C’est en offrant
des ateliers de préparation au
mariage qu’Alain et sa femme rencontrent un couple missionnaire
revenant d’Afrique, Gérard et
Suzanne Clerson, avec qui ils partagent les mêmes valeurs. Leur
enthousiasme commun les incite
ASSOCIATION
DES MÉDECINS
DE LANGUE FRANÇAISE
DU CANADA
8355, boul. Saint-Lau­rent
Mon­tréal (Québec) H2P 2Z6
bientôt à démarrer une grande
aventure : s’installer en communauté pour vivre l’Évangile.
En peu de temps, les quatre
aventuriers trouvent un duplex en
plein centre de Sherbrooke, une
maison plus que centenaire dont il
rant un lieu de guérison où les
passants écorchés par la vie pouvaient tisser un réseau social et
développer des facultés relationnelles. En échange, de menus travaux leur étaient demandés, source
de valorisation. Entre autres, ils
tale. Il sentait le besoin de développer de meilleurs outils pour aider
les défavorisés que sa communauté
accueillait au quotidien. À la
même période, un groupe de psychiatres mettaient en place un projet pilote dont l’objectif visait l’im-
« Je n’ai jamais eu besoin de me demander où j’allais :
tout s’est toujours placé comme un morceau de casse-tête. »
– Dr Alain Bérubé
faudra pourtant rajeunir le
charme. C’est en ce lieu qu’ils
fonderont la Maison « Étoile de
Bethléem », un organisme sans
but lucratif. Tout en évoquant ces
temps mémorables, Alain Bérubé
explique : « Nous avions nos quartiers respectifs, avec une cuisine
commune et un endroit pour la
prière où nous nous retrouvions
chaque jour. Nous désirions partager, accueillir. » Rapidement, leur
Maison « Étoile de Bethléem »
émergeant à peine, des demandes
de personnes démunies fusent de
partout. « Prostituées, ex-prisonniers, femmes battues... Nous sommes vite devenus la porte de sortie
des travailleurs sociaux », précise
Alain Bérubé, ajoutant que
« devant tant de misère humaine,
comment résister ? »
Ainsi guidés par leur générosité, les fondateurs de la Maison
« Étoile de Bethléem » ont accueilli
les indigents, leur offrant le gîte et
la fraternité. Mais pour de jeunes
familles comme celle d’Alain
Bérubé, vivre une telle proximité
où l’intimité ne trouve plus place
finit par générer certaines tensions.
L’accueil fut donc restreint à l’externe (le jour seulement), demeu-
participaient à la mise sur pied du
grand bazar annuel organisé par
la Maison « Étoile de Bethléem »
pour financer ses activités. « Notre
bazar, c’était un succès garanti! En
moins de deux jours, le contenu
des soixante grandes tables était
liquidé !» raconte avec enthousiasme le Dr Bérubé.
La psychiatrie : une
pièce du casse-tête
Tout en vivant intensément cette
aventure de communauté, Alain
Bérubé entreprenait son cours de
médecine. Passionné de physiologie et de biochimie, il s’orientait
au départ vers la recherche, avec
en poche une maîtrise en neuropharmacologie. Mais au moment
d’entrer au doctorat, son moniteur
de thèse lui a souligné qu’il ferait
un piètre chercheur mais un excellent médecin. Son humanisme,
sans conteste...
Afin de mieux le soutenir, sa
femme quitta son emploi en psychoéducation pour s’occuper de
leurs deux jeunes enfants et de la
gestion de l’accueil de la Maison
« Étoile de Bethléem ». Débutant sa
pratique d’omnipraticien, le jeune
Dr Bérubé opta pour la santé men-
plication des omnipraticiens en
psychiatrie par une formation de
deux ans à l’hôpital Saint-Vincentde-Paul. Interpellé, le Dr Bérubé
s’y est joint sans poser plus de
questions. « Je n’ai jamais eu
besoin de me demander où j’allais :
tout s’est toujours placé comme un
morceau de casse-tête », commente en souriant le Dr Alain
Bérubé, devant ce parcours inusité
qui est le sien. Et les meilleures
pièces sont encore à insérer...
La méthadone :
un pas vers le milieu
carcéral
Omnipraticien désormais reconnu
comme expert en santé mentale,
avec un intérêt particulier pour les
comorbidités associées à la toxicomanie vu son profil en pharmacologie, le Dr Bérubé est bientôt
contacté par un avocat. C’est le
début des années 1990, et les
programmes de substitution à la
méthadone demeurent marginaux. Mais cet avocat cherche un
expert en pharmacologie pour son
client, héroïnomane et incarcéré.
Il cherche à convaincre le juge et
la cour de l’efficacité de substituer
la drogue par la méthadone. Fait
Rédaction : (514) 388-2228
1 800 387-2228
Rédactrice en chef
Marie-Françoise Mégie, MD
Révision et coordination
Diane Bircher
Télécopieur : (514) 388-5335
Comité éditorial
Jacques Étienne Des Marchais, MD
Jean Léveillé, MD
Jean-Marie Martel, MD
Louis Conrad Pelletier, MD
Journalistes
Claudine Auger
Jean Michel Taub
Internet : www.amlfc.org
Courriel : [email protected]
Conception graphique
Pascal Gornick
Convention de la Poste-publications n° 40009931– Les membres de l’AMLFC sont abonnés au coût de 12 $. – Abonnement au Canada : 24 $ plus taxes par année.
Vol. 41 – N° 4
Juillet-août 2008
II Le Dr Alain Bérubé
exceptionnel, le directeur de la prison soutient le projet. « J’ai assisté
la défense à la cour et nous avons
gagné. Depuis ce temps-là, je suis
reconnu à la cour comme médecin
expert pour les programmes de
méthadone pour les centres carcéraux fédéraux du Québec », précise
le Dr Bérubé.
Le projet accepté, il commence
à fréquenter les prisons. Il doit suivre ce premier patient à la méthadone chaque semaine durant le
traitement. Des dizaines d’autres
suivront. Ce chemin peu banal
transformera peu à peu la pratique
du médecin humaniste qui, depuis,
côtoie quotidiennement les institutions carcérales. « Chaque fois,
c’est le même sentiment de plonger dans un autre univers », tente
d’expliquer Alain Bérubé, avec au
fond de l’œil ce désir toujours aussi
ardent d’aimer son prochain. Spécialiste en toxicomanie et en psychiatrie, habitué à travailler avec
des gens ayant des troubles sévères
de la personnalité, il n’est pas surprenant que les directeurs de prison le courtisent toujours avec
grand espoir.
Malgré des moyens limités, le
Dr Alain Bérubé détaille avec fierté
le travail accompli auprès des détenus au niveau de la santé publique. « Quand on sait qu’une prison
est un véritable incubateur de
microbes, la sensibilisation et le
traitement sont essentiels. Puisque
nous avons les ‘‘patients’’ sur
place, ne pouvant pas rater leur
rendez-vous, l’approche de dépistage et de prévention, entre autres
par le vaccin contre les hépatites A
et B, est grandement facilitée. »
Constatant les besoins et le
manque de ressources, Alain Bérubé
ne pouvait qu’agir. Le programme
de substitution à la méthadone
devait pouvoir s’appuyer sur un
support psychologique. Il fait alors
appel au centre Jean-Patrice Chiasson, à Sherbrooke, souhaitant s’entourer d’une équipe multidisciplinaire pour suivre cette clientèle
marginalisée. « Je ne les ai pas
convaincus, j’ai forcé la porte ! »
avoue-t-il sans honte. Pourtant, il a
dû s’armer de patience. Ce n’est que
lorsque Denis Bougie a pris la direction du centre que l’idée du
Dr Bérubé a pu s’enraciner. Dès lors,
il a formé une équipe et est devenu le
chef des services médicaux. Quelques
années plus tard, les efforts acharnés
et la généreuse détermination du
Dr Bérubé portaient leurs fruits : le
programme de traitement par la
méthadone est devenu une référence.
L’ÊTRE, avant tout
Sa philosophie, le Dr Alain Bérubé
vous la résume en un seul mot :
« quelqu’un ». Un mot qui scande
son discours et qui définit la qualité de ses interactions sociales,
quelles qu’elles soient. L’essentiel,
c’est de « traiter les gens en quelqu’un, et non en quelque chose.
Le statut social ne définit pas une
personne mais quelque chose »,
explique-t-il simplement. Et il
insiste : « La découverte du quelqu’un va changer le regard sur sa
propre vie, la façon de voir les
autres. Un véritable revirement
intérieur. » C’est d’abord et avant
tout le regard que Dieu porte sur
chaque être, un regard d’amour.
« Cette puissance que je suis m’est
révélée par ce quelqu’un qui se
révèle à moi. L’Évangile, c’est quelqu’un », conclut-il, la voix douce.
De son propos, certaines règles
découlent. Alain Bérubé poursuit en
précisant que la pire blessure que
l’on puisse infliger à son prochain,
c’est de ne pas respecter sa dignité.
Alors que l’honorer mène à la guérison. « Je n’ai jamais été agressé, et
pourtant je travaille avec les délinquants de la société. » Le docteur
humaniste approche chacun des
détenus avec la même générosité, la
même ouverture, le même respect et
le même intérêt pour ce qu’ils sont.
Les gens le lui rendent bien. Et
quand ses collègues lui demandent
comment il peut travailler avec des
« bandits », il répond, comme si
c’était une évidence : « Je me mets à
leur place. Je regarde l’autre dans sa
détresse. Et si c’était mon fils, comment voudrais-je qu’il soit traité ? »
Lors d’un récent voyage du
Dr Bérubé dans les Caraïbes, avec son
fils, le maître d’hôtel (qui semblait
pourtant distant) est venu le remercier pour son passage et sa gentillesse,
sa manière d’entrer en contact avec
tous ceux qu’il avait rencontrés et les
traces qu’il avait laissées dans son
sillage, concluant : « Vous semez la
paix. » On ne saurait mieux dire. I
LA GRÈCE ET VOYAGES MALAVOY
Voyages Malavoy
s’est porté acquéreur de
Voyages Le Tassili, une agence
qui depuis près de 25 ans est
le spécialiste de la GRÈCE.
MYKONOS : maisons cubistes blanches sur
une mer bleue - SANTORIN : l’archétype de
l’île grecque idyllique
PATMOS : foyer religieux des îles Sporades
RHODES : pont entre l’Europe et l’Orient
L’ACROPOLE : citadelle antique la plus
importante du monde occidental - TRÉSOR
D’ATHÈNES : musée archéologique national
DELPHES : plus célèbre oracle de l’Antiquité,
centre de l’univers
ÉPIDAURE : théâtre antique le mieux conservé - MONEMVASSIA : une des plus belles
étapes du Péloponnèse
LE MONT ATHOS : centre spirituel du
monde orthodoxe
LES MONASTÈRES DES MÉTÉORES : une
forêt d’immenses rochers
Allez à la découverte de la Grèce, vous ne le
regretterez pas ! Vous partagerez la joie de vivre
LA CRÈTE : les beautés naturelles d’une île
de ses habitants et leurs traditions, la douceur
mythologique
du climat méditerranéen ainsi que les fantastiques plaisirs gastronomiques grecs.
SYMI : plus joli port de Grèce
Que ce soit pour des vacances
familiales, une escapade ou le voyage
de votre vie, nos équipes de Montréal
et de Laval se feront un plaisir de vous
aider pour votre organisation.
MONTRÉAL
360 RUE ST-JACQUES,
MONTRÉAL, QC, H2Y 1P5
Tél.: (514) 286-7559
1-888-861-2485
SELON LES 1 000 LIEUX QU’IL
FAUT AVOIR VUS DANS SA VIE
LAVAL
4103, BD. LÉVESQUE O.
LAVAL, QC, H7W 2P4
Tél.: (450) 682-2222
1-800-682-2293
www.voyagesmalavoy.com
La santé en francophonie canadienne
Mettre l’épaule à la roue
orsque Brian Conway se préL
sente, en avril 2002, à une
réunion d’information sur le dossier
de la santé en français organisée
par la Fédération des francophones
de la Colombie-Britannique, il est
bien loin de se douter qu’il deviendra bientôt, de fil en aiguille, le
président de RésoSanté ColombieBritannique et, plus tard, le président
de l’organisme national Société
Santé en français. Mais c’est bien
au cours de cette réunion d’information qu’il réalisa que le dossier
des services de santé en français en
était un qui le préoccupait beaucoup et qu’il était prêt à faire quelque chose, concrètement, afin
d’assurer aux quelque 70 000 francophones de sa province un accès
plus facile à des services de santé
dans leur langue, pour une
meilleure santé.
Considérant que l’approche la
plus pertinente serait d’agir à l’intérieur des structures existantes, c’est
tout d’abord dans son milieu immédiat qu’il a mis l’épaule à la roue.
« J’ai vu qu’il y avait un besoin, une
opportunité, et j’ai voulu m’impliquer », raconte-t-il simplement.
Professeur à la faculté de médecine
de l’Université de la Colombie-Britannique, il était responsable d’un
cours intitulé Doctor, Patient and
Society, dont l’objectif est de sensibiliser l’étudiant aux besoins des
communautés. Une partie de l’apprentissage s’y fait au sein de petites
unités de travail regroupant chacune huit étudiants.
C’est assez rapidement qu’il réalisa que cette responsabilité académique lui offrait, à l’intérieur même
de son établissement universitaire,
une opportunité d’action permettant d’améliorer la prestation de
services de santé en français. En
effet, un recensement réalisé auprès
des étudiants de 4e année révélait
que 20 % d’entre eux estimaient
maîtriser suffisamment le français
pour être capables d’offrir des services dans cette langue. Le Dr Brian
II Le Dr Brian Conway
Conway eut alors la bonne idée de
mettre sur pied – dans le cadre de ce
cours – une unité de travail en français. Ce précédent a été retenu par la
Faculté, qui offre depuis deux ans
une unité de travail en français dans
le cadre du cours Doctor, Patient
and Society.
De tempérament plutôt actif et
entreprenant, le Dr Conway n’allait
pas s’arrêter là. Sa pratique clinique
au Pender Community Health Center, une clinique académique située
dans le Downtown Eastside de Vancouver, allait lui fournir une autre
opportunité d’améliorer, à l’intérieur même du système de santé, la
prestation de services de santé en
français pour la communauté
francophone. C’est dans ce quartier
défavorisé du centre-ville de Vancouver qu’on retrouve un grand
nombre d’itinérants, dont plusieurs
sont d’origine québécoise et certains
unilingues francophones. Pour plusieurs de ces personnes, une offre de
services en français n’est pas une
option : c’est une nécessité.
Le Dr Conway nous cite l’exemple de cet homme originaire de la
Rive-Sud de Montréal, déménagé à
Vancouver à la suite de problèmes
familiaux. Atteint d’hépatite C, il se
présente à la clinique Pender, incapable d’expliquer son état en raison
de son inaptitude à parler l’anglais.
C’est un peu par hasard qu’il
se retrouve sur le chemin du
Dr Conway qui, à partir de son cas,
convainc ses collègues et l’administration de la clinique qu’il est
important qu’une personne puisse
être mise en relation avec le sytème
de santé dans une langue qui est la
sienne. Sans quoi, c’est la qualité
des soins qui en souffre.
Outre son implication dans son
milieu professionnel immédiat, le
Dr Brian Conway fut le premier
président de RésoSanté ColombieBritannique. Créé en 2003, RésoSanté est l’un des réseaux membres
de la Société Santé en français qui
fournissent dans chaque province et
territoire une plate-forme de concertation pour les partenaires désireux
d’améliorer l’accès à des services de
santé dans leur langue pour les
membres des communautés francophones en situation minoritaire.
Parmi ses membres, RésoSanté
compte des partenaires tels que la
Vancouver Coastal Health Authority,
la Provincial Health Services Authority, le BC Ministry of Health, la Vancouver Island Health Authority, le
Foyer Maillard, le Conseil scolaire
francophone de la ColombieBritannique et des organismes
communautaires francophones tels
que la Fédération des francophones
de la Colombie-Britannique, la
Boussole, ainsi que des professionnels de la santé à titre de membres
individuels. Ensemble, ces partenaires ont entrepris plusieurs initiatives
qui ont amélioré de façon concrète
l’offre de services de santé en
français dans leur province.
Le Dr Brian Conway a été élu, en
février 2007, président de la Société
Santé en français. Outre son engagement envers sa communauté
francophone, le Dr Conway est
considéré comme un chef de file
dans l’établissement de nouvelles
stratégies visant à offrir des soins
aux patients des quartiers défavorisés atteints de VIH, de VHC, d’herpès
génital ou d’autres infections. Ces
stratégies visent surtout à simplifier
les options thérapeutiques et à intégrer les aspects médicaux et psychosociaux des soins ainsi que les
aspects liés à la dépendance.
Outre la centaine de publications qu’il a à son actif, Brian
Conway est le rédacteur en chef
adjoint du Journal of Acquired
Immune Deficiency Syndromes.
Il a présidé la conférence annuelle
de l’Association canadienne de
recherche sur le VIH, qui a eu lieu à
Vancouver du 12 au 15 mai 2005.
Il est le président de l’Association en
ce moment. Il vient d’être nommé
par le ministre fédéral de la Santé,
l’honorable Tony Clement, coprésident du Conseil ministériel sur le
VIH/sida. I
Investissez en confiance
et en toute connaissance
Marie-Claire Hélie, B. Pharm.
Vice-présidente FBN
Conseillère en placement
1160 avenue Laurier Ouest, bureau 1, Outremont
514 276-3532
1 800 361-8838
Pierre-Jean Hélie, CFA, LL.B
Conseiller en placement
• Laissez-nous évaluer la structure et le rendement de votre portefeuille.
• Laissez-nous analyser la méthode de gestion de vos actifs.
• Laissez-nous vous offrir une planification de votre retraite en fonction
du potentiel de votre RER.
• Laissez-nous répondre aux questions financières qui vous préoccupent.
Laissez-nous vous aider.
« Si le temps est venu pour vous
de vendre votre maison ou de
trouver la maison de vos rêves,
contactez-moi. Il me fera grand
plaisir de vous aider. »
Réjane Choinière
Agente immobilière affiliée
Téléphone : 514 735-2281
514 344-2291
Courriel : [email protected]
GPOEBUJPOVOUPJUQPVSUPVT
Nos médecins venus d’ailleurs
Au détour des pyramides
Par Claudine Auger
’est avec exotisme que l’on
évoque l’Égypte : pays de
C
sable, de vent chaud, pays dont
l’histoire plusieurs fois millénaire
déborde de l’imaginaire, entre ses
personnages légendaires, ses tombes
royales mystérieuses et son architecture spectaculaire. Eux-mêmes, ces
Égyptiens enracinés au Canada
témoignent avec fierté de la magnificence d’un pays où, pourtant, ils
ne retourneraient pas vivre, à cause
des conditions difficiles. « L’Égypte
est le plus beau pays du monde... à
visiter », souligne le Dr Nader Habib,
installé au Canada depuis plus de
35 ans.
Le poids de la communauté égyptienne
Les immigrants égyptiens comptent
pour le deuxième groupe ethnique
d’importance de la communauté
arabe canadienne, derrière les Libanais. Comme ailleurs, les Égyptiens
ayant quitté leur pays choisissent
pour la plupart de s’installer dans
une région urbaine. Au Québec, la
majorité des 150 000 personnes qui
composent la communauté égyptienne est répartie entre Montréal et
Laval. Selon le recensement de
2001, plus de la moitié des Égyptiens ayant immigré au Canada ont
foulé leur terre d’accueil en une
vingtaine d’années seulement, entre
1961 et 1980. Une époque où le Canada représente la destination favorite de nombreux Égyptiens déçus
de la défaite de leur pays contre
Israël, lors de la guerre des Six Jours
en 1967.
La communauté égyptienne, si
elle ne possède pas de territoire délimité comme certains regroupements ethniques, joue pourtant un
rôle influent auprès de la collectivité
d’origine arabe du Québec. Pour
II Le Dr Nader Habib
certains de ses membres, c’est une
communauté moins soudée que
d’autres. En fait, les immigrants
égyptiens semblent se rassembler
davantage selon leurs convictions
religieuses. D’ailleurs, beaucoup des
premiers immigrants égyptiens
appartiennent à des minorités dans
leur pays natal. Arrivés au Canada,
ils ont participé activement à la
création d’institutions, dont l’Église
orthodoxe copte, établie en 1965, à
la suite de l’arrivée d’une vague
d’immigrants coptes, ces chrétiens
d’Égypte.
Le Dr Nader Habib
Dans sa mémoire, tous les événements sont encore d’une grande
clarté. « Un tel tournant de vie, on
se rappelle de chaque détail ! » assure avec vigueur le Dr Nader Habib.
L’omnipraticien obstétricien pratiquant à Laval depuis plus de trois
décennies raconte avec passion les
revirements qui l’ont mené jusqu’au Québec à la fin des années
1960. Lui, dont les origines familiales s’enracinent en Syrie et dont la
confession religieuse catholique le
marginalisait dans un pays musulman, confie : « Je me sentais étranger dans mon propre pays. »
Pourtant, quand son père décide
que tous suivront le fils aîné de cette
famille de six garçons, récemment
immigré au Canada, le jeune Nader
se sent bousculé. D’abord, il n’a pas
terminé son cours de médecine. Et
puis, son départ deviendra une mission périlleuse puisque quelques
semaines auparavant, une loi
concernant le service militaire
change radicalement et entrave
l’obtention de son visa de sortie.
Après des démarches complexes, le
jeune homme quittera son pays,
seul, pour aller rejoindre le reste de
sa famille qui l’attend à Londres,
afin de s’envoler pour le Québec.
Par la force de sa détermination, ou
peut-être parce que, dit-il, il est « né
sous une bonne étoile », il réussira
son intégration d’une manière telle
que certains collègues médecins lui
feront ce commentaire : « Nous
avons toujours cru que tu étais né
ici... »
Pourtant, à sa façon, le Dr Habib
reste près de sa communauté
d’origine. Sans être l’instigateur
d’activités particulières, il y participe avec enthousiasme, faisant
référence, par exemple, à celles
organisées par les Partenaires de
l’Association de la Haute-Égypte
(PACHE) qui soutiennent l’enseignement scolaire et le développement social dans cette région du
monde. Mais surtout, son implication se palpe au quotidien, alors
qu’il reçoit ses patients d’origine
arabe dans leur langue maternelle.
« Spontanément, les barrières tombent et j’arrive probablement ainsi
à mieux les comprendre. » Ces
patients d’origine arabe, c’est environ 15 % de sa clientèle, alors
qu’un autre quart rassemble
d’autres origines ethniques, dont
des Italiens, des Grecs, des Portugais. Sa sensibilité à leur condition
facilite la création d’un lien.
Des liens particulièrement
étroits puisqu’il a été, à l’occasion,
invité au mariage ou au baptême de
certains patients. Ce médecin de
famille jusqu’à la moelle conclut :
« Un omnipraticien qui ne fait pas
d’accouchements ne fait pas le tour
de sa médecine... » On comprend
l’intensité de son propos lorsqu’il
ajoute qu’il a vu défiler des générations en accouchant la mère puis,
vingt ans plus tard, la fille...
La relève égyptienne
Selon le Dr Habib, la relève des
médecins d’origine égyptienne
nés au Québec est fort différente
de sa propre génération d’immigrants qui ont étudié ailleurs et
ont été déracinés. « Malgré leurs
racines égyptiennes, ils s’identifient davantage au Québec. » C’est
bien ainsi, poursuit-il en évoquant le fait que nombre d’entre
eux, dont ses propres enfants, ne
parlent pas l’arabe. « Quand on
arrive ici, ce pays nous adopte.
Et la langue, on l’oublie... » Le
Dr Nader Habib, qui confie ne
s’être jamais senti étranger au
Québec, est persuadé que ces racines égyptiennes s’effaceront d’ici
quelques générations. Et il l’affirme sans chagrin. I
Construire un monde meilleur
Par Claudine Auger
ne vaste salle de séjour. Une
U
cuisine laboratoire, des
tables pratiques, des divans moelleux. Au fond, à côté de la télévision, un orgue qui s’enchantera
sous les doigts habiles d’un résident. Et là, tranquilles sous le soleil
d’après-midi qui perce les grandes
fenêtres, deux locataires complices
badinent sous le prétexte d’un
casse-tête et accueillent avec chaleur le Dr Robert Lavigne, le fondateur de ce milieu de vie simple et
vivant, les Demeures Sainte-Croix.
Une aventure qu’il a entamée il y a
deux décennies et qui, à l’aube de
ses 80 ans, le tient encore fort
occupé.
1976 : année
marquante
Parce qu’ils s’objectent fermement
à la vente prochaine du terrain du
couvent des Sœurs de Marie-Réparatrice à des promoteurs qui le
convertiraient en un projet à but
lucratif, trois mousquetaires partent en guerre. Marcel Laurin,
maire de Ville Saint-Laurent,
Claude Forget, ministre de la Santé
et des Affaires sociales du Québec et
député de Saint-Laurent, et Robert
Lavigne, alors président du conseil
d’administration du centre hospitalier Notre-Dame de l’Espérance
de Saint-Laurent, décident de fonder le Complexe d’hébergementsanté pour personnes âgées et
handicapées de Saint-Laurent. Ce
complexe, un projet d’envergure,
déploiera un ensemble de services
visant à répondre aux besoins en
santé de la communauté de Ville
Saint-Laurent. Rien de moins.
Nous sommes en août 1976. Trente
ans plus tard, les trois quarts du
projet auront été réalisés.
« Je me souviens de ce vendredi
midi de septembre 1976. Une religieuse directrice générale m’annonce que la corporation de l’hôpital, c’est-à-dire la congrégation
Vol. 41 – N° 4
II Le Dr Robert Lavigne
des Sœurs de la Sainte-Famille de
Bordeaux, étudiera l’offre gouvernementale quant à la vente du
terrain à l’arrière de l’hôpital.
L’entente est la suivante : le gouvernement, qui doit une somme
considérable à la communauté
religieuse, accepte qu’elle vende ce
terrain et encaisse le montant de la
transaction à titre de remboursement », raconte le Dr Lavigne.
« Ma sœur, a-t-il répondu, je vous
dis que vous ne vendrez pas ce terrain sans l’accord du conseil d’administration... et vous ne l’aurez
jamais ! » Car tout l’avenir de l’hôpital en dépend.
Sur ce, la bataille débuta.
Robert Lavigne contacta plusieurs
personnages influents au ministère
de la Santé, alla rencontrer les religieuses à leur résidence de campagne. Entre ce vendredi midi et le
lundi suivant, il obtint du gouvernement qu’il rembourse les sommes dues à la communauté reli-
Juillet-août 2008
gieuse afin que l’hôpital conserve
ce terrain. « Et j’ai sauvé le terrain!
Oui, j’ai initié et participé à des
batailles incroyables ! » se remémore en riant le Dr Lavigne.
Les Demeures SainteCroix : un projet,
trois mouvements
Face à l’immeuble de la chaufferie
de l’hôpital, construit en prévision
de son agrandissement dont le projet même, au fil du temps, s’estompait, le grand terrain qui bordait
l’avenue Sainte-Croix, sauvé d’un
développement résidentiel, allait
bientôt être aménagé. Inquiets du
manque de logements abordables
pour les aînés du secteur, le
Dr Lavigne, avec ses compères
MM. Marcel Roy et Luc Morin, fondèrent en 1987 les Demeures
Sainte-Croix, organisme bénévole
privé à but non lucratif. Le Centre
hospitalier de Saint-Laurent, acceptant de soutenir l’organisme, auto-
risa la vente d’une partie du terrain
pour la réalisation de la première
phase du projet, un immeuble de
40 unités de logement pour aînés
autonomes de 65 ans et plus. Le
projet fut réalisé en 1989 avec la
collaboration de la Société d’habitation du Québec (SHQ) et la participation financière des gouvernements fédéral et provincial. Un
deuxième volet de 36 unités de
logement pour aînés en légère
perte d’autonomie a suivi en 1993.
« Déjà, lors de la construction
du deuxième édifice, nous avons
dû aller chercher du soutien technique afin de répondre aux normes
de la SHQ – car vous savez, la première phase, nous l’avons réalisée
sans aide aucune! Alors, imaginez
lorsque nous avons entrepris la
construction du dernier bâtiment... » En effet, les normes se
complexifient à un rythme effréné.
En outre, la forme du financement
a également été révisée. Contrairement aux deux premières tranches
du projet des Demeures SainteCroix, les subventions appuient
désormais la réalisation plutôt que
le paiement partiel des loyers.
Ainsi, pour le troisième mouvement à ce jour du projet, inauguré en avril dernier, près de
3 000 000 $ ont été injectés par la
SHQ, dans le cadre de son programme AccèsLogis Québec. La
Ville de Montréal a pour sa part
investi 800 000 $, contribuant ainsi
au financement de ce dernier
édifice (coût total de 7 000 000 $)
qui porte le nombre de logements
sociaux des Demeures Sainte-Croix
à 131 unités.
Vision d’un milieu
de vie
Il y a vingt ans, on parlait encore
bien peu de la population vieillissante. Inconscients de cette réalité
proche, les besoins en logements
adaptés qui en découleraient
n’étaient certes pas la préoccupation des promoteurs immobiliers.
Le Dr Robert Lavigne, visionnaire,
considérait déjà comme crucial de
fournir des logements de qualité à
prix abordable, permettant aux
ménages à revenus modestes de
compléter leur vie tout en demeurant dans leur quartier d’origine.
« Les besoins vont exploser,
nous le vivons d’ailleurs avec nos
propres résidents », explique l’initiateur des Demeures Sainte-Croix.
« Les gouvernements ont de la difficulté à relever le défi monétaire.
Alors que le ministère de la Santé
tente de garder les gens à domicile
– ce qui est une bonne chose –
nous allons manquer de ressources
pour aller en ce sens ! » Lors de la
troisième phase du projet, les
Demeures Sainte-Croix ont dû se
plier à l’obligation d’installer un
service de repas : « On a voulu nous
forcer à offrir plus de services, mais
nous n’avons pas les ressources
financières ni le personnel requis »,
commente le Dr Lavigne. Bref, plus
les centres d’hébergement (CHSLD)
s’alourdissent de nouvelles exigences, plus les défis sont exigeants,
voire irréalistes.
Médecine d’un autre
temps
C’est dans la lignée maternelle que
la tradition médicale s’inscrit et
inspire le petit Robert, alors qu’oncles et cousins se donnaient la
relève dans les quartiers nord de
Montréal. Quant à sa mère, Valérie
Mousseau, elle s’occupait de bonnes œuvres, principalement des
crèches chapeautées par l’hôpital
de la Miséricorde, tandis qu’une de
ses sœurs, religieuse, prenait soin
des filles mères. Un modèle d’implication sociale qui, visiblement,
l’aura forgé au plus profond de son
être. « Choisir la médecine, c’est
déjà une implication sociale ! »
conclut le Dr Lavigne avec cette
fougue qui le porte encore.
En 1954, tout juste diplômé de
l’Université de Montréal, il débute
sa pratique à Saint-Laurent. Il a
choisi la médecine générale pour
être près des gens, et aussi, peutêtre, à cause d’un esprit de rivalité
entre spécialistes qui régnait à
l’époque. Son idéal : répandre l’entraide, donner un peu de bonheur.
Entre ses consultations à son
bureau installé chez lui – « par la
fenêtre, je pouvais jeter un œil sur
mes enfants qui jouaient derrière »
– les visites à domicile exigeantes
mais nécessaires, et l’hôpital –
ce réel sentiment de vocation qui
donnait aux médecins la force de
se donner corps et âme à leur profession. Un état d’esprit que partage plus difficilement la relève,
selon le fondateur des Demeures
Sainte-Croix, « peut-être parce
qu’elle pratique dans un monde
différent ». Ainsi, pour lui, la
médecine c’est fondamentalement « rendre service à son prochain ».
Le regard lucide, le Dr Lavigne
complète ainsi : « Devant tous les
défis que pose notre société vieillissante, la seule solution, c’est le
BÉNÉVOLAT ! »
Projet d’avenir...
En 2007, les Demeures SainteCroix étaient choisies par l’arrondissement de Saint-Laurent comme
organisme communautaire de
l’année et ses trois membres fon-
« À l’époque où j’étais étudiant en médecine,
on nous enseignait à donner le maximum à nos patients.
Rien n’était trop beau pour leur bien-être :
le dévouement total ! »
– Dr Robert Lavigne
pour lui un lieu de rencontre particulièrement agréable permettant
de fraterniser avec ses confrères –
le Dr Lavigne a pratiqué pendant
près d’un demi-siècle à SaintLaurent.
Il garde un souvenir inestimable de l’obstétrique, alors qu’il a
mis près de 5 000 enfants au
monde. Il souligne surtout l’exigence de cette profession qui, à
l’époque, était véritablement « le
succès d’un couple » alors que sa
femme, dévouée, élevait les enfants
et accueillait les patients. Ce
rythme de pratique changea radicalement avec la création de la
Régie de l’assurance maladie du
Québec (RAMQ) en 1970.
Le bénévolat, un état
d’esprit
« À l’époque où j’étais étudiant en
médecine, on nous enseignait à
donner le maximum à nos patients.
Rien n’était trop beau pour leur bienêtre : le dévouement total ! » se rappelle le Dr Lavigne pour expliquer
Quant au bénévolat, le principe est simple : il doit être plaisant. « Sinon, on s’en va ! Pour
ma part, c’était fort agréable »,
ajoute-t-il d’un rire espiègle.
Devant le peu d’attrait qu’exerce
aujourd’hui le bénévolat auprès
des jeunes générations, lui pour
qui l’implication sociale est
encore le leitmotiv de son quotidien, Robert Lavigne demeure
perplexe. « Je ne sais pas... Est-ce
parce que tout est plus structuré ?
Même le bénévolat passe par des
organismes gérés comme des
entreprises. Est-ce parce que les
femmes travaillent maintenant à
l’extérieur ? D’une manière ou
d’une autre, un fait existe : les
gens pensent d’abord à eux, à
leur bonheur, à leur retraite. »
D’ailleurs, la publicité ne nous
propose-t-elle pas la retraite à
55 ans, pour voyager et avoir son
unique plaisir comme objectif,
faisant perdre à la société toute
une cohorte de travailleurs compétents ?
dateurs, désignés récipiendaires de
l’Ordre des Grands Laurentiens
2007. La même année, le Dr Robert
Lavigne se voyait remettre le Prix
du mérite municipal 2007 pour
son engagement social. Face à ces
reconnaissances officielles, ce dont
il est le plus fier, c’est d’avoir donné
le meilleur de lui-même à ses
patients, de s’être pleinement
impliqué dans sa communauté et
d’avoir développé le Complexe
d’hébergement-santé de SaintLaurent. Et malgré l’immensité
des défis, d’avoir réussi à mener
à terme plusieurs projets sociaux.
Il lui reste encore à trouver la
relève...
Alors, la retraite ? Pas encore !
Robert Lavigne chérit un autre
projet, celui de se consacrer à la
Société d’histoire de SainteMarguerite-du-Lac-Masson, qu’il
a fondée en 1992 avec des collaborateurs dans le but de protéger ce
patrimoine et de transmettre
l’histoire fascinante de ce coin des
Laurentides. I
de la physiothérapie à la chirurgie orthopédique
Un chemin naturel pour
un sportif convaincu
Par JEAN MICHEL TAUB
lors que l’on pense connaître
A
le chemin que l’on suit et ses
obstacles, ce dernier recèle heureuse-
ment un certain nombre de surprises
agréables. Le Dr Alain Cirkovic
peut en témoigner. Issu d’une
famille vouée à la médecine, sportif
convaincu animé du goût de l’effort et de la compétition, il se prend
d’enthousiasme lorsqu’il évoque
les découvertes et les joies de son
métier. « Il existe deux grandes
beautés dans le domaine de la
chirurgie orthopédique, ditil. D’une part, le développement
extraordinaire de la technologie.
D’autre part, la plus belle récompense de toutes, la reconnaissance des patients. »
Un père anesthésiste, une cousine et un frère aîné généralistes ont
créé l’ambiance propice à la vocation du Dr Cirkovic. Néanmoins,
comme il le précise avec modestie,
c’est par le chemin des écoliers qu’il
est arrivé en médecine, ayant eu
l’occasion de se familiariser avec la
mécanique du corps avant d’aborder le fonctionnement des organes.
II Le Dr Alain Cirkovic
Un détour par
la physiothérapie
« Malgré des notes de premier de
classe, je n’ai pas été admis en médecine à ma première demande.
Comme beaucoup d’autres, je me
suis donc orienté vers une discipline
différente. J’ai fait un baccalauréat
en physiothérapie à l’Université
McGill, à la suite de quoi j’ai œuvré
dans ce domaine pendant un an. Et
cela n’a fait que confirmer mon
désir de me former en médecine
puis en orthopédie. » Pourquoi ? Le
Dr Cirkovic y retrouve tous les défis
d’une spécialité riche d’attraits et
sans cesse en mouvement.
« Même si les diagnostics
peuvent parfois paraître évidents,
comme en traumatologie, il n’en
demeure pas moins que certains cas
requièrent une investigation clinique approfondie et rigoureuse, par
exemple dans le domaine de l’oncologie musculosquelettique. Les
questions délicates auxquelles nous
sommes confrontés et les défis qui
nous interpellent en orthopédie
relèvent principalement du traitement même, une fois le diagnostic
posé. »
À la suite de sa pratique d’un an
en physiothérapie, le Dr Cirkovic
s’inscrit en médecine à l’Université
de Montréal. Il y fera toutes ses études médicales, incluant sa spécialisation en orthopédie. Sa passion du
sport le motive tout au long de sa
formation. « Même si je ne suis pas
un grand sportif, j’ai toujours aimé
10
Janvier–février
Juillet-août
2008
2008
Vol. 41 – N° 4
l’effort et la performance physique.
J’ai fait beaucoup de ski et je me suis
régulièrement entraîné à la pratique des arts martiaux comme le
kung-fu. Cette habitude du sport et
mon expérience de la physiothérapie m’ont certainement été utiles
dans ma formation en orthopédie. »
De la paperasse…
Ayant eu la chance de côtoyer des
orthopédistes – amis de son père –,
Alain Cirkovic savait en partie de
quoi il retournait en choisissant
cette discipline. Par contre, ce dont
il était ignorant, si l’on peut dire,
c’est tout l’aspect administratif de
la médecine telle qu’elle se vit
aujourd’hui. « C’est une face cachée
de la profession à laquelle nous
n’avions absolument pas été préparés. Dossiers de la CSST, de la SAAQ,
formalités administratives… toutes
choses qui représentent une charge
d’une lourdeur impensable pour un
médecin en formation. En aucun
moment, le résident peut-il se douter du nombre d’heures qu’il passera
chaque semaine à remplir des formulaires gouvernementaux », déplore le Dr Cirkovic.
« Un médecin pourrait recevoir
davantage de patients en consultation s’il avait moins de suivi administratif à faire. » Pour 20 à 25 % de
sa clientèle, outre examiner son
patient et établir son bilan de santé,
le Dr Cirkovic doit préparer un dossier pour la CSST, remplir les formulaires d’assurance ou encore
ceux de la SAAQ. « Heureusement,
dit-il, on peut espérer l’informatisation complète du dossier médical :
une carte à puce contenant le dossier de chacun des patients, ce dernier pouvant être mis à jour depuis
l’ordinateur du médecin. Il est clair
que l’informatique ne solutionnera
pas la pénurie de ressources à
laquelle fait face le milieu de la
santé actuellement, mais la maîtrise
de celle-ci peut soulager grandement les médecins en allégeant la
lourdeur administrative de leur
pratique. »
L’orthopédie :
des progrès en
croissance accélérée
Deux domaines en orthopédie suscitent espoir et satisfaction chez le
Dr Cirkovic. Il s’agit de la recherche
et du développement en matière
de régénération des cartilages. Une
technologie de « réparation » permettrait des progrès considérables
face à l’arthrose, mentionne-t-il. Le
côté irréversible de l’usure pourrait
alors devenir chose du passé.
« Aujourd’hui, lorsqu’une hanche
est usée, il faut la changer. On pratique quantité d’interventions pour
l’installation d’articulations artificielles. Or, on le sait, les implants
orthopédiques ont une durée de vie
limitée. Il faut également considérer que l’arthrose touche aussi des
personnes plus jeunes, dans la quarantaine », expose le Dr Cirkovic.
Naturellement, le corps humain
tente de remplacer le cartilage usé
par du fibrocartilage, une matière
de qualité inférieure en quelque
sorte. « Si l’on arrive dans le futur à
stimuler la régénération d’une
substance aussi complexe que le
cartilage, on aura fait un progrès
extraordinaire ! » s’enthousiasme le
Dr Cirkovic. Les recherches actuelles
se poursuivent activement, préciset-il. Ainsi, on étudie la possibilité de
réimplanter – à l’endroit même des
déficits cartilagineux – des cellules
prélevées de la moelle osseuse chez
certains patients.
L’étiologie de la matière cartilagineuse s’articule autour du capital
génétique de chacun, de son histoire
personnelle au niveau traumatique
et microtraumatique. « Par exemple, un skieur de bosses (de niveau
compétition) sollicite beaucoup ses
genoux. Ces derniers ont une action
mécanique et ont une durée de vie
donnée sur ce plan. Mais il n’y a pas
que le sport qui peut poser problème.
L’excès pondéral d’une bonne partie
de la population en Amérique du
Nord est une cause complémentaire
d’usure prématurée des articulations et, indirectement, d’arthrose. »
Faisant image, le Dr Cirkovic
techniques opératoires, par exemple, des nouveaux implants disponibles, etc. « Les interventions
chirurgicales dites minimalement
invasives permettent aujourd’hui
le remplacement complet de la
hanche ou du genou en passant
par des ouvertures pratiquées à
l’aide d’incisions considérablement réduites. Également, le
être passionné par la chirurgie
orthopédique ! C’est l’un des plus
beaux métiers du monde... »
Cette immense satisfaction que
lui apporte sa pratique médicale, le
Dr Cirkovic la résume de façon touchante : « L’orthopédie est une spécialité très gratifiante, avec comme
fondement la raison première de
l’acte médical : aider le patient.
« Si l’on arrive dans le futur à stimuler la régénération
d’une substance aussi complexe que le cartilage,
on aura fait un progrès extraordinaire ! »
– Dr Alain Cirkovic
explique que si l’on transporte
500 kilos de matériel dans le coffre
de sa voiture, inévitablement la suspension va en souffrir…
Depuis le début de sa pratique,
le Dr Cirkovic se réjouit des progrès
technologiques qui ne cessent
d’avoir cours dans le champ de
l’orthopédie. Ainsi en est-il des
resurfacing ou la pose d’un chapeau de protection sur l’extrémité
du fémur remplace, pour les
patients plus jeunes, l’intervention
conventionnelle qui consiste en la
pose d’une prothèse totale de la
hanche. Pas de routine, donc,
apprentissage continu, renouvellement de la pratique : il y a de quoi
Lorsque vous opérez quelqu’un qui
se déplace depuis deux ans en chaise
roulante, que cette personne, quelques mois après l’opération, arrive
en marchant dans votre bureau et
vous embrasse, vous êtes comblé! Il
me serait difficile de pratiquer une
spécialité où un tel contact n’existerait pas. » I
GRIFF IN
Griffin
11
Journée de FPC
et Parlementaire à Québec
Par Claudine Auger
n cette journée du 6 juin 2008,
E
les membres de l’Association des
médecins de langue française du
Canada se sont réunis à Québec, dans
cette ambiance unique du 400e anniversaire de la fondation de la capitale,
pour une journée de formation professionnelle continue (FPC).
Comme le soulignait le président
de l’AMLFC, le Dr Jean-Marie Martel,
lors de son discours d’ouverture, « en
cette année de célébration du 400e de
Québec, avec un Sommet de la francophonie annoncé pour l’automne
prochain, on peut croire que plusieurs
événements s’assemblent pour nous
porter à la croisée des chemins : un
long parcours qui a vu s’enraciner et
s’épanouir la langue française partout à travers le monde ». Ainsi était
donné le ton à l’événement.
II Le Dr Serge Marquis
ration de la tenue des dossiers médicaux en fonction des normes, des lois,
des règlements et de l’éthique.
Une programmation
axée sur vos réalités
Le premier atelier de cette journée de
formation accréditée, intitulé « Apprivoiser les forces du stress », a été présenté par le Dr Serge Marquis qui,
depuis qu’il a complété ses études en
1977, s’est intéressé à la médecine du
travail et à la santé des organisations.
Depuis plus de vingt ans, il étudie le
stress et l’épuisement professionnel, à
titre de consultant, formateur, conférencier et intervenant auprès des personnes devenues dysfonctionnelles au
travail. Le Dr Marquis est également
président de T.O.R.T.U.E., une entreprise de consultation dans le domaine
de la santé mentale au travail qu’il a
fondée il y a quelques années.
« La tenue du dossier médical :
plus qu’une documentation » a meublé l’après-midi des participants à
cette activité de FPC. Ce deuxième atelier, animé par le Dr Claude Martin,
médecin-conseil en gestion des risques à l’Association canadienne de
protection médicale, visait l’amélio-
Déjouer l’épuisement
Le stress, tout le monde connaît. Il
s’infiltre insidieusement dans tous les
sillons de nos vies, sans égard pour ces
malheureux qu’il laisse épuisés, brisés. Les autres l’endurent avec plus ou
moins de malaise, préférant l’ignorer
jusqu’à ce qu’il frappe rageusement.
Ses ravages ne peuvent être niés!
Mais c’est surtout de solutions et
d’outils dont le Dr Serge Marquis
venait entretenir son public. Avec un
enthousiasme vibrant et une belle
présence, il a animé avec humour
une conférence des plus imagées et en
a convaincu plus d’un.
D’entrée de jeu, le conférencier a
remercié son auditoire de s’être arrêté
pour venir discuter du stress. Insistant
sur le terme « s’arrêter », il l’a décrit
comme marginal dans notre société
dont le rythme est effréné, un terme
pourtant essentiel pour trois raisons :
prévenir nombre de problèmes de
santé, placer son attention sur le spectacle (c’est-à-dire sur le moment présent où ce qui importe se déroule) et
retrouver sa dignité d’humain, ce qui
fait qu’à travers n’importe quelle situation, la vie vaut la peine d’être vécue.
Le stress touche toutes les sphères
de la société... même les enfants, a
ajouté le Dr Marquis, se référant à sa
nièce de 3 ans qui est rentrée à la
12
Juillet-août 2008
Vol. 41 – N° 4
maison en disant qu’elle avait eu
« une grosse journée ». Nous traversons une crise réelle; même la section
« économie » traite du coût du stress
aux finances publiques. Si, il y a
trente ans, moins de 2 % des dépenses
étaient associées aux maladies psychiques, aujourd’hui elles comptent
pour près de 70 % ! Il est, en effet,
urgent de s’arrêter. Et pour dédramatiser, Serge Marquis a enchaîné de
façon humoristique avec le commentaire d’un aumônier : « Si Dieu revenait sur la Terre aujourd’hui, ce ne
sont pas les paralytiques qu’il ferait
marcher... Il ferait marcher ceux qui
courent ! »
Le hamster intérieur
Puis, le Dr Marquis a présenté aux
participants le « hamster intérieur »,
celui qui court, qui court à vitesse
folle dans la tête de la plupart d’entre nous, à divers moments, provoquant par le fait même le « syndrome du ballon-boule » – ballon
dans le ventre et boule dans la gorge.
Ce hamster terrible, selon Serge
Marquis, est la créature la plus difficile à apprivoiser. Vous l’aurez compris, le hamster intérieur est cette
petite bête qui, de ses pieds agiles,
embarque à toute vitesse pour faire
II Convives au Parlementaire
tourner votre roue à inquiétudes.
Empêcher le hamster d’activer le
mécanisme – et de vous étourdir –
demande un entraînement régulier
et une bonne dose de discipline.
Abolir le stress qui nourrit le hamster intérieur exige de la persévérance. Pour débuter, le Dr Marquis
prescrit un exercice simple à faire
matin et soir, sans se priver : sur le
dos, les bras ouverts et les paumes
vers le plafond, placer pendant quelques minutes son attention sur sa
respiration, ressentir l’air qui passe
dans son corps. Une manière
infaillible de s’arrêter, « d’ouvrir
une fenêtre de lucidité » qui devrait,
ultimement, devenir un réflexe.
Accepter son
humanitude
Le stress est causé par l’écart entre la
perception d’une demande et celle des
moyens pour l’atteindre. Une réaction
vécue à répétition, quotidiennement.
C’est par un temps d’arrêt – de quelques secondes sans plus – que l’on
peut valider ses perceptions et reprendre pouvoir sur sa réalité. « S’ensuit
une danse constante entre deux espaces », mime alors le Dr Marquis. En
effet, on a ensuite le choix entre deux
options : vérifier l’inventaire des pistes
possibles pour répondre à la demande
et passer à l’action OU, si rien n’est
possible (et réaliste), lâcher prise !
Plus facile à dire qu’à faire,
croyez-vous! « C’est qu’il est temps de
retrouver l’équilibre entre défis (ces
formidables stimulations qui permettent de découvrir ses capacités)
et limites (respecter son humanitude) », clame Serge Marquis. Évidemment, dans une société d’excellence et de performance qui exclut
toutes limites, il ne reste qu’à recadrer
notre philosophie... parce que « lorsqu’on a le goût d’accélérer, c’est le
temps de ralentir », ajoute le conférencier, dans sa grande sagesse.
Des phrases frigo
Les participants à cet atelier sont tous
repartis avec, bien inscrites en tête (et
en images), une multitude de phrases
scandées par Serge Marquis durant sa
présentation. « À qui je fais mal ? », « À
quoi je résiste ? », « Qu’est-ce qui est
important ? », etc. Des phrases outils
qui alignent le pouvoir de modifier
son état. Alors, lorsque vous êtes dans
le trafic ou dans la file d’attente à
l’épicerie, qui s’allonge à cause de
cette caissière en formation, respirez,
souriez, et demandez-vous simplement : « Ai-je un problème, en ce
moment ? » Votre pression diminuera,
assurément. Demeurons vigilants et
les lois et les règlements concernant
la confidentialité des renseignements du dossier médical – version
papier ou électronique. Finalement,
le Dr Martin a tenu à souligner
l’importance de sensibiliser les
employés au souci légal et éthique
de la confidentialité des dossiers.
Les participants ont suggéré l’intérêt de cette formation dès les débuts
de la pratique médicale.
II Le Dr Claude Martin
conscients du moment présent...
« C’est là – ni dans le passé, ni dans le
futur – que se savoure le spectacle ! »
Gestion pratique
L’atelier dirigé par le Dr Claude Martin
se voulait tangible et pratique, basé
sur des histoires de cas. En premier
lieu, il visait à permettre aux participants de comprendre les conséquences médico-légales que peuvent
entraîner des déficiences dans la
tenue des dossiers. Concrètement, les
exemples amenés ont permis d’identifier trois composantes de bonne
tenue de dossier et trois éléments
considérés inappropriés. Le conférencier a suggéré trois stratégies de documentation afin d’améliorer sa propre
tenue de dossier, de prodiguer des
soins sécuritaires tout en respectant
Parlementaire
En soirée, les membres de l’AMLFC
étaient invités à une activité spéciale
au restaurant Le Parlementaire, dans
le Parlement, à quelques pas du Château Laurier. Les participants ont
d’abord été reçus à la bibliothèque
attenante au Parlementaire, pour un
cocktail durant lequel ils ont ressenti
avec intensité l’émotion des lieux.
Puis, durant le dîner-conférence,
les participants ont pu entendre deux
conférenciers discourir sur le thème
de la francophonie dans le milieu
médical. Le premier, M. Hubert
Gauthier, président-directeur général
de la Société Santé en français (SSF),
a entretenu l’auditoire de diverses
stratégies et pistes de solution pour
l’accessibilité à des soins adéquats
pour ce million et demi de francophones vivant à l’extérieur du Québec. Les
liens entre la langue et la santé sont
souvent éloquents : à défaut d’être
compris par son médecin et de comprendre ce qui lui est prescrit, le
patient abandonne souvent son traitement.
Le second conférencier, le Dr Aurel
Schofield, directeur du Centre de
formation médicale du NouveauBrunswick, à Moncton, a poursuivi
en présentant un portrait concret de
notre manière de répondre aux
besoins criants de la communauté
francophone du Canada. Son tour
d’horizon des différents projets en
cours au sein des dix-sept réseaux
de la Société Santé en français a
démontré avec efficacité le dynamisme des acteurs qui les dirigent.
Mieux que personne, puisqu’il a dû
lui-même s’exiler au Québec afin
de recevoir sa formation médicale
dans sa langue maternelle – le
français –, le Dr Schofield comprend ce que représente l’aboutissement de plusieurs années d’efforts
collectifs visant à répondre aux
besoins en matière de santé des
communautés francophones du
Nouveau-Brunswick vivant en
milieu minoritaire. En 2007, le
Centre de formation médicale du
Nouveau-Brunswick s’est mérité le
prix Acadie-Québec. Une réelle
inspiration, et la preuve qu’il est
possible de changer les choses ! I
Parlez-vous franglais...
en médecine ?
COMITÉ QUÉBÉCOIS D’ÉTUDE
DU FRANÇAIS MÉDICAL
La formation
médicale : pleine
d’embûches…
dans les termes aussi
La formation médicale est ardue,
chacun le sait. Mais en décrire les
diverses étapes en français sans se
laisser contaminer par l’anglais ne
l’est pas moins. Par quels mots
bien français remplaceriez-vous
ceux en italique dans le texte qui
suit ? (Voir réponses en bas de
page.)
Pour devenir médecin au Québec, il faut d’abord faire pré-med
si on arrive directement du cégep.
Ce n’est qu’après que commencent
vraiment les études pré-graduées.
Une fois gradué, on a le choix
entre deux parcours de résidence :
la médecine de famille (où on
traite aussi des célibataires) ou une
spécialité, éventuellement suivie
d’une sous-spécialité (qui n’a rien
de déshonorant). Après avoir complété une résidence en spécialité,
on passe les examens de certification, dont celui du Collège royal
des médecins et chirurgiens du
Canada, dont la réussite donne
droit au titre de fellow du Collège.
Si on aspire à un poste en milieu
universitaire, il faut prévoir aller
faire un fellowship à l’étranger.
Histoire d’enrichir son entraînement, on pourra en profiter pour
entreprendre dans l’université
d’accueil un autre type d’études
post-graduées (p. ex. en épidémiologie), si on y est éligible bien
entendu. Enfin, on ne doit jamais
perdre de vue qu’un médecin doit
toujours maintenir ses connaissances à date : c’est le rôle de
l’éducation médicale continue. I
Réponses : une année préparatoire
(aux études médicales), études de
premier cycle, diplômé, médecine
générale, surspécialité, associé,
formation complémentaire, formation, études de deuxième ou de
troisième cycle ou études postuniversitaires (selon le cas), admissible, à jour, formation médicale
continue.
PAR SERGE QUÉRIN, MD
13
Assemblée annuelle des membres de l’AMLFC
suivie de l’assemblée annuelle du conseil général
Samedi 1er novembre 2008, à 9 h
Centre Mont-Royal (2200 rue Mansfield à Montréal, Québec)
BULLETIN DE MISE EN CANDIDATURE
AU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’AMLFC
Une place vous attend au conseil général de l’AMLFC !
Pour réaliser nos objectifs communs, nous avons besoin de vos idées, de votre dynamisme, de votre implication.
Notre nouvelle vision a pris racine : diffuser et promouvoir la médecine d’expression française dans ses dimensions scientifique,
sociale, politique et culturelle. La direction renouvelée ainsi que tous les nouveaux membres à l’œuvre dans les divers comités de
l’AMLFC ont apporté un vent de changement. L’AMLFC s’affirme de plus en plus comme partenaire du médecin francophone pour
l’innovation et l’engagement social.
Nous sommes fiers des réalisations, des changements, des projets inédits en développement dans le but de mieux répondre aux
besoins des membres. Votre association compte sur vous pour continuer à relever les défis de notre nouvelle mission !
Jean-Marie Martel, MD
Président de l’AMLFC
RETOURNER AVANT LE JEUDI 2 OCTOBRE 2008
Je soussigné(e), membre en règle de l’Association des médecins de langue française du Canada
ayant droit de vote, accepte d’être porté(e) candidat(e) au conseil général de l’AMLFC pour le terme 2008-2010
(élections le samedi 1er novembre 2008).
NOM ET PRÉNOM :
(En caractères d’imprimerie)
No DE PRATIQUE :
TÉLÉPHONE :
ADRESSE :
SIGNATURE :
DATE :
NOTE : CHAQUE CANDIDATURE DOIT ÊTRE APPUYÉE PAR TROIS MEMBRES EN RÈGLE DE L’AMLFC (SIGNATURES REQUISES).
1. ____________________________________________
(Nom en caractères d’imprimerie)
____________________________________________
(Signature et numéro de membre)
2. ____________________________________________
(Nom en caractères d’imprimerie)
____________________________________________
(Signature et numéro de membre)
3. ____________________________________________
(Nom en caractères d’imprimerie)
____________________________________________
(Signature et numéro de membre)
Envoyez votre bulletin par télécopieur au 514 388-5335
Par la poste au 8355 boul. Saint-Laurent, Montréal QC H2P 2Z6
Infos : [email protected] – 514 388-2228
Internet: www.amlfc.org
14
Vol. 41 – N° 4
Juillet-août 2008
mystérieux monde
Formation continue Ce
du placement...
Par L. Conrad pelletier
MD, MBA
II Le Dr L. Conrad Pelletier
e marché monétaire.
L
Poursuivons notre examen des
divers instruments du marché des capi-
Information :
Carolle Raymond – 514 338-2222
poste 4430 ou
[email protected]
taux. Après avoir discuté des titres à revenu fixe (obligations et actions privilégiées) et des titres de participation
(actions ordinaires et fiducies), voyons
maintenant le marché à court terme :
le marché monétaire. C’est un soussecteur du marché des obligations qui
comprend des placements à court terme, c’est-à-dire de moins d’un an. Il
rapporte un revenu fixe en intérêts qui
est déterminé à l’achat en fonction du
taux d’intérêt qui prévaut à ce moment. L’achat du placement se fait à
escompte et à maturité ou lors de la
vente, la différence entre le prix payé et
le prix de vente obtenu représentant le
rendement du placement. Pour déterminer le taux de rendement, il faut
annualiser le rendement sur une année complète. Par exemple, un placement de six mois est acheté 9 500 $
et il vaut 10 000 $ à maturité. Son
rendement a donc été de 500 $ sur
6 mois. Pour en calculer le taux, il faut
diviser le gain de 500 $ par la durée du
placement en jours (182,5) et multiplier par 365, soit : (500/182,5)365 =
1 000 $. Il faut ensuite diviser ce dernier
montant par le coût d’achat et multiplier par 100 pour obtenir le taux de
rendement annuel du placement en
pourcentage, soit : (1 000/9 500)100 =
10,53 %. S’il y a disposition en cours
de vie du placement, le prix obtenu
sera déterminé par la durée de détention du placement en jours et
l’évolution des taux d’intérêt qui
feront gagner ou perdre de la
valeur selon qu’ils ont diminué ou
augmenté depuis l’acquisition.
Le marché monétaire comprend
les bons du Trésor (Treasury bills
ou T-bills) émis par le gouvernement fédéral ou par les provinces
(maturité : 3, 6 et 12 mois). Le bon
fédéral de 3 mois est considéré sans risque et représente la base dans la détermination des taux d’intérêt. Chaque
semaine, le gouvernement émet ses
bons du Trésor, qui lui servent à
équilibrer les flux monétaires de sa
trésorerie. Le taux de rendement
augmente légèrement avec la durée
du bon. Ce marché comprend également d’autres titres comme les
papiers commerciaux, qui sont des
emprunts à court terme émis par
de grosses compagnies et souvent
garantis par les banques, ainsi que
les acceptations bancaires, qui sont
des engagements d’un emprunteur
de payer à une banque un montant
déterminé à une date future, en
général moins de 6 mois, engagements que la banque peut revendre
sur le marché secondaire en les garantissant. Enfin, de plus en plus, le marché monétaire peut comprendre des
titres d’emprunt titrisés par les banques, par exemple des titres hypothécaires qu’une banque regroupe pour
en faire un titre de placement à court
terme qu’elle vend sur le marché
secondaire comme papier commercial et qui lui sert d’entrée de fonds en
attendant le remboursement de l’hypothèque : c’est la titrisation. Le gain
de la banque, c’est la différence entre
les intérêts reçus de l’emprunteur initial et les intérêts payés au détenteur du
placement titrisé.
À quoi servent ces placements à
court terme ? Ils permettent d’obtenir
un rendement pour un montant d’argent dont on n’a pas besoin immédiatement, mais qui devra être disponible
dans quelques semaines, voire quelques mois pour un engagement financier déjà connu, par exemple : le versement des acomptes provisionnels (qui,
avec la mort, sont les seules certitudes
absolues de la vie…), l’achat d’une
résidence, d’une automobile, ou tout
autre engagement que l’on prévoit au
cours de l’année à venir. I
15
UN élan commun,
un accord parfait