Nov Dec 2015 - Les Randonneurs Sans Frontières
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Nov Dec 2015 - Les Randonneurs Sans Frontières
-1- BULLETIN BIMESTRIEL DES RANDONNEURS SANS FRONTIÈRES DE MONTAUBAN Club Affilié à la Fédération Française de Cyclotourisme N° 03493 – ISSN 0983-7507 - SIRET 39439872100016 N°215 35me Année - Novembre - Décembre 2015 - ABONNEMENT - RÉDACTION : Louis ROMAND 227 Bd Alsace-Lorraine - 82000 MONTAUBAN – Téléphone : 09.75.40.32.01 - 05.63.03.78.66. - Portable – 06.95.21.33.00. Départ - Arrivées des sorties : 773 Boulevard Blaise Doumerc Montauban 82000 Abonnement annuel : - (6 numéros papier) : 5€, (Montauban ville), 12€ (envoi postal), 16€ (étranger). Par Mail il suffit de nous faire parvenir votre adresse Mail, l’abonnement est Gratuit Ne manquez pas de visiter notre site Internet : KWWSUDQGRQQHXUVVDQVIURQWLHUHVZLIHRFRP Nous sommes également sur Facebook (Confrérie des Randonneurs Cyclotouristes Sans Frontières) Adresse E Mail : [email protected] SOMMAIRE P.1 P2 P.3 P.4 P.5 P.7 P.9 Prenez des notes ! - Le Philosophe. Herbe tendre de la Mayenne – Paris-Brest-Paris 2015 – Alain Collongues. La page Humour - La bière panacée de tous vos maux ! - Topico A la manière de Raoul Lambert – Parfum – Une semaine à vélo pour découvrir le Finistère. – Louis Romand. Cyclonomade – Sept ans à parcourir le monde à vélo – Jacques Sirat. Histoire de notre patrimoine – N-D. Des cyclistes – sa région. – Jean Ducourneau. P.10 P.15 P.15 P.17 P.18 P.19 P.20 Trait d’Union Européen – Paris – Berlin – Michel Bonnard. Petites nouvelles de la Confrérie. Voyage à l’aventure dans la Yougoslavie de 1954. (4)- Louis Romand Les Infos Randonneurs Sans Frontières. Le classement du Super Challenge Randonneur Sans Frontières après 70 trophées. Le Programme des sorties des mois de novembre et décembre 2015. Les voyages et week-ends à venir. PRENEZ DES NOTES Le grand défaut de la plupart d’entre nous c’est la paresse mentale. Nous lisons énormément, mais sans nous arrêter pour assimiler ce que nous venons de lire, y réfléchir et le rapprocher de notre expérience personnelle, de nos observations antérieures et de notre connaissance du sujet. Nous ne faisons halte ni assez souvent ni assez longuement pour graver dans notre esprit les impressions de notre lecture. Combien de fois, lorsque nous rencontrons une idée, essayons-nous de la confronter avec l’une de nos idées personnelles ou tout au moins de l’associer à des idées corollaires qui nous ont déjà intéressés. Asseyez-vous tranquillement et mettez une étiquette à vos pensées. L’heure ou les deux heures enrichissantes que vous épargnerez pour le faire risquent de devenir bientôt un des moments de la journée dont vous escompterez le retour avec le plus de plaisir. Un des moyens les plus efficaces d’infuser une sève nou- velle à notre vie mentale est l’habitude de prendre des notes. Et d’abord, la lecture est un vain exercice si vous ne lui prêtez qu’une attention distraite, ne donnant lieu qu’à une impression fugitive. Rien de plus périssable qu’une idée. Notre mémoire laisse fuir son butin comme un filet à larges mailles. On connaît l’histoire de cet homme qui, soudain visité par une idée merveilleuse, tomba à genoux pour remercier Dieu, et en se relevant s’aperçut qu’il l’avait oubliée. La pratique des notes ne fait pas naître le génie, mais il est significatif que tant des penseurs les plus éminents y aient eu recours. Louis Stevenson emportait toujours deux livres avec lui, l’un pour le lire et l’autre pour y écrire. Un célèbre philosophe anglais dont les idées remuèrent toute l’Europe, prenait pour ses longues promenades une canne dont la poignée habilement creusée dissimulait une plume et un encrier. 2 Une des plus belles intelligences philosophiques de l’histoire américaine, avait l’habitude quand il était à cheval de griffonner les pensées qui lui venaient à l’esprit sur des bouts de papier qu’il épinglait à sa redingote. De sorte qu’on voyait arriver à destination une singulière silhouette de cavalier toute pavoisée de banderoles flottant au vent. De quelque manière que l’on s’y prenne, c’est l’usage créateur que l’on fera des notes qui détermine en fin de compte leur valeur essentielle. Les psychologues enseignent que l’une des plus sûres méthodes pour fixer une idée, dans l’esprit est de l’associer à une autre, déjà solidement ancrée. Ecrire met de la clarté dans nos pensées. L’usage quotidien de la plume est un des meilleurs moyens de développer la lucidité des idées, un de mes amis a pris l’habitude de noter une idée tous les jours de l’année, qu’il en ait envie ou non. Ses notes embrassent un vaste cercle : les gens, la philosophie, la politique, la nature humaine,son travail, en un mot, la vie. Il affirme qu’il doit à cette discipline d’avoir gagné un esprit plus fertile en idées qu’auparavant et l’exercice du style lui a enseigné à s’exprimer avec plus d’aisance. Les rapports de la lecture et de la pensée demandent un petit développement particulier. On connaît la fameuse boutade d’un écrivain, déclarant que s’il avait lu autant que les autres hommes, il serait aussi ignorant qu’eux. avant J.-C., poussa la théorie à l’extrême, il se creva, diton, les yeux pour se contraindre, en cessant de lire, à penser par lui-même. Pour la plupart des gens, la lecture des journaux est un entraînement à vie à la funeste habitude d’apprécier sans vigueur, puis d’oublier totalement une série illimitée d’idées sans suite on recommande de découper et de classer les articles qui nous paraissent importants. Lorsque, au cours d’une lecture, nous rencontrons un passage qui nous semble subitement cristalliser ou illuminer telle ou telle question, ou lorsque nous tombons sur une idée neuve ou surprenante, il est presque coupable de notre part de filer tout droit sans faire halte pour fixer cet apport avec un soin particulier et l’ajouter ainsi à nos acquisitions. Quelques-uns des êtres les plus intelligents et les plus cultivés du monde doivent beaucoup de leur culture à leur habitude de lire, le crayon à la main. Les livres ne traversent pas leur esprit comme une flèche ils y baignent comme une éponge. Au rythme accéléré de la vie moderne, pensées, impressions, observations, idées fondent sur nous à une allure telle que si nous ne prenons pas l’habitude de noter ce qui nous frappe, des idées d’une grande valeur potentielle risquent de nous échapper ou d’être étouffées dans l’oeuf. Le philosophe grec Démocrite, qui vivait vers l’an 400 Le Philosophe /HWDOHQWoDQ·H[LVWHSDV/HWDOHQWF·HVWG·DYRLUHQYLHGHIDLUHGHVFKRVHV HERBE TENDRE DE LA MAYENNE (PARIS-BREST-PARIS 2015) On ne raconte pas Paris-Brest-Paris, on le vit profondément, intensément au fond de soi même, comme une vague qu’on sent venir de loin, qui approche et enfle, démesurément jusqu’à vous prendre tout entier pendant quelques jours hors du temps commun, puis vous dépose, saoulé de soleil ou de pluie et rompu de fatigue, sur le rivage des jours ordinaires à côté d’un vélodrome. sances d’une partie du parcours, l’achat d’un nouveau cuissard et la mécanique s’était relancée d’elle même. De ce PBP 2015 dont la rumeur vient de s’éteindre, je garde quelques impressions, quelques nénuphars qui flottent sur l’étang des souvenirs. C’est tous les quatre ans le point sans concession sur soi-même, le test d’effort sans enjolivures, la vérité du temps qui a fui. Les gros moteurs sont lancés et le diesel usagé avance à son rythme d’à peine 27 km/h de moyenne roulante que je juge pourtant correct. C’est la rencontre de 6000 cyclistes de plus de 60 pays qui prennent sur la tête, là en même temps, entre deux villes associées à jamais, une avalanche de questions et doivent trouver des réponses pour rester roulant, pédalant d’abord vers le couchant puis le levant, tricotant et détricotant les mailles bien visibles de côtes interminables. C’est une grande solitude sans m’ennuyer jamais, tant le plaisir de pédaler me porte, mais ce sont aussi de longs moments avec les trois mousquetaires de l’ACBO dont je partage le goût pour une marque de prestige. C’est un brevet de 600 qui avait été si pénible que j’avais sérieusement pensé pour le prochain Paris-Brest à émarger dans la catégorie des NP (non partants). Puis un peu de repos, le 1000 du RC Anjou avec d’excellents amis, des étirements réguliers de ce fichu psoas, deux reconnais- Je n’en menais pourtant pas large quand, au contrôle des vélos, on me demandait si tout allait bien. C’est pendant les deux cents premiers kilomètres le dépassement incessant par plus rapides, plus jeunes, plus fougueux. Alors je récite des proverbes chinois - que les chinois n’appliquent d’ailleurs pas - pour garder quand même la tête haute - qui donne encore moins l’air d’un coureur comme celui-ci : « Ne te reproche pas d’être lent, reproche-toi juste d’être arrêté ». Et quand je pointerai dans la nuit de Villaines, j’entrerai enfin dans le sujet connu par coeur et appliquerai à la lettre le proverbe fameux. Nos quatre vélos Alex Singer tourneront ensemble sur de longues portions, de jour comme de nuit. Entraînés par l’enthousiasme communicatif de Sina Witte fraîche comme au départ, Bruno Nénan élégant gentleman à l’aérien coup de pédale et Olivier Mallet coureur naturel mais aussi randonneur de grand fond à ses heures seront de parfaits compagnons, attentifs à toujours s’entraider, mais aussi capables de se gérer en toute autonomie. C’est à l’aller, avant d’atteindre Carhaix, le passage d’un isolé suivi à dix minutes d’un groupe. 2 3 Je reconnais bien Christophe Bocquet et André Lalenti dans le peloton d’une vingtaine, mais prends l’isolé pour un coureur à l’entraînement. Au contrôle j’apprendrai mon erreur : l’A86 était en tête de Paris-Brest et ne serait revu qu’à St Quentin qu’il touchera en 42h26. Le tout en autonomie complète. L’extra-terrestre est allemand et se nomme Björn Lenhard. Il a 38 ans et ne pédale que depuis 2011. À quoi sert l’expérience quand on est aussi costaud ? À rien. C’est à Carhaix encore, la joie de retrouver Roger Goulaux mais aussi François mon frère et son épouse Françoise. Comme prévu j’y prendrai et apprécierai ce premier vrai repas depuis le départ, lassé des sandwiches, des Overstims et autres gâteries. La gastronomie connaît des limites que l’autonomie ignore. Je reverrai Roger à Brest où je succomberai de nouveau à un plat chaud, avant d’attaquer une nuit qui sera bien froide et très longue à travers les Monts d’Arrée. C’est un pointage à Brest en 27 heures qui laissait entrevoir un moins de 60 heures, mais le rêve s’effilochera doucement au gré des bosses du retour où les douleurs aux lombaires se réveilleront. À partir de Loudéac il ne s’agira plus que de rentrer dans les délais, sans trop se démolir. Et ce fut aussi un challenge. Comme écrivait Patrice Micolon de l’Abeille de Rueil, dans un article que je n’ai jamais oublié : « Après les Paris-Brest offensifs, viennent les Paris-Brest défensifs ». Pour moi le basculement de l’un à l’autre s’est produit cette année, quelque part dans les Monts d’Arée. La facture à l’arrivée dira « 70h02 » et la petite voix intérieure d’ajouter « peut mieux faire ». C’est à Villaines-la-Juhel, au retour cette fois-ci, lorsqu’il fut clair que le temps était devenu un accessoire et plus un objectif, le plaisir d’échanger et de se comprendre avec un randonneur Slovène, allemand, américain ou italien, tous admiratifs de l’extraordinaire dévouement de ces 2500 bénévoles, debout depuis des heures à apporter à chacun leur gentillesse pour qu’ils gardent de leur bref passage le meilleur souvenir. C’est aussi en repartant de Brest quelques kilomètres avec Melinda Lyon, américaine au 6ème PBP qui eut son heure de gloire de meilleur temps féminin en 1999 et 2003 et gère aujourd’hui tranquillement sa remontée sur Paris. Un autre américain de Caroline du Nord moulinera consciencieusement son pignon fixe dans les collines du Perche. Je lui parlerai de son voisin Ian Hands, qui roulait avant PBP avec mes amis des P’tits Gars de Saclay, et qui écrase du pignon fixe en 48-16, mais il n’a pas de nouvelles. C’est une maison, du côté de Levaré, avec un petit carré d’herbe douce, bien tondue et ombragée. On ne la trouve que là, cette petite herbe verte et tendre, l’herbe de la Mayenne. Je m’y arrêterai sans réfléchir, mu seulement par la sensation qu’avant que ne tombe la troisième nuit il me faudrait un petit somme. Il était 18h, il faisait encore doux, l’alarme du téléphone était branchée sur 18h30, mais une minute avant qu’elle ne sonne j’étais réveillé. Ma première pensée fut que c’était un coin merveilleux et qu’il fallait que je m’en souvienne quand viendrait le moment de ParisBrest. Il me fallut du temps pour réaliser que j’y étais, en plein dedans. C’est à l’arrivée parmi les amis qui applaudissent le C101, de travers sur son vélo comme un arbre que le mistral aurait courbé, la silhouette élancée de mon fils Antoine tenant dans ses bras son petit Alexandre. Il n’a qu’un an, probablement qu’il oubliera cet instant, mais plus tard - peut-être même que ce sera au 22ème siècle - il aura pourtant le droit de dire, lui l’enfant de 2014, qu’il a vu son grand-père finir Paris-Brest-Paris, cette course-randonnée, que vit naître le siècle d’Hugo. Alain Collongues (ASPTT Paris) ©3OXVJUDQGHVWO·REVWDFOHSOXVJUDQGHHVWODJORLUHGHOHVXUPRQWHUª0ROLqUH LA PAGE HUMOUR LA BIÈRE PANACÉE DE TOUS VOS MAUX. Combien de fois avez vous hésité avant d’accepter une petite mousse, partagé entre l’envie de vous rafraîchir et une forme de culpabilité, “attends, je regarde... 10h du matin... c’est limite quand même”, pensant que ce petit plaisir à base de houblon vous rapprochait un peu plus de la tombe? Et bien Il est temps de rétablir la vérité: la bière, c’est bon pour ce que vous avez. C’est on tout cas ce que l’on trouve dans certains travaux pêchés sur Google en tapant “selon une étude, la bière est bonne pour...” Petit florilège de ces papiers universitaires qui justifient les heures heureuses. La bière diminue les risques d’infarctus ! 3 C’est « Top Santé qui l’affirme » dans ses colonnes, une étude ayant montré qu’une consommation journalière de 400ml de bière améliore la circulation sanguine et l’échange de substances nutritives. Et n’essayez pas de gruger, ça marche moins bien avec de la bière sans alcool (ni le panaché). L’étude montre aussi que ça ne marche pas avec la vodka, mais ça, on s’en serait douté. La bière réduit le diabète. Deux bières pour les hommes, une seule pour les femmes, c’est ce que préconise une étude espagnole pour lutter efficacement contre le diabète. Les humulones, principe actif du houblon qui donne à la bière son goût amer, auraient un effet préventif contre le diabète. 4 La bière renforce les os La formule magique que même votre patron de bar ne connaît pas : éthanol + silicium + phytopatho-logies dans un verre de 5Ocl, c’est le petit déjeuner des champions. Encore des chercheurs espagnols (toujours dans les bons coups) qui ont mené cette étude sur des femmes en leur faisant avaler une pinte par jour. Les examens aux rayons X ont parlé : la bière rend invincible. La bière ne fait pas grossir Une pinte par jour contribuerait même à faire mincir. Alors évidemment, l’étude prend soin de préciser qu’il faut combiner ces binouzes avec de l’exercice et un régime alimentaire sérieux, mais la vitamine B9 présente dans nos verres de pression contribuerait à nos besoins journaliers sans peser sur la balance. La bière est aussi hydratante que l’eau après l’effort. On parle là d’un papier présenté au Symposium “Bière et Santé” qui s’est tenu on Belgique, pour vous donner une idée du sérieux de la chose et de l’absence de lobbying. En tout cas, c’est un Espagnol qui a trouvé ça, de la bière après un jogging, ça ne pose aucun problème dans le processus de réhydratation. Une bière à la mi-temps, et on y retourne. La bière protège contre les coups de froid. Encore une étude douteuse, puisque commandée par un brasseur japonais. Du coup, la bière devient la potion magique et contribue à exterminer les virus responsables des bronchites et les pneumonies. Petite précision, pour que ce soit efficace, il faut s’enfiler une bonne trentaine de canettes. Maintenant, si vous êtes vraiment décidé â ne pas choper la crève, vous savez ce qu’il vous reste à faire. La bière protège des calculs rénaux. L’American Journal of Epidemiology on est sûr la consommation de bière réduit de 40% la formation de ces cailloux horriblement douloureux dans les reins. En tout cas, ça marche pour les Finlandais, objets de cette étude. Ceci dit, c’est surtout parce qu’il y a de l’eau dans la bière que ça marche. Donc n’importe quel breuvage qui fait pisser, ça devrait marcher. La bière améliore la mémoire. Et permet de prévenir contre Alzheimer. C’est en substance une des conclusions d’une étude de l’Université d’Auckland. Si vous buvez pour oublier, vous faites fausse route : l’alcool peut réveiller des souvenirs dou- loureux et vous inciter à boire plus. Au final, vous aurez juste oublié où vous avez laissé votre bagnole, vous aurez tout gagné... La bière rend intelligent. Ca ne se voit pas au premier coup d’oeil, mais selon une étude de l’Université de Chicago, les hommes sont plus brillants après avoir avalé quelques bières. Pensez-y la prochaine fois que vous atterrirez dans un bar de poivrots un vendredi soir, tous ces types accoudés aux comptoirs sont de potentiels Prix Nobel. La bière rend heureux. Il n’y a pas que la santé de votre corps qui compte, il y a aussi la santé mentale. Et si vous avez pu observer des gens imbibés de houblons qui avaient l’air particulièrement “heureux”, voire “heureux au point de ne plus savoir où ils habitent”, sachez qu’une étude américaine s’est penchée sur le sujet. Et on y apprend que le goût de la bière déclenche la sécrétion de dopamine et un test sur des échantillons de cobayes, la moitié tournant à la bière et l’autre au Gatorade. Montre très clairement que les buveurs de bières sont plus heureux. Et en redemandent. Ce qui est un problème. La bière protège du cancer du barbecue. C’est on tout cas comme ça qu’on résumera cette étude relayée un 1er avril. Mais on va quand même la croire puisqu’elle nous explique que la bière permet d’atténuer les effets cancérigènes de la bidoche cramée au barbecue. Pour info, c’est surtout la bière brune qui est efficace, en marinade, préala-blement à la cuisson. Et si vous on buvez une entre deux saucisses, ça ne peut pas faire de mal. On fait les comptes : deux bières pour le coeur, deux pour le diabète, une autre pour les os, encore une pour les reins et le reste pour lutter contre le froid... Normalement, en avalant 6 litres de bières par jour, vous serez immortel. Et heureux... Topico 5LHQQ·DMDPDLVpWpPHLOOHXUTX·XQHERQQHELqUHIUDvFKHSDUXQEHODSUqVPLGLDYHFULHQG·DXWUHjHVSpUHUTXHODPrPH A LA MANIÈRE DE RAOUL LAMBERT – PARFUM - Hé, Hé I Vous sentez drôlement bon, Léon! - Opus 36, Parfum des îles. - Ah! Les îles! Ces étendues de terre entourées d’eau de tous côtés, comme disait Chateaubriand. Et il avait raison, le bougre I De quelles îles vient-il, votre parfum, Léon? - Des îles lointaines, si lointaines que lorsqu’on y arrive, on est déjà vieux. C’est ce qui en fait le prix: 374 euros les 10 centilitres. Le flacon est consigné. - Fichtre ! Vous sentez cher ! A ce prix-là, j’ai quatre chaises cannées et un chiffon pour les essuyer. - Vous ne vous parfumez jamais? - Le dimanche, je mets de l’afterchave. Ce n’est pas un parfum, mais ça parfume et ça rend la barbe douillette. - Pendant la guerre, il n’y avait pas d’afterchave parce que les Allemands s’en servaient pour faire briller le mur de l’Atlantique. J’en fabriquais avec des feuilles de topinambours et de la saccharine, Il faut avoir connu cette époque pour bien la connaître ! Léon précisa qu’il n’avait plus une minute à perdre, car, ainsi parfumé, il se rendait au mariage de sa fille MarieJeanne. Elle épousait un monsieur d’âge mûr, mais ne le portant pas, directeur des relations publiques dans une grande charcuterie des boulevards. 4 5 Son ami le complimenta et révéla que lui-même venait de marier son fils, Antoine, à une jeune fille de toute beauté, mince des hanches, responsable du rayon saumon fumé dans une grande surface. Il ajouta Plus tard, elle passera au rayon des graines pour perruches ». Et ce fut tout. /DTXHVWLRQH[LVWHQWLHOOHGXPRLV3RXUTXRLTXDQGRQGHPDQGHO·KHXUHjXQHVHXOHSHUVRQQHWRXWOHPRQGHUHJDUGHVD PRQWUH" UNE SEMAINE A VÉLO POUR DÉCOUVRIR LE FINISTÈRE. Décidément la canicule de l’été s’éternise, aussi j’ai décidé d’aller me mettre un peu au frais et pour cela la Bretagne semble idéale et plus particulièrement le Finistère, j’en profiterai pour achever le BPF de cette province, ce qui me fera à coup sûr visiter les plus beaux sites de ce département. Sur l’autre versant la baie des Trépassés de triste réputation, elle est le prélude d’une route en corniche permettant de découvrir tous les caps de cette côte découpée qui mène à Douarnenez qui fut un grand port sardinier. Beaucoup de bateaux y sont amarrés, mais ce sont des plaisanciers ! Départ en train, c’est tout une expédition dès 8h du matin je monte dans un Intercités qui mène d’un trait à Bordeaux, puis Nantes, un changement de train et j’arrive enfin à Quimper à 17h50, ce qui fait quand même près de 10h de voyage, mon vélo a suivi sans problème. Après la visite de la ville aux nombreuses venelles permettant, en les parcourant, d’avoir une idée de celle-ci au temps de son activité de pêche, je quitte l’océan pour m’enfoncer dans les terres en direction des Montagnes Noires. Dès mes premiers pas dans la ville je suis dans l’ambiance festive du festival de Cornouaille. Dominé par les flèches ajourées de la cathédrale St Corentin la fête bat son plein : cornemuses, binious, bombardes, chants de marins, résonnent un peu partout, les gens costumés, les femmes arborant de hautes coiffes, un régal ! Au passage Locronan, petite cité de caractère a conservé sa place pavée ayant en son centre un grand puits qui fut longtemps la seule ressource en eau potable de la ville. Pour quitter la ville une longue côte et beaucoup de circulation autos sur quelques kilomètres, ensuite une route secondaire me mène au hameau Le Paradis, le bien nommé ! Encore quelques kilomètres dans la verdure, ce qui me change beaucoup du Sud-Ouest où tout est brûlé par le soleil. Landudec, petite bourgade sera mon étape, à une porcherie, (sans odeur), où je m’enquête d’un possible logement, on me mène à la maison de pépé. Jolie fermette en granit gris où je trouve tout le confort désirable, le pépé est depuis quelques jours à l’hospice. Je ne serai pas seul cette nuit, fouine, belette, renard me tiendront compagnie, ils sont bien sages puisqu’ils sont empaillés et trônent sur des étagères ! Au réveil, le lendemain, il bruine, et même une forte averse sévit, le ciel se calmera le temps que je me prépare, il y a même un petit coin de ciel bleu. Parcours légèrement ondulé avant de plonger vers Audierne petit port aux venelles étroites s’étirant le long du Goyen, petit fleuve côtier. Ensuite le route part vers le bout du Monde, pourtant il y a pas mal de circulation, des touristes, un supermarché prévient qu’il est le dernier avant l’Amérique, aussi j’y fais quelques provisions… et le bout du Monde ou plutôt la Pointe du Raz, inondée de soleil, offre une vue magnifique sur sa barre de récifs, son phare et tout au loin l’île de Sein. 5 Un bon vent de dos rend moins pénible la route qui est souvent en montée, des alignées d’éoliennes tournent inlassablement leurs longues pales. Un village perdu Landrévarzac, une de ses fermes sera l’étape du soir, la traite des vaches s’étire sur un long moment, on en est encore à la trayeuse individuelle. Départ avec le soleil, mais il fait assez frais pour mettre les gants. Le parcours est toujours vallonné, dans un des villages traversés je rencontre le premier « enclos paroissial », c’est un ensemble architectural typiquement breton. Le suivant sera à Pleyben, puis à Brasparts. Situé au centre du bourg, l'enclos paroissial est un domaine considéré comme sacré. L'enclos typique est constitué de quatre éléments indissociables : l'entrée monumentale, le calvaire, l'ossuaire et l'église. Ensuite le décor du paysage change carrément. Je suis dans les Monts d’Arrée, la montagne St Michel et le grand réservoir d’eau qui miroite au soleil, la lande à perte de vue, paysage de bruyères et de tourbières. La longue descente sur le versant nord traverse des forêts de pins avant de retrouver la région bocagère et St Thégonnec. C’est sans doute l’enclos paroissial le plus visité de France. Le Calvaire est une débauche de statues à l’origine peintes. Une petite route tranquille, mais bossue permet de rejoindre Morlaix, La Ville dispose d’un patrimoine très riche : jardins en terrasse, un passé historique marqué par l’activité corsaire, le commerce du lin, et l’activité manufacturière du tabac… De très anciennes maisons à pans de bois agrémentées d'encorbellements enrichissent les nombreuses rues piétonnes au cœur de la vieille ville et témoignent d'un passé riche et prospère. Le port de Morlaix fut le plus important de Bretagne. Un Viaduc, bel ouvrage au cœur de la cité surprend par son imposante stature. Une seule route à grande circulation pour sortir de là et des côtes qui se succèdent sur une quinzaine de kilomètres. 6 Pour l’étape, je suis près de Lanmeur, j’entends des bruits de tracteur et par un chemin forestier je me dirige vers lui. Je tombe dans une ancienne ferme magnifiquement aménagée en résidence. Qu’à cela ne tienne, on me propose un studio pour la nuit, il vient d’être aménagé. Je partage le repas avec mes hôtes, des retraités de l’Ain, une soirée sympathique arrosée au vin de la région de Perpignan ! Au réveil le ciel est bien gris, une petite bruine cache le lointain, mais le soleil fait vite son apparition. Encore de belles églises à Plestin et St Michel les Grèves, le parcours le long des plages de Grèves se fait à marée basse, la Manche est loin, loin… Lannion une ville importante conserve beaucoup de maisons à colombages de sa période portuaire, maintenant ce sont les télécommunications qui font sa richesse, c’est ici que les câbles reliant la France à l’Amérique aboutissent. Je n’ai que quelques kilomètres à faire pour arriver sur la côte de granit rose, une petite plage déserte sera idéale pour le pique-nique, j’aurai comme invitée une mouette qui timidement vient récolter quelques miettes de mon repas. Je vais ensuite parcourir le site exceptionnel de Ploumanac’h. Ce site qui vient de remporter le titre du plus beau village de France, vaut vraiment le détour, un sentier pédestre fait parcourir la côte de granit rose parsemée d’amas chaotiques érodés par les intempéries, un bonheur. Après avoir contourné la baie de Perros-Guirec dont les hauteurs permettent de découvrir de nombreuses îles et îlots, je retrouve l’arrière pays, ses fermes et ses chapelles entourées de grands massifs d’hortensias dont les couleurs vont du rose vif au bleu intense. Encore une halte pour la visite de Tréguier, une ville très calme semblant vivre au ralentit, de belles maisons à colombages et surtout la cathédrale Tugdual au trois clochers, elle abrite le tombeau de Saint Yves qui est le saint patron de toutes les professions de justice, notamment celle d’avocat. Il est également saint patron de la Bretagne. La journée va s’achever, un hameau du nom de Mantallot me semble sympathique, dans une grosse ferme laitière je trouve facilement à loger, la fille de la maison vient d’effectuer un tour du monde d’une année à vélo… alors entre cyclistes on se raconte des histoires de cyclistes !!! Et ce sera le cas pendant le repas pris en commun avec un menu fermier pour cycliste, pâtes à la crème, œufs brouillés, tomates du jardin et cidre fabrication maison. Pour couronner le tout, on m’installe dans une grande pièce dotée d’un lit-clos datant des années 1800. Me voici retourné à la Bretagne au temps où ces lits avaient pour but de protéger leurs occupants des animaux domestiques (porcs, poules...) qui vivaient dans les chaumières avec les paysans. Et même des loups qui pouvaient parfois pénétrer dans les maisons pour s'emparer d'un nourrisson ! Ce matin, une nouvelle fois, il bruine et de nouveau en cours de matinée le soleil refait apparition, mais pour le moment le paysage est triste, les prairies font place de plus en plus à la forêt, et la route doucement s’élève, je suis dans le Trégor. A Bégard, les églises sont particulièrement décorées et toujours ces haies d’hortensias aux couleurs variées. Plus loin, alors que j’approche de Belle Isle en Terre plusieurs monuments mégalithiques rappellent que la région fut habitée depuis la nuit des temps. La route commence à descendre vers l’océan en suivant le cours de la rivière Hyères ce qui me mène à Callac, cette bourgade est connue pour être la capitale de l’épagneul breton, croisement du setter écossais avec le chien local, dit du charbonnier. Ses haras sont célèbres pour l'élevage de chevaux de trait, dont le meilleur représentant fut Naous, il trône statufié au centre d’une place. C’est près de lui que je dégusterai mon pique-nique, perturbé par une averse soudaine. L’après-midi je vais continuer de suivre la vallée qui serpente entre des collines jusqu’à Carhaix, encore une belle ville des Montagnes Noires. Les maisons anciennes sont bien conservées, mais son réseau de voies ferrées qui fut très important, ne fut jamais mis aux normes et fut abandonné, ce sera mon futur trajet puisqu’il est devenu voie verte. Mais ce n’est pas une réussite, la pluie a détrempée l’enrobé qui la recouvre et j’ai l’impression, et c’est le cas, d’avoir les roues freinées, alors je rejoins le goudron qui est parallèle à mon trajet et ce jusqu’à Gourin. Ville aux nombreux manoirs, après quelques provisions je retrouve la piste qui s’est nettement améliorée. Le problème de ces anciennes voies ferrées est qu’elles passent loin de toute habitation, ce qui n’est pas bien facile pour trouver à loger ! Enfin des habitations, c’est Guiscriff où plutôt sa gare qui fait gîte d’étape pour randonneurs, c’est fermé… Je vais voir une voisine qui alors se met en quatre pour trouver à me loger, coups de téléphone divers aux responsables du village, rien de concret, alors elle se décide à me prêter un chalet au fond de son jardin, il faut y mettre un peu d’ordre car il est très encombré de meubles divers. Ce sera en définitive une très bonne solution. Le lendemain un petit déjeuner m’attend, mon hôtesse abrite également toute une ribambelle de chats, elle est littéralement envahie et insiste pour que j’ai un souvenir d’elle en un sympathique chaton noir et blanc… non, merci à mon très grand regret je n’ai pas de place dans mes sacoches !!! Je retrouve la piste quittée hier, elle va en de nombreuses courbes et plusieurs tunnels éclairés, me mener aux portes de Rosporden le voyage est presque terminé. La ville se mire dans un grand étang où s’ébattent oies et canards, malheureusement voici que la pluie arrive, j’écourte ma visite. Un passage à l’Intermarché local pour les provisions de route, car encore une fois de longues heures de train m’attendent. A 12h45 c’est le départ, j’ai un long arrêt à Nantes de prévu, mais il pleut, il pleut sans discontinuer. Je prends le courage d’aller jusqu’au jardin des plantes en face la gare, pour contempler le Jardin Déjanté de Claude Ponti, une merveille d’imagination, on y voit entre autres : le Poussin endormi, les Totemimiques, le Dormaron et le Clochepot Fructae… Entre deux sommes, Saintes, Bordeaux, Montauban car le train ne s’arrêtant pas il faut aller à Toulouse pour revenir à Montauban, ah ! Cette SNCF… Louis Romand. 6 7 CYCLONOMADE – SEPT ANS À PARCOURIR LE MONDE À VÉLO – Notre ami jacques Sirat, continue de se remettre doucement de sa chute, son moral revient tout doucement… « Le côté apaisant de l’eau… Depuis plusieurs semaines, je passe une grande partie de mon temps loin de la foule, comme effrayé par le monde qui m’entoure. Je savoure mes journées et soirées au bord de l’eau. Rivières et lacs sont mes lieux favoris pour passer mes nuits loin du tumulte. Le plus souvent, j’observe l’eau, faisant un vide délicieux dans mon esprit. Voici environ deux mois que je ne cours plus et ne me risque toujours pas à enfourcher un vélo. Même si mon état est bien meilleur, certains problèmes demeurent et vont nécessiter dans les semaines à venir une nouvelle intervention chirurgicale qui entraînera une longue période de repos total. Du coup je recherche de petits refuges pour « voyageur » quelque peu perdu dans un monde où il ne retrouve pas tout à fait ses marques. Cette volonté de m’isoler s’atténuera probablement avec l’amélioration promise de mon état. Dès lors, j’y verrai sans doute plus clair et alors seulement mon esprit vagabond me conseillera sur le chemin à suivre…en attendant le clapotis de l’eau m’est bénéfique ». Nous continuons de publier le récit de son voyage avant son accident. Il comprend 40 chroniques, nous en sommes à la 38ème. Les valeureuses femmes africaines. Les chutes Victoria, m’attirent tel un aimant lorsqu’au Zimbabwe je quitte la ville de Bulaweyo. J’ai hâte de découvrir cette merveille naturelle, espérant à l’occasion y trouver un peu de fraîcheur alors qu’en ce moment je roule dans des zones boisées où règne plutôt une chaleur pesante. Lors d’une brève halte, une femme avachie derrière son fragile comptoir, m’offre une grande bouteille d’eau congelée, dont la seule vue, illumine mon visage et me réjouit profondément. Cela m’assure un breuvage frais pour les quelques heures à venir… chose totalement inespérée ! Je passe au devant de quelques fermes entourées de lopins de terres cultivés où les légumes ne semblent pas manquer. Apparaît soudain en sens inverse un cycliste chinois qui se dirige vers Cape-Town en Afrique du Sud pour ensuite prendre un vol à destination d’Ushuaïa et remonter le continent américain dans sa totalité… nos chemins risquent bien de se croiser à nouveau d’ici quelques années. Le bord des routes fourmille d’écoliers en uniformes bleus, verts ou marron. Soudain, sur le chemin de leur maison, une poignée d’entre eux, commence à me suivre en trottinant gaiement. Je roule paisiblement et dans le faux plat qui suit, certains abandonnent ou sont décrochés. Seules quelques fillettes tiennent le rythme jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus qu’une pour me suivre. Cette gamine possède une foulée d’une souplesse exceptionnelle et va d’une allure à l’aisance étonnante. Les 16 km/h qu’indique mon compteur kilométrique ne crispent même pas son sourire qui traduit toute la joie qu’elle éprouve à ce jeu là. Je quitte la jeune athlète en herbe en emportant avec moi le souvenir d’une gestuelle épurée à faire rougir de nombreux coureurs de demi-fond. Régulièrement, les accotements sont encombrés d’arbres déchiquetés, couchés, arrachés sur une largeur de quelques dizaines de mètres : traces et œuvre des éléphants. 7 Tel un cyclone, les pachydermes se déplacent sans rien épargner sur leur passage. De-ci de-là, les curieuses formes de quelques magnifiques baobabs captivent mon regard. Je dors ce soir dans un hôpital bien tenu qui possède quelques chambres basiques. Le Zimbabwe n’est pas dans l’état de total délabrement dont on m’avait parlé. Lorsque j’atteins les chutes Victoria, je ne perds pas une minute pour aller contempler le spectacle. Certes le niveau de l’eau est bas en ce moment mais je me laisse séduire par l’endroit et n’ai aucun mal à imaginer ce qu’il doit être lorsque le débit du Zambèze est à son summum. De l’autre côté de la frontière, en Zambie, je reste un jour dans la ville de Livingstone. Après une dernière nuit dans mon hamac, je file au petit matin sur une route où je croise de nombreux zambiens à vélo. Malgré l’état parfois délabré de leur engin, leur rythme indique une longue pratique. Je ne me sens pas seul et parfois s’esquissent même quelques petites accélérations joueuses. En partant très tôt le matin, j’observe le soleil qui se lève en une magnifique boule rouge puis passe rapidement à l’orange pour finalement devenir la boule de feu que l’on connaît. Ce moment constitue toujours un mémorable spectacle dont je ne me lasse guère. J’ai constamment la délicieuse impression de faire à cet instant précis le plein d’une énergie qui va me porter au-delà de l’horizon. Dès les premières heures du jour, quelques gargotes sont déjà squattées par des hommes aux yeux luisants trahissant des litres de « Chibuku » ingurgités, alors que leurs femmes sont probablement depuis plusieurs heures au travail. J’observe beaucoup de jeunes hommes désœuvrés. La quantité de jeunes femmes avec un ou plusieurs enfants est ahurissante. Certaines d’entre elles sont toutes jeunes et pourtant déjà maman. Alors que je mange un morceau de poulet, une employée plus âgée m’explique que beaucoup d’entre-elles ont été abusées. Les cas d’incestes sont fréquents. Les hommes qui s’enivrent rentrent ensuite à la maison où tout leur est dû. Ce sont ces mêmes femmes qui, au jour naissant, lorsque je prends la route, s’activent déjà à la corvée d’eau ou de bois. 8 Aucune trêve pour ces forçats de la vie dont la dureté du quotidien demeure souvent masquée par de sympathiques sourires. Tout au long de mes années de voyage je suis chaque fois un peu plus abasourdi par la capacité de travail des femmes du monde. De toutes parts les brûlis noircissent le paysage. Les sacs de charbon de bois vendus sur le bord des routes procurent un revenu aux gens de la campagne. Lors d’un arrêt je réoriente un camionneur sud-africain qui s’apprête à traverser le Botswana pour retourner chez lui à Durban. Je lui fais remarquer à l’aide de ma carte routière qu’il existe des routes bien plus directes. Sur ce, il change ses plans, car visiblement sans atlas routier, il ne se fiait qu’aux dires de quelques personnes croisées. Il m’arrive également de savourer quelques petits morceaux de viandes grillées dont l’odeur me met la salive à la bouche, même si celle-ci s’avère parfois un peu coriace. Quelques hommes imbibés de Chibuku tournent souvent autour espérant chaparder un petit morceau. Puis vient la capitale Lusaka, où je vais par curiosité dans un centre commercial. Prenant une paire de chaussure au hasard sur une étagère afin d’en lire le prix, je constate amèrement qu’il équivaut à un mois et demi de salaire des femmes employées dans les boutiques. Quelques jeunes « backpackers » chinois sont de passage en ville et vadrouillent aux quatre coins de la planète pour une durée d’environ sept mois. Décidemment la Chine bouge ! En route vers le Malawi, le nombre de zambiens à vélo avec des chargements hétéroclites ne fait qu’augmenter. Ils mènent leur récolte d’oignons au marché voisin. Parfois ce sont des sacs de charbons, de la volaille, ou un chargement de tomates qu’ils transportent adroitement. Certains d’entre eux parcourent de bonnes distances et partagent quelques poignées de kilomètres avec moi. Le vent me vient le plus souvent de face et soulève une poussière qui me pique les yeux, le nez et chatouille les oreilles. Mes vêtements se couvrent d’une pellicule rougeâtre. D’autres femmes me témoignent de la rudesse de leur existence. Elles ont deux, trois, quatre ou cinq enfants. Le père est souvent parti sans assumer ses actes ni se soucier des conséquences humaines et financières que cela entraîne. En soirée je discute avec un homme sympathique au regard paisible. Il possède un lopin de terre dans le voisinage et aujourd’hui dimanche il boit un peu de Chibuku en compagnie de quelques voisins. Soudain un individu apparaît et l’interpelle, le menaçant d’appeler la police. Nous ne comprenons rien et lui demeure sans réaction. Lorsqu’on apprend enfin qu’il a donné à boire du Chibuku à un gamin de 3 ans. Petit à petit la conversation s’apaise et une bouteille de Chibuku vient sceller la paix entre les deux protagonistes. Je fais des bonds de village en village, de gargote en gargote, de rencontre en rencontre. De toute part des « How are you? » sonores et joyeux raisonnent dans mes oreilles. Des ribambelles de chérubins surgissent de derrière une hutte en courant vers le bord de la route. J’observe amusé un petit qui n’a pas eu le temps de re- monter son pantalon et suit les autres de loin en tenant sa culotte à moitié remontée d’une main et en me saluant de l’autre tout en s’égosillant : « how are you, how are you ? » Lors d’une pause je mange du poulet grillé accompagné d’une portion de « nsima » (sorte de bouillie à base de farine de maïs). L’opération se déroule sous les rires des gens car je me brûle le bout des doigts… manque d’habitude. La vendeuse n’a que 12 ans alors que je lui en donnais une vingtaine. Son frère entre dans la gargote et prend un paquet de cigarettes. La fillette s’emporte, sachant que chaque sou compte dans le budget familial mais le frangin n’en a que faire et la gamine reprend son travail furieuse et fataliste à la fois. Plus loin, c’est un jeune de 16 ans au regard chargé de Chibuku, qui ne semble pas se soucier de ses deux enfants. Irresponsabilité masculine, aggravant le quotidien féminin. L’état d’ébriété avancé de certains individus me fait parfois abréger une pause dans une petite gargote. On me parle souvent de foot et de l’ancien sélectionneur français : Hervé Renard qui a mené la Zambie à la victoire de la coupe d’Afrique des Nations en 2012. Le parcours monte et descend, il y a du vent et de la poussière, les degrés grimpent vite et les « how are you » raisonnent toujours dans la tête. Des travaux effectués soit par une entreprise chinoise, soit une portugaise ou encore une mozambicaine émaillent mon parcours. A un moment, l’envie de retourner au Mozambique effleure mes pensées, mais je dois recevoir ma nouvelle carte bancaire et mieux vaut la recevoir dans la capitale du Malawi voisin. Puis je souhaite surtout ne pas franchir plus au nord le désert soudanais en plein été. Ma progression va donc être à partir du Malawi un peu plus directe vers le nord. Alors que je discute dans un hameau, un camion Overland, chargé de touristes probablement allemands, passe en ralentissant légèrement et à l’intérieur on ne voit qu’appareils photos mitraillant les gens du village… pas un mot, pas un geste juste des photos volées… une drôle d’impression m’envahit et pendant la journée qui suit je ne déclenche même pas mon appareil. Dans des villages on charge ou décharge de gros sacs de maïs. Des hommes se proposent pour travailler. Ils sont payés au sac. Un petit travail qui rappelle celui des dockers dans les ports. Des attelages de bœufs arrivent d’un peu partout. C’est le moment de la vente de la récolte la plus importante de l’année, il ne faut pas la rater ! Puis j’atteins Chipata où au devant d’un supermarché j’entends un homme hurler et observe un attroupement autour de celui-ci. L’individu est dans un état de saleté indéfinissable. Ses vêtements en lambeaux sont d’une noirceur incroyable. Quelques hommes le prennent et se dirigent vers la station service proche. Un spectateur m’explique alors: « il s’agit d’un simple d’esprit qui ne se lave jamais et traîne ainsi dans les rues. De temps en temps des hommes le mènent au lave-auto pour un bain complet car cela lui fait du bien et le calme un peu, sinon il commence à devenir agressif ». J’atteins ensuite la frontière du Malawi. Dès lors les enfants m’interpellent différemment : « Azungu, Azungu ! », (blanc, blanc !). Mais raisonnent également des « give me money ! » à la sonorité nettement moins agréable. 8 9 Ces demandes sont certainement liés à une présence blanche un peu plus importante au niveau du volontariat et de l’humanitaire… cette image du blanc qui arrive et qui « donne » est présente aux yeux des enfants… sans doute pas la meilleure façon de faire avancer un pays, car le blanc apparaît comme le sauveur alors qu’il a souvent été auparavant le fossoyeur. zambique voisin. Dans le bar, deux mozambicains aux pronostics et opinions divergents. L’un prévoit la victoire du parti au pouvoir (Frélimo) et l’autre de l’opposition (Renamo). La discussion devient très vite tendue et je n’ai dès lors aucune difficulté à imaginer la situation se dégrader dans ce pays qui a tant souffert (16 ans de guerre civile). Si j’arrive dorénavant dans des zones plus peuplées, cela demeure pour l’instant tout à fait vivable. A Lilongwe, la capitale du pays, j’attends ma nouvelle carte bancaire. J’en profite pour m’adresser à un opticien afin de faire une nouvelle paire de lunettes ce sera ma 4ème paire en trois ans…. je les perds toutes. Visiblement cela peut très vite redémarrer car il m’étonnerait que quelque soit le résultat, celui-ci soit accepté par la partie perdante… un retour de la violence est-il à prévoir, j’ai bien peur que oui et une fois de plus ce sera la population qui en subira les conséquences car les grands pontes des partis politiques eux, seront sous bonne protection. Jacques Sirat Un soir une discussion débute sur les élections au Mo- 8QHRUHLOOHTXLW·pFRXWHVDQVWHMXJHUoDYDXWGHO·RU HISTOIRE DE NOTRE PATRIMOINE – N-D. DES CYCLISTES – SA RÉGION. Le mois dernier notre patrimoine fut à l’honneur avec les habituelles Journées qui lui sont consacrées, nous en avons bien sûr profité. Voici un petit article sur une région que nous aimons parcourir, il nous a été communiqué par Robert Lasplaces Membre de notre Confrérie de cette contrée. La Bastide d’Armagnac Bastide fondée en1291 par Bernard IV Comte d’Armagnac, avec l’approbation d’Edouard 1er Roi d’Angleterre. L’enceinte a disparu, mais la disposition intérieure demeure : 4 rues principales qui aboutisses à la Place Centrale. Henri IV confirme la possession de La Bastide au seigneur d’Aubijoux. On dit que Henri IV se serait inspiré de la Place Royale pour dessiner la Place des Vosges à Paris. fin de Bouglon, égérie de Barbey d’Aurevilly, celui que Lamartine appelait le « Duc de Guise de la littérature » (Le Chevalier des Touches -1864). Manoir de Saint Aigne : les Came sont de la plus ancienne noblesse du Pays d’Armagnac. Asias de Came, bohémien Magyar, Chevalier du Temple, s’installa au Manoir de La Bastide vers 1300. Il assista certainement à la fondation de La Bastide d’Armagnac. Tous les Came furent de rudes batailleurs servant jusqu’en 1387 les Anglais, puis, à partir de cette même date, le Comte d’Armagnac et le de Roi de France. Géou Vers 1104, Loup Sanche, bâtard de Bernard (ou Bertrand) d’Armagnac, hérite de Géou avec le droit d’y construire un donjon. Puis, le fief de Géou est acquis par les Templiers. En 1146 leur Commandeur Fontanier de Gerlon réside à Géou et le fortifie par une ceinture de murailles et de tours. Odin de Malvin, Seigneur de Juliac obtient du Roi d’Angleterre que Géou devienne fief de la Couronne d’Angleterre sous le titre de Vicomté de Juliac (englobant par ailleurs Lagrange, Créon, St Julien Betbezer, paroisses landaises). A l’intérieur de l’église : Piétât en bois polychrome très belle), clocher fortifié du XV° siècle. Tandis que Montgommery avait en 1569 persécuté les habitants de La Bastide d’Armagnac, en 1653 le Chevalier d’Aubeterre, avec ses troupes royales, cerne la Ville et l’emporte d’assaut. Il déloge ainsi le lieutenant de Condé : Balthazar. XVIII° Siècle, apogée du Marquisat de Maniban. L’ancien temple protestant, fief de l’Eglise Réformée (20 ministres protestants entre 1554 à 1684), La Bastide construit en 1550 un Temple. Ce dernier sera détruit par Montluc en 1563 - reconstruit en 1607, Il sera abandonné en 1684 lorsque la ville redevient catholique sous l’influence du Marquis de Maniban. Château du Prada : Belle demeure du XVIII° Siècle construite par le seigneur, Baron de Bouglon. Dans cette mai9son vécut « l’Ange blanc », Veuve de Jean-François Ru- Par représailles, les Templiers sous les ordres de Hugues de Lobenx leur commandeur, détruisent le Pouy et le donjon de Juliac. En 1180, Guilhem de Mona, Commandeur de Géou, poignarde le Vicomte de Juliac, Odon de Malvin. Philippe IV le Bel en faisant arrêter le Grand Martre des Templiers Jacques de Molay, et le Pape Clément V en supprimant l’Ordre, mettent fin au triomphe: des Templiers en Armagnac. 1335 - Le Prince Noir rase la Citadelle Sa sainteté, le Pape Jean XXIII, le 18 Mai I959, exauce le voeu de l’Abbé Massié , Curé de Lagrange, Créon, Mauvezin et St Julien, et fait de la vieille chapelle restaurée par la Municipalité de Labastide d’Armagnac (M.Loubère,maire), le Sanctuaire National du Cyclisme et du Cyclotourisme. Déjà reconnu au XIX° Siècle, le site, est exploré en 1960-61 par M. Lauffray, architecte au C.N.R.S. 10 Qui met à jour des mosaïques en couleur et à motifs géomètrîques (dont on peut admirer un échantillon à la Mairie de Labastide d’Armagnac). Par la suite, un ensemble de constructions a été dégagé. En 1970-71 d’importants restes architecturaux ont été exhumés. On pense qu’ils appartiennent à une « villa » et aussi, à un temple public qui confirmerait l’étymologie de Géou (Jovis = Jupiter). Egalement en 1971 une nécropole à incinération a été mise à jour. Enfin des silex taillés trouvés sur place prouvent que ces lieux étaient déjà fréquentés par les hommes de la Préhistoire. Une statue de bois, du XVI° siècle, offerte en 1959, vient du Havre et aurait été sculptée en mer par un marin au cours de ses pérégrinations. Quant à la vierge de pierre, N.D des Cyclistes, elle ne tient pas un ballon....., mais le globe terrestre ! Les eaux de vie d’Armagnac L’Armagnac est une eau-de-vie de vin, réputée et délicieuse, dont la production, depuis 1905 est soumise à des lois et règlements stricts. L’aire de production s’étend sur les départements des Landes, du Gers, et du Lot et Garonne. Cette aire est divisée en trois sous régions. Bas-Armagnac (40 et 32) - La Tenarèze (32-47) et le Haut-Armagnac (32-47). Il est admis par tous, professionnels et connaisseurs, que le Bas Armagnac est réputé pour la finesse et la qualité supérieure de ses eaux de vie. Seuls peuvent servir à la production de l’Armagnac, les vins blancs vinifiés conformément aux usages locaux, n’ayant subi ni soutirage, ni addition d’anhydride sulfureux, et possédant un certificat de non sucrage. Ces vins blancs doivent provenir des cépages blancs suivants : Folle blanche et jaune, Picquepoul du pays, StEmilion , Colombard, Jurançon, Blanquette, Mozac, Clairette, Meslier, Blanc de Grèce,et le Baco 22 A. L’alambic, du type Armagnacais, doit être à alimentation continue, à double ou triple chaudière superposée. Il ne doit comporter aucun organe de rectification, et la teneur alcoolique de son coulage ne doit pas dépasser 63°. Le volume de production en 24 heures ne peut excéder une fois et demie la capacité des organes de réfrigération. Le Chauffevin et le réfrigérant doivent comporter des serpentins à l’exclusion de tous autres dispositifs. La distillation devra être terminée au plus tard le 30 Avril de l’année qui suit la récolte. Le Syndicat des Vignerons d’Armagnac landais, dont le Président actuel est le Maire de Parleboscq, a été fondé par M. Ducourneau Maire de Lagrange, qui en a été le Président pendant de nombreuses années. Le siège est toujours à la Mairie de Lagrange. A Lagrange aussi, est né le Floc de Gascogne. Excellent vin de liqueur à l’Armagnac 16° à 18°. Fabriqué à partir de jus de raisin frais de densité supérieure à 1075 et d’Armagnac de qualité de plus de 52°. Les cépages recommandés pour l’armagnac permettent le Floc Blanc. Des cépages sélectionnés, permettent le Floc Rouge. L’aire de production est exclusivement la Zone d’appellation Armagnac. Le vieillissement s’effectue dans des fûts de chêne blanc de Gascogne. Jean Ducourneau / DOFRROHVWOHSLUHHQQHPLGHO KRPPH0DLVOD%LEOHQRXVHQVHLJQHG DLPHUQRVHQQHPLV TRAIT D’UNION EUROPÉEN – PARIS – BERLIN On parle souvent de l'Union Européenne au niveau politique, économique ou social, mais on ignore que l'Union Européenne existe aussi au niveau cyclotouriste : c'est L'Union Européenne de CycloTourisme (UECT). L'UECT organise des randonnées permanentes appelées Traits D’union Européens (créés en 1983) et propose, dans un sens indifférent, de relier Paris aux autres capitales européennes. Ces Traits D’union Européens avec des points de contrôle très espacés et des itinéraires aussi tranquilles que touristiques, ont été particulièrement étudiés. Ils évitent les grandes routes et même les grandes villes, cheminent à travers les petites routes sinueuses de la France profonde et des pays voisins et vous offrent la possibilité de découvrir à vélo les pays de l’Union Européenne. Ils s’adressent à tous les fanatiques du vélo, les amateurs de grand air, désireux d’échapper aux contraintes de la vie polluée et qui veulent visiter l’Europe en dehors des autoroutes. Ils ont aussi pour objectif de pratiquer le cyclotourisme, formidable moyen de rencontres et d'échanges avec les peuples, tout en véhiculant l'esprit d'amitié et solidarité entre les peuples. 35 Traits D’union Européens ouverts au départ de Paris depuis 2015. En 2015, un nouvel itinéraire de plus de 1300 km sera homologué dans les Balkans, en partant de Dubrovnik en Croatie puis en traversant le Monténégro, le Kosovo, la Macédoine et l'Albanie jusqu'à Tirana. Mardi 16 juin, 6h 00 – C’est parti. Cette année, je m'engage comme d'habitude sous les couleurs de mon club, l'ACTP (Association Cyclotouriste de Plaisir) dans les Yvelines. J'ai choisi de me lancer sur Paris - Bonn - Berlin et j'aurais aimé poursuivre jusqu'à Varsovie. Mais la Pologne n'est pas un pays très cyclable parce que les routes, y compris secondaires, sont empruntées par de nombreux camions et qu'en solo on n'est pas grand chose sur un vélo. L'expérience acquise ces dernières années sur diverses randonnées européennes me permet toutefois de partir sereinement. J’avais, étudié l’itinéraire de Paris - Bonn - Berlin que m'avait transmis quelques semaines auparavant mon ami Patrice Godart. La plupart des capitales européennes sont accessibles à vélo et tous les trajets reliant Paris à ces capitales sont documentés et homologués par l’ASPTT de Saint-Quentin dans l’Aisne. 10 Ce parcours de Paris - Berlin se prolonge en Pologne pour atteindre Varsovie puis se dirige vers les capitales des pays Baltes (Vilnius en Lituanie - Riga en Lettonie - Tallinn en Estonie). J’ai prévu de partir de la Porte de Pantin comme l'indique le road-book en longeant le canal de l'Ourcq puis de poursuivre à partir de Gressy par la plaine de la Brie. J’avais, la semaine précédente, vérifié mécaniquement ma randonneuse en acier CYFAC en l'équipant de pneus neufs de 700 en section 25 mm et en contrôlant les roulements, les visseries, les câbles et les éclairages. Cette préparation est essentielle parce que les routes principales et secondaires sont parfois dangereuses (vitesse excessive des voitures et des camions – réseau routier pas toujours bien entretenu – très peu de 2 roues sur les routes et encore moins de vélos, ce qui nous fait apparaître comme des intrus). Mais je sais que cette année, j'aurais la chance d'emprunter de nombreuses pistes cyclables notamment en Belgique et en Allemagne qui sont des pays cyclables exemplaires et qui facilitent la circulation des vélos, en particulier en milieu urbain. La France possède un réseau dense de routes secondaires mais en ville, les cyclistes doivent cohabiter avec les voitures et les camions, d'où une vigilance accrue. Mes bagages se limitent à une sacoche guidon pour les affaires courantes qui repose sur un porte-bagages avant, une sacoche triangle pour le vêtement anti-pluie, une sacoche de selle pour le petit outillage, 2 bidons, l’ensemble pesant de 6 à 7 kg supplémentaires. Comme tout cyclotouriste à "l'ancienne", ma sacoche guidon est équipée d’une pochette transparente pour visionner la carte et l’itinéraire choisi. Ce routage par carte est important parce qu’il permet, en temps réel, de lire les panneaux indicateurs tout en repérant le tracé sur la carte. Je sais qu'aujourd'hui, de nombreux cyclotouristes utilisent des GPS très performants pour se guider, mais cela suppose un travail préparatoire important pour tracer les parcours et les télécharger. De plus, je préfère lire une carte que suivre une "trace" sur GPS. Après un petit-déjeuner copieux pris à la maison, mon fils me dépose près de la Porte de Pantin, lieu du départ de ma randonnée Paris - Berlin. Je suis prêt pour entamer mon périple. J’ai effectué les mois précédents un bon entraînement physique en alignant les km (environ 6 200 km depuis le 1er janvier) et j’ai durci l’entraînement en programmant quelques sorties de 150 à 200 km en Ile-deFrance et quelques périples dans les cols du Beaujolais. Cette 1ère étape sera longue avec un bon dénivelé dans sa 2ème partie et un vent de face qui freinera ma progression, mais je m'adapterai en réduisant le braquet face au vent afin de rester fluide dans l'effort et ne pas m'épuiser. Je quitte Paris en empruntant la piste cyclable qui longe le canal de l'Ourcq. Le canal de l'Ourcq construit entre 1802 et 1825 avait pour objectif d'alimenter Paris en eau potable. De nombreux travaux ont permis ensuite d'aménager ses berges pour en faire une voie qui permet aux cyclistes et aux piétons de cohabiter sur certains tronçons. Il convient simplement de modérer sa vitesse en fonction des usagers rencontrés sur le parcours. Avec la vallée de l'Ourcq, j'emprunte les routes du pays de Meaux, on parle aussi de pays Multien. C'est une riche région agricole réputée pour ses cultures de céréales et 11 11 d'élevage à l'image de la Brie voisine. Le pays Multien est recouvert de limon et sillonné d'ouest en est de vallons boisés où coulent de nombreuses rivières. Son altitude moyenne est d'une centaine de mètres avec quelques points ne dépassant guère les 150 m. Les propriétés sont importantes en superficie et les villages sont peu peuplés. Je poursuis ma route ensuite vers le 1er point de contrôle prévu sur l'itinéraire, Oulchy-le-Château. Oulchy doit son nom à un château fort qui fut construit dans ce lieu par les comtes de Champagne antérieurement au 10e siècle. Oulchy et son château ont été pris et repris par les Bourguignons et les Armagnacs au 15e siècle et furent souvent pillés pendant les confrontations. Louis XII permit aux habitants de rebâtir leur église avec les matériaux provenant des ruines de ce château. J'arrive en fin d'après-midi à Avaux et je m'écarte un peu de mon itinéraire pour rejoindre l'auberge d'Ecry située au bord de l'Aisne sur la commune de Vieux-lès-Asfeld. Le restaurant étant fermé le mardi soir, l'aubergiste m'a prévu un plateau repas copieux qui me convient parfaitement : boudin blanc aux légumes, hachis Parmentier et fraisier. Je regarde mon compteur et je m'aperçois que j'ai roulé pendant plus de 190 km pendant cette 1ère étape. J'envisage de diminuer les distances lors des prochaines étapes, parce que le relief sera plus prononcé. Mercredi 17 juin : Vieux-lès-Asfeld - Charleville-Mézières Saint-Hubert. Je parviens à prendre le petit-déjeuner de bonne heure et je décolle de l'auberge de Vieux-lès-Asfeld à 7 h, parce que je sais que le massif des Ardennes m'attend avec de nombreuses côtes et descentes qui vont se succéder toute la journée. Qui a dit que la Belgique était un plat pays ? Je crois avoir entendu Jacques Brel le chanter, il devait sûrement parler de la partie ouest et maritime de la Belgique. En fin de journée, sur un parcours de 152 km, le dénivelé affichera 2 060 mètres. J'entre ensuite dans une région riche en forêts et en herbages, la Thiérache qui valorise aussi l'élevage laitier. Cette région couvre non seulement les Ardennes françaises mais s'étend aussi aux Ardennes belges. L'une des curiosités architecturales est la présence d'églises fortifiées qui ont été édifiées comme des châteaux forts afin de protéger la population en cas de conflit. On en dénombre plus d'une soixantaine dans la région et elles sont identifiées aussi par des panneaux hexagonaux le long des routes. J’arrive ensuite à Charleville Mézières qui est la ville la plus importante des Ardennes françaises et identifiable par son hôtel de ville datant de 1930. Je déjeune à midi à Sugny en Belgique après avoir grimpé une côte de 3 km mais je suis récompensé par la qualité du repas : sauté d'agneau aux pommes de terre, salade de fruits, mousse au chocolat, le tout arrosé par une bière belge. La frontière franco-belge franchie, je retrouve le même relief accidenté dans les Ardennes belges. 12 Je passe à Paliseul, où le poète Paul Verlaine prenait ses vacances en famille. La maison familiale est devenue un centre culturel dédié au poète et Paliseul est le point de départ et d'arrivée de la "Route Paul Verlaine". Le parcours devient très forestier, l'exploitation du bois étant l'une des principales activités de la région. J'arrive à Saint-Hubert, terme de mon étape, ville réputée également pour la chasse au gros gibier. Jeudi 18 juin : Saint-Hubert - Saint-Vith - Allemagne - Bad Munstereifel. Ce sera à nouveau une étape de moyenne montagne dans le massif des Ardennes Belge puis le massif de l'Eifel en Allemagne. Après un petit-déjeuner classique pris à 6h45, je quitte Saint-Hubert à 7h30. Il a plu toute la nuit et cette pluie m'accompagnera toute la matinée. Je suis bien équipé avec un vêtement de type Goretex et les garde-boue installés sur mon vélo, mais la pluie est froide dans cette région forestière située à plus de 500 m d'altitude. La température est de 8° et variera peu pendant la journée. Au bout de quelques kilomètres, j'ai la surprise de franchir successivement 2 cols : celui d'Hurtebize (qui culmine à 525 m) puis celui de Plastrai (549 m). Ces cols grimpent pendant 3 à 4 km mais les pourcentages ne dépassent pas 4 ou 5%. Vendredi 19 juin : Bad Munstereifel - Bonn - Eitorf - Windeck - Olpe. Après un petit-déjeuner copieux à l'allemande (charcuteries, fromages, viennoiseries, yaourts, fruits), je démarre à nouveau avec une pluie fine qui tombera toute la journée. Sur ce type de randonnées et de parcours en ligne, il faut chaque matin repartir et suivre le programme envisagé, quelque soit le temps qu'il fait. Cela suppose d'être bien préparé physiquement, mentalement et matériellement pour affronter tous les imprévus y compris météorologiques. Heureusement le relief sera pratiquement plat jusqu'à la plaine du Rhin à Bonn, ancienne capitale de l'Allemagne de l'Ouest entre 1949 et 1990. Avant d'arriver à Bonn, je passe à Bad Godesberg, dans la banlieue sud de Bonn. Bad Godesberg est une station thermale prisée par les curistes mais le nom de la ville est aussi connu pour avoir abrité en 1959 le congrès du Parti social-démocrate allemand (SPD) qui avait adopté une rupture avec le marxisme en prenant pour doctrine « le marché autant que possible, l'intervention publique autant que nécessaire. » Je pointe ma carte de contrôle à Bonn avant de poursuivre ma route. Après Bonn, je longe jusqu'à Eitorf, la Sieg qui est un affluent du Rhin. Je déjeune dans une Gasthof à Eitorf avec une omelette aux "Kartofeln" (patates) et aux champignons, un Apfelstrudel et une bière blonde allemande. En Belgique, 70 cols sont ainsi officiellement répertoriés et reconnus avec le label "Randocols". En poursuivant ma route dans la forêt de Gouvy, je rencontre un panneau qui relate le lancement des premières fusées V2 conçues par l'ingénieur allemand Wernher Von Braun. Cette région est également connue pour l'organisation de la course cycliste internationale Liège - Bastonne - Liège qui possède le surnom de "Doyenne" des classiques (la 100ème édition eut lieu en 2014). Son parcours accidenté de 260 km en fait l'une des courses les plus exigeantes. Eddy Merckx détient le record de victoires (5) obtenues entre 1969 et 1975. Je déjeune dans une "Bäckerei" à Losheimergraben avant de franchir la frontière entre la Belgique et l'Allemagne. Ce sera un gâteau de riz, un apfelstrudel et une banane, avec un grand chocolat chaud pour me réchauffer. En arrivant en Allemagne, j'entre dans le massif de l’Eifel qui se trouve dans les Länders de Rhénanie du NordWestphalie et de Rhénanie-Palatinat. L'Eifel est classé comme parc national et couvert de forêts de hêtres et de résineux. La région est très appréciée par les randonneurs. Les paysages de l'Eifel sont très vallonnés et boisés et le massif est coupé de plusieurs rivières descendant dans la direction nord-sud vers la Moselle. J'arrive au terme de mon étape à Bad Munstereifel qui est une cité médiévale fortifiée ayant conservé de nombreux monuments et maisons anciennes. Bad Münstereifel est aussi une station thermale appréciée et un lieu de villégiature pour les habitants des grandes villes voisines : Cologne - Bonn - Düsseldorf et les autres villes de la Ruhr. Les maisons sont mises en valeur avec leurs colombages. Elles sont constituées d'une ossature de bois (avec des pans de bois) et d'un hourdage qui forme les murs (briques ou torchis ou plâtre). Cette technique de construction a été utilisée dans de nombreux pays d'Europe, à proximité des lieux d'exploitation ou d'importation du bois. Partout, des restaurations sont mises en oeuvre afin de conserver ce type d'habitat dans le patrimoine local. L'après-midi, je retrouve un relief plus accidenté avec des montées et des descentes permanentes jusqu'à Olpe (qui se situe à 350 m d'altitude). Cette petite ville est la porte d'entrée de deux parcs naturels : Naturpark Ebbegebirge au nord d'Olpe et Naturpark Rhotaargebirge à l'est d'Olpe. (Gebirgue signifiant massif montagneux). Olpe est au bord d'un grand lac artificiel, le Biggesee qui approvisionne en eau de nombreuses villes de la Rhur. Samedi 20 juin : Olpe - Winterberg - Korbach - Volkmarsen Hofgeismar. N'ayant pas pu prendre le petit-déjeuner avant 7h30, je pars vers 8h15 pour une nouvelle journée de moyenne montagne, la pluie s'est arrêtée mais la température n'est que de 8° ce matin. Elle stagnera dans la journée puisque j'évoluerai entre 300 et 700 m d'altitude jusqu'en milieu d'après-midi. La région est très touristique et recherchée par les randonneurs à pied ou à vélo tout terrain ou tout chemin. L'hiver ces villages se transforment en petites stations de ski de fond ou de randonnée pour accueillir les citadins des grandes villes voisines : Bonn, Köln, Kassel, Göttingen, Siegen... Les villages défilent sur le plateau du Sauerland, j'arrive enfin à Winterberg située à 668 m d'altitude. La ville de Winterberg est entourée de quelques sommets de 700 à 900 m. Elle est très populaire pour les sports d'hiver et les randonnées d'été. Au regard de la fraicheur (8°), les gens sont habillés comme en hiver. Je déjeune dans une Bäckerei avec un fraisier, un gâteau crémeux aux myrtilles et un grand chocolat chaud. Je mangerai salé ce soir dans l'auberge qui m'attend. Je poursuis ensuite jusqu'à Korbach ville dans laquelle je pointe ma carte de contrôle. A partir de Korbach, je vais descendre progressivement pendant 40 kilomètres jusqu'à Bad Arolsen puis Hofgeismar terme de mon étape. 12 13 C'est samedi, les routes sont très calmes et le temps maussade n'incite pas les gens à sortir. Le soir, les allemands vont dîner tôt au restaurant parce qu'ils sont à table à partir de 18h avec la serviette autour du cou et la fourchette et le couteau dans les mains pour attaquer leurs plats favoris : Schnitzel (escalope de viande panée), Schweinhaxe (jarret de porc), Bratkartoffeln (sauté de pommes de terre à la poêle), Sauerkraut (choucroute), ... Je dîne dans le restaurant de l'auberge où j'ai réservé une chambre en prenant une spécialité locale : du boeuf en gelée avec des petits légumes (équivalent à du cornedbeef) et un strudel, le tout accompagné d'un demi de bière. Dimanche 21 juin : Hofgeismar - Uslar - Bodensee - Bad Harzburg. En examinant la carte, je vois que ce matin j'emprunterai la Deutsche Märchen Straße. Cette route est une route touristique rappelant sur plus de 600 km les lieux où se déroulent les contes populaires allemands racontés par les frères Grimm dans leur célèbre livre : les contes de Grimm. Cette route me conduit dans un temps vers la vallée de la Weser puis je m'oriente progressivement vers l'est en contournant par le nord la grande ville de Göttingen, réputée pour ses universités et ses centres d'excellence comme l'Institut Max-Planck et l'Académie des sciences. Göttingen est aussi une chanson de Barbara écrite en 1964 à l'occasion d'un concert qu'elle donnait en Allemagne à Göttingen. La chanson évoque les guerres francoallemandes qui ont divisé les 2 pays et fait de nombreuses victimes. C'est aussi un hymne à l'amitié franco-allemande et de façon plus générale à la paix. En 2002, cinq ans après la mort de la chanteuse, la ville de Göttingen a inauguré une Barbarastraße (rue Barbara). J'arrive vers midi à Osterode, un des points d'entrée du parc national du Harz. Comme c'est dimanche, peu de restaurants sont ouverts et j'en profite pour déjeuner dans un restaurant asiatique : Nudeln (nouilles) au poulet et glace aux lychees. Le parc national du Harz a une superficie de 25 000 hectares et le point culminant est le Brocken (1 141 m) plus haut sommet de l'Allemagne du nord. Plus de 95 % de sa superficie est couverte de forêts, essentiellement des conifères. Je vais parcourir le parc toute l'aprèsmidi dans le massif du Acker (Auf dem Acker). Je quitte Osterode am Harz (200 m d'altitude) et je monte progressivement pendant 20 kilomètres. Avant la miparcours et en suivant le cours de la rivière Soses, je croise le lac barrage associé à cette rivière : le Sosestausee. Puis je poursuis ma progression dans le col pour atteindre Dammhaus à près de 800 m d'altitude. La montée est très agréable parce que la pente n'excède pas 5 à 6%, ce qui n'a rien à voir avec les cols alpins ou de haute montagne. Parvenu en haut du col, je descends pendant quelques kilomètres sur une route à crête de montagne qui me conduit à Altenau im Oberharz, station climatique et de ski 13très fréquentée de la région. La ville est située sur les contreforts du massif du Hartz à seulement 12 km du mont Brocken ce qui explique le développement de la station. A l'origine, Altenau était un modeste village tourné vers l'exploitation des mines d'argent de la région. Au XXème siècle, la ville a développé ses infrastructures pour accueillir curistes et touristes. Passé Altenau, j'entreprends une descente douce de 20 kilomètres vers Oker en longeant un autre lac barrage, l'Okerstausee. Parvenu à Oker, il me reste une dizaine de kilomètres pour atteindre la station thermale de Bad Harzburg, très prisée par les touristes. Lundi 22 juin : Bad Harzburg - Krottorf - Biere - Barby Zerbst. Après un petit-déjeuner copieux, je quitte Bad Harzburg à 7 h 30 et j'entre immédiatement dans l'ex RDA (République Démocratique Allemande) ou ex Allemagne de l'est. Je franchis cette frontière symbolique à Stapelburg. 25 ans après la réunification (1990), l'Allemagne est devenue un pays de plus de 81 millions d'habitants et la première puissance économique d'Europe. Elle compte parmi les pays industrialisés, les plus performants dans le monde. Mais les efforts et les soutiens ont été considérables pour rapprocher les deux "Allemagne". En passant de village en village, je me rends compte de la qualité des routes, identiques à celles que j'ai empruntées auparavant et de nombreuses installations d'éoliennes pour la fourniture de l'énergie. Dans de nombreux villages, les secteurs pavés sont restés en l'état et sont peu propices à la pratique du vélo, surtout en cas de pluie. On voit aussi de nombreux bâtiments agricoles ou industriels désaffectés et non réhabilités. Je remarque, en roulant, que beaucoup d'arbres fruitiers (cerisiers, pommiers, poiriers, noyers) sont plantés le long des voies publiques plutôt que des arbres d'ornement. J'avais déjà vu la même chose en République Tchèque, en Hongrie, en Slovénie ou en Croatie. C'est utile et cela permet à chacun de consommer les fruits lorsqu'ils mûrissent. Le trafic automobile est moins dense, mais je trouve que beaucoup de camions empruntent les routes secondaires. Dans la matinée, je contourne par le sud Magdebourg, grande ville historique et industrielle de 230 000 habitants, située au bord de l'Elbe. Comme nous sommes en ex RDA, j'ai la surprise de voir de temps en temps une Trabant qui était la voiture culte de l'après guerre en Europe de l'est. Je déjeune ensuite à Schönebeck (située au sud de Magdebourg) également au bord de l'Elbe. Ce sera un repas typiquement allemand avec une Wiener Schnitzel (escalope pannée) et un Apfelstrudel. En regardant mon road-book, je vois que je dois traverser l'Elbe. L'Elbe est un fleuve de 1091 km qui prend sa source en République Tchèque mais la majeure partie de son cours se déroule en Allemagne. Il se jette dans la mer du nord par un long estuaire sur lequel se trouve Hambourg, premier port allemand. Pour franchir l'Elbe, je préfère prendre un bac à Barby, ce qui m'évite la recherche d'un pont. Le bac est rustique mais très pratique et pour la somme modique de 1,50 euros et 5 mn de passage, je suis sur l'autre rive. Je me rapproche de la ville de Zerbst, ville historique et fortifiée dont l'existence remonte à l'an 1000. 14 C'est une ville aujourd'hui composée de 25 000 habitants qui porte encore les traces des bombardements de la 2ème guerre mondiale. Le 16 avril 1945, 85 % de la ville fut détruite par un bombardement de l’aviation angloaméricaine. Je m'y arrête dans une pension de famille où j'ai réservé une chambre pour 40 euros la nuit avec petitdéjeuner. Je suis très bien accueilli par la famille. Mardi 23 juin : Zerbst - Rottstock - Postdam - Wannsee Berlin. C'est ma dernière étape avant d'arriver à Berlin, mais la météo n'est pas engageante parce qu'il a plu toute la nuit et en me levant le matin, elle tombe toujours autant. Elle ne cessera pas de la journée. Je me prépare donc pour affronter les éléments en m'équipant au mieux et en prenant les mesures de sécurité (goretex jaune, lumières led allumées à l'avant et à l'arrière de mon vélo, garde-boue en place, protège sacoche, lunettes transparentes, casque). Le parcours traverse de nombreuses forêts et j'ai le plaisir de constater que de nombreuses pistes cyclables existent, ce qui me rassure par temps de pluie. Je progresse bien malgré la pluie parce que le vent d'ouest est favorable et me pousse dans le dos. J'ai ainsi l'impression d'être moins gêné et surtout moins mouillé. A midi, je me trouve dans les faubourgs de Potsdam, ville historique qui se trouve à 40 kilomètres au sud-est de Berlin. C'est à Potsdam qu'eut lieu le 21 mars 1933 la première mise en scène de la propagande nazie par Goebbels, connue sous le nom de "Journée de Potsdam". En juilletaoût 1945, les alliés victorieux du Reich, tiennent une conférence qui détermina le sort des pays vaincus. Je demande à une cycliste quelle est la route la plus pertinente pour se rendre à Berlin à vélo. Elle me précise qu'une piste cyclable existe le long du lac de Wannsee, mais j'ai peur des crevaisons avec la pluie. Elle m'emmène voir un de ses amis français qui tient un magasin bio et un restaurant associé. J'en profite pour déjeuner sur place et effectivement ce jeune français me conseille de prendre la nationale 2 puis la 1 pour parvenir à Berlin, sachant que ces nationales sont doublées sur tout le parcours par des pistes cyclables sécurisées. Je reprends la route courageusement, parce que la pluie est drue, en me disant que l'arrivée est proche et que 40 km, c'est peu par rapport à ce que j'ai déjà fait. La région de Berlin est entourée de forêts, de lacs et de rivières (au confluent de la Spree et de la Havel) et se situe dans une vaste plaine qui s'étend de l'Allemagne de l'est à la Pologne toute proche. D'ailleurs, l'étymologie de Berlin est issue d'une racine slave (brl) qui désigne un marais ou une zone marécageuse. Au fur et à mesure que j'avance, je m'aperçois que je suis rapidement dans les premiers faubourgs de Berlin parce que la ville même est immense : Berlin a une superficie de 892 km2 alors que Paris a une superficie de 105 km2. Berlin a donc un territoire 8 fois supérieur à Paris. En traversant une des forêts berlinoises, je vois une cigogne qui vaque tranquillement à ses occupations. Je me rapproche progressivement du centre ville en voyant les panneaux indiquant les secteurs les plus connus de la ville. En plein coeur de la ville, les Berlinois peuvent profiter d'un vaste parc de 210 hectares : Tiergarten qui est leur poumon vert. C'est l'un des lieux de promenade privilégiés des habitants et des touristes. Comme je suis à vélo, j'en profite pour faire un rapide tour des quartiers les plus excentrés, parce que j'ai prévu le lendemain de visiter le centre ville à pied. J'aime bien marcher et je capte mieux l'atmosphère de la ville en étant au contact des habitants et en visitant les monuments et les musées. Par ailleurs, l'immensité de la ville a permis aux urbanistes de prévoir de larges avenues, des pistes cyclables et des trottoirs bien aménagés. La ville est paisible et peu bruyante parce qu'elle permet une cohabitation harmonieuse entre tous les moyens de transport. En milieu d'après-midi, je me dirige vers l'hôtel (Arco Hotel) que j'avais repéré sur le guide Cartoville édité par Gallimard, bien situé dans le quartier de Schöneberg par rapport au centre ville et réputé pour la qualité de son accueil et ses prestations. Je suis heureux d'arriver au terme de ma randonnée et j'en oublie la pluie qui m'a taquiné toute la journée. En passant à Potsdamer Platz, je demande à un touriste de me prendre en photo pour conserver un souvenir (humide) de mon arrivée et je rejoins mon hôtel en me réjouissant à l'avance de la bonne douche chaude qui m'attend. En soirée, je déjeune dans un restaurant turc, avec un Döner Kebab à l'assiette, la viande de mouton étant cuite avec une rôtissoire tournante verticale. Jeudi 25 juin : C’est fini - Retour Berlin - Paris. C'est le jour du départ, il me reste à prendre le taxi pour aller de mon hôtel à l'aéroport de Berlin Tegel. Je déjeune bien, parce que la journée sera longue entre l'attente à l'aéroport, le vol de 2 heures en avion, le retour en RER jusqu'à Saint-Rémy-les-Chevreuse, puis le retour en vélo jusqu'à mon domicile à Plaisir. A 9 h, je prends le taxi que m'a commandé la responsable de l'hôtel. C'est une Mercedes break qui permet d'installer mon vélo sans le démonter. Lors de l'enregistrement, le comptoir Air France me donne le carton que j'avais réservé pour emballer mon vélo et le protéger pendant le transport. Le vélo est embarqué dans la soute et après un vol de 2h, j'arrive à Roissy vers 15h et je récupère mon vélo intact. Plutôt que de faire le tour de l’Ile-de-France au milieu des voitures, je préfère prendre le RER de Roissy jusqu’à Saint-Rémy-les-Chevreuse. Les rames de queue et de tête du RER ont des compartiments prévus pour les vélos, ce qui est très pratique. Arrivé à Saint-Rémy-les-Chevreuse, j'enfile mes habits de cycliste, pour franchir les 33 derniers km qui me ramènent à Plaisir. La boucle est ainsi bouclée et j'ai réussi mon objectif d'accomplir un nouveau trait d'union européen. L'avantage est que l'on avance à son rythme au fil des journées. Mais le dénivelé de 10300 mètres, la distance de 1 337 km, les conditions météorologiques et la qualité inégale du revêtement des routes, exigent un entraînement sérieux les mois précédents et une bonne préparation logistique et mentale. Il s'agit de bien doser son effort et d'être capable de surmonter, sans stresser, les quelques difficultés qui peuvent surgir. Au niveau matériel, tout a été parfait : aucune crevaison et aucun ennui mécanique. La "monture" s'est bien comportée et les "manivelles" ont bien tourné. Auf wiedersehen und bis bald. Michel Bonnard - Membre de la Confrérie N°314 14 15 PETITES NOUVELLES DE NOTRE CONFRÉRIE Encore deux mois calmes pour notre Confrérie, nous avons toutefois eu le plaisir d’accueillir un nouveau Confrère : Alain Lecourt de La Chapelle de Guinchay (71), avec plus de trois Tours de la Terre et 16 pays visités c’est le 316ème inscrit, il y a également d’autres futurs Confrères qui attendent la fin de saison pour nous envoyer leur palmarès. Toujours beaucoup de commentaires à la réception du bulletin, nous vous en livrons quelques-uns : Merci infiniment pour votre nouveau bulletin qui ne manque pas de magnifiques sujets comme d'habitude. Bien cordialement. André Kardrasz Bonsoir. Je viens de recevoir le bulletin que je parcours toujours avec plaisir. J’ai arrêté ma 56ème SF à Albi en me rendant au départ le mercredi matin : j'ai été percuté par une voiture venant de ma gauche (donc en tort) : fracture de la branche ischio-pubienne gauche du bassin et fractures de 5 côtes, quelques dégâts à ma randonneuse Alex Singer. Je suis actuellement dans un Centre de soins de suite et de réadaptions à Talence. Bien amicalement Henri Bosc. PS Je conseille vivement le livre de Paul Fabre présenté dans « Cyclotourisme ». Merci pour ce nouveau numéro. Ce fut un plaisir de t’avoir rencontré sur le stand RSF d’Albi. Amitiés cyclos. Bernard Mareuil Merci pour cette saine lecture. Amitiés, Raymond Henry Merci pour le bulletin toujours lu avec attention et même gourmandise. Le bonjour aux anciennes connaissances. Amitiés cyclos. Michel Forestier. Merci pour ces bons moments d'évasion. Alain Collongues 'HPRXULUoDQHPHIDLWULHQPDLVoDPHIDLWGHODSHLQHGHTXLWWHUODYLH0DUFHO3DJQRQ VOYAGE À L’AVENTURE DANS LA YOUGOSLAVIE DE 1954 (4). 13 août, réveil très matinal pour cette étape qui commence dans un bouillard épais et froid, heureusement la route est en montée, ce qui me réchauffe et me permet rapidement de m’élever vers une région où le soleil est présent. Un petit lac où se reflètent les sommets découpés est magnifique. Après le village de Carbonica, la pente devient plus sérieuse sur cinq kilomètres pour me mener au site merveilleux de Misurina. Un lac à l’eau bleue intense bordé de grands hôtels luxueux sur un fond de montagnes dolomitiques. J’en fais le tour tranquillement, il fait assez frais l’altitude avoisine les 1700m. La route s’élève brusquement sur quelques kilomètres avant de rencontrer le panneau Col de Tre Croci, un petit tour à l’hôtel du sommet pour un cachet souvenir, je suis à 1809m d’altitude, puis photos diverses, et en avant pour la descente. Une mauvaise surprise, le goudron a disparu c’est par un chemin poussiéreux et caillouteux que je dois rejoindre la ville de Cortina d’Empezzo où doivent se dérouler, dans deux ans, les Jeux Olympiques d’hiver. Je descends doucement ce qui me permet d’apprécier le magnifique paysage qui m’entoure. Deux grands lacets difficiles à passer et je suis dans la ville. Mon vélo laissé sur une place, je vais parcourir les rues où les commerces et les hôtels se succèdent. Un télésiège fait sa ronde incessante au-dessus de ma tête, pour une photo, j’attends vainement le passage d’une cabine occupée, de guerre lasse je reprends la route. Et elle est de nouveau en forte montée, le paysage est grandiose. A l’altitude 1500, le goudron que j’avais retrouvé à l’entrée de la ville, de nouveau disparaît. Au fil des kilomètres elle se rétrécit pour devenir un ruban blanc couvert de gravier, il faut encore pas mal d’efforts pour 15dépasser la pancarte « Altitudina 2000 mètres ». De là j’aperçois le sommet quelques lacets plus hauts, il y a pas mal de voitures ce qui occasionne de gros nuages de poussière blanche qui mettent longtemps à se dissiper. Après un dernier effort je suis au chalet du col de Falzarego 2117m. Quelques photos, un cachet souvenir et en route pour la descente toujours aussi mauvaise… Enfin, après une dizaine de kilomètres, le parcours devient un peu moins rude et surtout goudronné. Un premier village, Androz est vite traversé, encore dix kilomètres pour arriver à Arabba, là encore il n’y a rien pour satisfaire mon estomac qui crie famine… Encore plus bas, Pieve di Livinallongo où un restaurant devant lequel de nombreuses voitures stationnées, ce qui est bon signe, va me servir un copieux repas : risotto au fromage et omelette à la confiture arrosée d’un rosé, tout ce qu’il y a de meilleur et une note légère de 530 lires. Il est 14h passé quand je quitte ce lieu divin, il me reste 70 kilomètres et deux cols. Dès la sortie du village de nouveau la caillasse et ça monte sérieusement, le temps est idéal, ciel bleu et quelques gros nuages blancs qui font encore mieux se détacher les sommets découpés. Enfin à la sortie d’un lacet particulièrement serré, j’aperçois l’auberge marquant le sommet, quelques centaines de mètres et je suis au Col de Pordoï, il est le plus haut des Dolomites avec ses 2250m. Là-haut au pied des massifs du Sella et de la Marmolada quelques marchands de souvenirs, surtout des pipes de toutes formes et couleurs, ont monté leur étal. Après un cachet souvenir et un dernier regard sur ce site hors du commun, j’attaque la descente, qui encore une fois s’avère très pénible vu l’état de la route qui ne s’améliorera pas avant la traversée de Canazei où je ne m’arrête pas. 16 La route est un peu moins mauvaise et continue en forte descente pour s’aplanir vers Vigo di Valles et repartir en montée dès ce village traversé, direction vers le quatrième col de la journée… tout comme les autres c’est une suite de lacets. Si le paysage est joli, ce n’est plus la montagne découpée des Dolomites. Enfin après force lacets j’arrive au sommet qui ressemble à un village vu le nombre d’hôtels qui s’y sont installés, le Col de Carezza 1758m comme l’indique un panneau, un coup de tampon et je n’ai plus qu’à me laisser glisser sur une route au revêtement de très bonne qualité. Les tournants se succèdent, je traverse des gorges sombres, déjà vingt kilomètres de franchis, un policier me fait signe de ralentir pourtant il n’y a rien en vue… beaucoup plus loin à un passage à niveau, une tache d’huile due à un accident de scooter, je l’évite de justesse. Un grand carrefour pour les directions d’Innsbruck et de Bolzano, c’est cette dernière qui sera mon étape du jour. La recherche d’un hôtel est laborieuse, deux, trois sont complets, le suivant à un lit mais il faut partager la chambre avec 3 compagnons ! Quant à mon vélo, il ira dormir dans la cave. Je vais manger dans un petit restaurant repéré en ville, à l’hôtel je retrouve mes jeunes compagnons de chambre, je me rase, ce qui étonne beaucoup mes voisins de lit, avec de grandes précautions ils font un essai. C’en est fini de cette rude journée. Un lever en douceur à 6h30 pour ne pas éveiller les autres dormeurs. En bas on m’annonce que mon vélo est toujours dans la cave, le patron n’a pas laissé la clé. Je vais faire un tour au marché qui bat son plein, à mon retour le vélo m’attend. Je mange les provisions achetées au marché : pains au lait et raisins, du muscat à gros grains. Je roule dans une grande vallée où se succèdent les vergers d’arbres fruitiers couverts de fruits. Une bonne allure qui ne durera que quelques kilomètres, la route commence à s’élever dans la forêt de sapins, sur ma tête un téléphérique amène les touristes vers de hauts sommets. Brusquement le goudron disparaît, ou plutôt fait place à un revêtement tout frais recouvert d’une épaisse couche de gravillons. Plusieurs fois il faut m’arrêter pour débloquer mon dérailleur coincé par les graviers. Une chèvre en profite pour venir me dire bonjour, mais en fait elle semble être intéressée par le cuir de ma selle, la gourmande… De lacets en lacets, l’altitude étant indiquée je constate qu’à chacun je m’élève de 50 mètres. A force j’arrive au col de Mendola, un paysage ordinaire, je dois être blasé ? L’altitude 1375m. La descente sur sept kilomètres est rapide et la route excellente me mène à Fonda, début de la large vallée du Nocé coincée entre les montagnes. Quelques villages rapidement traversés, midi n’est pas loin, j’ai faim et la route qui se met à escalader des vallonnements, midi sonne, j’entre dans Fucine où je trouve une grande épicerie, ce qui est assez inattendu dans ce village perdu ! Je fais vite mes achats de midi : thon, salami, etc.. et vais vers le cimetière près duquel je trouve de l’eau et une allée bien ombragée pour manger tranquille à l’ombre, le soleil est terrible aujourd’hui. A 14h il faut repartir, j’aurais bien passé l’après-midi ici ! Ce village en fait est le pied d’un col, j’en ai pour quinze kilomètres de montée sur une bonne route à la pente régulière et en grande partie ombragée, quoi demander de mieux ? Au sommet, de ce nouveau col, le Tonale 1884m, je me paye un vermouth et en profite de faire un tampon souvenir. La descente est vraiment spectaculaire, avec la vue de près d’une quinzaine de kilomètres de route en lacets avant de s’enfoncer dans une gorge profonde. Descente agréable, avec quand même parfois la disparition du goudron sur quelques centaines de mètres. Un village Ponte di Legno franchi en trombe avant de trouver le cours de l’Oglio, un torrent s’engouffrant dans une gorge qui va me mener à Edolo. C’est un modeste village de montagne, mais c’est surtout le début de la montée vers le col d’Aprica. La route est toute droite, mais ce qui m’inquiète, c’est le temps qui se dégrade rapidement, j’accélère un peu, la pente n’est pas dure. Au bout d’une demi-heure le ciel est devenu tout noir et c’est dans la direction que j’emprunte ! Me voici au sommet, 1200m d’altitude, il s’y est formé un petit village, de nombreux hôtels et quelques marchands de souvenirs, vu le temps je ne m’attarde pas, mais à peine entamée la descente de grosses gouttes commencent à tomber, j’enfile le poncho et je vais vite voir, si plus bas il fait meilleur ! Ce n’est pas le cas… le goudron une nouvelle fois disparaît, le chemin se transforme en torrent, malgré les freins serrés à bloc, j’ai l’impression de sauter d’un cailloux à l’autre. Je crois que jamais je ne m’étais trouvé dans une telle situation, la visibilité est d’à peine deux mètres. Le goudron réapparaît et les lumières d’un village, car le ciel est si sombre qu’il fait presque nuit, tout dégoulinant de pluie je vais dans un café pour m’entendre dire qu’ici il n’y a rien pour loger, il faut aller au village suivant à cinq kilomètres. Mouillé pour mouillé, je repars tout de suite et fait le trajet au sprint… Toutes les maisons étant alignées le long de la route, je trouve sans peine l’unique café, hôtel restaurant, il faut pas mal de « parlementations » pour me faire comprendre. On m’alloue une chambre et l’on prépare mon repas, j’en profite pour voir les dégâts causés par la pluie. Toutes mes cartes sont mouillées, je les étale sur une table ce qui amène la curiosité de tous les clients. Le repas arrive, pendant que je mange, on me fait passer sur le pick-up tous les disques de chansons françaises en leur possession. Après ce très bon repas, je monte me coucher et finir de me sécher après cette étape mouvementée de 181 kilomètres. 15 août, un petit déjeuner matinal, le temps n’est pas encore remis de l’orage. Un peu d’huile sur la chaîne qui commence à rouiller, et je démarre sur une route encore mouillée, elle est en pente douce aussi je suis vite dans la ville de Sondrio où tout est encore endormi. Seul le Syndicat d’Initiative est ouvert, on me donne un gros paquet de documentation sur la région. 16 17 Un peu plus loin, un nouvel arrêt pour me ravitailler, beaucoup de gens ont mis leurs beaux habits du dimanche et se préparent à aller à la messe. La route le petit torrent Adda, un petit tour près de son lit et je constate que de nombreuses truites y ont élue domicile. Un grand embranchement pour les directions de l’Autriche ou de Milan, c’est celle que je choisis, elle va me mener sur le Lac de Côme. Il faut d’abord contourner le joli petit lac di Mezzola, ensuite une route s’incruste entre les rives et la montagne sur une dizaine de kilomètres, un village, Gravedona, son port est encombré de barques ornées de cerceaux servant à poser une bâche destinée à protéger aussi bien du soleil que de la pluie, ce qui pourrait être le cas aujourd’hui ! Je continue de longer le lac alors que les cloches des villages se mettent à carillonner, un concert impromptu qui Les deux mois écoulés ont été marqués par la reprise de nos activités après la Fête des Sports. Une sortie découverte dans les gorges du Tarn vers Penne et son château vertigineux. La semaine suivante était placée sous le signe des Journées du Patrimoine, ce fut l’occasion d’un week-end magnifique dans le Volvestre avec de nombreuses visites allant d’églises à des châteaux, abbayes, pigeonniers, moulin à eau et pour finir hôpital psychiatrique de Toulouse. Le groupe de Montauban se contenta de la visite du château de Reyniès commentée par son propriétaire. Pour la Randonnée des Noisettes une splendide journée d’automne avec un peu de brouillard au départ. Avec la manie de ne pas publier les itinéraires, nous avons loupé l’occasion de rejoindre le circuit, mais nous n’avons pas loupé notre sortie promenade. St Nicolas, ses beaux monuments et surtout le point ornithologique où s’ébattent des milliers d’oiseaux, retour par les vergers aux arbres chargés de pommes de toutes variétés, et 100 kilomètres aux compteurs La Concentration des Cols Durs qui avait lieu au Col de Monségur, au pied de la forteresse Cathare se fit avec le soleil, 4 Randonneurs étaient présents en ordre dispersé, mais tous très heureux d’avoir roulé dans les magnifiques paysages ariégeois, ils en ont profité pour s’offrir quelques cols, nouveaux pour eux. Un week-end pour la Randonnée du Capitole à Toulouse un temps splendide pour parcourir les coteaux de la région de Caraman où sont parsemées d’anciennes fermes ayant de belles vues sur les vallées et sur la chaîne des Pyrénées. Fin en apothéose place du Capitole où un fort public d’amateurs de rugby avait envahi la place, pour voir me suit sur des kilomètres. Arrivé à Menaggio je suis à l’extrémité du lac, changement de direction, ce qui me vaut une longue et belle montée vers un petit lac bordé de joncs. Une descente du même acabit me fait découvrir le lac de Lugano enchâssé dans les montagnes. Midi passé, je suis à Portelazzo, village au bord de l’eau, quelques achats à l’épicerie : fromage, salami, fruits et je pars en quête d’un coin pour manger, un pré au bord de l’eau est idéal même pour une petite sieste au soleil retrouvé. Quelques kilomètres plus loin, c’est la frontière Suisse, une longue file de voitures, je vais directement au poste de douane, un coup de tampon sur mon passeport et je peux passer. Il reste un tunnel à franchir et me voici en Suisse. Louis Romand (à suivre) sur les écrans géants de TF1 un match où la France se fit plumer par l’Irlande… déception… Nos sorties de la journée : celle du mois de septembre avait pour but Pompignan. Un temps magnifique, un nouveau coin pique-nique tout neuf, des grillades excellentes arrosées à la traditionnelle Sangria. Sur le retour par la plaine de Garonne plusieurs nouveaux pigeonniers furent découverts pour le plaisir des photographes. La journée d’octobre fut encore une réussite question temps, si au départ les gants n’étaient pas de trop, par la suite le soleil fut bien présent, heureusement car les objectifs des photographes ne savaient où donner du clic devant tous les pigeonniers de la région d’Escatalens et de Finhan. A midi on fêtait deux anniversaires, Michel et Louis, gâteaux divers, rosé et sangria étaient du repas. Notre blog : randonneurssansfrontières.wifeo a été un peu relooké à la demande de la FFCT dans sa présentation. on dénombre à ce jour plus de 52000 visiteurs, pensez à y suivre les dernières nouvelles du club, chaque semaine 3 photos des sorties de la semaine précédente y sont publiées. C’est toujours Vincent le dévoué web master. La soirée du 70ème Trophée a été annulée, la municipalité ayant mis près de 2 mois pour nous informer que la salle habituelle ne pouvait être mise à notre disposition ? Pris de court nous ferons la remise des souvenirs au cours de notre Assemblée Générale qui se déroulera le samedi 9 janvier 2016. La couverture de ce bulletin est la reproduction de la couverture d’un catalogue de vélo de 1915-1916 quelle évolution ! Zut alors ! Cyclistes, avec ou sans gilet A la fois chercheur et cycliste, un universitaire britannique a testé sept tenues différentes en pédalant tous les jours jusqu’à son bureau. Equipé du cuissard des professionnels ou arborant une veste à bandes réfléchissantes marquée «Novice », il a enregistré avec un appareil à ultrasons la distance à laquelle chaque voiture le doublait. Surprise ! D’après l’analyse du département de psychologie de l’université de Bath, aucun accoutrement spécifique n’incite les automobilistes à la prudence. On retrouve toujours de 1 à 2 % de voitures qui frôlent le cycliste, à moins de 50 centimètres. Et la proportion augmente quand il s’agit de bus ou de camions. Conclusion rien ne sert d’équiper les cyclistes en gilets fluo, il vaut mieux éduquer les conducteurs. Ou aménager des pistes cyclables. 17 18 LE SUPER CHALLENGE RSF APRÈS 70 TROPHÉES 1 ROMAND Louis 586 52 LALLEMAND William 15 103 RENARD Jean-Pierre 5 2 BARANGER Philippe 209 52 PONS Frédéric 15 103 SABRI Saber 5 3 DELPECH Alain 156 52 PUNSOLA Marc 15 113 BERTRAND Lionel 4 4 CANTORE Alain 150 59 BATUT Xavier 14 113 BRIOUAL Ridoine 4 5 IMBERTY Yannick 126 59 BRIOUAL Houssine 14 113 CAZIN Gontran 4 6 MOUCHON Frédéric 117 59 PIERDET Christiane 14 113 DOS SANTOS Daniel 4 7 MERCIER-PILON Maïté 108 59 THERME Alain 14 113 HSAIN Nouredine 4 8 ARADES Julien 99 63 NARGIL Vincent 13 113 HUSSON Raphaël 4 4 9 LESCURE Ludovic 87 63 NELEN Florence 13 113 LEPRETTE Clément 10 PUPILE Serge 79 63 PICHON Alexandre 13 120 AKTAS Aydin 3 11 BOUR M-France 75 66 ADENIER Sébastien 12 120 ALVAREZ Franck 3 12 CHANSOU Marie-José 73 66 DESAINTPAUL Sylvain 12 120 BARITEAU Philippe 3 13 TOURIOL Jérôme 68 68 AURIENTIS Nadine 11 120 BURRONI Clément 3 14 METCHE Gérard 66 68 CAMPAGNA Jeremy 11 120 CHAHBOUNE Driss 3 15 DELMAS Georges 58 68 MARTIN Rolland 11 120 CHARTON Nathalie 3 16 MARTIG Julien 57 68 MOHAMED Amar 11 120 DE MALAFOSSE Gauthier 3 17 DAVY Thomas 55 72 HUSSON Frédéric 10 120 HELFRICH Frédéric 3 18 LAULAGNET Julien 52 72 LAURENT Anthony 10 120 HERAL Christopher 3 19 MOSER Christophe 49 72 MARCIEL Jérôme 10 120 LANOY Sylvain 3 20 FERRIERES Éric 46 72 MEILHAN Céline 10 120 MEYRIGNAC François 3 21 DELBREIL Marinette 44 72 VALERY Marie-Claire 10 120 PHILIPPART Henri 3 22 BELVEZE Albert 43 77 BREGON Grégory 9 120 SERRANO José 3 23 FERROVIECCHIO Michèle 42 77 CONTE David 9 120 SZCZOTKOWSKI Gaël 3 24 IMBERTY Chantal 42 77 FRANCISCO Mathias 9 120 VICEDO Vincent 3 24 PUPILE Patrick 42 77 MAURER J-Claude 9 120 WEKSTEEN Christophe 3 26 LACASSAGNE Jacques 40 77 TOUZEAU Francis 9 136 AZNAR Alexandre 2 26 ROUGE Guy 40 77 VEZIN Patrick 9 136 DELGADO Benjamin 2 28 DALLA COSTA Robin 39 83 BENAMARA Chakir 8 136 DELMAS Claude 2 28 PEDECHE Laurent 39 83 DELBES Dominique 8 136 DEPAOLI Hélène 2 30 KOTHE Stéphan 38 85 BOUNDKA Mickaël 7 136 DUCLOS François 2 31 COUGOULE Marc 35 85 DUCLOS Jean 7 136 DUMAN Wisam 2 31 PARSON Thomas 35 85 FAVA Alain 7 136 ESCOLANO Bernadette 2 31 SABATIE Jean-Luc 35 85 GLORIEUX Jean-Marie 7 136 GINIBRE Éric 2 34 CANTIRAN Cécile 34 85 GUITARD Xavier 7 136 HERAL Elisabeth 2 34 CARAYOL Maxime 34 85 HUJALE Abdi Fatha 7 136 LACOSTE Monique 2 34 BOUYAL Nicolas 33 85 KOTHE Odile 7 136 MORENTE Jonathan 2 34 PALDUPLIN Kévin 33 85 OZOUX Billy 7 136 PALDUPLIN Dimitry 2 38 CHAUVET Stéphane 32 85 PARIS Laurent 7 136 PASCO Thierry 2 39 BASQUES Marcel 27 85 THERON Louis 7 136 PEDECHE Fabrice 2 40 CALVO Mickaël 24 95 AURIENTIS Michel 6 136 TISON Jerôme 2 40 GAILLARDEAU Patrick 24 95 BECART Jérôme 6 151 BALDY Frédéric 1 42 AUZAS Vincent 23 95 BOUTEYRE Sébastien 6 151 BALZAN Mauricette 1 42 SIBASSIE Richard 23 95 CALNAN Carol 6 151 BARJON Clémentine 1 44 GLEIZES Arnaud 22 95 CASES Madeleine 6 151 BOUZIGNAC Laurent 1 45 DALLA COSTA Thierry 21 95 COSTES Jérôme 6 151 CAZES Madeleine 1 46 LADES Frédéric 19 95 MALTERE Christophe 6 151 CHEVALIER Régis 1 46 LADES Isabelle 19 95 REFIS Michael 6 151 DANIEL J-Jacques 1 48 GOMEZ Magali 18 103 ALVY Nicolas 5 151 DELILLE Romaric 1 49 BROCA Damien 17 103 ANDRIEU Nicolas 5 151 DOS SANTOS Joaquim 1 49 HUSSON Gérald 17 103 BARDOT Xavier 5 151 ELFALLAKI Hichame 1 51 DOS SANTOS Jacqueline 16 103 CALVET Catherine 5 151 GARET Marie Noëlle 1 52 CASTELA Frédéric 15 103 DANIEL Nathalie 5 151 LAFITTE Annie 1 52 CONDEZ José 15 103 GOMEZ Mariano 5 151 MATLOUB Bassam 1 52 GISBERT William 15 103 PENDARIES Sébastien 5 151 MOUREAU Raymond 1 52 HUJALE Fuad 15 103 POMAR Lucien 5 151 PONCELET Michèle 1 Les points de ce Super Trophée sont acquis en comptant 10 points au 1er d’un Trophée, 9 au 2ème, 8 au 3ème, 7 au 4ème, 6 au 5ème, 5 au 6ème, 4 au 7ème, 3 au 8ème, 2 au 9ème et 1 au 10ème. Ils sont attribués à vie. 18 19 LES VOYAGES ET WEEK-ENDS À VENIR 31 octobre-1er novembre : Week-end des vacances de Toussaint dans les coteaux du Quercy vers Lauzerte. 21-22-23 novembre : Randonnée du Gaillac Primeur, nombreuses dégustations de vin nouveau. 28-29-30 novembre : voyage dans le Gers ou Souvenir Patrick Plaine à Montendre les Pins. 19-20 décembre : week-end dans la région de Toulouse, Marché de Noël, illuminations. 27 décembre – 3 janvier : voyage de fin en direction de l’Espagne, inscriptions avant le 14 décembre. C’est le moment de renouveler votre licence-assurance pour 2016. Dès le 15 décembre vous pourrez reprendre votre assurance Le tarif 2016 est en hausse de 1€ (cotisation FFCT) : ce qui donne : - Moins 25 ans 27,50 - adulte + 25 ans 47,50 Famille 2ème membre 37,50 € L’abonnement à la revue fédérale passe à 24€. Comme les années précédentes les Randonneurs ayant participés avec le Club à 6 manifestations cyclotouristes auront une ristourne de 10 euros, cela concerne 7 Randonneurs. Les bornes souvenirs seront remises à l’Assemblée Générale du samedi 9 janvier à 14h. 19 20 20