Nov Dec 2015 - Les Randonneurs Sans Frontières

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Nov Dec 2015 - Les Randonneurs Sans Frontières
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BULLETIN BIMESTRIEL DES
RANDONNEURS SANS FRONTIÈRES DE MONTAUBAN
Club Affilié à la Fédération Française de Cyclotourisme N° 03493 –
ISSN 0983-7507 - SIRET 39439872100016
N°215
35me Année - Novembre - Décembre 2015 -
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SOMMAIRE
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P2
P.3
P.4
P.5
P.7
P.9
Prenez des notes ! - Le Philosophe.
Herbe tendre de la Mayenne – Paris-Brest-Paris 2015 – Alain Collongues.
La page Humour - La bière panacée de tous vos maux ! - Topico
A la manière de Raoul Lambert – Parfum –
Une semaine à vélo pour découvrir le Finistère. – Louis Romand.
Cyclonomade – Sept ans à parcourir le monde à vélo – Jacques Sirat.
Histoire de notre patrimoine – N-D. Des cyclistes – sa région. – Jean Ducourneau.
P.10
P.15
P.15
P.17
P.18
P.19
P.20
Trait d’Union Européen – Paris – Berlin – Michel Bonnard.
Petites nouvelles de la Confrérie.
Voyage à l’aventure dans la Yougoslavie de 1954. (4)- Louis Romand Les Infos Randonneurs Sans Frontières.
Le classement du Super Challenge Randonneur Sans Frontières après 70 trophées.
Le Programme des sorties des mois de novembre et décembre 2015.
Les voyages et week-ends à venir.
PRENEZ DES NOTES
Le grand défaut de la plupart d’entre nous c’est la paresse
mentale. Nous lisons énormément, mais sans nous arrêter
pour assimiler ce que nous venons de lire, y réfléchir et le
rapprocher de notre expérience personnelle, de nos observations antérieures et de notre connaissance du sujet.
Nous ne faisons halte ni assez souvent ni assez longuement pour graver dans notre esprit les impressions de notre lecture. Combien de fois, lorsque nous rencontrons
une idée, essayons-nous de la confronter avec l’une de
nos idées personnelles ou tout au moins de l’associer à
des idées corollaires qui nous ont déjà intéressés.
Asseyez-vous tranquillement et mettez une étiquette à vos
pensées. L’heure ou les deux heures enrichissantes que
vous épargnerez pour le faire risquent de devenir bientôt
un des moments de la journée dont vous escompterez le
retour avec le plus de plaisir.
Un des moyens les plus efficaces d’infuser une sève nou-
velle à notre vie mentale est l’habitude de prendre des notes. Et d’abord, la lecture est un vain exercice si vous ne
lui prêtez qu’une attention distraite, ne donnant lieu qu’à
une impression fugitive. Rien de plus périssable qu’une
idée. Notre mémoire laisse fuir son butin comme un filet à
larges mailles.
On connaît l’histoire de cet homme qui, soudain visité par
une idée merveilleuse, tomba à genoux pour remercier
Dieu, et en se relevant s’aperçut qu’il l’avait oubliée.
La pratique des notes ne fait pas naître le génie, mais il est
significatif que tant des penseurs les plus éminents y aient
eu recours. Louis Stevenson emportait toujours deux livres avec lui, l’un pour le lire et l’autre pour y écrire.
Un célèbre philosophe anglais dont les idées remuèrent
toute l’Europe, prenait pour ses longues promenades une
canne dont la poignée habilement creusée dissimulait une
plume et un encrier.
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Une des plus belles intelligences philosophiques de
l’histoire américaine, avait l’habitude quand il était à cheval de griffonner les pensées qui lui venaient à l’esprit sur
des bouts de papier qu’il épinglait à sa redingote. De sorte
qu’on voyait arriver à destination une singulière silhouette
de cavalier toute pavoisée de banderoles flottant au vent.
De quelque manière que l’on s’y prenne, c’est l’usage
créateur que l’on fera des notes qui détermine en fin de
compte leur valeur essentielle. Les psychologues enseignent que l’une des plus sûres méthodes pour fixer une
idée, dans l’esprit est de l’associer à une autre, déjà solidement ancrée.
Ecrire met de la clarté dans nos pensées. L’usage quotidien de la plume est un des meilleurs moyens de développer la lucidité des idées, un de mes amis a pris l’habitude
de noter une idée tous les jours de l’année, qu’il en ait envie ou non. Ses notes embrassent un vaste cercle : les
gens, la philosophie, la politique, la nature humaine,son
travail, en un mot, la vie. Il affirme qu’il doit à cette discipline d’avoir gagné un esprit plus fertile en idées qu’auparavant et l’exercice du style lui a enseigné à s’exprimer
avec plus d’aisance.
Les rapports de la lecture et de la pensée demandent un
petit développement particulier. On connaît la fameuse
boutade d’un écrivain, déclarant que s’il avait lu autant
que les autres hommes, il serait aussi ignorant qu’eux.
avant J.-C., poussa la théorie à l’extrême, il se creva, diton, les yeux pour se contraindre, en cessant de lire, à
penser par lui-même.
Pour la plupart des gens, la lecture des journaux est un
entraînement à vie à la funeste habitude d’apprécier sans
vigueur, puis d’oublier totalement une série illimitée
d’idées sans suite on recommande de découper et de
classer les articles qui nous paraissent importants.
Lorsque, au cours d’une lecture, nous rencontrons un
passage qui nous semble subitement cristalliser ou illuminer telle ou telle question, ou lorsque nous tombons sur
une idée neuve ou surprenante, il est presque coupable de
notre part de filer tout droit sans faire halte pour fixer cet
apport avec un soin particulier et l’ajouter ainsi à nos acquisitions.
Quelques-uns des êtres les plus intelligents et les plus
cultivés du monde doivent beaucoup de leur culture à leur
habitude de lire, le crayon à la main. Les livres ne traversent pas leur esprit comme une flèche ils y baignent
comme une éponge.
Au rythme accéléré de la vie moderne, pensées, impressions, observations, idées fondent sur nous à une allure
telle que si nous ne prenons pas l’habitude de noter ce qui
nous frappe, des idées d’une grande valeur potentielle risquent de nous échapper ou d’être étouffées dans l’oeuf.
Le philosophe grec Démocrite, qui vivait vers l’an 400
Le Philosophe
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HERBE TENDRE DE LA MAYENNE
(PARIS-BREST-PARIS 2015)
On ne raconte pas Paris-Brest-Paris, on le vit profondément, intensément au fond de soi même, comme une vague qu’on sent venir de loin, qui approche et enfle, démesurément jusqu’à vous prendre tout entier pendant quelques jours hors du temps commun, puis vous dépose,
saoulé de soleil ou de pluie et rompu de fatigue, sur le rivage des jours ordinaires à côté d’un vélodrome.
sances d’une partie du parcours, l’achat d’un nouveau
cuissard et la mécanique s’était relancée d’elle même.
De ce PBP 2015 dont la
rumeur vient de s’éteindre,
je garde quelques
impressions, quelques
nénuphars qui flottent sur
l’étang des souvenirs.
C’est tous les quatre ans le
point sans concession sur
soi-même, le test d’effort
sans enjolivures, la vérité
du temps qui a fui.
Les gros moteurs sont lancés et le diesel usagé avance à
son rythme d’à peine 27 km/h de moyenne roulante que je
juge pourtant correct.
C’est la rencontre de 6000
cyclistes de plus de 60
pays qui prennent sur la
tête, là en même temps,
entre deux villes associées
à jamais, une avalanche de
questions et doivent
trouver des réponses pour
rester roulant, pédalant
d’abord vers le couchant puis le levant, tricotant et détricotant les mailles bien visibles de côtes interminables.
C’est une grande solitude sans m’ennuyer jamais, tant le
plaisir de pédaler me porte, mais ce sont aussi de longs
moments avec les trois mousquetaires de l’ACBO dont je
partage le goût pour une marque de prestige.
C’est un brevet de 600 qui avait été si pénible que j’avais
sérieusement pensé pour le prochain Paris-Brest à émarger dans la catégorie des NP (non partants). Puis un peu
de repos, le 1000 du RC Anjou avec d’excellents amis, des
étirements réguliers de ce fichu psoas, deux reconnais-
Je n’en menais pourtant pas large quand, au contrôle des
vélos, on me demandait si tout allait bien. C’est pendant
les deux cents premiers kilomètres le dépassement incessant par plus rapides, plus jeunes, plus fougueux.
Alors je récite des proverbes chinois - que les chinois
n’appliquent d’ailleurs pas - pour garder quand même la
tête haute - qui donne encore moins l’air d’un coureur comme celui-ci : « Ne te reproche pas d’être lent, reproche-toi juste d’être arrêté ». Et quand je pointerai dans la
nuit de Villaines, j’entrerai enfin dans le sujet connu par
coeur et appliquerai à la lettre le proverbe fameux.
Nos quatre vélos Alex Singer tourneront ensemble sur de
longues portions, de jour comme de nuit.
Entraînés par l’enthousiasme communicatif de Sina Witte
fraîche comme au départ, Bruno Nénan élégant gentleman
à l’aérien coup de pédale et Olivier Mallet coureur naturel
mais aussi randonneur de grand fond à ses heures seront
de parfaits compagnons, attentifs à toujours s’entraider,
mais aussi capables de se gérer en toute autonomie.
C’est à l’aller, avant d’atteindre Carhaix, le passage d’un
isolé suivi à dix minutes d’un groupe.
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3
Je reconnais bien Christophe Bocquet et André Lalenti
dans le peloton d’une vingtaine, mais prends l’isolé pour
un coureur à l’entraînement.
Au contrôle j’apprendrai mon erreur : l’A86 était en tête de
Paris-Brest et ne serait revu qu’à St Quentin qu’il touchera
en 42h26. Le tout en autonomie complète. L’extra-terrestre
est allemand et se nomme Björn Lenhard. Il a 38 ans et ne
pédale que depuis 2011. À quoi sert l’expérience quand on
est aussi costaud ? À rien.
C’est à Carhaix encore, la joie de retrouver Roger Goulaux
mais aussi François mon frère et son épouse Françoise.
Comme prévu j’y prendrai et apprécierai ce premier vrai
repas depuis le départ, lassé des sandwiches, des Overstims et autres gâteries. La gastronomie connaît des limites
que l’autonomie ignore. Je reverrai Roger à Brest où je
succomberai de nouveau à un plat chaud, avant d’attaquer
une nuit qui sera bien froide et très longue à travers les
Monts d’Arrée.
C’est un pointage à Brest en 27 heures qui laissait entrevoir un moins de 60 heures, mais le rêve s’effilochera
doucement au gré des bosses du retour où les douleurs
aux lombaires se réveilleront.
À partir de Loudéac il ne s’agira plus que de rentrer dans
les délais, sans trop se démolir. Et ce fut aussi un challenge. Comme écrivait Patrice Micolon de l’Abeille de
Rueil, dans un article que je n’ai jamais oublié : « Après
les Paris-Brest offensifs, viennent les Paris-Brest défensifs ».
Pour moi le basculement de l’un à l’autre s’est produit
cette année, quelque part dans les Monts d’Arée. La facture à l’arrivée dira « 70h02 » et la petite voix intérieure
d’ajouter « peut mieux faire ».
C’est à Villaines-la-Juhel, au retour cette fois-ci, lorsqu’il
fut clair que le temps était devenu un accessoire et plus
un objectif, le plaisir d’échanger et de se comprendre avec
un randonneur Slovène, allemand, américain ou italien,
tous admiratifs de l’extraordinaire dévouement de ces
2500 bénévoles, debout depuis des heures à apporter à
chacun leur gentillesse pour qu’ils gardent de leur bref
passage le meilleur souvenir.
C’est aussi en repartant de Brest quelques kilomètres
avec Melinda Lyon, américaine au 6ème PBP qui eut son
heure de gloire de meilleur temps féminin en 1999 et 2003
et gère aujourd’hui tranquillement sa remontée sur Paris.
Un autre américain de Caroline du Nord moulinera consciencieusement son pignon fixe dans les collines du Perche. Je lui parlerai de son voisin Ian Hands, qui roulait
avant PBP avec mes amis des P’tits Gars de Saclay, et qui
écrase du pignon fixe en 48-16, mais il n’a pas de nouvelles.
C’est une maison, du côté de Levaré, avec un petit carré
d’herbe douce, bien tondue et ombragée. On ne la trouve
que là, cette petite herbe verte et tendre, l’herbe de la
Mayenne. Je m’y arrêterai sans réfléchir, mu seulement
par la sensation qu’avant que ne tombe la troisième nuit il
me faudrait un
petit somme. Il
était 18h, il faisait
encore
doux,
l’alarme
du
téléphone
était
branchée
sur
18h30, mais une
minute
avant
qu’elle ne sonne
j’étais réveillé.
Ma première
pensée fut que
c’était un coin
merveilleux et
qu’il fallait que je
m’en souvienne
quand viendrait le
moment de ParisBrest. Il me fallut du temps pour réaliser que j’y étais, en
plein dedans.
C’est à l’arrivée parmi les amis qui applaudissent le C101,
de travers sur son vélo comme un arbre que le mistral aurait courbé, la silhouette élancée de mon fils Antoine tenant dans ses bras son petit Alexandre.
Il n’a qu’un an, probablement qu’il oubliera cet instant,
mais plus tard - peut-être même que ce sera au 22ème siècle - il aura pourtant le droit de dire, lui l’enfant de 2014,
qu’il a vu son grand-père finir Paris-Brest-Paris, cette
course-randonnée, que vit naître le siècle d’Hugo.
Alain Collongues (ASPTT Paris)
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LA PAGE HUMOUR
LA BIÈRE PANACÉE DE TOUS VOS MAUX.
Combien de fois avez vous hésité avant d’accepter une petite mousse, partagé entre l’envie de vous rafraîchir et une
forme de culpabilité, “attends, je regarde... 10h du matin... c’est limite quand même”, pensant que ce petit plaisir à base de
houblon vous rapprochait un peu plus de la tombe? Et bien Il est temps de rétablir la vérité: la bière, c’est bon pour ce que
vous avez. C’est on tout cas ce que l’on trouve dans certains travaux pêchés sur Google en tapant “selon une étude, la
bière est bonne pour...” Petit florilège de ces papiers universitaires qui justifient les heures heureuses.
La bière diminue les risques d’infarctus !
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C’est « Top Santé qui l’affirme » dans ses colonnes, une
étude ayant montré qu’une consommation journalière de
400ml de bière améliore la circulation sanguine et
l’échange de substances nutritives. Et n’essayez pas de
gruger, ça marche moins bien avec de la bière sans alcool (ni le panaché). L’étude montre aussi que ça ne marche pas avec la vodka, mais ça, on s’en serait douté.
La bière réduit le diabète.
Deux bières pour les hommes, une seule pour les femmes, c’est ce que préconise une étude espagnole pour
lutter efficacement contre le diabète. Les humulones,
principe actif du houblon qui donne à la bière son goût
amer, auraient un effet préventif contre le diabète.
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La bière renforce les os
La formule magique que même votre patron de bar ne
connaît pas : éthanol + silicium + phytopatho-logies dans
un verre de 5Ocl, c’est le petit déjeuner des champions.
Encore des chercheurs espagnols (toujours dans les
bons coups) qui ont mené cette étude sur des femmes en
leur faisant avaler une pinte par jour. Les examens aux
rayons X ont parlé : la bière rend invincible.
La bière ne fait pas grossir
Une pinte par jour contribuerait même à faire mincir.
Alors évidemment, l’étude prend soin de préciser qu’il
faut combiner ces binouzes avec de l’exercice et un régime alimentaire sérieux, mais la vitamine B9 présente
dans nos verres de pression contribuerait à nos besoins
journaliers sans peser sur la balance.
La bière est aussi hydratante que l’eau après l’effort.
On parle là d’un papier présenté au Symposium “Bière et
Santé” qui s’est tenu on Belgique, pour vous donner une
idée du sérieux de la chose et de l’absence de lobbying.
En tout cas, c’est un Espagnol qui a trouvé ça, de la bière
après un jogging, ça ne pose aucun problème dans le
processus de réhydratation. Une bière à la mi-temps, et
on y retourne.
La bière protège contre les coups de froid.
Encore une étude douteuse, puisque commandée par un
brasseur japonais. Du coup, la bière devient la potion
magique et contribue à exterminer les virus responsables
des bronchites et les pneumonies. Petite précision, pour
que ce soit efficace, il faut s’enfiler une bonne trentaine
de canettes. Maintenant, si vous êtes vraiment décidé â
ne pas choper la crève, vous savez ce qu’il vous reste à
faire.
La bière protège des calculs rénaux.
L’American Journal of Epidemiology on est sûr la
consommation de bière réduit de 40% la formation de ces
cailloux horriblement douloureux dans les reins. En tout
cas, ça marche pour les Finlandais, objets de cette étude.
Ceci dit, c’est surtout parce qu’il y a de l’eau dans la bière
que ça marche. Donc n’importe quel breuvage qui fait
pisser, ça devrait marcher.
La bière améliore la mémoire.
Et permet de prévenir contre Alzheimer. C’est en substance une des conclusions d’une étude de l’Université
d’Auckland. Si vous buvez pour oublier, vous faites
fausse route : l’alcool peut réveiller des souvenirs dou-
loureux et vous inciter à boire plus. Au final, vous aurez
juste oublié où vous avez laissé votre bagnole, vous aurez tout gagné...
La bière rend intelligent.
Ca ne se voit pas au
premier coup d’oeil,
mais
selon
une
étude de l’Université
de
Chicago,
les
hommes sont plus
brillants après avoir
avalé
quelques
bières. Pensez-y la
prochaine fois que
vous atterrirez dans
un bar de poivrots
un vendredi soir,
tous ces types accoudés aux comptoirs sont de potentiels Prix Nobel.
La bière rend heureux.
Il n’y a pas que la santé de votre corps qui compte, il y a
aussi la santé mentale. Et si vous avez pu observer des
gens imbibés de houblons qui avaient l’air particulièrement “heureux”, voire “heureux au point de ne plus savoir où ils habitent”, sachez qu’une étude américaine
s’est penchée sur le sujet.
Et on y apprend que le goût de la bière déclenche la sécrétion de dopamine et un test sur des échantillons de
cobayes, la moitié tournant à la bière et l’autre au Gatorade. Montre très clairement que les buveurs de bières
sont plus heureux. Et en redemandent. Ce qui est un problème.
La bière protège du cancer du barbecue.
C’est on tout cas comme ça qu’on résumera cette étude
relayée un 1er avril. Mais on va quand même la croire
puisqu’elle nous explique que la bière permet d’atténuer
les effets cancérigènes de la bidoche cramée au barbecue.
Pour info, c’est surtout la bière brune qui est efficace, en
marinade, préala-blement à la cuisson. Et si vous on buvez une entre deux saucisses, ça ne peut pas faire de
mal.
On fait les comptes : deux bières pour le coeur, deux
pour le diabète, une autre pour les os, encore une pour
les reins et le reste pour lutter contre le froid... Normalement, en avalant 6 litres de bières par jour, vous serez
immortel. Et heureux...
Topico
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A LA MANIÈRE DE RAOUL LAMBERT – PARFUM - Hé, Hé I Vous sentez drôlement bon, Léon!
- Opus 36, Parfum des îles.
- Ah! Les îles! Ces étendues de terre entourées d’eau de
tous côtés, comme disait Chateaubriand. Et il avait raison,
le bougre I De quelles îles vient-il, votre parfum, Léon?
- Des îles lointaines, si lointaines que lorsqu’on y arrive,
on est déjà vieux. C’est ce qui en fait le prix: 374 euros les
10 centilitres. Le flacon est consigné.
- Fichtre ! Vous sentez cher ! A ce prix-là, j’ai quatre chaises cannées et un chiffon pour les essuyer.
- Vous ne vous parfumez jamais?
- Le dimanche, je mets de l’afterchave. Ce n’est pas un
parfum, mais ça parfume et ça rend la barbe douillette.
- Pendant la guerre, il n’y avait pas d’afterchave parce que
les Allemands s’en servaient pour faire briller le mur de
l’Atlantique. J’en fabriquais avec des feuilles de topinambours et de la saccharine, Il faut avoir connu cette
époque pour bien la connaître !
Léon précisa qu’il n’avait plus une minute à perdre, car,
ainsi parfumé, il se rendait au mariage de sa fille MarieJeanne. Elle épousait un monsieur d’âge mûr, mais ne le
portant pas, directeur des relations publiques dans une
grande charcuterie des boulevards.
4
5
Son ami le complimenta et révéla que lui-même venait de
marier son fils, Antoine, à une jeune fille de toute beauté,
mince des hanches, responsable du rayon saumon fumé
dans une grande surface. Il ajouta Plus tard, elle passera
au rayon des graines pour perruches ». Et ce fut tout.
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UNE SEMAINE A VÉLO POUR DÉCOUVRIR LE FINISTÈRE.
Décidément la canicule de l’été s’éternise, aussi j’ai décidé
d’aller me mettre un peu au frais et pour cela la Bretagne
semble idéale et plus particulièrement le Finistère, j’en
profiterai pour achever le BPF de cette province, ce qui me
fera à coup sûr visiter les plus beaux sites de ce département.
Sur l’autre versant la baie des Trépassés de triste réputation, elle est le prélude d’une route en corniche permettant
de découvrir tous les caps de cette côte découpée qui
mène à Douarnenez qui fut un grand port sardinier. Beaucoup de bateaux y sont amarrés, mais ce sont des plaisanciers !
Départ en train, c’est tout une expédition dès 8h du matin
je monte dans un Intercités qui mène d’un trait à Bordeaux, puis Nantes, un changement de train et j’arrive enfin à Quimper à 17h50, ce qui fait quand même près de 10h
de voyage, mon vélo a suivi sans problème.
Après la visite de la ville aux nombreuses venelles permettant, en les parcourant, d’avoir une idée de celle-ci au
temps de son activité de pêche, je quitte l’océan pour
m’enfoncer dans les terres en direction des Montagnes
Noires.
Dès mes premiers pas dans la ville je suis dans l’ambiance
festive du festival de Cornouaille. Dominé par les flèches
ajourées de la cathédrale St Corentin la fête bat son plein :
cornemuses, binious, bombardes, chants de marins, résonnent un peu partout, les gens costumés, les femmes
arborant de hautes coiffes, un régal !
Au passage Locronan, petite cité de caractère a conservé
sa place pavée ayant en son centre un grand puits qui fut
longtemps la seule ressource en eau potable de la ville.
Pour quitter la ville une longue côte et beaucoup de circulation autos sur quelques kilomètres, ensuite une route
secondaire me mène au hameau Le Paradis, le bien nommé ! Encore quelques kilomètres dans la verdure, ce qui
me change beaucoup du Sud-Ouest où tout est brûlé par
le soleil.
Landudec, petite bourgade sera mon étape, à une porcherie, (sans odeur), où je m’enquête d’un possible logement,
on me mène à la maison de pépé. Jolie fermette en granit
gris où je trouve tout le confort désirable, le pépé est depuis quelques jours à l’hospice.
Je ne serai pas seul cette nuit, fouine, belette, renard me
tiendront compagnie, ils sont bien sages puisqu’ils sont
empaillés et trônent sur des étagères !
Au réveil, le
lendemain, il bruine,
et même une forte
averse sévit, le ciel
se calmera le temps
que je me prépare, il
y a même un petit
coin de ciel bleu.
Parcours
légèrement ondulé
avant de plonger
vers Audierne petit
port aux venelles
étroites s’étirant le
long du Goyen, petit
fleuve côtier.
Ensuite le route part
vers le bout du
Monde, pourtant il y a pas mal de circulation, des touristes, un supermarché prévient qu’il est le dernier avant
l’Amérique, aussi j’y fais quelques provisions… et le bout
du Monde ou plutôt la Pointe du Raz, inondée de soleil,
offre une vue magnifique sur sa barre de récifs, son phare
et tout au loin l’île de Sein.
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Un bon vent de dos rend moins pénible la route qui est
souvent en montée, des alignées d’éoliennes tournent inlassablement leurs longues pales. Un village perdu Landrévarzac, une de ses fermes sera l’étape du soir, la traite
des vaches s’étire sur un long moment, on en est encore à
la trayeuse individuelle.
Départ avec le soleil, mais il fait assez frais pour mettre les
gants. Le parcours est toujours vallonné, dans un des villages traversés je rencontre le premier « enclos paroissial », c’est un ensemble architectural typiquement breton.
Le suivant sera à Pleyben, puis à Brasparts.
Situé au centre du bourg, l'enclos paroissial est un domaine considéré comme sacré. L'enclos typique est constitué de quatre éléments indissociables : l'entrée monumentale, le calvaire, l'ossuaire et l'église.
Ensuite le décor du paysage change carrément. Je suis
dans les Monts d’Arrée, la montagne St Michel et le grand
réservoir d’eau qui miroite au soleil, la lande à perte de
vue, paysage de bruyères et de tourbières.
La longue descente sur le versant nord traverse des forêts
de pins avant de retrouver la région bocagère et St Thégonnec. C’est sans doute l’enclos paroissial le plus visité
de France. Le Calvaire est une débauche de statues à
l’origine peintes.
Une petite route tranquille, mais bossue permet de rejoindre Morlaix, La Ville dispose d’un patrimoine très riche :
jardins en terrasse, un passé historique marqué par
l’activité corsaire, le commerce du lin, et l’activité manufacturière du tabac…
De très anciennes maisons à pans de bois agrémentées
d'encorbellements enrichissent les nombreuses rues piétonnes au cœur de la vieille ville et témoignent d'un passé
riche et prospère. Le port de Morlaix fut le plus important
de Bretagne. Un Viaduc, bel ouvrage au cœur de la cité
surprend par son imposante stature.
Une seule route à grande circulation pour sortir de là et
des côtes qui se succèdent sur une quinzaine de kilomètres.
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Pour l’étape, je suis près de Lanmeur, j’entends des bruits
de tracteur et par un chemin forestier je me dirige vers lui.
Je tombe dans une ancienne ferme magnifiquement aménagée en résidence.
Qu’à cela ne tienne, on me propose un studio pour la nuit,
il vient d’être aménagé. Je partage le repas avec mes hôtes, des retraités de l’Ain, une soirée sympathique arrosée
au vin de la région de Perpignan !
Au réveil le ciel est bien gris, une petite bruine cache le
lointain, mais le soleil fait vite son apparition. Encore de
belles églises à Plestin et St Michel les Grèves, le parcours
le long des plages de Grèves se fait à marée basse, la
Manche est loin, loin…
Lannion une ville importante conserve beaucoup de maisons à colombages de sa période portuaire, maintenant ce
sont les télécommunications qui font sa richesse, c’est ici
que les câbles reliant la France à l’Amérique aboutissent.
Je n’ai que quelques kilomètres à faire pour arriver sur la
côte de granit rose, une petite plage déserte sera idéale
pour le pique-nique, j’aurai comme invitée une mouette qui
timidement vient récolter quelques miettes de mon repas.
Je vais ensuite parcourir le site exceptionnel de Ploumanac’h.
Ce site qui vient de remporter le titre du plus beau village
de France, vaut vraiment le détour, un sentier pédestre fait
parcourir la côte de granit rose parsemée d’amas chaotiques érodés par les intempéries, un bonheur.
Après avoir contourné la baie de Perros-Guirec dont les
hauteurs permettent de découvrir de nombreuses îles et
îlots, je retrouve l’arrière pays, ses fermes et ses chapelles
entourées de grands massifs d’hortensias dont les couleurs vont du rose vif au bleu intense.
Encore une halte pour la visite de
Tréguier, une ville très calme
semblant vivre au ralentit, de belles
maisons à colombages et surtout la
cathédrale Tugdual au trois clochers,
elle abrite le tombeau de Saint Yves
qui est le saint patron de toutes les
professions de justice, notamment
celle d’avocat. Il est également saint
patron de la Bretagne.
La journée va s’achever, un hameau
du nom de Mantallot me semble
sympathique, dans une grosse ferme
laitière je trouve facilement à loger, la
fille de la maison vient d’effectuer un
tour du monde d’une année à vélo…
alors entre cyclistes on se raconte
des histoires de cyclistes !!!
Et ce sera le cas pendant le repas pris
en commun avec un menu fermier
pour cycliste, pâtes à la crème, œufs brouillés, tomates du
jardin et cidre fabrication maison. Pour couronner le tout,
on m’installe dans une grande pièce dotée d’un lit-clos datant des années 1800.
Me voici retourné à la Bretagne au temps où ces lits
avaient pour but de protéger leurs occupants des animaux
domestiques (porcs, poules...) qui vivaient dans les chaumières avec les paysans. Et même des loups qui pouvaient parfois pénétrer dans les maisons pour s'emparer
d'un nourrisson !
Ce matin, une nouvelle fois, il bruine et de nouveau en
cours de matinée le soleil refait apparition, mais pour le
moment le paysage est triste, les prairies font place de
plus en plus à la forêt, et la route doucement s’élève, je
suis dans le Trégor.
A Bégard, les églises sont particulièrement décorées et
toujours ces haies d’hortensias aux couleurs variées. Plus
loin, alors que j’approche de Belle Isle en Terre plusieurs
monuments mégalithiques rappellent que la région fut habitée depuis la nuit des temps.
La route commence à descendre vers l’océan en suivant le
cours de la rivière Hyères ce qui me mène à Callac, cette
bourgade est connue pour être la capitale de l’épagneul
breton, croisement du setter écossais avec le chien local,
dit du charbonnier.
Ses haras sont célèbres pour l'élevage de chevaux de
trait, dont le meilleur représentant fut Naous, il trône statufié au centre d’une place. C’est près de lui que je dégusterai mon pique-nique, perturbé par une averse soudaine.
L’après-midi je vais continuer de suivre la vallée qui serpente entre des collines jusqu’à Carhaix, encore une belle
ville des Montagnes Noires. Les maisons anciennes sont
bien conservées, mais son réseau de voies ferrées qui fut
très important, ne fut jamais mis aux normes et fut abandonné, ce sera mon futur trajet puisqu’il est devenu voie
verte.
Mais ce n’est pas une réussite, la pluie a détrempée
l’enrobé qui la recouvre et j’ai l’impression, et c’est le cas,
d’avoir les roues freinées, alors je rejoins le goudron qui
est parallèle à mon trajet et ce jusqu’à Gourin. Ville aux
nombreux manoirs, après quelques provisions je retrouve
la piste qui s’est nettement améliorée.
Le problème de ces anciennes voies ferrées est qu’elles
passent loin de toute habitation, ce qui n’est pas bien facile pour trouver à loger ! Enfin des habitations, c’est
Guiscriff où plutôt sa gare qui fait gîte d’étape pour randonneurs, c’est fermé…
Je vais voir une voisine qui alors se met en quatre pour
trouver à me loger, coups de téléphone divers aux responsables du village, rien de concret, alors elle se décide
à me prêter un chalet au fond de son jardin, il faut y mettre
un peu d’ordre car il est très encombré de meubles divers.
Ce sera en définitive une très bonne solution.
Le lendemain un petit déjeuner m’attend, mon hôtesse
abrite également toute une ribambelle de chats, elle est
littéralement envahie et insiste pour que j’ai un souvenir
d’elle en un sympathique chaton noir et blanc… non, merci à mon très grand regret je n’ai pas de place dans mes
sacoches !!!
Je retrouve la piste quittée hier, elle va en de nombreuses
courbes et plusieurs tunnels éclairés, me mener aux portes de Rosporden le voyage est presque terminé. La ville
se mire dans un grand étang où s’ébattent oies et canards,
malheureusement voici que la pluie arrive, j’écourte ma
visite. Un passage à l’Intermarché local pour les provisions de route, car encore une fois de longues heures de
train m’attendent.
A 12h45 c’est le départ, j’ai un long arrêt à Nantes de prévu, mais il pleut, il pleut sans discontinuer. Je prends le
courage d’aller jusqu’au jardin des plantes en face la gare,
pour contempler le Jardin Déjanté de Claude Ponti, une
merveille d’imagination, on y voit entre autres : le Poussin
endormi, les Totemimiques, le Dormaron et le Clochepot
Fructae…
Entre deux sommes, Saintes, Bordeaux, Montauban car le
train ne s’arrêtant pas il faut aller à Toulouse pour revenir
à Montauban, ah ! Cette SNCF…
Louis Romand.
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CYCLONOMADE – SEPT ANS À PARCOURIR LE MONDE À VÉLO –
Notre ami jacques Sirat, continue de se remettre doucement de sa chute, son moral revient tout doucement…
« Le côté apaisant de l’eau… Depuis plusieurs semaines, je passe une grande partie de mon temps loin de la foule,
comme effrayé par le monde qui m’entoure. Je savoure mes journées et soirées au bord de l’eau. Rivières et lacs sont mes
lieux favoris pour passer mes nuits loin du tumulte. Le plus souvent, j’observe l’eau, faisant un vide délicieux dans mon
esprit.
Voici environ deux mois que je ne cours plus et ne me risque toujours pas à enfourcher un vélo. Même si mon état
est bien meilleur, certains problèmes demeurent et vont nécessiter dans les semaines à venir une nouvelle intervention
chirurgicale qui entraînera une longue période de repos total.
Du coup je recherche de petits refuges pour « voyageur » quelque peu perdu dans un monde où il ne retrouve pas tout à
fait ses marques. Cette volonté de m’isoler s’atténuera probablement avec l’amélioration promise de mon état. Dès lors, j’y
verrai sans doute plus clair et alors seulement mon esprit vagabond me conseillera sur le chemin à suivre…en attendant
le clapotis de l’eau m’est bénéfique ».
Nous continuons de publier le récit de son voyage avant son accident.
Il comprend 40 chroniques, nous en sommes à la 38ème.
Les valeureuses femmes africaines.
Les chutes Victoria, m’attirent tel un aimant lorsqu’au
Zimbabwe je quitte la ville de Bulaweyo. J’ai hâte de découvrir cette merveille naturelle, espérant à l’occasion y
trouver un peu de fraîcheur alors qu’en ce moment je
roule dans des zones boisées où règne plutôt une chaleur pesante.
Lors d’une brève halte, une femme avachie derrière son
fragile comptoir, m’offre une grande bouteille d’eau
congelée, dont la seule vue, illumine mon visage et me
réjouit profondément. Cela m’assure un breuvage frais
pour les quelques heures à venir… chose totalement
inespérée !
Je passe au devant de quelques fermes entourées de lopins de terres cultivés où les légumes ne semblent pas
manquer. Apparaît soudain en sens inverse un cycliste
chinois qui se dirige vers Cape-Town en Afrique du Sud
pour ensuite prendre un vol à destination d’Ushuaïa et
remonter le continent américain dans sa totalité… nos
chemins risquent bien de se croiser à nouveau d’ici quelques années.
Le bord des routes fourmille d’écoliers en uniformes
bleus, verts ou marron. Soudain, sur le chemin de leur
maison, une poignée d’entre eux, commence à me suivre
en trottinant gaiement. Je roule paisiblement et dans le
faux plat qui suit, certains abandonnent ou sont décrochés.
Seules quelques fillettes tiennent le rythme jusqu’à ce
qu’il n’y en ait plus qu’une pour me suivre. Cette gamine
possède une foulée d’une souplesse exceptionnelle et va
d’une allure à l’aisance étonnante. Les 16 km/h
qu’indique mon compteur
kilométrique ne crispent
même pas son sourire qui traduit toute la joie qu’elle
éprouve à ce jeu là. Je quitte la jeune athlète en herbe en
emportant avec moi le souvenir d’une gestuelle épurée à
faire rougir de nombreux coureurs de demi-fond.
Régulièrement, les accotements sont encombrés d’arbres
déchiquetés, couchés, arrachés sur une largeur de quelques dizaines de mètres : traces et œuvre des éléphants.
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Tel un cyclone, les pachydermes se déplacent sans rien
épargner sur leur passage. De-ci de-là, les curieuses formes de quelques magnifiques baobabs captivent mon
regard.
Je dors ce soir dans un hôpital bien tenu qui possède
quelques chambres basiques. Le Zimbabwe n’est pas
dans l’état de total délabrement dont on m’avait parlé.
Lorsque j’atteins les chutes Victoria, je ne perds pas une
minute pour aller contempler le spectacle. Certes le niveau de l’eau est bas en ce moment mais je me laisse séduire par l’endroit et n’ai aucun mal à imaginer ce qu’il
doit être lorsque le débit du Zambèze est à son summum.
De l’autre côté de la frontière, en Zambie, je reste un jour
dans la ville de Livingstone. Après une dernière nuit dans
mon hamac, je file au petit matin sur une route où je
croise de nombreux zambiens à vélo.
Malgré l’état parfois délabré de leur engin, leur rythme
indique une longue pratique. Je ne me sens pas seul et
parfois s’esquissent même quelques petites accélérations joueuses.
En partant très tôt le matin, j’observe le soleil qui se lève
en une magnifique boule rouge puis passe rapidement à
l’orange pour finalement devenir la boule de feu que l’on
connaît. Ce moment constitue toujours un mémorable
spectacle dont je ne me lasse guère. J’ai constamment la
délicieuse impression de faire à cet instant précis le plein
d’une énergie qui va me porter au-delà de l’horizon.
Dès les premières heures du jour, quelques gargotes
sont déjà squattées par des hommes aux yeux luisants
trahissant des litres de « Chibuku » ingurgités, alors que
leurs femmes sont probablement depuis plusieurs heures
au travail.
J’observe beaucoup de jeunes hommes désœuvrés. La
quantité de jeunes femmes avec un ou plusieurs enfants
est ahurissante. Certaines d’entre elles sont toutes jeunes et pourtant déjà maman.
Alors que je mange un morceau de poulet, une employée
plus âgée m’explique que beaucoup d’entre-elles ont été
abusées. Les cas d’incestes sont fréquents. Les hommes
qui s’enivrent rentrent ensuite à la maison où tout leur
est dû. Ce sont ces mêmes femmes qui, au jour naissant,
lorsque je prends la route, s’activent déjà à la corvée
d’eau ou de bois.
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Aucune trêve pour ces forçats de la vie dont la dureté du
quotidien demeure souvent masquée par de sympathiques sourires. Tout au long de mes années de voyage je
suis chaque fois un peu plus abasourdi par la capacité de
travail des femmes du monde.
De toutes parts les brûlis noircissent le paysage. Les
sacs de charbon de bois vendus sur le bord des routes
procurent un revenu aux gens de la campagne.
Lors d’un arrêt je réoriente un camionneur sud-africain
qui s’apprête à traverser le Botswana pour retourner chez
lui à Durban. Je lui fais remarquer à l’aide de ma carte
routière qu’il existe des routes bien plus directes. Sur ce,
il change ses plans, car visiblement sans atlas routier, il
ne se fiait qu’aux dires de quelques personnes croisées.
Il m’arrive également de savourer quelques petits morceaux de viandes grillées dont l’odeur me met la salive à
la bouche, même si celle-ci s’avère parfois un peu coriace. Quelques hommes imbibés de Chibuku tournent
souvent autour espérant chaparder un petit morceau.
Puis vient la capitale Lusaka, où je vais par curiosité
dans un centre commercial. Prenant une paire de chaussure au hasard sur une étagère afin d’en lire le prix, je
constate amèrement qu’il équivaut à un mois et demi de
salaire des femmes employées dans les boutiques.
Quelques jeunes « backpackers » chinois sont de passage en ville et vadrouillent aux quatre coins de la planète pour une durée d’environ sept mois. Décidemment
la Chine bouge !
En route vers le Malawi, le nombre de zambiens à vélo
avec des chargements hétéroclites ne fait qu’augmenter.
Ils mènent leur récolte d’oignons au marché voisin. Parfois ce sont des sacs de charbons, de la volaille, ou un
chargement de tomates qu’ils transportent adroitement.
Certains d’entre eux parcourent de bonnes distances et
partagent quelques poignées de kilomètres avec moi.
Le vent me vient le plus souvent de
face et soulève une poussière qui me
pique les yeux, le nez et chatouille les
oreilles. Mes vêtements se couvrent
d’une pellicule rougeâtre. D’autres
femmes me témoignent de la rudesse
de leur existence. Elles ont deux, trois,
quatre ou cinq enfants. Le père est
souvent parti sans assumer ses actes
ni se soucier des conséquences
humaines et financières que cela entraîne.
En soirée je discute avec un homme
sympathique au regard paisible. Il
possède un lopin de terre dans le
voisinage et aujourd’hui dimanche il
boit un peu de Chibuku en compagnie
de quelques voisins.
Soudain un individu apparaît et l’interpelle,
le menaçant d’appeler la police. Nous ne
comprenons rien et lui demeure sans réaction.
Lorsqu’on apprend enfin qu’il a donné à boire du Chibuku à un gamin de 3 ans. Petit à petit la conversation
s’apaise et une bouteille de Chibuku vient sceller la paix
entre les deux protagonistes.
Je fais des bonds de village en village, de gargote en
gargote, de rencontre en rencontre. De toute part des «
How are you? » sonores et joyeux raisonnent dans mes
oreilles. Des ribambelles de chérubins surgissent de derrière une hutte en courant vers le bord de la route.
J’observe amusé un petit qui n’a pas eu le temps de re-
monter son pantalon et suit les autres de loin en tenant
sa culotte à moitié remontée d’une main et en me saluant
de l’autre tout en s’égosillant : « how are you, how are
you ? »
Lors d’une pause je mange du poulet grillé accompagné
d’une portion de « nsima » (sorte de bouillie à base de
farine de maïs). L’opération se déroule sous les rires des
gens car je me brûle le bout des doigts… manque
d’habitude. La vendeuse n’a que 12 ans alors que je lui
en donnais une vingtaine.
Son frère entre dans la gargote et prend un paquet de cigarettes. La fillette s’emporte, sachant que chaque sou
compte dans le budget familial mais le frangin n’en a que
faire et la gamine reprend son travail furieuse et fataliste
à la fois.
Plus loin, c’est un jeune de 16 ans au regard chargé de
Chibuku, qui ne semble pas se soucier de ses deux enfants. Irresponsabilité masculine, aggravant le quotidien
féminin.
L’état d’ébriété avancé de certains individus me fait parfois abréger une pause dans une petite gargote. On me
parle souvent de foot et de l’ancien sélectionneur français : Hervé Renard qui a mené la Zambie à la victoire de
la coupe d’Afrique des Nations en 2012.
Le parcours monte et descend, il y a du vent et de la
poussière, les degrés grimpent vite et les « how are you »
raisonnent toujours dans la tête. Des travaux effectués
soit par une entreprise chinoise, soit une portugaise ou
encore une mozambicaine émaillent mon parcours.
A un moment, l’envie de retourner au Mozambique effleure mes pensées, mais je dois recevoir ma nouvelle
carte bancaire et mieux vaut la recevoir dans la capitale
du Malawi voisin. Puis je souhaite surtout ne pas franchir
plus au nord le désert soudanais en plein été. Ma progression va donc être à partir du Malawi un peu plus directe vers le nord.
Alors que je discute dans un hameau, un camion Overland, chargé de touristes probablement allemands, passe
en ralentissant légèrement et à l’intérieur on ne voit
qu’appareils photos mitraillant les gens du village… pas
un mot, pas un geste juste des photos volées… une drôle
d’impression m’envahit et pendant la journée qui suit je
ne déclenche même pas mon appareil.
Dans des villages on charge ou décharge de gros sacs de
maïs. Des hommes se proposent pour travailler. Ils sont
payés au sac. Un petit travail qui rappelle celui des dockers dans les ports. Des attelages de bœufs arrivent d’un
peu partout. C’est le moment de la vente de la récolte la
plus importante de l’année, il ne faut pas la rater !
Puis j’atteins Chipata où au devant d’un supermarché
j’entends un homme hurler et observe un attroupement
autour de celui-ci. L’individu est dans un état de saleté
indéfinissable. Ses vêtements en lambeaux sont d’une
noirceur incroyable. Quelques hommes le prennent et se
dirigent vers la station service proche.
Un spectateur m’explique alors: « il s’agit d’un simple
d’esprit qui ne se lave jamais et traîne ainsi dans les rues.
De temps en temps des hommes le mènent au lave-auto
pour un bain complet car cela lui fait du bien et le calme
un peu, sinon il commence à devenir agressif ».
J’atteins ensuite la frontière du Malawi. Dès lors les enfants m’interpellent différemment : « Azungu, Azungu ! »,
(blanc, blanc !). Mais raisonnent également des « give me
money ! » à la sonorité nettement moins agréable.
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Ces demandes sont certainement liés à une présence
blanche un peu plus importante au niveau du volontariat
et de l’humanitaire… cette image du blanc qui arrive et
qui « donne » est présente aux yeux des enfants… sans
doute pas la meilleure façon de faire avancer un pays, car
le blanc apparaît comme le sauveur alors qu’il a souvent
été auparavant le fossoyeur.
zambique voisin. Dans le bar, deux mozambicains aux
pronostics et opinions divergents. L’un prévoit la victoire
du parti au pouvoir (Frélimo) et l’autre de l’opposition
(Renamo). La discussion devient très vite tendue et je
n’ai dès lors aucune difficulté à imaginer la situation se
dégrader dans ce pays qui a tant souffert (16 ans de
guerre civile).
Si j’arrive dorénavant dans des zones plus peuplées, cela
demeure pour l’instant tout à fait vivable. A Lilongwe, la
capitale du pays, j’attends ma nouvelle carte bancaire.
J’en profite pour m’adresser à un opticien afin de faire
une nouvelle paire de lunettes ce sera ma 4ème paire en
trois ans…. je les perds toutes.
Visiblement cela peut très vite redémarrer car il
m’étonnerait que quelque soit le résultat, celui-ci soit accepté par la partie perdante… un retour de la violence
est-il à prévoir, j’ai bien peur que oui et une fois de plus
ce sera la population qui en subira les conséquences car
les grands pontes des partis politiques eux, seront sous
bonne protection.
Jacques Sirat
Un soir une discussion débute sur les élections au Mo-
8QHRUHLOOHTXLW·pFRXWHVDQVWHMXJHUoDYDXWGHO·RU
HISTOIRE DE NOTRE PATRIMOINE – N-D. DES CYCLISTES – SA RÉGION.
Le mois dernier notre patrimoine fut à l’honneur avec les habituelles Journées qui lui sont consacrées, nous en avons bien
sûr profité. Voici un petit article sur une région que nous aimons parcourir, il nous a été communiqué par Robert Lasplaces
Membre de notre Confrérie de cette contrée.
La Bastide d’Armagnac
Bastide fondée en1291 par Bernard IV Comte d’Armagnac,
avec l’approbation d’Edouard 1er Roi d’Angleterre.
L’enceinte a disparu, mais la disposition intérieure demeure : 4 rues principales qui aboutisses à la Place Centrale.
Henri IV confirme la possession de La Bastide au seigneur
d’Aubijoux. On dit que Henri IV se serait inspiré de la
Place Royale pour dessiner la Place des Vosges à Paris.
fin de Bouglon, égérie de Barbey d’Aurevilly, celui que
Lamartine appelait le « Duc de Guise de la littérature » (Le
Chevalier des Touches -1864).
Manoir de Saint Aigne : les Came sont de la plus ancienne
noblesse du Pays d’Armagnac. Asias de Came, bohémien
Magyar, Chevalier du Temple, s’installa au Manoir de La
Bastide vers 1300. Il assista certainement à la fondation de
La Bastide d’Armagnac.
Tous les Came furent de rudes batailleurs servant jusqu’en 1387 les Anglais, puis, à partir de cette même date,
le Comte d’Armagnac et le de Roi de France.
Géou
Vers 1104, Loup Sanche, bâtard de Bernard (ou Bertrand)
d’Armagnac, hérite de Géou avec le droit d’y construire un
donjon. Puis, le fief de Géou est acquis par les Templiers.
En 1146 leur Commandeur Fontanier de Gerlon réside à
Géou et le fortifie par une ceinture de murailles et de
tours. Odin de Malvin, Seigneur de Juliac obtient du Roi
d’Angleterre que Géou devienne fief de la Couronne
d’Angleterre sous le titre de Vicomté de Juliac (englobant
par ailleurs Lagrange, Créon, St Julien Betbezer, paroisses
landaises).
A l’intérieur de l’église : Piétât en bois polychrome très
belle), clocher fortifié du XV° siècle.
Tandis que Montgommery avait en 1569 persécuté les habitants de La Bastide d’Armagnac, en 1653 le Chevalier
d’Aubeterre, avec ses troupes royales, cerne la Ville et
l’emporte d’assaut. Il déloge ainsi le lieutenant de Condé :
Balthazar.
XVIII° Siècle, apogée du Marquisat de Maniban. L’ancien
temple protestant, fief de l’Eglise Réformée (20 ministres
protestants entre 1554 à 1684), La Bastide construit en
1550 un Temple. Ce dernier sera détruit par Montluc en
1563 - reconstruit en 1607, Il sera abandonné en 1684 lorsque la ville redevient catholique sous l’influence du Marquis de Maniban.
Château du Prada : Belle demeure du XVIII° Siècle construite par le seigneur, Baron de Bouglon. Dans cette mai9son vécut « l’Ange blanc », Veuve de Jean-François Ru-
Par représailles, les Templiers sous les ordres de Hugues
de Lobenx leur commandeur, détruisent le Pouy et le donjon de Juliac. En 1180, Guilhem de Mona, Commandeur de
Géou, poignarde le Vicomte de Juliac, Odon de Malvin.
Philippe IV le Bel en faisant arrêter le Grand Martre des
Templiers Jacques de Molay, et le Pape Clément V en supprimant l’Ordre, mettent fin au triomphe: des Templiers en
Armagnac. 1335 - Le Prince Noir rase la Citadelle
Sa sainteté, le Pape Jean XXIII, le 18 Mai I959, exauce le
voeu de l’Abbé Massié , Curé de Lagrange, Créon, Mauvezin
et St Julien, et fait de la vieille chapelle restaurée par la Municipalité de Labastide d’Armagnac (M.Loubère,maire), le
Sanctuaire National du Cyclisme et du Cyclotourisme.
Déjà reconnu au XIX° Siècle, le site, est exploré en 1960-61
par M. Lauffray, architecte au C.N.R.S.
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Qui met à jour des mosaïques en couleur et à motifs géomètrîques (dont on peut admirer un échantillon à la Mairie de
Labastide d’Armagnac). Par la suite, un ensemble de constructions a été dégagé.
En 1970-71 d’importants restes architecturaux ont été exhumés. On pense qu’ils appartiennent à une « villa » et aussi, à un temple public qui confirmerait l’étymologie de Géou
(Jovis = Jupiter). Egalement en 1971 une nécropole à incinération a été mise à jour. Enfin des silex taillés trouvés sur
place prouvent que ces lieux étaient déjà fréquentés par les
hommes de la Préhistoire.
Une statue de bois, du XVI° siècle, offerte en 1959, vient du
Havre et aurait été sculptée en mer par un marin au cours
de ses pérégrinations. Quant à la vierge de pierre, N.D des
Cyclistes, elle ne tient pas un ballon....., mais le globe terrestre !
Les eaux de vie d’Armagnac
L’Armagnac est une eau-de-vie de vin, réputée et délicieuse,
dont la production, depuis 1905 est soumise à des lois et
règlements stricts.
L’aire de production s’étend sur les départements des Landes, du Gers, et du Lot et Garonne. Cette aire est divisée en
trois sous régions. Bas-Armagnac (40 et 32) - La Tenarèze
(32-47) et le Haut-Armagnac (32-47).
Il est admis par tous, professionnels et connaisseurs, que le
Bas Armagnac est réputé pour la finesse et la qualité supérieure de ses eaux de vie.
Seuls peuvent servir à la production de l’Armagnac, les vins
blancs vinifiés conformément aux usages locaux, n’ayant
subi ni soutirage, ni addition d’anhydride sulfureux, et possédant un certificat de non sucrage.
Ces vins blancs doivent provenir des cépages blancs suivants : Folle blanche et jaune, Picquepoul du pays, StEmilion , Colombard, Jurançon, Blanquette, Mozac, Clairette, Meslier, Blanc de Grèce,et le Baco 22 A.
L’alambic, du type Armagnacais, doit être à alimentation
continue, à double ou triple chaudière superposée. Il ne doit
comporter aucun organe de rectification, et la teneur alcoolique de son coulage ne doit pas dépasser 63°.
Le volume de production en 24 heures ne peut excéder une
fois et demie la capacité
des organes de
réfrigération. Le Chauffevin et le réfrigérant
doivent comporter des
serpentins à l’exclusion
de tous autres dispositifs.
La distillation devra être
terminée au plus tard le
30 Avril de l’année qui
suit la récolte.
Le Syndicat des
Vignerons d’Armagnac
landais, dont le Président
actuel est le Maire de
Parleboscq, a été fondé
par M. Ducourneau Maire
de Lagrange, qui en a été
le Président pendant de
nombreuses années. Le
siège est toujours à la
Mairie de Lagrange.
A Lagrange aussi, est né le Floc de Gascogne. Excellent vin
de liqueur à l’Armagnac 16° à 18°. Fabriqué à partir de jus
de raisin frais de densité supérieure à 1075 et d’Armagnac
de qualité de plus de 52°.
Les cépages recommandés pour l’armagnac permettent le
Floc Blanc. Des cépages sélectionnés, permettent le Floc
Rouge. L’aire de production est exclusivement la Zone
d’appellation Armagnac. Le vieillissement s’effectue dans
des fûts de chêne blanc de Gascogne.
Jean Ducourneau
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TRAIT D’UNION EUROPÉEN – PARIS – BERLIN
On parle souvent de l'Union Européenne au niveau politique, économique ou social, mais on ignore que l'Union Européenne
existe aussi au niveau cyclotouriste : c'est L'Union Européenne de CycloTourisme (UECT). L'UECT organise des randonnées
permanentes appelées Traits D’union Européens (créés en 1983) et propose, dans un sens indifférent, de relier Paris aux autres capitales européennes.
Ces Traits D’union Européens avec des points de contrôle
très espacés et des itinéraires aussi tranquilles que touristiques, ont été particulièrement étudiés. Ils évitent les
grandes routes et même les grandes villes, cheminent à
travers les petites routes sinueuses de la France profonde
et des pays voisins et vous offrent la possibilité de découvrir à vélo les pays de l’Union Européenne.
Ils s’adressent à tous les fanatiques du vélo, les amateurs
de grand air, désireux d’échapper aux contraintes de la vie
polluée et qui veulent visiter l’Europe en dehors des autoroutes. Ils ont aussi pour objectif de pratiquer le cyclotourisme, formidable moyen de rencontres et d'échanges
avec les peuples, tout en véhiculant l'esprit d'amitié et solidarité entre les peuples.
35 Traits D’union Européens ouverts au départ de Paris
depuis 2015. En 2015, un nouvel itinéraire de plus de 1300
km sera homologué dans les Balkans, en partant de Dubrovnik en Croatie puis en traversant le Monténégro, le
Kosovo, la Macédoine et l'Albanie jusqu'à Tirana.
Mardi 16 juin, 6h 00 – C’est parti.
Cette année, je m'engage comme d'habitude sous les couleurs de mon club, l'ACTP (Association Cyclotouriste de
Plaisir) dans les Yvelines.
J'ai choisi de me lancer sur Paris - Bonn - Berlin et j'aurais
aimé poursuivre jusqu'à Varsovie. Mais la Pologne n'est
pas un pays très cyclable parce que les routes, y compris
secondaires, sont empruntées par de nombreux camions
et qu'en solo on n'est pas grand chose sur un vélo. L'expérience acquise ces dernières années sur diverses randonnées européennes me permet toutefois de partir sereinement.
J’avais, étudié l’itinéraire de Paris - Bonn - Berlin que
m'avait transmis quelques semaines auparavant mon ami
Patrice Godart. La plupart des capitales européennes sont
accessibles à vélo et tous les trajets reliant Paris à ces capitales sont documentés et homologués par l’ASPTT de
Saint-Quentin dans l’Aisne.
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Ce parcours de Paris - Berlin se prolonge en Pologne pour
atteindre Varsovie puis se dirige vers les capitales des
pays Baltes (Vilnius en Lituanie - Riga en Lettonie - Tallinn
en Estonie).
J’ai prévu de partir de la Porte de Pantin comme l'indique
le road-book en longeant le canal de l'Ourcq puis de poursuivre à partir de Gressy par la plaine de la Brie. J’avais, la
semaine précédente, vérifié mécaniquement ma randonneuse en acier CYFAC en l'équipant de pneus neufs de
700 en section 25 mm et en contrôlant les roulements, les
visseries, les câbles et les éclairages.
Cette préparation est essentielle parce que les routes
principales et secondaires sont parfois dangereuses (vitesse excessive des voitures et des camions – réseau routier pas toujours bien entretenu – très peu de 2 roues sur
les routes et encore moins de vélos, ce qui nous fait apparaître comme des intrus).
Mais je sais que cette année, j'aurais la chance d'emprunter de nombreuses pistes cyclables notamment en Belgique et en Allemagne qui sont des pays cyclables exemplaires et qui facilitent la circulation des vélos, en particulier en milieu urbain. La France possède un réseau dense
de routes secondaires mais en ville, les cyclistes doivent
cohabiter avec les voitures et les camions, d'où une vigilance accrue.
Mes bagages se limitent à une sacoche guidon pour les
affaires courantes qui repose sur un porte-bagages avant,
une sacoche triangle pour le vêtement anti-pluie, une sacoche de selle pour le petit outillage, 2 bidons, l’ensemble
pesant de 6 à 7 kg supplémentaires. Comme tout cyclotouriste à "l'ancienne", ma sacoche guidon est équipée d’une
pochette transparente pour visionner la carte et l’itinéraire
choisi.
Ce routage par carte est important parce qu’il permet, en
temps réel, de lire les panneaux indicateurs tout en repérant le tracé sur la carte. Je sais qu'aujourd'hui, de nombreux cyclotouristes utilisent des GPS très performants
pour se guider, mais cela suppose un travail préparatoire
important pour tracer les parcours et les télécharger. De
plus, je préfère lire une carte que suivre une "trace" sur
GPS.
Après un petit-déjeuner copieux pris à la maison, mon fils
me dépose près de la Porte de Pantin, lieu du départ de
ma randonnée Paris - Berlin. Je suis prêt pour entamer
mon périple. J’ai effectué les mois précédents un bon entraînement physique en alignant les km (environ 6 200 km
depuis le 1er janvier) et j’ai durci l’entraînement en programmant quelques sorties de 150 à 200 km en Ile-deFrance et quelques périples dans les cols du Beaujolais.
Cette 1ère étape sera longue avec un bon dénivelé dans sa
2ème partie et un vent de face qui freinera ma progression, mais je m'adapterai en réduisant le braquet face au
vent afin de rester fluide dans l'effort et ne pas m'épuiser.
Je quitte Paris en empruntant la piste cyclable qui longe le
canal de l'Ourcq.
Le canal de l'Ourcq construit entre 1802 et 1825 avait pour
objectif d'alimenter Paris en eau potable. De nombreux
travaux ont permis ensuite d'aménager ses berges pour
en faire une voie qui permet aux cyclistes et aux piétons
de cohabiter sur certains tronçons. Il convient simplement
de modérer sa vitesse en fonction des usagers rencontrés
sur le parcours.
Avec la vallée de l'Ourcq, j'emprunte les routes du pays de
Meaux, on parle aussi de pays Multien. C'est une riche région agricole réputée pour ses cultures de céréales et
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d'élevage à l'image de la Brie voisine. Le pays Multien est
recouvert de limon et sillonné d'ouest en est de vallons
boisés où coulent de nombreuses rivières. Son altitude
moyenne est d'une centaine de mètres avec quelques
points ne dépassant guère les 150 m. Les propriétés sont
importantes en superficie et les villages sont peu peuplés.
Je poursuis ma route ensuite vers le 1er point de contrôle
prévu sur l'itinéraire, Oulchy-le-Château. Oulchy doit son
nom à un château fort qui fut construit dans ce lieu par les
comtes de Champagne antérieurement au 10e siècle. Oulchy et son château ont été pris et repris par les Bourguignons et les Armagnacs au 15e siècle et furent souvent
pillés pendant les confrontations. Louis XII permit aux habitants de rebâtir leur église avec les matériaux provenant
des ruines de ce château.
J'arrive en fin d'après-midi à Avaux et je m'écarte un peu
de mon itinéraire pour rejoindre l'auberge d'Ecry située au
bord de l'Aisne sur la commune de Vieux-lès-Asfeld. Le
restaurant étant fermé le mardi soir, l'aubergiste m'a prévu
un plateau repas copieux qui me convient parfaitement :
boudin blanc aux légumes, hachis Parmentier et fraisier.
Je regarde mon compteur et je m'aperçois que j'ai roulé
pendant plus de 190 km pendant cette 1ère étape. J'envisage de diminuer les distances lors des prochaines étapes, parce que le relief sera plus prononcé.
Mercredi 17 juin : Vieux-lès-Asfeld - Charleville-Mézières Saint-Hubert.
Je parviens à prendre le petit-déjeuner de bonne heure et
je décolle de l'auberge de Vieux-lès-Asfeld à 7 h, parce
que je sais que le massif des Ardennes m'attend avec de
nombreuses côtes et descentes qui vont se succéder
toute la journée.
Qui a dit que la Belgique
était un plat pays ? Je crois
avoir entendu Jacques Brel
le
chanter,
il
devait
sûrement parler de la partie
ouest et maritime de la
Belgique. En fin de journée,
sur un parcours de 152 km,
le dénivelé affichera 2 060
mètres. J'entre ensuite
dans une région riche en
forêts et en herbages, la
Thiérache
qui
valorise
aussi l'élevage laitier. Cette
région
couvre
non
seulement les Ardennes
françaises mais s'étend
aussi aux Ardennes belges.
L'une des curiosités architecturales est la présence d'églises fortifiées qui ont été édifiées comme des châteaux
forts afin de protéger la population en cas de conflit. On
en dénombre plus d'une soixantaine dans la région et elles sont identifiées aussi par des panneaux hexagonaux le
long des routes.
J’arrive ensuite à Charleville Mézières qui est la ville la
plus importante des Ardennes françaises et identifiable
par son hôtel de ville datant de 1930. Je déjeune à midi à
Sugny en Belgique après avoir grimpé une côte de 3 km
mais je suis récompensé par la qualité du repas : sauté
d'agneau aux pommes de terre, salade de fruits, mousse
au chocolat, le tout arrosé par une bière belge.
La frontière franco-belge franchie, je retrouve le même relief accidenté dans les Ardennes belges.
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Je passe à Paliseul, où le poète Paul Verlaine prenait ses
vacances en famille. La maison familiale est devenue un
centre culturel dédié au poète et Paliseul est le point de
départ et d'arrivée de la "Route Paul Verlaine".
Le parcours devient très forestier, l'exploitation du bois
étant l'une des principales activités de la région. J'arrive à
Saint-Hubert, terme de mon étape, ville réputée également
pour la chasse au gros gibier.
Jeudi 18 juin : Saint-Hubert - Saint-Vith - Allemagne - Bad
Munstereifel.
Ce sera à nouveau une étape de moyenne montagne dans
le massif des Ardennes Belge puis le massif de l'Eifel en
Allemagne. Après un petit-déjeuner classique pris à 6h45,
je quitte Saint-Hubert à 7h30. Il a plu toute la nuit et cette
pluie m'accompagnera toute la matinée.
Je suis bien équipé avec un vêtement de type Goretex et
les garde-boue installés sur mon vélo, mais la pluie est
froide dans cette région forestière située à plus de 500 m
d'altitude. La température est de 8° et variera peu pendant
la journée.
Au bout de quelques kilomètres, j'ai la surprise de franchir
successivement 2 cols : celui d'Hurtebize (qui culmine à
525 m) puis celui de Plastrai (549 m). Ces cols grimpent
pendant 3 à 4 km mais les pourcentages ne dépassent pas
4 ou 5%.
Vendredi 19 juin : Bad Munstereifel - Bonn - Eitorf - Windeck - Olpe.
Après un petit-déjeuner copieux à l'allemande (charcuteries, fromages, viennoiseries, yaourts, fruits), je démarre
à nouveau avec une pluie fine qui tombera toute la journée. Sur ce type de randonnées et de parcours en ligne, il
faut chaque matin repartir et suivre le programme envisagé, quelque soit le temps qu'il fait. Cela suppose d'être
bien préparé physiquement, mentalement et matériellement pour affronter tous les imprévus y compris météorologiques.
Heureusement le relief sera pratiquement plat jusqu'à la
plaine du Rhin à Bonn, ancienne capitale de l'Allemagne
de l'Ouest entre 1949 et 1990. Avant d'arriver à Bonn, je
passe à Bad Godesberg, dans la banlieue sud de Bonn.
Bad Godesberg est une station thermale prisée par les
curistes mais le nom de la ville est aussi connu pour avoir
abrité en 1959 le congrès du Parti social-démocrate allemand (SPD) qui avait adopté une rupture avec le marxisme
en prenant pour doctrine « le marché autant que possible,
l'intervention publique autant que nécessaire. »
Je pointe ma carte de contrôle à Bonn avant de poursuivre
ma route. Après Bonn, je longe jusqu'à Eitorf, la Sieg qui
est un affluent du Rhin. Je déjeune dans une Gasthof à
Eitorf avec une omelette aux "Kartofeln" (patates) et aux
champignons, un Apfelstrudel et une bière blonde allemande.
En Belgique, 70 cols sont ainsi officiellement répertoriés
et reconnus avec le label "Randocols". En poursuivant ma
route dans la forêt de Gouvy, je rencontre un panneau qui
relate le lancement des premières fusées V2 conçues par
l'ingénieur allemand Wernher Von Braun.
Cette région est également connue pour l'organisation de
la course cycliste internationale Liège - Bastonne - Liège
qui possède le surnom de "Doyenne" des classiques (la
100ème édition eut lieu en 2014). Son parcours accidenté de
260 km en fait l'une des courses les plus exigeantes. Eddy
Merckx détient le record de victoires (5) obtenues entre
1969 et 1975.
Je déjeune dans une "Bäckerei" à Losheimergraben avant
de franchir la frontière entre la Belgique et l'Allemagne. Ce
sera un gâteau de riz, un apfelstrudel et une banane, avec
un grand chocolat chaud pour me réchauffer.
En arrivant en Allemagne, j'entre dans le massif de l’Eifel
qui se trouve dans les Länders de Rhénanie du NordWestphalie et de Rhénanie-Palatinat. L'Eifel est classé
comme parc national et couvert de forêts de hêtres et de
résineux. La région est très appréciée par les randonneurs. Les paysages de l'Eifel sont très vallonnés et boisés et le massif est coupé de plusieurs rivières descendant dans la direction nord-sud vers la Moselle.
J'arrive au terme de mon étape à Bad Munstereifel qui est
une cité médiévale fortifiée ayant conservé de nombreux
monuments et maisons anciennes. Bad Münstereifel est
aussi une station thermale appréciée et un lieu de villégiature pour les habitants des grandes villes voisines : Cologne - Bonn - Düsseldorf et les autres villes de la Ruhr.
Les maisons sont mises en valeur avec leurs colombages.
Elles sont constituées d'une ossature de bois (avec des
pans de bois) et d'un hourdage qui forme les murs (briques ou torchis ou plâtre). Cette technique de construction a été utilisée dans de nombreux pays d'Europe, à
proximité des lieux d'exploitation ou d'importation du
bois. Partout, des restaurations sont mises en oeuvre afin
de conserver ce type d'habitat dans le patrimoine local.
L'après-midi, je retrouve un relief plus accidenté avec des
montées et des descentes permanentes jusqu'à Olpe (qui
se situe à 350 m d'altitude). Cette petite ville est la porte
d'entrée de deux parcs naturels : Naturpark Ebbegebirge
au nord d'Olpe et Naturpark Rhotaargebirge à l'est d'Olpe.
(Gebirgue signifiant massif montagneux). Olpe est au bord
d'un grand lac artificiel, le Biggesee qui approvisionne en
eau de nombreuses villes de la Rhur.
Samedi 20 juin : Olpe - Winterberg - Korbach - Volkmarsen Hofgeismar.
N'ayant pas pu prendre le petit-déjeuner avant 7h30, je pars
vers 8h15 pour une nouvelle journée de moyenne montagne,
la pluie s'est arrêtée mais la température n'est que de 8° ce
matin. Elle stagnera dans la journée puisque j'évoluerai entre
300 et 700 m d'altitude jusqu'en milieu d'après-midi.
La région est très touristique et recherchée par les randonneurs à pied ou à vélo tout terrain ou tout chemin. L'hiver ces
villages se transforment en petites stations de ski de fond ou
de randonnée pour accueillir les citadins des grandes villes
voisines : Bonn, Köln, Kassel, Göttingen, Siegen... Les villages défilent sur le plateau du Sauerland, j'arrive enfin à Winterberg située à 668 m d'altitude.
La ville de Winterberg est entourée de quelques sommets de
700 à 900 m. Elle est très populaire pour les sports d'hiver et
les randonnées d'été. Au regard de la fraicheur (8°), les gens
sont habillés comme en hiver. Je déjeune dans une Bäckerei
avec un fraisier, un gâteau crémeux aux myrtilles et un grand
chocolat chaud. Je mangerai salé ce soir dans l'auberge qui
m'attend. Je poursuis ensuite jusqu'à Korbach ville dans laquelle je pointe ma carte de contrôle.
A partir de Korbach, je vais descendre progressivement pendant 40 kilomètres jusqu'à Bad Arolsen puis Hofgeismar
terme de mon étape.
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C'est samedi, les routes sont très calmes et le temps maussade n'incite pas les gens à sortir. Le soir, les allemands vont
dîner tôt au restaurant parce qu'ils sont à table à partir de 18h
avec la serviette autour du cou et la fourchette et le couteau
dans les mains pour attaquer leurs plats favoris : Schnitzel
(escalope de viande panée), Schweinhaxe (jarret de porc),
Bratkartoffeln (sauté de pommes de terre à la poêle), Sauerkraut (choucroute), ...
Je dîne dans le restaurant de
l'auberge où j'ai réservé une
chambre en prenant une
spécialité locale : du
boeuf en gelée avec des
petits légumes
(équivalent à
du cornedbeef) et un
strudel, le
tout
accompagné
d'un demi de
bière.
Dimanche 21 juin : Hofgeismar - Uslar - Bodensee - Bad
Harzburg.
En examinant la carte, je vois que ce matin j'emprunterai
la Deutsche Märchen Straße. Cette route est une route touristique rappelant sur plus de 600 km les lieux où se déroulent les contes populaires allemands racontés par les
frères Grimm dans leur célèbre livre : les contes de
Grimm.
Cette route me conduit dans un temps vers la vallée de la
Weser puis je m'oriente progressivement vers l'est en
contournant par le nord la grande ville de Göttingen, réputée pour ses universités et ses centres d'excellence
comme l'Institut Max-Planck et l'Académie des sciences.
Göttingen est aussi une chanson de Barbara écrite en
1964 à l'occasion d'un concert qu'elle donnait en Allemagne à Göttingen. La chanson évoque les guerres francoallemandes qui ont divisé les 2 pays et fait de nombreuses
victimes. C'est aussi un hymne à l'amitié franco-allemande
et de façon plus générale à la paix. En 2002, cinq ans
après la mort de la chanteuse, la ville de Göttingen a inauguré une Barbarastraße (rue Barbara).
J'arrive vers midi à Osterode, un des points d'entrée du
parc national du Harz. Comme c'est dimanche, peu de restaurants sont ouverts et j'en profite pour déjeuner dans un
restaurant asiatique : Nudeln (nouilles) au poulet et glace
aux lychees. Le parc national du Harz a une superficie de
25 000 hectares et le point culminant est le Brocken (1 141
m) plus haut sommet de l'Allemagne du nord. Plus de
95 % de sa superficie est couverte de forêts, essentiellement des conifères. Je vais parcourir le parc toute l'aprèsmidi dans le massif du Acker (Auf dem Acker).
Je quitte Osterode am Harz (200 m d'altitude) et je monte
progressivement pendant 20 kilomètres. Avant la miparcours et en suivant le cours de la rivière Soses, je
croise le lac barrage associé à cette rivière : le Sosestausee. Puis je poursuis ma progression dans le col pour atteindre Dammhaus à près de 800 m d'altitude. La montée
est très agréable parce que la pente n'excède pas 5 à 6%,
ce qui n'a rien à voir avec les cols alpins ou de haute montagne.
Parvenu en haut du col, je descends pendant quelques
kilomètres sur une route à crête de montagne qui me
conduit à Altenau im Oberharz, station climatique et de ski
13très fréquentée de la région. La ville est située sur les
contreforts du massif du Hartz à seulement 12 km du mont
Brocken ce qui explique le développement de la station.
A l'origine, Altenau était un modeste village tourné vers
l'exploitation des mines d'argent de la région. Au XXème
siècle, la ville a développé ses infrastructures pour accueillir curistes et touristes.
Passé Altenau, j'entreprends une descente douce de 20
kilomètres vers Oker en longeant un autre lac barrage,
l'Okerstausee. Parvenu à Oker, il me reste une dizaine de
kilomètres pour atteindre la station thermale de Bad Harzburg, très prisée par les touristes.
Lundi 22 juin : Bad Harzburg - Krottorf - Biere - Barby Zerbst.
Après un petit-déjeuner copieux, je quitte Bad Harzburg à
7 h 30 et j'entre immédiatement dans l'ex RDA (République
Démocratique Allemande) ou ex Allemagne de l'est. Je
franchis cette frontière symbolique à Stapelburg.
25 ans après la réunification (1990), l'Allemagne est devenue un pays de plus de 81 millions d'habitants et la première puissance économique d'Europe. Elle compte parmi
les pays industrialisés, les plus performants dans le
monde. Mais les efforts et les soutiens ont été considérables pour rapprocher les deux "Allemagne".
En passant de village en village, je me rends compte de la
qualité des routes, identiques à celles que j'ai empruntées
auparavant et de nombreuses installations d'éoliennes
pour la fourniture de l'énergie.
Dans de nombreux villages, les secteurs pavés sont restés
en l'état et sont peu propices à la pratique du vélo, surtout
en cas de pluie. On voit aussi de nombreux bâtiments
agricoles ou industriels désaffectés et non réhabilités.
Je remarque, en roulant, que beaucoup d'arbres fruitiers
(cerisiers, pommiers, poiriers, noyers) sont plantés le long
des voies publiques plutôt que des arbres d'ornement.
J'avais déjà vu la même chose en République Tchèque, en
Hongrie, en Slovénie ou en Croatie. C'est utile et cela permet à chacun de consommer les fruits lorsqu'ils mûrissent.
Le trafic automobile est moins dense, mais je trouve que
beaucoup de camions empruntent les routes secondaires.
Dans la matinée, je contourne par le sud Magdebourg,
grande ville historique et industrielle de 230 000 habitants,
située au bord de l'Elbe. Comme nous sommes en ex RDA,
j'ai la surprise de voir de temps en temps une Trabant qui
était la voiture culte de l'après guerre en Europe de l'est.
Je déjeune ensuite à Schönebeck (située au sud de Magdebourg) également au bord de l'Elbe. Ce sera un repas
typiquement allemand avec une Wiener Schnitzel (escalope pannée) et un Apfelstrudel.
En regardant mon road-book, je vois que je dois traverser
l'Elbe. L'Elbe est un fleuve de 1091 km qui prend sa source
en République Tchèque mais la majeure partie de son
cours se déroule en Allemagne. Il se jette dans la mer du
nord par un long estuaire sur lequel se trouve Hambourg,
premier port allemand.
Pour franchir l'Elbe, je préfère prendre un bac à Barby, ce
qui m'évite la recherche d'un pont. Le bac est rustique
mais très pratique et pour la somme modique de 1,50 euros et 5 mn de passage, je suis sur l'autre rive.
Je me rapproche de la ville de Zerbst, ville historique et
fortifiée dont l'existence remonte à l'an 1000.
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C'est une ville aujourd'hui composée de 25 000 habitants
qui porte encore les traces des bombardements de la
2ème guerre mondiale. Le 16 avril 1945, 85 % de la ville fut
détruite par un bombardement de l’aviation angloaméricaine. Je m'y arrête dans une pension de famille où
j'ai réservé une chambre pour 40 euros la nuit avec petitdéjeuner. Je suis très bien accueilli par la famille.
Mardi 23 juin : Zerbst - Rottstock - Postdam - Wannsee Berlin.
C'est ma dernière étape avant d'arriver à Berlin, mais la
météo n'est pas engageante parce qu'il a plu toute la nuit
et en me levant le matin, elle tombe toujours autant. Elle
ne cessera pas de la journée. Je me prépare donc pour
affronter les éléments en m'équipant au mieux et en prenant les mesures de sécurité (goretex jaune, lumières led
allumées à l'avant et à l'arrière de mon vélo, garde-boue en
place, protège sacoche, lunettes transparentes, casque).
Le parcours traverse de nombreuses forêts et j'ai le plaisir
de constater que de nombreuses pistes cyclables existent,
ce qui me rassure par temps de pluie. Je progresse bien
malgré la pluie parce que le vent d'ouest est favorable et
me pousse dans le dos. J'ai ainsi l'impression d'être
moins gêné et surtout moins mouillé. A midi, je me trouve
dans les faubourgs de Potsdam, ville historique qui se
trouve à 40 kilomètres au sud-est de Berlin.
C'est à Potsdam qu'eut lieu le 21 mars 1933 la première
mise en scène de la propagande nazie par Goebbels,
connue sous le nom de "Journée de Potsdam". En juilletaoût 1945, les alliés victorieux du Reich, tiennent une
conférence qui détermina le sort des pays vaincus.
Je demande à une cycliste quelle est la route la plus pertinente pour se rendre à Berlin à vélo. Elle me précise
qu'une piste cyclable existe le long du lac de Wannsee,
mais j'ai peur des crevaisons avec la pluie. Elle m'emmène
voir un de ses amis français qui tient un magasin bio et un
restaurant associé. J'en profite pour déjeuner sur place et
effectivement ce jeune français me conseille de prendre la
nationale 2 puis la 1 pour parvenir à Berlin, sachant que
ces nationales sont doublées sur tout le parcours par des
pistes cyclables sécurisées.
Je reprends la route
courageusement, parce
que la pluie est drue, en
me disant que l'arrivée
est proche et que 40
km, c'est peu par
rapport à ce que
j'ai déjà fait. La
région de Berlin
est entourée de
forêts, de lacs et
de rivières (au
confluent de la
Spree et de la Havel) et se situe dans une vaste plaine qui
s'étend de l'Allemagne de l'est à la Pologne toute proche.
D'ailleurs, l'étymologie de Berlin est issue d'une racine
slave (brl) qui désigne un marais ou une zone marécageuse.
Au fur et à mesure que j'avance, je m'aperçois que je suis
rapidement dans les premiers faubourgs de Berlin parce
que la ville même est immense : Berlin a une superficie de
892 km2 alors que Paris a une superficie de 105 km2. Berlin a donc un territoire 8 fois supérieur à Paris. En traversant une des forêts berlinoises, je vois une cigogne qui
vaque tranquillement à ses occupations.
Je me rapproche progressivement du centre ville en
voyant les panneaux indiquant les secteurs les plus
connus de la ville. En plein coeur de la ville, les Berlinois
peuvent profiter d'un vaste parc de 210 hectares : Tiergarten qui est leur poumon vert. C'est l'un des lieux de promenade privilégiés des habitants et des touristes.
Comme je suis à vélo, j'en profite pour faire un rapide tour
des quartiers les plus excentrés, parce que j'ai prévu le
lendemain de visiter le centre ville à pied. J'aime bien
marcher et je capte mieux l'atmosphère de la ville en étant
au contact des habitants et en visitant les monuments et
les musées.
Par ailleurs, l'immensité de la ville a permis aux urbanistes
de prévoir de larges avenues, des pistes cyclables et des
trottoirs bien aménagés. La ville est paisible et peu
bruyante parce qu'elle permet une cohabitation harmonieuse entre tous les moyens de transport.
En milieu d'après-midi, je me dirige vers l'hôtel (Arco Hotel) que j'avais repéré sur le guide Cartoville édité par Gallimard, bien situé dans le quartier de Schöneberg par rapport au centre ville et réputé pour la qualité de son accueil
et ses prestations. Je suis heureux d'arriver au terme de
ma randonnée et j'en oublie la pluie qui m'a taquiné toute
la journée.
En passant à Potsdamer Platz, je demande à un touriste de
me prendre en photo pour conserver un souvenir (humide)
de mon arrivée et je rejoins mon hôtel en me réjouissant à
l'avance de la bonne douche chaude qui m'attend. En soirée, je déjeune dans un restaurant turc, avec un Döner Kebab à l'assiette, la viande de mouton étant cuite avec une
rôtissoire tournante verticale.
Jeudi 25 juin : C’est fini - Retour Berlin - Paris.
C'est le jour du départ, il me reste à prendre le taxi pour
aller de mon hôtel à l'aéroport de Berlin Tegel. Je déjeune
bien, parce que la journée sera longue entre l'attente à
l'aéroport, le vol de 2 heures en avion, le retour en RER
jusqu'à Saint-Rémy-les-Chevreuse, puis le retour en vélo
jusqu'à mon domicile à Plaisir.
A 9 h, je prends le taxi que m'a commandé la responsable
de l'hôtel. C'est une Mercedes break qui permet d'installer
mon vélo sans le démonter. Lors de l'enregistrement, le
comptoir Air France me donne le carton que j'avais réservé pour emballer mon vélo et le protéger pendant le transport. Le vélo est embarqué dans la soute et après un vol
de 2h, j'arrive à Roissy vers 15h et je récupère mon vélo
intact.
Plutôt que de faire le tour de l’Ile-de-France au milieu des
voitures, je préfère prendre le RER de Roissy jusqu’à
Saint-Rémy-les-Chevreuse. Les rames de queue et de tête
du RER ont des compartiments prévus pour les vélos, ce
qui est très pratique. Arrivé à Saint-Rémy-les-Chevreuse,
j'enfile mes habits de cycliste, pour franchir les 33 derniers km qui me ramènent à Plaisir.
La boucle est ainsi bouclée et j'ai réussi mon objectif
d'accomplir un nouveau trait d'union européen. L'avantage
est que l'on avance à son rythme au fil des journées. Mais
le dénivelé de 10300 mètres, la distance de 1 337 km, les
conditions météorologiques et la qualité inégale du revêtement des routes, exigent un entraînement sérieux les
mois précédents et une bonne préparation logistique et
mentale. Il s'agit de bien doser son effort et d'être capable
de surmonter, sans stresser, les quelques difficultés qui
peuvent surgir. Au niveau matériel, tout a été parfait : aucune crevaison et aucun ennui mécanique. La "monture"
s'est bien comportée et les "manivelles" ont bien tourné.
Auf wiedersehen und bis bald.
Michel Bonnard - Membre de la Confrérie N°314
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PETITES NOUVELLES DE NOTRE CONFRÉRIE
Encore deux mois calmes pour notre Confrérie, nous
avons toutefois eu le plaisir d’accueillir un nouveau
Confrère : Alain Lecourt de La Chapelle de Guinchay (71),
avec plus de trois Tours de la Terre et 16 pays visités c’est
le 316ème inscrit, il y a également d’autres futurs Confrères
qui attendent la fin de saison pour nous envoyer leur palmarès.
Toujours beaucoup de commentaires à la réception du
bulletin, nous vous en livrons quelques-uns :
Merci infiniment pour votre nouveau bulletin qui ne manque pas de magnifiques sujets comme d'habitude. Bien
cordialement. André Kardrasz
Bonsoir. Je viens de recevoir le bulletin que je parcours
toujours avec plaisir. J’ai arrêté ma 56ème SF à Albi en me
rendant au départ le mercredi matin : j'ai été percuté par
une voiture venant de ma gauche (donc en tort) : fracture
de la branche ischio-pubienne gauche du bassin et fractures de 5 côtes, quelques dégâts à ma randonneuse Alex
Singer. Je suis actuellement dans un Centre de soins de
suite et de réadaptions à Talence. Bien amicalement Henri
Bosc. PS Je conseille vivement le livre de Paul Fabre présenté dans « Cyclotourisme ».
Merci pour ce nouveau numéro. Ce fut un plaisir de t’avoir
rencontré sur le stand RSF d’Albi. Amitiés cyclos. Bernard
Mareuil
Merci pour cette saine lecture. Amitiés, Raymond Henry
Merci pour le bulletin toujours lu avec attention et même
gourmandise. Le bonjour aux anciennes connaissances.
Amitiés cyclos. Michel Forestier.
Merci pour ces bons moments d'évasion. Alain Collongues
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VOYAGE À L’AVENTURE DANS LA YOUGOSLAVIE DE 1954 (4).
13 août, réveil très matinal pour cette étape qui commence
dans un bouillard épais et froid, heureusement la route est
en montée, ce qui me réchauffe et me permet rapidement
de m’élever vers une région où le soleil est présent.
Un petit lac où se reflètent les sommets découpés est magnifique. Après le village de Carbonica, la pente devient
plus sérieuse sur cinq kilomètres pour me mener au site
merveilleux de Misurina.
Un lac à l’eau bleue intense bordé de grands hôtels
luxueux sur un fond de montagnes dolomitiques. J’en fais
le tour tranquillement, il fait assez frais l’altitude avoisine
les 1700m.
La route s’élève brusquement
sur quelques kilomètres avant
de rencontrer le panneau Col
de Tre Croci, un petit tour à
l’hôtel du sommet pour un
cachet souvenir, je suis à
1809m d’altitude, puis photos diverses, et en avant pour la
descente.
Une mauvaise surprise, le goudron a disparu c’est par un
chemin poussiéreux et caillouteux que je dois rejoindre la
ville de Cortina d’Empezzo où doivent se dérouler, dans
deux ans, les Jeux Olympiques d’hiver. Je descends doucement ce qui me permet d’apprécier le magnifique
paysage qui m’entoure. Deux grands lacets difficiles à
passer et je suis dans la ville.
Mon vélo laissé sur une place, je vais parcourir les rues où
les commerces et les hôtels se succèdent. Un télésiège
fait sa ronde incessante au-dessus de ma tête, pour une
photo, j’attends vainement le passage d’une cabine occupée, de guerre lasse je reprends la route.
Et elle est de nouveau en forte montée, le paysage est
grandiose. A l’altitude 1500, le goudron que j’avais retrouvé à l’entrée de la ville, de nouveau disparaît. Au fil des
kilomètres elle se rétrécit pour devenir un ruban blanc
couvert de gravier, il faut encore pas mal d’efforts pour
15dépasser la pancarte « Altitudina 2000 mètres ».
De là j’aperçois le sommet quelques lacets plus hauts, il y
a pas mal de voitures ce qui occasionne de gros nuages
de poussière blanche qui mettent longtemps à se dissiper.
Après un dernier effort je
suis au chalet du col de
Falzarego 2117m. Quelques
photos, un cachet souvenir
et en route pour la descente
toujours aussi mauvaise…
Enfin, après une dizaine de kilomètres, le parcours devient
un peu moins rude et surtout goudronné. Un premier village, Androz est vite traversé, encore dix kilomètres pour
arriver à Arabba, là encore il n’y a rien pour satisfaire mon
estomac qui crie famine…
Encore plus bas, Pieve di Livinallongo où un restaurant
devant lequel de nombreuses voitures stationnées, ce qui
est bon signe, va me servir un copieux repas : risotto au
fromage et omelette à la confiture arrosée d’un rosé, tout
ce qu’il y a de meilleur et une note légère de 530 lires.
Il est 14h passé quand je quitte ce lieu divin, il me reste 70
kilomètres et deux cols. Dès la sortie du village de nouveau la caillasse et ça monte sérieusement, le temps est
idéal, ciel bleu et quelques gros nuages blancs qui font
encore mieux se détacher les sommets découpés.
Enfin à la sortie d’un lacet particulièrement serré, j’aperçois l’auberge
marquant le sommet, quelques
centaines de mètres et je suis au
Col de Pordoï, il est le plus haut
des Dolomites avec ses 2250m.
Là-haut au pied des massifs du Sella
et de la Marmolada quelques marchands de
souvenirs, surtout des pipes de toutes formes et couleurs,
ont monté leur étal. Après un cachet souvenir et un dernier regard sur ce site hors du commun, j’attaque la descente, qui encore une fois s’avère très pénible vu l’état de
la route qui ne s’améliorera pas avant la traversée de Canazei où je ne m’arrête pas.
16
La route est un peu moins mauvaise et continue en forte
descente pour s’aplanir vers Vigo di Valles et repartir en
montée dès ce village traversé, direction vers le quatrième
col de la journée… tout comme les autres c’est une suite
de lacets. Si le paysage est joli, ce n’est plus la montagne
découpée des Dolomites.
Enfin après force lacets j’arrive
au sommet qui ressemble à un
village vu le nombre d’hôtels
qui s’y sont installés, le Col de
Carezza 1758m comme l’indique un panneau, un coup de tampon
et je n’ai plus qu’à me laisser glisser sur une route au
revêtement de très bonne qualité.
Les tournants se succèdent, je traverse des gorges sombres, déjà vingt kilomètres de franchis, un policier me fait
signe de ralentir pourtant il n’y a rien en vue… beaucoup
plus loin à un passage à niveau, une tache d’huile due à
un accident de scooter, je l’évite de justesse.
Un grand carrefour pour les directions d’Innsbruck et de
Bolzano, c’est cette dernière qui sera mon étape du jour.
La recherche d’un hôtel est laborieuse, deux, trois sont
complets, le suivant à un lit mais il faut partager la chambre avec 3 compagnons ! Quant à mon vélo, il ira dormir
dans la cave.
Je vais manger dans un petit restaurant repéré en ville, à
l’hôtel je retrouve mes jeunes compagnons de chambre, je
me rase, ce qui étonne beaucoup mes voisins de lit, avec
de grandes précautions ils font un essai. C’en est fini de
cette rude journée.
Un lever en douceur à 6h30 pour ne pas éveiller les autres
dormeurs. En bas on m’annonce que mon vélo est toujours dans la cave, le patron n’a pas laissé la clé. Je vais
faire un tour au marché qui bat son plein, à mon retour le
vélo m’attend. Je mange les provisions achetées au marché : pains au lait et raisins, du muscat à gros grains.
Je roule dans une grande vallée où se succèdent les vergers d’arbres fruitiers couverts de fruits. Une bonne allure
qui ne durera que quelques kilomètres, la route commence
à s’élever dans la forêt de sapins, sur ma tête un téléphérique amène les touristes vers de hauts sommets.
Brusquement le goudron disparaît, ou plutôt fait place à
un revêtement tout frais recouvert d’une épaisse couche
de gravillons. Plusieurs fois il faut
m’arrêter pour débloquer mon
dérailleur
coincé
par
les
graviers. Une chèvre en profite
pour venir me dire bonjour,
mais en fait elle semble être
intéressée par le cuir de ma
selle, la gourmande…
De lacets en lacets, l’altitude
étant indiquée je constate qu’à
chacun je m’élève de 50 mètres. A
force j’arrive au col de Mendola, un paysage ordinaire, je
dois être blasé ? L’altitude 1375m. La descente sur sept
kilomètres est rapide et la route excellente me mène à
Fonda, début de la large vallée du Nocé coincée entre les
montagnes.
Quelques villages rapidement traversés, midi n’est pas
loin, j’ai faim et la route qui se met à escalader des vallonnements, midi sonne, j’entre dans Fucine où je trouve une
grande épicerie, ce qui est assez inattendu dans ce village
perdu !
Je fais vite mes achats de midi : thon, salami, etc.. et vais
vers le cimetière près duquel je trouve de l’eau et une allée
bien ombragée pour manger tranquille à l’ombre, le soleil
est terrible aujourd’hui. A 14h il faut repartir, j’aurais bien
passé l’après-midi ici !
Ce village en fait est le pied d’un col, j’en ai pour quinze
kilomètres de montée sur une
bonne route à la pente régulière et
en grande partie ombragée, quoi
demander de mieux ? Au sommet,
de ce nouveau col, le Tonale
1884m, je me paye un vermouth et
en profite de faire un tampon
souvenir. La descente est vraiment
spectaculaire, avec la vue de près
d’une quinzaine de kilomètres de
route en lacets avant de s’enfoncer dans une gorge profonde.
Descente agréable, avec quand même parfois la disparition du goudron sur quelques centaines de mètres. Un village Ponte di Legno franchi en trombe avant de trouver le
cours de l’Oglio, un torrent s’engouffrant dans une gorge
qui va me mener à Edolo.
C’est un modeste village de montagne, mais c’est surtout
le début de la montée vers le col d’Aprica. La route est
toute droite, mais ce qui m’inquiète, c’est le temps qui se
dégrade rapidement, j’accélère un peu, la pente n’est pas
dure. Au bout d’une demi-heure le ciel est devenu tout noir
et c’est dans la direction que j’emprunte !
Me voici au sommet, 1200m
d’altitude, il s’y est formé un petit
village, de nombreux hôtels et quelques marchands de
souvenirs, vu le temps je ne m’attarde pas, mais à peine
entamée la descente de grosses gouttes commencent à
tomber, j’enfile le poncho et je vais vite voir, si plus bas il
fait meilleur !
Ce n’est pas le cas… le goudron une nouvelle fois disparaît, le chemin se transforme en torrent, malgré les freins
serrés à bloc, j’ai l’impression de sauter d’un cailloux à
l’autre. Je crois que jamais je ne m’étais trouvé dans une
telle situation, la visibilité est d’à peine deux mètres.
Le goudron réapparaît et les lumières d’un village, car le
ciel est si sombre qu’il fait presque nuit, tout dégoulinant
de pluie je vais dans un café pour m’entendre dire qu’ici il
n’y a rien pour loger, il faut aller au village suivant à cinq
kilomètres. Mouillé pour mouillé, je repars tout de suite et
fait le trajet au sprint…
Toutes les maisons étant alignées le long de la route, je
trouve sans peine l’unique café, hôtel restaurant, il faut
pas mal de « parlementations » pour me faire comprendre.
On m’alloue une chambre et l’on prépare mon repas, j’en
profite pour voir les dégâts causés par la pluie.
Toutes mes cartes sont mouillées, je les étale sur une table ce qui amène la curiosité de tous les clients. Le repas
arrive, pendant que je mange, on me fait passer sur le
pick-up tous les disques de chansons françaises en leur
possession.
Après ce très bon repas, je monte me coucher et finir de
me sécher après cette étape mouvementée de 181 kilomètres.
15 août, un petit déjeuner matinal, le temps n’est pas encore remis de l’orage. Un peu d’huile sur la chaîne qui
commence à rouiller, et je démarre sur une route encore
mouillée, elle est en pente douce aussi je suis vite dans la
ville de Sondrio où tout est encore endormi. Seul le Syndicat d’Initiative est ouvert, on me donne un gros paquet de
documentation sur la région.
16
17
Un peu plus loin, un nouvel arrêt pour me ravitailler, beaucoup de gens ont mis leurs beaux habits du dimanche et
se préparent à aller à la messe.
La route le petit torrent Adda, un petit tour près de son lit
et je constate que de nombreuses truites y ont élue domicile. Un grand embranchement pour les directions de
l’Autriche ou de Milan, c’est celle que je choisis, elle va me
mener sur le Lac de Côme.
Il faut d’abord contourner le joli petit lac di Mezzola, ensuite une route s’incruste entre les rives et la montagne
sur une dizaine de kilomètres, un village, Gravedona, son
port est encombré de barques ornées de cerceaux servant
à poser une bâche destinée à protéger aussi bien du soleil
que de la pluie, ce qui pourrait être le cas aujourd’hui !
Je continue de longer le lac alors que les cloches des villages se mettent à carillonner, un concert impromptu qui
Les deux mois écoulés ont été marqués par la reprise de
nos activités après la Fête des Sports. Une sortie découverte dans les gorges du Tarn vers Penne et son château
vertigineux.
La semaine suivante était placée sous le signe des Journées du Patrimoine, ce fut l’occasion d’un week-end magnifique dans le Volvestre avec de nombreuses visites allant d’églises à des châteaux, abbayes, pigeonniers, moulin à eau et pour finir hôpital psychiatrique de Toulouse.
Le groupe de Montauban se contenta de la visite du château de Reyniès commentée par son propriétaire.
Pour la Randonnée des Noisettes une splendide journée
d’automne avec un peu de brouillard au départ. Avec la
manie de ne pas publier les itinéraires, nous avons loupé
l’occasion de rejoindre le circuit, mais nous n’avons pas
loupé notre sortie promenade. St Nicolas, ses beaux monuments et surtout le point ornithologique où s’ébattent
des milliers d’oiseaux, retour par les vergers aux arbres
chargés de pommes de toutes variétés, et 100 kilomètres
aux compteurs
La Concentration des Cols Durs qui avait lieu au Col de
Monségur, au pied de la forteresse Cathare se fit avec le
soleil, 4 Randonneurs étaient présents en ordre dispersé,
mais tous très heureux d’avoir roulé dans les magnifiques
paysages ariégeois, ils en ont profité pour s’offrir quelques cols, nouveaux pour eux.
Un week-end pour la Randonnée du Capitole à Toulouse
un temps splendide pour parcourir les coteaux de la région de Caraman où sont parsemées d’anciennes fermes
ayant de belles vues sur les vallées et sur la chaîne des
Pyrénées. Fin en apothéose place du Capitole où un fort
public d’amateurs de rugby avait envahi la place, pour voir
me suit sur des kilomètres. Arrivé à Menaggio je suis à
l’extrémité du lac, changement de direction, ce qui me
vaut une longue et belle montée vers un petit lac bordé de
joncs.
Une descente du même acabit me fait découvrir le lac de
Lugano enchâssé dans les montagnes. Midi passé, je suis
à Portelazzo, village au bord de l’eau, quelques achats à
l’épicerie : fromage, salami, fruits et je pars en quête d’un
coin pour manger, un pré au bord de l’eau est idéal même
pour une petite sieste au soleil retrouvé.
Quelques kilomètres plus loin, c’est la frontière Suisse,
une longue file de voitures, je vais directement au poste
de douane, un coup de tampon sur mon passeport et je
peux passer. Il reste un tunnel à franchir et me voici en
Suisse.
Louis Romand (à suivre)
sur les écrans géants de TF1 un match où la France se fit
plumer par l’Irlande… déception…
Nos sorties de la journée : celle du mois de septembre
avait pour but Pompignan. Un temps magnifique, un nouveau coin pique-nique tout neuf, des grillades excellentes
arrosées à la traditionnelle Sangria. Sur le retour par la
plaine de Garonne plusieurs nouveaux pigeonniers furent
découverts pour le plaisir des photographes.
La journée d’octobre fut encore une réussite question
temps, si au départ les gants n’étaient pas de trop, par la
suite le soleil fut bien présent, heureusement car les objectifs des photographes ne savaient où donner du clic
devant tous les pigeonniers de la région d’Escatalens et
de Finhan. A midi on fêtait deux anniversaires, Michel et
Louis, gâteaux divers, rosé et sangria étaient du repas.
Notre blog : randonneurssansfrontières.wifeo a été un peu
relooké à la demande de la FFCT dans sa présentation. on
dénombre à ce jour plus de 52000 visiteurs, pensez à y
suivre les dernières nouvelles du club, chaque semaine 3
photos des sorties de la semaine précédente y sont publiées. C’est toujours Vincent le dévoué web master.
La soirée du 70ème Trophée a été annulée, la municipalité
ayant mis près de 2 mois pour nous informer que la salle
habituelle ne pouvait être mise à notre disposition ? Pris
de court nous ferons la remise des souvenirs au cours de
notre Assemblée Générale qui se déroulera le samedi 9
janvier 2016.
La couverture de ce bulletin est la reproduction de la couverture d’un catalogue de vélo de 1915-1916 quelle évolution !
Zut alors ! Cyclistes, avec ou sans gilet
A la fois chercheur et cycliste, un universitaire britannique a testé sept tenues différentes en pédalant tous les jours jusqu’à
son bureau. Equipé du cuissard des professionnels ou arborant une veste à bandes réfléchissantes marquée «Novice », il a
enregistré avec un appareil à ultrasons la distance à laquelle chaque voiture le doublait.
Surprise ! D’après l’analyse du département de psychologie de l’université de Bath, aucun accoutrement spécifique n’incite
les automobilistes à la prudence. On retrouve toujours de 1 à 2 % de voitures qui frôlent le cycliste, à moins de 50 centimètres. Et la proportion augmente quand il s’agit de bus ou de camions. Conclusion rien ne sert d’équiper les cyclistes en gilets fluo, il vaut mieux éduquer les conducteurs. Ou aménager des pistes cyclables.
17
18
LE SUPER CHALLENGE RSF APRÈS 70 TROPHÉES
1
ROMAND
Louis
586
52
LALLEMAND
William
15
103
RENARD
Jean-Pierre
5
2
BARANGER
Philippe
209
52
PONS
Frédéric
15
103
SABRI
Saber
5
3
DELPECH
Alain
156
52
PUNSOLA
Marc
15
113
BERTRAND
Lionel
4
4
CANTORE
Alain
150
59
BATUT
Xavier
14
113
BRIOUAL
Ridoine
4
5
IMBERTY
Yannick
126
59
BRIOUAL
Houssine
14
113
CAZIN
Gontran
4
6
MOUCHON
Frédéric
117
59
PIERDET
Christiane
14
113
DOS SANTOS
Daniel
4
7
MERCIER-PILON
Maïté
108
59
THERME
Alain
14
113
HSAIN
Nouredine
4
8
ARADES
Julien
99
63
NARGIL
Vincent
13
113
HUSSON
Raphaël
4
4
9
LESCURE
Ludovic
87
63
NELEN
Florence
13
113
LEPRETTE
Clément
10
PUPILE
Serge
79
63
PICHON
Alexandre
13
120
AKTAS
Aydin
3
11
BOUR
M-France
75
66
ADENIER
Sébastien
12
120
ALVAREZ
Franck
3
12
CHANSOU
Marie-José
73
66
DESAINTPAUL
Sylvain
12
120
BARITEAU
Philippe
3
13
TOURIOL
Jérôme
68
68
AURIENTIS
Nadine
11
120
BURRONI
Clément
3
14
METCHE
Gérard
66
68
CAMPAGNA
Jeremy
11
120
CHAHBOUNE
Driss
3
15
DELMAS
Georges
58
68
MARTIN
Rolland
11
120
CHARTON
Nathalie
3
16
MARTIG
Julien
57
68
MOHAMED
Amar
11
120
DE MALAFOSSE
Gauthier
3
17
DAVY
Thomas
55
72
HUSSON
Frédéric
10
120
HELFRICH
Frédéric
3
18
LAULAGNET
Julien
52
72
LAURENT
Anthony
10
120
HERAL
Christopher
3
19
MOSER
Christophe
49
72
MARCIEL
Jérôme
10
120
LANOY
Sylvain
3
20
FERRIERES
Éric
46
72
MEILHAN
Céline
10
120
MEYRIGNAC
François
3
21
DELBREIL
Marinette
44
72
VALERY
Marie-Claire
10
120
PHILIPPART
Henri
3
22
BELVEZE
Albert
43
77
BREGON
Grégory
9
120
SERRANO
José
3
23
FERROVIECCHIO
Michèle
42
77
CONTE
David
9
120
SZCZOTKOWSKI
Gaël
3
24
IMBERTY
Chantal
42
77
FRANCISCO
Mathias
9
120
VICEDO
Vincent
3
24
PUPILE
Patrick
42
77
MAURER
J-Claude
9
120
WEKSTEEN
Christophe
3
26
LACASSAGNE
Jacques
40
77
TOUZEAU
Francis
9
136
AZNAR
Alexandre
2
26
ROUGE
Guy
40
77
VEZIN
Patrick
9
136
DELGADO
Benjamin
2
28
DALLA COSTA
Robin
39
83
BENAMARA
Chakir
8
136
DELMAS
Claude
2
28
PEDECHE
Laurent
39
83
DELBES
Dominique
8
136
DEPAOLI
Hélène
2
30
KOTHE
Stéphan
38
85
BOUNDKA
Mickaël
7
136
DUCLOS
François
2
31
COUGOULE
Marc
35
85
DUCLOS
Jean
7
136
DUMAN
Wisam
2
31
PARSON
Thomas
35
85
FAVA
Alain
7
136
ESCOLANO
Bernadette
2
31
SABATIE
Jean-Luc
35
85
GLORIEUX
Jean-Marie
7
136
GINIBRE
Éric
2
34
CANTIRAN
Cécile
34
85
GUITARD
Xavier
7
136
HERAL
Elisabeth
2
34
CARAYOL
Maxime
34
85
HUJALE
Abdi Fatha
7
136
LACOSTE
Monique
2
34
BOUYAL
Nicolas
33
85
KOTHE
Odile
7
136
MORENTE
Jonathan
2
34
PALDUPLIN
Kévin
33
85
OZOUX
Billy
7
136
PALDUPLIN
Dimitry
2
38
CHAUVET
Stéphane
32
85
PARIS
Laurent
7
136
PASCO
Thierry
2
39
BASQUES
Marcel
27
85
THERON
Louis
7
136
PEDECHE
Fabrice
2
40
CALVO
Mickaël
24
95
AURIENTIS
Michel
6
136
TISON
Jerôme
2
40
GAILLARDEAU
Patrick
24
95
BECART
Jérôme
6
151
BALDY
Frédéric
1
42
AUZAS
Vincent
23
95
BOUTEYRE
Sébastien
6
151
BALZAN
Mauricette
1
42
SIBASSIE
Richard
23
95
CALNAN
Carol
6
151
BARJON
Clémentine
1
44
GLEIZES
Arnaud
22
95
CASES
Madeleine
6
151
BOUZIGNAC
Laurent
1
45
DALLA COSTA
Thierry
21
95
COSTES
Jérôme
6
151
CAZES
Madeleine
1
46
LADES
Frédéric
19
95
MALTERE
Christophe
6
151
CHEVALIER
Régis
1
46
LADES
Isabelle
19
95
REFIS
Michael
6
151
DANIEL
J-Jacques
1
48
GOMEZ
Magali
18
103
ALVY
Nicolas
5
151
DELILLE
Romaric
1
49
BROCA
Damien
17
103
ANDRIEU
Nicolas
5
151
DOS SANTOS
Joaquim
1
49
HUSSON
Gérald
17
103
BARDOT
Xavier
5
151
ELFALLAKI
Hichame
1
51
DOS SANTOS
Jacqueline
16
103
CALVET
Catherine
5
151
GARET
Marie Noëlle
1
52
CASTELA
Frédéric
15
103
DANIEL
Nathalie
5
151
LAFITTE
Annie
1
52
CONDEZ
José
15
103
GOMEZ
Mariano
5
151
MATLOUB
Bassam
1
52
GISBERT
William
15
103
PENDARIES
Sébastien
5
151
MOUREAU
Raymond
1
52
HUJALE
Fuad
15
103
POMAR
Lucien
5
151
PONCELET
Michèle
1
Les points de ce Super Trophée sont acquis en comptant 10 points au 1er d’un Trophée, 9 au 2ème, 8 au 3ème, 7 au 4ème,
6 au 5ème, 5 au 6ème, 4 au 7ème, 3 au 8ème, 2 au 9ème et 1 au 10ème. Ils sont attribués à vie.
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LES VOYAGES ET WEEK-ENDS À VENIR
31 octobre-1er novembre : Week-end des vacances de Toussaint dans les coteaux du Quercy vers Lauzerte.
21-22-23 novembre : Randonnée du Gaillac Primeur, nombreuses dégustations de vin nouveau.
28-29-30 novembre : voyage dans le Gers ou Souvenir Patrick Plaine à Montendre les Pins.
19-20 décembre : week-end dans la région de Toulouse, Marché de Noël, illuminations.
27 décembre – 3 janvier : voyage de fin en direction de l’Espagne, inscriptions avant le 14 décembre.
C’est le moment de renouveler votre licence-assurance pour 2016.
Dès le 15 décembre vous pourrez reprendre votre assurance
Le tarif 2016 est en hausse de 1€ (cotisation FFCT) : ce qui donne :
- Moins 25 ans 27,50 - adulte + 25 ans 47,50 Famille 2ème membre 37,50 € L’abonnement à la revue fédérale passe à 24€.
Comme les années précédentes les Randonneurs ayant participés avec le Club
à 6 manifestations cyclotouristes auront une ristourne de 10 euros,
cela concerne 7 Randonneurs.
Les bornes souvenirs seront remises à l’Assemblée Générale
du samedi 9 janvier à 14h.
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