L`appelau«peuple», credoducandidatSarkozy

Transcription

L`appelau«peuple», credoducandidatSarkozy
Cinéma
« La Désintégration »,
chronique réussie
de l’islam en banlieue
Critiques pages 25 à 27
Mercredi 15 février 2012 - 68e année - N˚20861 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz
L’appel au «peuple»,
credo du candidat Sarkozy
La leçon de Bill Clinton
t Extraits exclusifs de son livre Page 24
t Un entretien télévisé mercredi soir et un grand meeting à Annecy, peut-être un livre
«intime » en mars: c’est le dispositif retenu par une équipe Sarkozy en proie au doute
t Rebond ou pas ? Historiquement, les présidents sortants ne profitent pas de leur annonce
t Moody’s, encensée par M. Sarkozy, émet à son tour des réserves sur la note de la France
t Le PS, s’il gagne, hésite à purger le corps préfectoral, très marqué à droite
N
icolas Sarkozy a fait, dans l’Isère, au chevet de l’entreprise solaire Photowatt en
faillite, son dernier déplacement de président. Dès mercredi soir 15 février, celui qui reste très optimiste sera candidat et le fera savoir
par une intervention télévisée, probablement
sur TF1. « Du peuple, par le peuple, pour le peu-
ple », estiment ses proches, qui ont fait de cet
extrait de l’article 2 de la Constitution la ligne
directrice d’un dispositif qui a pour ambition
de retrouver la magie de la conquête de 2007.
Cependant, qu’ils se soient déclarés par fax
ou à la télévision, en format court comme
M. Mitterrand en 1988 ou plus longuement
comme M. Giscard d’Estaing en 1981, l’annonce
des présidents sortants n’a jamais eu d’impact
durable sur les sondages. A moins… à moins
qu’il n’y ait une surprise, comme le laisse entendre le chef de l’Etat, sans parvenir à convaincre
s’il improvise ou si tout a été soigneusement
préparé. p Lire pages 11-12 et 16
Nousseronstousdes
e-consommateurs
A Homs, la tentation du djihad,
par Jonathan Littell et Mani
VIE QUOTIDIENNE Scanner avec son
téléphone mobile pour régler ses
paiements, s’installer face à un écran
pour essayer des vêtements sans
les toucher, être identifié dès son
passage devant une vitrine…
Demain, consommer deviendra un
jeu d’enfant technologique. Passage
en revue d’un futur proche. P. 20-21
a CARNETS DE GUERRE Entrés clandestinement en
Syrie, l’écrivain et le photographe racontent les combats
quotidiens à Homs. Des insurgés évoquent le recours
au « djihad » pour faire tomber le régime d’Assad
a DIPLOMATIE Devant l’ONU, la haut-commissaire
aux droits de l’homme, Navi Pillay, dénonce
des « crimes contre l’humanité ». Mais Vladimir
Poutine continue de bloquer les tractations
P. 4 et 19 et la tribune de Nora Benkorich p. 23
Deux jugements historiques
pour la protection de la santé
Laissons aux Grecs un peu d’oxygène
UK price £ 1,50
D
ans le drame grec qui se
joue sous nos yeux, tout le
monde semble avoir raison. Le peuple qui se révolte
contre l’austérité, dont il paye le
prix fort, n’a guère d’autre choix
pour exprimer sa frustration.
Lorsque le salaire mensuel minimum passe de 780 euros par
mois à 586, il ne reste, comme dit
l’expression, que les yeux pour
pleurer. Le chômage frise le taux
de 20 % de la population active,
trois ans de sacrifices ont frappé
de plein fouet les services publics
et dévasté le niveau de vie des
classes moyennes et populaires.
Les députés, qui ont massivement voté, dans la nuit de dimanche 12 à lundi 13 février, le plan
d’austérité budgétaire alors que
le quartier du Parlement était
livré aux flammes des émeutiers,
n’avaient pas non plus d’autre
choix. La classe politique est dis-
créditée, le gouvernement confié
à un technocrate, conseillé par
une équipe de 45 experts européens dépêchés par Bruxelles
pour l’aider à faire ses réformes.
Le système politique est en pleine décomposition. Il faut espérer
que les élections anticipées
annoncées en avril seront un premier pas vers la restructuration
politique de la Grèce.
L’Union européenne (UE), qui
maintient la pression sur le gouvernement grec pour obtenir des
Editorial
réformes structurelles visant à
redresser les comptes publics,
n’a, elle non plus, pas d’autre
choix. Le laxisme budgétaire a
été toléré trop longtemps. En Grèce, ce laxisme est allé jusqu’à la
falsification des chiffres sur le
Le regard de Plantu
déficit qu’Athènes fournissait à
Bruxelles. La confiance a disparu.
On ne peut reprocher aux partenaires européens de la Grèce
d’exiger des garanties en échange
de l’enveloppe de 130 milliards
d’euros que la troïka (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission
européenne) doit lui fournir pour
lui permettre d’échapper au
défaut de paiement à la date
butoir du 20 mars. D’autant que
deux autres pays de la zone euro
sous assistance du FMI et de l’UE,
le Portugal et l’Irlande, mènent à
bien les réformes demandées
sans exercer le « chantage à la
faillite » que l’on reproche à la
Grèce.
Il y a, cependant, des limites à
ce que l’on peut imposer à un
pays. Il y a aussi des limites aux
résultats que l’on peut attendre
d’une telle cure d’austérité, com-
L’ex-président défend le rôle de l’Etat. PAUL HENNESSY/POLARIS/STARFACE
me le montre l’analyse publiée
dans les pages International du
Monde daté 14 février. L’aide de la
troïka va permettre à la Grèce de
franchir un obstacle important,
mais fera péniblement passer le
niveau d’endettement du pays de
160 % de son PIB à 120 %. On est
loin de la guérison.
Face à ce constat, le débat sur
l’opportunité du maintien de la
Grèce dans la zone euro refait surface. Les ministres des finances
des dix-sept pays de l’eurogroupe
se réunissent mercredi et se poseront une nouvelle fois la question. Il reste, néanmoins, une
option : aller au bout de ce qui a
été commencé avec les créanciers
privés de la Grèce, bref prononcer
l’horrible mot de restructuration.
On efface leur dette, et les Grecs
choisissent eux-mêmes : rester
dans l’euro ou en sortir. p
JUSTICE Deux géants de l’industrie, Monsanto pour
les pesticides et Eternit pour l’amiante, ont été reconnus
responsables de l’intoxication de travailleurs. P. 8 et 10
Le dossier médical personnel,
«mal aimé» des médecins
SANTÉ Un an après son lancement, cet outil reste
confidentiel. Seuls 75 000 dossiers ont été ouverts. P. 28
Lire pages 3 et 22-23
Les ventes
record des vins
français
L
es vins et spiritueux français
ont battu un record de ventes
à l’exportation en 2011, dépassant pour la première fois les
10 milliards d’euros, soit une progression de 10 % par rapport à
2010. Grâce au champagne, au
cognac et aux vins de Bordeaux, ce
secteur économique est le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale, derrière l’aéronautique, mais devant les parfums et cosmétiques. La bonne
santééconomique des alcools français s’explique notamment par la
forte progression des ventes sur le
marché asiatique (+ 29 %). Mais les
négociants s’inquiètent des résultats mitigés en Europe. p
Lire page 17
Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤,
Maroc 10 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,00 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,
0123
page deux
Mercredi 15 février 2012
Une campagne sur les
valeurs? Axel Kahn est ravi
Récit Un coup d’Etat a renversé, sur cet archipel de l’océan Indien, le président élu
Mohamed Nasheed. Celui qui avait mis un terme, en 2008, à près de trente ans de
régime autoritaire attend, désabusé, un soutien de la communauté internationale
T
Les Maldives,
paradis perdu de la démocratie
iens, il est neuf heures. Nous
avons mangé de la soupe, du
poisson, des pommes de terre
au lard, de la salade anglaise. Les
enfants ont bu de l’eau anglaise.»
Ces premiers mots de La Cantatrice chauve, d’Eugène Ionesco, résonnent depuis cinquante-cinq ans
sur la scène du Théâtre de la
Huchette, à Paris. C’est dans ce
petit temple de l’absurde qu’Axel
Kahn, généticien et néophyte dans
l’exercice d’une campagne politique, a promis, lundi 13 février, de
défier trois ministres ou ex-ministres de droite et du centre pour les
élections législatives dans la seconde circonscription de Paris (5, 6 et
7e arrondissements).
Absurde, la présence d’un
«bizut» face à François Fillon, premier ministre, à Rachida Dati,
ancienne garde des sceaux, et à
Alain Lambert, ancien ministre du
budget de Jean-Pierre Raffarin?
Bertrand Delanoë veut croire que
non. Sur la scène du théâtre, le
maire de Paris présente son poulain de 67 ans : il faut « une candidature qui ouvre l’horizon, qui porte une envergure intellectuelle et
morale», appuie l’édile, avant de
dégoupiller une grenade à l’intention du député sortant, Jean Tiberi: il ne viendra pas à Axel Kahn
l’idée de « chercher des électeurs
dans des immeubles qui n’existent
pas », lance-t-il, allusion aux affaires de fraude électorale pour lesquelles l’élu UMP a été condamné
(il a fait appel).
Quand, à l’automne 2011, Bertrand Delanoë cherche un candidat pour la 2e circonscription de
Paris, il vise une personnalité atypique, un joker en provenance de
la société civile, prêt à tenir l’étendard socialiste. Un candidat dont
le message trouverait une résonance dans toutes les familles poli-
tiques et taillerait des croupières à
François Fillon, potentiel candidat
à la mairie de Paris. Son choix se
porte sur Axel Kahn. Le scientifique passionné par les questions
d’éthique rêvait d’amorcer sa
retraite par de longues vacances et
un voyage pédestre sur les routes
de France. Il arpentera pour l’heure le cœur de la capitale : des arènes de Lutèce au Champ-de-Mars.
comme « antimusulman ». « Ils se sont
agités en me traitant d’infidèle et de missionnaire chrétien caché, en m’accusant
de vendre le pays aux juifs, de boire de l’alcool et de manger du porc. »
Deuxième réforme délicate : celle de
l’appareil judiciaire, dominé par des
juges nommés sous l’ancien régime.
« Pour éviter des poursuites pour corruption ou tout autre crime, les chefs de l’exdictature se sont protégés derrière l’institution judiciaire. Ils s’en sont servis comme d’un bouclier. » Au début de son mandat, M. Nasheed n’y touche pas. Mais
quand il commence, en 2011, à mettre en
chantier une réforme judiciaire pour
rompre avec le passé, les choses se gâtent.
« Pour Paris, c’est papi ! »
Sur la scène du théâtre, il amorce sa campagne par une réponse
au président de la République.
« Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il
voulait faire campagne sur les
valeurs! Très bien, c’est mon terrain», se félicite le médecin, avant
d’énumérer les facettes les plus
sombres du quinquennat:
« L’amendement Mariani restreignant le regroupement familial
aux parents biologiques », « la stupidité du discours de Dakar »,
«l’ignominie du discours de Grenoble», « la xénophobie de la circulaire Guéant sur le travail des étudiants étrangers», etc. Puis l’universitaire revient à l’éthique :
«Pour discuter d’une loi, il faut l’appuyer sur des valeurs, on ne peut
pas dissocier la loi des valeurs »,
rappelle-t-il à ses adversaires.
Dans une circonscription sociologiquement ultra-favorable au
candidat UMP, Bertrand Delanoë
concède, avec un certain sens de la
litote, « que le combat n’est pas
gagné d’avance ». Co-auteur de
L’avenir n’est pas écrit ( Bayard,
2001), Axel Kahn veut croire à son
étoile législative. Sa petite fille,
enthousiaste à l’idée de voir son
grand-père faire campagne au
cœur de la capitale, lui a proposé
un slogan: « Pour Paris, c’est
papi! » p
Un calme fragile règne
sur l’archipel.
Au lendemain du coup
de force du 7février,
des manifestations ont
dégénéré en violences
Eric Nunès
Le président destitué, qui n’a pas encore été arrêté par les nouvelles autorités, prononce
un discours sur une plage de Malé, la capitale, lundi 13 février. CHIARA GOIA POUR « LE MONDE »
Les indégivrables Xavier Gorce
Malé (Maldives)
Envoyé spécial
L
e voici donc, l’homme qui a placé les Maldives sur la carte géopolitique mondiale. Chemise
jaune à manches courtes et sandales aux pieds, il reçoit à son
domicile de Malé, la capitale,
disque urbain posé à fleur d’océan
Indien. La cité est congestionnée
(70 000 personnes sur 2 km2, soit une densité de population parmi les plus élevées
de la planète !), envahie par une armée de
Vespa déboulant sans répit dans le lacis
de ruelles. La lourde muraille de béton
qui enserre l’île dit le danger : l’inexorable montée des eaux.
Sur le seuil de sa porte à flanc de venelle, un groupe de partisans de Mohamed
Nasheed fait grise mine. « C’est le retour
des criminels ! », grimace l’un deux. A l’intérieur, dans une pièce au carreau froid
tenant plus de la salle de réunion que du
salon, celui qu’il faut désormais appeler
l’ex-président des Maldives se force à sourire. Mais l’inquiétude le noue. Le
7 février, une mutinerie de la police, ralliée dans un second temps par l’armée, l’a
Société éditrice du « Monde » SA
Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus
Directeur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz
Secrétaire générale du groupe Catherine Sueur
Directeurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier Pourquery
Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann
Rédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,
Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue (« M Le magazine du Monde »)
Chef d’édition Françoise Tovo
Directeur artistique Aris Papathéodorou
Médiateur Pascal Galinier
Secrétaire générale de la rédaction Christine Laget
Directeur du développement éditorial Franck Nouchi
Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président
0123 est édité par la Société éditrice du «Monde» SA
Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal: Le Monde SA.
Rédaction 80,boulevardAuguste-Blanqui,75707ParisCedex13Tél.:01-57-28-20-00
Abonnements partéléphone:de France32-89
(0,34¤ TTC/min);de l’étranger:(33)1-76-26-32-89
ouparInternet:www.lemonde.fr/abojournal
La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire
des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037
Président : Louis Dreyfus
Directrice générale :
Corinne Mrejen
PRINTED IN FRANCE
80, bd Auguste-Blanqui,
75707 PARIS CEDEX 13
Tél : 01-57-28-39-00
Fax : 01-57-28-39-26
Imprimerie du Monde
12, rue Maurice-Gunsbourg,
94852 Ivry cedex
«Nous ne voulons pas de la
violence. J’ai même toujours dit
à mes supporteurs: si vous êtes
frappés, ne répondez pas»
Mohamed Nasheed
contraint à la démission. « Sous la menace des armes », précise-t-il. Depuis, le chef
d’Etat déchu orchestre une résistance
pacifique contre le nouveau pouvoir
« illégitime », assumé par son ancien viceprésident. Une parenthèse se clôt : celle
de la première expérience réellement
démocratique aux Maldives. Fin 2008,
l’élection de M. Nasheed – à l’âge de
41 ans – avait mis un terme à trois décennies de régime autocratique sur l’archipel.
Si le monde s’était alors intéressé à ce
jeune agitateur des îles, ce n’était pas franchement pour cette prouesse politique.
C’était pour un cliché. La photo avait fait
sensation. Elle campait un cabinet ministériel sous-marin. Sanglés dans leur combinaison de plongée, les ministres para-
phaient un document sur une table
immergée au fond du lagon dans une
grande exhalaison de bulles.
Ce conclave en grand bleu, M. Nasheed
l’avait réuni à quelques jours de l’ouverture de la conférence de Copenhague sur
le climat (décembre 2009). La mise en scène spectaculaire visait à alerter l’opinion
internationale sur le risque de la montée
des eaux causée par le réchauffement de
la planète, péril mortel pour cet archipel
aux 26 atolls et 1 200 îles situées pour l’essentiel à moins d’un mètre au-dessus du
niveau de la mer.
Opération de communication réussie.
Les Maldives devenaient soudain un symbole, incarnant le combat des micro-Etats
insulaires tançant les grands de ce monde. Un an plus tôt, lors de son investiture
à la tête du pays, M. Nasheed avait frappé
un autre grand coup : il avait proposé de
créer un fonds souverain pour acheter
des terres dans les pays voisins (Inde,
Sri Lanka, Australie) afin d’y reloger les
futurs réfugiés climatiques que risquent
de devenir les Maldiviens. On connaissait
l’archipel aux écrins de corail comme
une destination touristique de luxe
(850 000 visiteurs par an). Avec
M. Nasheed, il fallait désormais compter
avec un Etat militant du climat.
L’homme est aujourd’hui désabusé. Sa
disgrâce l’a pris de court. « L’ancien régime est de retour », soupire-t-il. Et il le
connaît fort bien cet « ordre ancien »
pour l’avoir combattu durant près de
vingt ans. Il fut un opposant farouche de
l’ex-dictateur Maumoon Abdul Gayoom
(1978-2008). Il a subi les geôles, les coups
– « j’ai été torturé à deux reprises » – et
l’exil. Que s’est-il donc passé pour que les
Maldives rechutent ainsi après trois ans
d’intermède démocratique ? M. Nasheed
a son analyse, personnelle et partiale,
bien sûr. Il a été renversé, explique-t-il,
parce qu’il a tenté des réformes sur trois
fronts sensibles.
En premier lieu, il a tenté d’« ouvrir le
discours sur la religion », affaire épineuse
chez les 300000 Maldiviens tous musulmans (sunnites). La religion est si enracinée dans le système qu’un non-musulman ne peut être citoyen maldivien. Cette « ouverture » vers un islam libéral,
pourtant fort prudente et mesurée, n’a
pas tardé à lui valoir l’hostilité de certains
partis islamistes locaux le dénonçant
« C’était pour eux la goutte d’eau qui a fait
déborder le vase. » Enfin, troisième casus
belli : la réforme d’un système fiscal jusque-là basé sur une taxation indirecte.
M. Nasheed a alourdi les impôts sur les
revenus et les profits, s’attirant les foudres des milieux d’affaires. Voilà comment une coalition de trois forces – islamistes, notables de l’ex-dictature et
patrons – aurait ourdi ce Thermidor océanien pour évincer ce gêneur de Nasheed.
Cette opposition revenue au pouvoir a
évidemment une version différente de
l’histoire. Elle met en cause l’aventurisme des politiques de M. Nasheed et les
libertés qu’il a prises avec la Constitution.
Et maintenant ? Un calme fragile règne
sur l’archipel. Au lendemain du coup de
force du 7 février, des manifestations de
soutien au président destitué ont dégénéré en violences, chaque camp accusant
l’autre d’en être responsable. L’ordre est
revenu, mais il est précaire. Tout dépend
en fait du sort qui sera réservé à
M. Nasheed, visé par un mandat d’arrêt.
Les nouvelles autorités n’ont pas encore
osé l’interpeller. « Nous ne voulons pas de
la violence, précise M. Nasheed. Nous
appelons au calme. J’ai même toujours dit
à mes supporteurs : si vous êtes frappés,
ne répondez pas. Mais si je suis arrêté, je ne
serai plus là pour les apaiser. Alors, cela risque d’exploser. »
A l’extérieur, les chancelleries s’inquiètent. Les diplomates s’activent pour prévenir une dérive politique des Maldives.
Il faut vite ramener au vert ce clignotant
rouge qui s’allume au cœur d’un océan
Indien lesté d’un lourd enjeu stratégique.
Qu’il s’agisse du commerce international
(notamment les flux pétroliers reliant le
Moyen-Orient à l’Asie orientale), de la
rivalité navale entre la Chine et l’Inde ou
de l’essor de la piraterie émanant du large
de la corne de l’Afrique, les préoccupations géopolitiques sont déjà suffisamment aiguës pour ne pas laisser s’ouvrir
un foyer d’instabilité.
Mais la communauté internationale
semble divisée sur la façon de traiter la crise maldivienne. Quand l’Europe et le
Commonwealth adoptent une attitude
prudente, attendant de mieux comprendre les circonstances du coup de force du
7 février avant de donner leur quitus au
nouveau pouvoir, les Etats-Unis et l’Inde
ont franchi le pas sans tarder.
M. Nasheed en est dépité. Il met en garde contre une politique « à courte vue ».
«Soutenir le statu quo au nom de la stabilité n’est pas soutenable à terme, avertit-il.
Si les Américains et les Indiens veulent sauvegarder leurs intérêts dans la région, ils
doivent soutenir un Etat des Maldives
démocratique et non autoritaire. »
M. Nasheed avait réussi à placer l’archipel sur la carte du monde grâce au climat.
Il veut l’y ancrer grâce à la démocratie.
Combat autrement plus ardu. p
Frédéric Bobin
0123
Mercredi 15 février 2012
international
3
Les partis grecs en ruine avant les législatives
Avec des socialistes sous les 10% d’intentions de vote et des conservateurs divisés, la scène politique se décompose
Athènes
Correspondance
A
thènes panse ses plaies,
mardi 14 février au matin.
Les habitants s’arrêtent
devant les restes calcinés du bâtiment néoclassique de 1870 abritant le cinéma Attikon. Lundi
soir, des bougies déposées par les
habitants symbolisaient le deuil
d’une ville après la nuit d’émeutes qui a coïncidé avec le vote de
nouvelles mesures d’austérité,
négociées avec la troïka (Commission européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale
européenne).
Les Athéniens contemplent,
hébétés, les immeubles brûlés et
les magasins pillés. Des ouvriers
s’affairent pour réparer les dégâts.
Des camionnettes transportant
des grands panneaux de verre
sillonnent la ville pour remplacer
les vitrines cassées. La circulation
est rendue difficile par l’absence
de nombreux feux rouges cassés
dans la nuit de dimanche à lundi.
Après cette nuit d’émeutes, le
porte-parole du gouvernement,
Pantelis Kapsis, a annoncé, lundi,
« trois semaines d’enfer » pour la
Grèce, dans son combat pour éviter la faillite, avant de rembourser 14,5 milliards d’euros le
20 mars. Le vote du mémorandum qui permet le déblocage
d’un nouveau plan d’aide de
130 milliards n’est qu’une première étape. Le texte adopté par le Parlement fait un inventaire à la Prévert des mesures à prendre
« avant tout versement ». Cette
expression imprimée en gras
presque à toutes les pages montre
clairement que les créanciers
publics de la Grèce ne relâcheront
pas leur pression avant de débourser le moindre centime. Le gouvernement doit aussi boucler l’opération du PSI (Private Sector Involvment, participation du secteur
privé), qui prévoit l’effacement
de 100 milliards de dette souscrite auprès de créanciers privés.
Une Athénienne devant un magasin dévasté. Quelque 45 bâtiments ont été détruits ou endommagés et 150 magasins vandalisés pendant la nuit du 12 au 13 février. JOHN KOLESIDIS/REUTERS
Au bout de ces « trois semaines
d’enfer », le pays pourra connaître
une nouvelle période électorale.
M. Kapsis a annoncé que les élections législatives auraient lieu en
avril, sans préciser la date. Après le
vote du mémorandum et la nuit
d’émeutes, les partis politiques
sont dans le même état que cer-
Polémique sur l’attitude de la police lors des émeutes
La presse reprochait à la police,
mardi 14 février, son action lors
des émeutes qui ont embrasé
Athènes dans la nuit de dimanche à lundi. Sous le titre « La loi
de la cagoule », le quotidien de
centre-gauche Ta Nea estime
que « la police a protégé le Parlement mais a oublié le centre de la
capitale ». Le journal conservateur Kathimerini estime que le
ministre de la protection des
citoyens, Christos Papoutsis,
« porte une très importante responsabilité dans les événe-
ments » : « Il est impensable que
les téléspectateurs regardent
pendant des heures des personnes encagoulées mettre le feu à
des bâtiments sans que personne
n’intervienne avant qu’il ne soit
trop tard. » Pour M. Papoutsis, le
nombre de policiers mobilisés
était suffisant. 74 personnes ont
été arrêtées, 45 bâtiments
détruits ou endommagés,
150 magasins vandalisés. Selon
la chambre de commerce d’Athènes, les dommages s’élèveraient
à 10 millions d’euros. – (Corresp.)
tains immeubles d’Athènes. Ils
menacent ruine et n’auront guère
le temps de panser leurs plaies
avant les élections. Plus de quarante députés ont été exclus de leur
groupe parlementaire car ils
avaient refusé de suivre les consignes de vote de leurs dirigeants.
« Nous assistons au début de la
décomposition du système politique grec, qui pourrait aboutir à la
scission des deux principaux partis », explique le politologue Georges Séfertzis. Depuis le retour à la
démocratie en 1974, la Grèce est
gouvernée en alternance par Nouvelle Démocratie (ND), à droite, ou
le Pasok, au centre-gauche, qui ont
abusé du clientélisme politique
pourassurer leur élection. Ce système est rejeté par une très grande
majorité de la population, qui
vient traiter les parlementaires de
« tricheurs » et de « voleurs » à chaque manifestation.
« Il y a deux partis dans chaque
parti : un centriste et un populiste,
précise M. Séfertzis. C’est en train
d’éclater. La crise affaiblit la classe
moyenne et le système clientéliste
qui a accompagné sa progression.
Nousallons assisterà un repositionnement politique en accord avec le
nouveau corps social, mais cela va
prendre du temps. »
Les Athéniens
contemplent, hébétés,
les immeubles brûlés.
Desouvriers
s’affairent pour
réparer les dégâts
« Ce sont des députés très proches d’Antonis Samaras, le président de Nouvelle Démocratie, qui
sont exclus, souligne le politologue
Elias Nikolakopoulos. Certains faisaient partie depuis longtemps de
sa garde rapprochée. Au Pasok aussi, ily a beaucoup d’anciens collabo-
rateurs de [l’ex-premier ministre]
Papandréou qui sont exclus. »
Le Pasok est dans un état critique. Les événements du week-end
devraient précipiter la succession
de Georges Papandréou, qui a
annoncé son départ de la tête du
parti, mais se hâte lentement. Le
ministre des finances, Evangélos
Venizélos, qui fut son rival malheureux en 2007, est bien placé
pour lui succéder. Mais les querelles intestines sont nombreuses et
certains membres sont tentés de
se rapprocher de la Gauche démocratique, un parti créé en 2010, à la
fois proeuropéen et hostile à la
troïka, qui monte dans les sondages. Il a même dépassé le Pasok –
tombé sous la barre des 10 % dans
les intentions de vote.
En soutenant au nom de la raison le mémorandum, M. Samaras
achève le virage à 180 degrés commencé en novembre 2011 lorsqu’il
a accepté que son parti participe
au gouvernement de coalition.
Après avoir été critiqué par l’ensemble de la droite européenne, le
président de ND veut apparaître
comme responsable au moment
où il se considère en position de
devenir le futur premier ministre
de laGrèce. «Il faudra voirs’il maintient son résultat dans les sondages, après s’être clairement rallié
au mémorandum », pondère Elias
Nikolakopoulos. Une partie des
sympathisants de ND pourraient
être tentés de voter pour le parti
d’extrême droite, le Laos, qui a
voté contre le mémorandum
après l’avoir approuvé en
mai 2010. Le chemin inverse de
Nouvelle Démocratie.
La première force politique est
aujourd’hui la gauche non socialiste, qui totalise plus de 40 % des
intentions de vote. Mais elle est
divisée en trois et le passif entre ces
trois partis issus du communisme
est important. L’enfer grec risque
de durer plus de trois semaines. p
Alain Salles
L’eurogroupemaintientlapressionsurAthènes
Bruxelles
Bureau européen
Les émeutes en Grèce laissent de
marbre les Européens. Lundi
13 février, Angela Merkel a salué le
vote « très important » du Parlement grec, et envoyé une fin de
non-recevoir aux manifestants et
élus opposés au programme d’assainissement: d’après la chancelière allemande, « il ne peut y avoir et
il n’y aura pas de changement » au
train d’économies et de réformes
imposé par les bailleurs de fonds
internationaux. « Toutes ces mesures n’ont pas pour but de faire souffrir les gens mais de remettre la
Grèce sur la voie de la croissance »,
a justifié son ministre des finances, Wolfgang Schäuble.
Cette mise au point survient en
prélude à une nouvelle réunion
des ministres des finances de la
zone euro, mercredi. Les grands
argentiers devraient donner leur
bénédiction à la restructuration de
la dette grecque, après de longues
tractations avec les banques pri-
vées. Mais il n’est pas certain que
les Européens soient déjà prêts à
donner leur aval au second plan
d’aide promis à Athènes (130 milliards d’euros, en plus des 110 milliards déjà engagés) en échange du
« mémorandum» négocié avec le
gouvernement Papademos.
Eviter une faillite
Pour l’Allemagne, les Pays-Bas,
et la Finlande, les Grecs doivent
remplir les deux autres conditions posées le 9 février lors de la
précédente réunion de l’eurogroupe : 325 millions d’économie supplémentaires en 2012 – sur les
3,3 milliards demandés par le FMI
et l’Union européenne – et un
engagement écrit des deux principales forces politiques, le Pasok, à
gauche, et Nouvelle Démocratie
(ND), à droite, qu’elles soutiendront la politique d’austérité,
quel que soit le résultat des élections anticipées.
Le vote du Parlement grec a levé
une hypothèque sur l’engagement
des partis, fait-on valoir auprès de
la Commission européenne, où
l’on cherche à accélérer la manœuvre afin d’éviter une faillite du
pays d’ici à la mi-mars : Antonis
Samaras, le patron de ND, s’est prononcé sans ambiguïtés dimanche.
«Cela vaut tous les courriers »,
selon un diplomate français.
Les économies supplémentaires pourraient être plus difficiles
à trouver. Les Européens encouragent Athènes à réduire les dépenses de défense. « S’en prendre à la
défense pourrait permettre d’alléger la casse sociale, tout en montrant que tout le monde doit faire
des sacrifices», plaide un fonctionnaire européen. Reste à savoir si le
gouvernement grec sera en mesure, d’ici à mercredi, de clarifier ses
intentions. Le ministre des finances du Luxembourg, Luc Frieden,
a résumé, lundi, le sentiment
général sur la mise en œuvre du
plan : « S’ils ne font pas tout cela, je
pense qu’alors nous devrons continuer avec seize pays. » Bref, exclure la Grèce de la zone euro. p
Philippe Ricard
« Révélations et confidences. »
Le Canard enchaîné
« Un réquisitoire informé. »
Le Nouvel Observateur
« Un portrait au vitriol. »
Libération
« Ce qu’ils ont découvert
fait froid dans le dos. »
Le Point
Sur toutes les listes
des meilleures ventes
Robert Laffont
4
0123
international
Mercredi 15 février 2012
L’ONU associe
La proximité de la présidentielle russe
l’intensification des renforce le soutien de Moscou à Damas
que Vladimir Poutine est fragilisé par une contestation interne inédite, le discours officiel
violences en Syrie Alors
présente le soulèvement syrien comme une réplique des révolutions d’Ukraine et de Géorgie
au veto sino-russe
Moscou
Correspondante
Haut-commissaire pour les droits de l’homme,
Mme Pillay dénonce des crimes contre l’humanité
New York (Nations unies)
Correspondante
R
épression impitoyable, tortures, viols, atrocités, crimes
contre l’humanité… Le
tableau de la situation en Syrie
dressé par le haut-commissaire de
l’ONU aux droits de l’homme Navi
Pillay devant les 193 membres de
l’Assemblée généralede l’organisation, lundi 13 février, était une litanie de faits plus condamnables les
uns que les autres. « Nous avons
entendu une fois de plus un compte rendu terrifiant et révoltant »,
résumait quelques minutes plus
tard l’ambassadeur allemand
Peter Wittig.
L’appel de la Ligue
arabe à la formation
d’une force
arabo-onusienne est
perçu comme un pari
«perdu d’avance»
« Chaque membre de la communauté internationale doit agir
maintenant pour protéger de toute urgence la population syrienne,
a imploré Mme Pillay, après avoir
estimé que la nature et l’étendue
des exactions perpétrées par les forces syriennes indiquent que des crimes contre l’humanité ont vraisemblablement été commis » depuis
mars 2011.
« Des informations indépendantes, crédibles et corroborées indiquent que ces exactions font partie
d’une campagne largeet systématique d’agression contre les civils »,
a-t-elle ajouté, précisant qu’elles
étaient perpétrées avec « l’aval ou
la complicité des autorités au plus
haut niveau ».
Selon des déserteurs de l’armée syrienne, « les militaires ont
reçu l’ordre de leurs commandants de recourir à la torture », a
encore expliqué l’avocate sudafricaine, citant le cas d’hôpitaux
« utilisés comme des centres de
détention et de torture ». En
décembre 2011 déjà, suite au rapport de la commission d’enquête
du Conseil des droits de l’homme,
Mme Pillay avait appelé le Conseil
de sécurité à saisir la Cour pénale
internationale (CPI) de la situation en Syrie. Un appel auquel les
quinze pays membres, faute de
consensus, sont restés sourds.
Depuis cette date, selon elle,
« les violations flagrantes et systé-
matiques des droits de l’homme
ont non seulement continué, mais
nettement augmenté ».
Citant des « informations crédibles », le haut-commissaire a
notamment estimé à plus de 300
le nombre des personnes tuées
dans des bombardements aveugles de zones civiles à Homs, ces
dix derniers jours. Une intensification des violences dontelle fait porter le blâme à la Russie et la Chine,
auteurs de deux doubles veto successifs contre des projets de résolution condamnant Damas. « L’échec
du Conseil de sécurité à trouver un
accord sur une action conjointe forte paraît avoir encouragé le gouvernement syrien à lancer une attaque acharnée, d’une force absolue,
pour écraser la contestation », a
souligné Navi Pillay.
Peu de temps avant qu’elle ne
prenne la parole à l’initiative du
président qatari de l’Assemblée
générale, l’ambassadeur syrien,
Bachar Al-Jaafari, avait vainement
tenté, sous de vagues prétextes
procéduraux, de faire annuler son
intervention. Le Qatar et l’Arabie
saoudite, deux pays du Golfe coauteurs avec l’Egypte d’un projet de
résolution qui devait être soumis
aux 193 membres mardi, et mis au
vote sous quarante-huit heures,
ont d’ailleurs été pris pour cible
par M. Jaafari lors de son discours
fleuve sur la Syrie, victime, selon
lui, d’une large « conspiration ».
L’appel lancé par la Ligue arabe
au Conseil de sécurité pour la formation d’une force conjointe arabo-onusienne était perçu, à l’ONU,
comme un pari « perdu d’avance ».
La proposition, jugée « audacieuse », non sans sarcasme, par un
diplomate, nécessiterait au minimum un accord de cessez-le-feu, le
vote – sans veto – du Conseil de
sécurité, le feu vert de Damas et
l’octroi de troupes par plusieurs
pays. « Autant dire qu’à Moscou,
c’est jour de fête ! », plaisante une
source à l’ONU, la création d’une
opération de maintien de la paix
prenant plusieurs mois.
En attendant, c’est une résolution sans valeur contraignante
que vont faire adopter Arabes et
Occidentaux à l’Assemblée générale, où le veto est impossible. Similaire au texte condamnant Damas
et soutenant le plan de sortie de crise de la Ligue arabe torpillé par un
veto russo-chinois il y a dix jours,
le projet appelle également à la
nomination d’un envoyé spécial
de l’ONU pour la Syrie. p
Alexandra Geneste
OSP - CESSATIONS DE GARANTIE
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44 et 45
QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré
– 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08
(RCS Paris 414 108 708), succursale QBE
Insurance (Europe) Limited, S.A. de droit
anglais, au capital de GBP 500.000.000,
dont le siège social est à Plantation Place, 30
Fenchurch Street, London, EC3M 3BD, fait
savoir qu’à la demande de QBE, les garanties financières dont bénéficiaient :
SARL IMMOBILIERE VAUBAN
50 avenue de France
59600 MAUBEUGE
depuis le 24 mai 2006 pour ses activités
de GESTION IMMOBILIERE et depuis
le 1er avril 2006 pour ses activités de
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE cesseront de porter effet trois jours francs après publication
du présent avis. Les créances éventuelles
se rapportant à ces opérations devront être
produites dans les trois mois de cette insertion à l’adresse de l’Etablissement garant sis
Etoile Saint Honoré – 21 rue Balzac – 75406
PARIS cedex 08. Il est précisé qu’il s’agit de
créances éventuelles et que le présent avis
ne préjuge en rien du paiement ou du nonpaiement des sommes dues.
La société CNP CAUTION dont le
siège social est situé 4 Place Raoul
DAUTRY - 75716 Paris Cedex 15,
fait savoir que la garantie financière
qu’elle a délivrée à :
ELSA TRANSACTION GESTION
Société en nom collectif
au capital de 1 045 000 euros
Dont le siège social est situé à
CANNES (06) Résidence Henri IV,
74 Boulevard de la Croisette,
inscrite au Registre du Commerce
et des Sociétés de Cannes
sous le numéro 500 828 652
pour les activités de « Gestion immobilière » et de « Transaction immobilière » visées par la loi du 2 janvier
1970, cessera trois jours francs après
la publication de la présente parution.
Les créances éventuelles se rapportant à cette activité doivent être produites au siège de la société CNP
CAUTION : 4, Place Raoul DAUTRY
- 75716 Paris Cedex 15, dans les trois
mois à compter de la date de publication du présent avis.
L
a Russie va étudier l’envoi
d’une force de maintien de la
paix de l’ONU en Syrie suggérée par la Ligue arabe mais elle veut
l’arrêt des combats avant tout
déploiement, a déclaré lundi
13février le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Figée dans son soutien au régime
syrien, la Russie, assure l’analyste
Alexandre Choumiline, « continuera de bloquer toute forme de règlement au moins jusqu’au 4 mars »,
date de l’élection présidentielle.
Selon ce spécialiste du monde
arabe, directeur du Centre d’analyse des conflits au Proche-Orient, le
« niet » russe est lié à la situation
interne. Chahuté par la classe
moyenne qui réclame son départ,
Vladimir Poutine, candidat à un
troisième mandat au Kremlin,
dresse, dès lors, un parallèle entre
sa position et celle du président
syrien Bachar Al-Assad. Tous deux
sont victimes d’un complot. « Dans
la vision de Poutine, Assad s’oppose
en ce moment à une révolution
orange fomentée de l’extérieur »,
explique le chercheur. Le soulèvement syrien ravive pour les dirigeants russes le souvenir des révolutions de couleur en Géorgie et en
Ukraine.
A quelques semaines de la présidentielle, dont il reste le grand favori, l’ancien agent du KGB a choisi de
s’appuyer sur l’électorat ultranationaliste, les « rouges-bruns »
tels Alexandre Prokhanov, Alexandre Douguine, Serguei Kourguinian ainsi que leurs partisans qui
éructaient contre l’Occident à la
manifestation pro-Poutine du
4 février à Moscou.
Ce jour-là, alors qu’une résolution sur la Syrie était mise au vote
au Conseil de sécurité de l’ONU, le
Kremlin, confronté à une mobilisation sans précédent de l’opposition anti-Poutine, organisaità Moscou un grand rassemblement des
« patriotes ». Pour eux, les opposants représentent « la cinquième
colonneorange», chargée «de dépecer le pays et d’ouvrir la voie à son
occupation par les troupes de
Une affiche de M. Poutine, dans les rues de Stavropol, ville du sud-ouest de la Russie. EDUARD KORNIYENKO/REUTERS
l’OTAN ». Sur des tracts figurait une
carte de la Fédération éclatée en
25 morceaux de différentes couleurs, censée symboliser les sombres desseins de l’opposition et des
pays occidentaux, dont elle serait
le jouet.
Impossible pour les diplomates
russes à l’ONU de voter en faveur
de la résolution alors que le « leader national » était de tout cœur ce
jour-là avec les défenseurs de la
patrie. L’enjeu est de taille, car c’est
sur cet auditoire, composé pour
beaucoup d’ouvriers, de retraités
et de petits fonctionnaires
conduits par bus entiers à la manifestation, que mise Vladimir Poutine pour être élu dès le premier tour
de la présidentielle.
Jouant sur les vieux ressorts de
l’inconscient soviétique, M. Poutine « se pose en défenseur de la Russie face à la menace d’une agression extérieure. Il veut montrer à
son électorat qu’il est contre l’Occident, qu’il ne trahira pas la Russie.
Qu’importe le nombre de morts en
Syrie », affirme M. Choumiline.
Le chercheur est un des rares à
faire entendre un tel avis. Pour le
reste, une forme de pensée unique
domine. Diplomates, analystes,
journalistes veulent croire que
Bachar Al-Assad et son clan s’en sortiront en proposant des réformes
et une nouvelle Constitution. Pour
eux, la rébellion syrienne, composée d’éléments criminels et d’islamistes radicaux manipulés par
Al-Qaida, doit être écrasée. Si l’Occident cynique s’y oppose c’est parce
qu’il mise sur le chaos pour mettre
la main sur les ressources du pays.
La thèse du complot,
véhiculée
danstous les médias,
fonctionne à plein.
L’aveuglement
est total
La thèse du complot, véhiculée
par tous les médias, fonctionne à
plein. L’aveuglement est total.
Selon Dmitri Babitch, éditorialiste
de l’agence officielle Ria Novosti, le
veto russe « est vu de façon positive
par l’opinion publique arabe ».
C’est comme si le dossier syrien
avait réveillé l’Homo sovieticus.
Difficile de croire que les diplomatesrusses, lesplus aufait du dossier syrien, soient sur la même
ligne. En réalité, la Russie a deux
fers au feu. Parallèlement au front
idéologique érigépar VladimirPoutine à des fins électorales, une
autreligne s’esquisse, plus pragmatique. Reléguée dans les coulisses
de la diplomatie, elleest moins visible mais elle existe.
Elle était à l’œuvre lors du voyage à Damas, mardi 7 février, de
Sergueï Lavrov, escorté par le chef
du renseignement, Mikhaïl Fradkov. Au terme de celui-ci, Moscou a
reçu l’aval de Damas pour mener
des pourparlers avec l’opposition
syrienne. Pour obtenir ce feu vert,
des analystes prétendent que Moscou se serait engagé à évacuer le
clan Assad en cas de complications.
La Russie peut-elle espérer jouer
un rôle dans un éventuel aprèsAssad ? « C’est peu probable, car le
veto a amoindri sa capacité à s’imposer en tant que médiateur »,
regrette Alexandre Choumiline. p
Marie Jégo
A Tripoli, au nord du Liban, la tension reste vive
entre partisans et adversaires de Bachar Al-Assad
Des affrontements ont opposé, les 10 et 11février, milices sunnites et alaouites, faisant 3 morts
Tripoli (Liban)
Envoyée spéciale
Q
uand je vais à Djabal Mohsen,
jedis “Vive Bachar !”.Quand je
suis à Bab Al-Tebbaneh, je crie
“Amort Bachar!” », résume Saïd,un
ouvrier syrien de 34 ans qui travaille à Tripoli, la grande ville du
nord du Liban à majorité sunnite.
Depuis les affrontements entre les
deux quartiers voisins, les 10 et
11février, qui ont fait trois morts et
une vingtaine de blessés, les événementsenSyriefont partieduquotidien des Tripolitains.
Sur les hauteurs de Djabal Mohsen,alaouite(laconfessionduprésident syrien), le soutien à Bachar
Al-Assad apparaît au grand jour,
sur les vitrines des magasins ou les
affiches géantes. En contrebas,
dans les ruelles miséreuses de Bab
Al-Tebbaneh, sunnite, l’appui à
«Homs égorgée », l’appel à « la victoire ou le martyre » (slogans d’une
manifestation organisée par un
parti islamiste le 10 février) trouvent un large écho. « Provocations», entend-on de chaque côté.
Est-ce une photo de Bachar
Al-Assad, « boucher », à côté d’enfants morts, qui a mis le feu aux
poudres, les développements en
Tripoli
Mer
Méditerranée
Beyrouth
Zghorta
LIBAN
SYRIE
Damas
50 km
Syrie ou les manifestations à Tripoli?Lesversionsdivergent,maisl’essentiel est qu’une étincelle suffit
pour que les quartiers, séparés par
une rue, s’embrasent.
Pour Saïd, le combat des milices
libanaises n’est pas le sien : « C’est
unelutteconfessionnelleentreLibanais. » Comme les autres ouvriers
syriens réduits à dormir dans les
souks au bas de Bab Al-Tebbaneh,
Saïd a subi, impuissant, les balles et
les tirs de RPG le soir du 10 février.
Depuis l’occupation syrienne
de 1976, l’animosité entre les deux
quartiers se nourrit d’une perpétuelle volonté de revanche. La
confrontation a été ravivée par les
divisions autour de la révolte en
Syrie. Depuis mars 2011, l’armée
libanaise redouble de vigilance.
Mais les incidents sont récurrents
et ni les barrages, ni les chars
déployés, ni les soldats n’ont pu
contenir, le 10 février, l’éclatement de violences similaires à celles qui avaient déjà secoué la périphérie de Tripoli en juin 2011. Elles
n’ont cessé qu’avec la trêve imposée par l’armée, samedi 11 février
après-midi.
Les alaouites en danger
A Djabal Mohsen, parfois décrit
comme une forteresse, mais qui
ressemble plutôt à une enclave
désolée entre deux quartiers sunnites, Ali, 38 ans, continue de soutenir le régime syrien, envers et
contre tout. Il craint l’influence
des « fanatiques » derrière la révolte syrienne. Son épouse veut partir, elle dit qu’ici, les alaouites sont
en danger. Depuis le conflit meurtrier de l’été 2008 entre les deux
quartiers, les enfants du couple
vont à l’école à Zghorta, une localité chrétienne, pour ne plus être
scolarisés avec des sunnites.
Ahmad, 28 ans, a perdu la superbe du combattant qui avait pris les
armes en 2008 : « On est une toute
petite minorité au Liban
[130 000 personnes, selon des
estimations]. Comment ne pas être
solidaire des autres alaouites ? »
Khaled, sunnite de Bab Al-Tebbaneh, est encore sous le choc, lundi 13 février. Cet homme de 26 ans,
ancien membre du Moustaqbal, le
parti de l’ex-premier ministre
Saad Hariri, a l’impression d’une
« grande manipulation ». Il refuse
l’idée d’une lutte confessionnelle :
« Le problème, ce sont les gens qui
sont loyaux au régime syrien. Djabal Mohsen est une boîte à messages pour Damas, destinée à nous
intimider. » Khaled garde en tête
l’image de son oncle tué à Djabal
Mohsen, en 1985. S’il est solidaire
des manifestants syriens, c’est aussi « parce qu’avec la chute du régime, j’ai un espoir : que le Hezbollah
[auquel les partis alaouites sont
alliés] tombe ».
Quand les combats ont débuté,
le 10 février, des hommes de Bab
Al-Tebbaneh, riant ou soupirant,
racontaient « être habitués » à ces
soubresauts. Mais une fois la
bataille achevée, la nervosité était
palpable, face au risque d’un
conflit plus vaste. Le soir même,
un dépôt d’armes explosait dans
un autre quartier de Tripoli. p
Laure Stephan
Carrément vous.
Pas de
bon prix
sans grand
service.
SFR - S.A. au capital de 3 423 265 598,40 € - RCS Paris 343 059 564
SFR. Des bons forfaits.
Une vraie assistance.
Un grand réseau.
sfr.fr
6
0123
international
Mercredi 15 février 2012
Les divergences politiques
s’accentuent
au sein du Hamas
Mahamadou Issoufou: «La situation
au Mali nous préoccupe beaucoup»
Des tensions renforcées menaceraient
la réconciliation inter-palestinienne
Le président du Niger s’inquiète de la déstabilisation du Sahel après la chute du régime Kadhafi
Entretien
Jérusalem
Correspondant
L
’accord de Doha » a-t-il fait
long feu ? Lorsque Mahmoud
Abbas, président de l’Autorité
palestinienne, et Khaled Mechaal,
chef du bureau politique du Hamas,
s’étaient retrouvés dans la capitale
qatarie, le 6 février, la décision de
confier à M. Abbas le poste de premier ministre (outre ses responsabilités présidentielles) avait été présentée comme une avancée importante pour la réconciliation interpalestinienne. Depuis, une division
est apparue au sein du mouvement
islamiste.
Ces dernières années, le Hamas
était séparé en deux entités : à
Gaza, le gouvernement dirigé par le
premier ministre Ismaïl Haniyeh ;
et, en exil à Damas, la branche politique, sous l’autorité de M. Mechaal.
Le premier est longtemps apparu
plus pragmatique que le second,
considéré sous influence de la Syrie
et de l’Iran. Cette distinction semble s’inverser : Khaled Mechaal et le
bureau politique ont quitté Damas,
et son discours a évolué.
Soucieux de se rapprocher de
pays réputés modérés, tels la Jordanie et le Qatar, il prône aujourd’hui
la « résistance populaire pacifique »
contre Israël, et il accepte que le
futur Etat palestinien soit créé dans
les frontières de 1967, une position
proche de celle de M. Abbas.
A contrario, celle de M. Haniyeh
paraît se durcir alors qu’il se rapproche des Frères musulmans égyp-
tiens. Sa modération supposée (qui
s’est manifestée par une trêve de
fait avec Israël) lui avait aliéné le
soutien politique et militaire de
l’Iran, au profit du très radical Jihad
islamique. M. Haniyeh a-t-il compris que, privé du soutien de l’Iran,
sa position était menacée ?
Il a donné des gages en ce sens,
dimanche 12 février à Téhéran. Tout
en réaffirmant que le Hamas ne
«reconnaîtra jamais» Israël, il a affirmé que la lutte du Mouvement de la
résistance islamique ne cessera pas
«jusqu’à la libération de la totalité de
la terre de Palestine, et le retour de
tous les réfugiés palestiniens».
Accords de Doha en suspens
La situation politique à Gaza n’est
pas étrangère à l’évolution de
M.Haniyeh.Mahmoud Zahar, véritable « numéro deux » du gouvernement,défenduneligneintransigeante. Dès l’accord de Doha signé, il estimait que le choix de M. Abbas commepremierministreétait«complètement inacceptable ».
Plusieurs cadres du mouvement
palestinien ont rappelé que c’est
M. Abbas lui-même, en 2003, qui
avait obtenu la distinction des fonctions de président et de chef du gouvernement. A Gaza, les parlementaires du Hamas ont apporté leur soutien à la position de M. Zahar. C’est
donc une lutte d’influence qui est
en cours au sein du Hamas, et qui
pourrait avoir pour conséquence
de geler la mise en œuvre de l’accord de Doha. p
Laurent Zecchini
Israël
Attentats contre des diplomates
JERUSALEM. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a
accusé l’Iran d’avoir commis les deux attentats ayant visé lundi 13 février
le personnel des ambassades d’Israël en Inde et en Géorgie. Une voiture
de l’ambassade d’Israël à New Delhi a explosé, faisant quatre blessés dont
une diplomate de 42 ans. Un homme à moto a été vu par un témoin en
train d’accrocher un engin à l’arrière de la voiture peu avant l’explosion.
A Tbilissi, la police a désamorcé un engin explosif découvert dans le véhicule d’un employé de l’ambassade. Ce mode opératoire fait penser aux
mystérieux attentats attribués au Mossad, visant des scientifiques
nucléaires iraniens. Téhéran a démenti toute implication. – (AFP.) p
Tunisie
Un réseau lié à Al-Qaida démantelé
TUNIS. Douze Tunisiens âgés de moins de 30 ans ont été arrêtés après
les accrochages meurtriers survenus dans la région de Sfax les 1er et
2 février, et neuf autres sont en fuite. « L’enquête a montré qu’ils ont des
relations avec des groupes proches d’Al-Qaida en Libye et peut-être avec
des membres d’Al-Qaida en Algérie mais on n’a pas pu confirmer ce dernier point », a déclaré, lundi 13 février, le ministre de l’intérieur Ali
Larayedh. Les hommes arrêtés, dont certains avaient été condamnés
pour terrorisme, « ont été entraînés en Libye ». Les armes saisies, 34 Kalachnikovs et armes de poing, venaient de Libye, selon le ministre, « dans
la perspective d’instaurer un émirat islamique en Tunisie ». Deux hommes avaient été tués et un troisième arrêté lors de violents accrochages
avec l’armée tunisienne les 1er et 2 février à Bir Ali Ben Khlifa, dans la
région de Sfax, à 300 km au sud de Tunis. p I. M. (avec AFP)
Chine Nouvelle tentative d’immolation tibétaine
PEKIN. Un jeune moine bouddhiste a tenté de s’immoler par le feu, lundi 13 février, au Sichuan, une région tibétaine de Chine. Au moins 20
Tibétains, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolés ou ont
tenté de le faire en moins d’un an. – (AFP.)
APPEL D’OFFRES - AVIS D’ENQUETE
01.49.04.01.85 - [email protected]
COMMUNE DE MONTGENEVRE (HAUTES ALPES)
ENQUETE PUBLIQUE
Révision du Plan Local d’Urbanisme
Par arrêté en date du 12 janvier 2012, le Maire de Montgenèvre porte à la connaissance du public qu’il sera procédé à une enquête publique relative à la révision du
Plan Local d’Urbanisme de la Commune de Montgenèvre.
Le dossier d’enquête sera à la disposition du public le lundi 13 février 2012 au lundi
19 mars 2012 inclus afin que chacun puisse en prendre connaissance, de 13H30 à
16H30 (sauf les samedis, dimanches et jours fériés), et faire enregistrer ses observations éventuelles.
Monsieur Thierry GUILLO, informaticien, domicilié en Mairie de Montgenèvre, Boîte
Postale n°13, 05100 MONTGENEVRE, désigné en qualité de Commissaire Enquêteur,
se tiendra à la disposition du public à la Mairie le lundi 13 février 2012, les jeudis
23 février, 1er et 8 mars 2012, le mercredi 14 mars 2012 et le lundi 19 mars 2012, de
13h30 à 16H30. Les observations formulées par écrit peuvent lui être adressées par
la poste à la Mairie.
Il y a pourtant des forces spéciales françaises au Niger chargées
de former vos troupes d’élite…
M
ahamadou
Issoufou
(60 ans) est le président
de la République du
Niger depuis le 7 avril 2011, démocratiquement élu avec près de 58 %
des voix. En 2010, une junte militaire avait pris le pouvoir, destituant le chef de l’Etat de l’époque,
Mamadou Tandja, qui tentait de
confisquer le pouvoir. Le Niger est
bordé par des pays déstabilisés par
des violences : Libye, Mali, Nigeria.
Pour l’instant, il n’y a ni soldat
ni participation militaire française au Niger.
Que sont devenus les Libyens
arrivés au Niger après la chute
de Mouammar Kadhafi ?
Des Libyens ont été accueillis
pour des raisons humanitaires à
condition de ne pas menerd’activités subversives contre les nouvelles autorités libyennes. Dans ce
contexte, les propos que vient de
tenir Saadi Kadhafi [l’un des fils de
feu le Guide libyen] depuis Niamey
sont inacceptables. Nousne l’extraderons pas vers Tripoli, mais nous
allons resserrer la sécurité autour
de lui.
Quelles sont les causes de
la rébellion touareg au Mali ?
C’estun dégâtcollatéral de lacrise libyenne. On sait que les dépôts
d’armesyavaient étépillés ettransférésenpartie au Niger,enMauritanie, au Tchad… Après la défaite de
Kadhafi, un certain nombre de ses
soldats ont fui pour s’installer
dansle Sahel. Maisils n’ont pas pris
pied au Niger. Malheureusement,
ils sont allés au Mali, par petits
groupes, d’abord. Puis c’est devenu
ungrandgroupede400à500combattants lourdement armés. Les
paysdu Sahel, Maliet Niger notamment, ont connu des rébellions
récurrentes depuis le début des
années 1990. La crise libyenne a
catalysé lesvelléitésd’indépendance de l’Azawad (au Mali). Rébellion
ouverte depuis le 17 janvier.
Le Nigeria, autre pays frontalier,
«La crise libyenne
a catalysé les velléités
d’indépendance
de l’Azawad»
est aussi secoué par les violences de la secte Boko Haram.
Avec quel impact sur le Niger ?
La situation au Nigeria nous
inquiète mais Boko Haram connaîtra le même sort que d’autres mouvements du même genre au Nigeria : les autorités vont l’étouffer.
Quelles sont les conséquences
de cette crise pour le Niger ?
Nous avons déjà reçu 10 000
réfugiésmaliens, ycompris des soldats isolés dans des casernes qui
ont afflué vers le Niger. Si la crise
continue, il y en aura de plus en
plus. [Près de 300 000 Nigériens]
chassés par les crises libyenne et
ivoirienne sont déjà revenus au
pays. C’est beaucoup trop. Il y a des
conséquences sociales et une augmentation des dépenses sécuritaires militaires pour faire face à la
situation. En résumé, la situation
au Mali nous préoccupe beaucoup.
Existe-t-il un risque de propagation de la rébellion touareg au
Niger ?
Un effet de mimétisme et de
contagion est toujours possible.
Mais récemment, nous avons organisé un forum sur la paix dans les
régions sahéliennes auquel participaient, notamment, les notables
du Niger et les anciens chefs de
rébellion. Nous avons tous fait le
choix de la paix.
Le programme de renaissance
Le président Issoufou à Saint-Cloud, le 9 février. J. DANIEL/MYOP POUR « LE MONDE »
nationale que j’ai défendu à la présidentielle ménage une place
importante au développement
des zones pastorales [où vivent de
nombreux Touareg]. La misère est
le terreau de toutes les rébellions
et de tous les terrorismes. Donc, si
à court terme la solution est sécuritaire, à long terme, la sécurité repose sur le développement économique et social.
Que sont devenus les ex-combattants nigériens en Libye ?
Je ne crois pas qu’ils aient
rejoint la rébellion au Mali. Ils se
sont réinsérés dans la vie sociale
au pays. Certains ont maintenant
des responsabilités politiques au
Niger. Tout comme les chefs des
anciennes rébellions dont beaucoup ont été élus lors des élections
locales et régionales de 2011.
Comment le Niger
peut-il participer à la résolution
de la crise au Mali ?
C’est aux Maliens de déterminer la voie à suivre. Mais nous pouvons parler aux deux parties pour
qu’elles négocient.
Y compris aux représentants du
Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), les
rebelles touareg du Mali ?
Nous en avons même parlé
avec le président malien. Tous les
moyens qui peuvent contribuer à
la paix sont bons.
Pourtant, les discussions à
Alger ont échoué début février ?
Il ne faut pas se décourager.
L’une des raisons de l’échec tient à
l’absence du MNLA à Alger. Les
anciens mouvements, eux, étaient
présents. Il faut s’efforcer que les
nouveaux viennent négocier.
Comptez-vous sur la France
pour garantir votre sécurité
si la crise dégénère ?
On ne confie jamais la défense
de son pays à d’autres.
La création d’un arc Boko Haram
-AQMI ne vous inquiète pas ?
Des indices montrent des relations entre ces deux mouvements
terroristes, et avec les chabab de
Somalie. Nous faisons en sorte
qu’elles ne se renforcent pas.
L’ONU annonce une crise alimentaire prochaine au Sahel. Y a-t-il
des raisons de s’alarmer ?
Nous avons un déficit énorme
de 700 000 tonnes de céréales.
Plus un déficit fourrager très
important. La situation alimentaire est donc très alarmante. D’où
le programme d’urgence (irrigation, vente de bétails, emplois
ruraux, stock stratégique) mis en
œuvre en collaboration avec les
agences internationales et les
ONG. Mais l’essentiel de la charge
repose sur le Niger. p
Propos recueillis par
Christophe Châtelot
n Sur Lemonde.fr
L’intégralité de l’entretien
A neuf mois de l’élection présidentielle, Barack Obama
veut taxer les contribuables les plus riches
Le président américain a présenté, lundi 13février, un budget en déficit de 900milliards de dollars
Washington
Correspondante
B
arack Obama a choisi de présenter son budget 2013, lundi 13 février, dans un IUT de
Virginiedu Nord,région très disputée pour les élections de novembre. « Je suis venu ici tellement souvent que je vais bientôt avoir mon
diplôme », a-t-il plaisanté.
On ne saurait mieux traduire
qu’il s’agit surtout d’un budget de
campagne électorale, loin des tentatives de compromis de 2011 avec
les républicains : augmentation
des impôts pour les plus riches,
entrée en vigueur de la « règle Buffett » (du nom du milliardaire Warren Buffett : les fortunes supérieures à 1 million de dollars annuels
doivent être imposées au moins à
30 %), abolition des privilèges fiscaux de l’industrie pétrolière ou
des terrains de golf, taxe sur les
banques, dépenses d’infrastructure, embauche de professeurs.
M.Obama a mêmeressorti son projet de train à grande vitesse, vilipendé par les conservateurs.
L’exercice est largement théorique. Le budget 2013 n’a aucune
chance d’être adopté dans l’immédiat. Le budget 2012 est lui-même
encore sur les étagères, les républicains de la Chambre ayant voté
leur propre projet, que le Sénat, à
majorité démocrate, a refusé
d’examiner.
Mais le texte, qui comporte
256 pages, va servir de plate-forme
électorale au candidat Obama et de
punching-ball aux républicains.
Les milieux politiques espèrent
que les électeurs rendront un avis
explicite en novembre. Dès le lendemain des élections, en effet, le
Congrès va devoir s’attaquer de
nouveauàlaquestiondu renouvellement des baisses d’impôt décidées par George Bush en 2003. Prolongées de manière temporaire en
2011, elles viennent à expiration à
la fin de l’année.
Le budget 2013 ignore superbement le Tea Party et ses exigences
de réduction de la taille du gouvernement. Les dépenses s’élèvent à
3 800 milliards
de
dollars
(2900 milliards d’euros). Les recet-
tes à 2 900milliards, soit un déficit
prévude 900 milliards,alors que la
dettenationales’élèveà15 000milliards. Les Etats-Unis continueraient à devoir emprunter 24 cents
de chaque dollar qu’ils dépensent.
Indignation des républicains
A moins de dix mois des élections, Barack Obama a rassemblé
toutes ses priorités, et notamment
l’éducation. Le budget ne touche
pas au système de pensions alors
que le président s’était montré
ouvert à l’augmentation de l’âge
de la retraite lorsqu’il avait proposé une grande négociation aux
républicains en août 2011. Sur
Medicare, l’assurance santé publique réservée aux plus de 65 ans, il
se contente de dépoussiérage (remboursant moins généreusement
les fournisseurs de soins). Les républicains, désireux de favoriser les
assurances privées, sont, eux, partisans d’un système dans lequel
l’Etat ne paierait plus directement
les soins, mais fournirait des « coupons » aux assurés, qui régleraient
eux-mêmes leurs factures.
Du côté des coupes, l’Agence
pour l’environnement (EPA), que
plusieurs candidats républicains
ont promis de supprimer, subit
4 % de réduction budgétaire. Le
programme Mars est amputé de
deux missions. Le Pentagone
devrait réduire ses effectifs de
100 000 personnes, supprimer
des bases en Allemagne et renoncer à plusieurs armements coûteux. L’Irak devrait coûter 4,8 milliards, en réduction de 10% par rapport à 2012. L’Afghanistan, 4,6 milliards et le Pakistan, 2,4 milliards.
M. Obama propose aussi un fonds
de 770 millions pour « répondre
aux changements historiques »
dans le monde arabe. L’assistance
militaire pour Israël se monte à
3,1 milliards. Celle pour l’Egypte a
été ramenée à 1,3 milliard.
Les républicains se sont étranglés d’indignation en consultant le
document. Ils ont immédiatement
diffuséun spotpublicitaire quirappelle que M. Obama avait promis
en2009deréduireledéficitdemoitié avant la fin de son mandat. p
Corine Lesnes
Carrément vous.
SFR - S.A. au capital de 3 423 265 598,40
40 € - RCS Paris 343 059 564
Les
formules
Carrées
de SFR.
Offres soumises à conditions valables en France métropolitaine.
Renouvellement de mobile à prix nouveau client réservé d’une part aux clients SFR (hors titulaires d’une formule Carrée) n’ayant pas effectué de renouvellement de mobile au cours
des 24 derniers mois sous réserve de se réengager 24 mois et de renoncer au programme garantie carré rouge et d’autre part, aux clients titulaires d’une formule Carrée n’ayant pas
effectué de renouvellement de mobile au cours des 12 ou 24 derniers mois, sous réserve de se réengager 12 ou 24 mois. Prêt de mobile : sous condition d’un dépôt de garantie et dans la limite des stocks
disponibles. Détails sur sfr.fr.
sfr.fr
8
planète
0123
Mercredi 15 février 2012
Amiante: le procureur qui a fait tomber Eternit
Le magistrat italien Raffaele Guariniello a obtenu seize ans de prison contre deux dirigeants du groupe suisse
Rome
Correspondant
Un fléau persistant
I
l aurait très bien pu passer
pour l’un des leurs. Petites
lunettes cerclées de fer, costume rayé de très bonne coupe, boutons de manchettes, Raffaele Guariniello, procureur du tribunal de
Turin (Piémont) ne dépareillerait
pas dans une assemblée de la
Confindustria, le patronat italien.
Maisen faisantcondamner, lundi 13 février, l’ancien propriétaire
d’Eternit,legéantsuissedel’amiante, Stephan Schmidheiny, 64 ans,
et l’ancien administrateur d’Eternit Italie, le baron Louis de Cartier
de Marchienne, 90 ans, à seize ans
de prison et à 250 millions d’euros
de dommages et intérêts aux parties civiles, ce magistrat est devenu
la bête noire des patrons.
En juillet 2011, il avait demandé
Exposition Selon les chiffres de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 125 millions de
personnes dans le monde sont
encore exposées à l’amiante sur
leur lieu de travail. Le bâtiment,
les constructions navales et les
travaux publics sont les secteurs
les plus concernés.
Mortalité Plus de 107 000 personnes meurent chaque année dans
le monde d’un mésothéliome, d’un
cancer du poumon ou d’une asbestose (insuffisance respiratoire
chronique) dûs à une exposition
professionnelle à l’amiante. Selon
l’OMS, l’amiante est responsable
de « la moitié des décès par cancers d’origine professionnelle ».
Pathologies Il existe plusieurs formes d’amiante dont les principales sont le chrysotile et la crocidolite. Certains promoteurs de
l’amiante défendent leur innocuité
mais, selon l’OMS, toutes sont dangereuses pour l’homme, même à
faible dose, et provoquent – outre
des cancers et des maladies respiratoires – des cancers du larynx
ou des ovaires.
«Un rêve vient de se
réaliser, celui de tous
ceuxqui veulent
une justice
qui fonctionne»
Raffaele Guariniello
procureur du tribunal de Turin
vingt ans de prison contre les deux
inculpés, responsables selon l’accusation de la mort « volontaire »
de 3 000 personnes due à l’amiante sur les quatre sites italiens d’Eternit, dont 1 800 à Casale Monferrato, là où le groupe avait son plus
important établissement. L’inculpation ? « Catastrophe sanitaire et
environnementale permanente. »
« Seize ans, c’est pas si mal. Un rêve
vient de se réaliser, pas seulement
le mien mais celui de tous ceux qui
veulent une justice qui fonctionne », se félicitait le procureur lundi
soir au téléphone.
Le plus grand procès et son verdict déjà qualifiés « d’historiques »
doiventtout ou presque à l’abnéga-
Le procureur Raffaele Guariniello à la sortie du procès de responsables du groupe Eternit, à Turin, lundi 13 février. DANIELLE BADOLATO/AP
tion de ce magistrat de 71 ans spécialisé dans la sécurité du travail et
le dopage. Déjà, en avril 2011, il
avait fait condamner à seize ans et
demide prison en première instance Harald Espenhahn, le directeur
général de la branche acier du
groupe allemand ThyssenKrupp
pour « homicide volontaire », à la
suite du décès de sept ouvriers sur
une ligne de laminoir à Turin.
Pour inculper ledernier propriétaireet l’un des actionnaires principaux du groupe Eternit, il aura fallu un « coup de chance », si l’on
peut dire : le décès par mésothéliome (cancer de plèvre), sur le territoire italien, d’un ouvrier transalpin ayant travaillé dans l’une des
usines du groupe en Suisse. « Cela
a été le chaînon manquant qui
nous a permis de poursuivre
Schmidheiny, raconte M. Guariniello. Par le passé, nous n’avions
pu faire condamner que des administrateurs, des cadres, des lampistes. »
De son bureau au cinquième
étage du tribunal de Turin, il domine la prison de l’autre coté du
Cours Victor-Emmanuel II. Derrière lui, bien en évidence, une biographie de Guiseppe Verdi et un livre
de photos de La Callas. Partout, sur
les étagères et sur son bureau, des
CD de musique classique : « Pendant huit ans, j’ai passé la majeure
partie de mon temps ici, dit-il. Il fal-
lait bien que je me délasse. » Commencée en 2004, son enquête ne
se fera pas sans mal.
Pour se défendre d’avoir négligé la sécurité au profit de la rentabilité, Eternit, qui a fermé l’usine
de Casale Monferrato en 1986, tente de jeter le discrédit sur tous
ceux qui la combattent. Elle confie
à une agence de communication
milanaise, K Bellodi, la tâche de
désinformer la presse. Médecins
complaisants, journalistes stipendiés se relaient pour écrire la fable
d’une amiante « domestiquée ».
« Schmidheiny était plus malin
que moi. Il a compris tout de suite
l’enjeu de ce procès. Mais j’ai retrouvé la trace de circuits financiers
entre la Suisse et cette agence »,
raconte M. Guariniello avec le sourire de celui qui aurait gagné une
partie de gendarmes et voleurs.
Pour contrer leurs manœuvres,
le magistrat a pu s’appuyer sur l’association des familles de victimes
de l’amiante, les collectivités locales et sur une équipe de magistrats
spécialisés dans le domaine de la
sécurité au travail. Est-ce cette
machine qui a dissuadé les deux
inculpés de se présenter face à
leurs juges ? Peut-être : « Pourtant,
je préfère poursuivre les crimes que
faire condamner les hommes »,
s’étonne-t-il, pince-sans-rire.
Pour le procureur, l’histoire ne
s’arrête pas là. D’abord parce que
président de l’Andeva. «Personne
ne souhaite se retrouver avec une
nouvelle affaire de santé publique,
comme le sang contaminé, avec les
mises en examen de responsables
économiques et politiques », résume M. Poinas. «En Italie, c’est un
parquet indépendant et volontaire
qui a décidé d’ouvrir une instruction. En France, il a tout fait pour
l’entraver, s’émeut Me Teissonnière. Le jugement italien interpelle l’institution judiciaire française.» Après le verdict de Turin, nombre d’associations, dont l’Andeva,
et de syndicats ont demandé à la
justice française d’accélérer. p
MM. Schmidheiny – dont un des
avocats dénonce un verdict « techniquement injuste » – et Cartier de
Marchienne ont annoncé leur
intention de faire appel. Ce qui
reporte assez loin l’hypothèse
d’une sanction définitive. Ensuite
parce que l’amiante continue à
tuer en Italie où elle est interdite
depuis 1992. En 2011, 58 personnes
sont décédées rien qu’à Casale
Monferrato. Le procureur Guariniello prépare un second procès
qui pourrait débuter avant la fin
de l’année.
Il enquête également sur le
volet italien du scandale des
implants mammaires, sur les
ondes transmises par les téléphones portables. Le 25 février, il viendra à Paris pour parler « des nouvelles frontières du droit ». Il rêve tout
haut de la constitution d’un « parquet international », qui pourrait
enquêter sur les responsables « des
tragédies modernes ». « La gestion
d’une usine dépend directement
des décisions prises par les actionnaires. Il faut pénétrer les conseils
d’administration », dit-il.
Raffaele Guariniello, s’imagine
volontiers en arbitre d’un monde
desaffaires globalisé aux responsabilités insaisissables. « Le crime
voyage à la vitesse de la lumière et
nous, les magistrats, sommes encore au temps des diligences », déplore-t-il. Il lui faudrait juste un peu
plus de moyens et pas mal de CD
supplémentaires quand il faudra
« se délasser ». p
Rémi Barroux
Philippe Ridet
En France, après quinze ans d’instruction, aucun procès n’est en vue
LE CONTRASTE est saisissant. Alors
que la justice italienne vient de
condamner à seize ans de prison,
lundi 13 février, deux anciens responsables de la société suisse Eternit, dans le cadre du drame de
l’amiante, aucun procès n’est en
vue en France.
«On est dans un véritable naufrage judiciaire, rien ne se passe, ou
presque», explique Jean-Paul Teissonnière, avocat de l’Association
française des victimes de l’amiante (Andeva) et présent à Turin pour
défendre des familles italiennes.
«Le cadre est à peu près identique.
Les procédés industriels d’Eternit en
Italie, en Suisse, en Belgique et en
France sont les mêmes, le nombre
de victimes équivalent, mais, ici, on
a l’impression d’une tentative de
torpillage de la justice», dit-il. Quelque 3 000personnes meurent chaque année en France de cancers
liés à l’amiante et le total des victimes pourrait s’élever à 100000
d’ici à 2025.
Alors que les premières constitutions de partie civile remontent
à 1996, aucune instruction ne semble devoir déboucher dans un avenir proche. Pire, la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, en charge de la
plupart des dossiers et qui a mis en
examen six des anciens dirigeants
du Comité permanent amiante,
une structure de lobbying active
entre 1982 et 1996, a été dessaisie
d’une partie des affaires et ses
mises en examen ont été annulées
par la cour d’appel de Paris.
Résistance
Pour Emmanuel Poinas, viceprésident du tribunal de grande
instance de Marseille et secrétaire
général du syndicat FO des magistrats, « il y a des résistances à l’intérieur même du corps judiciaire, et
la nomination d’un nouveau juge,
qui devra découvrir des milliers de
pages de dossiers, risque de retarder de cinq à dix ans la perspective
d’un procès». Selon lui, plusieurs
raisons expliquent cette paralysie,
dont « la modestie » des moyens
du pôle judiciaire de santé publique auquel appartient Mme BertellaGeffroy: « Les moyens alloués par
la police et la gendarmerie aux
investigations sont dérisoires. Il a
fallu huit ans pour que certaines
commissions rogatoires reviennent.»
Selon plusieurs protagonistes,
le parquet ne veut pas d’un procès
au pénal. «On a gagné au civil sur
les mesures d’indemnisation, et le
parquet considère qu’il n’est pas
nécessaire d’aller au pénal puisque
les victimes ont été indemnisées»,
explique François Desriaux, vice-
Deux études pointent la responsabilité du bisphénol A dans l’épidémie de diabète
De faibles doses du perturbateur endocrinien, présent chez 95% de la population occidentale, favorisent l’augmentation de la glycémie
L
e bisphénol A (BPA) contribuerait bel et bien à l’épidémie mondiale de diabète de
type 2. Deux nouvelles études renforcent la suspicion autour de ce
perturbateur endocrinien entrant
dans la composition des plastiques alimentaires, des revêtements intérieurs de canettes ou
encore de boîtes de conserve et qui
est présent chez 95 % de la population occidentale.
La première étude, publiée dans
l’éditionduJournalofClinicalEndocrinology & Metabolism de
février 2012, confirme, dans la
population générale, le lien entre
expositionauBPAd’unepart,obésité et diabète de type 2 d’autre part.
La seconde, qui vient d’être rendue
publique dans la revue PLoS One,
metenévidenceinvitrolemécanisme par lequel de faibles doses de
BPA peuvent favoriser le développement de cette maladie, qui progresse rapidement et touche
aujourd’hui plus de 300 millions
de personnes dans le monde selon
l’Organisation mondiale de la san-
té (OMS). Généralement associé à la
sédentarité et à la surconsommation de graisses saturées et de
sucres,lediabètedetype2 estcaractérisé par une glycémie trop élevée.
Tiange Wanget ses coauteurs du
Shanghai Institute of Endocrine
and Metabolic Diseases (Shanghaï,
Une avalanche de travaux expérimentaux
Depuis le 1er janvier, pas moins
de 46 études en biologie ou en
recherche biomédicale ont été
consacrées au bisphénol A
(BPA) et publiées dans des
revues scientifiques. L’éventail
des chercheurs est immense.
Certains documentent des
défauts de développement neurologique chez le poisson-zèbre,
lorsqu’il a été exposé au BPA à
l’état larvaire, d’autres cherchent des moyens de mieux évaluer la teneur totale du perturbateur endocrinien dans le corps
humain… Une équipe française
vient également d’observer comment le BPA peut favoriser la
prolifération de cellules de cancers testiculaires humains.
Chine) ont mesuré l’imprégnation
au BPAde 3 390 adultes. Ils ontclassé en quatre groupes les sujets étudiés – des plus forts taux de BPA
auxplus faibles – et ontrelevé pour
chacun des participants son indice
de masse corporelle (IMC). Résultat : les individus appartenant au
groupe le plus imprégné ont, par
rapport à la moyenne des quatre
groupes, un risque accru de 50 %
d’être obèse et de 37 % de présenter
une résistance à l’insuline, un précurseur au diabète de type2.
En restreignant les observations aux seuls sujets de corpulence normale, M. Wang et ses coauteurs observent que le risque de
diabète de type 2 est accru de 94 %
pour les sujets les plus imprégnés,
par rapport au groupe dont les
teneurs en BPA sont les plus basses. Par quels mécanismes ce lien
entre diabète et exposition au BPA
se noue-t-il ? Sergi Soriano (université Miguel Hernandez de Elche à
Alicante, Espagne) et ses
co-auteursa exposéin vitro des cellules pancréatiques de souris et
d’humains aux concentrations de
BPA couramment rencontrées
dans la population générale.
Synthèse d’insuline accrue
Les chercheurs espagnols ont
montré que ces cellules, lorsqu’elles sont exposées à de faibles doses
de BPA, synthétisent plus d’insuline. Cette hormone est impliquée
dans les mécanismes de régulation de la glycémie. Or lorsque les
cellules pancréatiques en sécrè-
tent trop de manière chronique,
l’insulino-résistance des tissus
apparaît. Il faut toujours plus d’insuline pour réguler les glucides,
jusqu’à ce que le pancréas ne puisse plus en apporter suffisamment.
La glycémie augmente et le diabète apparaît. En outre, selon le
Réseau environnement santé
(RES), « l’étude apporte la preuve
que l’homme est plus sensible au
BPA que la souris ».
Le bisphénol A est au centre
d’un projet de loi français visant à
le bannir des contenants alimentaires dès 2014. L’Autorité européenne de sécurité des aliments le
considère toujours comme sûr
aux doses rencontrées dans la
population générale. p
Stéphane Foucart
Carrément vous.
DAS : 0,303 W/Kg *
1
SFR - S.A. au capital de 3 423 265 598,40 € - RCS Paris 343 059 564
€
Soit 49,90 € (1) - 48,90 € (2)
remboursés sur demande
avec un Carré absolu
pour un engagement de 24 mois
Offres soumises à conditions valables en France métropolitaine jusqu’au 10/04/12. Engagement de 24 mois. (1) Prix de vente maximum conseillé pour l’achat d’un Galaxy Nexus lors de
la souscription d’un Carré absolu (prix avec un nouveau mobile) pour une durée d’engagement de 24 mois. Tarif différent en cas de souscription à une autre formule Carrée, pour une durée
d’engagement de 12 mois ou à une offre SFR La Carte. En cas de renouvellement de mobile, tarifs et conditions disponibles en point de vente. (2) Offre de remboursement valable pour l’achat d’un
Galaxy Nexus avec la souscription d’un Carré absolu,au prix avec nouveau mobile,pour une durée d’engagement de 24 mois,sous réserve de l’envoi des pièces justificatives au plus tard dans les 30 jours suivant l’acte
d’achat (cachet de la poste faisant foi).Offre de remboursement du prix payé moins 1 € dans la limite de 48,90 €. DAS (débit d’absorption spécifique) des téléphones mobiles : quantifie le niveau d’exposition maximal de
l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne dépasse pas 2W/Kg. Donnée constructeur. Détails sur sfr.fr.
sfr.fr
0123
planète
Mercredi 15 février 2012
Un petit agriculteur
charentais gagne contre
le géant américain Monsanto
Le TGI de Lyon a estimé que la firme était responsable de l’intoxication
par un herbicide du céréalier Paul François. L’entreprise va faire appel
C
’est un long combat que
celui de Paul François, agriculteur à Bernac en Charente, déterminé à obtenir réparation
auprès du géant américain Monsanto.Le tribunal de grande instance (TGI) de Lyon lui a donné raison
sans restriction, lundi 13 février, en
concluant que la firme multinationale était « responsable du préjudice » qu’il avait subi à la suite de l’inhalation du pesticide Lasso. Ce désherbant destiné au maïs l’ayant
gravement intoxiqué, le fabricant
de produits phytosanitaires devra
l’indemniser « entièrement », stipulent les magistrats.
Ce jugement a été salué à grand
renfortde communiqués de victoire par les défenseurs de l’environnement, prompts à se réjouir des
déboires de Monsanto qui a cependant décidé de faire appel. Qu’importe, le jugement fera date : il reste rare de voir un simple céréalier
faire condamner une puissante
multinationale de l’agrobusiness.
« Je crois que c’est une première
en France et en Europe, glisse François Lafforgue, avocat de Paul François. Elle était attendue par des
agriculteurs jusqu’aux EtatsUnis. » Spécialisé dans les questions de santé publique, d’environnement et de sécurité au travail,
son cabinet est actuellement en
charge d’une vingtaine de procédures, dont une douzaine déjà en
cours, à l’initiative de cultivateurs
qui ont perdu la santé à force d’utiliser des produits pesticides toxiques. Tous ne proviennent pas de
chez Monsanto… Syngenta, Bayer,
Basf, l’ex-Rhône-Poulenc sont aussi concernés… « avec des responsabilités croisées qu’il n’est pas toujours possible d’établir », précise
l’avocat.
Pour Paul François, l’affaire a
débuté le 27 avril 2004. Ce jour-là,
après avoir pulvérisé de l’herbicide sur un champ de maïs, il entreprend de nettoyer la cuve, pas tout
à fait vide. Il sent une odeur très
forte, se sent mal, titube jusque
chez lui où il est pris de vertiges.
Son épouse, infirmière, l’emmène
immédiatement à l’hôpital et a le
réflexe de soumettre au centre
antipoison, l’étiquette du produit
en cause : le Lasso. Cet herbicide
est composé d’alachlore comme il
est indiqué sur l’emballage et
d’une autre molécule, le monochlorobenzène,
discrètement
mentionnée. Dangereux, le Lasso
a été interdit en 1985 au Canada, en
Belgique et au Royaume-Uni en
1992, avant de l’être en France en
avril 2007.
Le Lasso a été interdit
en 1985 au Canada,
en Belgique et au
Royaume-Uni en 1992
M. François accuse Monsanto
de n’avoir informé correctement
les utilisateurs de ce pesticide ni
sur sa composition, ni sur les précautions à prendre pour le manipuler. Il souffre encore aujourd’hui de troubles neurologiques :
vertiges, absences, pertes de
connaissance… Lui qui avait commencé à ressentir de sérieux doutes sur les bienfaits de l’agriculture intensive avant son accident, a
voulu venir en aide à d’autres agriculteurs malades. Il a créé une association, Phyto’victimes, que le
conseil régional de Poitou-Charente a soutenue. Pour la présidente
de la région, Ségolène Royal (PS) :
« La preuve est apportée des effets
irrémédiables de ces produits sur
l’environnement et, pire encore,
sur la santé des agriculteurs. »
Selon elle, le monde agricole est
deux fois plus touché par des cancers que la moyenne nationale.
Paul François a dû faire preuve
de beaucoup de ténacité pour obtenir du tribunal des affaires de sécurité sociale de la Charente en 2008,
la reconnaissance de son intoxication en tant que maladie professionnelle. Contestée, cette décision a finalement été confirmée
par la cour d’appel de Bordeaux le
* Voir conditions sur www.mobeco.com
DU 11 JANVIER AU 14 FÉVRIER 2012
Détaillant-grossiste vend aux particuliers
les grandes marques ”au meilleur prix”
MATELAS - SOMMIERS
TRECA - TEMPUR - SIMMONS - PIRELLI
D U N LO P I L LO - BU LT E X - E P E DA - E TC . . .
CANAPÉS - SALONS - CLIC-CLAC
CONVERTIBLES POUR COUCHAGE QUOTIDIEN
DIVA - CASANOVA - BUROV - DESIGNERS GUILD
NEOLOGY - NICOLETTI - LELEU - MARIES CORNER - ETC ...
Livraison gratuite sur toute la France
Réglez en 10 fois sans frais *
50 av. d’Italie
75013 PARIS
148 av. Malakoff
75116 PARIS
247 rue de Belleville
75019 PARIS
01 42 08 71 00
28 janvier 2010. Le TGI de Lyon
vient d’ordonner que soit menée
une expertise par un neurologue
et un toxicologue, afin de pouvoir
déterminer le plus rapidement
possible le montant du préjudice
subi par M. François, ce qui donnera lieu à une prochaine audience
en novembre.
Monsanto France continue de
nier sa responsabilité, comme en
rendent compte les minutes de
l’audience de Lyon, et réclame
même que Paul François soit
condamné à lui verser
10 000 euros. Après tout, n’est-il
pas un « professionnel averti qui
utilisait ce produit depuis longtemps» ? Pourquoi, dans ces conditions, n’avait-il pas mis de masque ? « Nous sommes très attentifs
au problème de santé de M. François, concède Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles
de la filiale française, mais nous
sommes déçus par ce jugement.
Nous considérons que les données
du dossier ne permettent pas d’établir un lien de cause à effet entre
son état de santé et le Lasso. Il s’agit
d’un désherbant utilisé avec succès
pendant quarante ans en France [il
a été autorisé le 31 décembre 1968],
sur des millions d’hectares. »
Yann Fichet ne va pas jusqu’à
commenter le désamour que
manifestent les Français à l’égard
de sa société pourvoyeuse de cultures génétiquement modifiées,
mais il note que « Monsanto est un
Pesticides : de nombreux départements à risques
POPULATION ALIMENTÉE PAR UNE EAU NON CONFORME AUX LIMITES DE QUALITÉ
POUR LES PESTICIDES EN 2010, en nombre d’habitants
Seineet-Marne
SeineMaritime
Hautsde-Seine
Maineet-Loire
0
de 1 à 10 000
de 10 000 à 100 000
SOURCE : MINISTÈRE DE LA SANTÉ - ARS - SISE EAUX
10
Plus de 100 000
Pas de réponse
Gard
Hérault
Guadeloupe
nom attractif pour qui veut faire
de l’audience ».
« C’est une véritable avancée, se
réjouit Hélène Bras, avocate à
Montpellier qui a souvent défendu la Confédération paysanne. Jusqu’à présent les juges ne reconnaissaient pas les sinistres subis par les
agriculteurs. Monsanto, qui prétend toujours que ses produits ne
sont pas dangereux, va être regardé différemment. Cette décision est
aussi un message pour les autres
Guyane
Martinique
Réunion
fabricants de pesticides qui se
retranchent toujours derrière les
autorisations de mise sur le marché délivrées par les autorités publiques. Dès qu’une de leurs molécules est mise en cause, ils déposent
une demande pour en obtenir une
autre. »
L’association Eau et rivières de
Bretagne profite de l’occasion,
comme le député européen José
Bové (EE-LV) pour demander aux
candidats à l’élection présidentiel-
le une réforme de ces procédures,
qui sont actuellement du ressort
du ministère de l’agriculture.
« Quand on considère le coût sanitaire, économique et environnemental, il devient évident qu’une
autre agriculture, biologique et
durable, est non seulement possible mais nécessaire », a commenté
Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie-Les Verts, porte-parole d’Eva Joly. p
Martine Valo
«Ne semons pas la panique chez les consommateurs…»
Entretien
Xavier Beulin, président de la
Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles
(FNSEA), réagit au jugement du tribunal de grande instance de Lyon
qui a reconnu la responsabilité de
Monsanto dans l’intoxication
d’un agriculteur.
Monsanto condamné, c’est historique ?
J’ai d’abord une pensée pour
l’agriculteur. S’il y a un problème
de santé majeur, il est important
que la vérité soit connue et la responsabilité identifiée. J’espère
que les expertises demandées par
le jugement permettront de faire
toute la lumière. Je suis toujours
prudent. La Mutuelle de santé
agricole (MSA) a fait une étude
approfondie d’où il ressort que la
proportion de cancers en agriculture est moins importante que
dans d’autres secteurs. Derrière ce
constat, il faudrait être plus précis
pour savoir si l’on peut attribuer
l’origine de la maladie à telle ou
telle manipulation.
Quelles sont les mesures prises
pour réduire la dangerosité des
produits chimiques employés en
agriculture ?
En 2011, près de 160 000 agriculteurs se sont formés à ce que
l’on appelle le « certiphyto ».
Nous avons été submergés par
la demande. Il s’agit de mieux
connaître les matières actives,
leur manipulation, les habits de
protection et l’usage des pulvérisateurs. Ces mesures découlent du
Grenelle de l’environnement qui
prévoit la réduction de 50 % des
molécules utilisées d’ici à 2018.
Une baisse qui doit tenir compte
du caractère potentiellement toxique des produits ou de leur efficacité insuffisante.
de binage. C’est un travail de longue haleine.
C’est pour cela que nous sommes très attachés à ne pas nous
couper des biotechnologies dont
font partie les OGM. Les alternatives passent par les biotechnologies, en particulier lorsqu’elles
permettent à une plante de résister à une maladie ou au stress
hydrique. C’est une manière de
s’affranchir des matières actives
de type chimique.
La chimie n’a pas tout de négatif. Que des agriculteurs s’interrogent sur leur propre santé, cela va
de soi. Mais il ne faut pas semer la
panique chez les agriculteurs et
les consommateurs. On fait des
analyses. Il arrive que des lots de
marchandises soient retirés
quand on trouve des résidus phytosanitaires sur les produits. p
Le Grenelle prévoit aussi une
diminution de 50 % des volumes
de produits phytosanitaires utilisés d’ici à 2018. Il faut aussi vider
les exploitations agricoles de tous
les stocks non utilisés et des matières actives retirées du marché.
C’est un énorme travail. L’agriculture est constituée d’une multitude de petites entreprises. Nous ne
pouvons quantifier aujourd’hui
ce qui a déjà été réalisé.
Cette réduction des produits
chimiques est-elle compatible
avec la vision d’une agriculture
tournée vers la productivité que
vous défendez ?
Le défi qui nous est proposé, et
que doivent relever les scientifiques, c’est comment rester dans la
course tout en étant dans l’obligation de répondre à ces nouvelles
normes. Il faut trouver des alternatives, comme le recours au désherbage localisé ou à des techniques
Propos recueillis
par Laurence Girard
Climat
Le réchauffement va empirer
avec les pratiques agricoles intensives
Le réchauffement climatique va empirer à mesure que les méthodes
agricoles intensives vont accélérer leur effet néfaste sur l’érosion des
sols, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) rendu public lundi 13 février.
Les sols contiennent d’énormes quantités de carbone sous forme organique qui apportent des nutriments aux plantes. Cette substance décroît
rapidement à cause de la déforestation et de l’agriculture intensive. Une
fois convertie en dioxyde de carbone, elle contribue au réchauffement
climatique. Environ un quart des sols sont déjà en mauvais état, estime
le PNUE. Près de 60 % du carbone emprisonné dans les sols et la végétation aurait été perdu depuis le XIXe siècle. – (PlanetArk.) p
Catastrophe Le risque sismique a augmenté
près de la centrale nucléaire de Fukushima
Le risque sismique a augmenté à Fukushima depuis le tremblement de
terre du 11 mars 2011, selon une étude d’un géologue japonais publiée
dans Solid Earth. Le séisme aurait créé une faille sismique à proximité
de la centrale nucléaire. – (AFP.)
Mercredi 15 février à 21h15
Jean-François COPE
Invité de
Emission politique présentée
par Frédéric HAZIZA
Avec :
Françoise FRESSOZ, Sylvie MALIGORNE et Marie-Eve MALOUINES
Et
7j/7
www.mobeco.com leader de la vente en ligne
Echouage « Costa-Concordia » :
de nouvelles accusations contre le croisiériste
L’équipage du paquebot qui a fait naufrage le 13 janvier au large delà
Toscane est « accusé de mépris envers la vie humaine » par 39 plaignants
américains. – (AFP.)
sur le canal 13 de la TNT, le câble, le satellite, l’ADSL, la téléphonie mobile, sur iPhone
et iPad. En vidéo à la demande sur www.lcpan.fr et sur Free TV Replay.
www.lcpan.fr
france
0123
Mercredi 15 février 2012
11
Le PS hésite sur la reprise en main de l’Intérieur
Après dix ans de sarkozysme, le camp Hollande ne peut pas compter sur un large vivier de préfets de gauche
L
es perspectives de victoire ne
font pas qu’aiguiser les appétits,àgauche.Si,enjuin,auterme des élections, les socialistes
contrôlaient les pouvoirs exécutif
et législatif, ils auraient à résoudre
ce défi : comment réinvestir l’appareil d’Etat, profondément remanié
depuis dix ans, marqué de l’empreintedusarkozysme? Faut-ilplacer des fidèles à tous les postes-clés
ou se contenter d’ajustements?
Ce dilemme se pose surtout au
ministère de l’intérieur, le réacteur
central de la machine Sarkozy.
Deuxcampsse dessinentautourde
François Hollande. D’un côté, les
partisans d’un coup de balai parmi
les hauts responsables policiers et
lespréfets.Parmieux,desfonctionnaires écartés pour leur supposée
sympathie à gauche, revanchards.
De l’autre côté, ceux qui rejettent la
tentation de la purge. Parmi eux, le
groupe Calvignac, de jeunes fonctionnaires de la Place Beauvau qui
réfléchissent à une alternance
posée, ou encore Nacer Meddah,
secrétaire général de la campagne
de M. Hollande. Nommé préfet en
2006 par Nicolas Sarkozy, il redoute avant tout, les « commissaires
politiques».
M. Meddah a été recommandé
par Pierre Moscovici, élu de Franche-Comté, région où il fut préfet,
en2011.Unebagarreàfleuretsmouchetés a eu lieu autour de sa désignation. Certains espéraient un
choix plus politique, comme celui
de Yannick Blanc, cet ancien directeurdelapolice généraleàlapréfecture de police, sèchement écarté en
2008 sur la base d’un dossier tronqué,montépar l’inspectiongénérale des services (IGS). « A l’époque où
j’aiétéremercié,seulFrançoisRebsamens’étaitmanifesté »,sesouvientil. Chargé des questions de sécurité
auprès de M. Hollande, M. Rebsamen loue « le courage et la rigueur
intellectuelle » de Yannick Blanc.
Mais Nacer Meddah l’a emporté.
Une certitude en cas d’alternance: Bernard Squarcini, le patron de
la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), et Fréderic
Péchenard, directeur général de la
police
nationale
(DGPN),
« devraient être démissionnés »,
selonlaformuledeFrançoisHollande. « Il y a de hauts fonctionnaires
delapolicequiontmanquéàl’application de la loi », avait-il lancé, le
29septembre2011surCanal+,àpropos du dossier des fadettes, dans
l’affaire Bettencourt.
Deux camps
se dessinent:
les partisans
d’un coup de balai et
ceuxqui rejettent la
tentation de la purge
Autre certitude : la réhabilitation de bannis, tels Bernard Boucault et Pierre-René Lemas. Deux
préfetsdegauchequiontfaitcarrière sous Lionel Jospin, congédiés par
la droite. M. Lemas, membre comme M. Hollande de la promotion
Voltaire à l’ENA, est déjà revenu en
grâce en devenant en octobre 2011
ledirecteur du cabinet de Jean-Pierre Bel, président (PS) du Sénat.
« Il y aura des changements à
opérer, confie François Rebsamen,
citant à titre d’exemple le préfet de
policedeParis.Ilnes’agitpasdedescendre trop bas dans la hiérarchie,
ni de faire un grand chambardement.Maisceuxquiontimpulsé des
comportements peu républicains
ou des pratiques professionnelles
éloignées de l’esprit républicain doiventêtreremplacés.Ilfaudraredonner confiance à l’ensemble des préfets », ajoute celui qui est présenté
comme un ministre de l’intérieur
potentiel.
M.Rebsamen sait aussi vanter la
souplesse préfectorale. Ancien
patron des Renseignements généraux et secrétaire général adjoint
du ministère, Pascal Mailhos a été
nommé préfet en Bourgogne en
novembre 2011, sur les terres du
socialiste. «Il s’y montre tout à fait
charmant avec moi », sourit le maire de Dijon.
Ils sont nombreux à avoir souffert sous l’autorité de M. Sarkozy,
lors de son passage au ministère de
l’intérieur, puis durant le quinquennat. Toujours plus exposés et
de moins en moins considérés, à
leurs yeux. Tous se souviennent
des limogeages abrupts : pour
n’avoir pas prévenu Paris d’un happening nationaliste dans le jardin
de Christian Clavier, en Corse ; pour
n’avoir pas tenu à distance des
manifestants lors d’un déplacement présidentiel ; ou encore pour
résultats insuffisants contre la
délinquance. Les têtes coupées ont
incité beaucoup de préfets à taire
leursréticences,aumomentdeporter le débat sur l’identité nationale.
Autretraumatisme :lesnominationstrèspolitiques.TelPierreMonzani, préfet de Seine-et-Marne
depuis mai 2011, ex-conseiller de
Charles Pasqua puis directeur du
pôle universitaire Léonard-de-Vinci(Hauts-de-Seine).OuPatrickStefanini,proched’AlainJuppé,condamné dans l’affaire des emplois fictifs
Rencontres discrètes
Amis ou collègues de promotion à l’ENA, ils se retrouvent
tous les quinze jours depuis
l’automne. Soit dans les salons de
la présidence du Sénat, poste
avancé de la reconquête socialiste du pouvoir, soit dans l’arrièresalle de restaurants prudemment
éloignés de la place Beauvau.
« On sait que, dès notre sortie du
bois, une véritable chasse aux sorcières sera organisée contre nous
par Claude Guéant », frissonne
l’un d’entre eux.
Ils travaillent en effet au cœur
de l’appareil sarkozyste : le ministère de l’intérieur, aujourd’hui
confié à un fidèle entre les fidèles. Leur point commun, outre un
usage redoutable de circonvolutions administratives ? Ils souhaitent la victoire de François Hollande mais… réclament avant tout
un « Etat impartial ».
Les hauts fonctionnaires du
groupe Calvignac se disent de
gauche, même si certains ont
Ar. Ch. et P. Sm.
spicys.fr
L
voté Sarkozy en 2007. Ils rêvent
de l’alternance, mais redoutent
en même temps les règlements
de comptes, les têtes qui roulent,
les copains promus, les vieux
réseaux réactivés. « Sarkozy a
théorisé que la loyauté personnelle est plus importante que tout,
explique l’un d’eux. On ne veut
pas d’un Etat de gauche mais d’un
Etat neutre. » Le groupe dénonce
la révision générale des politiques publiques qui a « théorisé le
mouvement pour le mouvement,
sans autre idée que de réduire les
effectifs ». Il critique aussi l’obsession statistique en matière de
délinquance et d’immigration.
Après avoir participé à des
groupes de travail, auprès de Laurent Fabius ou au cercle de
réflexion Terra Nova, certains
ont sollicité François Rebsamen,
le « M. Sécurité » du camp Hollande. Ce dernier les a gentiment
éconduits, expliquant que « six
groupes » travaillaient déjà sur la
sécurité. Pour se faire entendre,
Calvignac réfléchit donc à une tribune, à l’instar du groupe Marly
au Quai d’Orsay : ces diplomates
anonymes avaient signé un réquisitoire fracassant contre la politique étrangère de Nicolas Sarkozy,
en février 2011, dans Le Monde.
Cette fois, deux mois avant le
premier tour, le risque est relatif.
« Les résistants de la dernière heure sont toujours les plus
bruyants », sifflent plusieurs préfets tombés en disgrâce sous l’ère
Sarkozy ou marqués à gauche. p
mé sous-préfet hors cadre en
avril2010, sans l’ancienneté nécessaire dans la fonction publique.
«Il faut revivifier le corps préfectoral, dit François Rebsamen, un
peucommel’avaitfaitFrançois Mitterrand. » A gauche, certains se
remémorent la phrase de l’ancien
président à son arrivée à l’Elysée :
«Les préfets, il y en
a environ 110
en activité.
Vous ne pouvez pas
en inventer!»
Un préfet à la retraite
«Comment notre pays s’est-il résolu
à transformer nos élites en un corps
de contrôleurs ? » Un membre du
groupe Calvignac a récemment
résuméleproblème,lorsd’une réunion. « Il nous faut notre Guéant ! »
Dans son esprit, il s’agit de la version « Guéant » grand commis de
l’Etat, d’avant mai 2002. Celui que
la gauche envisageait aussi de promouvoir, à l’époque.
Cette référence est aussi l’aveu
de la difficulté à recruter. L’absence
d’un vivier important explique la
tentation de s’en remettre aux
anciens de la génération Pierre
Joxe, comme Patrice Bergougnoux,
ex-patron de la police. « Les préfets,
il y en a environ 110 en activité. Vous
ne pouvez pas en inventer !, note un
préfet à la retraite. Hollande va sauter une génération.» Jusqu’à puiser
parmi les plus brillants promus de
l’ère Sarkozy ? Le 11 janvier, à 41 ans,
Renaud Vedel a été nommé préfet
etsecrétairegénéralpourl’administration de la préfecture de police.
Depuis 2002, il travaille auprès de
Michel Gaudin. Se revendiquant de
« culture mendésiste-deloriste »
sans jamais avoir appartenu au PS,
M. Vedel participe, depuis début
2011, à un groupe de travail sur la
sécurité lancé par Terra Nova, cercle de réflexion proche du PS. p
Ariane Chemin et Piotr Smolar
Le mot
“hospitalité”
doit-il être
considéré
comme du
vieux français ?
Les conjurés de Beauvau
rêvent d’un «Etat neutre»
eur groupe se surnomme
Calvignac, du nom d’un syndicaliste socialiste du Tarn,
figure du secteur minier à la fin
du XIXe siècle. Il est composé
d’une douzaine de hauts fonctionnaires issus du corps préfectoral, âgés de 35 à 45 ans, avec des
CV copieux. Certains travaillent
au ministère de l’intérieur,
d’autres en région. Ils veulent
devenir les nouveaux cadres
« sécurité » d’une gauche revenue
aux affaires.
de la Mairie de Paris, mais nommé
préfet d’Aquitaine en avril 2011.
Sans parler de Xavier Peneau,
ancien directeur de cabinet d’Alain
Carignon, nommé en novembre 2011 préfet de l’Indre malgré
une condamnation pour «abus de
biens sociaux» et «usage de faux ».
Maisle plus dur à avaler dans ces
nominations a été, pour ces hauts
fonctionnaires, la promotion de
« grands flics » à des postes qui leur
échoient d’habitude. Tel Christian
Lambert, ancien patron des CRS,
nommé en Seine-Saint-Denis, ou
bien Eric Le Douaron, envoyé en
juillet2010dansl’Isèreaprèsdegraves violences à Grenoble. « L’idée
qu’il faudrait mettre un képi quand
les affaires deviennent sérieuses a
fait du mal à la corporation», explique un sous-directeur, place Beauvau.
Le comble, pour les préfets, a été
le cas Bruno Beschizza. L’ancien
patron du syndicat de police Synergie officiers, secrétaire national
pour la sécurité à l’UMP, a été nom-
A suivre sur secours-catholique.org
12
0123
politique
Mercredi 15 février 2012
Nicolas Sarkozy
veut incarner
«la parole rendue
au peuple»
Le chef de l’Etat devrait se déclarer le 15 février
sur TF1 et embrayer sur un meeting à Annecy
C
’étaitundéplacement deprésident. Le dernier. La presse
est venue en masse voir le
candidat. Nicolas Sarkozy s’est rendu,mardi14févrieraumatin,àl’usine Photowatt de Bourgoin-Jallieu
(Isère), en faillite. Plus de 80 représentants des médias, deux fois plus
qu’à l’habitude, se préparaient à
guetter chaque mot, nul n’osant
exclure que M. Sarkozy officialise
sa candidature face à l’un des 450
salariés de l’entreprise. M. Sarkozy
devait surtout apparaître en président-sauveur. Il s’est fait voler la
vedette par son ministre de l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, dans le sauvetage de Lejaby
par le groupe LVMH. Là, c’est EDF
quirenfloueralafilièrephotovoltaïque, mise à mal par les allersretours fiscaux de M. Sarkozy pendant son quinquennat, si aucune
autre solution viable n’apparaît.
La semaine est celle du chat et de
la souris entre l’Elysée et la presse.
Le président se réjouit du buzz
médiatique autour du non-événement que constituesa candidature,
laisse entendre qu’il peut changer
ses plans, pour surprendre.
En réalité, M. Sarkozy improvise
largement. Mais sauf changement,
il devrait se déclarer mercredi soir à
la télévision, réaliser une première
journée de campagne, à Annecy, à
l’Arcadium, salle de 3 400 places,
vers 17h30. «Le fil rouge de ce déplacement sera sur le gouvernement
du peuple, par le peuple et pour le
peuple », assure un conseiller,
citant le principe édicté dans l’article2 de la Constitution française. La
semaine s’achèvera par un grand
meeting à Marseille dimanche. La
rédaction des deux discours a été
confiée à la plume du président,
Henri Guaino.
Le livre, en réécriture
Le livre de M. Sarkozy n’est pas
prêt : trop intime, il est réécrit et
condensé par la rédactrice du programme de 2007, Emmanuelle
Mignon, et ne sera pas publié avant
mars. Le grand meeting de région
parisienne se tiendra à Villepinte
(Seine-Saint-Denis), sans doute le
11 mars. « On n’a pas choisi Bercy,
car tout le monde sait combien il y a
de participants », glisse un dirigeant de l’UMP.
Le chef de l’Etat ne compte pas
faire une déclaration de candidature lapidaire, le « oui » de François
Mitterrand à la télévision en 1988,
le fax à l’Agence France-Presse de
Lionel Jospin ou le «je participerai
au grand débat qui est déjà engagé»deJacquesChirac àAvignon,en
2002. M. Sarkozy compte expliquer que la présidentielle doit donner lieu à des vrais choix, de vraies
oppositionset qu’il faut aborder les
sujets au lieu de les masquer comme en est accusé le candidat socialiste, François Hollande.
C’est l’équipe de l’Elysée qui
aura la main sur la campagne,
même si un petit QG, que M.Sarko-
Nicolas Sarkozy inaugurant la Direction générale de la gendarmerie, à Issy-les-Moulineaux, le 13 février. J.-C. COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »
zy inaugurera samedi, a été loué
rue de la Convention, dans le
15e arrondissement de Paris. L’organisation de campagne devrait être
confiée à Guillaume Lambert,
actuel chef de cabinet du président,
en liaison avec l’UMP.
M.Sarkozy estime avoir repris la
main, après le discours de M. Hollande au Bourget le 22janvier. L’intervention télévisée sur la TVA
sociale et l’entretien croisé avec
Angela Merkel ont permis de clore
la séquence économique et sociale
pour aller vers les thèmes des
valeurs et de l’identité avec l’interview au Figaro Magazine. Surtout,
la campagne est passée d’un match
à quatre, incluant Marine Le Pen et
François Bayrou, à un duel avec
M.Hollande.
Cet optimisme n’est pas partagé
par tous. Pour certains, le président
a fait une mauvaise séquence en
janvier, mélangeant vœux présidentiels et combat politique, le
conduisant à griller ses annonces. Il
n’a pas fait de vrai choix sur la TVA
sociale, n’augmentant cet impôt
quede1,6point.«Sivousvoulez foutre en l’air cette idée, soupirait-il, en
privé, en novembre 2011, la bêtise
serait de [se contenter de] coller un
point de TVA supplémentaire. »
Distancé par M.Hollande, il a dû
accélérer son entrée en campagne.
Il est allé rechercher in extremis
Mme Mignondansl’espoirderetrouver la magie de la conquête de
2007. «On ne refait pas deux fois la
même campagne », s’inquiète un
cadre de l’UMP, préoccupé par ce
retour vers le passé. De même,
M. Sarkozy organise un virage à
droite comme il l’avait fait en 2007,
proposantla créationd’unministère de l’identité nationale pour casser l’envolée de M.Bayrou.
L’idée des référendums
Les conseillers de l’Elysée assurent que M. Sarkozy ne vire pas à
l’extrême droite mais répond aux
soucis du peuple. Inquiets, ils
jugent nécessaire de préciser que
les propos de Claude Guéant sur les
civilisations n’ont pas eu d’impact
dans les sondages.
Si certains défendent par principe les référendums annoncés parle
président, à l’instar du souverainiste Henri Guaino qui veut rendre la
parole au peuple contre les corps
intermédiaires, d’autres jugent les
sujets (chômage et droit des immigrés) trop étriqués ou en contradiction avec la politique de M. Sarkozy, qui dit avoir voulu renforcer le
dialogue social et les pouvoirs du
Parlement. « Sarkozy renonce avec
l’Europe à de la souveraineté, il en
redonne au peuple via les référendums», assure un visiteur du soir.
Les idées pleuvent, comme celle
de ne pas embaucher à vie les
futurs fonctionnaires, mais certains proches sont pessimistes,
tant l’avance de M. Hollande semble consolidée au second tour. « Il
faudrait qu’il se passe quelque chose de lourd, comme l’absence de
Marine Le Pen à l’élection », espère
encore un conseiller. p
Arnaud Leparmentier
Pour un sortant, déclarer sa candidature a peu d’impact dans les sondages
Christine Boutin
se rallie à Nicolas Sarkozy
REBONDIRA-T-IL? S’il se réfère au
passé, Nicolas Sarkozy a du souci à
se faire. S’il est une leçon à tirer des
précédentes entrées en campagne
des présidents « sortants », c’est
qu’elles n’ont guère eu d’effet positif durable dans l’opinion.
En 1981, Valéry Giscard d’Estaing attendit le 2 mars pour revêtir les habits de «citoyen candidat». Il le fit depuis l’Elysée, son
épouse Anne-Aymone assise à sa
droite, un bouquet de fleurs
devant lui. D’une dizaine de minutes, son allocution visait à faire
peur et à rassurer. Faire peur en
évoquant le risque de « décadence
politique et économique » en cas de
victoire de la gauche. Rassurer en
promettant un second septennat
apaisé, sans « appel à la haine ou à
la véhémence ».
Avant sa déclaration, la Sofres
créditait « VGE » de 28% des voix
au premier tour, et donnait François Mitterrand vainqueur au
Christine Boutin, qui était candidate à l’Elysée, a annoncé lundi
sur TF1 qu’elle soutiendrait la
candidature de Nicolas Sarkozy.
«J’ai décidé, avec mon Parti chrétien-démocrate (PCD), de faire
une alliance avec le président de
la République, candidat sans doute cette semaine. Je veux être
avec lui pour faire gagner la France », a-t-elle déclaré.
Mme Boutin a expliqué son ralliement par les prises de position
récentes du chef de l’Etat dans
le Figaro Magazine, « où il conforte le mariage, en disant “non au
mariage homosexuel”, où il
conforte la vie, en disant “non à
l’euthanasie”, où il fait la distinction entre éducation et instruction, où il lève le tabou de l’immigration ». « Nicolas Sarkozy est
d’accord pour que le PCD ait une
place dans la vie politique française et il y aura donc 100 candidats du parti aux prochaines
législatives », a-t-elle ajouté.
second à 52%. Huit jours plus tard,
le président gagnait un point au
premier tour et était à égalité avec
son adversaire au second. Il y eut
donc un léger rééquilibrage en sa
faveur, mais il fut insuffisant :
d’abord, parce que Giscard ne
reprit pas l’avantage sur Mitterrand; ensuite, parce que son
entrée en campagne ne lui permit
pas d’enrayer la montée de Jacques
Chirac dans les sondages. Incapable de rassembler la droite, il apparaissait, a fortiori, incapable de rassembler les Français.
En 1988, c’est par un simple
«oui » à la question posée par Henri Sannier au « 20heures » d’Antenne2 que François Mitterrand
annonça qu’il était candidat à sa
succession. Ce jour-là, le 22 mars,
soit un mois seulement avant le
premier tour, il était donné
gagnant avec 55 % des voix face à
son premier ministre, Jacques
Chirac. Alors qu’il était déjà très
haut dans les sondages, deux ans
de cohabitation lui ayant permis
de redevenir très populaire, sa
déclaration de candidature n’eut
pas d’effet positif dans les sondages. Dans le mois qui suivit, il passa de 38 % à 35 % dans les intentions de vote de premier tour. Ce
qui ne l’empêcha pas d’être réélu
le 8 mai 1988, avec 54% des voix.
La dynamique s’inverse
En 1995, le sortant n’était pas
président, mais premier ministre.
Pour annoncer sa candidature, le
18janvier, Edouard Balladur choisit les dorures de l’Hôtel Matignon.
Vantant son bilan, il promit alors
«de restaurer la morale civique, de
lutter contre la corruption, d’assurer la sécurité, le respect des lois, le
droit des citoyens garanti par les
juges, en somme d’assurer l’Etat
républicain».
Dans un premier temps, l’impact fut positif. Le 26janvier 1995,
la Sofres le créditait de 32 % des
voix au premier tour (+3 points en
dix jours). Très vite, cependant, la
dynamique s’inversa. Dès le
9février, M.Balladur retombait à
28% d’intentions de vote ; à la fin
du mois, il était à 23,5 % ; et le
9mars, son « ami de trente ans »
Jacques Chirac, candidat depuis
novembre1994, le devançait dans
les sondages de premier tour.
En 2002, comme en 1988, il n’y
avait pas un mais deux sortants : le
président et son premier ministre.
C’est le 11 février, aux côtés de la
maire d’Avignon, Marie-Josée
Roig, que Jacques Chirac se déclara
candidat à sa succession. Lionel Jospin lui emboîta le pas neuf jours
plus tard, par un simple fax adressé à l’AFP depuis son domicile parisien de la rue du Regard.
Dans les sondages, l’effet fut faible pour M. Chirac (+2 points) et
quasi nul pour M. Jospin (+ 1). Il fut
surtout éphémère. Passé le frémis-
sement des premiers jours, les
deux hommes virent leurs intentions de vote s’éroder.
Si l’histoire se répète, M.Sarkozy peut donc, au mieux, gagner
quelques points après l’officialisation de sa candidature. «Deux ou
trois points ne changeraient rien
sur le fond, mais les médias parleraient de dynamique ; psychologiquement, donc, ça compte », anticipe le politologue Roland Cayrol.
«Qu’il y ait une petite remontée
de Sarkozy, peut-être, mais que les
courbes s’inversent, c’est autre chose», estime Jérôme Jaffré, qui rappelle que, «de tous les sortants, il
est le plus impopulaire ». Selon
Jean-Marc Lech, de l’institut Ipsos :
«Pour que l’annonce produise un
effet, il faudrait un effet de surprise.
Or la surprise ne porte que sur la
date et le lieu de la déclaration de
Sarkozy. Aucunement sur le fait
qu’il sera candidat.» p
Thomas Wieder
Avec des patrons de PME: «Il n’a rien fait. Il n’a pas eu le courage de ses promesses»
Reportage
Angoulême
Envoyée spéciale
Ils se rencontrent toutes les semaines dans le local de la CGPME d’Angoulême, lors de dîners du Rotary
à l’Hôtel Mercure ou à des réunions du Centre des jeunes dirigeants et, à chaque fois ou presque, la campagne de Nicolas Sarkozy s’invite dans les conversations.
Propriétaire forestier, patron de
laboratoire médical, ex-PDG dans
l’industrie pharmaceutique ou
simple dirigeant d’une PME informatique, ils avaient cru à ce président atypique à droite, si sûr de lui.
Le «travailler plus pour gagner
plus» avait résonné aux oreilles de
ces petits patrons. Cinq ans après,
ils ne cachent plus leur déception.
«On croyait qu’il allait libérer le
pays de sa charge administrative »,
se souvient André T. Comme les
autres chefs d’entreprise rencontrés par Le Monde, il a demandé à
conserver l’anonymat.
Patron d’une PME médicale de
85salariés, il avait adhéré aux promesses d’allégement des charges
ou de baisse des impôts. « Il n’a
rien fait. Il n’a pas eu le courage de
ses promesses, lâche ce sexagénaire. Il a fait la fête avec ses copains,
les gros industriels, et nous a
oubliés. Ces gens-là sont si loin de
nos préoccupations. »
Chez tous, de l’amertume, palpable, au fil des échanges. Le président-candidat n’a vraiment plus la
cote. «C’est un petit avocaillon de
Neuilly qui ne connaît rien à l’éco-
nomie. Il n’arrête pas de parader
avec Angela Merkel mais qu’il aille
se présenter en Allemagne !», peste
André.
« Annonces inefficaces »
«Il nous a fait espérer qu’il allait
mettre de l’ordre et porter les
valeurs du travail », renchérit Frédéric V., 51 ans, gros propriétaire
forestier et fervent chasseur, qui
ne mâche pas ses mots. « Il gère le
pays comme la vague de froid : à
coups d’annonces inefficaces et
sans convictions», gronde-t-il. Lui
qui dit fièrement qu’il est fils
d’ouvrier et n’a pas honte d’avoir
de l’argent a toujours voté à droite.
Il en veut au président «ami des
patrons » d’avoir baissé les bras:
«On aide toujours plus celui qui ne
fait rien au lieu de ceux qui tra-
vaillent. Faut que les gens s’assument!»
Jean-ClaudeL., ancien dirigeant
d’un gros laboratoire, a le ton plus
policé mais le jugement est tout
aussi sévère : «J’ai pensé que Sarkozy était l’homme qui allait remettre
à plat le système économique. Il n’a
fait que des mesurettes », dit-il.
Grand monsieur à l’allure bourgeoise, avec ses fines lunettes et
son ruban rouge de chevalier de la
Légion d’honneur à sa veste, il assure que la société que propose le candidat de l’UMP n’est plus adaptée.
«Il faut tout revoir : l’Etat, la Sécurité sociale avec ses hôpitaux qui
nous coûtent une fortune, l’assurance chômage, le RSA… »
L’antienne classique d’une droite qui peste contre les charges qui
entravent les entreprises, brident
l’initiative, revient en boucle. A
leurs yeux, l’exemple type de
l’inertie qu’ils dénoncent, ce sont
les 35heures. «Il aurait dû les casser tout de suite ! Avec la majorité
qu’il avait à l’Assemblée, ça passait», assure Jean-FrançoisM.,
patron d’une PME. Ce jeune entrepreneur de 40 ans peste contre les
«petites mesures » qui ne font pas
le compte: «Un coup, il avance, le
coup d’après, il recule. Regardez le
bouclier fiscal.»
L’entretien au Figaro Magazine
paru samedi 11février n’y a rien
changé. Les promesses viennent
trop tard. Ils n’y croient plus. «On
a l’impression qu’il a la trouille de
sa vie », lâche André T. Le revirement à droite, la «chasse aux voix
du Front national» déplaisent
même dans cette droite de l’Ouest.
«Son nationalisme, son discours
franchouillard, c’est de l’argument
électoral! », assène Frédéric V.Aux
yeux de ces notables, la droite semble s’être discréditée, même s’ils
restent convaincus que la gauche
ne peut rien apporter de bon.
Jean-François M.est tenté par
François Bayrou au premier tour, à
cause de son discours sur l’éducation. Mais au second, ce sera un bulletin blanc. D’autres annoncent
vouloir voter blanc aux deux
tours. « Dans nos cercles, beaucoup
estiment qu’il n’y a pas de candidat
pour nous et jurent qu’ils ne voteront pas pour Nicolas Sarkozy», dit
Jean-Claude L, ancien représentant
du patronat local. Seul Jean-François M.donnera sa voix à Nicolas
Sarkozy. Mais « à contrecœur». p
Sylvia Zappi
0123
politique
Mercredi 15 février 2012
TVA sociale: l’acte manqué des députés
UMP en commission des finances
Les élus de la majorité n’étaient pas assez nombreux pour bloquer un amendement de suppression
L
e projet de loi de finances rectificative instaurant une TVA
sociale à partir du 1er octobre
est parti du mauvais pied. Faute
d’une présence suffisante des
députés de la majorité en commission des finances, celle-ci a accepté, lundi 13 février, un amendement du groupe socialiste supprimant l’article 1er du projet de loi.
Autrement dit le cœur du texte,
puisque c’est celui qui prévoit de
remplacer la diminution des cotisations sociales patronales par
une hausse de 1,6 point du taux de
TVA et de 2 points de la CSG sur les
revenus du capital.
« C’est un coup monté », s’énervent les responsables de l’UMP,
« une manœuvre, un non-événement », proteste Patrick Ollier, le
ministre chargé des relations avec
le Parlement, assurant que ce vote
en commissionn’aura aucune incidence sur le cours de la discussion
en séance. Le vote de la commission n’aura certes d’autre conséquence que symbolique mais, en
politique, le symbole compte.
Enconvoquant les parlementaires de la majorité à l’Elysée, mardi
7 février, Nicolas Sarkozy les avait
vigoureusement sommés de marcher en rangs serrés derrière ce texte. Le rappel à l’ordre ne devait rien
au hasard : en public ou en privé,
bon nombre d’élus ne cachaient
pas leur peu d’appétence pour ce
projet déposé dans l’urgence et
que beaucoup qualifient d’« inopportun ». A quelques jours de son
entrée en campagne, le président
de la République ne pouvait tolérer le moindre impair sur ce qui
doit être le dernier acte législatif
de sa mandature.
Le chef de l’Etat avait
sommé, le 7février, les
parlementaires de la
majorité de marcher
en rangs serrés sur
ce texte. C’est raté
C’est raté. Lorsque débute, lundi à 16 heures, la commission des
finances, les responsables de la
majorité netardent pas à comprendre qu’ils sont en sous-nombre. Le
groupe socialiste a prévu le coup.
En remplacement des membres
habituels de la commission qui ne
pouvaient être présents, il a fait
procéder à de nouvelles nominations. Ces modifications ont été
publiées au Journal officiel du
11 février. Elles sont inscrites dans
le « feuilleton » de l’Assemblée
nationale, distribué quotidiennement, qui regroupe les informations sur les travaux du jour.
L’UMP n’a pas su s’organiser en
conséquence. Elle cherche à
gagner du temps pour faire venir
des renforts. La discussion en séance, dans l’Hémicycle, qui devait
commencer à 17 heures, est retardée. Malgré plusieurs suspensions
à la demande de l’UMP, la majorité
de droite doit se résigner à accepter le passage au vote des amendements. Et constater les dégâts.
L’amendement de suppression de
l’article est voté. La droite ne fait
même pas le plein de ses voix.
Avant que la commission ne
détricote totalement le texte,
l’UMP réclame une nouvelle suspension. Après concertation entre
le président (PS) de la commission
des finances, Jérôme Cahuzac, et
les responsables des différents
groupes, il est décidé de commencer la discussion générale en séance et de reporter à mardi, en début
d’après-midi, la suite de l’examen
des amendements.
« C’est la débandade à droite »,
souligne le président du groupe
socialiste, Jean-Marc Ayrault, pour
qui l’incident est « révélateur du
malaise et de l’inquiétude des députés de droite ». « Ils votent avec leurs
pieds. Ils ne sont même pas là pour
défendre le texte que leur a imposé
Sarkozy. Ils ne veulent plus lui servir de marchepied », insiste JeanPierre Brard (app. PCF, Seine-Saint-
Denis). La droite fait grise mine.
« Bravo, vous avez fait un coup.
Soyez fiers. Mais franchement, c’est
petit », s’exclame Jérôme Chartier,
porte-parole de l’UMP, promettant que « cela ne changera rien
à la mobilisation de la majorité ».
En fait, si, cela a changé quelque
chose. A 21 h 30, quand reprend la
discussion en séance, les députés
del’UMP sont en nombre.Pas question de s’exposer à un nouveau
revers. M. Ollier et le président du
groupe UMP, Christian Jacob, ont
battu le rappel. Il importe de faire
une démonstration de force
vis-à-vis de la gauche. Ses motions
visant au rejet du texte sont largement repoussées.
L’épisode met cependant en
lumière les dysfonctionnements
du Parlement, soumis à la volonté
présidentielle de faire voter ce texte à toute force. Présenté mercredi
matin en conseil des ministres,
celui-ci a immédiatement été soumis à la commission des finances,
sans que celle-ci dispose du temps
nécessaire à son examen et que les
députés puissent exercer leur
droit d’amendement. Plus que l’insuffisante mobilisation de la majorité, c’est ce rythme précipité, antinomique avec la revalorisation
proclamée du Parlement, qui a
conduit à ce faux pas. p
Patrick Roger
Le Medef privilégie la réduction des dépenses publiques
Sa présidente, Laurence Parisot, souhaite le non-remplacement de deux fonctionnaires sur trois
U
ne première en France.
Pour faire son entrée, mardi 14 février, dans la campagne présidentielle, le Medef a innové. Sa présidente, Laurence Parisot, a présenté à la presse, avec un
écran géant derrière elle, un livre
numérique intitulé Besoin d’aire
(www.besoindaire.com), « outil
pédagogique et ludique à la fois »,
contenant « les 23 axes pour une
compétitivitééquitable ». Les entreprises, a assuré Mme Parisot, ont
« besoin d’aire avec un “ e”, de nouvelles frontières (…) mais aussi tout
simplement d’espace ».
D’emblée, le Medef affiche son
ambitionpour «une Europe fédérale, celle des Etats-Unis d’Europe »,
ce qui suppose, comme première
étape, « une doctrine économique
européenne claire » et une nouvelle gouvernance prévoyant, à terme, un « commissaire à l’économie
et aux finances, véritable “ministre” présidant le conseil Ecofin ». Il
s’agit aussi de « finaliser les harmonisationstechniques, fiscales et juridiques » – avec un « brevet unique
valable dans toute l’Union européenne » et un « socle social ». Le
Medef se prononce pour l’élection
au suffrage universel d’un président de l’UE dirigeant l’exécutif.
« Règle d’or budgétaire »
Hostile à tout protectionnisme,
«inefficace, dangereux et anachronique»,leMedefréclame«unegouvernance mondiale » : « Lutter
contre les abus du monde de la
finance, comme beaucoup le
demandent, nécessite un travail à
l’échelle mondiale.» Il propose d’accroître les responsabilités des institutions internationales. Les nouveaux pays qui participent au commerce mondial doivent accepter
«la flexibilité et la convertibilité de
leur monnaie ».
Le Medef souligne que «la France ne retrouvera une croissance forte et durable qu’à condition aussi de
s’engager résolument sur de nouveaux marchés comme par exemple l’économie numérique ». Il juge
«impératif de construire une trajectoirebudgétaire excédentaireàpartir de 2016 », ce qui passe par
«l’adoption rapide d’une règle d’or
budgétaire au niveau constitution-
13
«Il faut réunir Paris
et les départements
limitrophes»
Claude Bartolone (PS) dénonce les propositions
de M.Sarkozy sur les collectivités locales
Entretien
L
e socialiste Claude Bartolone,
ancien ministre, député et
président du conseil général
de Seine-Saint-Denis, défend ses
choix pour la région Ile-de-France.
Il propose notamment de rapprocher Paris des départements de la
petite ceinture pour former une
collectivité unique.
Que pensez-vous des récentes
propositions du président de la
République qui portent sur les
collectivités territoriales ?
Nicolas Sarkozy n’aime pas les
collectivités locales. Et il les aime
d’autant moins qu’une majorité
d’entre elles est de gauche ! Il cherche à transformer les élus en boucs
émissaires, comme il le fait pour
les immigrés, les chômeurs et les
homosexuels. Le président de la
République sortant veut cyniquement créer une fracture dans le
pays pour faire oublier sa facture
économique et sociale.
N’est-il pas dans son rôle
lorsqu’il pointe un problème
d’endettement des territoires ?
Les collectivités locales représentent seulement 9 % de l’endettement du pays pour 71 % de son
investissement public ! M. Sarkozy le sait, mais il persiste à le nier.
Tout comme il feint d’ignorer le
fait qu’elles s’appliquent de facto
la règle d’or, puisqu’elles n’ont pas
le droit de voter des budgets en
déséquilibre. En réalité, l’augmentation de personnels, surtout dans
les départements, est due aux responsabilités supplémentaires
confiées par l’Etat aux collectivités. En Seine-Saint-Denis, les effectifs ont augmenté en cinq ans de
1 939 personnes ; les 9/10e de cette
progression correspondent aux
transferts de personnels de l’Etat.
L’Ile-de-France est la région
la plus riche de France,
mais aussi la plus disparate
économiquement et
fiscalement. Que ferait
la gauche au pouvoir ?
de, s’il est élu, de régler les contradictions de cette collectivité. Il faut
d’abord affirmer et renforcer les
compétences de la région. Ensuite,
je propose de réunir les départements des Hauts-de-Seine, de
Paris, de la Seine-Saint-Denis et du
Val-de-Marne en une seule collectivité dotée des compétences départementales, notamment les solidarités. Et d’adosser une seconde
assemblée qui porterait le nom de
communauté urbaine afin d’harmoniser les politiques au niveau
local, notamment en matière de
logement ou de transport.
Ce retour au département
de la Seine ne ressemble-t-il
pas à un retour vers le passé ?
Le revenu fiscal à Paris est de
30 % au-dessus de la moyenne
régionale, celui de la Seine-SaintDenis est de 30 % en dessous, alors
même que ces deux collectivités
n’ont pas les mêmes moyens pour
intervenir auprès des populations. Il faut tirer les enseignements des inégalités qui perdurent malgré la décentralisation.
Depuis 2001, les élus de ces territoires ont compris qu’il ne pouvait
plus y avoir de barrière entre l’intérieur et l’extérieur du périphérique. Cette communauté urbaine
regroupant Paris et les départements de la petite ceinture sera
gouvernée par des élus, afin de renforcer le lien démocratique, encore trop faible aujourd’hui.
Ne regrettez-vous pas que
la banlieue soit la grande
absente de la campagne ?
Les propositions de François
Hollande sur l’école, mais aussi
sur la justice, la sécurité et l’emploi
sont les vrais outils en matière de
politique de la ville. Partager les
ressources financières pour plus
de solidarité, voilà également un
vrai choix de politique urbaine.
Notre candidat sera présent
auprès de ces habitants, dans les
quartiers populaires où on a du
mal à croire au discours politique
désincarné. p
Les élus franciliens ne doivent
pas demander à François Hollan-
Propos recueillis par
David Revault d’Allonnes
Conjoncture
Emploi salarié et pouvoir d’achat
en berne au quatrième trimestre 2011
Laurence Parisot, présidente du Medef, à la sortie du sommet social à l’Elysée, le 18 janvier. C. MORIN/IP3
nel » et « une stratégie de redressement des comptes publics qui privilégie la réduction des dépenses plutôt que la hausse des prélèvements ». Le Medef préconise d’alléger les prélèvements sur la production et de « privilégier un nombre
réduit de prélèvements à base large
et à taux bas ». Des niches fiscales,
« dont l’inefficacité économique et
sociale aura été prouvée, pourraient être supprimées ».
Mme Parisot propose « d’intensifier la règle du non-remplacement
des fonctionnaires d’Etat », en passant à 2 fonctionnaires sur 3, et
«d’instaurer une règle de non-remplacement d’1 fonctionnaire sur 2
dans les collectivités locales ». Elle
réitère ses propositions sur « un
nouveau pacte fiscal et social » ou
encore « une réforme systémique
des retraites », avec un nouvel âge
légal de départ en 2030.
Favorableà«unerévolutiondigitale », Mme Parisot souligne
qu’« améliorer la compétitivité des
entreprises doit aller de pair avec le
développement de l’employabilité
des salariés ». En contrepartie de la
suppression de la contrainte fiscale
pesant sur les entreprises concer-
Référendum sur les chômeurs : le patronat réticent
Interrogée lors de sa conférence
de presse sur l’idée de Nicolas
Sarkozy de faire un référendum
sur une réforme du système d’indemnisation du chômage et les
obligations des chômeurs, Laurence Parisot s’est montrée réticente. « J’ai toujours fait confiance à la force du dialogue social, a
déclaré la présidente du Medef,
à sa capacité d’imaginer des solutions qui sont à la fois innovan-
tes et consensuelles. On peut
toujours craindre dans un référendum que la réponse donnée
ne corresponde pas à la question
posée. »
Pour améliorer la formation, Laurence Parisot préconise un nouveau dispositif – l’« accès individuel à l’acquisition de compétences » –, une multiplication des
« formations qualifiantes » et un
« boom de l’alternance ».
nant la formation, «les taux de cotisation
d’assurance-chômage
seraient modulés en fonction des
investissements consentis par les
entreprises pour développer l’employabilitéde leurssalariés ». Quant
à la « fixation de la durée effective
du travail et son organisation», elle
devrait « relever exclusivement de
l’accord collectif ou, à défaut, du
contrat de travail».
Mme Parisot, qui devrait rencontrer bientôt François Hollande, met
en avant le dialogue social et souhaite « donner valeur constitutionnelle» à « l’autonomie des partenairessociaux».L’immigrationestanalysée comme « facteur d’ouverture
etd’enrichissement»:«Lesentreprises doivent être en mesure tant de
recruterselon leurs besoinsque d’intégrer des approches et des savoirfaire issus de cultures diverses, affirme la présidente du Medef. Il faut
éviter de créer des obstacles juridiques et fiscaux à l’entrée de cadres
dehautniveauoud’étudiantsétrangers. » Mme Parisot assigne aussi à
l’esprit d’entreprise « une ambition
humaniste ». p
Michel Noblecourt
Le quatrième trimestre 2011 a été marqué par un recul de 0,2 % de l’emploi salarié (– 31 900 postes) dans les secteurs marchands non agricoles
et par une diminution de 0,5 % du pouvoir d’achat dans les entreprises
de dix salariés ou plus, selon des données encore provisoires rendues
publiques, mardi 14 février, par l’Insee et la Dares, le service statistique
du ministère du travail. Sur l’ensemble de l’année, le rythme des créations d’emploi salarié a ralenti, passant de 129 300 en 2010 à 108 700 en
2011, et le pouvoir d’achat ne progresserait que de 0,1 %. p
La crise en Europe 300 personnes ont manifesté à Paris
contre l’austérité en Grèce
Plusieurs centaines de personnes, dont Jean-Luc Mélenchon, candidat
du Front de gauche à l’élection présidentielle, se sont rassemblées
devant l’ambassade de Grèce, lundi 13 février, à l’appel de plusieurs partis de gauche, pour dénoncer le plan d’austérité voté, le jour même, en
Grèce aux cris de « Paris debout, Athènes, c’est bientôt nous. » Le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, également présent, a été
expulsé de la manifestation par des militants de gauche.
n Sur Lemonde.fr : le blog Gauche toujours.
Extrême droite
«Les signatures rentrent mieux»
au Front national
L’ambiance change quelque peu au Front national (FN) concernant les
parrainages d’élus. Si le ton était à l’inquiétude il y a encore une semaine, les cadres chargés de récolter les paraphes se veulent maintenant
plus rassurants. «Les signatures rentrent mieux », dit l’un d’eux qui pense «qu’on les aura [les 500 signatures] d’ici le 16 mars ». En une semaine,
le parti d’extrême droite a engrangé une vingtaine de promesses de parrainage (presque le double de ce qu’il obtenait jusque-là). Le FN en aurait
un peu plus de 380. Le changement d’attitude des élus serait dû, selon le
FN, entre autres à la médiatisation des difficultés de Mme Le Pen à récolter
les 500 signatures nécessaires pour se présenter à la présidentielle. Un
autre responsable tempère cet optimisme. «Pour l’instant, ce ne sont que
des promesses de parrainages, il y a toujours de la déperdition. » p
14
société
0123
Mercredi 15 février 2012
A Vincennes, un parking pour tout dortoir
La crise et la cherté des logements obligent de plus en plus de travailleurs précaires à vivre dans leur véhicule
Clément, 27 ans, intérimaire dans le bâtiment, dort depuis trois ans dans un camping-car sans électricité garé à proximité du château de Vincennes. HERVÉ LEQUEUX POUR « LE MONDE »
Reportage
P
arking de l’esplanade SaintLouis. Un soir de fin janvier.
Vue imprenable sur le châteaudeVincennesetsurles995hectares du bois. Au loin, les immeublescossusdescommunesdeSaintMandé et de Vincennes. Malgré un
thermomètre qui affiche des températures en dessous de zéro, quelques joggeurs finissent leur parcours, des promeneurs emmitouflés jettent un dernier coup d’œil
vers la muraille crénelée avant de
s’engouffrer dans le métro.
A première vue, impossible de
déceler la précarité… Pourtant elle
est là, tapie dans la dizaine de camping-cars, utilitaires et voitures,
coincés sur ce bout de bitume.
Conséquence directe de l’immobilier qui flambe, des couples qui
se séparent, de la crise… ils sont de
plus en plus nombreux à trouver
refuge dans ces habitats de fortune pour éviter de basculer vers la
rue. Dans son rapport annuel sur
l’état du mal-logement en France,
rendu public le 1er février, la Fondation Abbé Pierre estime que près
de 90 000 personnes se situent
dans la « zone grise du logement »,
c’est-à-dire habitent dans des
endroits (caves, parkings, campings…) qui n’étaient pas destinés
à être des logements.
Pierre, 32 ans, n’aurait jamais
pensé devenir un campeur. Il y a
deux ans et demi, suite à une séparation,il perd son logement et décide d’acheter avec ses quelques économies « une bonne occase pour
12 000 euros ». Aménagé grâce à
ses talents de bricoleur, son
camion beige et marron est devenu son seul foyer. Menuisier de formation, il est monté début janvier
à Paris dans l’espoir de décrocher
une nouvelle mission d’intérim
mais pour l’instant, il n’a rien trouvé. « C’est très calme, la crise et le
froid n’arrangent pas mes affaires », explique ce natif de Bordeaux. Chaque jour, il rogne sur
son budget car, fauted’une domiciliation, il n’est pas inscrit au chômage. « Le parking, c’est bien pour
dépanner, explique-t-il, mais il ne
faut pas croire, ça coûte cher. »
Avec le froid, il doit faire tourner à plein régime sa « batterie
moteur» et son «groupe électrogène » pour maintenir une température vivable dans l’habitacle.
« Entre le carburant et le chauffage, j’en ai pour entre 400 et
600 euros par mois, calcule-t-il.
S’il fallait rajouter 30 euros par
nuit, le prix d’un emplacement
dans un camping payant, je ne
m’en sortirais pas. »
La nuit est complètement tombée sur le parking figé par le froid.
Des camionnettes blanches aux
vitres calfeutrées par d’épais paresoleil cachent une autre réalité. Le
secteur est aussi un lieu de prostitution. A deux pas, dans une
Renault Twingo, s’entassent trois
ressortissants bulgares. Une boîte
de conserve dans laquelle est plantée une fourchette est posée sur le
tableau de bord. Sur les appuistêtedes sièges,des serviettes de toilette sèchent. « Nous travaillons
dans le bâtiment, sur un chantier à
Caen. Nous repartons au pays
demain », se justifie dans un français hésitant un des trois hommes.
Tous assurent ne pas dormir dans
leur voiture, même si tout semble
indiquer le contraire.
Nicola Iodice est responsable de
la maraude Vincennes d’Emmaüs.
L’association caritative est char-
gée de venir en aide aux sans-abri,
installés à l’intérieur du bois. Elle
n’a pas mandat pour intervenir
sur la voie publique et donc sur les
parkings des alentours. Mais à force de sillonner dans le coin, Nicola
Iodice a repéré les indices qui
témoignent d’une installation :
« Un habitacle envahi de buée, des
sièges rabaissés, des sacs qui débordent du coffre… »
Ces derniers jours, la chute des
températures a un peu vidé les
parcs de stationnement autour du
château et du Parc floral. Certains
comme Clément, 27 ans, se sont
repliés pour quelques nuits chez
des amis. Quand nous l’avions rencontré cette nuit-là, le jeune homme dormait dans un vieux camping-car, que lui avait prêté un
« voisin » de l’esplanade SaintLouis. Faute d’électricité, seule une
petite guirlande de Noël alimentée
manifestement illégale à une liberté fondamentale lorsqu’elle entraîne des conséquences graves pour
la personne intéressée. »
Qualifiée d’« historique » par
l’association Droit au logement
(DAL) à l’origine de la procédure,
cette décision est dans la droite
ligne de ce qui avait été déjà affirmé par la loi Dalo (droit au logement opposable) votée en
mars 2007.
« Par cet arrêté, les juges disent
clairement, et une nouvelle fois,
que l’Etat a l’obligation d’assurer
l’hébergement des sans-abri. Il n’y
a aucune ambiguïté sur le devoir
de l’Etat en la matière. Le Conseil
d’Etat réaffirme aussi que ce dernier ne peut pas s’en sortir en faisant une hiérarchie dans les
demandes d’urgence », explique
Bernard Lacharme, secrétaire
général du Haut Comité pour le
logement des personnes défavorisées.
Une procédure plus rapide
Symboliquement très forte, cette décision ouvre aussi de nouvelles possibilités juridiques aux
demandeurs. Ils peuvent désormais saisir le tribunal administratif en « référé liberté » et obtenir
une injonction à l’Etat de les
héberger. «Cette nouvelle possibilité est intéressante car elle est beaucoup plus rapide que la procédure
classique, faite dans le cadre du
Dalo, estime Christophe Robert,
délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre. Avec le “référé
liberté”, le juge doit se prononcer
en quarante-huit heures, et il a la
possibilité de demander au préfet
d’héberger sous astreinte le
demandeur », poursuit M. Robert.
Dans le cadre du Dalo, après réception de la demande, les délais de
réponse de la commission qui instruit les dossiers sont de six
semaines.
Pour autant, ce nouveau rappel à l’ordre de l’Etat ne va pas
tout résoudre. Beaucoup de ménages, bien que jugés prioritaires, ne
se voient pas proposer de logement ou d’hébergement. « Est-ce
que l’Etat va accepter de demeurer
hors la loi comme il le fait actuellement, ou est-ce qu’il va en tirer les
conséquences pour augmenter les
capacités d’hébergement ? », s’in-
A première vue,
impossible de déceler
la précarité… Pourtant
elle est là, tapie dans la
dizaine de véhicules
terroge Bernard Lacharme.
Selon le rapport du comité de
suivi du Dalo publié en novembre 2011, la part des recours déposés en vue de l’obtention d’une
place d’hébergement n’a cessé
d’augmenter. En 2011, ils ont
représenté 15 % des recours contre
7 % en 2008. Dans ce contexte, les
condamnations de l’Etat par les
tribunaux administratifs pour
non mise en œuvre des décisions
de logement ou d’hébergement se
multiplient.
En 2011, le montant des astreintes payées par les pouvoirs
publics a atteint 9,3 millions d’euros. Ces sommes ont été reversées
à un fonds régional d’aide au logement… c’est-à-dire à l’Etat. p
s’était adapté à ce quotidien « un
peu contraignant », mais il s’estimait « heureux d’avoir un toit sur
la tête ». « Dommage que l’on nous
embête », déplorait-il alors.
Cet automne, à coups de contravention pour stationnement illégal,les forces de l’ordreavaient tenté à plusieurs reprises de déloger
ces campeurs sans fortune. Avec le
froid, la pression s’est desserrée et
ces derniers temps, ce sont surtout
les maraudes de la Ville de Paris et
de la Garde républicaine qui vont à
la rencontre de la centaine de sansdomicile-fixe qui vivent sous des
tentes ou des abris de fortune au
cœur du bois de Vincennes, qui
poussent jusqu’au parking.
La frontière est étanche entre
les deux mondes. Dans le bois, on
survit. Sur l’esplanade Saint-Louis,
on est en transit, « en attendant
mieux ». Et on s’accroche à cette
bouée de sauvetage de l’épaisseur
d’une carrosserie qui permet de
conjurer la peur de passer du côté
château au côté bois. p
C. Ro.
Catherine Rollot
Le Conseil d’Etat rappelle l’obligation légale d’hébergement des sans-abri
PENDANT combien de temps
l’Etat continuera-t-il à ne pas
appliquer un droit qu’il a luimême instauré ? Vendredi
10 février, la plus haute juridiction administrative française, le
Conseil d’Etat, a rappelé une nouvelle fois aux pouvoirs publics
leurs obligations en matière d’hébergement d’urgence.
« Il appartient aux autorités de
l’Etat de mettre en œuvre le droit à
l’hébergement d’urgence reconnu
par la loi à toute personne sans
abri qui se trouve en situation de
détresse médicale, psychique et
sociale », dit l’arrêt du Conseil,
avant de poursuivre : « Une carence caractérisée dans l’accomplissement de cette tâche peut (…) faire
apparaître une atteinte grave et
par une pile diffusait une maigre
lueur. Intérimaire dans le bâtiment, ce menuisier, originaire de
Tourcoing, assumait son mode de
vie. « Je n’ai pas envie de donner la
moitié de ma paie dans un loyer »,
affirmait alors le jeune homme,
avantd’ajouter : «Même si je le voulais, je ne pourrais pas trouver d’appartement, en étant en intérim et
sans garant. » Depuis trois ans, il
Unanciencadredu1%logementsoupçonnéd’avoir achetéunerésidence àprix d’ami
Jean-Hervé Carpentier a présidé l’agence chargée de contrôler le «1%» de 2007 à 2009. Son avocat assure que la cession a été «transparente»
L
es scandales s’accumulent
dans le monde du « 1 % logement », le dispositif qui
recueille l’argent des entreprises
pour financer la construction d’habitations.Uneanciennepersonnalitééminentedecemouvementparitaire est accusée d’avoir acheté sa
résidence à un prix d’ami. Il s’agit
de Jean-Hervé Carpentier, président – entre 2007 et 2009 – de
l’Anpeec, l’agence chargée de
contrôler le « 1% ».
Cette affaire, qui avait éclaté en
octobre2010,vient de connaître un
nouveau rebondissement puisqu’un collecteur du « 1 % » a donné
mandat, le 7 février, à son président
de poursuivre M. Carpentier
devant une juridiction civile. Cet
épisode survient alors que le tribunal correctionnel de Nanterre juge
depuis le 6 février des ex-responsables d’un autre collecteur, parmi
lesquels Thierry Gaubert, un
ancien collaborateur de Nicolas
Sarkozy.
Les faits reprochés à M. Carpentier remontent à 2009, lorsqu’il a
quitté son poste de directeur général du collecteur Cilova. Ils ont été
mis au jour par l’Anpeec, le « gendarme du 1 % » présidé jadis par
M. Carpentier. Ce dernier se voit
reprocher les conditions dans lesquelles il a acquis son logement de
fonction,unemaisonsituée àCompiègne (Oise) qui appartenait à une
« société civile particulière » (SCP).
D’après Me Catherine Boineau,
l’avocate de la SCP, 40 % des parts
de cette structure étaient détenues
par Cilova. Une autre source proche du dossier soutenait, fin 2010,
que la SCP était sous le contrôle de
fait du collecteur.
La maison au cœur de la controverse aurait été payée aux environs de 500 000 euros alors que
des expertises, effectuées postérieurement à son achat, estiment
qu’elle
vaudrait
quelque
700 000 euros, voire un peu plus.
Ces évaluations sont très discutables, aux yeux de Me Boineau : « Il
s’agit d’une belle maison bourgeoise, mais qui était en mauvais état
aumoment de la transaction,explique-t-elle. Il fallait y réaliser beaucoup de travaux. » De plus, pour-
suit l’avocate, le terrain autour de
l’habitation n’est pas constructible, un paramètre important dans
la valeur du bien qui n’a pas assez
été pris en compte selon elle.
Un collecteur a donné
mandat à
son président
de poursuivre
M.Carpentier devant
une juridiction civile
Me Boineau considère que l’analyse de l’Anpeec sur ce dossier est
entachée d’« erreurs juridiques » ;
elle reproche au gendarme du
« 1 % » de « ne pas avoir respecté le
principe du contradictoire ».
Me Antoine Chatain, l’avocat de
M.Carpentier, ajoute que la cession
en faveur de M. Carpentier s’est
effectuée «en toute transparence »,
sur la base de plusieurs expertises
et en présence d’un commissaire
aux comptes. Les associés de la SCP
ont donné leur accord, indique-t-il.
Il y a environ un an et demi,
l’Anpeec avait signalé cette opération litigieuse à Procilia, le collecteur qui a absorbé Cilova. Le 7octobre 2010, le conseil d’administration de Procilia avait ainsi chargé
son président d’engager des
actions judiciaires. Parallèlement,
une solution amiable avait été
recherchée,d’aprèsplusieursadmi-
nistrateurs de Procilia. Mais celle-ci
n’aurait pas pu aboutir car
l’Anpeec ne la jugeait pas « assez
satisfaisante », indique Paul Virey,
administrateur (FO) du collecteur.
D’autres membres du conseil
d’administration rapportent que le
« gendarme du 1 % » a tout fait pour
contraindre Procilia à abandonner
l’idée d’un arrangement avec
M. Carpentier. Faux, rétorque Pascal Martin-Gousset. Le directeur
général de l’Anpeec fait valoir que
Procilia a pris des initiatives judiciaires, notamment en délivrant,
en octobre 2011, une assignation
devant le tribunal de Compiègne
afin d’obtenir la condamnation de
M.Carpentier. p
Bertrand Bissuel
0123
15
société
Mercredi 15 février 2012
Lesgrandesécolesremettent
encauselacourseausupérieur
Acer recommande Windows® 7.
Dans le cadre du débat présidentiel, la Conférence des grandes écoles
propose plusieurs pistes pour rendre le système éducatif plus efficace
L
es grandes écoles font une
entrée fracassante dans la
campagne présidentielle.
Mardi 14 février, la Conférence des
grandes écoles (CGE) a prévu, lors
d’une conférence de presse, de
tirer la sonnette d’alarme : le système éducatif va mal et il est plus
que temps de redresser la barre.
Les mesures proposées sont
radicales. Il s’agit ni plus ni moins
de changer de paradigme éducatif
(en remettant en cause la course
aux études supérieures et en permettant aux universités de sélectionner leurs étudiants) et d’investir 20 milliards d’euros sur une
décennie. Ce qui impliquerait une
augmentation des droits d’inscription, comme vient d’ailleurs de le
proposer le président de la Conférence des présidents d’université,
Louis Vogel.
C’est que l’heure est grave, estime la CGE : le système éducatif
n’est efficace ni à la base ni au sommet. La Conférence s’est fondée
sur les travaux de l’OCDE sur le
niveau scolaire des jeunes de 15 ans
(les enquêtes PISA) et sur les études
Pirls (« Progress in International
Reading Literacy Study ») qui évaluent les performances en lecture
des enfants de 9-10 ans. Conclusion : « Les compétences acquises
dans le primaire et le secondaire se
dégradent », note la CGE.
Ces dysfonctionnements portent en eux des dangers politiques
– « notre démocratie ne survivra
pas à 15 % d’illettrés », assène la
CGE –,autantque sociaux: «Depuis
vingt ans, 150 000 jeunes Français
sortent du système scolaire chaque
annéesansaucundiplôme.Ilsreprésentent 3 millions [de personnes] en
vingt ans, soit une véritable bombe
sociale à retardement.»
Pour ce qui est du sommet de la
pyramide, « la France, déplore la
CGE, investit peu dans son enseignement supérieur et sa recherche,
même avec les efforts conséquents
de la législature en cours. [Elle] a
décroché par rapport à ses principaux partenaires ».
D’où les 20 milliards d’euros
d’investissement sur sept à dix
ans (dont 300 millions pour les
grandes écoles et les universités
privées). Sur une décennie, cela
La CGE plaide pour
des frais de scolarité
à 3 000 euros par an
dansle supérieur,
payables en cinq ans
après les études
représenterait 1 % du PIB. L’Etat, les
entreprises et les familles devront
se partager le fardeau à égalité.
Cela signifie, explique la CGE, qu’il
faut porter les frais de scolarité
dans le supérieur à 3 000 euros
par an (les écoles de management
sont déjà bien au-dessus), payables en cinq ans après les études en
fonction du salaire. Les frais bénéficieraient d’une déduction fiscale à
hauteur de 50 % pendant dix ans.
En contrepartie de cet investissement de la nation au sommet,
les grandes écoles s’engagent à
mettre en œuvre de multiples
mesures pour diversifier l’origine
de leurs étudiants. Elles proposent, en outre, de prendre en charge ceux qui sortent sans diplôme
du système. La CGE propose de
créer des « instituts horizon
métiers » sur tout le territoire. Les
jeunes accueillis passeraient les
deux tiers de leur temps en entreprise et un tiers dans les écoles
elles-mêmes, lesquelles se chargeraient, en lien avec les universités,
de leur redonner les bases. Un service citoyen obligatoire permettrait notamment d’affecter des
volontaires dans ces instituts.
Mais le système éducatif doit
prendre sa part, lui aussi. A
rebours du discours politique
dominant, la CGE considère que
pousser toujours plus loin les élèves dansles études n’est pas la solution pour lutter contre le chômage
des jeunes. Le taux d’accès au supérieur n’est que de 39 % en Suisse,
alors que 7,2 % seulement des jeunes sont au chômage. Ces taux
sont respectivement de 60 % et
22,5 % en France, de 73 % et 25 % en
Suède. Bref, tous les jeunes n’ont
pas leur place à l’université et celleci doit pouvoir les sélectionner.
L’important, aux yeux de la CGE,
est qu’existe « une formation de
haute qualité à chaque niveau ».
Le système éducatif devrait
mieux maîtriser l’acquisition des
fondamentaux, pousser les élèves
prometteurs, mieux orienter,
mais aussi, sans négliger philosophie, histoire ou anglais, mettre en
valeur les « compétences », les travaux pratiques ou le concret. « Il
faut sortir, dit la CGE, d’un intellectualisme qui ne donne pas leurs lettres denoblesse à des métiers artisanaux ou manuels, alors que la
main-d’œuvre qualifiée pour ces
métiers manque. » p
M
Surtout, le 4 janvier 2011, la cour
d’appel de Paris a admis dans un
arrêt leur totale innocence. Dans
la foulée, ils ont contre-attaqué
sur le plan judiciaire, avec leur
conseil Me David Lepidi, déposant
une rafale de plaintes contre l’administration, et notamment les
préfets Michel Gaudin et Pascal
Mailhos (signataires des arrêtés
de suspension des fonctionnaires
injustement accusés).
« Recours gracieux »
Une offensive qui semble
avoir heurté le ministère de l’intérieur, qui n’a toujours pas répondu à la demande de protection
juridique formulée dès le 11 mai
2011 par Bruno Triquenaux. Yannick Blanc, l’ex-directeur de la
police générale à Paris, a fait de
même le 28 juillet 2011. Sans plus
de succès.
Pour toute réponse, il a reçu
un courrier de Pascale Léglise,
sous-directrice du conseil juridique au ministère de l’intérieur :
« Je vous saurais gré de bien vouloir me préciser la suite réservée à
l’action judiciaire que vous avez
engagée », écrit Mme Léglise, le
22 septembre 2011. Le 5 octobre
Laïcité
M.Hollande confirme l’inscription
du concordat dans la Constitution
François Hollande a répondu, lundi 13février, aux représentants des
cultes reconnus d’Alsace et de Moselle pour les rassurer sur le maintien du
régime du concordat, malgré sa volonté d’inscrire les deux premiers articles de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat dans la Constitution. «Bien loin de porter atteinte aux règles qui régissent, de façon particulière, les relations entre l’Etat et les cultes en Alsace-Moselle, elles seront au
contraire confortées, en se voyant reconnues au niveau constitutionnel»,
souligne M.Hollande, qui avait semé le trouble chez les religieux en omettant cette précision au Bourget, le 22janvier. Cette mesure est contestée à
gauche par les défenseurs d’une stricte laïcité. p Stéphanie Le Bars
Ultra-fin
Instant On (Reprise Instantanée)*
Instant Connect (Connexion Instantanée)**
Benoît Floc’h
Affairedel’IGS:laPlaceBeauvaurefusel’aide
juridiqueàdeuxfonctionnairesinnocentés
is en cause à tort par
l’Inspection générale
des services (IGS) dans
une affaire de délivrance de
titres de séjour en 2007 (Le Monde du 12 janvier), les administrateurs civils hors classe Yannick
Blanc et Bruno Triquenaux réclament depuis mai 2011 la protection juridique du ministère de
l’intérieur, afin de faire face à
leurs frais d’avocats. En pure perte. L’article 11 de la loi du 13 juillet
1983 prévoit pourtant que « les
fonctionnaires bénéficient, à l’occasion de leurs fonctions, d’une
protection organisée par la collectivité publique dont ils dépendent ».
Seule exception toutefois : cette protection peut être refusée si
« les faits en relation avec les poursuites ont le caractère d’une faute
personnelle ». L’ancien préfet de
Corse Bernard Bonnet, condamné
pour avoir ordonné à des gendarmes, en 1999, de mettre le feu à
des paillotes, avait ainsi bénéficié
de cette assistance juridique.
Pour leur part, MM. Triquenaux et Blanc ont dû subir
d’éprouvantes gardes à vue, et
une dégradation de leur statut.
Prenez
l’avantage
À partir de 799 €
2011, M. Blanc s’est exécuté.
Depuis, c’est le silence. En fait,
un refus implicite, puisque, passés deux mois, l’absence de réponse positive à une telle réquisition
vaut rejet. Du coup, Yannick
Blanc a relancé l’administration,
le 9 février : « En l’absence de
réponse de votre part, je dois considérer que vous opposez à ma
demande une décision implicite
de refus. Je vous prie donc de bien
vouloir considérer la présente
comme un recours gracieux
contre cette décision. »
De son côté, M. Triquenaux
savait à quoi s’en tenir. Une perquisition effectuée place Beauvau, dans le cadre de la procédure
initiale visant un éventuel trafic
de titres de séjour à la Préfecture
de police, avait permis de saisir
son dossier personnel. Dans une
note interne de la direction juridique, cette remarque le concernant : « Il serait paradoxal de lui
accorder la protection juridique
accordée à Pascal Mailhos dans la
même affaire. » Sollicitée par Le
Monde, Mme Léglise n’a pas souhaité s’exprimer. p
Gérard Davet
et Fabrice Lhomme
Santé Des suppositoires
pour enfants retirés
de la vente
Les suppositoires destinés aux
enfants de moins de 30 mois, qui
contiennent des dérivés terpéniques (camphre, menthol, eucalyptol…), sont retirés du marché en
raison de risques d’atteintes neurologiques, a indiqué, lundi
13 février, l’Afssaps. Ces produits
sont aussi contre-indiqués pour
tous les enfants ayant des
antécédents d’épilepsie
et de convulsions fébriles.
www.acer.fr/aspire-s3
* Acer Green Instant On : Permet à l'ordinateur portable de sortir du mode veille en mois de 2
secondes. Estimation faite avec des applications standards de Microsoft ouvertes.
** Nécessite une connexion sans fil adaptée et fonctionnelle.
© Copyright 2011 Acer Inc. Acer et le logo Acer sont des marques déposées de Acer
Incorporated. Tous droits réservés. Les autres marques commerciales et marques déposées
et ou marques de services indiquées ou autre, apaprtiennent à leurs propriétaires respectifs.
économie
16
0123
Mercredi 15 février 2012
En hausse
En baisse
Les cours du jour ( 14/02/12 , 09 h 48 )
le budget chinois de la défense – Les
le brésil – Le gouvernement brésilien a abais-
dépenses militaires de Pékin devraient doubler
d’ici à 2015 pour atteindre l’équivalent de 181,2milliards d’euros. Elles dépasseraient alors les dépenses cumulées dans le domaine des autres plus
grandes puissances militaires de l’Asie-Pacifique.
sé sa prévision de croissance à 4,5 % en 2012,
contre 5 % attendus précédemment, selon un
rapport du ministère de l’économie publié lundi 13 février. Il espère une croissance de 5,5 % en
2013 et de 6 % en 2014. – (AFP.)
Euro
Or
Pétrole
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
1 euro
Once d’or
LightSweet Crude
France
Etats-Unis
1,3167 dollar (achat)
1 720 dollars
100,79 dollars
3,03 (à dix ans)
1,97 (à dix ans)
La rigueur à la française n’est pas du goût de Moody’s
En plaçant la France sous «perspective négative», l’agence de notation ouvre la porte à une prochaine dégradation
U
n nouvel avertissement
pour le président de la
République et « presque »
candidat Nicolas Sarkozy ? Un
mois après la dégradation de la
France par l’agence de notation
américaine Standard & Poor’s
(S & P), Moody’s a, à son tour, mis
en garde le pays face au dérapage
de ses comptes publics.
« L’autre agence, deux fois plus
importante » – comme l’avait qualifiée M. Sarkozy quand S & P avait
enlevé à Paris son triple A – n’a pas
été aussi loin que sa consœur. Mardi 14 février, l’agence a maintenu
la note AAA du pays, équivalant à
un 20/20, alors qu’elle a dégradé
six Etats de la zone euro : l’Italie,
dont la note est passée de A3 à A2,
l’Espagne(A3 à A1),ou encorele Portugal, la Slovénie, la Slovaquie et
Malte, tandis que l’Allemagne est,
une fois encore épargnée.
Mais la note de la France est
assortie d’une « perspective négative ». Autrement dit, « la porte est
grande ouverte à une prochaine
dégradation », juge Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC. De
quoi contrarier M. Sarkozy qui le
19janvier après la perte du AAA par
S & P avait fait valoir que Moody’s,
elle, « avait dit le contraire ».
Concrètement, le pays a une
chance sur trois de perdre ce précieux sésame, scruté par les investisseurs, qui lui permet de se financer à bon prix. Moody’s n’a pas précisé quand la note de la France
était susceptible d’être révisée,
mais a alerté des dangers qui planaient sur le pays au cours des dixhuit prochains mois. En particulier, l’échec de la mise en œuvre
des actions politiques visant à
réduire l’endettement français.
De fait, la dette française, estimée en 2011 à 84,5 % de son produit
intérieur brut (PIB) est l’une des
plus élevée de tous les pays AAA.
a DETTE PUBLIQUE, en % du PIB
Prévisions
82,3
84,9 89,1
89,3
88,2
2010 2011 2012 2013 2014
a DÉFICIT PUBLIC, en %
–7
– 5,3
ou
–5,4
Prévisions
– 4,5
–3
–2
2010 2011 2012 2013 2014
a CROISSANCE, en %
Prévisions
1,5
2
1,75
2
0,5
2010 2011 2012 2013 2014
Des membres du groupe Sauvons les riches dans les locaux de Moody’s, boulevard Haussmann à Paris, le 24 octobre 2011. LAURENT HAZGUI/FEDEPHOTO
Mais la crise de la zone euro – qui
contribue certes « à exacerber » la
fragilité des Etats selon Moody’s –
n’est pas, ou plus, seule en cause. Le
Royaume-Uni, non-membre de
l’Union monétaire, et relativement
épargné par la crise des dettes souveraines grâce à la protection de sa
banque centrale, est aussi dans le
viseur de l’agence avec une note A3
sous perspective négative.
Dérive
Car Moody’s, contrairement à S
&P,motivesonanalyseparunjugement plus économique que financier, juge M. Parisot. Et observe, au
Royaume-Uni comme en France, la
dérive des finances publiques. Les
deux pays sont à ce titre classés
dans la catégorie « Etats AAA, les
plus endettés », à côté des EtatsUnisdontlanoteestaussisousperspective négative.
En prenant soin de rappeler les
atouts de la France, la taille de son
économie, sa diversification et
l’importance de l’épargne privée,
qui peuvent lui permettre d’absorber les chocs, l’agence pointe aussi
sévèrement les travers français.
Notamment les réticences habituelles du pays à mettre en place
des « réformes décisives » afin
d’améliorer l’état de ses finances.
Et l’agence de rappeler que lors
de la décennie précédant la crise, la
dette de la France n’a fait que progresser quand la plupart des
autres gouvernements parve-
naient à réduire leur endettement.
Le pays n’a, de fait, pas présenté
un budget à l’équilibre depuis
1974. Et les périodes de prospérité
n’ont jamais été mises à profit
pour réduire la dette publique,
contrairement à ce qui s’est passé
en Allemagne, par exemple. La
France avec un déficit primaire
(avant paiement des intérêts de la
dette) figure ainsi parmi les plus
mauvais AAA, estime Moody’s.
Si l’agence note les quelques
progrès accomplis récemment,
elle s’interroge sur la capacité du
pays à inverser la tendance. Un
défi rendu plus difficile encore par
le soutien français aux Etats de la
zone euro en en difficulté, via sa
contribution au mécanisme euro-
péen de stabilité (MES). A juste
titre : il y a une semaine, le gouvernement a repoussé d’un an, à 2014,
la réduction de son ratio de dette
sur PIB en raison de la participation de la France à ce MES, tout en
confirmant les engagements de
réduction du déficit public à 4,5 %
du PIB fin 2012 et 3 % en 2013.
L’agence n’évoque pas explicitement la campagne présidentielle,
qui pourrait rendre plus délicates
les mesures d’austérité. Mais elle
« exprime des doutes sur la stratégie française ce qui devrait faire
l’objet de débats sains en période
électorale », estime Laurence Boone, économiste chez Bank of America Merrill Lynch. p
Claire Gatinois
SOURCE : MINISTÈRE DES FINANCES
Chronologie
5 août 2011 S & P abaisse de AAA
à AA + la note des Etats-Unis, du
fait de mesures jugées insuffisantes contre le déficit budgétaire et
d’une dette publique de plus de
14 500 milliards de dollars.
13 janvier 2012 S & P prive à son
tour la France de son triple A obtenu en 1975, mais maintient celui
de l’Allemagne. L’agence s’interroge sur la stratégie des dirigeants politiques des pays de la
zone euro face à la crise.
16 janvier François Fillon affirme
que Moody’s « a confirmé le triple
A stable de la France ».
Les rémunérations des patrons du CAC 40 ont rebondi en 2010
Elles ont augmenté de 34% en moyenne après trois années de recul, mais n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant-crise
L
a rémunération globale des
dirigeants des grandes entreprises françaises – celles qui
entrent dans l’indice CAC 40 – a
augmenté de 34 % en moyenne en
2010, pour atteindre 4,1 millions
d’euros, selon l’étude annuelle de
la société Proxinvest, publiée mardi 14 février.
Si cette rémunération se redresse après trois années de recul, elle
reste inférieure à celle perçue en
2006 avant la crise. Elle s’élevait
alors à 5,7 millions d’euros.
Entre 2007 et 2009, alors que la
crise financière faisait sentir ses
effets, la rémunération des dirigeants du CAC 40 diminuait d’année en année : de 17 % en 2007, 25 %
en 2008 et 14 % en 2009. Globalement, sur ces quatre dernières
années, elle a perdu 28 %.
A titre de comparaison, le salaire moyen des Français par tête (qui
intègre primes et heures supplémentaires) a progressé de 2,1 % en
2010, après avoir augmenté de
1,3 % en 2009.
En valeur absolue, ces montants demeurent considérables :
plus de 250 fois le smic annuel !
Reste que leur niveau est moins
affolant qu’au début de la décennie. La rémunération totale
moyenne des dirigeants du
CAC 40 s’élevait à 7,5 millions d’euros en 2001, selon Proxinvest.
Les chiffres de 2010 doivent toutefois être relativisés. Car 30 % de
la rémunération est constituée
Des revenus à plusieurs entrées
ÉVOLUTION DE LA RÉMUNÉRATION MOYENNE
DES DIRIGEANTS DU CAC 40, en millions d’euros
Totale
TOP 5 DES PRÉSIDENTS ÉXÉCUTIFS LES MIEUX PAYÉS
POUR 2010, en milliers d’euros
Fixe
Salariale
8
Variable*
Autres
Options
Actions
1 - Jean-Paul Agon, L’Oréal
7,5
2 100
1 680
7
2 - Bernard Arnault, LVMH
6
1 728
2 200
5 665
118
5
4,11
4,85
4
3
2,89
2,61
2 2,12
3 - Carlos Ghosn, Renault - Nissan
1 200
8 479 (dont environ 7 000 de Nissan)
4 - Bernard Charlès, Dassault Systèmes
932 1 072 731
6 762
34
5 - Gilles Pélisson, Accor
1
2001 02
6 868
55
03
04
05
06
07
SOURCE : PROXINVEST
d’actions ou de stock-options, valorisées à leur cours du jour où ces
titres ont été attribués. Or, depuis
2010, la Bourse s’est effondrée
d’environ 20 %. Ce qui signifie que
la valeur de la rémunération versée en actions a fléchi d’autant ; et
que celle versée en stock-options
s’est effondrée jusqu’à n’avoir
plus de valeur pour certaines.
Jean-Paul Agon, PDG de
L’Oréal, apparaît certes comme le
dirigeant ayant perçu la plus forte
rémunération en 2010 (10,7 millions d’euros). Mais plus de la moi-
08
09 2010
1 000 1 500
5 046**
1 620
* Souvent lié à la performance économique de l’entreprise ** Indemnités de départ en retraite
tié était constituée de stockoptions. Il est donc aussi le PDG
qui s’est le plus « appauvri » en raison de la crise. Car la valeur de ses
options se situe en dessous du
prix auquel il peut les exercer,
selon une étude de La Lettre de l’Expansion du 26 septembre 2011.
Bernard Arnault à l’abri
En revanche, Bernard Arnault,
PDG de LVMH, est plus à l’abri.
Aucune stock-option n’est prévue
dans sa rémunération, selon
Proxinvest. Plus de la moitié est en
revanche constituée d’actions.
Cette hausse observée en 2010
ne concerne cependant qu’un
petit nombre d’entreprises : les
40 premières en moyenne, donc,
ainsi que les 80 suivantes, où le
salaire moyen progresse de 31 %
mais s’établit à un montant presque deux fois inférieur à celui du
CAC 40 (2,1 millions d’euros).
Si l’on considère les 250 plus
grandes entreprises françaises
cotées (celles qui entrent dans l’indice SBF 250), la rémunération
moyenne des dirigeants continue,
en revanche, de baisser en 2010,
selon Proxinvest.
En outre, ces rémunérations de
dirigeants varient d’un secteur
d’activité à l’autre. Selon une étude du cabinet Aon Hewitt, la rémunération totale des premiers dirigeants mandataires sociaux du
SBF 120 est, en moyenne, deux fois
plus élevées dans le secteur financier que dans l’industrie.
Les délais nécessaires à la réalisation de l’étude de Proxinvest ne
permettent pas de connaître la
progression des rémunérations
en 2011. Mais les critères financiers – chiffre d’affaires, résultat
net, etc. – qui servent de base à l’essentiel de la partie variable de la
rémunération (hors stock-options
et actions) ont évolué favorablement pour de nombreuses grandes entreprises. Et, Maurice Levy,
président du directoire de Publicis, qui a annoncé qu’il renonçait à
la partie fixe de son salaire pour
ne garder que la variable, ne semble pas faire beaucoup d’émules.
Il est vrai que cette attitude n’est
pas jugée unanimement efficace.
L’importance accordée à la rémunération variable peut conduire à
des décisions contre-productives
pour l’entreprise, explique
ArmandHatchuel (« Le MondeEconomie » du 20 décembre 2011).
Car elle peut inciter les patrons
à prendre des risques démesurés
pour obtenir une plus grosse prime, par exemple. Il note ainsi que
« la part de la rémunération à la
performance n’a jamais été aussi
élevée que durant la période qui a
conduit à la crise de 2008, et même
après ».
Qu’elle soit essentiellement
fixe ou variable, une rémunération excessive des dirigeants a « un
impact négatif sur la productivité
du travail et donc sur les performances de l’entreprise », explique
Frédéric Palomino, professeur affiliéà l’Edhec et consultanten économie à LECG, dans son opuscule
Comment faut-il payer les
patrons ?, publié en 2011 par le Centre pour la recherche économique
et ses applications (Cepremap).
Ce qui ne peut que renforcer la
tentation de les encadrer, comme
l’envisage le Parti socialiste pour
les entreprises dont l’Etat est
actionnaire. Ou de les imposer
davantage.
La fuite des dirigeants, souvent
invoquée pour ne pas prendre ce
type de mesure, ne serait pas fondée, estime M. Palomino. D’autant
que, selon l’étude Aon Hewitt, les
rémunérations globales des dirigeants français sont supérieures à
celles perçues en Italie, dans le
Benelux et les pays nordiques. Et
proches de celle des dirigeants allemands. Elles sont, certes, bien
moindres que celle des Américains, mais leur fraction, hors
actions ou options, est du même
niveau. p
Annie Kahn
0123
économie
Mercredi 15 février 2012
17
Asiatiques, Américains… jamais ils n’ont La répression des
acheté autant d’alcool français qu’en 2011 fraudes maintient
La valeur des caisses exportées représente, en moyenne, depuis dix ans, 130 Rafale par an
la pression
sur l’e-commerce
L
es vins et spiritueux français
continuent à séduire une
clientèle internationale. En
2011, ils ont battu un record de ventes à l’exportation, dépassant pour
la première fois la barre des 10milliards d’euros à 10,1 milliards. Selon
les chiffres publiés mardi 14 février
par la Fédération des exportateurs
de vins et spiritueux (FEVS), la progression est de 10,5% – soit un gain
net de plus d’1 milliard d’euros –
par rapport à 2010. Le précédent
record de 2007, juste avant la crise,
avec un total de ventes de 9,6 milliards d’euros, est ainsi battu.
En tenant compte des produits
étrangers importés, les vins et spiritueux pèsent 8,6 milliards d’euros d’excédent commercial, un
montant en progression de 9 %. Ce
qui en fait le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale française, derrière l’aéronautique (17,7 milliards) mais devant les
parfums et cosmétiques (8,3 milliards).
Un résultat dont ne manque
pas de se targuer la FEVS, d’autant
que les bonnes nouvelles concernant la balance commerciale hexagonale sont plutôt rares. Et de se
livrer à un petit calcul pour estimer que l’ensemble des caisses de
bouteilles envoyées dans le monde entier représente, en moyenne,
depuis une décennie, la valeur de
130 Rafale par an.
La répartition des gains entre
vins et spiritueux reste stable. Les
premiers représentant 69 % de
l’ensemble, soit 7 milliards d’euros, et les seconds le solde, soit
3,1 milliards. Un équilibre qui
cache quelques fortes disparités.
Le spiritueux le plus valorisé à
l’étranger reste le cognac. Il continue sur sa lancée, avec des ventes
en hausse de 10 % à 2,04 milliards
d’euros. Cet alcool talonne désormais le champagne, dont le chiffre
d’affaires à l’export atteint 2,1 milliards d’euros, en hausse de 9,3 %.
En troisième position, viennent
lesvins deBordeaux, engrande forme, qui font quasiment jeu égal à
2 milliards d’euros. En ajoutant les
vins de Bourgogne, on totalise
70 % des ventes à l’international.
La forte valorisation des exportations est portée par le succès des
trois catégories phares, qui se partagent le podium. D’autant que le
cognac, mais aussi le bordeaux ou
le champagne, qui joue la carte du
«Il y a de plus en plus de plaintes», explique
le secrétariat d’Etat chargé de la consommation
L
Lors du Festival des vins de Bordeaux et d’Aquitaine de Wuhan, en Chine, en novembre 2011. XIAO YIJIU/XINHUA
millésime, se vendent de plus en
plus cher.
D’ailleurs, petit bémol dans ce
panorama plutôt favorable, la progression en volume des exportations est beaucoup plus modérée.
En litrage, la hausse se limite à
2,4 %. Sur ce critère, le record de
2007 n’est pas détrôné. Et sur dix
ans, les vins ont perdu près de 12 %
en volume d’exportation.
Le succès
des bordeaux et du
cognac doit beaucoup
à la conquête
des consommateurs
asiatiques
Le succès des bordeaux et du
cognac doit beaucoup à la conquête des consommateurs asiatiques.
Les grandes maisons n’ont pas lésiné sur les moyens pour faire
connaître et apprécier leur production. D’autant que, dans ces pays,
nombre de clients sont prêts à
dépenser une petite fortune pour
s’offrir un millésime exceptionnel
ou une édition limitée, signe de
réussite sociale. Une aubaine pour
les négociants.
Résultat, l’Asie devient le principal moteur de croissance des
exportations de vins et spiritueux
français. Dans la zone formée par
laChine, Hongkong, Taïwan, Singapour et le Japon,les ventes ontbondi en 2011 de 29 % à 2,5 milliards
d’euros.
Autres marchés-clés pour les
alcools français : les Etats-Unis et
le Canada. Dans ces pays d’Amérique du Nord, les consommateurs
apprécient une gamme beaucoup
plus étendue de la production vinicole hexagonale, ce qui est un
atout pour l’ensemble des régions
productrices. Malgré la crise, les
exportations dans cette zone ont
progressé de 9 % sur l’année écoulée, à 2,1 milliards d’euros.
La profession regroupée au sein
de la FEVS reste toutefois préoccupée par la difficulté de reconquête
des marchés traditionnels du vin
français au sein de l’Union européenne. En dix ans, les exportations de vins français en Allemagne et au Royaume-Uni ont reculé
respectivement en valeur de 11 et
de 13 %, du fait de la concurrence
mondiale. En volume, la chute est
encore plus brutale, avec une baisse respective de 13 et de 38 %.
Les indicateurs restent toutefois positifs en 2011 sur ces mar-
chés-clés. Et le Royaume-Uni garde
sa place de deuxième pays importateur de vins et spiritueux français en valeur, derrière les EtatsUnis. Mais l’Allemagne rétrograde
d’une place et cède le troisième
rang à la Chine. Sur les dix pays
européens,dont la Suisse, importateurs d’alcool français, les ventes
n’ont progressé en valeur que de
3 %, à 4,1 milliards d’euros en 2011.
Louis-Fabrice Latour, président
de la FEVS, souligne l’enjeu stratégique d’un accès aux marchés des
pays tiers : « Nous avons un besoin
impérieux du soutien des pouvoirs
publics pour ouvrir de nouveaux
marchés. L’Inde ou le Brésil sont des
débouchés prometteurs, mais nous
ne pourrons y développer nos ventes sans éliminer les obstacles
actuels, tarifaires ou non tarifaires. »
La Fédération met en évidence
l’importance de l’exportation
pour ce secteur économique. Elle
chiffre à 500 le nombre d’entreprises françaises exportatrices de
vins et spiritueux, et estime que
40 % du vignoble français dépend
de l’exportation. Plus globalement, elle estime que les sociétés
de vins et spiritueux emploient
30 000 personnes en France. p
Laurence Girard
Liliane Bettencourt n’est plus administratrice de L’Oréal
Le groupe de cosmétiques a franchi, en 2011, le cap des 20milliards d’euros de chiffre d’affaires
L
e conseil d’administration de
L’Oréal a annoncé, lundi
13 février, la fin du mandat
d’administrateurde Liliane Bettencourt, qu’elle a exercé pendant dixsept ans. Agée de 89 ans, la femme
la plus riche de France va laisser sa
place à l’aîné de ses petits-fils, JeanVictor Meyers, 25 ans.
Ce grand jeune homme brun,
qui a poursuivi des études universitaires d’économie et de gestion
en France et aux Etats-Unis, a passé plusieurs mois dans les divisions du géant des cosmétiques. Il
a été coopté comme nouvel administrateur et sa nomination
devrait être entérinée lors de la
prochaine assemblée générale du
17 avril.
Même si les décisions du
conseil ne peuvent pas être remises en cause en raison de l’« empêchement » juridique d’un de ses
quatorze membres, procéder à ce
changement relevait du bon sens.
Ce passage de flambeau survient
eneffet alors que lamise soustutelle de la fille du fondateur du groupe a été confirmée par la Cour d’appel de Versailles, le 18 janvier. Son
mandat avait été reconduit pour
quatre ans, en avril 2011.
Les décisions concernant les
intérêts de la famille Bettencourt,
qui détient 30,9 % de L’Oréal, sont
prises au sein du holding familial
Thétys. Le changement d’un des
trois administrateurs de la famille
ne devrait pas modifier les
savants équilibres capitalistiques
du groupe.
Le PDG de L’Oréal, Jean-Paul
Agon, a longuement salué le « goût
d’entreprendre, la curiosité pour
tout ce qui émerge de nouveau, de
moderne » de Liliane Bettencourt.
Son départ s’effectue au moment
où le leader mondial des cosmétiques publie des résultats en croissance. Le chiffre d’affaires a
franchi, en 2011, un cap significatif, à 20,34 milliards d’euros, en
hausse de 4,3 % par rapport à 2010.
Le résultat net part du groupe s’élève à 2,58 milliards d’euros (+ 8,9 %).
Au cours du dernier trimestre,
les « nouveaux marchés » (Asie,
Pacifique, Europe de l’Est, Amérique latine, Afrique et MoyenOrient) ont, pour la première fois,
représenté la part la plus importante des ventes dans le monde,
devant les Etats-Unis et l’Europe
de l’Ouest. Cette dernière a montré
des signes de faiblesse et reculé de
0,6 % lors des trois derniers mois
de l’année.
Si M. Agon avait, dès 2009, promis detrouver «un milliard de nouveauxclients» au cours de la décennie, il va les chercher dans le mondeentier. Sans surprise, l’Asie-Pacifique progresse à vive allure
(+15,5 % hors Japon), notamment
grâce aux performances des produits de luxe en Chine et en Corée.
Les nouveaux marchés visés
Les pays émergents constituent
un fort réservoir de croissance,
comme le montrent l’Argentine, le
Mexique ou le Brésil. Le MoyenOrient et l’Afrique enregistrent
aussi une croissance des ventes
supérieure à 10 %. Malgré une
conjoncture politique des plus
mouvantes, deux filiales récemment créées, le Pakistan et l’Egypte, participent pleinement à cette
politique d’expansion.
Année après année, la rentabilité des « nouveaux marchés » augmente : elle s’est établie l’an dernier à 18,4 % du chiffre d’affaires,
comme l’Amérique du Nord
(contre 20,9 % pour l’Europe de
l’Ouest).
L’Oréal a d’ailleurs focalisé ses
investissements dans des pays où
il a encore sous-investi. C’est le cas
de la nouvelle filiale au Kenya,
annoncée en décembre 2011, qui
deviendra la base de développement du groupe en Afrique de
l’Est.
L’Oréal a aussi annoncé la
constructiond’un centre de recherche et d’innovation au Brésil pour
créer des produits à destination
des marchés latino-américains,
susceptibles d’être commercialisés hors du Brésil. Deux usines
vont également démarrer cette
année au Mexique et en Indonésie.
M. Agon qui, dès début janvier,
affirmait avoir « de l’optimisme à
revendre » et se disait « très
confiant » pour 2012, n’a pas changé d’idée. « Nous sommes bien
armés pour réaliser une nouvelle
année de croissance du chiffre d’affaires et des résultats », a-t-il affirmé lundi.
Il compte une nouvelle fois croître davantage que le marché mondial et jouer un rôle « de plus en
plus moteur » dans « les nouveaux
marchés », qui s’imposeront cette
année comme la première zone
géographique du groupe. p
Nicole Vulser
es consommateurs se plaignent-ils moins ou bien les
produits et services sont-ils
de meilleure qualité ?
En 2011, la Direction générale
de la concurrence, de la consommation et de la répression des
fraudes (DGCCRF) a reçu 90 125
réclamations de consommateurs, soit 2,3 % de moins qu’en
2010, et 18 % de moins qu’en
2009. Tel est le bilan que Frédéric
Lefebvre, le secrétaire d’Etat chargé de la consommation, devait
présenter, mardi 14 février.
Le renforcement des textes
encadrant la protection des
consommateurs, l’amélioration
de la gestion de la relation entre
les commerçants et leurs clients,
et le développement des dispositifs de médiation auraient participé, selon lui, à cette évolution.
Comme en 2011, quatre secteurs concentrent plus de 70 %
des réclamations des consommateurs. En premier lieu, la commercialisation des produits non alimentaires représente 25,3 % des
plaintes, dont environ la moitié
concerne la vente à distance et le
commerce électronique. Viennent ensuite le secteur des télécommunications (19 % des plaintes), les travaux et réparations à
domicile (15,9 %) et le secteur des
transports et des véhicules 11,3 %.
Les trois principaux motifs de
réclamations sont les pratiques
commerciales
trompeuses
(12,6 %), la contestation du prix
ou du montant de la facture
(9,8 %), et la livraison (7,5 %).
Malgré des effectifs en repli
d’environ 5 %, la DGCCRF a effectué, en 2011, 853 000 contrôles
(–2 %) dans 153 600 établissements.
Ces examens ont donné lieu à
14 000 infractions constatées
par procès-verbaux transmis au
Parquet, 12 000 mesures administratives – mises en conformité, suspensions d’activité, fermetures d’établissement… – et 628
saisies ou consignations de produits.
La vente sur Internet était
l’une des priorités d’action de
2011. Près de 9 600 sites d’e-commerce ont été contrôlés, soit une
augmentation de 14 % par rapport à 2010, et ont donné lieu à
plus de 300 procès-verbaux.
Le ministre a détaillé les axes
de travail de la DGCCRF pour le
premier semestre 2012, encore
très orientés sur le e-commerce.
Les sites d’achat groupés, tout
d’abord, où « il faut renforcer les
contrôles car le système a beaucoup de succès auprès des internautes et il y a de plus en plus de
plaintes », explique M. Lefebvre.
En 2011, 43 contrôles ont été
effectués et 8 pratiques commerciales trompeuses ont été décelées (les annonces ne correspondaient par exemple pas au produit final, les « options obligatoires » donnaient un prix final différent du prix d’appel).
Pessimisme
L’accent sera aussi mis cette
année sur le commerce réalisé sur
les téléphones portables, et sur les
réseaux sociaux, « qui sont deux
formes de commerce en train de se
développer fortement », constate
M. Lefebvre.
Il ne cache pas, par ailleurs, son
pessimisme quant aux chances
d’adoption, avant les élections présidentielles, de son projet de loi
renforçant les droits, la protection
et l’information des consommateurs, construit à partir des réclamations déposées auprès de la
DGCCRF.
Le texte a fait l’objet de nombreux débats entre Assemblée
nationale et Sénat, sans aboutir.
« Compte tenu des textes d’urgence
de réponse à la crise financière, le
seul moyen d’adopter définitivement le projet dans le calendrier
parlementaire aurait été que le
consensus obtenu à l’Assemblée
nationale se poursuive au Sénat. La
nouvelle majorité sénatoriale [de
gauche] ne l’a pas souhaité», déplore M. Lefebvre. p
Cécile Prudhomme
Hôtellerie
Intercontinental table
sur les pays émergents
Le groupe britannique Intercontinental Hotels Group (IHG), premier
groupe hôtelier au monde en termes de nombre d’établissements et de
chambres, a enregistré, en 2011, un chiffre d’affaires en hausse de 9 %, à
1,77 milliard de dollars (1,34 milliard d’euros). Le bénéfice net a progressé
de 83 %, à 439 millions de dollars. Le groupe est « en bonne position pour
bénéficier des tendances positives du secteur sur le long terme, en particulier de la demande croissante sur les marchés émergents, en dépit des
incertitudes considérables en zone euro », a commenté, mardi 14 février,
le directeur général, Richard Solomons. IHG, qui détient notamment les
chaînes Intercontinental, Crowne Plazza et Holiday Inn, prévoit d’étendre son parc de plus de 1 100 hôtels, dont 40 % sont déjà en construction, avec plus d’un quart des nouvelles capacités futures en Chine. p
Marc Voinchet et la Rédaction
6h30/9h – du lundi au vendredi
Retrouvez la chronique
«Les Faiseurs de culture»
par Laurent Carpentier
mercredi à 8h50 jusqu’au 15 avril.
franceculture.fr
en partenariat avec
18
0123
économie
Mercredi 15 février 2012
Pertes & Profits | chronique
Par Stéphane Lauer
La pudeur de l’évidence
La Hadopi passe à la vitesse supérieure et
transmet ses premiers dossiers à la justice
Les internautes, soupçonnées de piratage, encourent une amende de 1500 euros
L’Oréal
M
ême si la cosmétique est
l’art du paraître, chez
L’Oréal, on a enfin décidé
d’arrêter de faire semblant. Liliane Bettencourt, 89 ans, ne siégera
plus au conseil d’administration
du groupe de beauté. Une décision logique après la mise sous
tutelle, en octobre 2011, de l’héritière de l’empire L’Oréal. Si le symbole est fort, la portée de l’événement reste néanmoins limitée
pour le groupe.
«Le conseil d’administration de
L’Oréal a été informé de la fin du
mandat d’administrateur de Mme
Liliane Bettencourt. » Le ton neutre,
et peu loquace sur les raisons qui
ont amené la femme la plus riche
de France à renoncer à siéger au
conseil du groupe fondé par son
père, tranche avec le déballage balzacien auquel on a assisté depuis
deux ans.
Mais on n’explique pas l’évidence, surtout lorsqu’elle touche à l’intime. La fin du mandat de Liliane
Bettencourt met un terme à une
situation qui devenait incompatible avec la bonne gouvernance de
la société. Il y a dix mois, l’assemblée générale des actionnaires
avait voté comme un seul homme,
à 97 %, pour reconduire l’héritière
dans son mandat d’administratrice. Entre-temps, le jugement accablant sur l’état mental de la vieille
dame a permis de mettre fin à l’hypocrisie qui présidait à son maintien, alors que les statuts de la
société ne l’obligeaient pas à renoncer à ses responsabilités.
C’est Jean-Victor Meyers, 25 ans,
qui succède à sa grand-mère. Il
rejoint au conseil d’administration les deux autres représentants
de la famille Bettencourt, qui
détient, avec 31 % du capital, le
contrôle du leader mondial des cosmétiques: sa mère, Françoise, et
son père, Jean-Pierre Meyers.
Pour le clan de la fille, la victoire
est totale. L’entourage de Liliane
Bettencourt n’a eu de cesse de s’opposer à ce scénario, en accusant
Françoise de vouloir céder L’Oréal
à Nestlé, deuxième actionnaire du
groupe avec 29,8% du capital.
Si le symbole est fort,
la portée
de l’événement reste
limitée pour le groupe
La mise à l’écart de Liliane Bettencourt bouscule les petits (pas si
petits pour certains) intérêts qui
s’étaient cristallisés autour de sa
fragilité mentale. Dès lors, on comprend la propension à entretenir
les thèses alarmistes sur les intentions de sa fille. Mais jusqu’à présent, rien ne permet d’affirmer
qu’elle n’aura pas le même attachement que sa mère vis-à-vis du
groupe de cosmétique. Ce qui est
sûr, c’est que le maintien d’une
vieille dame qui avait perdu une
grande partie de son discernement
était une source encore plus grande d’instabilité. p
Retrouvez Pertes & Profits sur le net :
lauer.blog.lemonde. fr
Le climat social s’est apaisé
chez France Télécom
Avec l’arrivée de Free et les prix bas
de ses mobiles, le groupe reparle d’économies
P
our la direction de France
Télécom, l’ex-monopole des
télécommunicationsfrançaises a tourné la page de la « crise des
suicides ». Le dernier baromètre
sur le climat social, publié mardi
14 février, en serait la preuve.
Ce sondage interne, réalisé par
l’institut CSA tous les six mois
depuis octobre 2010 – et qui est utilisé pour le calcul d’une partie de la
part variable des 900 principaux
cadres de France Télécom en France – montre que les choses se sont
améliorées dans les relations
managériales, la reconnaissance
et la vie au travail, etc.
Ainsi, 88 % des salariés considèrent que la qualité de vie au travail
dans le groupe est identique ou
meilleure à cellesd’autres entreprises. Le pourcentage de salariés qui
pensent qu’elle est plus mauvaise
n’est plus que de 6 %.
« Nous sommes revenus à une
situation d’apaisement, veut croire Bruno Mettling, le directeur des
ressources humaines. Ces bons
résultats sont la conséquence du
contrat social mis en place il y a dixhuit mois. »
Quand Stéphane Richard, l’actuel PDG, a pris les commandes du
groupe, fin 2009, en remplacement de Didier Lombard, la situation était peu brillante. La trentaine de suicides comptabilisés par
les syndicats en deux ans témoignait d’un climat social délétère.
Les salariés souffraient d’une
perte de perspectives. Le seul horizon stratégique qu’on leur « vendait », était la nécessité de supprimer 22 000 postes en trois ans. Fermeture de sites, affectations forcées à grande échelle, ces décisions
heurtaient un personnel plutôt
âgé(48 ansdemoyenne d’âge),attaché aux valeurs de service public.
Dans l’urgence, M. Richard a
décidé l’arrêt des fermetures de
sites et la fin des affectations forcées. Il a entamé des discussions
avec les syndicats, qui ont abouti à
des accords sur le temps de travail,
le découpage vie privée-vie professionnelle…
La promesse d’embaucher
10 000 salariés sur trois ans a été
appréciée (8 000 ont été réalisées).
L’introduction du télétravail a permis d’améliorer le quotidien d’un
millier de salariés (sur 100 000 en
France).
Encore difficile en boutique
La reprise des investissements
dans la fibre optique a aussi redonné des perspectives aux équipes
techniques. « Surtout en ville, où
c’est rentable de “fibrer”. Dans les
zones rurales, c’est plus morose »,
selon Sébastien Crozier, de la CFECGC - UNSA. « Cela va mieux pour
ce qui ne touche pas directement
au business. Mais en boutique ou
sur les plateaux d’appels, les conditions de travail n’ont pas beaucoup
changé », nuance Philippe Méric,
de SUD.
Réalisé fin 2011, le baromètre ne
tient pas compte de l’arrivée sur le
marché du mobile de Free, mi-janvier, qui a obligé France Télécom et
ses concurrents, à ajuster brutalement à la baisse une partie de leurs
tarifs. Ce qui pourrait amputer les
revenus de 20 % d’ici à trois ans.
La direction de l’opérateur assure que l’arrivée de Free a suscité un
regain de cohésion interne.
M.Richard a reconfirmé aux syndicats qu’il mènerait à terme les
10 000 embauches promises. Mais
la direction ne nie pas que, dans les
mois qui viennent, le groupe va
devoir faire des arbitrages, réaliser
des économies. « Nous n’avons pas
encore eu de remontées sur des
inquiétudes liées à l’emploi »,
témoigne M. Méric, de SUD. p
Cécile Ducourtieux
H
adopi, acte IV. La Haute
autorité pour la diffusion
des œuvres et la protection des droits sur Internet a
annoncé, lundi 13 février, avoir
transmis à la justice, « une partie »
des 165 dossiers qu’elle a instruits.
Ils concernent des internautes,
coupables d’après l’enquête de ses
services, de « manquement à l’obligation de surveillance de l’accès à
Internet », en clair, soupçonnés de
téléchargement illégal d’œuvres
artistiques (musique films, séries
télévisées), protégées par le droit
d’auteur.
Il s’agit de la quatrième étape
du parcours de la riposte graduée,
mise en place par la Hadopi, pour
lutter contre le piratage.
Au 31 décembre 2011, la Haute
autorité avait établi un premier
bilan. Depuis octobre 2010, elle a
ainsi envoyé 822 000 premières
recommandations par courriel à
des abonnés à Internet, pour leur
signaler qu’ils avaient contrevenu
à la loi.
Dans les six mois qui ont suivi,
68 343 internautes récidivistes ont
reçu un deuxième avertissement.
Enfin sur ce deuxième écrémage,
la Commission de protection des
droits (CDP) de l’Hadopi a, après
examen des cas, retenu 165 dossiers litigieux.
Effet entonnoir
C’est une partie seulement de
ces cas que la Hadopi a décidé de
transmettre à la justice. L’institution a refusé de communiquer le
nombre exact de dossiers, mais on
peut penser qu’une vingtaine sur
les 165 retenus a été envoyée aux
différentsparquetsde France, puisque c’est vers le lieu de résidence
de l’internaute indélicat que les
dossiers sont acheminés.
Désormais, c’est à la justice de
prendre le relais de l’autorité administrative. Le parquet sera libre de
poursuivreou pasl’internaute. Présidente de la CDP, la juriste Mireille
Imbert-Quaretta avait pris soin de
souligner qu’elle ne présenterait à
la justice que « les dossiers les
mieux construits », autrement dit,
ceuxquitémoignentd’un téléchargement illégal massif sur Internet.
A ce stade, quel est le profil de
l’internaute poursuivi et que risque-t-il? A la première question, la
Hadopi refuse de répondre, mais
les dossiers concernent des personnes dont le profil a été cerné de
manière assez précise et celles-ci
ont été alertées à plusieurs
reprises.
En ce qui concerne les peines
encourues, l’internaute risque une
amende de 1 500 euros. Cette
contravention, prononcée par le
tribunal de police, pourra s’accompagner d’une coupure de l’accès à
Internet d’une durée maximale
d’un mois.
Ducôté de la Hadopi,on sefélicite de l’effet entonnoir de la riposte
graduée. On constate en effet
qu’un grand nombre d’internautes sont rentrés dans le rang, après
avoir reçu un voire deux avertissements. Ce dispositif « démontre
son efficacité » et constitue bien
« un instrument pédagogique de
sensibilisation », estime-t-on, au
siège de l’autorité administrative.
Pour la Haute autorité, il est
important de tracer son chemin et
de prouver le bienfait de son
action, alors que celle-ci est contestée par plusieurs candidats à l’élection présidentielle.
C’est en particulier le volet
répressif de la Hadopi que François
Hollande, candidat du PS entend
remettre en cause, s’il est élu président de la République. Dans son
programme, il a d’ailleurs annoncé
qu’il remplacerait la loi dite Hadopi, par « une grande loi signant l’acteIIde l’exceptionculturellefrançaise. »
L’issuedeces premiers castransmis à la justice demeure encore
très incertaine. Vu l’engorgement
des parquets français, il y a peu de
chance qu’un dossier soit instruit,
avant le premier tour de l’élection
présidentielle, fixée au 22 avril.
De plus, pour les représentants
de la quadrature du Net, une association hostile à Hadopi, et surtout
à la riposte graduée, en cas de
condamnation, il restera comme
ultime recours pour l’internaute,
de saisir la Cour européenne des
droits de l’homme. p
Alain Beuve-Méry
Conjoncture et vie des entreprises
Internet Google reçoit
le feu vert des autorités
de la concurrence pour
le rachat de Motorola
Travail
La crise affecte les cadres
Google a obtenu, lundi 13 février,
le feu vert des autorités antitrust
américaines et européennes pour
le rachat de Motorola Mobility.
Google avait annoncé à l’été 2011
sa volonté de racheter ce concepteur de téléphones mobiles, détenteur de plus de 17 000 brevets,
pour 12,5 milliards de dollars
(9,5 milliards d’euros).
Médias Recul du chiffre
d’affaires de RCS en 2011
Le groupe italien de presse et d’édition RCS a annoncé, lundi
13février, un chiffre d’affaires de
2,075milliards d’euros, pour 2011,
en baisse de 2,7 % par rapport à
2010. Son résultat d’exploitation
recule de 10%, à 167,5millions d’euros. Détenteur du groupe Flammarion, le groupe milanais n’a pris
aucune décision quant à une possible cession de l’éditeur français,
évoquée en décembre 2011, pour
permettre de diminuer sa dette de
près d’un milliard d’euros.
La crise génère une insatisfaction croissante parmi les 4 millions de
cadres en France, selon une enquête, réalisée du 10 au 17 janvier par
Opinionway pour l’UGICT-CGT (la CGT des cadres et des techniciens)
auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 cadres des secteurs privé
et public. Près de la moitié d’entre eux (42 %) se disent mécontents de
leur salaire, par rapport à leur temps de travail. L’insatisfaction grimpe
à 48 % chez les femmes cadres. Devant une surcharge de travail croissante et la détérioration de leurs conditions de travail, liée à un management « inadapté », disent-ils (83 %), les cadres réclament des contreparties : 35 % souhaitent le paiement des heures supplémentaires. « Aucune
leçon n’a été tirée de la crise, le ressentiment est fort, voilà un message à
l’adresse des candidats à l’élection présidentielle », commente Fabrice
Hallais, secrétaire général de l’UCICT-CGT. p Anne Michel
Prisma Presse
devient Prisma Média
Le groupe de presse magazine Prisma Presse, qui publie notamment
Femme Actuelle, Voici, Géo et Gala,
a pris le nom de Prisma Média en
raison de son développement sur
Internet, a annoncé, lundi
13 février, cette filiale française du
groupe allemand Gruner + Jahr
(Bertelsmann). Prisma revendique
un potentiel d’audience papier et
numérique de plus de 35 millions
de Français chaque mois.
Marchés
Le ministre suisse de la défense,
Ueli Maurer, n’a pas eu connaissance du rapport d’évaluation
confidentiel de l’avion suédois
de combat Gripen (Saab), publié
par Le Matin Dimanche et SonntagsZeitung, indiquant qu’il « est
l’unique candidat qui n’atteint
pas les capacités minimales pour
tous les types de missions exami-
Audiovisuel Fusion
définitive de RFI
et France 24
Les assemblées générales extraordinaires de RFI, de sa filiale arabophone Monte Carlo Doualiya et
de l’Audiovisuel extérieur de la
France (AEF) ont entériné définitivement la fusion de la radio internationale avec la chaîne d’info
continue France 24, a annoncé
l’AEF, lundi 13 février. Cette opération est toujours contestée par
les syndicats, et le candidat socialiste, François Hollande, a pris
position contre. – (AFP.)
Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
LES MARCHÉS DANS LE MONDE 14/2, 9h48
VALEURS DU CAC40
Lundi 13 février 22h17
Valeur
Défense Le ministre suisse
de la défense ignorait
un rapport
concernant le Gripen
nées », a assuré sa porte-parole
lundi 13 février. Le ministère va
définir « quel poids donner » à ce
rapport « dans le processus d’évaluation ». En novembre 2011, cet
avion a été préféré au Rafale et à
l’Eurofighter. Formellement, le
gouvernement doit avaliser en
février l’achat des 22 Gripen. Le
dossier sera ensuite transféré au
Parlement qui se prononcera. Le
21 février, une sous-commission
parlementaire examinera le
dossier. – (AFP.)
Pays
Dernier
cours
Cours
préc.
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
Plus
bas
ACCOR .........................◗
25,55
AIR LIQUIDE .......................◗ 98,06
ALCATEL-LUCENT ...........◗
1,65
ALSTOM ............................◗ 30,04
ARCELORMITTAL ...............
17,04
AXA ....................................◗
12,42
BNP PARIBAS ACT.A ........◗ 34,33
BOUYGUES .......................◗ 24,68
CAP GEMINI ......................◗ 29,06
CARREFOUR .....................◗
17,68
CREDIT AGRICOLE ............◗
5,13
DANONE ............................◗ 48,45
27,05
EADS ...................................◗
EDF ......................................◗
18,46
ESSILOR INTL ....................◗
56,91
FRANCE TELECOM ............◗
11,34
GDF SUEZ ...........................◗
19,43
LAFARGE ...........................◗ 32,24
LEGRAND ..........................◗
25,55
L’OREAL ............................◗
81,65
LVMH MOET HEN. ............◗ 124,40
MICHELIN...........................◗ 54,23
PERNOD RICARD...............◗
76,39
PEUGEOT............................◗
15,48
PPR .....................................◗ 124,25
PUBLICIS GROUPE ...........◗ 40,24
RENAULT............................◗
36,31
23,75
SAFRAN ..............................◗
SAINT-GOBAIN..................◗ 35,34
SANOFI ...............................◗
56,78
SCHNEIDER ELECTRIC .....◗
47,76
SOCIETE GENERALE .........◗
22,74
STMICROELECTR. .............◗
5,12
TECHNIP.............................◗
75,03
TOTAL .................................◗ 41,04
UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 144,05
VALLOUREC .......................◗ 54,25
VEOLIA ENVIRON. .............◗
9,48
VINCI...................................◗ 38,08
VIVENDI ..............................◗
16,23
25,08
97,46
1,68
29,86
16,88
12,35
35,05
24,65
28,86
17,67
5,33
48,47
26,75
17,98
56,47
11,25
19,55
31,88
25,95
81,38
123,65
54,04
77,26
15,46
124,25
39,55
36,04
23,77
34,77
56,31
47,48
23,25
5,12
74,46
40,58
142,75
54,00
9,41
38,10
16,11
1,87
0,62
-1,90
0,60
0,92
0,57
-2,07
0,10
0,71
0,06
-3,64
-0,04
1,12
2,67
0,78
0,80
-0,59
1,14
-1,52
0,33
0,61
0,35
-1,13
0,13
n/d
1,77
0,76
-0,04
1,64
0,83
0,58
-2,19
0,02
0,77
1,13
0,91
0,46
0,76
-0,07
0,71
30,46
2,58
36,70
28,19
20,56
23,64
13,10
1,36
20,36
0,37
17,73
-0,25
12,01
-1,81
4,33
-6,55
-7,98
18,72
2,84
1,18
13,71
18,73
6,60
27,83
12,29
13,22
35,50
2,37
19,13
0,05
17,39
32,17
11,46
3,32
3,90
3,71
8,15
12,00
12,80
-4,11
25,84
99,50
1,84
31,36
17,96
12,92
37,26
25,68
29,88
18,62
5,71
49,80
27,56
19,32
57,50
12,40
21,85
33,05
27,54
83,47
129,60
57,93
78,21
16,31
126,70
40,29
38,23
25,02
36,44
57,42
49,90
25,25
5,83
75,86
41,55
152,25
55,79
9,79
38,68
17,62
18,70
94,21
1,21
21,93
14,03
9,39
27,52
22,50
24,04
16,27
4,01
45,93
24,02
16,92
54,50
11,09
19,39
26,07
24,54
79,22
108,00
45,61
70,50
11,98
110,70
35,30
26,76
22,75
29,03
54,86
40,31
14,88
4,59
68,76
38,57
130,35
49,68
7,88
33,62
15,58
Divid.
net
0,62
2,35
0,16
0,62
0,16
0,69
2,10
1,60
1,00
1,08
0,45
1,30
0,19
0,57
0,83
0,60
0,83
1,00
0,88
1,80
0,80
1,78
0,77
1,10
3,50
0,70
0,30
0,25
1,15
2,50
3,20
1,75
0,09
1,45
0,57
8,00
1,30
1,21
0,55
1,40
T
T
T
T
S
T
T
T
T
T
T
T
T
A
T
A
A
T
T
T
A
T
S
T
T
T
T
A
T
T
T
T
A
T
A
D
T
T
A
T
Code
ISIN
FR0000120404
FR0000120073
FR0000130007
FR0010220475
LU0323134006
FR0000120628
FR0000131104
FR0000120503
FR0000125338
FR0000120172
FR0000045072
FR0000120644
NL0000235190
FR0010242511
FR0000121667
FR0000133308
FR0010208488
FR0000120537
FR0010307819
FR0000120321
FR0000121014
FR0000121261
FR0000120693
FR0000121501
FR0000121485
FR0000130577
FR0000131906
FR0000073272
FR0000125007
FR0000120578
FR0000121972
FR0000130809
NL0000226223
FR0000131708
FR0000120271
FR0000124711
FR0000120354
FR0000124141
FR0000125486
FR0000127771
Cours en euros.
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.
Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
Indice
ROYAUME UNI
ETATS-UNIS
JAPON
% var.
Maxi
2011
Mini
2011
PER
CAC 40
3373,34 14/2
-33,00
3449,24 9/2
3114,45 9/1
DAX Index
6730,46 14/2
-12,00
6838,13 9/2
5900,18 2/1
9,35
FTSE 100 index
5890,57 14/2
-26,00
5920,09 13/2
5572,28 3/1
9,66
Dow Jones ind. 12874,04 13/2
57,00
12924,71 9/2
10404,49 4/10
11,19
0,00
2930,68 9/2
2298,89 4/10
15,79
FRANCE
ALLEMAGNE
Dernier
cours
Nasdaq composite
2931,39 13/2
Nikkei 225
3
9052,07 14/2
6 /1
587720214508426,00
13,11
9,00
9023,50 13/2 8349,3
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.
(Publicité)
SICAV ET FCP
0123
LA BOUTIQUE
SÉLECTION publiée sous la
responsabilité de l'émetteur
Dernier cours connu le 14/2 à 9h
Valeur
Cours
en euro
date
valeur
CM-CIC EUROPE
22,60 10/2
Du lundi au vendredi
9 h 30 à 18 h
Samedi 10 h à 14 h
Fonds communs de placements
CM-CIC EURO ACTS C
17,69 10/2
CM-CIC SELECT.PEA
7,34 10/2
CM-CIC MID EUROPE
20,28 10/2
CM-CIC TEMPERE C
171,14 10/2
CM-CIC DYN.EUROPE
32,14 10/2
CM-CIC FRANCE C
29,59 10/2
CM-CIC EQUILIBRE C
71,37 10/2
CM-CIC DYNAM.INTLE
27,75 10/2
CM-CIC OBLI C.T.D
133,44 13/2
CM-CIC MID FRANCE
33,21 10/2
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris
01 57 28 29 85 - http://boutique.lemonde.fr/
0123
décryptages RÉCIT
Mercredi 15 février 2012
HOM S, CA R N E T S D E GU E R R E
M A N I E T J O NAT H A N L I T T E L L
R E P O R TA G E D E
19
2/5
A Homs,
les soldats
du bataillon
Farouk
de l’Armée
syrienne libre (ASL)
contrôlent
le quartier
de Baba Amro
depuis près
d’un mois.
MANI POUR « LE MONDE »
Entrés de façon
clandestine en Syrie
en janvier, l’écrivain
Jonathan Littell,
et le photographe
Mani se sont rendus
pour « Le Monde »
à Homs, cœur
du soulèvement
contre le régime
de Bachar Al-Assad.
BabaAmro,bastionlibéré
L’Armée syrienne libre contrôle ce quartier d’Homs, où elle tient tête
à une armée régulière mieux équipée mais en pleine déliquescence
Texte : Jonathan Littell
Photo : Mani
B
aba Amro, c’est un Etat dans
l’Etat. » B., le soldat qui parle,
est un bel homme au visage
fin et mobile et aux yeux
brillants,illuminés autant par
safoiqueparlejeûnequ’il respecte depuis qu’il a rejoint l’Armée syrienne libre (ASL), en décembre 2011. Ce n’est
pas un déserteur, comme la plupart de ses
camarades, mais un civil d’Alep qui, choqué par les crimes du régime, a décidé de
prendre les armes. Son affirmation, bien
sûr, date d’avant le 4 février, jour où l’armée syrienne – Jaysh-e-Assadi, l’appellent
les opposants, « l’armée des Assad » –, a
débuté un pilonnage intensif du quartier,
faisant plusieurs centaines de morts. Jusque-là, Baba Amro était considéré un
« quartier libéré ».
C’est le genre de quartier populaire du
bout de la ville où les bourgeois, en temps
normal, ne mettent pas les pieds, un quartier d’immeubles de quatre ou cinq étages
en béton, parfois recouverts de plaques de
pierre polie et la plupart du temps inachevés, serrés les uns contre les autres le long
de ruelles où deux véhicules peinent à se
croiser, et peuplé de travailleurs et de femmes voilées qu’on aperçoit à peine. Aux
coins des rues, des vendeurs ambulants
offrent des bols de foul que l’on dévore
avec les doigts; les gamins portent écharpe
et bonnet noir-blanc-vert, tricotés par leurs
mères, ou bien bleu et orange: les couleurs
de la révolution ou bien celles du Al-Karama, le club de foot d’Homs. Devant la mosquée Gilani, les catafalques vides s’entassent, prêts à l’usage; derrière, deux tombes
sont déjà creusées dans le terre-plein, au
cas où les tirs des snipers rendraient le
cimetière inaccessible. Il fait un froid de
gueux, humide et perçant, le ciel est gris,
noyé dans une brume devant laquelle se
découpentlesfaçades desimmeubles etles
minarets, et à travers laquelle résonnent
les coups de feu, les déflagrations subites
des obus, et les appels à la prière.
L’ASL tient le périmètre du quartier. Là,
on est sur une vraie ligne de front, qui traverse des appartements chamboulés, criblés d’impacts de balles explosives et
d’obus,emplisdeboueet dedébris,decanapés renversés, de télévisions brûlées, de lits
déchiquetés. A l’ouest, face aux vergers et
au stade, c’est Haqura, où Mani et moi
vivons depuis presque une semaine avec
une unité ASL. A part deux ou trois obstinés, les civils ont tous fui. Les ruelles qui
donnent sur le no man’s land sont défenduespardessacs desable,obstaclesdérisoires face aux tanks. Les murs des appartements et des jardins ont été percés pour
que les combattants puissent se déplacer à
couvert. Le poste de commandement (PC)
d’Hassan, le commandant de l’unité, donnesurune rueassezlarge,etl’onprendsouvent le thé sur le trottoir, groupés autour
d’un brasier, malgré le risque d’un obus de
mortier : «Inch’allah !», rient les hommes.
«Si le monde
nous abandonne
pour soutenir Assad,
on va être obligés
de déclarer le djihad»
Abdel Razzak Atlas
officier de l’Armée syrienne libre
Un matin, on est réveillés par des tirs
plus soutenus que d’habitude. Des soldats
déboulent dans l’appartement, secouent
ceux qui dorment, tirent mitrailleuses,
ceintures de cartouches et RPG (lanceroquettes) de la chambre qui sert de dépôt
d’armes. On les suit en courant vers le PC,
puis dans une rue bordée d’immeubles où
on monte à l’étage. Dans une pièce dévastée, un combattant lâche des rafales de
mitrailleuse par un trou d’obus ; un autre,
dans le salon, tire des coups de rusi, nom
local du kalachnikov ; l’odeur de la cordite
emplit l’appartement. On nous explique :
un sniper s’est mis à tirer, depuis le grand
immeuble en construction en face, sur des
civils, faisant quatre blessés. L’ASL riposte,
pour tenter de le déloger. Ça durera environ quatre heures, durant lesquelles on se
faufilera d’un appartement à l’autre pour
observer. Les positions de l’armée régulière ne sont pas loin, 200, 400 mètres, on
voit clairement les sacs de sable si on risque un œil. Quand on est sur les toits, on
entend les balles siffler ou claquer dans les
murs ; de temps en temps, la déflagration
d’un RPG secoue l’air. L’ASL ne cherche pas
à prendre les positions ennemies, juste à
forcer les snipers à se retirer et à cesser les
tirs contre les civils.
Baba Amro n’a pas été sécurisé d’un
coup. En novembre, au dernier passage de
Mani, un barrage des forces de sécurité
contrôlait encore un carrefour central, et
ses snipers tiraient dans toutes les rues
autour, coupant de fait le quartier en tranches. « On a réussi à les encercler, nous
explique un adjoint d’Hassan, et on leur a
coupé les vivres. Puis, quand les observateurs de la Ligue arabe sont venus [début
janvier], on s’est servis d’eux pour négocier
leur retrait, sans effusion de sang. Il y a toujours un autre barrage au bout de l’avenue,
mais il est beaucoup plus vulnérable maintenant, et ne tire plus sur les gens, par peur
de notre riposte. »
Pour les combattants de l’Armée libre,
la protection des civils est l’essence de leur
mission. « Dans son principe, l’armée
devrait être neutre », martèle un aprèsmidi le lieutenant Abdel Razzak Atlas, un
des dirigeants de la katiba Al-Faruk qui se
vante d’être le premier officier syrien à
avoirfait défection, en juin 2011. « Elle est là
pour protéger le peuple et la nation. Or, elle
fait le contraire. » B., le volontaire d’Alep,
qui, le soir venu, récite à ses camarades de
magnifiques poèmes en arabe classique,
est plus lyrique que son chef : « Nous, nous
nous battons pour notre religion, pour nos
femmes,pournotre terre et,enfin, poursauver notre peau. Eux, ils se battent seulement pour sauver leur peau. »
Quasiment tous les combattants de
l’ASL ont dû, avant leur désertion, participer àdes opérations derépression. Très peu
sont prêts à admettre avoir tué des gens.
«Moi ? J’ai tiré en l’air », disent-ils presque
tous. Mais leur dégoût pour ce qu’ils ont été
obligésdefaire,leursentimentdeculpabilité est palpable. Ça se sent dans l’insistance
que chacun met, quand on le rencontre, à
exhiber sa carte militaire. Le témoignage
d’un ancien soldat rencontré quelques
jours plus tard au centre-ville vaut pour
tous : « On nous a emmenés dans les rues
pour combattre des gangs armés. Je n’ai vu
aucun gang armé. Les officiers nous ont dit :
“Les munitions ne valent rien, tirez, tirez
autant que vous pouvez.”»
Lesdéserteursdécriventunearméerégulière en pleine déliquescence. A plusieurs
reprises, les officiers ASL avec qui je me
trouve reçoivent des informations, précises et détaillées, de la part d’officiers restés
en service ; ils en reçoivent aussi, pour de
l’argent ou pour la cause, armes et munitions. Le lieutenant Atlas m’expliquera
comment il avait tenté, en mai, d’organiser
avec d’autres officiers la mutinerie de deux
brigades et d’un bataillon. « Tout était prêt.
Mais les autres n’ont pas voulu aller jusqu’au bout, de peur d’être écrasés par l’aviation. » C’est là tout le sens de la demande
d’unenoflyzone,répétéeàchaquemanifestation – demande qui surprend l’Occident
car, à la différence de Mouammar Kadhafi,
Bachar Al-Assad n’a pas encore déployé son
aviation contre des civils. « Si nous obtenons une no fly zone, insiste Atlas, la moitié
de l’armée se mutinera. Le régime sera fini. »
« C’est une armée de voleurs, grogne
Abu Amar, un sous-officier. Tous ceux qui
peuvent payer n’y vont pas, seuls les pauvres y vont. C’est une armée incompétente,
qui ne fonctionne pas. Elle ne sert qu’à
engraisser la communauté alaouite. » Cette secte dissidente du chiisme, considérée
commehérétique par beaucoup de musulmans, est celle du clan Assad et de la majorité des dirigeants des forces de sécurité. Il
y a peu d’alaouites dans l’ASL, mais il y en
a. J’en rencontre un, Fadel, à un barrage de
Baba Amro : « Quand j’ai vu l’armée tuer
des civils, m’explique-t-il devant ses camarades, je me suis dit : “Je ne suis pas avec
eux, je suis avec le peuple.” Ce n’est pas : “Je
suis alaouite, donc je suis avec les alaouites.” Non. S’ils font mal, j’essaie de faire
bien. » Néanmoins, l’immense majorité
des combattants de l’Armée libre sont sunnites, et cela se voit à leurs symboles, les
noms des katiba comme Khalid ibn Walid
(principal général du Prophète) ou bien
Kawafil el-Shuhada (« les Caravanes des
martyrs»). Ce que beaucoupcritiquent violemment. « Pourquoi ils choisissent des
noms comme ça ? », s’exclame M., sunnite
lui aussi, activiste réfugié à Beyrouth.
« C’est notre révolution, pas la révolution
du Prophète ! On a nos propres martyrs, ils
pourraient prendre leurs noms. »
A
u bout de cette « sunnitisation » de
la révolution, il y a la tentation du
djihad. C’est sans doute le plus
grand risque qui guette l’Armée libre, car
cela ferait le jeu de Bachar Al-Assad. Mais
cet argument ne décourage pas les officiers
de l’ASL, à Homs du moins. Abdel Razzak
Atlas nous le dira de manière explicite: «Si
ça continue, on va vraiment devenir comme Al-Qaida. Si le monde nous abandonne
pour soutenir Assad, on va être obligés de
déclarer le djihad, pour faire venir des combattants du monde musulman et internationaliser le conflit. » Atlas insiste : ce n’est
pas sa vision personnelle, le comité militaire d’Homs en a discuté et tous approuvent.
D’autres officiers me le confirmeront. Il
faut souligner que cette idée n’est pas le
fruit d’une radicalisation religieuse, mais
d’un calcul stratégique, aussi naïf soit-il.
Pour Atlas, une déclaration du djihad pourrait déboucher sur un chaos à l’irakienne,
peut-être même sur une guerre régionale,
et ce risque forcerait la main de l’Occident,
obligé enfin d’intervenir. Ce jeune officier
syrien connaît mal le monde extérieur, ses
logiques et ses contraintes. Mais il exprime
l’appel des masses soulevées contre le régime : « Le peuple veut une intervention de
l’OTAN! » Ce n’était pas le cas il y a un mois ;
le désespoir a changé la donne. p
Prochain article : « Une révolution populaire »
20
0123
décryptages L’ŒIL DU MONDE
Mercredi 15 février 2012
L’essayage virtuel
La réalité augmentée permet d’essayer sans toucher
P
Le paiement mobile
Le téléphone règle la facture
L
es systèmes d’encaissement
sur téléphone mobile constituent la bataille technologique
de demain. Les constructeurs de
terminaux de paiement se
livrent une rude bataille pour
fabriquer des caisses mobiles permettant d’utiliser un terminal de
paiement sans fil que le vendeur
aura tout le temps sur lui. Plus
besoin de faire la queue à la caisse, le vendeur encaisse. Le système est déployé aux Etats-Unis
notamment dans les boutiques
Apple et Sephora.
Deux futurs systèmes de paiement utilisant le téléphone de
l’acheteur feront bientôt office
de carte de paiement: Google Wallet et Paypal (groupe eBay). Aux
Etats-Unis, le grand magasin
Macy’s et la chaîne de pharmacie
américaine Walgreens, par exemple, testent Google Wallet, qui permet, lors du passage en caisse, de
scanner son téléphone comme
s’il s’agissait d’une carte de crédit.
Le système Paypal, lui, se développera dans trois directions : en
créant ses propres cartes de crédit, en lançant un système de portefeuille virtuel qui permettrait
de payer avec son téléphone en
ayant préalablement versé de
l’argent sur un compte Paypal.
Troisième modèle : l’acheteur
entre dans le terminal de paiement son numéro de téléphone
et un mot de passe qu’il a obtenu
lorsqu’il a créé son compte sur
Internet.
Surtout, l’acheteur peut décider, en revenant chez lui, de
répartir le montant de son achat
sur différents comptes ou d’utiliser un bon cadeau.
Le système Paypal est testé
depuis quelques semaines chez
le spécialiste américain du bricolage Home Depot. A New York,
les professionnels de la distribution peuvent visiter le magasin
Paypal, un « pop-up store »
(magasin éphémère) ouvert en
octobre 2011, pour six mois, où la
marque a reproduit un centre
commercial pour montrer les différentes utilisations du système.
lus besoin de faire la queue
aux cabines d’essayage. Avec
la réalité augmentée, il suffit
d’être face à un écran pour essayer
des vêtements.
Au Salon américain du commerce de détail organisé par la NRF
(National Retail Federation),
mi-janvier, Microsoft présentait
un système interactif fondé sur la
technologie Kinect utilisée pour
les jeux vidéo. Le consommateur
est face à un écran, le vendeur lui
montre différents modèles de cravates sur sa tablette électronique.
Pour les tester, il fait glisser d’un
doigt la cravate vers l’écran, où elle
se retrouve instantanément accrochée au cou du client qui peut bouger pour mieux voir si elle lui
convient. Le vendeur peut alors
envoyer une photo de sa tablette.
Le magasin Oxybul éveil et jeux
à Lille a installé, fin 2011, une technologie similaire: un écran fait
office de cabine d’essayage virtuelle permettant aux enfants d’essayer les déguisements sans les
déballer. Bilan: les ventes ont fortement augmenté dans ce rayon pendant les deux mois qui ont suivi le
lancement de l’opération. Dans un
autre secteur, la marque française
de joaillerie Boucheron permet, à
l’aide d’un ordinateur et d’une
webcam, d’essayer des bagues
chez soi. Après avoir choisi un
modèle, le client imprime un
patron en papier qu’il passe à son
doigt. Sur l’écran de son ordinateur, il visualise le résultat.
Mais la réalité augmentée, qui
permet de superposer des informations sur des images capturées en
temps réel, offre d’autres possibilités : le Auchan du centre commercial Okabé au Kremlin-Bicêtre,
dans la banlieue parisienne, utilise
la caméra des smartphones pour
indiquer au consommateur dans
quel rayon il se situe.
Demain,tous
e-consommateurs
Lesavancéestechnologiquesdanslesdomainesdelamonétique,
dela«réalitéaugmentée»oudesécransinteractifsincitent
lesgrandesenseignescommercialesàtesterdenouveaux
dispositifsdeventeoudedistributionetdesconceptsmarketing
innovants.Ordinateurs,smartphones,tablettesetécranstactiles
sontmisàcontributionpouraccroîtrechiffresd’affaires
etperformances.Autantd’expériencesquipourraient,àterme,
modifierenprofondeurleshabitudesdeconsommation
Enquête : Cécile Prudhomme - Illustrations : Matt Roussel
La tablette
Un outil qui facilite
L
es vendeurs seront à l’avenir de
plus en plus équipés d’une tablette électronique pour assurer une vente dite « assise ». Installé sur un canapé avec son client, le vendeur montre
les différents modèles, couleurs et
matières de canapé sur sa tablette. Ce
concept est en test sur deux magasins chez But depuis fin 2011 : à Avignon et à Mantes-la-Jolie. Le groupe a
récemment décidé de lancer une procédure d’appel d’offres pour trouver
la tablette qui équipera ses magasins.
L’enseigne de multimédia Boulanger, qui a mis en place il y a quelques
mois des bornes traditionnelles,
envisage d’équiper ses vendeurs de
tablettes. Jacadi, de son côté, étudie,
pour les listes de naissance, un système d’interaction entre la borne à
écran tactile disposée en magasin, la
tablette des vendeurs et le smartphone du client pour que la liste puisse
être disponible partout.
0123
décryptages L’ŒIL DU MONDE
Mercredi 15 février 2012
desvendeurs
le dialogue et stimule les ventes
Aux Etats-Unis, Ralph Lauren a
équipé les vendeurs de son magasin
de Madison Avenue, qui a ouvert en
2010, de tablettes iPad. Cinquantecinq vendeurs répartis sur quatre étages ont à leur disposition 2 à 3 tablettes par étage. « Cet outil, que nous utilisons beaucoup dans le domaine des
articles pour la maison, nous aide à
engager la conversation. Je demande
aux clients comment est la pièce
qu’ils souhaitent aménager, le client
voit sur la tablette la gamme de couleurs d’un canapé, je peux lui envoyer
tout de suite un courriel avec les produits qu’il a sélectionné », explique
un des vendeurs. Impact profitable,
les ventes ont augmenté grâce à
l’iPad. « Cela permet de proposer les
produits que l’on n’a pas en magasin,
et surtout cela évite de laisser les
clients seuls avec leur pensée, cela prolonge l’excitation», indique la responsable du magasin.
La borne tactile
Le mur digital
Les points de vente s’agrandissent sur le Web
La vitrine s’adapte aux passants
C
L
omment optimiser la surface
d’exposition, telle est la question cruciale que se posent les magasins. Leur réponse : une borne qui,
sous la forme d’un grand écran, référence tous les produits de l’enseigne
et qui permet au client de visualiser
et de commander les produits.
Au centre commercial Domus,
près de Paris, le magasin But est équipé depuis un an d’une borne de commandes qui réalise 10 % du chiffre
d’affaires du magasin. Aucun appareil d’électroménager n’est exposé et
toute l’offre a été redéployée sur le
meuble et la décoration. Depuis plus
de six mois, le même système est testé au But de Boulogne : le rayon électroménager a été réduit de 70 % et le
chiffre d’affaires a augmenté de plus
de 13 %.
Le spécialiste du jouet Kingjouet
teste le concept de la borne à jouets
sur dix magasins de 500 m2. L’objectif est de proposer la même gamme
de produits que celle de leurs magasins de grande taille (2 000 m2). De
son côté, Toys “R” Us, qui cherche à
investir les centres-villes, envisage
de compenser ses faibles surfaces
d’exposition par l’installation de bornes. Les Galeries Lafayette étudient
l’idée d’implanter des bornes en
magasin.
A l’avenir, ces bornes ressembleront de plus en plus à des gigantesques smartphones dotés d’écrans tactiles, posés verticalement sur un
pied ou incrustés dans un meuble.
Dans son magasin des Champs-Elysées, Marks & Spencer en a installé
une, qui lui permet de proposer toutes les références qui n’ont pas pu
être exposées sur sa surface de vente. Une fois l’achat effectué, l’obtention du produit se fait par un procédé plus classique de livraison à domicile ou en magasin.
Pour le moment, la borne reste
essentiellement l’outil du vendeur.
L’objectif est d’y faire venir les
consommateurs, grâce au développement de deux nouvelles technologies de communication sans
contact : la RFID (radio frequency
identification) et la NFC (near field
communication). Avec la RFID, le
consommateur posera sa carte de
fidélité sur les bords de la borne et se
verra proposer des produits ou des
promotions en lien avec ce qu’il a
acheté par le passé. Et avec la NFC, il
posera son téléphone sur le côté de
la borne pour payer.
Au Salon américain du commerce
de détail organisé par la NRF, qui
s’est tenu mi-janvier à New York,
Microsoft a présenté un système
futuriste de table tactile : un écran de
télévision posé à plat, sur lequel le
consommateur pose son téléphone.
Avec ses doigts, il fait glisser directement les produits sur son téléphone,
de manière à les regarder ou à les
acheter chez lui.
es initiatives dans le domaine
du mur digital en vitrine se
sont multipliées de manière éparse ces dernières années.
Le voyagiste Carlson Wagonlit
a équipé, il y a quelques mois,
250 de ses agences d’un système
de détection des passants. Lorsqu’un individu sur le trottoir s’arrête devant l’enseigne, il est
immédiatement identifié (homme ou femme ; jeune, senior ou
d’âge moyen) et, sur l’écran en
vitrine, des offres de voyage
ciblées lui sont déroulées. Résultat : 7 % de fréquentation en plus
dans ces agences depuis le lancement de l’opération.
En février 2011, le magasin
Repetto de la rue de la Paix, à
Paris, avait installé un système
permettant, d’un geste du bras, de
faire défiler sur un écran des spots
publicitaires à partir de l’extérieur
du magasin. Aux Etats-Unis, la
marque Ralph Lauren a équipé certains de ses magasins d’un écran
extérieur permettant de commander des vêtements à distance.
Les systèmes placés dans la rue
sont le plus souvent utilisés pour
faire de la publicité car les clients
restent très peu de temps devant.
Et surtout lorsqu’il s’agit d’acheter, le consommateur apprécie
peu d’être soumis aux regards
indiscrets.
Un nouveau système d’information du consommateur se
développe à toute vitesse. Très
présents aux Etats-Unis sur la
devanture des boutiques, et utili-
21
sés au Japon depuis plusieurs
années, les codes QR (Quick Response), sont des sortes de code-barres carrés que le consommateur
peut scanner à l’aide d’un logiciel
installé sur son téléphone ou sa
tablette. Ils lui fournissent instantanément des promotions, des
coupons de réductions ou des
informations sur les produits. Ils
ont notamment commencé à
apparaître sur les prospectus But
et Intermarché distribués dans les
boîtes aux lettres.
La livraison sur mesure
La grande distribution parie sur le modèle du « drive »
L
e concept n’est pas nouveau –
il s’agit en fait d’une livraison
sur point de retrait – mais il se
développe à grande vitesse.
D’abord parce que les consommateurs cherchent à minimiser le
temps qu’ils consacrent aux courses utiles et obligatoires. Le drive
permet de commander ses achats
par Internet, depuis son ordinateur ou son téléphone, et de venir
les chercher en magasin ou en
entrepôt, sans frais et souvent
sans sortir de son véhicule.
Auchan est le premier à avoir
implanté le système, Leclerc le
développe aujourd’hui à grande
échelle et d’autres enseignes commencent à le proposer. Selon le
cabinet Kantarworldpanel, 1,8 million de ménages ont utilisé le système du drive en France, en 2011.
Chez But, on a constaté que
75 % des clients qui commandent
par Internet préfèrent venir chercher l’article en magasin. Ce taux
ne passe pas en dessous de 70 %
même lorsque le groupe fait une
opération de livraison gratuite.
« Le système de drive est moins
contraignant pour les consommateurs que la livraison à domicile
où il faut rester chez soi et bloquer
un créneau de 2 à 3 heures pour
attendre la réception du produit »,
juge Regis Schultz, le PDG de But.
Certaines enseignes grand
public, comme Jacadi, proposent
déjà de retirer en magasin, sans
frais, toute commande passée sur
Internet.
Les magasins de jouets s’intéressent aussi au concept. Chez
KingJouet, le service a été testé fin
2011 sur 20 des 180 magasins du
réseau : le client paye sur Internet
et vient chercher le jouet en magasin. Chez JoueClub, le test mis en
place en fin d’année a généré plus
de 400 commandes sur le seul village JouéClub de Paris. L’enseigne
compte le proposer cette année à
l’ensemble de ses adhérents. Toys
“R” Us songe aussi au drive. Les
orientations seront prises dès que
la boutique en ligne, ouverte il y a
un an, aura atteint un rythme de
croisière.
22
0123
décryptages ANALYSES
L’air du monde | chronique
par Sylvie Kauffmann
L’Allemagne et la Chine,
puissances malgré elles
S
i Vladimir Poutine ou Viktor
Orban se trouvent maltraités par la presse occidentale,
ils devraient aller faire un petit
tour en Grèce. Dans leur malheur,
les Grecs ont trouvé une cible parfaite pour exprimer leur rage, un
peu à la manière des poupées que
l’on crible d’aiguilles : Angela Merkel. La chancelière allemande y
est passée à toutes les sauces, de
préférence escortée de gardes en
uniforme nazi et, à l’occasion,
affublée d’une petite moustache
brune. Au-delà de la chancelière,
l’opprobre s’étend à l’ensemble de
ses compatriotes, les « occupants» allemands, et à la faute historique qu’ils n’en finissent pas
d’expier. L’Union européenne est
le « Quatrième Reich ». Horst Reichenbach, le chef de la mission
européenne de 45 experts chargée
d’aider la Grèce à redresser ses
finances, apparaît rarement dans
les journaux sans son fouet et sa
tenue de SS. Cet austère fonctionnaire européen a confié un jour
au magazine Der Spiegel qu’il
avait sans doute sous-estimé le
défi de sa germanitude dans le climat athénien présent.
Il arrive que les Allemands, comme souvent les géants maladroits,
ne prennent pas la mesure du
poids qu’ils représentent. Comme
lorsque leur ministre des finances,
Wolfgang Schäuble, proposa, fin
janvier, de mettre la Grèce sous
tutelle budgétaire et de nommer
un commissaire européen spécial
à Athènes, qui aurait le pouvoir de
veto sur les dépenses des Grecs.
Mme Merkel eut vite fait de faire
exploser en vol cette idée assez
radicale, et l’on frissonne en pen-
Mercredi 15 février 2012
sant que le poste aurait pu, par
quelque hasard bruxellois, être
confié à un deuxième Reichenbach. Mais le fait qu’elle ait pu germer dans un esprit allemand en ce
moment en dit long sur la psychologie de nos amis d’outre-Rhin.
Les Allemands se retrouvent
dans l’étrange position d’être respectés, et même admirés, dans le
reste du monde – rien n’impressionne plus les Chinois ou les Singapouriens que l’efficacité allemande ! – mais toujours
contraints de feindre l’humilité
auprès de leurs voisins et partenaires de l’UE. Cet inconfort est
d’autant plus paradoxal que l’Allemagne a bel et bien émergé de la
crise de l’euro comme le leader de
l’Europe. Non seulement en raison
de la taille de sa population et de
son PIB, mais aussi parce que son
économie est mieux gérée que celle des autres. Et parce que la situation est si grave, les acteurs si affaiblis, que l’on cherche un leader,
désespérément.
Alors, de plus en plus, l’Allemagne remplit ce rôle, volontairement ou non. Lorsque Mme Merkel
va à Pékin pour demander à la
Chine d’investir en Europe, elle se
présente de facto comme le leader
de l’UE. Lorsqu’elle offre de venir
soutenir la campagne de Nicolas
Sarkozy, sans imaginer que ce sou-
tien est à double tranchant, c’est
qu’elle se sent forte. Lorsqu’elle
exprime sa vision de l’Europe,
«union politique », à six journaux
européens ou en ouverture du
Forum de Davos, cette vision a du
poids parce qu’elle émane du
numéro un allemand. C’est, après
tout, à Berlin et non à Paris ni à
Londres que le ministre polonais
des affaires étrangères, Radek
Sikorski, a choisi d’aller prononcer, fin novembre, son discours de
fin de présidence polonaise de
l’UE. Plus d’un Allemand, et plus
que que Berlin ne veut surtout pas
d’une « Europe allemande » mais,
au contraire, d’une « Allemagne
européenne », alors qu’il est apparu à des Américains très sûr du
rôle de son pays, incarnant une
Allemagne décomplexée, à l’image de certains diplomates allemands aux Etats-Unis. On retrouve cette image dans une interview
du ministre allemand de la défense, Thomas de Maizière, fin décembre à propos du retrait du contingent de l’OTAN d’Afghanistan : le
déploiement de troupes alleman-
Le voilà, le dilemme allemand.
Agir et s’exposer aux caricatures, ou ne pas agir
et encourir les reproches? Cela incite, parfois,
à un brin de schizophrénie
d’un Polonais, auront été surpris
d’entendre un chef de la diplomatie polonaise proclamer : « J’ai
moins peur de la puissance allemande que de la passivité de l’Allemagne »!
Le voilà, le dilemme allemand.
Agir et s’exposer aux caricatures,
ou ne pas agir et encourir les reproches ? Cela incite, parfois, à un brin
de schizophrénie. Le même responsable allemand fera assaut de
modestie devant des interlocuteurs français, auxquels il expli-
Chaque jour chez vous
Le Monde
et ses suppléments
des au sein de cette force, explique-t-il au Spiegel, «a transformé
à la fois la Bundeswehr et l’Allemagne. Avant cette mission, la plupart de nos partenaires ne
croyaient pas les soldats allemands capables de se battre, ni
leurs chefs capables de leur en donner l’ordre. Nous nous sommes
débarrassés de notre image de
brancardiers et d’observateurs électoraux. Nous sommes maintenant
une vraie armée, respectée par nos
partenaires».
La presse allemande, elle, est
tout aussi partagée. Si l’Allemagne
doit payer la facture de l’Europe,
pourquoi devrait-elle se taire ?
Pour la Süddeutsche Zeitung, « l’Allemagne se trouve aujourd’hui là
où elle n’avait plus jamais voulu
être après 1945 : la puissance dominante au milieu de l’Europe. Mais
dans la crise de l’euro, nous ne
devons pas confondre fermeté et
arrogance. Car notre pouvoir est
réel, et il fait peur ». « Le leadership,
ça s’apprend, ajoute la Frankfurter
Allgemeine Zeitung. Cela ne consiste pas seulement à donner des
ordres, mais cela n’équivaut pas
non plus à se sacrifier et à distribuer des indemnités. »
Il y a, dans cette mondialisation
nouvelle, une autre puissance malgré elle : la Chine. Comme pour
l’Allemagne, son poids économique fait inévitablement pencher
la balance politique et diplomatique de son côté plus vite qu’elle ne
s’y attendait. Elle se retrouve
encombrée de responsabilités
qu’elle n’avait pas prévues, sollicitée, bousculée, critiquée. Obligée
d’organiser l’évacuation de 35 000
travailleurs chinois en Libye, de
négocier la libération de compatriotes pris en otages au Soudan,
dans le Sinaï. Les Chinois vont
dans l’espace ? Ils doivent aussi
assurer la protection de leur approvisionnement en énergie et matières premières sur terre, pour nourrir leur formidable croissance.
Mais devant ces porte-avions
que l’on construit, ce budget militaire que l’on augmente, ces dictateurs que l’on protège, les voisins
prennent peur. Priée de se comporter en puissance responsable sur
la scène internationale, la Chine
effraie dès qu’elle bouge – parce
que ses desseins ne sont pas clairs.
Que veut l’Allemagne? Jouer sa
propre carte de puissance émergente ou celle du leader d’une
Europe unie ? Que veut la Chine ?
L’hyper-puissance ou une multipolarité responsable ? Devant ces
choix, Pékin, comme Berlin, semble encore hésiter. p
[email protected]
Livre du jour
MARDI
Sur les routes
de l’Amérique en crise
MERCREDI
C
[29 ]
€
ACCÈS À L’ÉDITION
ABONNÉS PREMIUM
’est à bord d’une voiture
décapotable immatriculée
en Californie que le journaliste Olivier Guez s’est lancé dans
une ambitieuse enquête-reportage durant l’été 2011. Une virée dans
l’Amérique de la « grande récession », avec en toile de fond quelques métropoles mais aussi des
Etats ruraux d’un pays frappé par
la crise économique et financière
et par un malaise « plus profond,
identitaire et moral ».
Avant de prendre la route
d’ouest en est, des déserts de l’Arizona jusqu’à Chicago en passant
par le Montana, là où plane l’American Spleen, l’auteur a posé ses
valises à Washington et à New
JEUDI
par mois
par prélèvement
automatique
American Spleen
Olivier Guez
Flammarion, 270 pages, 22 ¤
BULLETIN D’ABONNEMENT
A compléter et à renvoyer avec votre règlement
sous enveloppe affranchie à : Le Monde – Service abonnements
A 1100 – 62 066 Arras Cedex 9
OFFRE RÉSERVÉE À UN PREMIER ABONNEMENT
Je recevrai : le quotidien chaque jour + les suppléments hebdomadaires + M le magazine du Monde
+ L’Edition abonnés Premium du Monde.fr et
EN CADEAU le Bilan du monde 2012.
Nom et prénom...........................................................................................................
Adresse ........................................................................................................................
CP
Ville...................................................................................
121EMQA29
LE PORTAGE VOUS EST OFFERT*. MERCI DE NOUS COMMUNIQUER
LES INFORMATIONS NÉCESSAIRES À VOTRE LIVRAISON.
1. Pour faciliter le dépôt de votre journal, merci de compléter ces informations :
01 Maison individuelle
06 Interphone : Oui
02 Immeuble
07 Dépôt chez le gardien / accueil Non
03 Code d'accès : ..............
08 Boîte aux lettres 04 Bât. N° ..........
09 Dépôt spécifique le week-end
05 Escalier N°..........
...........................................................................................
29€ par mois pendant 1 an par prélèvement automatique
Je choisis de régler 29
sur ma carte bancaire : Visa Mastercard American Express
2. Pour faciliter nos échanges et rester informé(e) de vos prochaines publications,
je vous indique mon adresse e-mail et mes numéros de téléphone :
N°
E-mail :
Date de validité
Cryptogramme*
* Veuillez noter ici les 3 derniers chiffres
figurant au dos de votre carte bancaire.
Date et signature
Tél. fixe : 0..... / ..... / ..... / ..... / .....
Tél. portable : 06 / ..... / ..... / ..... / .....
* A Paris et certaines grandes villes.
□ OUI, je m’abonne au Monde pour 29 € par mois.
VENDREDI
✁
SAMEDI
DIMANCHE
Offre valable en France métropolitaine jusqu’au 31/03/2012. En application des articles 38, 39 et 40 de loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de radiation des informations vous concernant en vous adressant à notre
siège. Par notre intermédiaire, ces données pourraient êtres communiquées à des tiers, sauf si vous cochez la case ci-contre Dans la
limite des stocks disponibles. Expédition sous 3 semaines à réception de votre règlement.
York. Plus d’un an avant l’élection
présidentielle, il a voulu comprendre la fulgurante ascension du
Tea Party, mettre en lumière les
acteurs qui se cachent derrière ce
mouvement.
Militantes geeks de la première
heure (les « Patriots » de 2009),
lobbyistes, figures intellectuelles
et médiatiques de ces nouvelles
droites républicaines… Olivier
Guez a mené une série d’entretiens éclairant le nouveau paysage politique américain.
A quelques nuances près, tous
ces personnages, qui se réjouissent de « la spontanéité et de l’ampleur du mouvement », prônent
un « gouvernement limité », une
« fiscalité réduite », un « libre marché », ne veulent pas que l’Amérique décline comme l’Europe, glorifient Ronald Reagan et diabolisent Barack Obama.
Un Barack Obama qui ne
convainc pas certains économistes contactés pourdonner leur analyse sur l’administration au pouvoir, ses relations avec Wall Street,
ses réformes… Celui que la plupart
n’estiment pas à la hauteur pour
gérer la crise hérite en outre de « la
rupture des libéraux [au sens amé-
ricain du terme, c’est-à-dire la
gauche] avec les classes moyennes
et populaires nées au moment de
la guerre du Vietnam », et d’une
« gauche américaine qui s’est perdue sous la double présidence Clinton » avec la mondialisation. A partir des années 1980, « les démocrates s’alignent sur les positions républicaines ». Autant d’idées avancées par les intellectuels d’une
société américaine en plein clivage où les inégalités n’ont jamais
été aussi fortes depuis la Grande
Dépression des années 1930.
Cette riche synthèse en poche,
Olivier Guez quitte la « Manhattan
gentrifiée,nettoyée, presque aseptisée » pour rejoindre les montagnes
Rocheuses et les Grandes Plaines.
En Arizona, il relève le défi lancé
par une journaliste conservatrice
quelques semaines plus tôt en
s’initiant aux armes à feu. Sur le
stand de tir, il sympathise avec un
médecin démocrate qui « laisse
des bidons d’eau dans le désert
pour les clandestins mexicains qui
franchissent la frontière à pied ».
Plus loin, à Salt Lake City, dans
l’Utah, le pays de Mitt Romney,
actuel favori des primaires républicaines pour l’élection présidentielle, Olivier Guez découvre l’hyperactivité des mormons, qui, parce
qu’ils ont « beaucoup d’obligations à assumer dès 22-23 ans »,
sont des « bêtes de somme taillées
pour les joutes du capitalisme ».
Que ce soit avec l’écrivain Jim
Harrison, dans le Montana, ou
avec Peter, jeune professeur de l’Illinois endetté à cause de son prêt
étudiant, partout où il va, le reporter entendra ce qu’il appelle « la
même plainte désenchantée »,
découvrira une Amérique
« désemparée, paumée et démissionnaire ».
«Au cœurdu déclin»: voilà comment Olivier Guez résume, à
l’automne 2011, ses interrogations
très pessimistes sur « la capacité
des Etats-Unis à rebondir » et sur le
risque qu’ils courent de « basculer
dans la colère ». p
Brune Mauger
0123
décryptages DÉBATS
Mercredi 15 février 2012
23
La révolution syrienne menacée par les djihadistes
Nora Benkorich
Doctorante à l’Ecole des hautes études
en sciences sociales (EHESS)
L
’assassinat,
vendredi
10 février, à Damas, du général
de brigade et médecin Issa
Al-Khawli, directeur de l’hôpital militaire Ahmad Hamish,
laisse planer l’hypothèse
d’une entrée en lice des djihadistes en
Syrie, qui serait de mauvais augure pour
le mouvement d’insurrection pacifiste et
pro-démocrate. D’une part, elle risquerait de conduire la communauté internationale, qui s’est déjà montrée pusillanime à l’idée de condamner la brutalité de
la répression du régime, à faire un nouveau pas en arrière.
D’autre part, elle donnerait au pouvoir
l’alibidont il a besoin pour justifier un usage accru de la violence. A ce jour, l’assassinat d’Issa Al-Khawli n’a pas encore été
revendiqué. Les médias officiels ont affirmé, conformément à l’argumentaire de
Damas, que des « groupes terroristes
armés » originaires d’Homs, Hama et
Deraa étaient derrière l’opération – ce qui
permet au passage de légitimer la répres-
sion de ces trois bastions de la contestation. Bien que cette allégation soit pourfendue par la plupart des milieux d’opposition syriens, qui accusent le régime de
fabriquer des attentats pour travestir leur
révolte, la menace est à prendre au
sérieux. Pourquoi ?
Le jour de l’exécution d’Al-Khawli, des
Américains ont déclaré à des journalistes
du groupe de presse McClatchy qu’ils
étaient convaincus qu’Al-Qaida portait la
responsabilité de deux attentats survenus
à Damas et de l’attaque-suicide de vendredi à Alep. D’après un rapport des services
de renseignements américains, l’organisation djihadiste terroriste chercherait à
accroître son influence, émoussée par la
mort de son ancien chef Oussama Ben
Laden, au Pakistan, en mai 2011.
Deux jours plus tard, le leader d’Al-Qaida,Ayman Al-Zawahiri, a accrédité ces propos en lançant un appel aux musulmans
du monde entier à soutenir la rébellion
syrienne et à s’investir davantage dans le
combat armé « contre le régime cancéreux
et pernicieux ». Cet appel, diffusé dans une
vidéo qui circule sur YouTube depuis
dimanche, constitue la première exhortation explicite de l’organisation à prendre
une part active au soulèvementsyrien. Jusqu’à présent, elle est restée à la marge du
« printemps arabe ».
Plus étonnamment, les modalités de
l’assassinat d’Al-Khawli ne sont pas sans
rappeler les méthodes employées par les
djihadistes de l’avant-garde combattante
pour éliminer des centaines de personnalités proches du régime. Cette organisation,
convaincue que seul le « djihad armé dans
la voie de Dieu » pouvait faire tomber le
« régime infidèle du tyran Assad » (père), a
mis en œuvre de nombreux attentats
contre des symboles du pouvoir
entre 1976 et 1982. Sa première opération,
lancée en février 1976, était précisément
un « assassinat ciblé ».
«L’opposition, tant civile
que militaire, devra
se démarquer
de ce mouvement,
voire le combattre»
Dans la ligne de mire : Muhammad
Gharra, militaire, alaouite et baasiste – les
trois critères de sélection établis par les djihadistes –, chef de la branche des services
de renseignements d’Hama. Le modus
operandi : il a été assassiné devant chez lui
par une cellule de trois hommes, appelée
ousra (famille), menée par un émir (prince) chargé d’exécuter la cible pendant que
les deux autres se partageaient les mis-
Réconcilier les Européens avec l’Europe
L’exigence de démocratie est irrésistible
Mario Monti
Premier ministre italien
P
armi les questions que la crise actuelle a
soulevées, aucune n’est plus importante, aucune n’est moins débattue que celle de la démocratie en Europe.
Ce sont les dysfonctionnements des
démocraties nationales qui sont largement la cause des désordres actuels : en vertu du traité de Maastricht, les gouvernements de la zone euro
restent chargés des politiques économiques et sociales et doivent se surveiller les uns les autres. On a vu
le résultat. En violant les promesses de rigueur budgétaire ou en reportant les réformes indispensables,
plusieurs responsables nationaux ont non seulement abusé leurs partenaires, mais ils ont aussi lésé
leur propre population, notamment les jeunes et les
générations futures. La tyrannie du court terme, l’excès d’endettement, public ou privé, le clientélisme
ont abouti à un désastre que les populations paient
cher. Nul ne peut plus prétendre que la démocratie
nationale irait bien tandis que « l’Europe » irait mal.
Dans le même temps, la crise a accentué le besoin
de légitimation des décisions européennes. Le chômage fait des ravages, la précarité et les inégalités
s’accroissent. Trop d’Européens ont le sentiment
d’être dans un tunnel. Ils sont prêts à faire des
efforts si ceux-ci sont équitablement répartis. Ils
veulent surtout comprendre qui décide et peser sur
les choix afin de retrouver dignité et espoir.
Notre conviction est que, pour sortir durablement de la crise, nous devons repenser la démocratie à tous les niveaux, européen et national, sans les
opposer. Le temps est venu d’abandonner les querelles institutionnelles et les reproches croisés qui nuisent au bien commun. Un désarmement général
s’impose afin de réconcilier les Européens avec l’Europe.
Ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui
sont en première ligne. Le Conseil européen est
désormais une institution européenne à part entière, reconnue par les traités, dotée d’un président stable. Toutefois, si chacun de ses membres jouit de la
légitimité que lui confèrent les procédures démocratiques nationales, la légitimité collective souffre
encore d’un certain manque de transparence et de
responsabilité (accountability).
Siégeant à huis clos, prenant des décisions qui ne
sont pas discutées publiquement, ni susceptibles
d’être contestées, le Conseil européen donne une
image de l’Europe distante, insaisissable. Même si le
président Van Rompuy expose régulièrement les
résultats des Conseils européens devant le Parlement européen, aucun contrôle parlementaire ne
s’exerce à ce jour. Pourtant, les décisions prises par
les chefs d’Etat et de gouvernement peuvent entraîner des reculs, en matière sociale, ou imposer une
rigueur économique sans commune mesure avec
les politiques que les gouvernements nationaux,
contrôlés par les Parlements nationaux, ont prises
ces dernières années.
Autour de certaines carences de l’action euro-
chance au régime de résoudre la crise, quitte à tuer tous les citoyens syriens » et de
l’Iran« qui cherche à restaurer l’Empire perse », ce mouvement estime que « le seul
moyen de sauver la nation de l’égarement
est le retour des djihadistes ».
Rappelons que l’action armée des djihadistes de l’avant-garde combattante a servi d’alibi au régime de Hafez Al-Assad non
seulement pour annihiler tous les rivaux
gênants du Baas – les Frères musulmans,
les nassériens et les communistes, etc. –,
mais aussi pour rallier les minorités pétrifiées par le discours sectaire des djihadistes, et un large pan de la majorité sunnite
hostile à leur discours extrémiste, à sa cause. Si elle veut préserver sa « révolution
pacifique », l’opposition, tant civile que
militaire, devra se démarquer de ce mouvement, voire le combattre en le renvoyant dos à dos avec le régime, au risque
d’être jetée dans le même panier commode des djihadistes, comme par le passé. p
¶
Nora Benkorich est attachée
de recherche et d’enseignement
à la chaire d’histoire
contemporaine du monde arabe
Henry-Laurens du Collège
de France. Sa thèse porte sur
l’histoire de la Syrie baasiste
Que la Saint-Valentin
est triste à l’ère de Facebook
péenne qui menacent de devenir de véritables
« trous noirs », il n’y a pas non plus de débat suffisant : par exemple, sur la nécessité de renouer avec
la croissance sans nuire à la discipline, ou encore sur
les chances de préserver l’équité fiscale quand, dans
le marché intérieur, le capital est mobile et le travail
captif.
Le manque de discussion ouverte accrédite aussi
l’impression d’un « diktat » des Etats les plus puissants. C’est dangereux : l’une des vertus de la
construction européenne, depuis 1950, et la raison
profonde de son succès dans la préservation de la
paix, est de rassembler sur une base volontaire, dans
le respect mutuel. La stabilité ne peut être imposée
par la force.
Les décisions prises dans de telles conditions risquent surtout de n’être pas suivies d’effet. Rien ne
garantit que le « pacte euro + », adopté en 2011 par les
chefs d’Etat et de gouvernement pour renforcer la
compétitivité européenne, soit plus efficace que les
catalogues de promesse antérieurs. Plus d’évaluation et de suivi publics seraient utiles.
Renaud Homez
Etudiant en droit à l’Université
catholique de Louvain (Belgique), 23 ans
Q
«Pour sortir durablement de la crise,
nous devons repenser la démocratie
à tous les niveaux, européen
et national, sans les opposer.
Le temps est venu d’abandonner les querelles
institutionnelles et les reproches croisés
qui nuisent au bien commun»
Les Parlements nationaux sont appelés à jouer un
rôle important dans le contrôle, par chaque Etat, du
respect de sa parole, mais la légitimation des décisions européennes collectives ne peut pas reposer
sur eux. S’adressant à des opinions nationales cloisonnées, marquées par des traditions diverses, ils ne
mettent pas en présence tous les points de vue, tous
les intérêts à réconcilier. Ils sont en outre trop nombreux pour être tous impliqués mais il serait impensable de n’en associer que quelques-uns.
La seule enceinte où cette mission peut être assurée est le Parlement européen. Au fil des révisions
des traités, ses pouvoirs législatifs ont été accrus. Les
textes négociés avec son concours prouvent qu’il
sait prendre ses responsabilités. Ainsi, dans la réforme du pacte de stabilité (« six pack »), il a contribué à
faire prévaloir une conception rigoureuse de la discipline et conforté la nouvelle surveillance des déséquilibres macroéconomiques. Sans doute peut-on
souhaiter améliorer son fonctionnement, mais, s’il
était plus associé à la gestion de crise, il serait un
relais utile auprès des populations.
L’exigence de démocratie, de participation, de
transparence est irrésistible. A terme, des réformes
de grande ampleur seront nécessaires afin de fortifier la dimension parlementaire de l’Union européenne. Comme au niveau national, l’enjeu est délicat car il consiste à inventer une démocratie plus exigeante qui évite la démagogie et la courte vue. Le processus sera lent, mais un dialogue étroit et confiant
entre institutions, par-delà les frontières, peut déjà
y contribuer. p
sions de surveillance et de retrait. Issa
Al-Khawli, alaouite, baasiste et gradé de
l’armée syrienne, répond aux « critères de
sélection » des djihadistes de l’avant-garde combattante.
Selon l’agence de presse officielle Sana,
il a été assassiné par un groupe composé
de trois hommes. L’information a été
confirmée par l’opposant Nizar Nayyouf,
qu’on ne peut soupçonner de sympathie
pour le régime. Dans sa revue en ligne
Al-Haqiqa (« La Vérité »), ce rescapé des prisons du Baas, qu’il a pu quitter pour des raisons de santé – il a failli mourir d’un cancer –, rapporte les propos de témoins oculaires affirmant que la victime a été abattue devant son domicile sous les yeux de
son épouse et de ses enfants, par un groupe de trois hommes se répartissant les
rôles d’exécution, de surveillance et de
retrait.
Le plus troublant est que l’opération
intervient deux semaines après l’annonce
de la création du Front de la victoire du
peuplesyrien, organisation djihadiste dirigée par un certain Abou Muhammad
Al-Golani. Hostile à l’ingérence des Occidentaux qui « se présentent en sauveurs
du peuple opprimé alors qu’ils tuent des
musulmans partout », des Turcs vus comme « les nouveaux alliés des Américains »,
de la Ligue arabe décrite comme un instrument des Américains pour « donner une
¶
Ce texte a été écrit
en collaboration
avec
Sylvie Goulard,
députée
européenne
(MoDem, ALDE)
ue dire sur l’amour qui n’a pas
encore été dit ? Tout semble
l’avoir été, du plus insignifiant
au plus subtil. Les livres
d’amour pullulent, du roman
à l’eau de rose à l’essai philosophique le plus rigoureux.
C’est resté, à travers les âges, l’une des
préoccupations majeures de l’homme.
L’art en a fait sa source d’inspiration et sa
quête absolue.
A quoi cela sert-il de toujours rabâcher
le même sujet ? « Parlez-moi d’amour et
j’vous fous mon poing sur la gueule »,
disait Brassens. Qu’il me soit permis tout
de même, en cette période de Saint-Valentin, d’évoquer cette grande affaire de
l’amour.
Je prendrai le point de vue d’un jeune
homme ordinaire de 23 ans à qui l’amour
n’a jamais réussi et qui se compte déjà parmi les déçus de l’amour. Car de ce que j’ai
pu en observer, ma génération – celle
qu’on appelle stupidement la « génération Y » (en référence aux écouteurs que
nous porterions en permanence autour
du cou) – est devenue incapable d’amour.
Pourtant, cette génération avait des raisons de croire en l’amour. Des preuves
existaient. Nos parents et grands-parents,
pour la plupart, s’étaient mariés et
n’avaient pas divorcé. Dans les rues, on
voyait parfois des gens s’enlacer sur des
bancs publics.
A moins d’une extraordinaire hypocrisie, tout cela paraissait sincère. Adolescents, les chagrins les plus vifs naissaient
d’une histoire amoureuse. C’était une époque où la pureté de nos jeunes esprits rendait l’amour possible. Il était inévitable
qu’un jour ou l’autre on rencontrerait
l’âme sœur et que la vie à ses côtés serait
belle et pleine de promesses.
Mais la vie tient rarement ses promesses. Elle est un processus de démolition,
comme disait Scott Fitzgerald, qui s’y
connaissait. Les ruptures amoureuses,
rares ou nombreuses, cassèrent déjà ce
beau mythe de l’amour éternel.
Cela dit, on se relevait à chaque fois, le
cœur recouvrant un peu de chaleur et se
remettant à battre, parce que l’espoir
n’était pas tout à fait perdu.
Puis, un jour, ma génération s’est aperçue que l’amour ne serait plus possible. Je
vous parle d’un temps que les plus de
30 ans ne peuvent pas connaître. C’est un
temps où l’individualisme égoïste et la
recherche de plaisir effréné ont tout foutu
en l’air. Par peur et donc manque de courage, nous avons tous renoncé à l’amour.
Nous l’avons remplacé par la recherche du
plaisir, envers et contre tout. Car le plaisir
a ceci de pratique qu’il ne s’accompagne
pas de sentiments, et que toute souffrance
est éradiquée.
Notre environnement a bien sûr favorisé cette conception hédoniste de l’amour.
L’accroissement des divorces, la marchandisation de l’amour, la banalisation des
relations sexuelles, les réseaux sociaux,
les sites de rencontres… tout cela nous a
convaincus que croire en l’amour était un
écueil dans lequel il ne fallait pas tomber.
On ne mesure pas assez l’importance
(récente) de Facebook dans l’effondrement des sentiments amoureux. C’est
devenu la plateforme officielle des unions
et désunions. Pour décider de la viabilité
d’une relation, Facebook constitue un passage obligé. Il suffit d’avoir le nom de la
personne convoitée et de cliquer sur son
« mur ».
«L’individualisme
égoïste et la recherche
de plaisir effréné ont
tout foutu en l’air»
On peut y voir des photos, des caractéristiques personnelles, des amis en commun, autant de signes qui décideront
purement et simplement de la suite à donner à la rencontre. Facebook est désormais
la plus grande agence matrimoniale du
monde. Ce réseau social permet aux personnes de savoir tout de l’autre avant
même de l’avoir rencontré. Et participe de
l’illusion que toute personne est interchangeable. Il est un formidable accélérateur et destructeur de relations humaines.
L’amour n’y a pas gagné.
Aujourd’hui, les jeunes, filles ou garçons, dans leur grande majorité, accumulent les conquêtes, avec pour seule ambition de « prendre leur pied ». Dans les soirées, tout le monde sort avec tout le monde. C’est socialement très bien vu de « se
taper des mecs ou des gonzesses », par
dizaines. Plus besoin de séduction non
plus, l’alcool faisant le plus gros du travail.
L’histoire ne dure pas plus d’une soirée,
car il n’est pas question de se prendre la
tête.
On pourra me taxer de cynisme, mais
les choses en sont là. La génération qui est
la mienne va droit dans le mur, oubliant
l’essentiel : l’amour, ce n’est pas des
papillons dans le ventre, c’est une affection durable, un engagement sincère. On
me qualifiera de ringard, eh bien j’assume. Puisse cette Saint-Valentin ne pas
devenir le symbole de cette infernale déliquescence de l’amour. p
24
B
ill Clinton occupa la Maison Blanche
de 1993 à 2001. Dans les sondages,
les Américains gardent le meilleur
souvenir de cette époque. Ils placent souvent le démocrate Clinton dans le haut de
liste des présidents les plus populaires.
L’économie connut des années de forte
croissance, portée par l’explosion des nouvelles technologies. Le chômage était au
plus bas, l’inflation contrôlée, et le déficit
budgétaire maîtrisé au point qu’il y eut
même un léger excédent des finances
publiques.On ne parlait pas de déclin américain, alors.
Bien sûr, une partie du miracle reposait
sur une politique monétaire laxiste. Sortie du chapeau du magicien Alan Greenspan, alors patron de la Réserve fédérale,
elle a sans doute sa part de responsabilité
dans la bulle de crédit qui va exploser avec
fracas à l’automne 2008. Mais, entretemps, il y a eu la présidence du républicain George W. Bush (2001-2009). Elle est
marquée par le retour en force du refrain
libéral (au sens français de l’adjectif), qui,
hormis la parenthèse Clinton, a dominé la
scène politique américaine depuis le
début des années 1980 : l’Amérique souffre de trop d’Etat ; le problème, c’est le gouvernement, et l’ennemi, l’impôt.
George W. Bush est fidèle au modèle
économique vaudou qui sert de catéchisme au Parti républicain : il augmente le
budget du Pentagone, notamment à la suite des attentats de septembre 2001, et
réduit en même temps les impôts (enfin,
ceux qui pèsent sur les plus riches). La dette monte, le déficit du budget fédéral
explose. Le vice-président, Dick Cheney,
l’un des grands sorciers de la comptabilité
publique à la sauce républicaine, déclare :
« Les déficits n’ont pas d’importance »…
Au bout de cette logique, celle de la diabolisation de l’impôt, de l’Etat fédéral, du
concept même de régulation du marché, il
y a le coup de tonnerre de septembre 2008. Paradoxalement, une partie de
lamouvance républicaine réagit en surdiabolisant le gouvernement. C’est ce
paroxysme de détestation de l’idée même
de gouvernement, incarné par le Tea Party, que combat Bill Clinton.
Dans ce livre, il s’en prend à ces trente
années d’idéologie anti-Etat. Chiffres à
l’appui, il en décrit les ravages. Pour relancer l’économie, inverser la pente du
déclin, retrouver celle de l’innovation et
de l’investissement, il prône une action
déterminée de l’Etat : éducation, infrastructures, recherche et développement –
tels sont les axes prioritaires, selon lui,
d’un retour de l’Amérique.
Bill Clinton revient sur les grands succès économiques de ces dernières années,
ceux des dragons asiatiques, celui de la
Chine, notamment. Il en tire une leçon : à
chaque fois, c’est moins le marché qu’un
admirable partenariat public-privé qui
explique leurs performances. Ce centriste,
libre-échangiste, ne veut pas du tout-Etat,
mais pas non plus du tout-marché. Il donne ici une belle leçon d’économie politique comparée. p
Alain Frachon
V
0123
décryptages BONNES FEUILLES
oilà ce que l’Amérique doit
faire.
Nous devons revenir au
centre de l’économie de
demain. C’est pour cela que
la politique, si frustrante et
si incohérente soit-elle, garde toute son
importance. Au cours des trente dernières
années, chaque fois que nous avons cédé à
la tentation d’accuser l’Etat de tous nos
maux, nous avons failli à notre engagement en faveur de la prospérité partagée,
de la croissance équilibrée, de la responsabilité financière et de l’investissement
dans l’avenir.C’est là que setrouve en réalité l’origine de nos problèmes.
Même avant la crise financière, l’économie n’avait produit que 2,5 millions d’emplois dans les sept ans et huit mois précédents ; le revenu moyen par famille après
inflation était de 2 000 dollars inférieur
au niveau qui était le sien lorsque j’ai quitté le pouvoir ; les inégalités de revenus et
la pauvreté avaient augmenté, et les sai-
Mercredi 15 février 2012
Dans«Remettons-nousautravail»,
BillClintons’enprendàtrente
annéesd’idéologieanti-Etateten
décritlesravages,uneéconomie
anémiéeetdeplusenplus
inégalitaire.Cependant,l’ancien
présidentdesEtats-Unisplaide
nonpaspourletout-Etat,maispourunEtatet
unsecteuréconomiquetravaillantmaindans
lamain.Seulesolution,selonlui,pourqueson
paysdemeureleprincipalacteurdumonde
«L’idéologie
anti-étatiste
nous aveugle»
sies hypothécaires explosaient. La quasitotalité de notre croissance économique
était alimentée par la construction de
logements, la consommation de biens et
la finance, tout cela reposant sur le crédit
facile et sur un fort effet de levier. Nous
perdions des emplois industriels chaque
année. Les citoyens ordinaires faisaient
chauffer leurs cartes de crédit pour maintenir la consommation à un niveau élevé,
alors qu’ils devaient faire face à la stagnation des revenus et à l’alourdissement
des coûts, notamment ceux de la santé,
qui augmentaient trois fois plus vite que
l’inflation.
Lorsque le gouvernement a renoncé à
l’équilibre budgétaire en 2001 en faveur
d’importantesréductionsfiscales et de fortes augmentations des dépenses publiques, la dette nationale, qui était tombée
de 49 % à 33 % du PIB dans les années 1990,
est remontée à 62 % en 2010. La dette des
consommateurs est passée de 84 % du
revenu moyen dans les années 1990 à un
taux record de 127 % en 2007. Depuis la crise, l’épargne a un peu augmenté et certaines dettes ont été effacées, mais l’endettement des citoyens américains représente
encore aujourd’hui 112 % du revenu
moyen.Ce n’estpas commecelaque je voulais voir les Etats-Unis entrer dans le
XXIe siècle. (…)
La seule manière de faire perdurer le
rêve américain entre nous et de demeurer le principal acteur du monde dans la
recherche de la liberté et de la prospérité,
de la paix et de la sécurité, c’est d’avoir à la
fois un secteur privé, fort et efficace, et un
Etat, fort et efficace, qui travaillent ensemble pour promouvoir une économie faite
de bons emplois, de revenus en hausse,
de plus d’exportations et d’une plus grande indépendance énergétique. A l’échelle
mondiale, dans les pays qui réussissent le
mieux, dont bon nombre affichent un
taux de chômage plus bas, moins d’inégalités et, pour la présente décennie, un
plus grand nombre de diplômés universitaires que les Etats-Unis, les deux coexistent. Ils travaillent ensemble, avec parfois
des désaccords mais avec des objectifs
communs. (…)
L’obsession anti-étatiste qui a toujours
été la nôtre a fait la preuve de son efficacité
dans le débat politique, mais les échecs
auxquels elle a mené dans l’action politique se lisent dans une économie anémiée
et de plus en plus inégalitaire, où les
emplois sont trop rares et où les revenus
stagnent, dans une moindre compétitivité
par rapport à d’autres pays, notamment
dans les domaines des produits manufac-
turés et des énergies renouvelables, et
dans cette dette qui pèse sur nos épaules,
potentiellement invalidante alors même
que les baby-boomeurs commencent à
partir en retraite.
D’autres pays, en revanche, ainsi que
certains Etats et certaines villes des EtatsUnis, parce qu’ils se sont engagés à établir
des réseaux de coopération incluant les
secteurs public, privé et à but non lucratif,
créentactuellementdes ouvertures économiques et entrent dans l’avenir avec
confiance.
«Les pays qui réussissent
le mieux au XXIe siècle
ont à la fois
une économie solide
et un Etat fort et efficace»
Je ne veux pas dire ici que les démocrates ont toujours raison et les républicains
toujours tort. Ce que je veux dire, c’est que,
en fourrant tous les problèmes dans la
camisole de force antiétatique, antiimpôts et antiréglementation, nous nous
entravons nous-mêmes et nous nous
empêchons d’effectuer les changements
nécessaires,quelle que soitlaquantité d’arguments qui nous inciterait à le faire. Le
paradigme antiétatique nous rend aveugles aux possibilités qui existent en
dehors de son test décisif idéologique et
nous empêche de créer de nouveaux
réseaux de coopération capables de rétablir la croissance économique, d’offrir des
opportunitéséconomiques à plus d’individus et à plus de secteurs géographiques et
de développer notre capacité à entraîner le
monde vers un meilleur futur.
Pour élaborer une stratégie efficace permettant de faire redémarrer le moteur de
l’emploi et de résoudre le problème de
notre dette à long terme, nous devons
nous débarrasser des œillères idéologiques antiétatiques et nous concentrer sur
le rôle que l’Etat doit jouer dans le renouveau de l’Amérique. (…)
Les pays qui réussissent le mieux au
XXIe siècle ont à la fois une économie solide et un Etat fort et efficace. Pour le prouver, ce qui est l’un des principaux objectifs
de ce livre, je voudrais comparer les EtatsUnis, quant à leur histoire, à leurs attentes
et à la manière dont ils s’en sortent, avec
d’autres pays qui sont leurs concurrents
de demain, aussi bien ceux qui sont déjà
riches que ceux qui connaissent actuellement un développement rapide. Aussi
étonnant que cela puisse paraître, on
constatera qu’un certain nombre d’entre
eux sont mieux classés que nous en termes d’éducation, de technologie, d’infrastructures modernes, de recherche et développement, et de production haut de gamme. Nombreux sont ceux qui affichent des
taux de chômage plus bas, une croissance
du nombre d’emplois plus rapide, des inégalités de revenus moindres et des taux de
pauvreté inférieurs. Certains offrent
même plus de possibilités à leurs populations défavorisées de gravir l’échelle économique pour intégrer la classe moyenne,
évolution que nous connaissons sous le
nom de rêve américain. Singapour, par
exemple, île qui ne compte que 5 millions
d’habitants et où le revenu par habitant
est élevé et la fiscalité relativement réduite, a investi 3 milliards de dollars de fonds
d’Etat, soit beaucoup plus que les EtatsUnis,dans le but de devenir le premier centre biotechnologique du monde. Les biotechnologies devraient permettre d’élaborer de nouveaux produits qui créeront des
millions d’emplois dans les dix prochainesannées.Ces dix dernièresannées,l’Allemagne, où le soleil brille en moyenne
autant qu’à Londres, a dépassé les EtatsUnisen devenant le premier producteur et
utilisateur de cellules photovoltaïques.
Comment ? Grâce à des subventions et à
des objectifs définis par l’Etat. Une étude
réalisée par la Deutsche Bank a montré
que,mêmeenintégrantlecoût dessubventions économiques, les Allemands avaient
bénéficié de la création de 300 000 nouveaux emplois. Les Etats-Unis ayant une
population plus nombreuse, s’ils avaient
adopté la politique de l’Allemagne,
auraient créé plus d’un million d’emplois.
Mieux encore, du fait de leur plus grande
capacité à produire de l’énergie solaire, ils
auraient pu en créer le double. (…)
S’il reste encore des militants antiétatiques pour me lire, j’entends déjà les
contre-attaques qui se forment dans leur
esprit : « Ce que veut Clinton, c’est une
social-démocratie à l’européenne ! Il veut
nous taxer à mort ! Il veut nous imposer
trop d’Etat ! Il ne croit pas en l’exception
américaine ! Il n’aime même plus l’Amérique ; sinon, il ne ferait pas étalage de tous
ces mauvais chiffres ! »
Tout cela n’a aucun sens. Quand j’étais
gouverneur de l’Arkansas, j’ai augmenté
les impôts pour financer l’éducation, mais
j’ai soutenu la diminution de la fiscalité
pour encourager la création d’emplois, j’ai
supprimé l’imposition d’Etat pour 25 % de
nos contribuables (les 25 % les moins
riches) et j’ai maintenu notre fiscalité glo-
bale au deuxième rang le plus bas du pays,
exactement là où je l’avais trouvé à mon
arrivée. Dans les années 1980, l’Arkansas
était l’un des rares Etats qui gagnaient des
emplois industriels et il entraînait notre
région dans la croissance globale du marché de l’emploi. (…)
AuXXIe siècle, le rêve américain nécessitedesavancées que nousnepourrons réalisersansmettreen placedes politiquesgouvernementales efficaces, recouvrant des
investissements directs, des incitations à
accélérer la croissance des entreprises et
de l’emploi et des partenariats public-privé permettant la création d’un environnement favorable à cette évolution. Que cela
nous plaise ou non, nous avons devant
nous un nombre important de tâches à
accomplir. (…)
Il faut construire des infrastructures
adaptées au XXIe siècle.
«Voulons-nous un pays
où nous puissions
travailler tous ensemble
pour faire revivre le rêve
américain et reconstruire
notre classe moyenne?»
Des millions d’emplois pourraient et
devraient être créés pour augmenter au
maximum les chances des Etats-Unis de
renouer avec la croissance et avec une
meilleure qualité de vie au XXIe siècle. Si
l’on regarde où va le monde et la vitesse à
laquelle il s’y rend, il est évident que nous
avons besoin de connexions à haut-débit
beaucoupplus rapides,d’un réseau électrique intelligent, de ports et d’aéroports
plus efficaces et d’une remise à niveau de
nos anciens investissements dans les routes, les ponts,les chemins de fer et les systèmes d’adduction d’eau et d’évacuation des
eauxusées.Le pland’aide aconsacré del’argent au lancement de ces entreprises, mais
en trop faibles quantités et qui ont déjà largement été dépensées.Les membres antiétatiques du Congrès et leurs sympathisants dans le pays prétendent que nous ne
pouvons pas nous permettre de telles opérations. Ils ont tendance à oublier que
l’« exception américaine » qu’ils soutiennent dans leurs discours s’est construite
sur des entreprises visionnaires. Pendant
la Grande Dépression, la Works Progress
Administration et le Civilian Conservation Corps ont employé plus de 8 millions
de personnes à la réalisation de projets qui
nous sont encore utiles aujourd’hui. Un
bon point de départ serait de voter la création d’une banque d’investissement dans
les infrastructures telle qu’elle a été soutenue par le président dans son discours sur
l’emploi. (…) Les investissements pourraient provenir aussi bien du secteur privé
que d’Etats étrangers détenant d’importantes liquidités et recherchant un endroit
sûr où les placer. C’est une bonne idée qui
est en discussion depuis des années. De
nombreux autres pays élaborent ou réalisent des projets grâce aux investissements
privés. Tant que les résultats et la sécurité
restent garantis à un haut niveau, nous
devrions suivre cet exemple. (…)
Quelle sorte de futur souhaitons-nous ?
Voulons-nous un pays où nous puissions
travailler tous ensemble pour faire revivre
lerêveaméricain etreconstruirenotreclassemoyenne ? Quel est lemoyen le plusefficace pour y parvenir ? Avec une économie
forte et un Etat fort travaillant main dans
la main pour renforcer les perspectives, les
responsabilités et la prospérité de tous ?
Ou bien avec un Etat faible et des groupes
d’intérêts puissants qui dénigrent la prospérité pour tous et encouragent sa confiscation systématique par un petit nombre
jusqu’à sa disparition ? C’est pourtant ce
que nous promettent à terme les tenants
de l’antiétatisme et de l’idéologie du « chacun pour soi ». p
« Remettons-nous au travail.
Un Etat inventif pour une économie forte »
Bill Clinton
Editions Odile Jacob, 252 p., 21,90 ¤
culture
0123
Mercredi 15 février 2012
ppp excellent
ppv à voir
pvv pourquoi pas
cinéma
25
vvv à éviter
Le film qui répond à Claude Guéant
Face à l’intégrisme, le ministre dénonce l’islam, quand Philippe Faucon, lui, raconte l’exclusion sociale
La Désintégration
ppv
O
n soupçonnait la récente
sortie de Claude Guéant sur
l’inégalité des civilisations,
avecl’islam en ligne de mire, de servir quelque dessein électoraliste.
Erreur. Elle fait en réalité campagne pour une autre sortie, cinématographique celle-ci, qui lui répond
de manière circonstanciée, quand
bien même le film était dans la boîte avant que le ministre de l’intérieur n’en sorte. La Désintégration,
de Philippe Faucon, est une chronique fictionnelle de haute tenue sur
la montée de l’islam fondamentaliste parmi les jeunes des cités. Elle
pointe, sous le malaise caractérisé
des banlieues, le malaise diffus
d’une République dont témoignent aujourd’hui les propos d’un
de ses plus hauts représentants.
La chose est entendue dès la
séquence d’ouverture du film, qui
apporte à l’un des arguments de ce
discours – l’inadéquation des rassemblements religieux musulmansdansl’espacepublicd’unEtat
laïc – une réponse d’un solide pragmatisme. C’est un plan, effectivement violent pour toute conscience laïque, d’une foule en prière
occupant l’espace vert d’une cité de
la banlieue lilloise. Mais le voici
immédiatementtempéréparlediscours empreint de tolérance de
l’imam, qui précise au passage que
la raison de cette occupation de terrain est liée à l’exiguïté du local
consacré à l’exercice du culte.
Cette séquence a le mérite de
montrer, d’une part, que l’argumentaire du ministre de l’intérieur
est incomplet, d’autre part qu’il
s’autorise de cette lacune pour
asseoir un jugement qui se révélerait, autrement, bancal. Car la raison de cette assemblée sur une place publique ne tient pas à sa volonté de mettre à feu et à sang la République, mais au fait que son lieu de
prièrenepeutcontenirtouslesfidèles qui souhaitent s’y rassembler.
Partir de ce postulat permet au
film, qui ne pèche pas par angélisme, de poser de manière plus
convaincante les questions qui
s’imposent. Pourquoi un tel regain
de l’islam sur le sol républicain ?
Pourquoi, en son sein, cette montéeenpuissancedufondamentalisme qui l’instrumentalise à des fins
politiques ? Pourquoi, enfin, de jeunes gens issus des banlieues, de
nationalité française, répondent à
Ali (Rashid Debbouze), frère et sœurs intégrés, mère aimante, est l’incarnation d’un tradionnalisme à visage humain. DR
l’appel de ces sirènes ? On connaît
évidemment,sinonlaréponse définitive, du moins la part prépondérante de l’engrenage. Le politologue et spécialiste de l’islam, Gilles
Kepel, la rappelle dans un remarquable texte de réaction aux propos du ministre (« Une polémique
qui cache la question sociale », Le
Monde du 7 février) : elle a pour
nomschômage,pauvreté,humiliation, discrimination sociale et ethnique, trahison des idéaux républicains.Autantdemauxqui encouragent le repli identitaire et font le lit
de l’extrémisme.
Tel est le délicat sujet du bien
nommé La Désintégration, qui parvientà s’extirper, l’exploit n’est pas
mince, aussi bien de la pesanteur
du film à dossier que du sensationnalisme facile. Le film suit, simplement, ce moment de la vie de trois
jeunesgensoùpoureuxtoutbascule, de manière irrévocable. Trois
amis d’une vingtaine d’années,
Nico, Nasser et Ali, qui, parce qu’ils
pensent reconquérir par la violence et le sacrifice une dignité qu’on
leur refuse, se font les instruments
d’une force qui les anéantit. Cette
force a un visage, une voix, un
nom: Djamel. C’est un recruteur de
la cause du djihad. Blouson de cuir
et barbe naissante, plus âgé que ses
victimes mais encore jeune, il traîne dans la cité à l’affût des paumés,
des blessés de la vie, des enragés, de
tous ceux qui, arrêtés au bord du
chemin, lui semblent prêts à tout
abandonner.
Le personnage est brossé avec
subtilité. Moderne, doucereux,
technicien de la duplicité, doté
d’un savoir coranique qui en impose et d’une expertise politique qui
enflamme les cœurs, il sait verser
du vinaigre sur les plaies ouvertes
de l’échec républicain et répandre
le miel des promesses de la reconquête islamique. Ses formules font
mal, ses mots font mouche, son
métier est d’instiller la haine, le
mépris de l’autre comme l’oubli de
soi-même. Concrètement, il lève
une armée de martyrs. Plus concrètement encore, il destine les trois
jeunes qu’il a levés, puis endoctrinés, puis formés, à un attentat-suicide qui vise le siège de l’OTAN à
Aucune ségrégation
formulée, aucune
agression caractérisée,
juste le scandale
diffus d’une exclusion
inavouée
Bruxelles. Philippe Faucon, qui a
l’excellente idée de le faire parler à
voix basse, dresse en un mot à travers lui la figure du Tentateur.
Ses trois victimes ont un statut
inégal dans le film. Nasser, petit
boxeuràsangchaudetàcasierjudi-
ciaire, vient de casser la tête à un
raciste et se planque. Nico-Hamza
est un petit Blanc en perdition,
chauffé au rouge par le radicalisme
islamiste. Ces deux-là tombent
tout cuits dans l’escarcelle du
suborneur. Ali, c’est une autre histoire. Bac pro en mécanique, frère
et sœurs intégrés, mère aimante,
incarnation d’un traditionaliste à
visage humain. Seulementvoilà : le
père est en train de mourir d’exténuation à l’hôpital, la mère se brise
doucement sous le fardeau des
ménages,etlui-mêmese voitsystématiquement refuser toutes ses
demandes de stage.
Aucune ségrégation formulée,
aucune agression caractérisée,
juste lescandale diffus d’une exclusion inavouée, qui ne s’en perpétue
pasmoinsdegénérationengénération. La force du film tient dans la
rapidité, entachée d’invraisemblance,aveclaquelleAlisetransforme de jeune homme avenant en
robot programmé pour la destruction. Le scandale de cette métamorphose est la condition nécessaire à
la prise de conscience par le spectateur du scandale implicite qui la
conditionne. Tout cela, droitement
interprété par des acteurs professionnels et des amateurs, est filmé
à hauteur d’homme avec un réalisme épuré, une justesse d’évocation,unemanièreremarquabled’aller,sans faiblir nitricher, au boutde
sonpropos.Par-delàles feuxdel’actualité, on peut espérer que le film
amène à Philippe Faucon, auteur
discret, âpre et sensible à la fois, qui
filme depuis vingt ans les territoires en friche de la nation et du cinéma français, la juste reconnaissance due à son talent. p
Jacques Mandelbaum
Film français de Philippe Faucon. Avec
Rashid Debbouze, Yassine Azzouz,
Ymanol Perset, Mohamed Nachit,
Zahra Addioui. (1 h 15.)
«Sur certains forums on se fait déjà insulter, traiter de traîtres…»
RETENEZ BIEN leurs noms. Rashid
Debbouze, Mohamed Nachit, Ymanol Perset, Yassine Azzouz, Kamel
Laadaili. Ces jeunes acteurs qui
portent sur leurs épaules La Désintégration n’ont pas fini de faire
parler d’eux. Ensemble, ils font
une entrée remarquée dans le paysage, imposant d’un coup leur visage, leur présence, leur jeu tout en
intensité retenue, sec et sans
chichi.
Philippe Faucon ne s’est pas
trompé en les choisissant. Sans
doute la justesse de leur interprétation doit-elle autant à ses qualités
de directeur d’acteur qu’aux leurs.
Le fait que l’histoire de « désintégration» dont parle ce film leur
soit à tous familière entre peutêtre aussi en ligne de compte.
Qu’ils aient grandi en banlieue
comme Rashid Debbouze, Yassine
Azzouz et Kamel Laadaili, dans des
familles issues de l’immigration
maghrébine, ou dans un quartier
parisien du 19e arrondissement
«qui vous apprend la vie », comme
Ymanol Perset, le Basque de l’équipe, ils ont tous entendu parler du
«frère d’un copain parti en Egypte
dans une école coranique». Loin de
jeter la pierre à ces jeunes, ils les
comprennent.
Jouer dans ce film, du coup, n’allait pas de soi. Dans une telle his-
toire, les stéréotypes ne sont
jamais loin. « Jouer les rôles de terroristes ça me saoule énormément,
assène Yassine Azzouz. Mais
j’aimais le cinéma de Philippe
Faucon, très en prise avec le réel.
Les dialogues du film sont très fins,
et son scénario en réalité n’est pas
du tout manichéen. Je n’aurais
jamais accepté de tourner le même
sujet avec Gérard Krawczyk ou un
réalisateur de chez Europa. » En
Pour filmer cette
«Désintégration»,
Philippe Faucon a fait
appel à de jeunes
acteurs issus
des quartiers
s’inspirant de Kâa, le serpent du
Livre de la jungle, pour composer
son personnage d’endoctrineur,
Kamel Laadaili a fait un pas de
côté par rapport aux clichés. « Je
voulais faire un gourou énigmatique. Un homme qui séduit par sa
science, qui n’a pas besoin d’afficher d’autres signes comme l’accent, le keffieh palestinien… Au
fond, il pourrait aussi bien œuvrer
pour le compte de Raël ou du Temple solaire. » Les acteurs s’atten-
dent que le film fasse polémique
au sein de la communauté musulmane française. « Sur certains
forums on se fait déjà insulter, traiter de traîtres… », soutient Kamel
Laadaili. Convaincus de l’intégrité
du cinéaste, ils se sont lancés sans
états d’âme mais leur engagement
dans le film était constamment
aiguillé, du moins pour les trois
premiers, par la responsabilité
morale que le scénario leur imposait vis-à-vis de la communauté.
Rashid Debbouze, le petit frère
de Jamel, et Yassine Azzouz ont
beau venir de la comédie (du standup pour le premier, du courtmétrage pour le second), ils sont
en colère. Rien ne les fait plus sortir de leurs gonds que les discours
appelant des jeunes comme eux,
nés dans les cités, à s’intégrer.
«Des types qui étaient dans ma
classe, qui avaient 17 de moyenne,
j’en vois qui font la circulation ou
qui sont éboueurs. Dire de ces jeunes, qui sont nés en France, qu’ils
doivent faire des efforts pour s’intégrer c’est du racisme pur, s’emporte Rashid Debbouze. C’est insultant. C’est sous-entendre qu’ils n’appartiennent pas à la République. »
Lui-même a arrêté l’école à la fin
de la 3e, quand on lui a proposé de
faire un BEP métallurgie alors que
ses notes lui «auraient largement
Les acteurs Rashid Debbouze, Yassine Azzouz et Ymanol Perset. DR
permis», dit-il, de faire, comme il
le souhaitait, une seconde générale. A la place, il a voyagé, appris
l’anglais, l’espagnol, l’arabe. Il sait
ce qu’il doit à son frère, mais
depuis quatre ans qu’il monte chaque semaine sur les planches, il
n’a cessé de vouloir s’en distinguer
et, aujourd’hui, il semble bien parti pour se faire un prénom.
Yassine Azzouz se souvient
pour sa part de ses cent vingt
demandes de stage restées sans
réponse quand il était encore étudiant en informatique. Lui aussi
sait qui il est : « Je ne suis pas le
petit frère de Jamel. Pour réussir, je
ne peux compter que sur moi. »
Réussir, pour lui, c’est faire carrière à Hollywood. Devenu bilingue
à force de dévorer des films américains, ce cinéphile furieux a profité de son expérience d’acteur
dans La Désintégration pour
convaincre la société de production du film (Screen Runner) de
produire son premier long-métrage, Hollywood Me. Inspiré de
Borat et de Brüno, les films de
Sacha Baron Cohen, ce sera une
comédie sur un jeune acteur français issu de l’immigration qui se
retrouve à Hollywood, « qui a
envie de tout déchirer et qui va se
prendre des grosses baffes métalliques dans la gueule. »
Moins acharné (mais peut-on
l’être plus ?), Kamel Laadaili mène
lui aussi sa barque. Issu du standup où il fait ses débuts après sept
ans passés dans le journalisme au
magazine Entrevue, il écrit lui aussi des scénarios. Quant à Ymanol
Perset, c’est le plus discret des quatre. S’il s’est retrouvé dans un
cours de théâtre il y a quatre ans,
c’était pour apprendre à articuler
et à se socialiser, à une période de
sa vie où il avait besoin de se
remettre en selle. Ce rôle de jeune
fanatique taiseux, converti à l’islam, est arrivé à la faveur d’un casting. Comme le suivant, dans
Colt45, de Fabrice Du Welz, où son
nom figurera en haut de l’affiche
entre Joey Starr et Gérard Lanvin.
Aujourd’hui, il est sidéré de ce qui
lui arrive. « Jouer n’a jamais été
pour moi une question de vie ou de
mort. Alors qu’il y en a tant, des
comédiens, pour qui ça l’est, et à
qui on ne propose aucun rôle…
Peut-être que dans deux ou trois
ans tout va s’arrêter pour moi… Je
m’en remettrai, mais ce qui est sûr,
c’est que j’ai découvert que j’adorais ce métier. » p
Isabelle Regnier
26
0123
cinéma
Mercredi 15 février 2012
ppp excellent
ppv à voir
pvv pourquoi pas
vvv à éviter
Une biographie cosmétique et vaine
pour un colosse politique
«Hercule contre
Hermès» menacé
Meryl Streep, en course pour les Oscars, incarne méticuleusement Margaret Thatcher
Le sujet du film fait-il peur à ses distributeurs?
La Dame de fer
Polémique
C
H
vvv
ertes, Meryl Streep a été
nommée à l’Oscar. Bien sûr,
sa coiffure dans La Dame de
fer est une copie exacte de celle de
Margaret Thatcher, ce casque
blond et laqué qui fit que la révolution conservatrice fut aussi une
révolution permanente. Il n’y a
pas que la coiffure : l’accent, le
registre si particulier de la voix
sont là aussi. Manque Margaret
Thatcher.
Les souvenirs des anciens et la
consultation des banques de données confirment que la baronne
Thatcher fut l’une des figures les
plus influentes de la fin du XXe siècle, qu’elle ouvrit la voie à Ronald
Reagan et changea si profondément le Royaume-Uni que treize
ans de gouvernement travailliste
ne suffirent pas à défaire son
œuvre.
Or, la femme que l’on découvre
dans La Dame de fer n’a rien d’un
colosse. C’est d’abord une jeune
fille ambitieuse (à ce moment du
film, elle est interprétée par
Alexandra Roach) qui se fraie un
chemin dans un milieu patriarcal.
Elle aurait pu choisir une firme
industrielle, avec son diplôme de
chimiste, mais elle a préféré le Parti conservateur. Elle brave les préjugés sexistes et se hisse progressivement jusqu’au sommet de l’appareil.
Pour quoi faire ? Avec quels
appuis ? On n’en saura trop rien.
Le scénario d’Abi Morgan consacre plus de la moitié du film à un
portrait de Margaret Thatcher
une quinzaine d’années après
qu’elle a été chassée du pouvoir
par une révolution de palais, en
1990. Menacée par la démence, la
vieille femme converse avec le
fantôme de son mari, Dennis (Jim
Broadbent), mort en 2003. Ces dialogues sont l’occasion de retours
en arrière qui montrent tous la
résolution de l’épouse et la bonne
disposition de l’époux. Dans ce
rôle, Jim Broadbent déploie des
Le film de Phyllida Lloyd se tient soigneusement à l’écart de la mécanique du pouvoir. ALEX BAILEY
trésors de bonhomie, sans doute
destinés à prouver que la femme
d’un homme aussi gentil pouvait
être aimable.
Les manœuvres
conduisant à la prise
de contrôle du Parti
conservateur sont
réduites à quelques
leçons d’élocution
Le film de Phyllida Lloyd (c’est
le second, après Mamma Mia !) se
tient soigneusement à l’écart de la
mécanique du pouvoir, dont l’analyse est pourtant une spécialité du
cinéma britannique (voir The
Queen, de Stephen Frears, ou The
Thick of It, la comédie satirique
d’Armando Iannucci). Les manœuvres conduisant à la prise de
contrôle du Parti conservateur
sont réduites à quelques leçons
d’élocution.
La Dame de fer ne s’intéresse
pas plus à la psyché de cette femme qui manie un pouvoir si
immense. D’ailleurs, mis à part
l’expédition des Falklands, qui
donne l’occasion de la montrer en
épigone de Churchill, tous les
grands conflits qui marquèrent
son ministère sont expédiés en
deux images d’actualité et trois
répliques. Quitte à analyser un
grand de ce monde, pourquoi ne
pas étudier ce qui le meut lors du
démantèlement du pouvoir syndical ou pendant le conflit avec les
grévistes de la faim républicains
irlandais qui se solda par la mort
de dix d’entre eux ? Les épisodes
postérieurs à l’éviction de Margaret Thatcher, comme l’accueil chaleureux qu’elle fit à Augusto Pinochet, poursuivi par le juge Garzon,
ou sa collaboration rétribuée avec
l’industrie du tabac sont, eux, totalement passés sous silence.
Meryl Streep préfère concentrer son énergie sur le processus
de vieillissement qui fait de l’actrice, jeune sexagénaire, une femme
voûtée, instable, perdue dans l’album de clichés familiaux dont
elle n’émergera plus. Pour sa prochaine nomination, l’actrice pourrait s’essayer à faire de Lady Macbeth une championne des arts
ménagers. p
Thomas Sotinel
Film britannique de Phyllida Lloyd,
avec Meryl Streep, Jim Broadbent,
Olivia Colman. (1 h 44.)
ercule contre Hermès, c’est
le titre d’un documentaire
qui pourrait être diffusé
prochainement sur la chaîne Arte,
avant une sortie en salles de cinéma. A moins que des pressions
diversesn’empêchent le projet d’aboutir… Ce documentaire de quatre-vingt-dix minutes, de Mohamed Ulad, produit par Nicolas
Namur, d’Epiphène Films, fait partie de ces œuvres qui ont dû surmonter bien des obstacles et continuent d’en affronter.
L’histoire est éclairante : unpaysan marocain,Mohammed El-Mektiri, 32 ans, surnommé Hercule à
cause de saforce, vit avec sa famille
sur un lopin de terre près d’une plage au sud de Tanger. Sur ce petit
coin de paradis, le père, la mère et
les huit frères et sœurs vivent de la
culture de leur terre, de la pêche et
des revenus d’une paillote dressée
chaque été sur la plage. Jusque-là,
tout va bien. Mais leur unique voisin, Patrick Guerrand-Hermès,
héritier de la marque de luxe française, a acquis les terres alentour,
en vue d’aménager un terrain de
polo. Pour cela, l’ex-président de la
Fédération internationale de polo
n’a plus qu’à acheter la parcelle de
la famille El-Mektiri. Seulement
voilà, Hercule refuse, ainsi que sa
mère, la solide Rachida. Tous deux
ont même fait de la prison à la suite d’altercations avec ceux qu’ils
nomment les « mercenaires d’Hermès ».
Durant deux ans, entre 2009 et
2011, le réalisateur franco-marocain Mohamed Ulad a filmé la
batailledu petit paysan contre l’héritier argenté. La saga a été longuement racontée dans ces colonnes,
et tous les protagonistes ont pu
exprimer leurs points de vue (Le
Monde du 5 juillet 2011). Puis les
relations se sont dégradées. Le réalisateur a été agressé durant le
tournage, l’autorisation de filmer
lui a été retirée, puis restituée, etc.
Patrick Guerrand-Hermès a porté
plainte contre le cinéaste et son
producteur pour « violation de la
vie privée » et « atteinte au droit à
l’image » auprès de la justice marocaine. L’affaire est en cours.
Depuis quelques semaines, les
mauvaises nouvelles s’accumulent. La chaîne Arte a procédé à
cinq visionnages du film, avant de
le valider en septembre 2011. Or, en
janvier 2012, le réalisateur a reçu
un courrier d’Arte signalant que le
film posait des problèmes juridiques. Un exemple : la première
séquence montre un homme faisant du quad sur la fameuse plage ;
apercevant la caméra, il fait un
bras d’honneur à l’équipe du film.
L’homme est un proche collaborateur de Patrick Guerrand-Hermès.
Faut-il le nommer ou, au contraire,
ne pas l’identifier ? Il y a aussi cette
phrase de la mère, Rachida, disant
en substance : « S’il n’y a plus de corruption dans la justice marocaine,
alors Hermès est fichu. »
« Il n’y a pas de problème »
Joint par téléphone, le responsable d’Arte qui suit le projet, Alex
Szalat, assure qu’« il n’y a pas de
problème quant à la diffusion du
film », sans pour autant s’engager
sur une date… « Arte doit vérifier
qu’il n’y a pas de risque de diffamation. Il faut que l’on se mette d’accord sur la version définitive du
film », ajoute-t-il. Le réalisateur
essaie de garder le moral. Mais le
temps presse. Tant qu’Arte n’a pas
donné son feu vert officiel, explique-t-il, il ne peut percevoir la dernière tranche des financements
prévus.
Dernière tuile, venue il y a quelques jours de la société américaine
ITVS (Independent Television Service), qui produit et diffuse des
films indépendants aux EtatsUnis, et avait prévu de soutenir
Hercule contre Hermès : tant que la
plainte déposée contre le réalisateur et le producteur n’aura pas
été traitée, ITVS ne veut pas prendre le risque de diffuser le film.
Décidément, les travaux d’Hercule sont loin d’être terminés. p
Clarisse Fabre
A Madrid, l’agonie
d’un vieil anarchiste
Le réalisateur Fernando Leon de Aranoa
s’essaie, difficilement, à la comédie noire
Amador
C
Mardi 13 mars 2012 PARIS, CARROUSEL DU LOUVRE
Analyse des défis, propositions de solutions
Un colloque organisé par Le Monde et l’Association Française des Entreprises Privées (AFEP)
Nombre limité de places
Inscription : [email protected]
pvv
’est un prénom à la fois
désuet et peu usité, Amador ; un prénom laïque qui
ne renvoie à aucun des saints de
l’Eglise, comme aimaient à en
donner les anarchistes espagnols. Pour l’instant, c’est le prénom d’un vieillard mourant, en
plein été, dans un petit appartement madrilène.
Le scénario de Fernando Leon
de Aranoa place Amador entre
les mains de Marcela (l’actrice
péruvienne Magaly Solier), une
jeune immigrée venue d’Amérique latine. Le réalisateur des Lundis au soleil (2002, une réussite
du cinéma postindustriel, entre
Loach et Guédiguian) prend bien
soin de placer des bâtons dans
les roues d’un récit qui devrait
conter la découverte de deux personnages opposés. Il recourt
même à des mesures radicales
qui entraînent le film vers la
comédie noire.
Mais le courage dont témoignent ces dérapages est un peu
vain. Fernando Leon de Aranoa
n’est pas fait pour la comédie, et
les intrusions de personnages
dessinés à gros traits – une prostituée au grand cœur qui vient
toutes les semaines soulager la
solitude d’Amador, un curé naïf
– ne font que ralentir un film qui
titube déjà sous le poids de chaque séquence, étirée jusqu’à risquer l’exaspération du spectateur.
Ni antipathique ni stupide
C’est qu’il s’agit à chaque fois
de filer une métaphore, qui veut
représenter tantôt les rapports
entre riches et pauvres, tantôt la
contradiction entre le vieux
mouvement ouvrier et la condition des pauvres de notre temps.
Amador n’est pas un film antipathique ni stupide. Il peint avec
sensibilité le couple que Marcela
forme avec son mari Nelson, garçon entreprenant qui fait commerce de fleurs récupérées dans
les ordures des importateurs de
roses.
Fernando Leon de Aranoa permet aussi à Magaly Solier, que
l’on avait découverte dans les
films de sa compatriote Claudia
Llosa, Madeinusa et Fausta,
d’étendre son registre, de se risquer, avec un peu plus de succès
que son réalisateur, sur le terrain de la comédie. p
T. S.
Film espagnol de Fernando Leon
de Aranoa, avec Magaly Solier, Celso
Bugallo. (1 h 52.)
0123
cinéma
Mercredi 15 février 2012
ppp excellent
ppv à voir
pvv pourquoi pas
vvv à éviter
Sylvie Testud voyage dans le temps
Les films de la semaine
L’actrice se fait réalisatrice au détour d’un récit faussement fantastique, vraiment romantique
La Vie d’une autre
pvv
sommeil n’est pas disposée à
accepter la situation absolument
sinistre que l’autre Marie, celle qui
a vécu sa vie, lui laisse en partage.
Un double programme attend
donc au réveil la belle endormie :
un bluff de chaque instant destiné
à entrer dans la peau du personnage qu’elle est devenue, et une lutte
sourde pour le défaire, par la
M
ais où était donc passée
Sylvie Testud ? La question traversait l’esprit,
ces derniers temps, de tous ceux
qui avaient conservé d’elle l’image
attachante d’une jeune femme
lunaire et d’une actrice qui a marqué de son talent d’une singulière
intensité des films aussi divers
que Karnaval (1998), de Thomas
Vincent, La Captive (2000), de
Chantal Akerman, ou Les Blessures
assassines (2000), de Jean-Pierre
Denis. En 2004, le César de la
meilleure actrice récompensera sa
prestationdans Stupeur et tremblements, d’Alain Corneau. Depuis,
Sylvie Testud n’a certes pas disparu des radars cinématographiques, mais sa présence y semblait
plus évanescente.
Un élément de réponse est
aujourd’hui à la portée du public,
qui peut découvrir au cinéma La
Vie d’une autre, son premier film
comme réalisatrice. Adapté du
roman homonyme de Frédérique
Deghelt (Actes Sud, 2007), ce récit
est une sorte d’Hibernatus
(Edouard Molinaro, 1969) sentimental. Son héroïne, Marie (Juliette Binoche), y est, dans le prologue,
une jeune Provençale modeste qui
Adapté du roman
homonyme de
Frédérique Deghelt,
ce récit est une sorte
d’«Hibernatus»
sentimental
Marie (Juliette Binoche) et Paul (Mathieu Kassovitz). ARP SÉLECTION
la société de son beau-père et figure internationale de la finance,
enfin sur le point de divorcer de
Paul, qui semble avoir d’excellentes raisons de la haïr et de lui préférer son amie d’enfance Jeanne
(Aure Atika).
Le choc est rude pour le personnage et l’argument fictionnel a
priori excellent pour le film, propice à un voyage spatio-temporel où
la fantaisie, le romanesque et l’humour se donnent la main. Car la
Marie qui se réveille d’un si long
reconquête expresse d’un bonheur et d’un mari perdus. La drôlerie du premier registre et le romantisme du second donnent à ce film
un équilibre instable, d’autant
plus fragile que l’allégorie qui le
soutient (comment rattraper le
temps perdu ?) est un vrai défi
pour cet art par essence réaliste
qu’est le cinéma. p
Jacques Mandelbaum
Film français de Sylvie Testud. Avec
Juliette Binoche, Mathieu Kassovitz,
Aure Atika. (1 h 37.)
«La Grande Illusion»: à la redécouverte d’un des
chefs-d’œuvre de Jean Renoir, dans une copie restaurée
Sorti en 1937, ce film pacifiste mais sans illusions fut le plus grand succès de son auteur
S
orti pour la première fois en
France en 1937, le plus populaire des films de Jean Renoir
ressort en salles dans une version
restaurée inédite. Marqué par l’engagement politique et humaniste
du cinéaste, La Grande Illusion suit
un groupe d’officiers français capturés en Allemagne pendant la
Grande Guerre. De tentatives
d’évasion en tentatives d’accommodation, l’histoirede leur captivitéparaît ne servir qu’une seulecause : montrer que rien, dans le
contexte d’un quotidien partagé,
ne sépare les prisonniers français,
britanniques ou russes de leurs
geôliers allemands.
L’histoire du film est un véritable roman. Comme tant de grandes œuvres, il s’en fallut de peu
qu’il ne se fasse jamais. Ayant élaboré une première version du
manuscrit à partir d’une trame
plus ou moins tirée de sa propre
expérience de soldat, Renoir fut
incapable de trouver un producteur jusqu’à ce que Jean Gabin
intervienne en son nom.
Le projet mis en chantier, la production le bouleversa en engageant Erich von Stroheim, sans en
informer Renoir. Ce dernier, que
l’œuvre de Stroheim réalisateur
avait marqué au point de le pousser vers une carrière cinématographique qui n’était pas sa vocation
première, lui créa sur mesure le
rôle de Rauffenstein. Gabin comprit vite que son personnage, le
lieutenant Maréchal, courait le risque de se voir éclipsé par le tandem des aristocrates, Boëldieu
(Pierre Fresnay) et Rauffenstein : la
rumeur nous dit qu’il ne se priva
pas de le faire entendre.
Sortie le 9 juin 1937, après avoir
laissé quelques scènes entre les
griffes de la censure (entre autres,
celle qui montre les officiers en
train de plaisanter sur les maladies vénériennes des militaires),
La Grande Illusion connut un
immense succès, en France et à
l’étranger. Cependant, à mesure
que la tension montait en Europe,
le film fut interdit en Italie, en Allemagne, puis dans la France occupée. Causes évidentes de ce silence
imposé : le pacifisme forcené du
film, mais également l’aura du personnage de Rosenthal, officier
français juif et codétenu généreux
nRetrouvez l’intégralité
de la critique sur Lemonde.fr
ppvà voir
La Désintégration
Film français de Philippe Faucon
(1 h 15).
pvvpourquoi pas
Amador
Film espagnol de Fernando Leon
de Aranoa (1 h 52).
La Vie d’une autre
fait un mariage d’amour avec Paul
(Mathieu Kassovitz), le fils d’une
très grosse fortune de la finance,
qui lui a donné sa chance en l’engageant dans sa société.
Au plan suivant, c’est-à-dire
douze ans plus tard, Marie se
réveille en ayant tout oublié de cette période. Restée la jeune femme
modeste, joyeuse et follement
éprise de son mari, elle va progressivement se découvrir telle que la
vie l’a transformée. Mère de deux
enfants, redoutable manageuse de
27
Film français de Sylvie Testud
(1 h 37).
nJe suis venu vous dire…
Documentaire français de PierreHenry Salfati (1 h 38).
Joli montage d’archives consacré
à la vie, à l’œuvre, aux amours,
de l’auteur de La Javanaise. Comme toujours quand il s’agit de
Gainsbourg, on est dans le
mythe et dans la nostalgie.
L’auteur, fidèle à son dispositif,
ne pousse pas plus loin l’analyse.
Dommage. p I. R.
nLe Jardinier qui voulait
être roi
Films d’animation tchèque
de Vlasta Pospíšilová et David
Súkup (1 h 05).
Composé de deux courts-métrages d’animation adaptés des
contes de Jan Werich, ce film tchèque ne s’adresse pas seulement
aux plus jeunes. Par-delà l’unité
d’inspiration littéraire, et leurs
qualités individuelles de réalisation, c’est lorsqu’on les oppose, à
l’œil et à l’oreille, que les deux
films intéressent le plus. Si le
second touchera aisément un large public, le premier, étonnamment mélancolique et visuellement moins lisse, parlera sans doute mieux à l’adulte, et à ceux des
enfants dont l’humeur n’est pas
trop légère. p J.-F. R.
vvvon peut éviter
La Dame de fer
Film britannique de Phyllida Lloyd
(1 h 44).
n10 hivers à Venise
Film italien de Valerio Mieli
(1 h 39).
De 1999 à 2009, les rendez-vous
ratés de Camilla et Silvestro, qui
se sont rencontrés un soir de
décembre sur un vaporetto. L’ambition est de chanter l’imperfection de la vraie vie qui ne tombe
jamais juste. Ici, ce sont les artifices du scénario qui ne prennent
pas. p T. S.
nDos au mur
Film américain de Asger Leth
(1 h 42).
Un ancien policier, récemment
évadé de la prison dans laquelle il
a été incarcéré pour vol et corrup-
tion, menace de se jeter dans le
vide depuis la corniche de l’hôtel
où il a pris une chambre. Va-t-il
sauter ou tout cela n’est-il qu’une
diversion ? Dos au mur s’éloigne
rapidement du suspense induit
par la situation de départ pour
proposer un thriller rocambolesque, aux péripéties tout aussi
infantiles que prévisibles, à la psychologie rustique et à l’humour
épais. p J.-F. R.
nHowl
Film américain de Rob Epstein
et Jeffrey Friedmann (1 h 24).
Biopic d’Allen Ginsberg centré sur
le scandale provoqué par la parution, en 1957, de son célèbre poème Howl, et du procès en obscénité qui s’en est suivi, ce film trahit
de bout en bout l’esprit révolutionnaire de cette œuvre fondatrice de la Beat Generation. Entre l’interprétation pontifiante de James
Franco et les scènes d’animation
hideuses qui illustrent le poème,
le film distille un profond ennui.
La mémoire de ce poète, de ce
mouvement, mérite mieux qu’un
traitement si désinvolte. p I. R.
nLa Mémoire
dans la chair
Film français de Dominique
Maillet (1 h 39).
Faute de moyens, matériels et
artistiques, cette évocation du
retour en Espagne d’un émigré
politique, aux dernières heures
du franquisme, courait à l’échec.
Celui-ci est consommé par une
distribution francophone qui tente sans grand succès de dissimuler son accent lorsqu’il lui faut
parler espagnol. p T. S.
nVoyage au centre de la
Terre 2 : L’Île mystérieuse
Film américain de Brad Peyton
(1 h 33).
Précédé d’un navrant court-métrage mettant en scène les Looney
Tunes, le deuxième volet d’une
saga qui n’a décidément aucun
lien avec Jules Verne confirme
son absence totale d’inventivité,
de structure et de culture. L’aventure exotique du beau-père et du
beau-fils brasse tous les clichés du
genre avec une rare vigueur. Le
résultat visuel est d’une laideur
aussi constante que surprenante,
quand on sait qu’il bénéficia des
technologies qui formèrent il y a
peu les jungles hypnotiques
d’Avatar. p J.-F. R.
nous n’avons pas pu
voir
Ghost Rider : L’esprit de vengeance
Film américain de Mark Neveldine
et Brian Taylor (1 h 45).
Il était une fois, une fois
Film français de Christian MerretPalmair (1 h 35).
Les meilleures entrées en France
Au premier plan, Jean Gabin et Pierre Fresnay. STUDIOCANAL
auquel Boëldieu offre la chance de
s’évader.
Servant le rêve humaniste du
Renoir encore fidèle auFront populaire, La Grande Illusion paraît
tenir un discours d’une absolue
simplicité, que le cinéaste résumait ainsi : «Les hommes ne se divisent pas en nations mais peut-être
en catégories de travail. C’est ce que
l’on fait qui est notre véritable
Nation. » Babel inversée, le monde
clos où se mêlent captifs et gardiens ne cesse d’illustrer la facilité
avec laquelle les hommes se
créent des modes de communication, pour pallier les différences de
langues : humour, théâtre, musique, gestes et regards, portés par
un réel désir de se comprendre, y
sont autant et plus signifiants que
les mots. La guerre n’y est souvent
qu’une donnée abstraite, ne réapparaissant que par éclats, rouvrant chaque blessure : La Marseillaise entonnée en l’honneur
d’une avancée française, interrompant le spectacle où les détenus
costumés avaient convié les officiers allemands. Surtout, l’affrontement absurde et nécessaire
entre Boëldieu et Rauffenstein,
âmes semblables aux semblables
desseins.
Depuis 1937, il s’est trouvé des
plumes pour juger La Grande Illusion naïve. Nul n’y est cruel sinon
la guerre, nécessité externe, à
laquelle l’humanité peine à trouver un sens. Naïf, Renoir ? C’est
Dans ce film,
nul n’est cruel sinon
la guerre, nécessité
externe, à laquelle
l’humanité peine
à trouver un sens
oublier la seconde partie du film,
et les pas lourds des deux évadés
vers cette frontière si lointaine
qu’elle tient du mirage. L’épilogue
se déroule en mots et en émotions
simples, laissant le brio et les mots
d’espritqui conféraient à lacaptivité sa légèreté paradoxale. Est-ce là
la vie ? Est-ce là la liberté au nom
de laquelle s’est sacrifié Boëldieu ?
Ou bien, convaincu que l’absurde
était déjà vainqueur, avait-il fait le
choix d’en finir en beauté, ganté
de blanc, pour conserver au
moins, tel Cyrano, son panache ?
Avant même peut-être que
Renoir lui-même n’en ait conscien-
ce, La Grande Illusion disait ces
questionnements douloureux qui
poussèrent le cinéaste à rompre
avec l’idéal communiste, et à quitter cette France qui, disait-il, ne le
comprenait pas. Dès La Règle du
jeu, en 1939, Renoir explicita ses
doutes et, sous couvert de marivaudage dans un château en Sologne, sonna le glas de cette noblesse
d’âme dont Boëldieu et Rauffenstein étaient les derniers représentants. La guerre, avec ses mots
absurdes, avait déjà vaincu.
Bien plus tard, en 1961, Le Caporal épinglé porta le dernier coup au
rêve humaniste de Renoir : tissé
sur la même trame que La Grande
Illusion (les tentatives d’évasion
de prisonniers français en Allemagne), le film en est l’envers grinçant. Le sacrifice a perdu son panache, laissant place au suicide, seule
véritable issue. Mais cela, c’était
déjà la crainte de Renoir en 1937,
glaçant le lent final de La Grande
Illusion : la liberté de Maréchal et
de Rosenthal, leurs vies mêmes,
valaient-elles la peine qu’on les
sauve ? Il n’est guère de film moins
naïf, ou moins simple. Soixantequinze ans après, il reste encore
beaucoup à écrire. p
Noémie Luciani
Nombre de
semaines
d’exploitation
Nombre
d’entrées (1)
Nombre
d’écrans
Evolution
par rapport
à la semaine
précédente
Total
depuis
la sortie
La vérite si je mens ! 3
2
864 356
1051
– 48%
2 808 378
Sherlock Holmes 2 :
Jeu d’ombres
Star Wars :
épisode 1 - 3D
3
271 602
623
– 27 %
1 683 034
1
251 560
330
_
251 560
La Taupe
1
225 822
271
_
225 822
Underworld :
Nouvelle Ere
1
216 218
282
_
216 218
Zarafa
1
192 219
477
_
192 219
Félins
2
128 023
360
– 29 %
334 706
The Descendants
3
93 869
239
– 21 %
526 101
Recherche
bad boys
désespérément
1
91 731
227
_
93 009
15
80 129
558
– 22 %
18 942 756
Intouchables
Source : Ecran Total
(1) Période du 8 au 12 février inclus
Installé dans plus de mille salles, La vérité si je mens ! troisième du
nom conserve la tête du classement en deuxième semaine d’exploitation, dépassant les deux millions d’entrées. Aucun entrant ne lui dispute donc la suprématie, si ce n’est, à une échelle plus modeste, La Taupe,
qui fait mieux que lui en termes de moyenne de spectateurs par salle
(833). Star Wars épisode 1, en 3D, séduit quant à lui plus de deux cent mille mordus de l’antique saga interplanétaire. On notera le beau succès
d’estime d’Un monde sans femmes. Le moyen-métrage attire plus de
trois mille spectateurs répartis dans sept salles. A déplorer enfin le peu
d’intérêt suscité par Go Go Tales (3 400 spectateurs dans vingt salles),
un film inédit en France d’Abel Ferrara.
28
& vous
0123
Mercredi 15 février 2012
Dragon… mania
C’est l’année du Dragon, le signe le plus prisé en Chine.
C’est à ce monstre terrifiant qui crache du feu et possède
une carapace d’écailles que l’on devrait la naissance de
l’univers. Dans l’empire du Milieu, on souhaite se marier
sous ses bons auspices ; on veut faire naître ses enfants,
aussi, cette année-là, afin qu’ils aient un avenir brillant…
Les touristes orientaux étant devenus l’une des toutes premières clientèles de la joaillerie, les créateurs européens
s’en donnent à cœur joie pour fêter, avec eux, l’événement : dragon en or jaune et œil rubis pour l’Italien Roberto Coin, aux yeux de jade et aux écailles de diamants signé
de la Parisienne Elise Dray ou pendentif torsadé pour la
griffe espagnole Carrera y Carrera.
Plus accessible, un petit pendentif pour bébé de l’année,
signé Pascale Renaux chez AS 29 (en vermeil avec un petit
diamant, 600 euros), ou encore le pull fait main en cachemire jacquard au motif de l’animal mythique, 1 490 euros,
chez Lucien Pellat-Finet. p Véronique Lorelle (PHOTOS DR)
Elise Dray : Elisedray.com ; Carrera y Carrera : Carreraycarrera.com ; Roberto Coin : Robertocoin.com ; AS 29 by Pascale
Renaux : chez Colette, 213, rue Saint-Honoré, Paris 1er. Lucien PellatFinet : Lucienpellat-finet.com
Un an après son lancement, le dossier
médical personnel reste confidentiel
Au cœur du triangle
d’or du design
Plébiscité par les Français, cet outil informatisé se heurte aux réticences de certains médecins
Les maisons italiennes de la rive gauche
parisienne mettent à l’honneur les créateurs
Santé
Design
S
e retrouver chez le médecin
en ayant oublié ses analyses
médicalesou lenomdu médicament que l’on prend chaque
matin… Dans ces cas, le dossier
médical personnel (DMP) peut se
révéler utile : il permet de stocker
les données médicales sous forme
électronique.
Conçu par la loi de 2004, ce dossier a été lancé en janvier 2011 par
le ministère de la santé et
75 000 DMP ont à ce jour été
ouverts. Il peut contenir des comptesrendusd’interventions,d’hospitalisation, des analyses médicales,
des scanners, signaler des allergies…, tout peut y être enregistré et
accessible à portée de clic.
Cet outil peut être particulièrement utile à des personnes atteintes de maladies comme le cancer,
le diabète, l’hypertension artérielle. Ou encore pour le suivi d’une
grossesse. Ainsi, Julie (qui souhaite
rester anonyme) a créé son DMP
lorsqu’elle a su qu’elle était enceinte, ce qui a permis aux professionnels de santé de consulter ses échographies, analyses biologiques… et
d’éviter à Julie de répéter à chaque
rendez-vousson parcours médical.
Le DMP appartient uniquement
au patient, rappelle l’Agence des
systèmes d’information partagés
de santé (ASIP Santé), qui coordonnele projet, etil choisit qui,des professionnels de santé, peut y accéder. Le patient peut aussi masquer
des informations. En revanche, en
cas d’urgence, tout professionnel
de santé peut avoir accès au DMP,
saufsi son détenteurs’yest formellement opposé.
LesFrançais sont friandsd’informations médicales sur la Toile.
Pour preuve, le succès des sites
consacrés à la santé. Sont-ils prêts
pour autant à y entrer leurs propresdonnées médicales? «La confidentialité des données est notre
P
INFILMO/LIGARUS
priorité,elles sonttotalement protégées», expliqueJeanne Bossi,secrétaire générale de l’ASIP Santé.
Gratuit et facultatif, le DMP est
créé à partir des informations de la
carte Vitale, qui donne accès à un
identifiant national de santé (INS).
En théorie, tout patient muni de sa
carte Vitale peut en demander
l’ouvertureauprès d’unprofessionnel de santé, il peut ensuite y accéder sur la Toile. Mais dans les faits,
cela reste encore compliqué.
Si environ 70 % des médecins
généralistes disposent de logiciels
compatibles, peu d’hôpitaux sont
équipés.Et les 800000 professionnels de santé ne sont pas tous
convaincus. « Les médecins étaient
au départ très réticents, car, au
fond, ils ne voulaient pas être surveillés. Que faire si une appendicite
n’a pas été détectée ? Si un mauvais
diagnostic a été fait ? », explique le
docteur Loïc Etienne, médecin
urgentiste, auteur du blog zeblogsante. Les professionnels de santé
ne veulent pas que ce dossier soit
chronophage. « Les médecins sont
Gratuit et facultatif,
il est créé à partir
des informations
de la carte Vitale
dans l’expectative et se posent la
question de savoir quel bénéfice ils
peuvent en tirer », explique Jacques Lucas, vice-président du
Conseil national de l’ordre des
médecins et spécialiste des questions de e-santé.
Carnets de santé et consultations en ligne
À CÔTÉ DU DOSSIER MÉDICAL personnel lancé par les pouvoirs
publics, de nombreuses initiatives
privées proposent de créer des carnets de santé en ligne. Ainsi, trois
ans après sa création, l’association
Sanoia, soutenue par le site Doctissimo et l’opérateur Orange, compte 105000 « fiches santé », gérées
par les patients. En plus de leur
fiche, les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde bénéficient
de conseils dispensés par un centre d’appel. « Les associations de
patients sont largement partie prenante», insiste Hervé Servy, fondateur de Sanoia, qui vise plutôt les
personnes atteintes de maladies
chroniques.
Le site Docteurclic permet
d’ouvrir un dossier de santé personnel (DSP) : 9 500 dossiers ont à
ce jour été créés. Le site propose
des fiches de prévention pour certaines maladies et des alertes
pour les rendez-vous médicaux et
les rappels de vaccinations.
36 euros par an
Dernière innovation, lancée
mi-janvier par la société Code d’urgence, le système « code d’urgence » se matérialise par un flash
code, sorte de code-barres à coller
sur son casque de moto, son téléphone portable… Cela permet aux
médecins du SAMU et du SMUR
d’avoir accès aux données du
patient.
D’abord testé dans la Sarthe et
la Loire-Atlantique, ce service doit
être étendu dans toute la France
cette année. Ces données, fournies par le patient, sont validées
par le médecin traitant. Coût :
36 euros par an.
De plus en plus de consultations sont accessibles sur Internet.
Le patient obtient une réponse
d’un spécialiste, moyennant finances. Une pratique appelée à se
développer avec le vieillissement
de la population.
Mais attention, « dès lors qu’il y
a un conseil personnalisé, cela doit
être sécurisé et ne doit pas être laissé à un secteur purement marchand», avertit le docteur Jacques
Lucas, vice-président du Conseil
national de l’ordre des médecins,
qui réclame une réglementation. p
P. Sa
Autre question : que met-on
dans ce coffre-fort de santé ? « Le
patientdoit pouvoir entrer des données qui sont claires pour lui et
ordonnées selon sa propre logique.
Or, toute la problématique du DMP
est qu’il est 1.0, c’est une unité de
stockage sans intelligence, constate le docteur Loïc Etienne, pour que
le DMP soit véritablement utile
pour l’ensemble des acteurs, il doit
passer au 3.0, c’est-à-dire que les
données doivent être entrées aussi
bien par le patient que par le médecin,validées par le soignant et organiséesintelligemment parlamachine », analyse le docteur Etienne.
Malgréces réserves, « notrepositionestclaire, ledossier médicalpersonnel doit être mis en œuvre mais
il doit correspondre à de réels
besoinset nepas être abstrait. Il faudrait une campagne nationale
pour inciter les gens à le créer », propose le docteur Jacques Lucas.
La montée en puissance est prévue sur plusieurs années. Seulement près d’un Français sur deux a
entendu parler du DMP, selon un
sondage réalisé à l’été 2011 par
Ipsossantéauprès de 1000personnes, à la demande de l’ASIP Santé,
mais 84 % émettent une opinion
positive. « Ce serait déplorable de
l’interrompre comme le proposent
certains députés socialistes », ajoute le docteur Lucas. Marisol Touraine (député PS d’Indre-et-Loire)
invoque notamment des raisons
de coût pour le suspendre. « Il n’est
ni de droite ni de gauche », insiste
Mme Bossi. Et d’ajouter : « Le
DMP existe, il fonctionne, son seul
but étant d’améliorer la qualité des
soins. » p
Pascale Santi
n Sur le Web
Docteurclic.com ; Sanoia.com ;
Codeurgence.fr
n sur le Web
Dmp.gouv.fr ; Zeblogsante.com
aris n’est pas Milan. Pourtant, sur la rive gauche, entre
le boulevard Saint-Germain,
les rues du Bac et de l’Université et
le boulevard Raspail se niche le
triangle d’or du design.
Ence début d’année, le programmeest riche.Commençonspar Cassina (236, boulevard Saint-Germain), où est présentée la collection Authentic Materials. Un hommage à Charlotte Perriand
(1903-1999), à Charles-Edouard
Jeanneret-Gris alias Le Corbusier
(1887-1965) et à son cousin Pierre
Jeanneret (1896-1967), avec leur
mythique table à manger LC11-P.
La maison ayant les droits exclusifs de ces maîtres de l’épure, elle a
édité, en accord avec la Fondation
Le Corbusier et Pernette, la fille de
Charlotte Perriand, la table,
conçue en 1934 pour l’appartement du célèbre architecte, rue
Nungesser-et-Coli à Paris, avec son
plateau de marbre et piétement de
fonte bleu clair (13 995 euros). Cassina en édite aussi une autre version avec de nouvelles finitions
(7 385 euros).
De Charlotte Perriand sont édités pour la première fois les tabourets Méribel et Berger, créés
en 1953 et 1961. En réinventant le
tabouretà traire desfermes, l’architecte et photographe illustrait son
goût pour les maisons simples des
campagnes. Par ailleurs, de nouvelles versions de ses tables ressortent. Cassina introduit des finitions en acajou et en chêne laqué
noir pour la table En forme libre,
créée en 1938 pour son atelier de
Montparnasse. Quant à Plana, la
table conçue en 1969 pour l’ambassade du Japon à Paris, elle revit aussi en deux versions, chêne et noyer
massifs. Autre nouveauté : la chaise Zig Zag, de Gerrit Thomas
Rietveld (188-1964), revue en frêne
naturel,dans les couleurs bleu, rouge, jaune, blanc et noir, et bois
apparent pour les sections latérales, ce qui renforce la ligne du dossier.
Chez Kartell et Cappellini (242
et 242 bis, boulevard Saint-Germain), l’on pratique la même révérence au patrimoine. Chez le premier,le fauteuil4801, de Joe colombo (1965), est relancé en série limitée. Chez le second, jusqu’au
18 février, la boutique devient
musée pour saluer le génie de
Shiro Kuramata, disparu en 1991.
Sur le sol, des roses rouges semblent rappeler Miss Blanche, le fauteuil du designer réalisé en plastiquetransparent, incluant des pétales de rose, inspiré, dit-on, du chemisier de Vivien Leigh dans Un
tramway nommé Désir. Sur le mur,
des croquis. Et des créations enfin
rééditées, des « meubles d’artistes » du designer japonais, parmi
lesquels Hommage à Mondrian et
Dinah, la surprenante colonne en
métal laqué noir, créée en 1970,
pourvue de dix-huit tiroirs en bois
laqué blanc.
De l’autre côté du carrefour, au
31, boulevard Raspail, la société
Alessi, fondée en 1921, s’est lancée
dans le concept Designed in China,
Made in Italy, un travail autour
d’unobjet quotidien et emblématique : le plateau. Résultat : (Un)for-
DeCharlottePerriand
sontenfinédités
lesfameuxtabourets
MéribeletBerger
bidden City. Une collection de huit
plateaux, conçus par autant d’architectes et de designers chinois
au studio-laboratoire d’Alessi, disponibles ce printemps.
Terminons la balade rue du Bac.
La firme Poltrona Frau s’apprête à
fêter son centenaire et rend hommage à sa matière de prédilection :
le cuir. De nouvelles versions de
son best-seller, le fauteuil Archibald, de Jean-Marie Massaud, sont
exposées ainsi qu’une collection
de petite maroquinerie et d’objets
de bureau. Chez B & B Italia, on
renouvelle le fauteuil Husk, de
Patricia Urquiola.
Pour finir, une visite s’impose
chez Maxalto, qui expose jusqu’au
18 février la carafe Janina, de Vincent Poujardieu. En verre cristallin
soufflé à la bouche, elle a un corps
double mais pas d’anse. L’objet se
pose néanmoins, stable et élégant,
sur la table, malgré son inclinaison
à 45 degrés. Edité à mille exemplaires, son prix (145 euros) – fabrication en Roumanie oblige – devrait
« démocratiser le raffinement »,
espère le designer bordelais qui
vient de créer avec Janina Sarbu,
créatricede moderoumaine reconvertie dans le design, une toute
nouvelle maison, JSVP Design. p
Mélina Gazsi
Démographie De plus en plus de Français vivent seuls
En 2008, 9 millions de personnes, soit 14,2 % de la population, vivaient
seules dans leur logement, au lieu de 7,4 millions, soit 12,5 %, en 1990,
selon une enquête Insee Première de février. On dénombrait 8,3 % de
femmes et 5,9 % d’hommes.
Sur la tranche d’âge 30-59 ans, les hommes qui résidaient le plus souvent seuls étaient les chômeurs n’ayant jamais travaillé, les employés,
puis les ouvriers. Les femmes le plus souvent seules étaient les cadres,
suivies par les professions intermédiaires. Avant 40 ans, ce sont les
ouvrières qui habitaient le moins souvent en couple. Après 40 ans,
ce sont les femmes cadres.
0123
disparitions
Mercredi 15 février 2012
Photographe chilien, membre de l’agence Magnum
Actrice
Sophie
Desmarets
SergioLarrain
J
L
e Chilien Sergio Larrain, mort le
7févrieràOvalle,aunorddeSantiago du Chili, à l’âge de 81 ans,
est une des plus belles énigmes
de la photographie. Car il est
génialetoublié.Génial? CartierBresson le considérait comme un grand et
l’a fait entrer à l’agence Magnum – «J’aime
furtifs d’enfants vagabonds dans la capitale, qu’on ne voit pas en Europe, mais qui le
rendront célèbre. Il devient ensuite photographe du magazine brésilien O Cruzeiro.
En 1958, le British Council lui offre une
bourse d’études à Londres. Il en profite
pour prendre contact avec l’agence Magnum, à Paris, qui l’accueille à bras ouverts.
Lesuccèsestfoudroyant.SergioLarrainpasse deux années à Paris où il travaille de
manière régulière avec la presse européenne, devenant membre de Magnum en 1961.
Puis il retourne au Chili, et publie deux
livres importants, Un rectangle dans la
main (1963) et La Maison sur le sable (1966)
sur la fabuleuse villa côtière de Pablo Neruda. De l’amitié entre ces deux poètes, de la
rencontreentre la plume etl’objectif, est né
un travail de légende. « Neruda habitait
une maison dominant la baie, écrit-il. J’ai
passé des journées entières avec lui à gravir
les rues et à entrer dans les magasins d’articles pour la marine ou les librairies d’occasion. Que de trouvailles à saisir, que de choses à regarder d’en haut » dans le port des
cap-horniers, qui se visite à la verticale. De
cette collaboration, sortira un livre, Valparaiso (Hazan, 1991).
1931 Naissance à Santiago (Chili)
1950 Achat de son premier Leica
1953 Première exposition à Santiago
1961 Membre de l’agence Magnum
1963 « Un rectangle dans la main »
1991 « Valparaiso »
7 février 2012 Mort à Ovalle (Chili)
énormément son sens de la composition et
de la poésie », a-t-il dit. Le poète Pablo Neruda l’admirait. L’écrivain argentin Jorge Luis
Borges était son ami. John Szarkowski, le
puissant directeur du département de la
photographie du Musée d’art moderne de
New-York, lui a acheté des tirages dans les
années 1960. Nombre de photographes le
louangent, tel Josef Koudelka ou Martin
Parr, qui a accroché une de ses photos dans
sa maison de Bristol.
Oublié ? Sa carrière est brève, car Sergio
Larrain s’est retiré du monde dès la fin des
années 1960. Puis il s’est installé en 1979 à
Tulahuen, village accroché aux contreforts
delacordillèredesAndes.Ilestdevenumystique, disait-on, disciple d’Oscar Ichazo, un
gourou péruvien professant le yoga. A ses
collègues de Magnum, Sergio Larrain écrivait pourtant jusqu’à deux fois par semaine, de longues lettres sur « la vérité »,
envoyaitdesdessinsreprésentant untriangle surmonté d’un soleil et demandait
qu’ils soient affichés dans l’agence.
Sans doute était-il aussi un artiste dont
la pureté du regard était inconciliable avec
les exigences commerciales du métier de
photographe.Dans une lettreau Monde, en
1991, Sergio Larrain expliquait : «Dès que je
me suis mis à travailler comme un photographe, toutes les photos, tous les miracles
utilisés pour produire de l’argent ont commencé à disparaître. »
Cette même année 1991, Arles lui consacrait une exposition, où il n’est pas venu.
Gilles Baudin, correspondant du Monde au
Chili, avait pris rendez-vousavec lui à Ovalle.«Pourmereconnaître, jeporteraiun pullover jaune», avait-il écrit. Il n’est pas venu.
Mais on avait appris qu’il ne vivait pas en
reclus, lisait la presse, était passionné par
les convulsions planétaires, tout en culti-
« Valparaiso ». Photographie de Sergio Larrain prise en 1957 (SERGIO LARRAIN/MAGNUM)
vant son jardin – deux hectares de vigne,
d’arbres fruitiers et de légumes. Et qu’il
continuait à faire des photos, pour le plaisir, et à peindre. « Il peignait extrêmement
bien», se souvenait Cartier-Bresson.
Né en 1931 à Santiago dans une famille
aisée d’origine basque, passionné de musique, Sergio Larrain se découvre une vocation d’agronome en arpentant la propriété
de son grand-père. A 18 ans, il part pour la
Californie,oùils’inscritàl’universitéBerke-
29
ley, département eaux et forêts. Toujours
par courrier au Monde, il expliquait : «Mon
père était architecte. C’est dans sa bibliothèque que je me suis formé, c’est de lui que j’ai
hérité la passion pour les arts visuels. En
1950, en Californie, j’ai acheté mon premier
Leica, et, sans y penser, j’ai appris la technique.» Quand il rentre à Santiago, sans son
diplôme d’ingénieur, il a appris un métier
sur le tas : photographe.
En1953,ilexpose àSantiago ses portraits
Comme sur un navire qui tangue
Sergio Larrain photographie en noir et
blanc, dans la rue surtout. Il découpe la
lumière de telle façon qu’il donne l’impression que les jours sont plongés dans la nuit.
Lesgenssontcommedesapparitionsfantomatiques. Il prend des libertés rares pour
embarquerlespectateurdansdescompositions audacieuses et virtuoses, charnelles
et bousculées, comme si on se trouvait sur
un navire qui tangue : plongées, contreplongées, perspectives profondes, flous au
premier plan, découpe violente de la
lumière…Iln’hésitepasàplaquersonappareil au sol, comme il le fait en Italie en 1959,
à jeter l’appareil sur les visages d’adolescents, à accompagner le mouvement chaloupé de gamins.
Fait rare, Sergio Larrain est plus à l’aise
avec le cadrage vertical qu’horizontal,
développant des lignes de fuite infinies,
notamment dans les encastrements de
plans abrupts de Valparaiso. Une de ses
photos les plus célèbres, d’esprit surréaliste, montre deux petites filles qui descendent un escalier : « La première photo
magique qui se présenta à moi. » Il ajoutait : « La grâce se manifeste lorsqu’on est
libre comme un enfant dans sa première
découverte de la réalité. » Il a grandi, vite,
et il a perdu la grâce. p
e ne suis pas du tout la bonne fille que
l’on croit. Ni patiente ni indulgente, plutôt teigneuse », avait-elle écrit en
ouverture de son autobiographie Les
Mémoires de Sophie (éd. de Fallois, 2002).
La comédienne Sophie Desmarets est
morte, lundi 13 février à Paris, à l’âge de
89 ans. Au théâtre, elle avait joué dans les
pièces de Barillet et Grédy, Fleur de cactus
et Peau de vache, et par ces rôles, beau-
7 avril 1922 Naissance à Paris
1941 Entrée au Conservatoire
1961 « La Famille Fenouillard »
1964 Création de « Fleur de cactus »
13 février 2012 Mort à Paris
coup fait rire, au point de les reprendre
régulièrement entre 1964 et 1987.
Née le 7 avril 1922 à Paris, la fille de
Bob Desmarets, directeur du Vél’ d’Hiv,
est pensionnaire en Suisse puis l’élève, à
l’âge de 16 ans, de Louis Jouvet au Conservatoire dont, en 1944, elle sort auréolée
du premier prix de comédie moderne.
Dès lors, sa voie est tracée. Ce sera le
théâtre de boulevard dont elle est aprèsguerre l’une des vedettes les plus populaires, avec Jacqueline Maillan.
Elle triomphe dans des pièces d’Armand Salacrou, Roger Vitrac, et des spectacles du tandem à succès formé par Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy. Ses deux
amis lui donnent le rôle de Potiche, que
Catherine Deneuve reprendra au cinéma
en 2010 dans une adaptation de François
Ozon.
Parallèlement, elle mène carrière au
cinéma où elle débute dans Premier rendez-vous, d’Henri Decoin. Après quoi, elle
obtient des petits rôles dans des comédies sans prétention, aux côtés de Jean
Michel Guerrin
En 1960. LIMOT/RUE DES ARCHIVES
Ethnologue, folkloriste, chercheur d’exception
Claude Gaignebet
E
thno-folkloriste à la verve et à l’érudition vertigineuses, Claude Gaignebet
se définissait d’abord comme le fruit
de lectures. Jusqu’à sa mort soudaine en
plein travail – le dimanche 5 février à son
domicile parisien, à 74 ans –, il n’avait cessé
de nourrir son œuvre et son regard sur le
monde. Claude Gaignebet est né le 24 janvier 1938 à Damas (Syrie). Sa mère enseigne
les mathématiques ; son père la métrologie.ElevéauProche-Orient,c’estdèssapetite enfance qu’il découvre in situ, à Beyrouth, à Byblos et à Tyr, la mythologie. Arrivé en France, en Corrèze, à 8 ans, l’enfant
prolongecette exploration grâceà la collection « Contes et légendes» de Nathan. C’est
en région parisienne que s’achève sa scolarité primaire avec des instits qui allaient,
dira-t-il, « du très petit tireur d’oreilles au
très grand éveilleur ». Il en gardera un goût
immodérédela lecture etun dégoût tenace
pour la grammaire et l’arithmétique.
Après un baccalauréat sciences naturelles, le jeune Gaignebet s’accorde une année
en roue libre aux Etats-Unis. Mais son idée
de vivre dans une cabane de rondins, comme le poète Henry David Thoreau, fait place à un retour en France, pour des études
parisiennesqui,audépart,patinent.Lespistes amorcées dans les sciences physiques,
chimiqueset naturelles,puis dans la médecine préparée deux ans durant, tournent
court, forgeant sa conviction que sa voie
24 janvier 1938 Naissance à Damas
(Syrie)
2007 Publication de « Lettre à Julien
sur Rabelais »
5 février 2012 Mort à Paris
En 2009. CARLOS GONZALES SANZ
est autre. Cap sur les lettres. En quelques
années, trois licences (psychologie, ethnologie, sociologie). Et des maîtres d’exception en sociologie comme en anthropologie : Roger Bastide, André Leroi-Gourhan,
GeorgesGurvitch,ClaudeLévi-Strauss,PierreBourdieu…Devenu documentaliste, Gaignebet fréquente la Bibliothèque nationale où, ivre de savoirs, il va de dictionnaires
en glossaires, de la Réserve aux Estampes
ou aux Manuscrits. Parallèlement, il prend
pension chez le grand orientaliste Maxime
Rodinson, rue Vaneau.
Vient l’heure de choisir un sujet de thèse. Gagné à l’ethnopsychiatrie, Claude Gai-
gnebet opte pour « Le Folklore obscène des
enfants » sous la direction de Bastide. Jacques Lacan et Georges-Henri Rivière sont
au jury. Le travail, d’une écriture étonnamment vivante, est édité en 1974 chez Maisonneuve & Larose (rééd. 2002). Malgré –
ouenraison ? – de cecoup d’éclat,ses candidatures échouent au CNRS, aux Arts et traditions populaires. Et s’il multiplie les
publications dans les revues savantes, il a
du mal à subvenir aux besoins d’une
famille – trois enfants qu’il a eus de son
épouse Wanda, fille du poète polonais
Julian Przybos. Chargé de cours dans diverses universités à Paris et à Strasbourg, il formeà la mythologieettravailleaussi pour la
radio, compagnon de route du producteur
Claude Mettra aux Chemins de la connaissance (France Culture). Dans son stimulant
Carnaval (Payot), Gaignebet explore l’une
des liturgies populaires les plus riches et
les moins comprises. En un temps où les
chaires de folklore n’existent pas en France,celan’aidepasà obtenirlareconnaissan-
ce universitaire méritée. Il obtient finalementen1984àNiceunmagistèredeprofesseur qu’il exerce jusqu’en 2002. Mais sa
grande affaire devient Rabelais. En témoignent A plus hault sens, sa thèse sur L’Esotérisme spirituel et charnel de Rabelais, plus
de deux décennies avant sa lumineuse Lettre à Julien sur Rabelais : Le Tiers Livre et le
jeu de l’oie (2007) puis La Dégelée Rabelais
(2009).
Sa connaissance intime du père de Gargantua, sa profonde empathie pour la philosophie de vie du médecin-conteur l’amènentà cosignerle scénario du beau téléfilm
deHervéBaslé,LaTrèsExcellenteet Divertissante vie de François Rabelais, proposée sur
France 2 en juillet 2011. Un mois plus tard
les habitués des Rencontres d’Aubrac
retrouvaient comme chaque été depuis
2005 le folkloriste. Sur ces terres où transitent la foi et l’aventure, tous s’émerveillaient de l’art de Gaignebet, de sa faconde, de sa science inépuisable et de son
humour qui en faisaient un orateur d’exception.
Salué par Jean Baumgarten pour avoir
« courageusement défendu des disciplines
actuellement trop en déshérence, en les portant à leur point d’excellence», Claude Gaignebet reste un exemple dans un monde
universitaire étriqué où les individualités
hors pair n’ont guère de place. p
Philippe-Jean Catinchi
Poiret, Michel Serrault ou Francis Blanche.
Au total, une cinquantaine de films
parmi lesquels Rocambole (1947), Si Paris
nous était conté (1955), Miss catastrophe
(1956), Les trois font la paire (1957), Madame et son auto (1958), Drôles de phénomènes (1959), La Famille Fenouillard (1960),
et plus récemment Fantôme avec chauffeur (1996).
Sa dernière apparition sera dans Fallait pas !… (1996), de Gérard Jugnot, où
elle campe la mère de Michèle Laroque.
Elle ne boude pas non plus le petit écran.
Sous la direction de Claude Barma, elle
est Madame Sans-Gêne (1963) et Hélène
ou la joie de vivre (1967).
Sa gaîté et sa nature cabotine font d’elle une bonne cliente de la télévision. Elle
participe souvent aux émissions de Maritie et Gilbert Carpentier (« Les Grands
Enfants », « Numéro 1 ») et les « Grosses
Têtes », de Philippe Bouvard sur RTL.
« J’aime faire rire et rire moi-même. La gaîté est le plus précieux des biens de ce monde », confiait-elle dans ses mémoires. Elle
y révélait le trac qui l’étreignait avant de
monter sur scène et ses crises de dépression.
En secondes noces, Sophie Desmarets
avait épousé, en 1949, l’écrivain et journaliste du Monde Jean de Baroncelli. Ce
mariage lui conféra le titre de marquise.
Mère de deux filles, l’interprète de Feydeau et de Labiche s’était retirée de la scène au début des années 1990. p
Macha Séry
n Sur Lemonde.fr
Laurent Perrin, réalisateur, par Thomas Sotinel.
Luis Alberto Spinetta, figure mythique du rock
argentin, par Christine Legrand.
30
météo & jeux
< -10°
-5 à 0°
-10 à -5°
0 à 5°
5 à 10°
10 à 15°
15 à 20°
20 à 25°
25 à 30°
30 à 35°
Lille
Reykjavik
4 7
55 km/h
6 9
55 km/h
Amiens
3 7
3 8
Brest
Metz
4 8
4 8
1 4
4 9
1
Orléans
3
8
1035
Poitiers
H
1 7
0 3
0 5
D
-9 -3
Barcelone
Barcelone
Lyon
0 9
Séville
A
4 10
Montpellier
0 6
Nice
Marseille
3 10
2 10
1 10
Aujourd’hui
Jeudi
Les nuages l'emporteront sur la majeure
4
partie du pays, excepté en Méditerranée
où le soleil restera présent mais avec
mistral et tramontane qui souffleront
5
violemment l'après-midi et le soir.
Ailleurs, un temps très chargé dominera
donc, accompagné de précipitations,
surtout sur le Nord-Est. La limite pluie
1
neige remontera au dessus des 400m sur
les reliefs de l'Est en journée et le
mercure grimpera encore légèrement...
Jours suivants
Vendredi Samedi
Ajaccio
90 km/h
-2 10
Lever 02h51
Coucher 11h34
Lever 07h59
Coucher 18h09
55/62
D
4 8
10
5 9
9
0 4
1
Beyrouth
Rabat
Tripoli
Tripoli
Dépression
1020
Front chaud
Front froid
Occlusion
Thalweg
En Europe
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
Saint Claude
Coeff. de marée
Anticyclone
Athènes
Tunis
Tunis
Alger
Jérusalem
Le Caire
Pologne Abondantes chutes de neige sur le pays !
Perpignan
3 9
D
Istanbul
Ankara
1025
-3 3
Toulouse
1005
Bucarest
Lisbonne
Lisbonne
Grenoble
Biarritz
Odessa
Sofia
Rome
Madrid
0 4
Bordeaux
25 km/h
1005
Zagreb
1010
Belgrade
Milan
Chamonix
Kiev
1000
Budapest
Berne
0 5
1025
990
995
Munich Vienne
Paris
A
-1 4
Dijon
Clermont-Ferrand
Limoges
Londres
Besançon
4 9
45 km/h
4
Moscou
Copenhague
980 Minsk
Amsterdam Berlin
985
Varsovie
Prague
Bruxelles
Dublin
Strasbourg
05
St-Pétersbourg
Riga
D
Edimbourg
10
Helsinki
Oslo
Stockholm
1040
Rennes
Nantes
Mailles extraterrestres
1010
1015
1020
1025
1035
3 7
PARIS
Caen
1005
1030
Châlonsen-champagne
Rouen
7 10
www.meteonews.fr
4
9
2
6
3 6
4 13
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Bucarest
Budapest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
averseséparses
5
beautemps
4
beautemps
6
giboulées
-15
enpartieensoleillé 1
neigesoutenue
-2
pluiemodérée
4
éclaircies
-15
neigesoutenue -8
pluieetneige
1
éclaircies
8
enpartieensoleillé 6
-5
faibleneige
2
pluieetneige
-12
nuagesbas
8
averseséparses
5
beautemps
-9
éclaircies
5
éclaircies
1
faiblepluie
-2
assezensoleillé
-9
faibleneige
11
assezensoleillé
1
beautemps
-2
giboulées
7
pluiemodérée
6
10
13
0
3
1
6
-6
1
2
10
11
-3
3
-7
12
14
2
9
4
10
-1
19
3
0
7
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
-8 -6
giboulées
enpartieensoleillé -1 6
enpartieensoleillé -18 0
-3 0
faibleneige
-7 -4
nuageux
2 7
averseséparses
-10 -1
neigesoutenue
-3 2
faibleneige
-8 -6
cielcouvert
-12 2
nuageux
Dans le monde
Alger
5
averseséparses
Amman
9
nuageux
Bangkok
26
assezensoleillé
Beyrouth
17
averseséparses
Brasilia
éclairciespuisorageux17
Buenos Aires assezensoleillé
20
Dakar
enpartieensoleillé 20
Djakarta
25
averseséparses
Dubai
18
assezensoleillé
Hongkong éclaircies
20
Jérusalem nuageux
11
Kinshasa
22
éclaircies
Le Caire
15
assezensoleillé
Mexico
12
éclaircies
Montréal
0
pluieetneige
Nairobi
enpartieensoleillé 15
11
16
33
21
24
35
22
31
24
22
15
31
24
19
3
27
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
beautemps
12 23
enpartieensoleillé 1 9
assezensoleillé
-7 4
beautemps
17 28
beautemps
3 14
éclairciespuisorageux
24 30
éclaircies
-4 1
averseséparses 25 33
enpartieensoleillé 20 24
enpartieensoleillé 1 7
averseséparses
5 13
4 11
assezensoleillé
enpartieensoleillé 4 12
enpartieensoleillé 17 18
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
aversesmodérées 23
25
assezensoleillé
25
éclaircies
27
assezensoleillé
22
assezensoleillé
27
ensoleillépuisorageux
Outremer
28
27
27
31
27
31
Météorologue en direct
au 0899 700 703
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
Dimanche
Nord-Ouest
4
9
4
10
7
10
Ile-de-France
4
9
5
9
6
9
Nord-Est
2
5
3
6
3
5
Sud-Ouest
1
9
2
9
2
10
Sud-Est
0
11
-1
12
0
12
CHAQUE MOIS, UNE SÉLECTION
DES MEILLEURS ARTICLES DU MONDE.
POUR VOUS ABONNER : www.lemonde.fr/abolemensuel
Champion l’tricot ! « J’ai remporté le championnat avec le même score
que l’année dernière (235 mailles), il me semble que la seconde était à 221
mailles », écrivait en mars 2011, Colette Cauchy, championne de France
de vitesse de tricot, dans un forum du salon L’Aiguille en fête. Cette
année, cette joute sportive qui consiste à tricoter le maximum de mailles
en 3 minutes « au point mousse sur 60 mailles montées avec des aiguilles
n˚ 4 », a été remportée par Martine Lambert et ses 240 mailles! Un seul
regret, pour ma part, celui que Bob Lennon n’ait pas commenté cette
prouesse. Dans une vidéo intitulée « Epic Tricot Combat », c’est avec un
engouement et un débit à la Thierry Roland qu’il dispense un cours de tricot sur le montage simple des mailles (bit.ly/AphxYv). Gros plan sur les
mains d’une tricoteuse et… «nous sommes ici pour commenter un magnifique match. C’est parti, on enchaîne et ça commence tout de suite. Regardez-moi cette main, cette fine main, cette dextérité absolument incroyable. Elle manie l’aiguille avec talent, une dextérité hors du commun». La
voix s’emballe et Bob Lennon s’égosille déjà : «Regardez-moi cette corde,
regardez-moi cette corde, elle l’enroule autour du doigt (…), la corde est
complètement dominée… » Au paroxysme de l’enthousiasme, il hurle
maintenant un « regardez-moi ça, double prise, double prise, la corde va
perdre ce match face au tricoteur… Triple prise, quadruple prise… »
Pas beau, l’tricot. Le tricot peut être très sport… et très laid aussi. Le Tumblr Brutal Knitting en témoigne (bit.ly/xoaTLV). S’il faut savoir manier
l’aiguille pour réaliser les épouvantables masques de cette galerie, il
faut aussi avoir un penchant pour les extraterrestres à ranger dans la
catégorie « plus hideux, tu meurs ». Quel esprit torve a pu contraindre
des mains de fées à tricoter ces visages de laine aux couleurs criardes,
aux nuées de yeux globuleux et dotés de tentacules boutonneuses ? Il
est temps de contrer l’envahisseur et de remettre la main sur le point
de riz, le mousse et le jersey. Dégainons nos aiguilles ! p
Courriels
Société Maintien du pouvoir d’achat des retraités
Après avoir spécifié que les mesures de réduction du déficit budgétaire
n’étaient pas de sa compétence, le président de la Cour des comptes,
Didier Migaud, a, jeudi 9 février sur France Inter, dérogé à ce sage propos en suggérant de ne pas indexer les retraites sur le coût de la vie. Il
semble ignorer que tous les retraités ne sont pas dans la même situation financière : des retraités ont des enfants à charge qui sont étudiants et d’autres ont un conjoint très dépendant. François Hollande ne
cesse de répéter que les indispensables efforts contributifs seront équitablement répartis. Didier Migaud, lui, semble méconnaître ce juste
objectif. En effet, il existe un impôt sur le revenu qui a le mérite de prendre en compte, à travers un barème, la situation de chaque foyer fiscal.
Plutôt que de pointer du doigt une catégorie de Français aux revenus
très divers, ce haut responsable aurait dû tenir des propos plus
constructifs.
Claude Beauvais, Mazangé (Loir-et-Cher)
Les soirées télé
Les jeux
Mots croisés n˚12-039
Sudoku n˚12-039
Solution du n˚12-038
Mardi 14 février
TF 1
1
2
Mercredi 15 février 2012
C’est tout Net! Marlène Duretz
> 35°
990En Europe
Mercredi 15 février
D
995
12h TU
Frais, perturbé sur l’Est, plus doux à l’Ouest 15.02.2012 1000
1005
Cherbourg
0123
écrans
3
4
5
6
7
8
9
10 1 1 12
6
I
9
II
1
4
3
2
III
7
IV
3
V
9
VI
6
VII
2
VIII
7
IX
X
Horizontalement
I. Bonnes pâtes poitevines.
II. Suivie de très près par les
médias. Conjonction. III. S’oppose
à tout. Fait partie d’un tout.
IV. Hardis mais très souvent
présomptueux. V. Plutôt agréable
de rouler dessus. Explore à pleine
main. Le petit est souvent corsé.
VI. Du genre nunuche. Devoir qui
n’est souvent qu’une
reproduction. VII. Hercule la
libéra de son lion. Point de départ.
VIII. Bien préparées. Roule au
hasard. IX. Personnel. Piégé pour
être dévoré par les gourmets.
X. Remue-méninges pour
préparer une bonne
démonstration.
Solution du n° 12 - 038
Verticalement
1. Avec lui, vous pourrez faire
tapisserie. 2. Travaille le minerai.
Donné avant exécution. 3. Fait
partie d’un ensemble. Maillon de
la chaîne. 4. Deux verres avec elles
pour éviter les dégâts. 5. Article.
Mise à nu. 6. Parménide, Zénon
ou autre philosophe. Donné pour
être suivi. 7. Porteur de liquide
hépatique. Capitale chez les
Suisses. 8. Supprimer. Groupe
social. 9. Espace sacré. Club
phocéen. 10. Source pour La
Fontaine. Pan. 11. Beau chevalier.
Romains. Cran de la ceinture.
12. Réunirent les bords.
Philippe Dupuis
Horizontalement
Verticalement
I. Sauf-conduits. II. Enserre. Noue.
III. Roi. Saké. Lac. IV. Rune. Lance.
V. Erections. Nu. VI. Ferres. Pur.
VII. Aires. Sali. VIII. La. Tréteau.
IX. Ernée. Ovulât. X. Scissiparité.
1. Serre-files. 2. Anoure. Arc.
3. Usinera. Ni. 4. Fe. Ecrites. 5. CRS.
Terres. 6. Oralisée. 7. Nékao. Stop.
8. Enns. Eva. 9. Un. Cs. Saur.
10. Iole. Pauli. 11. Tua. Nul. At.
12. Secouriste.
8
5
9
4
5
6
7
3
3
9
5
1
6
7
8
2
4
6
4
7
8
3
2
9
5
1
7
3
4
6
2
8
5
1
9
5
6
1
7
9
4
2
3
8
8
2
9
5
1
3
7
4
6
9
7
3
4
5
6
1
8
2
1
8
2
3
7
9
4
6
5
4
5
6
2
8
1
3
9
7
4
Complétez toute la
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
seule fois par ligne,
par colonne et par
carré de neuf cases.
5
6
8
Moyen
1
8
1
9
2
7
3
4
2
20.50 Dr House.
Série. On fait quoi maintenant ? Egoïste U (S7,
1 et 2/23, inédit) ; Comme un chef (S6, 2/21) U.
23.15 Enquêtes et révélations.
Magnétiseurs et exorcistes : enquête
sur l’univers des guérisseurs U. Magazine.
0.55 Appels d’urgence (90 min).
20.35 Toussaint Louverture.
Le Combat des aigles. Téléfilm. Philippe Niang.
Avec Jimmy Jean-Louis, Aïssa Maïga [1/2] (2012).
22.15 Infrarouge.
La Résistance [1 et 2/2] : Vivre libre ou mourir U.
Quand il fallait sauver les juifs (2007, 185 min).
FRANCE 3
20.35 Je crois que je l’aime p
Loto
Film Pierre Jolivet. Avec Vincent Lindon, Sandrine
Bonnaire, François Berléand (France, 2007 ).
22.15 et 1.40 Soir 3.
22.35 Ce soir (ou jamais !). Magazine.
Présenté par Frédéric Taddeï (120 min).
9, 22, 23, 24, 36 ; numéro chance : 5.
Rapports :
5 bons numéros et numéro chance : 9 000 000,00 ¤ ;
5 bons numéros : pas de gagnant ;
4 bons numéros : 1 607,70 ¤ ;
3 bons numéros : 10,20 ¤ ;
2 bons numéros : 4,80 ¤.
Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.
Joker : 4 864 578.
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions
datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.
Tous les jours Mots croisés et sudoku.
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;
télécopieur : 01-57-28-21-21
Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;
Par courrier électronique : [email protected]
Médiateur : [email protected]
Abonnements : par téléphone : de France 32-89
(0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.
Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/
Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤
Internet : site d’information: www.lemonde.fr
finances : http://finance.lemonde.fr
Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr
Documentation : http ://archives.lemonde.fr
Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
TF 1
20.50 Grey’s Anatomy.
Série. Guérir, ensemble. Là où on doit être.
S’adapter ou mourir. Seule au monde
(S7, 19 à 22/22, inédit). Avec Ellen Pompeo.
0.05 Nikita. Série. Donnant, donnant.
Noirs secrets (S1, 17 et 18/22, inédit, 90 min) U.
FRANCE 2
FRANCE 2
Réalisé par Yan Georget
Résultats du tirage du lundi 13 février.
Mercredi 15 février
CANAL +
20.35 Toussaint Louverture.
Le Combat des aigles. Téléfilm. Philippe Niang.
Avec Jimmy Jean-Louis. [2/2] (France, 2012).
22.10 Toussaint Louverture,
un combat pour la liberté. Débat.
Invités : Jimmy Jean-Louis, Marcel Dorigny,
Françoise Vergès, Lilian Thuram, Sonia Rolland.
22.50 Secrets de famille. Magazine.
0.40 Des mots de minuit.
Invités : Pierre Joxe, Pierre Guillois, Dorothée
Smith, Benjamin Coriat, Emma Dante... (113 min).
FRANCE 3
20.35 Des racines et des ailes.
Unesco : les 40 ans du Patrimoine mondial.
Présenté par Louis Laforge. Invitée : Irina Bokova.
22.35 et 2.05 Soir 3.
23.05 L’Ombre d’un doute (70 min).
20.45 Football.
Ligue des champions (8es de finale aller) :
Lyon - APOEL Nicosie (Chypre). En direct.
22.35 Les autres rencontres de la soirée.
23.15 The People vs George Lucas p
Film Alexandre O. Philippe (EU - GB, 2010, v.o.).
0.45 Libre échange Film Serge Gisquière.
Avec Carole Bouquet (France, 2010, 80 min) U.
ARTE
CANAL +
20.45 Football.
Ligue des champions (8es de finale aller) ;
Milan AC (It.) - Arsenal (GB). En direct.
22.50 Sans identité
Film Jaume Collet-Serra. Avec Liam Neeson,
Diane Kruger, January Jones (coprod., 2011) U.
0.40 Faites le mur ! ppp
Film Banksy (GB - EU, 2010, v.o., 85 min).
20.34 Thema - Françallemagne :
un destin, deux mondes.
Françallemagne : un destin, deux mondes.
Présenté par Emilie Aubry et Andrea Fies.
22.10 Le Dessous des cartes.
MSF : des actes à la parole. Magazine.
22.25 WikiLeaks. Secrets et mensonges.
Documentaire. Patrick Forbes (2012).
23.50 Uranium et gâteau jaune.
Le Mythe de l’énergie propre (2010, 105 min).
ARTE
20.35 A propos d’Elly pp
Film Asghar Farhadi. Avec Golshifteh Farahani,
Taraneh Alidoosti (Iran, 2009, v.o.).
22.30 L’Usine à rêves socialiste.
Le Cinéma soviétique de l’entre-deux-guerres.
23.30 Octobre ppp
Film Sergei M. Eisenstein et Grigori Alexandrov.
Avec Vassili Nikandrov (1927, muet, N., 120 min).
M6
20.50 Million Dollar Baby pp p
Film Clint Eastwood. Avec Clint Eastwood, Hilary
Swank, Morgan Freeman (Etats-Unis, 2004) U.
23.10 Harcelés Film Neil LaBute. Avec
Samuel L. Jackson (EU, 2008, 125 min) U.
M6
20.50 Maison à vendre. Magazine.
0.00 C’est du propre !
Philippe et Angèle : une maison de famille
qui a tout d’un squat (55 min).
0123
carnet
Mercredi 15 février 2012
! "#
$! % &% ' /""
(
)!!!* !!
!!* !*
+,!- . //
012!* !*
! !!* !!
12!* 3
! . //
/42!! . //
Benjamin et Christopher Swaim,
ses fils,
Camille Maury,
sa belle-fille,
Raphaël et Pierre Swaim,
ses petits-enfants,
Sophie de Montety,
sa pupille,
Ses frères et soeurs,
Ses nièces et neveux,
ont la tristesse d’annoncer la mort de
Odile des MAZERY - SWAIM,
survenue mercredi 8 février 2012,
des suites d’un cancer.
L’enterrement aura lieu vendredi
17 février, à 12 h 30, au cimetière de
Férrières-en-Gâtinais (Loiret), 60, rue
des fossés prolongée (D96).
Anne Bellanger,
son épouse,
Joseph et Harry,
ses enfants,
Gardner et Patrice Bellanger,
ses parents,
Vanessa et Antoine Bellanger-Rauffet
sa sœur et son beau-frère,
Louis, Augustin, Helie,
ses neveux,
/""
-!*&( $&!) . (!$
/ 0 12 12 12
AU CARNET DU «MONDE»
Anniversaire de naissance
*"
Le 15 février 1992, naissait,
pour la plus grande joie de ses parents,
un magnifique bébé aux belles joues
orangées.
Aujourd’hui,
tes grands-parents,
Emma,
ta maman,
et tous ceux qui t’aiment te souhaitent un
très bel anniversaire.
David Coleman BELLANGER,
survenu le 7 février 2012, à Paris,
à l’âge de quarante-deux ans
Cet avis tient lieu de faire-part.
Les personnels CFE-CGC
de la Mutuelle générale de l’Éducation
nationale,
ont la tristesse de faire part du décès,
survenu la nuit du 8 au 9 février, de
Michèle BROUWER,
militante syndicale,
qui a porté de façon exceptionnelle
l’engagement syndical et les valeurs de
l’amitié.
Ils adressent à sa famille leurs plus
sincères condoléances.
Édith D’Hondt,
son épouse,
Sa famille,
Ses amis,
ont la tristesse de faire part du décès de
La vie est un merveilleux cadeau,
remplie de douces surprises.
*"
Et si parfois sur ton chemin,
tu rencontres quelques ennuis, sois forte,
combative et juste.
Que les désirs chers à ton cœur
se réalisent, et que ce jour et les suivants
se composent de petits et grands bonheurs !
Aujourd’hui tu as 20 ans.
On t’aime fort !
Décès
La famille Ballet,
a la grande tristesse de faire part du décès
de
!"#$%
&'( )"
*+ ,-. "#
('&
'
#%
('&
''(&
Bernard Bourgeois,
président d’honneur,
Didier Deleule,
président,
Le bureau
de la Société française de philosophie,
ont la tristesse de faire part du décès de
Jacques D’HONDT,
Jacqueline BALLET,
professeur émérite
des Universités (philosophie),
fondateur et directeur du centre de
recherche Hegel et Marx de Poitiers,
président de la Société française de
philosophie (1982-1991),
président de l’association des Sociétés
de philosophie de langue française
(1988-1996),
L’inhumation aura lieu au cimetière
du Père-Lachaise, le jeudi 16 février,
à 14 heures, rendez-vous, 7, boulevard
de Ménilmontant, Paris 11e.
Marion !
Jacques D’HONDT,
survenu à Paris le 10 février 2012.
Joyeux anniversaire,
survenu le 11 février 2012.
président de la Société française
de philosophie (1982-1991),
survenu à Paris, le 10 février 2012.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le mercredi 15 février, à 14 h 30, en
l’église Saint-Honoré-d’Eylau, Paris 16e.
On se réunira au cimetière du PèreLachaise, 7, boulevard de Ménilmontant,
Paris 11e, le jeudi 16 février, à 14 heures.
Bernard et Ningnong Blum,
Françoise Blum,
Béatrice et Christian Bouma,
ses enfants,
Emilie, Stéphane, Samantha, Matthieu
et Louis,
ses petits-enfants,
Janine Pierre-Kahn,
sa sœur,
Marie-Thérèse Doineau,
son épouse,
Marie-Frédérique, Christophe, Jean,
Charles et Marie-Elisabeth,
ses enfants,
Catherine, Marie-Claude,
Marie-Noëlle,
ses belles-filles,
Céline et Brice, David, Romain,
Samuel, Lucie, Yann, Laure, Octave,
Raphaëlle, Agathe, Benoît et Thibault,
ses petits-enfants
Et toute la famille,
ont la tristesse de faire part du décès de
M. René BLUM,
survenu le samedi 4 février 2012.
Les obsèques ont eu lieu le lundi
13 février, au cimetière ancien de Neuillysur-Seine.
Cet avis tient lieu de faire-part.
ont l’immense tristesse de faire part du
décès accidentel de
Devy ERLIH,
ont la tristesse de faire part du décès du
médecin général
Claude DOINEAU,
ont la tristesse de faire part du décès de
Eric NELSON,
survenu à Paris, le 7 février 2012,
à l’âge de quatre-vingt-trois ans.
Les obsèques auront lieu le vendredi
17 février, à 14 h 15, au crématorium
du cimetière du Père-Lachaise.
Cet avis tient lieu de faire-part.
155, quai de Valmy,
75010 Paris.
Le conseil d’administration,
La direction, l’administration,
Les professeurs et les élèves de
L’École normale de musique de Paris Alfred Cortot,
ont l’immense tristesse de faire part du
décès de
professeur de violon et de musique
de chambre à l’École normale de musique
de Paris depuis 1995,
et présentent leurs sincères condoléances
à sa famille, ses amis et ses élèves.
La cérémonie d’adieu aura lieu
le vendredi 17 février 2012, à 14 h 15,
au crématorium du cimetière du PèreLachaise, Paris 20e.
Christian et Anne Flamant,
Marc Flamant,
Noëlle et Paul Triki,
ses enfants et leurs conjoints,
Nicolas, Eric, Aurélie, Claire, Estelle,
Alexandre et Camille,
ses petits-enfants,
Romain, Léa, Louis, Johan et Leïla,
ses arrière-petits-enfants
Et toute sa famille,
ont la douleur de faire part du décès de
président de la Chambre
d’agriculture de la Guadeloupe,
président honoraire du conseil
d’administration de l’ODEADOM,
membre du conseil d’administration
de l’ODEADOM,
survenu le 10 février 2012.
me
M Liisa Aarnio,
son épouse,
Les familles Courteaud, Grandchamp,
Tartamella,
ses neveux et nièces,
ont la profonde tristesse de faire part du
décès de
M. Claude PERRUCHOT,
professeur émérite de Boston University,
chevalier des Palmes académiques,
survenu le 9 février 2012,
dans sa quatre-vingt-sixième année.
Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité,
au crématorium d’Aix-en-Provence,
le 13 février.
501, chemin des Eyssarettes,
13122 Ventabren.
Mme Marguerite Dollmann,
sa sœur,
Mme Martine Dollmann
et ses enfants,
Mme Michèle Dollmann
et sa fille,
ses nièces, petit-neveu et petites-nièces
Et toute la famille,
ont la tristesse de faire part du rappel à
Dieu de
Mme Madeleine PALLU,
survenu le 11 février 2012,
à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence).
La cérémonie civile sera célébrée
le jeudi 6 février, à 16 heures, au
crématorium de Manosque.
M. Léon FLAMANT,
chevalier de l’ordre national du Mérite,
chevalier de l’ordre du Million
d’Éléphants et du Parasol blanc (Laos),
receveur-percepteur des finances (OM),
survenu subitement le 9 février 2012,
à son domicile, à Saint-Clémentde-Rivière, dans sa quatre-vingtquatorzième année.
Une cérémonie religieuse aura lieu
le mercredi 15 février, à 9 heures,
en l’église de Saint-Clément-de-Rivière
(Hérault).
L’inhumation, auprès de sa femme,
aura lieu le vendredi 17 février,
à 11 h 30, à Saint-Just-en-Chaussée
(Oise).
Wanda, Christine, Élise, Julien,
Constance, Kinga, Martin,
Jean, Charles, Léon, Thérèse, Étienne,
Toute la famille,
ont l’immense douleur de faire part du
décès de
Claude GAIGNEBET,
humaniste érudit, folkloriste, ethnologue,
survenu le 5 février 2012,
jour Sainte-Agathe.
La levée de corps se fera au funérarium,
19 bis, rue Henri Dunant,
à Athis-Mons, le mercredi 15 février,
à 14 h 30.
L’inhumation aura lieu à l’ancien
cimetière de Villeneuve-le-Roi, route
de Choisy, à 15 heures.
« Certaine gaieté d’esprit confite
en mépris des choses fortuites. »
37, quai Pasteur,
94480 Ablon-sur-Seine.
[email protected]
M. Jérôme Lion,
son fils
ainsi que ses filles,
Emmanuelle Gros,
Valentine Lion
et son beau-fils,
Andrea Bozzi,
ont la douleur de faire part du décès de
Mme Jacqueline LION,
née BAUER,
survenu le 10 février 2012,
dans sa quatre-vingt-dix-huitième année.
survenu le 11 février 2012.
Les obsèques seront célébrées
à 14 heures, le jeudi 16 février,
en la chapelle du Val-de-Grâce, Paris 5e.
Gabrielle Nicolas,
présidente du conseil
d’administration de l’Office
de développement de l’économie agricole
d’Outre-Mer (ODEADOM),
Isabelle Chmitelin,
directrice de l’ODEADOM,
Le conseil d’administration
Et l’ensemble du personnel,
violoniste,
M. Devy ERLIH,
ont la tristesse de faire part du décès de
5
! 6 ! !
! ! .
7 !"# $ %&'() *+(+)
, Christine Jolivet-Erlih,
son épouse,
Charlotte, Elisabeth et Erika,
ses filles
Et toute sa famille,
Les obsèques religieuses auront lieu
le mercredi 15 février, à 12 heures,
au cimetière du Montparnasse,
3, boulevard Edgar Quinet, à Paris 14e.
Michèle de La Rochefoucauld,
Nicole Chapuis,
ses filles,
Sophie et Jorge, Claire et Olivier,
Anne et Christophe,
ses petits-enfants,
Ana, Suzanne, Valentin, Simon,
ses arrière-petits-enfants,
ont la douleur de faire part du décès de
Rachel PODROZNIK,
survenu le 11 février 2012,
à l’âge de quatre-vingt-quinze ans.
Et rappellent le souvenir de son époux,
Charles PODROZNIK,
décédé le 10 août 1989.
L’inhumation aura lieu le mardi
14 février, à 15 heures, au cimetière de
Bagneux (Hauts-de-Seine).
Geneviève Robert,
son épouse,
Anne-Françoise, Marie-Elisabeth,
Chantal, Catherine, Dominique,
François, Claude
ses enfants et leurs conjoints,
Françoise, Jean-Denis, Bénédicte,
Stéphanie, Clémentine, Damien,
Géraldine, Xavier, Benjamine, Alexis,
Paul, Antonin, Eve, Justin,
ses petits-enfants et leurs conjoints,
Loïc, Liloo, Stephen, Clément, Laura,
Félix, Chloé, Lucken, Anaïs, Clothilde,
Tristan, Marion, Charlotte, Amélie,
Nolhan,
ses arrière-petits-enfants,
Toute sa famille,
ont la tristesse de faire part du décès,
survenu le 11 février 2012, de
André ROBERT,
né le 24 avril 1922,
directeur honoraire
de la Banque de France,
ancien réfractaire.
Il a rejoint la maman de ses sept
enfants,
Denise ROBERT,
née BLEYON,
décédée le 29 août 1972.
La cérémonie aura lieu le vendredi
17 février, à 16 heures, en l’église NotreDame des Chênes, à Grasse.
Les Concerts de Valmalète,
ont la douleur de faire part du décès de
Ulla SULZBERGER,
survenu le 8 février 2012.
Une messe sera dite pour elle
le mercredi 15 février, à 10 h 30,
en la basilique Sainte-Clotilde, Paris 7e.
Cet avis tient lieu de faire-part.
31
Pascale Hanoka-Boulard,
sa fille,
Sébastien Kito et Laurent Onteniente,
ses fils et leurs conjoints,
Ses petits-enfants,
André Tabaret-Louvat,
son frère,
Odette,
sa belle-sœur,
Leurs enfants,
Sa famille et tous ses amis,
ont la grande tristesse de faire part du
décès de
Denise TABARET-LOUVAT,
dite Kito,
figure de Montparnasse,
survenu le 11 février 2012,
à l’âge de quatre-vingts ans.
On se réunira le jeudi 16 février,
à 14 h 15, au cimetière du Montparnasse,
3, boulevard Edgar Quinet, Paris 14e.
Philippe, Alain, Cécile,
ses enfants
Et Sylvie,
ont la tristesse de faire part du décès de
Mariette TRUFFAULT,
née COURCIÉRAS,
survenu le 8 février 2012,
dans sa quatre-vingt-sixième année.
Nous lui dirons au revoir le vendredi
17 février, à 14 h 30, en l’église
Saint-Léon, 1, place du Cardinal Amette,
à Paris 15e.
Elle sera inhumée au cimetière sud,
rue de la Coussaye, à Enghien-les-Bains
(Val-d’Oise), le même jour, à 16 h 30.
Philippe, Alain, Cécile Truffault,
8, rue Villebois-Mareuil,
95880 Enghien-les-Bains.
Tél. : 01 34 12 12 12.
[email protected]
La Péniche des Restos du Cœur,
Ses salariés,
Ses 180 bénévoles,
ont la douleur de faire part du décès de son
directeur,
Falakiko TUHIMUTU,
survenu le 13 février 2012.
Tania de Oliveira,
sa fille,
Geraldo de Oliveira
Gilles Viénot,
son père,
Et toute sa famille,
font part du décès de
Martine VIÉNOT,
survenu le 10 février 2012.
Une cérémonie religieuse sera célébrée
le jeudi 16 février, à 11 heures, en l’église
Sainte-Geneviève d’Asnières, suivie de
l’incinération à 13 h 30, au crématorium
des Joncherolles, 95, rue Marcel Sembat,
Villetaneuse (Seine-Saint-Denis).
Communications diverses
Centre communautaire de Paris :
Débats - mercredi 15 février 2012,
à 19 h 30 - La démocratie en terre d’Islam :
aspiration ou illusion avec Alexandre
Adler et Martine Gozlan
Tél. : 01 53 20 52 52.
www.centrecomparis.com (PAF).
10e Forum mondial
du développement durable
« Instabilité, Précarité,
Remondialisation »
De la Méditérranée à la Chine,
l’émergence d’un nouveau monde.
Les jeudi 23 février 2012,
de 13 heures à 18 heures,
et vendredi 24 février,
de 8 h 30 à 18 heures,
à l’amphithéâtre des Vallières
de l’Ecole militaire de Paris,
1 place Joffre, Paris 7e
(métro Ecole militaire).
Intervenants confirmés:
S. Abdullahi ; K. Aboudiab ; Y. Amrani ;
M.-F. Baslez ; A. Benantar ;
F. Ben Brahim ; J. Bergougnoux ;
F. Boulot ; P.-F. Chevet ; J. Decaillon ;
M. Derdevet ; S. Dounia ;
Amiral J. Dufourcq ; B. Gallet ;
S. Gompertz ; L. J. Gregoire ; D. Hamon ;
N. Hitti ; P. Hugon ; C. Josselin ;
C. Jouanno ; C. Lievens ; E. H. Malet ;
J.-B. Mattei ; A. Mebtoul ; P. Meunier ;
S. Michailof ; E. Molinié ; J.-J. Moreau ;
M. Okorny ; J. Percebois ; P. Pintiaux ;
P. Pougnaud ; R. Pourtier ; H. Prévot ;
R. Rancière ; A.-C. Ribadeau-Dumas ;
C. Sari ; B. Saincy ; G. Serre ;
D. Simonneau ; A. Vallée ; B. Villeneuve;
P. Widloecher ; M. Zaoui.
Revue Passages et ADAPes,
entrée libre et inscriptions obligatoire :
[email protected],
[email protected] .
32
0123
0123
Mercredi 15 février 2012
Le coupeur de roses
de jadis et de demain
Lettre de la City
Marc Roche
O
livier Cadic est une sorte de comète. Le Rastignac a connu une éphémère célébrité en 1996 lorsque,
jeune homme, il eut l’idée de créer une
association à consonance gaullienne,
La France libre d’entreprendre, dont le
but était d’aider les patrons et cadres
français désireux de s’installer outreManche. Ces jeunes loups affirmaient
fuir le poids exorbitant de l’impôt et les
contraintes administratives étouffantes
de la mère patrie. L’organisation s’était
toutefois sabordée en 2003, faute de combattants.
En 2012, à l’approche de l’élection présidentielle et de la possible victoire de
François Hollande, Olivier Cadic recouvre la célébrité en remettant sur le tapis
la même affaire, la même conviction
dans le plaidoyer et les mêmes formules
à l’emporte-pièce : si la gauche devait
l’emporter, hauts revenus et entrepreneurs prendront la direction de l’Angleterre avec armes et bagages. Vingt ans
après, une même épopée de mousquetaire…
A lire l’interview accordée par Olivier
Cadic au quotidien conservateur
The Times, l’affaire est entendue comme
les hirondelles font le printemps : « Nous
recevons de plus en plus de demandes
liées à un sentiment d’insécurité provoqué par une atmosphère d’incertitude fiscale. »
D’ailleurs, le conseiller élu pour la circonscription du Royaume-Uni de l’Assemblée des Français de l’étranger a créé
une cellule spéciale « corporate » pour
aider les fugitifs. « Nous travaillons en
totale symbiose avec l’ambassade », dit-il.
Bien sûr, la représentation de la France
auprès de la Cour de Saint-James, peu
C’est tout vu ! | Chronique télé
par Isabelle Talès
Au théâtre (afghan)
ce soir
O
n s’habitue à tout. Même à
la guerre, et surtout aux
images de la guerre. Depuis
plus de dix ans, les reportages
« embedded » en Afghanistan se
sont multipliés à la télévision,
créant à la fois une esthétique et
un imaginaire. C’est si vrai que le
théâtre des opérations afghan a
fini par inspirer une comédie,
« Kaboul Kitchen », diffusée lundi
13 février sur Canal+.
La série repose sur l’exploitation
habile des stéréotypes que le
conflit a fini par installer. L’humanitaire idéaliste, le barbu sourcilleux, le colonel corrompu entourent un archétype bien de chez
nous, le bistrotier aussi franchouillard que débrouillard. A peine un petit rappel des faits dans le
générique – le 11-Septembre, George W.Bush, Ben Laden, les talibans… –, et nous voilà dans la cuisine de Jacky (Gilbert Melki), au cœur
de Kaboul, à deux pas de la guerre.
Mais comme on s’assiérait au bar
de «Plus belle la vie » ou dans un
canapé de « Scènes de ménage».
Les appels du muezzin, le vrombissement des hélicoptères, la charia,
les mafias… Tout nous est familier
au point de pouvoir en rire.
Quand les portes de la «Kaboul
Kitchen» se referment, on peut
encore pousser celles du « Kandahar Saloon ». Cette fois, ce n’est
plus de la comédie, mais un nouveau reportage embedded sur «la
faillite de la guerre high-tech», réalisé auprès de l’armée américaine
par Patrick Forestier et Patrick
Chauvel pour le magazine «Spécial
Investigation» de Canal+. A la base
de Kandahar, bout d’Amérique en
territoire ennemi, les soldats
retrouvent les fast-foods et la télévision comme au pays. Comme dans
un western aussi, ou un jeu vidéo.
Il y a toujours un peu de tout cela
quand l’US Army laisse entrevoir à
la fois sa puissance de feu et son
impuissance de fait. Il nous semble
d’ailleurs avoir déjà vu ces imageslà: la lumière verte des caméras à
vision nocturne, l’écran de contrôle noir et blanc d’un drone…
Côté western (et même western
spaghetti), voilà le lieutenant-colonel Paganini, à qui le commandement d’un escadron de cavalerie
donne le droit de porter le chapeau
des tuniques bleues, et voici des
photos de chefs talibans recherchés «morts ou vifs ». Pour le jeu
vidéo, on écoute une énième histoire de missile déclenché à
12000km de là par un geste comparable à la manipulation d’un
Tout nous est familier
au point de pouvoir
en rire
joystick. On a aussi droit à une
patrouille dans un village où le
moindre mouvement, chaque
bruit sont devenus suspects. En l’occurrence un villageois qui remplit
son devoir d’hospitalité – il offre
du thé – et un chien qui accomplit
son boulot de chien – il aboie.
Des reporters embedded, une
armée empêtrée, et nous, bien
embêtée. A-t-on le droit de se lasser des images du conflit afghan?
Lundi soir, on a aussi croisé à Kandahar quelqu’un qui n’aurait
jamais dû s’y trouver: une Canadienne dont le fils est mort en
Afghanistan en 2008. Elle est
venue travailler dans un restaurant de la base pour «être plus
près » de lui, ou en tout cas de sa
photo sur une stèle. Et loin des clichés, du western, des jeux vidéo. p
A ne pas manquer sur 0123.fr
Eclairage Se battre contre le gaspillage alimentaire
En Grande-Bretagne, les supermarchés misent sur de nouveaux étiquetages pour inciter les consommateurs à avoir le réflexe congélation, plutôt
que de jeter des aliments injustement jugés impropres à la consommation. Si le problème du gaspillage des aliments est particulièrement alarmant outre-Manche, il concerne plus largement l’Europe et l’Amérique
du Nord, comme en témoignent les chiffres de l’Organisation des
Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Du producteur
au consommateur, les responsabilités sont partagées. Comment éviter
ce grand gâchis ? www.lemonde.fr/planete/
pTirage du Monde daté mardi 14 février 2012 : 359 861 exemplaires.
123
réputée pour son goût de la fantaisie,
affirme tout ignorer d’une telle aide logistique apportée à la future immigration
dorée.
La France roulerait donc à gauche, et le
Times assure la police de la route. Proche
de la majorité présidentielle, Cadic s’attend à une première vague d’arrivées à la
rentrée 2012 à l’issue de la promulgation
des mesures fiscales du gouvernement
de gauche, puis à un second afflux, encore plus important, à l’automne 2013, lorsque les hausses d’impôts se feront vraiment sentir.
D’ailleurs, une armée d’avocats, de fiscalistes et d’agents immobiliers est déjà
mobilisée pour aider les candidats à la
cavale à élire domicile dans un pays qui
les accueillera les bras ouverts. Ce havre
de paix fiscale, qui multiplie les détaxations et exemptions de tous ordres au
profit des entrepreneurs et des cadres
supérieurs, est un vrai bastion du libéralisme économique. La stabilité politique
est assurée par un gouvernement de centre droit jusqu’à au moins 2015, la date
butoir des prochaines élections générales.
Nous voilà revenus aux temps des émigrés de Coblence ! Les éructations passées et présentes du « coupeur de roses »
n’impressionnent guère Axelle Lemaire,
présidente de la section PS de Londres.
« Les patrons français font de plus en plus
confiance à François Hollande pour créer
l’environnement qui sera favorable au
retour de l’investissement dans les PME. »
Algarades franco-franchouillardes à
l’approche de l’élection présidentielle ?
Pas seulement. Chercheurs à l’université
du Middlesex, Joe Mulholland et Louise
Ryan ont soulevé le béret des Français de
la City pour découvrir quel plat pouvait
bien mijoter. Deux groupes ont été disséqués : les expatriés envoyés par leur
employeur dans le cadre d’un plan de carrière à l’international et les migrants économiques diplômés venus tenter leur
chance dans la haute finance.
Une armée d’avocats,
de fiscalistes et d’agents
immobiliers est déjà
mobilisée pour aider
les candidats à la cavale
à élire domicile dans
unpays qui les accueillera
à bras ouverts
A en croire Joe Mulholland, « aux yeux
des personnes que nous avons interrogées
à Londres, la méritocratie l’emporte sur
les études supérieures, l’avenir sur le passé, la flexibilité du marché du travail sur
les archaïsmes prévalant en France ». A
cela s’ajoutent un sentiment de liberté,
l’importance de la langue anglaise et une
ville plus cosmopolite que Paris. Talent
rimant aussi avec argent, les nouveaux
venus pensent qu’en cas de succès ils peu-
vent gagner dix, vingt, cent fois plus que
dans l’Hexagone.
Selon l’Institut britannique de statistiques, en 2010, la communauté française
au Royaume-Uni était forte de
111 000 âmes, contre 38 000 en 2001. Pour
sa part, le consulat estime ce nombre à
350 000, ce qui place la capitale britannique au rang d’une ville comme Toulouse.
Ces chiffres en tout cas trottent dans
la tête du maire conservateur de Londres,
Boris Johnson, soumis à réélection début
mai. Pétillant comme le champagne, l’édile, dans son exubérance coutumière, a
lancé un appel direct aux « Frenchies »
pour les attirer dans la City : « Bienvenue
à Londres, capitale de la finance, à votre
porte. Si votre président ne veut pas les
emplois, les opportunités et la croissance
économique que vous apportez, nous les
voulons. »
Cet homme intuitif à la mèche blonde
rebelle renvoie Nicolas Sarkozy et François Hollande dos à dos. Le premier, qui
était venu en 2007 au Billingsgate Market « saluer » le capitalisme, est partisan
aujourd’hui d’une taxe sur les transactions financières. Quant au second, il
rend les seigneurs de l’argent responsables des difficultés économiques de la
France. Le candidat socialiste a d’ailleurs
décidé de « snober » la première place
financière mondiale lors de son déplacement, le 22 février, à Londres. La punition
est sévère. p
[email protected]

Documents pareils