L`appelau«peuple», credoducandidatSarkozy
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L`appelau«peuple», credoducandidatSarkozy
Cinéma « La Désintégration », chronique réussie de l’islam en banlieue Critiques pages 25 à 27 Mercredi 15 février 2012 - 68e année - N˚20861 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz L’appel au «peuple», credo du candidat Sarkozy La leçon de Bill Clinton t Extraits exclusifs de son livre Page 24 t Un entretien télévisé mercredi soir et un grand meeting à Annecy, peut-être un livre «intime » en mars: c’est le dispositif retenu par une équipe Sarkozy en proie au doute t Rebond ou pas ? Historiquement, les présidents sortants ne profitent pas de leur annonce t Moody’s, encensée par M. Sarkozy, émet à son tour des réserves sur la note de la France t Le PS, s’il gagne, hésite à purger le corps préfectoral, très marqué à droite N icolas Sarkozy a fait, dans l’Isère, au chevet de l’entreprise solaire Photowatt en faillite, son dernier déplacement de président. Dès mercredi soir 15 février, celui qui reste très optimiste sera candidat et le fera savoir par une intervention télévisée, probablement sur TF1. « Du peuple, par le peuple, pour le peu- ple », estiment ses proches, qui ont fait de cet extrait de l’article 2 de la Constitution la ligne directrice d’un dispositif qui a pour ambition de retrouver la magie de la conquête de 2007. Cependant, qu’ils se soient déclarés par fax ou à la télévision, en format court comme M. Mitterrand en 1988 ou plus longuement comme M. Giscard d’Estaing en 1981, l’annonce des présidents sortants n’a jamais eu d’impact durable sur les sondages. A moins… à moins qu’il n’y ait une surprise, comme le laisse entendre le chef de l’Etat, sans parvenir à convaincre s’il improvise ou si tout a été soigneusement préparé. p Lire pages 11-12 et 16 Nousseronstousdes e-consommateurs A Homs, la tentation du djihad, par Jonathan Littell et Mani VIE QUOTIDIENNE Scanner avec son téléphone mobile pour régler ses paiements, s’installer face à un écran pour essayer des vêtements sans les toucher, être identifié dès son passage devant une vitrine… Demain, consommer deviendra un jeu d’enfant technologique. Passage en revue d’un futur proche. P. 20-21 a CARNETS DE GUERRE Entrés clandestinement en Syrie, l’écrivain et le photographe racontent les combats quotidiens à Homs. Des insurgés évoquent le recours au « djihad » pour faire tomber le régime d’Assad a DIPLOMATIE Devant l’ONU, la haut-commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay, dénonce des « crimes contre l’humanité ». Mais Vladimir Poutine continue de bloquer les tractations P. 4 et 19 et la tribune de Nora Benkorich p. 23 Deux jugements historiques pour la protection de la santé Laissons aux Grecs un peu d’oxygène UK price £ 1,50 D ans le drame grec qui se joue sous nos yeux, tout le monde semble avoir raison. Le peuple qui se révolte contre l’austérité, dont il paye le prix fort, n’a guère d’autre choix pour exprimer sa frustration. Lorsque le salaire mensuel minimum passe de 780 euros par mois à 586, il ne reste, comme dit l’expression, que les yeux pour pleurer. Le chômage frise le taux de 20 % de la population active, trois ans de sacrifices ont frappé de plein fouet les services publics et dévasté le niveau de vie des classes moyennes et populaires. Les députés, qui ont massivement voté, dans la nuit de dimanche 12 à lundi 13 février, le plan d’austérité budgétaire alors que le quartier du Parlement était livré aux flammes des émeutiers, n’avaient pas non plus d’autre choix. La classe politique est dis- créditée, le gouvernement confié à un technocrate, conseillé par une équipe de 45 experts européens dépêchés par Bruxelles pour l’aider à faire ses réformes. Le système politique est en pleine décomposition. Il faut espérer que les élections anticipées annoncées en avril seront un premier pas vers la restructuration politique de la Grèce. L’Union européenne (UE), qui maintient la pression sur le gouvernement grec pour obtenir des Editorial réformes structurelles visant à redresser les comptes publics, n’a, elle non plus, pas d’autre choix. Le laxisme budgétaire a été toléré trop longtemps. En Grèce, ce laxisme est allé jusqu’à la falsification des chiffres sur le Le regard de Plantu déficit qu’Athènes fournissait à Bruxelles. La confiance a disparu. On ne peut reprocher aux partenaires européens de la Grèce d’exiger des garanties en échange de l’enveloppe de 130 milliards d’euros que la troïka (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne) doit lui fournir pour lui permettre d’échapper au défaut de paiement à la date butoir du 20 mars. D’autant que deux autres pays de la zone euro sous assistance du FMI et de l’UE, le Portugal et l’Irlande, mènent à bien les réformes demandées sans exercer le « chantage à la faillite » que l’on reproche à la Grèce. Il y a, cependant, des limites à ce que l’on peut imposer à un pays. Il y a aussi des limites aux résultats que l’on peut attendre d’une telle cure d’austérité, com- L’ex-président défend le rôle de l’Etat. PAUL HENNESSY/POLARIS/STARFACE me le montre l’analyse publiée dans les pages International du Monde daté 14 février. L’aide de la troïka va permettre à la Grèce de franchir un obstacle important, mais fera péniblement passer le niveau d’endettement du pays de 160 % de son PIB à 120 %. On est loin de la guérison. Face à ce constat, le débat sur l’opportunité du maintien de la Grèce dans la zone euro refait surface. Les ministres des finances des dix-sept pays de l’eurogroupe se réunissent mercredi et se poseront une nouvelle fois la question. Il reste, néanmoins, une option : aller au bout de ce qui a été commencé avec les créanciers privés de la Grèce, bref prononcer l’horrible mot de restructuration. On efface leur dette, et les Grecs choisissent eux-mêmes : rester dans l’euro ou en sortir. p JUSTICE Deux géants de l’industrie, Monsanto pour les pesticides et Eternit pour l’amiante, ont été reconnus responsables de l’intoxication de travailleurs. P. 8 et 10 Le dossier médical personnel, «mal aimé» des médecins SANTÉ Un an après son lancement, cet outil reste confidentiel. Seuls 75 000 dossiers ont été ouverts. P. 28 Lire pages 3 et 22-23 Les ventes record des vins français L es vins et spiritueux français ont battu un record de ventes à l’exportation en 2011, dépassant pour la première fois les 10 milliards d’euros, soit une progression de 10 % par rapport à 2010. Grâce au champagne, au cognac et aux vins de Bordeaux, ce secteur économique est le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale, derrière l’aéronautique, mais devant les parfums et cosmétiques. La bonne santééconomique des alcools français s’explique notamment par la forte progression des ventes sur le marché asiatique (+ 29 %). Mais les négociants s’inquiètent des résultats mitigés en Europe. p Lire page 17 Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,00 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA, 0123 page deux Mercredi 15 février 2012 Une campagne sur les valeurs? Axel Kahn est ravi Récit Un coup d’Etat a renversé, sur cet archipel de l’océan Indien, le président élu Mohamed Nasheed. Celui qui avait mis un terme, en 2008, à près de trente ans de régime autoritaire attend, désabusé, un soutien de la communauté internationale T Les Maldives, paradis perdu de la démocratie iens, il est neuf heures. Nous avons mangé de la soupe, du poisson, des pommes de terre au lard, de la salade anglaise. Les enfants ont bu de l’eau anglaise.» Ces premiers mots de La Cantatrice chauve, d’Eugène Ionesco, résonnent depuis cinquante-cinq ans sur la scène du Théâtre de la Huchette, à Paris. C’est dans ce petit temple de l’absurde qu’Axel Kahn, généticien et néophyte dans l’exercice d’une campagne politique, a promis, lundi 13 février, de défier trois ministres ou ex-ministres de droite et du centre pour les élections législatives dans la seconde circonscription de Paris (5, 6 et 7e arrondissements). Absurde, la présence d’un «bizut» face à François Fillon, premier ministre, à Rachida Dati, ancienne garde des sceaux, et à Alain Lambert, ancien ministre du budget de Jean-Pierre Raffarin? Bertrand Delanoë veut croire que non. Sur la scène du théâtre, le maire de Paris présente son poulain de 67 ans : il faut « une candidature qui ouvre l’horizon, qui porte une envergure intellectuelle et morale», appuie l’édile, avant de dégoupiller une grenade à l’intention du député sortant, Jean Tiberi: il ne viendra pas à Axel Kahn l’idée de « chercher des électeurs dans des immeubles qui n’existent pas », lance-t-il, allusion aux affaires de fraude électorale pour lesquelles l’élu UMP a été condamné (il a fait appel). Quand, à l’automne 2011, Bertrand Delanoë cherche un candidat pour la 2e circonscription de Paris, il vise une personnalité atypique, un joker en provenance de la société civile, prêt à tenir l’étendard socialiste. Un candidat dont le message trouverait une résonance dans toutes les familles poli- tiques et taillerait des croupières à François Fillon, potentiel candidat à la mairie de Paris. Son choix se porte sur Axel Kahn. Le scientifique passionné par les questions d’éthique rêvait d’amorcer sa retraite par de longues vacances et un voyage pédestre sur les routes de France. Il arpentera pour l’heure le cœur de la capitale : des arènes de Lutèce au Champ-de-Mars. comme « antimusulman ». « Ils se sont agités en me traitant d’infidèle et de missionnaire chrétien caché, en m’accusant de vendre le pays aux juifs, de boire de l’alcool et de manger du porc. » Deuxième réforme délicate : celle de l’appareil judiciaire, dominé par des juges nommés sous l’ancien régime. « Pour éviter des poursuites pour corruption ou tout autre crime, les chefs de l’exdictature se sont protégés derrière l’institution judiciaire. Ils s’en sont servis comme d’un bouclier. » Au début de son mandat, M. Nasheed n’y touche pas. Mais quand il commence, en 2011, à mettre en chantier une réforme judiciaire pour rompre avec le passé, les choses se gâtent. « Pour Paris, c’est papi ! » Sur la scène du théâtre, il amorce sa campagne par une réponse au président de la République. « Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il voulait faire campagne sur les valeurs! Très bien, c’est mon terrain», se félicite le médecin, avant d’énumérer les facettes les plus sombres du quinquennat: « L’amendement Mariani restreignant le regroupement familial aux parents biologiques », « la stupidité du discours de Dakar », «l’ignominie du discours de Grenoble», « la xénophobie de la circulaire Guéant sur le travail des étudiants étrangers», etc. Puis l’universitaire revient à l’éthique : «Pour discuter d’une loi, il faut l’appuyer sur des valeurs, on ne peut pas dissocier la loi des valeurs », rappelle-t-il à ses adversaires. Dans une circonscription sociologiquement ultra-favorable au candidat UMP, Bertrand Delanoë concède, avec un certain sens de la litote, « que le combat n’est pas gagné d’avance ». Co-auteur de L’avenir n’est pas écrit ( Bayard, 2001), Axel Kahn veut croire à son étoile législative. Sa petite fille, enthousiaste à l’idée de voir son grand-père faire campagne au cœur de la capitale, lui a proposé un slogan: « Pour Paris, c’est papi! » p Un calme fragile règne sur l’archipel. Au lendemain du coup de force du 7février, des manifestations ont dégénéré en violences Eric Nunès Le président destitué, qui n’a pas encore été arrêté par les nouvelles autorités, prononce un discours sur une plage de Malé, la capitale, lundi 13 février. CHIARA GOIA POUR « LE MONDE » Les indégivrables Xavier Gorce Malé (Maldives) Envoyé spécial L e voici donc, l’homme qui a placé les Maldives sur la carte géopolitique mondiale. Chemise jaune à manches courtes et sandales aux pieds, il reçoit à son domicile de Malé, la capitale, disque urbain posé à fleur d’océan Indien. La cité est congestionnée (70 000 personnes sur 2 km2, soit une densité de population parmi les plus élevées de la planète !), envahie par une armée de Vespa déboulant sans répit dans le lacis de ruelles. La lourde muraille de béton qui enserre l’île dit le danger : l’inexorable montée des eaux. Sur le seuil de sa porte à flanc de venelle, un groupe de partisans de Mohamed Nasheed fait grise mine. « C’est le retour des criminels ! », grimace l’un deux. A l’intérieur, dans une pièce au carreau froid tenant plus de la salle de réunion que du salon, celui qu’il faut désormais appeler l’ex-président des Maldives se force à sourire. Mais l’inquiétude le noue. Le 7 février, une mutinerie de la police, ralliée dans un second temps par l’armée, l’a Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus Directeur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz Secrétaire générale du groupe Catherine Sueur Directeurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier Pourquery Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann Rédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre, Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue (« M Le magazine du Monde ») Chef d’édition Françoise Tovo Directeur artistique Aris Papathéodorou Médiateur Pascal Galinier Secrétaire générale de la rédaction Christine Laget Directeur du développement éditorial Franck Nouchi Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président 0123 est édité par la Société éditrice du «Monde» SA Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal: Le Monde SA. Rédaction 80,boulevardAuguste-Blanqui,75707ParisCedex13Tél.:01-57-28-20-00 Abonnements partéléphone:de France32-89 (0,34¤ TTC/min);de l’étranger:(33)1-76-26-32-89 ouparInternet:www.lemonde.fr/abojournal La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037 Président : Louis Dreyfus Directrice générale : Corinne Mrejen PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui, 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 Fax : 01-57-28-39-26 Imprimerie du Monde 12, rue Maurice-Gunsbourg, 94852 Ivry cedex «Nous ne voulons pas de la violence. J’ai même toujours dit à mes supporteurs: si vous êtes frappés, ne répondez pas» Mohamed Nasheed contraint à la démission. « Sous la menace des armes », précise-t-il. Depuis, le chef d’Etat déchu orchestre une résistance pacifique contre le nouveau pouvoir « illégitime », assumé par son ancien viceprésident. Une parenthèse se clôt : celle de la première expérience réellement démocratique aux Maldives. Fin 2008, l’élection de M. Nasheed – à l’âge de 41 ans – avait mis un terme à trois décennies de régime autocratique sur l’archipel. Si le monde s’était alors intéressé à ce jeune agitateur des îles, ce n’était pas franchement pour cette prouesse politique. C’était pour un cliché. La photo avait fait sensation. Elle campait un cabinet ministériel sous-marin. Sanglés dans leur combinaison de plongée, les ministres para- phaient un document sur une table immergée au fond du lagon dans une grande exhalaison de bulles. Ce conclave en grand bleu, M. Nasheed l’avait réuni à quelques jours de l’ouverture de la conférence de Copenhague sur le climat (décembre 2009). La mise en scène spectaculaire visait à alerter l’opinion internationale sur le risque de la montée des eaux causée par le réchauffement de la planète, péril mortel pour cet archipel aux 26 atolls et 1 200 îles situées pour l’essentiel à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer. Opération de communication réussie. Les Maldives devenaient soudain un symbole, incarnant le combat des micro-Etats insulaires tançant les grands de ce monde. Un an plus tôt, lors de son investiture à la tête du pays, M. Nasheed avait frappé un autre grand coup : il avait proposé de créer un fonds souverain pour acheter des terres dans les pays voisins (Inde, Sri Lanka, Australie) afin d’y reloger les futurs réfugiés climatiques que risquent de devenir les Maldiviens. On connaissait l’archipel aux écrins de corail comme une destination touristique de luxe (850 000 visiteurs par an). Avec M. Nasheed, il fallait désormais compter avec un Etat militant du climat. L’homme est aujourd’hui désabusé. Sa disgrâce l’a pris de court. « L’ancien régime est de retour », soupire-t-il. Et il le connaît fort bien cet « ordre ancien » pour l’avoir combattu durant près de vingt ans. Il fut un opposant farouche de l’ex-dictateur Maumoon Abdul Gayoom (1978-2008). Il a subi les geôles, les coups – « j’ai été torturé à deux reprises » – et l’exil. Que s’est-il donc passé pour que les Maldives rechutent ainsi après trois ans d’intermède démocratique ? M. Nasheed a son analyse, personnelle et partiale, bien sûr. Il a été renversé, explique-t-il, parce qu’il a tenté des réformes sur trois fronts sensibles. En premier lieu, il a tenté d’« ouvrir le discours sur la religion », affaire épineuse chez les 300000 Maldiviens tous musulmans (sunnites). La religion est si enracinée dans le système qu’un non-musulman ne peut être citoyen maldivien. Cette « ouverture » vers un islam libéral, pourtant fort prudente et mesurée, n’a pas tardé à lui valoir l’hostilité de certains partis islamistes locaux le dénonçant « C’était pour eux la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. » Enfin, troisième casus belli : la réforme d’un système fiscal jusque-là basé sur une taxation indirecte. M. Nasheed a alourdi les impôts sur les revenus et les profits, s’attirant les foudres des milieux d’affaires. Voilà comment une coalition de trois forces – islamistes, notables de l’ex-dictature et patrons – aurait ourdi ce Thermidor océanien pour évincer ce gêneur de Nasheed. Cette opposition revenue au pouvoir a évidemment une version différente de l’histoire. Elle met en cause l’aventurisme des politiques de M. Nasheed et les libertés qu’il a prises avec la Constitution. Et maintenant ? Un calme fragile règne sur l’archipel. Au lendemain du coup de force du 7 février, des manifestations de soutien au président destitué ont dégénéré en violences, chaque camp accusant l’autre d’en être responsable. L’ordre est revenu, mais il est précaire. Tout dépend en fait du sort qui sera réservé à M. Nasheed, visé par un mandat d’arrêt. Les nouvelles autorités n’ont pas encore osé l’interpeller. « Nous ne voulons pas de la violence, précise M. Nasheed. Nous appelons au calme. J’ai même toujours dit à mes supporteurs : si vous êtes frappés, ne répondez pas. Mais si je suis arrêté, je ne serai plus là pour les apaiser. Alors, cela risque d’exploser. » A l’extérieur, les chancelleries s’inquiètent. Les diplomates s’activent pour prévenir une dérive politique des Maldives. Il faut vite ramener au vert ce clignotant rouge qui s’allume au cœur d’un océan Indien lesté d’un lourd enjeu stratégique. Qu’il s’agisse du commerce international (notamment les flux pétroliers reliant le Moyen-Orient à l’Asie orientale), de la rivalité navale entre la Chine et l’Inde ou de l’essor de la piraterie émanant du large de la corne de l’Afrique, les préoccupations géopolitiques sont déjà suffisamment aiguës pour ne pas laisser s’ouvrir un foyer d’instabilité. Mais la communauté internationale semble divisée sur la façon de traiter la crise maldivienne. Quand l’Europe et le Commonwealth adoptent une attitude prudente, attendant de mieux comprendre les circonstances du coup de force du 7 février avant de donner leur quitus au nouveau pouvoir, les Etats-Unis et l’Inde ont franchi le pas sans tarder. M. Nasheed en est dépité. Il met en garde contre une politique « à courte vue ». «Soutenir le statu quo au nom de la stabilité n’est pas soutenable à terme, avertit-il. Si les Américains et les Indiens veulent sauvegarder leurs intérêts dans la région, ils doivent soutenir un Etat des Maldives démocratique et non autoritaire. » M. Nasheed avait réussi à placer l’archipel sur la carte du monde grâce au climat. Il veut l’y ancrer grâce à la démocratie. Combat autrement plus ardu. p Frédéric Bobin 0123 Mercredi 15 février 2012 international 3 Les partis grecs en ruine avant les législatives Avec des socialistes sous les 10% d’intentions de vote et des conservateurs divisés, la scène politique se décompose Athènes Correspondance A thènes panse ses plaies, mardi 14 février au matin. Les habitants s’arrêtent devant les restes calcinés du bâtiment néoclassique de 1870 abritant le cinéma Attikon. Lundi soir, des bougies déposées par les habitants symbolisaient le deuil d’une ville après la nuit d’émeutes qui a coïncidé avec le vote de nouvelles mesures d’austérité, négociées avec la troïka (Commission européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne). Les Athéniens contemplent, hébétés, les immeubles brûlés et les magasins pillés. Des ouvriers s’affairent pour réparer les dégâts. Des camionnettes transportant des grands panneaux de verre sillonnent la ville pour remplacer les vitrines cassées. La circulation est rendue difficile par l’absence de nombreux feux rouges cassés dans la nuit de dimanche à lundi. Après cette nuit d’émeutes, le porte-parole du gouvernement, Pantelis Kapsis, a annoncé, lundi, « trois semaines d’enfer » pour la Grèce, dans son combat pour éviter la faillite, avant de rembourser 14,5 milliards d’euros le 20 mars. Le vote du mémorandum qui permet le déblocage d’un nouveau plan d’aide de 130 milliards n’est qu’une première étape. Le texte adopté par le Parlement fait un inventaire à la Prévert des mesures à prendre « avant tout versement ». Cette expression imprimée en gras presque à toutes les pages montre clairement que les créanciers publics de la Grèce ne relâcheront pas leur pression avant de débourser le moindre centime. Le gouvernement doit aussi boucler l’opération du PSI (Private Sector Involvment, participation du secteur privé), qui prévoit l’effacement de 100 milliards de dette souscrite auprès de créanciers privés. Une Athénienne devant un magasin dévasté. Quelque 45 bâtiments ont été détruits ou endommagés et 150 magasins vandalisés pendant la nuit du 12 au 13 février. JOHN KOLESIDIS/REUTERS Au bout de ces « trois semaines d’enfer », le pays pourra connaître une nouvelle période électorale. M. Kapsis a annoncé que les élections législatives auraient lieu en avril, sans préciser la date. Après le vote du mémorandum et la nuit d’émeutes, les partis politiques sont dans le même état que cer- Polémique sur l’attitude de la police lors des émeutes La presse reprochait à la police, mardi 14 février, son action lors des émeutes qui ont embrasé Athènes dans la nuit de dimanche à lundi. Sous le titre « La loi de la cagoule », le quotidien de centre-gauche Ta Nea estime que « la police a protégé le Parlement mais a oublié le centre de la capitale ». Le journal conservateur Kathimerini estime que le ministre de la protection des citoyens, Christos Papoutsis, « porte une très importante responsabilité dans les événe- ments » : « Il est impensable que les téléspectateurs regardent pendant des heures des personnes encagoulées mettre le feu à des bâtiments sans que personne n’intervienne avant qu’il ne soit trop tard. » Pour M. Papoutsis, le nombre de policiers mobilisés était suffisant. 74 personnes ont été arrêtées, 45 bâtiments détruits ou endommagés, 150 magasins vandalisés. Selon la chambre de commerce d’Athènes, les dommages s’élèveraient à 10 millions d’euros. – (Corresp.) tains immeubles d’Athènes. Ils menacent ruine et n’auront guère le temps de panser leurs plaies avant les élections. Plus de quarante députés ont été exclus de leur groupe parlementaire car ils avaient refusé de suivre les consignes de vote de leurs dirigeants. « Nous assistons au début de la décomposition du système politique grec, qui pourrait aboutir à la scission des deux principaux partis », explique le politologue Georges Séfertzis. Depuis le retour à la démocratie en 1974, la Grèce est gouvernée en alternance par Nouvelle Démocratie (ND), à droite, ou le Pasok, au centre-gauche, qui ont abusé du clientélisme politique pourassurer leur élection. Ce système est rejeté par une très grande majorité de la population, qui vient traiter les parlementaires de « tricheurs » et de « voleurs » à chaque manifestation. « Il y a deux partis dans chaque parti : un centriste et un populiste, précise M. Séfertzis. C’est en train d’éclater. La crise affaiblit la classe moyenne et le système clientéliste qui a accompagné sa progression. Nousallons assisterà un repositionnement politique en accord avec le nouveau corps social, mais cela va prendre du temps. » Les Athéniens contemplent, hébétés, les immeubles brûlés. Desouvriers s’affairent pour réparer les dégâts « Ce sont des députés très proches d’Antonis Samaras, le président de Nouvelle Démocratie, qui sont exclus, souligne le politologue Elias Nikolakopoulos. Certains faisaient partie depuis longtemps de sa garde rapprochée. Au Pasok aussi, ily a beaucoup d’anciens collabo- rateurs de [l’ex-premier ministre] Papandréou qui sont exclus. » Le Pasok est dans un état critique. Les événements du week-end devraient précipiter la succession de Georges Papandréou, qui a annoncé son départ de la tête du parti, mais se hâte lentement. Le ministre des finances, Evangélos Venizélos, qui fut son rival malheureux en 2007, est bien placé pour lui succéder. Mais les querelles intestines sont nombreuses et certains membres sont tentés de se rapprocher de la Gauche démocratique, un parti créé en 2010, à la fois proeuropéen et hostile à la troïka, qui monte dans les sondages. Il a même dépassé le Pasok – tombé sous la barre des 10 % dans les intentions de vote. En soutenant au nom de la raison le mémorandum, M. Samaras achève le virage à 180 degrés commencé en novembre 2011 lorsqu’il a accepté que son parti participe au gouvernement de coalition. Après avoir été critiqué par l’ensemble de la droite européenne, le président de ND veut apparaître comme responsable au moment où il se considère en position de devenir le futur premier ministre de laGrèce. «Il faudra voirs’il maintient son résultat dans les sondages, après s’être clairement rallié au mémorandum », pondère Elias Nikolakopoulos. Une partie des sympathisants de ND pourraient être tentés de voter pour le parti d’extrême droite, le Laos, qui a voté contre le mémorandum après l’avoir approuvé en mai 2010. Le chemin inverse de Nouvelle Démocratie. La première force politique est aujourd’hui la gauche non socialiste, qui totalise plus de 40 % des intentions de vote. Mais elle est divisée en trois et le passif entre ces trois partis issus du communisme est important. L’enfer grec risque de durer plus de trois semaines. p Alain Salles L’eurogroupemaintientlapressionsurAthènes Bruxelles Bureau européen Les émeutes en Grèce laissent de marbre les Européens. Lundi 13 février, Angela Merkel a salué le vote « très important » du Parlement grec, et envoyé une fin de non-recevoir aux manifestants et élus opposés au programme d’assainissement: d’après la chancelière allemande, « il ne peut y avoir et il n’y aura pas de changement » au train d’économies et de réformes imposé par les bailleurs de fonds internationaux. « Toutes ces mesures n’ont pas pour but de faire souffrir les gens mais de remettre la Grèce sur la voie de la croissance », a justifié son ministre des finances, Wolfgang Schäuble. Cette mise au point survient en prélude à une nouvelle réunion des ministres des finances de la zone euro, mercredi. Les grands argentiers devraient donner leur bénédiction à la restructuration de la dette grecque, après de longues tractations avec les banques pri- vées. Mais il n’est pas certain que les Européens soient déjà prêts à donner leur aval au second plan d’aide promis à Athènes (130 milliards d’euros, en plus des 110 milliards déjà engagés) en échange du « mémorandum» négocié avec le gouvernement Papademos. Eviter une faillite Pour l’Allemagne, les Pays-Bas, et la Finlande, les Grecs doivent remplir les deux autres conditions posées le 9 février lors de la précédente réunion de l’eurogroupe : 325 millions d’économie supplémentaires en 2012 – sur les 3,3 milliards demandés par le FMI et l’Union européenne – et un engagement écrit des deux principales forces politiques, le Pasok, à gauche, et Nouvelle Démocratie (ND), à droite, qu’elles soutiendront la politique d’austérité, quel que soit le résultat des élections anticipées. Le vote du Parlement grec a levé une hypothèque sur l’engagement des partis, fait-on valoir auprès de la Commission européenne, où l’on cherche à accélérer la manœuvre afin d’éviter une faillite du pays d’ici à la mi-mars : Antonis Samaras, le patron de ND, s’est prononcé sans ambiguïtés dimanche. «Cela vaut tous les courriers », selon un diplomate français. Les économies supplémentaires pourraient être plus difficiles à trouver. Les Européens encouragent Athènes à réduire les dépenses de défense. « S’en prendre à la défense pourrait permettre d’alléger la casse sociale, tout en montrant que tout le monde doit faire des sacrifices», plaide un fonctionnaire européen. Reste à savoir si le gouvernement grec sera en mesure, d’ici à mercredi, de clarifier ses intentions. Le ministre des finances du Luxembourg, Luc Frieden, a résumé, lundi, le sentiment général sur la mise en œuvre du plan : « S’ils ne font pas tout cela, je pense qu’alors nous devrons continuer avec seize pays. » Bref, exclure la Grèce de la zone euro. p Philippe Ricard « Révélations et confidences. » Le Canard enchaîné « Un réquisitoire informé. » Le Nouvel Observateur « Un portrait au vitriol. » Libération « Ce qu’ils ont découvert fait froid dans le dos. » Le Point Sur toutes les listes des meilleures ventes Robert Laffont 4 0123 international Mercredi 15 février 2012 L’ONU associe La proximité de la présidentielle russe l’intensification des renforce le soutien de Moscou à Damas que Vladimir Poutine est fragilisé par une contestation interne inédite, le discours officiel violences en Syrie Alors présente le soulèvement syrien comme une réplique des révolutions d’Ukraine et de Géorgie au veto sino-russe Moscou Correspondante Haut-commissaire pour les droits de l’homme, Mme Pillay dénonce des crimes contre l’humanité New York (Nations unies) Correspondante R épression impitoyable, tortures, viols, atrocités, crimes contre l’humanité… Le tableau de la situation en Syrie dressé par le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay devant les 193 membres de l’Assemblée généralede l’organisation, lundi 13 février, était une litanie de faits plus condamnables les uns que les autres. « Nous avons entendu une fois de plus un compte rendu terrifiant et révoltant », résumait quelques minutes plus tard l’ambassadeur allemand Peter Wittig. L’appel de la Ligue arabe à la formation d’une force arabo-onusienne est perçu comme un pari «perdu d’avance» « Chaque membre de la communauté internationale doit agir maintenant pour protéger de toute urgence la population syrienne, a imploré Mme Pillay, après avoir estimé que la nature et l’étendue des exactions perpétrées par les forces syriennes indiquent que des crimes contre l’humanité ont vraisemblablement été commis » depuis mars 2011. « Des informations indépendantes, crédibles et corroborées indiquent que ces exactions font partie d’une campagne largeet systématique d’agression contre les civils », a-t-elle ajouté, précisant qu’elles étaient perpétrées avec « l’aval ou la complicité des autorités au plus haut niveau ». Selon des déserteurs de l’armée syrienne, « les militaires ont reçu l’ordre de leurs commandants de recourir à la torture », a encore expliqué l’avocate sudafricaine, citant le cas d’hôpitaux « utilisés comme des centres de détention et de torture ». En décembre 2011 déjà, suite au rapport de la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme, Mme Pillay avait appelé le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale (CPI) de la situation en Syrie. Un appel auquel les quinze pays membres, faute de consensus, sont restés sourds. Depuis cette date, selon elle, « les violations flagrantes et systé- matiques des droits de l’homme ont non seulement continué, mais nettement augmenté ». Citant des « informations crédibles », le haut-commissaire a notamment estimé à plus de 300 le nombre des personnes tuées dans des bombardements aveugles de zones civiles à Homs, ces dix derniers jours. Une intensification des violences dontelle fait porter le blâme à la Russie et la Chine, auteurs de deux doubles veto successifs contre des projets de résolution condamnant Damas. « L’échec du Conseil de sécurité à trouver un accord sur une action conjointe forte paraît avoir encouragé le gouvernement syrien à lancer une attaque acharnée, d’une force absolue, pour écraser la contestation », a souligné Navi Pillay. Peu de temps avant qu’elle ne prenne la parole à l’initiative du président qatari de l’Assemblée générale, l’ambassadeur syrien, Bachar Al-Jaafari, avait vainement tenté, sous de vagues prétextes procéduraux, de faire annuler son intervention. Le Qatar et l’Arabie saoudite, deux pays du Golfe coauteurs avec l’Egypte d’un projet de résolution qui devait être soumis aux 193 membres mardi, et mis au vote sous quarante-huit heures, ont d’ailleurs été pris pour cible par M. Jaafari lors de son discours fleuve sur la Syrie, victime, selon lui, d’une large « conspiration ». L’appel lancé par la Ligue arabe au Conseil de sécurité pour la formation d’une force conjointe arabo-onusienne était perçu, à l’ONU, comme un pari « perdu d’avance ». La proposition, jugée « audacieuse », non sans sarcasme, par un diplomate, nécessiterait au minimum un accord de cessez-le-feu, le vote – sans veto – du Conseil de sécurité, le feu vert de Damas et l’octroi de troupes par plusieurs pays. « Autant dire qu’à Moscou, c’est jour de fête ! », plaisante une source à l’ONU, la création d’une opération de maintien de la paix prenant plusieurs mois. En attendant, c’est une résolution sans valeur contraignante que vont faire adopter Arabes et Occidentaux à l’Assemblée générale, où le veto est impossible. Similaire au texte condamnant Damas et soutenant le plan de sortie de crise de la Ligue arabe torpillé par un veto russo-chinois il y a dix jours, le projet appelle également à la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie. p Alexandra Geneste OSP - CESSATIONS DE GARANTIE LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET D’APPLICATION N° 72-678 DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44 et 45 QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré – 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08 (RCS Paris 414 108 708), succursale QBE Insurance (Europe) Limited, S.A. de droit anglais, au capital de GBP 500.000.000, dont le siège social est à Plantation Place, 30 Fenchurch Street, London, EC3M 3BD, fait savoir qu’à la demande de QBE, les garanties financières dont bénéficiaient : SARL IMMOBILIERE VAUBAN 50 avenue de France 59600 MAUBEUGE depuis le 24 mai 2006 pour ses activités de GESTION IMMOBILIERE et depuis le 1er avril 2006 pour ses activités de TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET FONDS DE COMMERCE cesseront de porter effet trois jours francs après publication du présent avis. Les créances éventuelles se rapportant à ces opérations devront être produites dans les trois mois de cette insertion à l’adresse de l’Etablissement garant sis Etoile Saint Honoré – 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08. Il est précisé qu’il s’agit de créances éventuelles et que le présent avis ne préjuge en rien du paiement ou du nonpaiement des sommes dues. La société CNP CAUTION dont le siège social est situé 4 Place Raoul DAUTRY - 75716 Paris Cedex 15, fait savoir que la garantie financière qu’elle a délivrée à : ELSA TRANSACTION GESTION Société en nom collectif au capital de 1 045 000 euros Dont le siège social est situé à CANNES (06) Résidence Henri IV, 74 Boulevard de la Croisette, inscrite au Registre du Commerce et des Sociétés de Cannes sous le numéro 500 828 652 pour les activités de « Gestion immobilière » et de « Transaction immobilière » visées par la loi du 2 janvier 1970, cessera trois jours francs après la publication de la présente parution. Les créances éventuelles se rapportant à cette activité doivent être produites au siège de la société CNP CAUTION : 4, Place Raoul DAUTRY - 75716 Paris Cedex 15, dans les trois mois à compter de la date de publication du présent avis. L a Russie va étudier l’envoi d’une force de maintien de la paix de l’ONU en Syrie suggérée par la Ligue arabe mais elle veut l’arrêt des combats avant tout déploiement, a déclaré lundi 13février le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Figée dans son soutien au régime syrien, la Russie, assure l’analyste Alexandre Choumiline, « continuera de bloquer toute forme de règlement au moins jusqu’au 4 mars », date de l’élection présidentielle. Selon ce spécialiste du monde arabe, directeur du Centre d’analyse des conflits au Proche-Orient, le « niet » russe est lié à la situation interne. Chahuté par la classe moyenne qui réclame son départ, Vladimir Poutine, candidat à un troisième mandat au Kremlin, dresse, dès lors, un parallèle entre sa position et celle du président syrien Bachar Al-Assad. Tous deux sont victimes d’un complot. « Dans la vision de Poutine, Assad s’oppose en ce moment à une révolution orange fomentée de l’extérieur », explique le chercheur. Le soulèvement syrien ravive pour les dirigeants russes le souvenir des révolutions de couleur en Géorgie et en Ukraine. A quelques semaines de la présidentielle, dont il reste le grand favori, l’ancien agent du KGB a choisi de s’appuyer sur l’électorat ultranationaliste, les « rouges-bruns » tels Alexandre Prokhanov, Alexandre Douguine, Serguei Kourguinian ainsi que leurs partisans qui éructaient contre l’Occident à la manifestation pro-Poutine du 4 février à Moscou. Ce jour-là, alors qu’une résolution sur la Syrie était mise au vote au Conseil de sécurité de l’ONU, le Kremlin, confronté à une mobilisation sans précédent de l’opposition anti-Poutine, organisaità Moscou un grand rassemblement des « patriotes ». Pour eux, les opposants représentent « la cinquième colonneorange», chargée «de dépecer le pays et d’ouvrir la voie à son occupation par les troupes de Une affiche de M. Poutine, dans les rues de Stavropol, ville du sud-ouest de la Russie. EDUARD KORNIYENKO/REUTERS l’OTAN ». Sur des tracts figurait une carte de la Fédération éclatée en 25 morceaux de différentes couleurs, censée symboliser les sombres desseins de l’opposition et des pays occidentaux, dont elle serait le jouet. Impossible pour les diplomates russes à l’ONU de voter en faveur de la résolution alors que le « leader national » était de tout cœur ce jour-là avec les défenseurs de la patrie. L’enjeu est de taille, car c’est sur cet auditoire, composé pour beaucoup d’ouvriers, de retraités et de petits fonctionnaires conduits par bus entiers à la manifestation, que mise Vladimir Poutine pour être élu dès le premier tour de la présidentielle. Jouant sur les vieux ressorts de l’inconscient soviétique, M. Poutine « se pose en défenseur de la Russie face à la menace d’une agression extérieure. Il veut montrer à son électorat qu’il est contre l’Occident, qu’il ne trahira pas la Russie. Qu’importe le nombre de morts en Syrie », affirme M. Choumiline. Le chercheur est un des rares à faire entendre un tel avis. Pour le reste, une forme de pensée unique domine. Diplomates, analystes, journalistes veulent croire que Bachar Al-Assad et son clan s’en sortiront en proposant des réformes et une nouvelle Constitution. Pour eux, la rébellion syrienne, composée d’éléments criminels et d’islamistes radicaux manipulés par Al-Qaida, doit être écrasée. Si l’Occident cynique s’y oppose c’est parce qu’il mise sur le chaos pour mettre la main sur les ressources du pays. La thèse du complot, véhiculée danstous les médias, fonctionne à plein. L’aveuglement est total La thèse du complot, véhiculée par tous les médias, fonctionne à plein. L’aveuglement est total. Selon Dmitri Babitch, éditorialiste de l’agence officielle Ria Novosti, le veto russe « est vu de façon positive par l’opinion publique arabe ». C’est comme si le dossier syrien avait réveillé l’Homo sovieticus. Difficile de croire que les diplomatesrusses, lesplus aufait du dossier syrien, soient sur la même ligne. En réalité, la Russie a deux fers au feu. Parallèlement au front idéologique érigépar VladimirPoutine à des fins électorales, une autreligne s’esquisse, plus pragmatique. Reléguée dans les coulisses de la diplomatie, elleest moins visible mais elle existe. Elle était à l’œuvre lors du voyage à Damas, mardi 7 février, de Sergueï Lavrov, escorté par le chef du renseignement, Mikhaïl Fradkov. Au terme de celui-ci, Moscou a reçu l’aval de Damas pour mener des pourparlers avec l’opposition syrienne. Pour obtenir ce feu vert, des analystes prétendent que Moscou se serait engagé à évacuer le clan Assad en cas de complications. La Russie peut-elle espérer jouer un rôle dans un éventuel aprèsAssad ? « C’est peu probable, car le veto a amoindri sa capacité à s’imposer en tant que médiateur », regrette Alexandre Choumiline. p Marie Jégo A Tripoli, au nord du Liban, la tension reste vive entre partisans et adversaires de Bachar Al-Assad Des affrontements ont opposé, les 10 et 11février, milices sunnites et alaouites, faisant 3 morts Tripoli (Liban) Envoyée spéciale Q uand je vais à Djabal Mohsen, jedis “Vive Bachar !”.Quand je suis à Bab Al-Tebbaneh, je crie “Amort Bachar!” », résume Saïd,un ouvrier syrien de 34 ans qui travaille à Tripoli, la grande ville du nord du Liban à majorité sunnite. Depuis les affrontements entre les deux quartiers voisins, les 10 et 11février, qui ont fait trois morts et une vingtaine de blessés, les événementsenSyriefont partieduquotidien des Tripolitains. Sur les hauteurs de Djabal Mohsen,alaouite(laconfessionduprésident syrien), le soutien à Bachar Al-Assad apparaît au grand jour, sur les vitrines des magasins ou les affiches géantes. En contrebas, dans les ruelles miséreuses de Bab Al-Tebbaneh, sunnite, l’appui à «Homs égorgée », l’appel à « la victoire ou le martyre » (slogans d’une manifestation organisée par un parti islamiste le 10 février) trouvent un large écho. « Provocations», entend-on de chaque côté. Est-ce une photo de Bachar Al-Assad, « boucher », à côté d’enfants morts, qui a mis le feu aux poudres, les développements en Tripoli Mer Méditerranée Beyrouth Zghorta LIBAN SYRIE Damas 50 km Syrie ou les manifestations à Tripoli?Lesversionsdivergent,maisl’essentiel est qu’une étincelle suffit pour que les quartiers, séparés par une rue, s’embrasent. Pour Saïd, le combat des milices libanaises n’est pas le sien : « C’est unelutteconfessionnelleentreLibanais. » Comme les autres ouvriers syriens réduits à dormir dans les souks au bas de Bab Al-Tebbaneh, Saïd a subi, impuissant, les balles et les tirs de RPG le soir du 10 février. Depuis l’occupation syrienne de 1976, l’animosité entre les deux quartiers se nourrit d’une perpétuelle volonté de revanche. La confrontation a été ravivée par les divisions autour de la révolte en Syrie. Depuis mars 2011, l’armée libanaise redouble de vigilance. Mais les incidents sont récurrents et ni les barrages, ni les chars déployés, ni les soldats n’ont pu contenir, le 10 février, l’éclatement de violences similaires à celles qui avaient déjà secoué la périphérie de Tripoli en juin 2011. Elles n’ont cessé qu’avec la trêve imposée par l’armée, samedi 11 février après-midi. Les alaouites en danger A Djabal Mohsen, parfois décrit comme une forteresse, mais qui ressemble plutôt à une enclave désolée entre deux quartiers sunnites, Ali, 38 ans, continue de soutenir le régime syrien, envers et contre tout. Il craint l’influence des « fanatiques » derrière la révolte syrienne. Son épouse veut partir, elle dit qu’ici, les alaouites sont en danger. Depuis le conflit meurtrier de l’été 2008 entre les deux quartiers, les enfants du couple vont à l’école à Zghorta, une localité chrétienne, pour ne plus être scolarisés avec des sunnites. Ahmad, 28 ans, a perdu la superbe du combattant qui avait pris les armes en 2008 : « On est une toute petite minorité au Liban [130 000 personnes, selon des estimations]. Comment ne pas être solidaire des autres alaouites ? » Khaled, sunnite de Bab Al-Tebbaneh, est encore sous le choc, lundi 13 février. Cet homme de 26 ans, ancien membre du Moustaqbal, le parti de l’ex-premier ministre Saad Hariri, a l’impression d’une « grande manipulation ». Il refuse l’idée d’une lutte confessionnelle : « Le problème, ce sont les gens qui sont loyaux au régime syrien. Djabal Mohsen est une boîte à messages pour Damas, destinée à nous intimider. » Khaled garde en tête l’image de son oncle tué à Djabal Mohsen, en 1985. S’il est solidaire des manifestants syriens, c’est aussi « parce qu’avec la chute du régime, j’ai un espoir : que le Hezbollah [auquel les partis alaouites sont alliés] tombe ». Quand les combats ont débuté, le 10 février, des hommes de Bab Al-Tebbaneh, riant ou soupirant, racontaient « être habitués » à ces soubresauts. Mais une fois la bataille achevée, la nervosité était palpable, face au risque d’un conflit plus vaste. Le soir même, un dépôt d’armes explosait dans un autre quartier de Tripoli. p Laure Stephan Carrément vous. Pas de bon prix sans grand service. SFR - S.A. au capital de 3 423 265 598,40 € - RCS Paris 343 059 564 SFR. Des bons forfaits. Une vraie assistance. Un grand réseau. sfr.fr 6 0123 international Mercredi 15 février 2012 Les divergences politiques s’accentuent au sein du Hamas Mahamadou Issoufou: «La situation au Mali nous préoccupe beaucoup» Des tensions renforcées menaceraient la réconciliation inter-palestinienne Le président du Niger s’inquiète de la déstabilisation du Sahel après la chute du régime Kadhafi Entretien Jérusalem Correspondant L ’accord de Doha » a-t-il fait long feu ? Lorsque Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, et Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, s’étaient retrouvés dans la capitale qatarie, le 6 février, la décision de confier à M. Abbas le poste de premier ministre (outre ses responsabilités présidentielles) avait été présentée comme une avancée importante pour la réconciliation interpalestinienne. Depuis, une division est apparue au sein du mouvement islamiste. Ces dernières années, le Hamas était séparé en deux entités : à Gaza, le gouvernement dirigé par le premier ministre Ismaïl Haniyeh ; et, en exil à Damas, la branche politique, sous l’autorité de M. Mechaal. Le premier est longtemps apparu plus pragmatique que le second, considéré sous influence de la Syrie et de l’Iran. Cette distinction semble s’inverser : Khaled Mechaal et le bureau politique ont quitté Damas, et son discours a évolué. Soucieux de se rapprocher de pays réputés modérés, tels la Jordanie et le Qatar, il prône aujourd’hui la « résistance populaire pacifique » contre Israël, et il accepte que le futur Etat palestinien soit créé dans les frontières de 1967, une position proche de celle de M. Abbas. A contrario, celle de M. Haniyeh paraît se durcir alors qu’il se rapproche des Frères musulmans égyp- tiens. Sa modération supposée (qui s’est manifestée par une trêve de fait avec Israël) lui avait aliéné le soutien politique et militaire de l’Iran, au profit du très radical Jihad islamique. M. Haniyeh a-t-il compris que, privé du soutien de l’Iran, sa position était menacée ? Il a donné des gages en ce sens, dimanche 12 février à Téhéran. Tout en réaffirmant que le Hamas ne «reconnaîtra jamais» Israël, il a affirmé que la lutte du Mouvement de la résistance islamique ne cessera pas «jusqu’à la libération de la totalité de la terre de Palestine, et le retour de tous les réfugiés palestiniens». Accords de Doha en suspens La situation politique à Gaza n’est pas étrangère à l’évolution de M.Haniyeh.Mahmoud Zahar, véritable « numéro deux » du gouvernement,défenduneligneintransigeante. Dès l’accord de Doha signé, il estimait que le choix de M. Abbas commepremierministreétait«complètement inacceptable ». Plusieurs cadres du mouvement palestinien ont rappelé que c’est M. Abbas lui-même, en 2003, qui avait obtenu la distinction des fonctions de président et de chef du gouvernement. A Gaza, les parlementaires du Hamas ont apporté leur soutien à la position de M. Zahar. C’est donc une lutte d’influence qui est en cours au sein du Hamas, et qui pourrait avoir pour conséquence de geler la mise en œuvre de l’accord de Doha. p Laurent Zecchini Israël Attentats contre des diplomates JERUSALEM. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a accusé l’Iran d’avoir commis les deux attentats ayant visé lundi 13 février le personnel des ambassades d’Israël en Inde et en Géorgie. Une voiture de l’ambassade d’Israël à New Delhi a explosé, faisant quatre blessés dont une diplomate de 42 ans. Un homme à moto a été vu par un témoin en train d’accrocher un engin à l’arrière de la voiture peu avant l’explosion. A Tbilissi, la police a désamorcé un engin explosif découvert dans le véhicule d’un employé de l’ambassade. Ce mode opératoire fait penser aux mystérieux attentats attribués au Mossad, visant des scientifiques nucléaires iraniens. Téhéran a démenti toute implication. – (AFP.) p Tunisie Un réseau lié à Al-Qaida démantelé TUNIS. Douze Tunisiens âgés de moins de 30 ans ont été arrêtés après les accrochages meurtriers survenus dans la région de Sfax les 1er et 2 février, et neuf autres sont en fuite. « L’enquête a montré qu’ils ont des relations avec des groupes proches d’Al-Qaida en Libye et peut-être avec des membres d’Al-Qaida en Algérie mais on n’a pas pu confirmer ce dernier point », a déclaré, lundi 13 février, le ministre de l’intérieur Ali Larayedh. Les hommes arrêtés, dont certains avaient été condamnés pour terrorisme, « ont été entraînés en Libye ». Les armes saisies, 34 Kalachnikovs et armes de poing, venaient de Libye, selon le ministre, « dans la perspective d’instaurer un émirat islamique en Tunisie ». Deux hommes avaient été tués et un troisième arrêté lors de violents accrochages avec l’armée tunisienne les 1er et 2 février à Bir Ali Ben Khlifa, dans la région de Sfax, à 300 km au sud de Tunis. p I. M. (avec AFP) Chine Nouvelle tentative d’immolation tibétaine PEKIN. Un jeune moine bouddhiste a tenté de s’immoler par le feu, lundi 13 février, au Sichuan, une région tibétaine de Chine. Au moins 20 Tibétains, en majorité des moines bouddhistes, se sont immolés ou ont tenté de le faire en moins d’un an. – (AFP.) APPEL D’OFFRES - AVIS D’ENQUETE 01.49.04.01.85 - [email protected] COMMUNE DE MONTGENEVRE (HAUTES ALPES) ENQUETE PUBLIQUE Révision du Plan Local d’Urbanisme Par arrêté en date du 12 janvier 2012, le Maire de Montgenèvre porte à la connaissance du public qu’il sera procédé à une enquête publique relative à la révision du Plan Local d’Urbanisme de la Commune de Montgenèvre. Le dossier d’enquête sera à la disposition du public le lundi 13 février 2012 au lundi 19 mars 2012 inclus afin que chacun puisse en prendre connaissance, de 13H30 à 16H30 (sauf les samedis, dimanches et jours fériés), et faire enregistrer ses observations éventuelles. Monsieur Thierry GUILLO, informaticien, domicilié en Mairie de Montgenèvre, Boîte Postale n°13, 05100 MONTGENEVRE, désigné en qualité de Commissaire Enquêteur, se tiendra à la disposition du public à la Mairie le lundi 13 février 2012, les jeudis 23 février, 1er et 8 mars 2012, le mercredi 14 mars 2012 et le lundi 19 mars 2012, de 13h30 à 16H30. Les observations formulées par écrit peuvent lui être adressées par la poste à la Mairie. Il y a pourtant des forces spéciales françaises au Niger chargées de former vos troupes d’élite… M ahamadou Issoufou (60 ans) est le président de la République du Niger depuis le 7 avril 2011, démocratiquement élu avec près de 58 % des voix. En 2010, une junte militaire avait pris le pouvoir, destituant le chef de l’Etat de l’époque, Mamadou Tandja, qui tentait de confisquer le pouvoir. Le Niger est bordé par des pays déstabilisés par des violences : Libye, Mali, Nigeria. Pour l’instant, il n’y a ni soldat ni participation militaire française au Niger. Que sont devenus les Libyens arrivés au Niger après la chute de Mouammar Kadhafi ? Des Libyens ont été accueillis pour des raisons humanitaires à condition de ne pas menerd’activités subversives contre les nouvelles autorités libyennes. Dans ce contexte, les propos que vient de tenir Saadi Kadhafi [l’un des fils de feu le Guide libyen] depuis Niamey sont inacceptables. Nousne l’extraderons pas vers Tripoli, mais nous allons resserrer la sécurité autour de lui. Quelles sont les causes de la rébellion touareg au Mali ? C’estun dégâtcollatéral de lacrise libyenne. On sait que les dépôts d’armesyavaient étépillés ettransférésenpartie au Niger,enMauritanie, au Tchad… Après la défaite de Kadhafi, un certain nombre de ses soldats ont fui pour s’installer dansle Sahel. Maisils n’ont pas pris pied au Niger. Malheureusement, ils sont allés au Mali, par petits groupes, d’abord. Puis c’est devenu ungrandgroupede400à500combattants lourdement armés. Les paysdu Sahel, Maliet Niger notamment, ont connu des rébellions récurrentes depuis le début des années 1990. La crise libyenne a catalysé lesvelléitésd’indépendance de l’Azawad (au Mali). Rébellion ouverte depuis le 17 janvier. Le Nigeria, autre pays frontalier, «La crise libyenne a catalysé les velléités d’indépendance de l’Azawad» est aussi secoué par les violences de la secte Boko Haram. Avec quel impact sur le Niger ? La situation au Nigeria nous inquiète mais Boko Haram connaîtra le même sort que d’autres mouvements du même genre au Nigeria : les autorités vont l’étouffer. Quelles sont les conséquences de cette crise pour le Niger ? Nous avons déjà reçu 10 000 réfugiésmaliens, ycompris des soldats isolés dans des casernes qui ont afflué vers le Niger. Si la crise continue, il y en aura de plus en plus. [Près de 300 000 Nigériens] chassés par les crises libyenne et ivoirienne sont déjà revenus au pays. C’est beaucoup trop. Il y a des conséquences sociales et une augmentation des dépenses sécuritaires militaires pour faire face à la situation. En résumé, la situation au Mali nous préoccupe beaucoup. Existe-t-il un risque de propagation de la rébellion touareg au Niger ? Un effet de mimétisme et de contagion est toujours possible. Mais récemment, nous avons organisé un forum sur la paix dans les régions sahéliennes auquel participaient, notamment, les notables du Niger et les anciens chefs de rébellion. Nous avons tous fait le choix de la paix. Le programme de renaissance Le président Issoufou à Saint-Cloud, le 9 février. J. DANIEL/MYOP POUR « LE MONDE » nationale que j’ai défendu à la présidentielle ménage une place importante au développement des zones pastorales [où vivent de nombreux Touareg]. La misère est le terreau de toutes les rébellions et de tous les terrorismes. Donc, si à court terme la solution est sécuritaire, à long terme, la sécurité repose sur le développement économique et social. Que sont devenus les ex-combattants nigériens en Libye ? Je ne crois pas qu’ils aient rejoint la rébellion au Mali. Ils se sont réinsérés dans la vie sociale au pays. Certains ont maintenant des responsabilités politiques au Niger. Tout comme les chefs des anciennes rébellions dont beaucoup ont été élus lors des élections locales et régionales de 2011. Comment le Niger peut-il participer à la résolution de la crise au Mali ? C’est aux Maliens de déterminer la voie à suivre. Mais nous pouvons parler aux deux parties pour qu’elles négocient. Y compris aux représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), les rebelles touareg du Mali ? Nous en avons même parlé avec le président malien. Tous les moyens qui peuvent contribuer à la paix sont bons. Pourtant, les discussions à Alger ont échoué début février ? Il ne faut pas se décourager. L’une des raisons de l’échec tient à l’absence du MNLA à Alger. Les anciens mouvements, eux, étaient présents. Il faut s’efforcer que les nouveaux viennent négocier. Comptez-vous sur la France pour garantir votre sécurité si la crise dégénère ? On ne confie jamais la défense de son pays à d’autres. La création d’un arc Boko Haram -AQMI ne vous inquiète pas ? Des indices montrent des relations entre ces deux mouvements terroristes, et avec les chabab de Somalie. Nous faisons en sorte qu’elles ne se renforcent pas. L’ONU annonce une crise alimentaire prochaine au Sahel. Y a-t-il des raisons de s’alarmer ? Nous avons un déficit énorme de 700 000 tonnes de céréales. Plus un déficit fourrager très important. La situation alimentaire est donc très alarmante. D’où le programme d’urgence (irrigation, vente de bétails, emplois ruraux, stock stratégique) mis en œuvre en collaboration avec les agences internationales et les ONG. Mais l’essentiel de la charge repose sur le Niger. p Propos recueillis par Christophe Châtelot n Sur Lemonde.fr L’intégralité de l’entretien A neuf mois de l’élection présidentielle, Barack Obama veut taxer les contribuables les plus riches Le président américain a présenté, lundi 13février, un budget en déficit de 900milliards de dollars Washington Correspondante B arack Obama a choisi de présenter son budget 2013, lundi 13 février, dans un IUT de Virginiedu Nord,région très disputée pour les élections de novembre. « Je suis venu ici tellement souvent que je vais bientôt avoir mon diplôme », a-t-il plaisanté. On ne saurait mieux traduire qu’il s’agit surtout d’un budget de campagne électorale, loin des tentatives de compromis de 2011 avec les républicains : augmentation des impôts pour les plus riches, entrée en vigueur de la « règle Buffett » (du nom du milliardaire Warren Buffett : les fortunes supérieures à 1 million de dollars annuels doivent être imposées au moins à 30 %), abolition des privilèges fiscaux de l’industrie pétrolière ou des terrains de golf, taxe sur les banques, dépenses d’infrastructure, embauche de professeurs. M.Obama a mêmeressorti son projet de train à grande vitesse, vilipendé par les conservateurs. L’exercice est largement théorique. Le budget 2013 n’a aucune chance d’être adopté dans l’immédiat. Le budget 2012 est lui-même encore sur les étagères, les républicains de la Chambre ayant voté leur propre projet, que le Sénat, à majorité démocrate, a refusé d’examiner. Mais le texte, qui comporte 256 pages, va servir de plate-forme électorale au candidat Obama et de punching-ball aux républicains. Les milieux politiques espèrent que les électeurs rendront un avis explicite en novembre. Dès le lendemain des élections, en effet, le Congrès va devoir s’attaquer de nouveauàlaquestiondu renouvellement des baisses d’impôt décidées par George Bush en 2003. Prolongées de manière temporaire en 2011, elles viennent à expiration à la fin de l’année. Le budget 2013 ignore superbement le Tea Party et ses exigences de réduction de la taille du gouvernement. Les dépenses s’élèvent à 3 800 milliards de dollars (2900 milliards d’euros). Les recet- tes à 2 900milliards, soit un déficit prévude 900 milliards,alors que la dettenationales’élèveà15 000milliards. Les Etats-Unis continueraient à devoir emprunter 24 cents de chaque dollar qu’ils dépensent. Indignation des républicains A moins de dix mois des élections, Barack Obama a rassemblé toutes ses priorités, et notamment l’éducation. Le budget ne touche pas au système de pensions alors que le président s’était montré ouvert à l’augmentation de l’âge de la retraite lorsqu’il avait proposé une grande négociation aux républicains en août 2011. Sur Medicare, l’assurance santé publique réservée aux plus de 65 ans, il se contente de dépoussiérage (remboursant moins généreusement les fournisseurs de soins). Les républicains, désireux de favoriser les assurances privées, sont, eux, partisans d’un système dans lequel l’Etat ne paierait plus directement les soins, mais fournirait des « coupons » aux assurés, qui régleraient eux-mêmes leurs factures. Du côté des coupes, l’Agence pour l’environnement (EPA), que plusieurs candidats républicains ont promis de supprimer, subit 4 % de réduction budgétaire. Le programme Mars est amputé de deux missions. Le Pentagone devrait réduire ses effectifs de 100 000 personnes, supprimer des bases en Allemagne et renoncer à plusieurs armements coûteux. L’Irak devrait coûter 4,8 milliards, en réduction de 10% par rapport à 2012. L’Afghanistan, 4,6 milliards et le Pakistan, 2,4 milliards. M. Obama propose aussi un fonds de 770 millions pour « répondre aux changements historiques » dans le monde arabe. L’assistance militaire pour Israël se monte à 3,1 milliards. Celle pour l’Egypte a été ramenée à 1,3 milliard. Les républicains se sont étranglés d’indignation en consultant le document. Ils ont immédiatement diffuséun spotpublicitaire quirappelle que M. Obama avait promis en2009deréduireledéficitdemoitié avant la fin de son mandat. p Corine Lesnes Carrément vous. SFR - S.A. au capital de 3 423 265 598,40 40 € - RCS Paris 343 059 564 Les formules Carrées de SFR. Offres soumises à conditions valables en France métropolitaine. Renouvellement de mobile à prix nouveau client réservé d’une part aux clients SFR (hors titulaires d’une formule Carrée) n’ayant pas effectué de renouvellement de mobile au cours des 24 derniers mois sous réserve de se réengager 24 mois et de renoncer au programme garantie carré rouge et d’autre part, aux clients titulaires d’une formule Carrée n’ayant pas effectué de renouvellement de mobile au cours des 12 ou 24 derniers mois, sous réserve de se réengager 12 ou 24 mois. Prêt de mobile : sous condition d’un dépôt de garantie et dans la limite des stocks disponibles. Détails sur sfr.fr. sfr.fr 8 planète 0123 Mercredi 15 février 2012 Amiante: le procureur qui a fait tomber Eternit Le magistrat italien Raffaele Guariniello a obtenu seize ans de prison contre deux dirigeants du groupe suisse Rome Correspondant Un fléau persistant I l aurait très bien pu passer pour l’un des leurs. Petites lunettes cerclées de fer, costume rayé de très bonne coupe, boutons de manchettes, Raffaele Guariniello, procureur du tribunal de Turin (Piémont) ne dépareillerait pas dans une assemblée de la Confindustria, le patronat italien. Maisen faisantcondamner, lundi 13 février, l’ancien propriétaire d’Eternit,legéantsuissedel’amiante, Stephan Schmidheiny, 64 ans, et l’ancien administrateur d’Eternit Italie, le baron Louis de Cartier de Marchienne, 90 ans, à seize ans de prison et à 250 millions d’euros de dommages et intérêts aux parties civiles, ce magistrat est devenu la bête noire des patrons. En juillet 2011, il avait demandé Exposition Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 125 millions de personnes dans le monde sont encore exposées à l’amiante sur leur lieu de travail. Le bâtiment, les constructions navales et les travaux publics sont les secteurs les plus concernés. Mortalité Plus de 107 000 personnes meurent chaque année dans le monde d’un mésothéliome, d’un cancer du poumon ou d’une asbestose (insuffisance respiratoire chronique) dûs à une exposition professionnelle à l’amiante. Selon l’OMS, l’amiante est responsable de « la moitié des décès par cancers d’origine professionnelle ». Pathologies Il existe plusieurs formes d’amiante dont les principales sont le chrysotile et la crocidolite. Certains promoteurs de l’amiante défendent leur innocuité mais, selon l’OMS, toutes sont dangereuses pour l’homme, même à faible dose, et provoquent – outre des cancers et des maladies respiratoires – des cancers du larynx ou des ovaires. «Un rêve vient de se réaliser, celui de tous ceuxqui veulent une justice qui fonctionne» Raffaele Guariniello procureur du tribunal de Turin vingt ans de prison contre les deux inculpés, responsables selon l’accusation de la mort « volontaire » de 3 000 personnes due à l’amiante sur les quatre sites italiens d’Eternit, dont 1 800 à Casale Monferrato, là où le groupe avait son plus important établissement. L’inculpation ? « Catastrophe sanitaire et environnementale permanente. » « Seize ans, c’est pas si mal. Un rêve vient de se réaliser, pas seulement le mien mais celui de tous ceux qui veulent une justice qui fonctionne », se félicitait le procureur lundi soir au téléphone. Le plus grand procès et son verdict déjà qualifiés « d’historiques » doiventtout ou presque à l’abnéga- Le procureur Raffaele Guariniello à la sortie du procès de responsables du groupe Eternit, à Turin, lundi 13 février. DANIELLE BADOLATO/AP tion de ce magistrat de 71 ans spécialisé dans la sécurité du travail et le dopage. Déjà, en avril 2011, il avait fait condamner à seize ans et demide prison en première instance Harald Espenhahn, le directeur général de la branche acier du groupe allemand ThyssenKrupp pour « homicide volontaire », à la suite du décès de sept ouvriers sur une ligne de laminoir à Turin. Pour inculper ledernier propriétaireet l’un des actionnaires principaux du groupe Eternit, il aura fallu un « coup de chance », si l’on peut dire : le décès par mésothéliome (cancer de plèvre), sur le territoire italien, d’un ouvrier transalpin ayant travaillé dans l’une des usines du groupe en Suisse. « Cela a été le chaînon manquant qui nous a permis de poursuivre Schmidheiny, raconte M. Guariniello. Par le passé, nous n’avions pu faire condamner que des administrateurs, des cadres, des lampistes. » De son bureau au cinquième étage du tribunal de Turin, il domine la prison de l’autre coté du Cours Victor-Emmanuel II. Derrière lui, bien en évidence, une biographie de Guiseppe Verdi et un livre de photos de La Callas. Partout, sur les étagères et sur son bureau, des CD de musique classique : « Pendant huit ans, j’ai passé la majeure partie de mon temps ici, dit-il. Il fal- lait bien que je me délasse. » Commencée en 2004, son enquête ne se fera pas sans mal. Pour se défendre d’avoir négligé la sécurité au profit de la rentabilité, Eternit, qui a fermé l’usine de Casale Monferrato en 1986, tente de jeter le discrédit sur tous ceux qui la combattent. Elle confie à une agence de communication milanaise, K Bellodi, la tâche de désinformer la presse. Médecins complaisants, journalistes stipendiés se relaient pour écrire la fable d’une amiante « domestiquée ». « Schmidheiny était plus malin que moi. Il a compris tout de suite l’enjeu de ce procès. Mais j’ai retrouvé la trace de circuits financiers entre la Suisse et cette agence », raconte M. Guariniello avec le sourire de celui qui aurait gagné une partie de gendarmes et voleurs. Pour contrer leurs manœuvres, le magistrat a pu s’appuyer sur l’association des familles de victimes de l’amiante, les collectivités locales et sur une équipe de magistrats spécialisés dans le domaine de la sécurité au travail. Est-ce cette machine qui a dissuadé les deux inculpés de se présenter face à leurs juges ? Peut-être : « Pourtant, je préfère poursuivre les crimes que faire condamner les hommes », s’étonne-t-il, pince-sans-rire. Pour le procureur, l’histoire ne s’arrête pas là. D’abord parce que président de l’Andeva. «Personne ne souhaite se retrouver avec une nouvelle affaire de santé publique, comme le sang contaminé, avec les mises en examen de responsables économiques et politiques », résume M. Poinas. «En Italie, c’est un parquet indépendant et volontaire qui a décidé d’ouvrir une instruction. En France, il a tout fait pour l’entraver, s’émeut Me Teissonnière. Le jugement italien interpelle l’institution judiciaire française.» Après le verdict de Turin, nombre d’associations, dont l’Andeva, et de syndicats ont demandé à la justice française d’accélérer. p MM. Schmidheiny – dont un des avocats dénonce un verdict « techniquement injuste » – et Cartier de Marchienne ont annoncé leur intention de faire appel. Ce qui reporte assez loin l’hypothèse d’une sanction définitive. Ensuite parce que l’amiante continue à tuer en Italie où elle est interdite depuis 1992. En 2011, 58 personnes sont décédées rien qu’à Casale Monferrato. Le procureur Guariniello prépare un second procès qui pourrait débuter avant la fin de l’année. Il enquête également sur le volet italien du scandale des implants mammaires, sur les ondes transmises par les téléphones portables. Le 25 février, il viendra à Paris pour parler « des nouvelles frontières du droit ». Il rêve tout haut de la constitution d’un « parquet international », qui pourrait enquêter sur les responsables « des tragédies modernes ». « La gestion d’une usine dépend directement des décisions prises par les actionnaires. Il faut pénétrer les conseils d’administration », dit-il. Raffaele Guariniello, s’imagine volontiers en arbitre d’un monde desaffaires globalisé aux responsabilités insaisissables. « Le crime voyage à la vitesse de la lumière et nous, les magistrats, sommes encore au temps des diligences », déplore-t-il. Il lui faudrait juste un peu plus de moyens et pas mal de CD supplémentaires quand il faudra « se délasser ». p Rémi Barroux Philippe Ridet En France, après quinze ans d’instruction, aucun procès n’est en vue LE CONTRASTE est saisissant. Alors que la justice italienne vient de condamner à seize ans de prison, lundi 13 février, deux anciens responsables de la société suisse Eternit, dans le cadre du drame de l’amiante, aucun procès n’est en vue en France. «On est dans un véritable naufrage judiciaire, rien ne se passe, ou presque», explique Jean-Paul Teissonnière, avocat de l’Association française des victimes de l’amiante (Andeva) et présent à Turin pour défendre des familles italiennes. «Le cadre est à peu près identique. Les procédés industriels d’Eternit en Italie, en Suisse, en Belgique et en France sont les mêmes, le nombre de victimes équivalent, mais, ici, on a l’impression d’une tentative de torpillage de la justice», dit-il. Quelque 3 000personnes meurent chaque année en France de cancers liés à l’amiante et le total des victimes pourrait s’élever à 100000 d’ici à 2025. Alors que les premières constitutions de partie civile remontent à 1996, aucune instruction ne semble devoir déboucher dans un avenir proche. Pire, la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, en charge de la plupart des dossiers et qui a mis en examen six des anciens dirigeants du Comité permanent amiante, une structure de lobbying active entre 1982 et 1996, a été dessaisie d’une partie des affaires et ses mises en examen ont été annulées par la cour d’appel de Paris. Résistance Pour Emmanuel Poinas, viceprésident du tribunal de grande instance de Marseille et secrétaire général du syndicat FO des magistrats, « il y a des résistances à l’intérieur même du corps judiciaire, et la nomination d’un nouveau juge, qui devra découvrir des milliers de pages de dossiers, risque de retarder de cinq à dix ans la perspective d’un procès». Selon lui, plusieurs raisons expliquent cette paralysie, dont « la modestie » des moyens du pôle judiciaire de santé publique auquel appartient Mme BertellaGeffroy: « Les moyens alloués par la police et la gendarmerie aux investigations sont dérisoires. Il a fallu huit ans pour que certaines commissions rogatoires reviennent.» Selon plusieurs protagonistes, le parquet ne veut pas d’un procès au pénal. «On a gagné au civil sur les mesures d’indemnisation, et le parquet considère qu’il n’est pas nécessaire d’aller au pénal puisque les victimes ont été indemnisées», explique François Desriaux, vice- Deux études pointent la responsabilité du bisphénol A dans l’épidémie de diabète De faibles doses du perturbateur endocrinien, présent chez 95% de la population occidentale, favorisent l’augmentation de la glycémie L e bisphénol A (BPA) contribuerait bel et bien à l’épidémie mondiale de diabète de type 2. Deux nouvelles études renforcent la suspicion autour de ce perturbateur endocrinien entrant dans la composition des plastiques alimentaires, des revêtements intérieurs de canettes ou encore de boîtes de conserve et qui est présent chez 95 % de la population occidentale. La première étude, publiée dans l’éditionduJournalofClinicalEndocrinology & Metabolism de février 2012, confirme, dans la population générale, le lien entre expositionauBPAd’unepart,obésité et diabète de type 2 d’autre part. La seconde, qui vient d’être rendue publique dans la revue PLoS One, metenévidenceinvitrolemécanisme par lequel de faibles doses de BPA peuvent favoriser le développement de cette maladie, qui progresse rapidement et touche aujourd’hui plus de 300 millions de personnes dans le monde selon l’Organisation mondiale de la san- té (OMS). Généralement associé à la sédentarité et à la surconsommation de graisses saturées et de sucres,lediabètedetype2 estcaractérisé par une glycémie trop élevée. Tiange Wanget ses coauteurs du Shanghai Institute of Endocrine and Metabolic Diseases (Shanghaï, Une avalanche de travaux expérimentaux Depuis le 1er janvier, pas moins de 46 études en biologie ou en recherche biomédicale ont été consacrées au bisphénol A (BPA) et publiées dans des revues scientifiques. L’éventail des chercheurs est immense. Certains documentent des défauts de développement neurologique chez le poisson-zèbre, lorsqu’il a été exposé au BPA à l’état larvaire, d’autres cherchent des moyens de mieux évaluer la teneur totale du perturbateur endocrinien dans le corps humain… Une équipe française vient également d’observer comment le BPA peut favoriser la prolifération de cellules de cancers testiculaires humains. Chine) ont mesuré l’imprégnation au BPAde 3 390 adultes. Ils ontclassé en quatre groupes les sujets étudiés – des plus forts taux de BPA auxplus faibles – et ontrelevé pour chacun des participants son indice de masse corporelle (IMC). Résultat : les individus appartenant au groupe le plus imprégné ont, par rapport à la moyenne des quatre groupes, un risque accru de 50 % d’être obèse et de 37 % de présenter une résistance à l’insuline, un précurseur au diabète de type2. En restreignant les observations aux seuls sujets de corpulence normale, M. Wang et ses coauteurs observent que le risque de diabète de type 2 est accru de 94 % pour les sujets les plus imprégnés, par rapport au groupe dont les teneurs en BPA sont les plus basses. Par quels mécanismes ce lien entre diabète et exposition au BPA se noue-t-il ? Sergi Soriano (université Miguel Hernandez de Elche à Alicante, Espagne) et ses co-auteursa exposéin vitro des cellules pancréatiques de souris et d’humains aux concentrations de BPA couramment rencontrées dans la population générale. Synthèse d’insuline accrue Les chercheurs espagnols ont montré que ces cellules, lorsqu’elles sont exposées à de faibles doses de BPA, synthétisent plus d’insuline. Cette hormone est impliquée dans les mécanismes de régulation de la glycémie. Or lorsque les cellules pancréatiques en sécrè- tent trop de manière chronique, l’insulino-résistance des tissus apparaît. Il faut toujours plus d’insuline pour réguler les glucides, jusqu’à ce que le pancréas ne puisse plus en apporter suffisamment. La glycémie augmente et le diabète apparaît. En outre, selon le Réseau environnement santé (RES), « l’étude apporte la preuve que l’homme est plus sensible au BPA que la souris ». Le bisphénol A est au centre d’un projet de loi français visant à le bannir des contenants alimentaires dès 2014. L’Autorité européenne de sécurité des aliments le considère toujours comme sûr aux doses rencontrées dans la population générale. p Stéphane Foucart Carrément vous. DAS : 0,303 W/Kg * 1 SFR - S.A. au capital de 3 423 265 598,40 € - RCS Paris 343 059 564 € Soit 49,90 € (1) - 48,90 € (2) remboursés sur demande avec un Carré absolu pour un engagement de 24 mois Offres soumises à conditions valables en France métropolitaine jusqu’au 10/04/12. Engagement de 24 mois. (1) Prix de vente maximum conseillé pour l’achat d’un Galaxy Nexus lors de la souscription d’un Carré absolu (prix avec un nouveau mobile) pour une durée d’engagement de 24 mois. Tarif différent en cas de souscription à une autre formule Carrée, pour une durée d’engagement de 12 mois ou à une offre SFR La Carte. En cas de renouvellement de mobile, tarifs et conditions disponibles en point de vente. (2) Offre de remboursement valable pour l’achat d’un Galaxy Nexus avec la souscription d’un Carré absolu,au prix avec nouveau mobile,pour une durée d’engagement de 24 mois,sous réserve de l’envoi des pièces justificatives au plus tard dans les 30 jours suivant l’acte d’achat (cachet de la poste faisant foi).Offre de remboursement du prix payé moins 1 € dans la limite de 48,90 €. DAS (débit d’absorption spécifique) des téléphones mobiles : quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne dépasse pas 2W/Kg. Donnée constructeur. Détails sur sfr.fr. sfr.fr 0123 planète Mercredi 15 février 2012 Un petit agriculteur charentais gagne contre le géant américain Monsanto Le TGI de Lyon a estimé que la firme était responsable de l’intoxication par un herbicide du céréalier Paul François. L’entreprise va faire appel C ’est un long combat que celui de Paul François, agriculteur à Bernac en Charente, déterminé à obtenir réparation auprès du géant américain Monsanto.Le tribunal de grande instance (TGI) de Lyon lui a donné raison sans restriction, lundi 13 février, en concluant que la firme multinationale était « responsable du préjudice » qu’il avait subi à la suite de l’inhalation du pesticide Lasso. Ce désherbant destiné au maïs l’ayant gravement intoxiqué, le fabricant de produits phytosanitaires devra l’indemniser « entièrement », stipulent les magistrats. Ce jugement a été salué à grand renfortde communiqués de victoire par les défenseurs de l’environnement, prompts à se réjouir des déboires de Monsanto qui a cependant décidé de faire appel. Qu’importe, le jugement fera date : il reste rare de voir un simple céréalier faire condamner une puissante multinationale de l’agrobusiness. « Je crois que c’est une première en France et en Europe, glisse François Lafforgue, avocat de Paul François. Elle était attendue par des agriculteurs jusqu’aux EtatsUnis. » Spécialisé dans les questions de santé publique, d’environnement et de sécurité au travail, son cabinet est actuellement en charge d’une vingtaine de procédures, dont une douzaine déjà en cours, à l’initiative de cultivateurs qui ont perdu la santé à force d’utiliser des produits pesticides toxiques. Tous ne proviennent pas de chez Monsanto… Syngenta, Bayer, Basf, l’ex-Rhône-Poulenc sont aussi concernés… « avec des responsabilités croisées qu’il n’est pas toujours possible d’établir », précise l’avocat. Pour Paul François, l’affaire a débuté le 27 avril 2004. Ce jour-là, après avoir pulvérisé de l’herbicide sur un champ de maïs, il entreprend de nettoyer la cuve, pas tout à fait vide. Il sent une odeur très forte, se sent mal, titube jusque chez lui où il est pris de vertiges. Son épouse, infirmière, l’emmène immédiatement à l’hôpital et a le réflexe de soumettre au centre antipoison, l’étiquette du produit en cause : le Lasso. Cet herbicide est composé d’alachlore comme il est indiqué sur l’emballage et d’une autre molécule, le monochlorobenzène, discrètement mentionnée. Dangereux, le Lasso a été interdit en 1985 au Canada, en Belgique et au Royaume-Uni en 1992, avant de l’être en France en avril 2007. Le Lasso a été interdit en 1985 au Canada, en Belgique et au Royaume-Uni en 1992 M. François accuse Monsanto de n’avoir informé correctement les utilisateurs de ce pesticide ni sur sa composition, ni sur les précautions à prendre pour le manipuler. Il souffre encore aujourd’hui de troubles neurologiques : vertiges, absences, pertes de connaissance… Lui qui avait commencé à ressentir de sérieux doutes sur les bienfaits de l’agriculture intensive avant son accident, a voulu venir en aide à d’autres agriculteurs malades. Il a créé une association, Phyto’victimes, que le conseil régional de Poitou-Charente a soutenue. Pour la présidente de la région, Ségolène Royal (PS) : « La preuve est apportée des effets irrémédiables de ces produits sur l’environnement et, pire encore, sur la santé des agriculteurs. » Selon elle, le monde agricole est deux fois plus touché par des cancers que la moyenne nationale. Paul François a dû faire preuve de beaucoup de ténacité pour obtenir du tribunal des affaires de sécurité sociale de la Charente en 2008, la reconnaissance de son intoxication en tant que maladie professionnelle. Contestée, cette décision a finalement été confirmée par la cour d’appel de Bordeaux le * Voir conditions sur www.mobeco.com DU 11 JANVIER AU 14 FÉVRIER 2012 Détaillant-grossiste vend aux particuliers les grandes marques ”au meilleur prix” MATELAS - SOMMIERS TRECA - TEMPUR - SIMMONS - PIRELLI D U N LO P I L LO - BU LT E X - E P E DA - E TC . . . CANAPÉS - SALONS - CLIC-CLAC CONVERTIBLES POUR COUCHAGE QUOTIDIEN DIVA - CASANOVA - BUROV - DESIGNERS GUILD NEOLOGY - NICOLETTI - LELEU - MARIES CORNER - ETC ... Livraison gratuite sur toute la France Réglez en 10 fois sans frais * 50 av. d’Italie 75013 PARIS 148 av. Malakoff 75116 PARIS 247 rue de Belleville 75019 PARIS 01 42 08 71 00 28 janvier 2010. Le TGI de Lyon vient d’ordonner que soit menée une expertise par un neurologue et un toxicologue, afin de pouvoir déterminer le plus rapidement possible le montant du préjudice subi par M. François, ce qui donnera lieu à une prochaine audience en novembre. Monsanto France continue de nier sa responsabilité, comme en rendent compte les minutes de l’audience de Lyon, et réclame même que Paul François soit condamné à lui verser 10 000 euros. Après tout, n’est-il pas un « professionnel averti qui utilisait ce produit depuis longtemps» ? Pourquoi, dans ces conditions, n’avait-il pas mis de masque ? « Nous sommes très attentifs au problème de santé de M. François, concède Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles de la filiale française, mais nous sommes déçus par ce jugement. Nous considérons que les données du dossier ne permettent pas d’établir un lien de cause à effet entre son état de santé et le Lasso. Il s’agit d’un désherbant utilisé avec succès pendant quarante ans en France [il a été autorisé le 31 décembre 1968], sur des millions d’hectares. » Yann Fichet ne va pas jusqu’à commenter le désamour que manifestent les Français à l’égard de sa société pourvoyeuse de cultures génétiquement modifiées, mais il note que « Monsanto est un Pesticides : de nombreux départements à risques POPULATION ALIMENTÉE PAR UNE EAU NON CONFORME AUX LIMITES DE QUALITÉ POUR LES PESTICIDES EN 2010, en nombre d’habitants Seineet-Marne SeineMaritime Hautsde-Seine Maineet-Loire 0 de 1 à 10 000 de 10 000 à 100 000 SOURCE : MINISTÈRE DE LA SANTÉ - ARS - SISE EAUX 10 Plus de 100 000 Pas de réponse Gard Hérault Guadeloupe nom attractif pour qui veut faire de l’audience ». « C’est une véritable avancée, se réjouit Hélène Bras, avocate à Montpellier qui a souvent défendu la Confédération paysanne. Jusqu’à présent les juges ne reconnaissaient pas les sinistres subis par les agriculteurs. Monsanto, qui prétend toujours que ses produits ne sont pas dangereux, va être regardé différemment. Cette décision est aussi un message pour les autres Guyane Martinique Réunion fabricants de pesticides qui se retranchent toujours derrière les autorisations de mise sur le marché délivrées par les autorités publiques. Dès qu’une de leurs molécules est mise en cause, ils déposent une demande pour en obtenir une autre. » L’association Eau et rivières de Bretagne profite de l’occasion, comme le député européen José Bové (EE-LV) pour demander aux candidats à l’élection présidentiel- le une réforme de ces procédures, qui sont actuellement du ressort du ministère de l’agriculture. « Quand on considère le coût sanitaire, économique et environnemental, il devient évident qu’une autre agriculture, biologique et durable, est non seulement possible mais nécessaire », a commenté Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie-Les Verts, porte-parole d’Eva Joly. p Martine Valo «Ne semons pas la panique chez les consommateurs…» Entretien Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), réagit au jugement du tribunal de grande instance de Lyon qui a reconnu la responsabilité de Monsanto dans l’intoxication d’un agriculteur. Monsanto condamné, c’est historique ? J’ai d’abord une pensée pour l’agriculteur. S’il y a un problème de santé majeur, il est important que la vérité soit connue et la responsabilité identifiée. J’espère que les expertises demandées par le jugement permettront de faire toute la lumière. Je suis toujours prudent. La Mutuelle de santé agricole (MSA) a fait une étude approfondie d’où il ressort que la proportion de cancers en agriculture est moins importante que dans d’autres secteurs. Derrière ce constat, il faudrait être plus précis pour savoir si l’on peut attribuer l’origine de la maladie à telle ou telle manipulation. Quelles sont les mesures prises pour réduire la dangerosité des produits chimiques employés en agriculture ? En 2011, près de 160 000 agriculteurs se sont formés à ce que l’on appelle le « certiphyto ». Nous avons été submergés par la demande. Il s’agit de mieux connaître les matières actives, leur manipulation, les habits de protection et l’usage des pulvérisateurs. Ces mesures découlent du Grenelle de l’environnement qui prévoit la réduction de 50 % des molécules utilisées d’ici à 2018. Une baisse qui doit tenir compte du caractère potentiellement toxique des produits ou de leur efficacité insuffisante. de binage. C’est un travail de longue haleine. C’est pour cela que nous sommes très attachés à ne pas nous couper des biotechnologies dont font partie les OGM. Les alternatives passent par les biotechnologies, en particulier lorsqu’elles permettent à une plante de résister à une maladie ou au stress hydrique. C’est une manière de s’affranchir des matières actives de type chimique. La chimie n’a pas tout de négatif. Que des agriculteurs s’interrogent sur leur propre santé, cela va de soi. Mais il ne faut pas semer la panique chez les agriculteurs et les consommateurs. On fait des analyses. Il arrive que des lots de marchandises soient retirés quand on trouve des résidus phytosanitaires sur les produits. p Le Grenelle prévoit aussi une diminution de 50 % des volumes de produits phytosanitaires utilisés d’ici à 2018. Il faut aussi vider les exploitations agricoles de tous les stocks non utilisés et des matières actives retirées du marché. C’est un énorme travail. L’agriculture est constituée d’une multitude de petites entreprises. Nous ne pouvons quantifier aujourd’hui ce qui a déjà été réalisé. Cette réduction des produits chimiques est-elle compatible avec la vision d’une agriculture tournée vers la productivité que vous défendez ? Le défi qui nous est proposé, et que doivent relever les scientifiques, c’est comment rester dans la course tout en étant dans l’obligation de répondre à ces nouvelles normes. Il faut trouver des alternatives, comme le recours au désherbage localisé ou à des techniques Propos recueillis par Laurence Girard Climat Le réchauffement va empirer avec les pratiques agricoles intensives Le réchauffement climatique va empirer à mesure que les méthodes agricoles intensives vont accélérer leur effet néfaste sur l’érosion des sols, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) rendu public lundi 13 février. Les sols contiennent d’énormes quantités de carbone sous forme organique qui apportent des nutriments aux plantes. Cette substance décroît rapidement à cause de la déforestation et de l’agriculture intensive. Une fois convertie en dioxyde de carbone, elle contribue au réchauffement climatique. Environ un quart des sols sont déjà en mauvais état, estime le PNUE. Près de 60 % du carbone emprisonné dans les sols et la végétation aurait été perdu depuis le XIXe siècle. – (PlanetArk.) p Catastrophe Le risque sismique a augmenté près de la centrale nucléaire de Fukushima Le risque sismique a augmenté à Fukushima depuis le tremblement de terre du 11 mars 2011, selon une étude d’un géologue japonais publiée dans Solid Earth. Le séisme aurait créé une faille sismique à proximité de la centrale nucléaire. – (AFP.) Mercredi 15 février à 21h15 Jean-François COPE Invité de Emission politique présentée par Frédéric HAZIZA Avec : Françoise FRESSOZ, Sylvie MALIGORNE et Marie-Eve MALOUINES Et 7j/7 www.mobeco.com leader de la vente en ligne Echouage « Costa-Concordia » : de nouvelles accusations contre le croisiériste L’équipage du paquebot qui a fait naufrage le 13 janvier au large delà Toscane est « accusé de mépris envers la vie humaine » par 39 plaignants américains. – (AFP.) sur le canal 13 de la TNT, le câble, le satellite, l’ADSL, la téléphonie mobile, sur iPhone et iPad. En vidéo à la demande sur www.lcpan.fr et sur Free TV Replay. www.lcpan.fr france 0123 Mercredi 15 février 2012 11 Le PS hésite sur la reprise en main de l’Intérieur Après dix ans de sarkozysme, le camp Hollande ne peut pas compter sur un large vivier de préfets de gauche L es perspectives de victoire ne font pas qu’aiguiser les appétits,àgauche.Si,enjuin,auterme des élections, les socialistes contrôlaient les pouvoirs exécutif et législatif, ils auraient à résoudre ce défi : comment réinvestir l’appareil d’Etat, profondément remanié depuis dix ans, marqué de l’empreintedusarkozysme? Faut-ilplacer des fidèles à tous les postes-clés ou se contenter d’ajustements? Ce dilemme se pose surtout au ministère de l’intérieur, le réacteur central de la machine Sarkozy. Deuxcampsse dessinentautourde François Hollande. D’un côté, les partisans d’un coup de balai parmi les hauts responsables policiers et lespréfets.Parmieux,desfonctionnaires écartés pour leur supposée sympathie à gauche, revanchards. De l’autre côté, ceux qui rejettent la tentation de la purge. Parmi eux, le groupe Calvignac, de jeunes fonctionnaires de la Place Beauvau qui réfléchissent à une alternance posée, ou encore Nacer Meddah, secrétaire général de la campagne de M. Hollande. Nommé préfet en 2006 par Nicolas Sarkozy, il redoute avant tout, les « commissaires politiques». M. Meddah a été recommandé par Pierre Moscovici, élu de Franche-Comté, région où il fut préfet, en2011.Unebagarreàfleuretsmouchetés a eu lieu autour de sa désignation. Certains espéraient un choix plus politique, comme celui de Yannick Blanc, cet ancien directeurdelapolice généraleàlapréfecture de police, sèchement écarté en 2008 sur la base d’un dossier tronqué,montépar l’inspectiongénérale des services (IGS). « A l’époque où j’aiétéremercié,seulFrançoisRebsamens’étaitmanifesté »,sesouvientil. Chargé des questions de sécurité auprès de M. Hollande, M. Rebsamen loue « le courage et la rigueur intellectuelle » de Yannick Blanc. Mais Nacer Meddah l’a emporté. Une certitude en cas d’alternance: Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), et Fréderic Péchenard, directeur général de la police nationale (DGPN), « devraient être démissionnés », selonlaformuledeFrançoisHollande. « Il y a de hauts fonctionnaires delapolicequiontmanquéàl’application de la loi », avait-il lancé, le 29septembre2011surCanal+,àpropos du dossier des fadettes, dans l’affaire Bettencourt. Deux camps se dessinent: les partisans d’un coup de balai et ceuxqui rejettent la tentation de la purge Autre certitude : la réhabilitation de bannis, tels Bernard Boucault et Pierre-René Lemas. Deux préfetsdegauchequiontfaitcarrière sous Lionel Jospin, congédiés par la droite. M. Lemas, membre comme M. Hollande de la promotion Voltaire à l’ENA, est déjà revenu en grâce en devenant en octobre 2011 ledirecteur du cabinet de Jean-Pierre Bel, président (PS) du Sénat. « Il y aura des changements à opérer, confie François Rebsamen, citant à titre d’exemple le préfet de policedeParis.Ilnes’agitpasdedescendre trop bas dans la hiérarchie, ni de faire un grand chambardement.Maisceuxquiontimpulsé des comportements peu républicains ou des pratiques professionnelles éloignées de l’esprit républicain doiventêtreremplacés.Ilfaudraredonner confiance à l’ensemble des préfets », ajoute celui qui est présenté comme un ministre de l’intérieur potentiel. M.Rebsamen sait aussi vanter la souplesse préfectorale. Ancien patron des Renseignements généraux et secrétaire général adjoint du ministère, Pascal Mailhos a été nommé préfet en Bourgogne en novembre 2011, sur les terres du socialiste. «Il s’y montre tout à fait charmant avec moi », sourit le maire de Dijon. Ils sont nombreux à avoir souffert sous l’autorité de M. Sarkozy, lors de son passage au ministère de l’intérieur, puis durant le quinquennat. Toujours plus exposés et de moins en moins considérés, à leurs yeux. Tous se souviennent des limogeages abrupts : pour n’avoir pas prévenu Paris d’un happening nationaliste dans le jardin de Christian Clavier, en Corse ; pour n’avoir pas tenu à distance des manifestants lors d’un déplacement présidentiel ; ou encore pour résultats insuffisants contre la délinquance. Les têtes coupées ont incité beaucoup de préfets à taire leursréticences,aumomentdeporter le débat sur l’identité nationale. Autretraumatisme :lesnominationstrèspolitiques.TelPierreMonzani, préfet de Seine-et-Marne depuis mai 2011, ex-conseiller de Charles Pasqua puis directeur du pôle universitaire Léonard-de-Vinci(Hauts-de-Seine).OuPatrickStefanini,proched’AlainJuppé,condamné dans l’affaire des emplois fictifs Rencontres discrètes Amis ou collègues de promotion à l’ENA, ils se retrouvent tous les quinze jours depuis l’automne. Soit dans les salons de la présidence du Sénat, poste avancé de la reconquête socialiste du pouvoir, soit dans l’arrièresalle de restaurants prudemment éloignés de la place Beauvau. « On sait que, dès notre sortie du bois, une véritable chasse aux sorcières sera organisée contre nous par Claude Guéant », frissonne l’un d’entre eux. Ils travaillent en effet au cœur de l’appareil sarkozyste : le ministère de l’intérieur, aujourd’hui confié à un fidèle entre les fidèles. Leur point commun, outre un usage redoutable de circonvolutions administratives ? Ils souhaitent la victoire de François Hollande mais… réclament avant tout un « Etat impartial ». Les hauts fonctionnaires du groupe Calvignac se disent de gauche, même si certains ont Ar. Ch. et P. Sm. spicys.fr L voté Sarkozy en 2007. Ils rêvent de l’alternance, mais redoutent en même temps les règlements de comptes, les têtes qui roulent, les copains promus, les vieux réseaux réactivés. « Sarkozy a théorisé que la loyauté personnelle est plus importante que tout, explique l’un d’eux. On ne veut pas d’un Etat de gauche mais d’un Etat neutre. » Le groupe dénonce la révision générale des politiques publiques qui a « théorisé le mouvement pour le mouvement, sans autre idée que de réduire les effectifs ». Il critique aussi l’obsession statistique en matière de délinquance et d’immigration. Après avoir participé à des groupes de travail, auprès de Laurent Fabius ou au cercle de réflexion Terra Nova, certains ont sollicité François Rebsamen, le « M. Sécurité » du camp Hollande. Ce dernier les a gentiment éconduits, expliquant que « six groupes » travaillaient déjà sur la sécurité. Pour se faire entendre, Calvignac réfléchit donc à une tribune, à l’instar du groupe Marly au Quai d’Orsay : ces diplomates anonymes avaient signé un réquisitoire fracassant contre la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, en février 2011, dans Le Monde. Cette fois, deux mois avant le premier tour, le risque est relatif. « Les résistants de la dernière heure sont toujours les plus bruyants », sifflent plusieurs préfets tombés en disgrâce sous l’ère Sarkozy ou marqués à gauche. p mé sous-préfet hors cadre en avril2010, sans l’ancienneté nécessaire dans la fonction publique. «Il faut revivifier le corps préfectoral, dit François Rebsamen, un peucommel’avaitfaitFrançois Mitterrand. » A gauche, certains se remémorent la phrase de l’ancien président à son arrivée à l’Elysée : «Les préfets, il y en a environ 110 en activité. Vous ne pouvez pas en inventer!» Un préfet à la retraite «Comment notre pays s’est-il résolu à transformer nos élites en un corps de contrôleurs ? » Un membre du groupe Calvignac a récemment résuméleproblème,lorsd’une réunion. « Il nous faut notre Guéant ! » Dans son esprit, il s’agit de la version « Guéant » grand commis de l’Etat, d’avant mai 2002. Celui que la gauche envisageait aussi de promouvoir, à l’époque. Cette référence est aussi l’aveu de la difficulté à recruter. L’absence d’un vivier important explique la tentation de s’en remettre aux anciens de la génération Pierre Joxe, comme Patrice Bergougnoux, ex-patron de la police. « Les préfets, il y en a environ 110 en activité. Vous ne pouvez pas en inventer !, note un préfet à la retraite. Hollande va sauter une génération.» Jusqu’à puiser parmi les plus brillants promus de l’ère Sarkozy ? Le 11 janvier, à 41 ans, Renaud Vedel a été nommé préfet etsecrétairegénéralpourl’administration de la préfecture de police. Depuis 2002, il travaille auprès de Michel Gaudin. Se revendiquant de « culture mendésiste-deloriste » sans jamais avoir appartenu au PS, M. Vedel participe, depuis début 2011, à un groupe de travail sur la sécurité lancé par Terra Nova, cercle de réflexion proche du PS. p Ariane Chemin et Piotr Smolar Le mot “hospitalité” doit-il être considéré comme du vieux français ? Les conjurés de Beauvau rêvent d’un «Etat neutre» eur groupe se surnomme Calvignac, du nom d’un syndicaliste socialiste du Tarn, figure du secteur minier à la fin du XIXe siècle. Il est composé d’une douzaine de hauts fonctionnaires issus du corps préfectoral, âgés de 35 à 45 ans, avec des CV copieux. Certains travaillent au ministère de l’intérieur, d’autres en région. Ils veulent devenir les nouveaux cadres « sécurité » d’une gauche revenue aux affaires. de la Mairie de Paris, mais nommé préfet d’Aquitaine en avril 2011. Sans parler de Xavier Peneau, ancien directeur de cabinet d’Alain Carignon, nommé en novembre 2011 préfet de l’Indre malgré une condamnation pour «abus de biens sociaux» et «usage de faux ». Maisle plus dur à avaler dans ces nominations a été, pour ces hauts fonctionnaires, la promotion de « grands flics » à des postes qui leur échoient d’habitude. Tel Christian Lambert, ancien patron des CRS, nommé en Seine-Saint-Denis, ou bien Eric Le Douaron, envoyé en juillet2010dansl’Isèreaprèsdegraves violences à Grenoble. « L’idée qu’il faudrait mettre un képi quand les affaires deviennent sérieuses a fait du mal à la corporation», explique un sous-directeur, place Beauvau. Le comble, pour les préfets, a été le cas Bruno Beschizza. L’ancien patron du syndicat de police Synergie officiers, secrétaire national pour la sécurité à l’UMP, a été nom- A suivre sur secours-catholique.org 12 0123 politique Mercredi 15 février 2012 Nicolas Sarkozy veut incarner «la parole rendue au peuple» Le chef de l’Etat devrait se déclarer le 15 février sur TF1 et embrayer sur un meeting à Annecy C ’étaitundéplacement deprésident. Le dernier. La presse est venue en masse voir le candidat. Nicolas Sarkozy s’est rendu,mardi14févrieraumatin,àl’usine Photowatt de Bourgoin-Jallieu (Isère), en faillite. Plus de 80 représentants des médias, deux fois plus qu’à l’habitude, se préparaient à guetter chaque mot, nul n’osant exclure que M. Sarkozy officialise sa candidature face à l’un des 450 salariés de l’entreprise. M. Sarkozy devait surtout apparaître en président-sauveur. Il s’est fait voler la vedette par son ministre de l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, dans le sauvetage de Lejaby par le groupe LVMH. Là, c’est EDF quirenfloueralafilièrephotovoltaïque, mise à mal par les allersretours fiscaux de M. Sarkozy pendant son quinquennat, si aucune autre solution viable n’apparaît. La semaine est celle du chat et de la souris entre l’Elysée et la presse. Le président se réjouit du buzz médiatique autour du non-événement que constituesa candidature, laisse entendre qu’il peut changer ses plans, pour surprendre. En réalité, M. Sarkozy improvise largement. Mais sauf changement, il devrait se déclarer mercredi soir à la télévision, réaliser une première journée de campagne, à Annecy, à l’Arcadium, salle de 3 400 places, vers 17h30. «Le fil rouge de ce déplacement sera sur le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », assure un conseiller, citant le principe édicté dans l’article2 de la Constitution française. La semaine s’achèvera par un grand meeting à Marseille dimanche. La rédaction des deux discours a été confiée à la plume du président, Henri Guaino. Le livre, en réécriture Le livre de M. Sarkozy n’est pas prêt : trop intime, il est réécrit et condensé par la rédactrice du programme de 2007, Emmanuelle Mignon, et ne sera pas publié avant mars. Le grand meeting de région parisienne se tiendra à Villepinte (Seine-Saint-Denis), sans doute le 11 mars. « On n’a pas choisi Bercy, car tout le monde sait combien il y a de participants », glisse un dirigeant de l’UMP. Le chef de l’Etat ne compte pas faire une déclaration de candidature lapidaire, le « oui » de François Mitterrand à la télévision en 1988, le fax à l’Agence France-Presse de Lionel Jospin ou le «je participerai au grand débat qui est déjà engagé»deJacquesChirac àAvignon,en 2002. M. Sarkozy compte expliquer que la présidentielle doit donner lieu à des vrais choix, de vraies oppositionset qu’il faut aborder les sujets au lieu de les masquer comme en est accusé le candidat socialiste, François Hollande. C’est l’équipe de l’Elysée qui aura la main sur la campagne, même si un petit QG, que M.Sarko- Nicolas Sarkozy inaugurant la Direction générale de la gendarmerie, à Issy-les-Moulineaux, le 13 février. J.-C. COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE » zy inaugurera samedi, a été loué rue de la Convention, dans le 15e arrondissement de Paris. L’organisation de campagne devrait être confiée à Guillaume Lambert, actuel chef de cabinet du président, en liaison avec l’UMP. M.Sarkozy estime avoir repris la main, après le discours de M. Hollande au Bourget le 22janvier. L’intervention télévisée sur la TVA sociale et l’entretien croisé avec Angela Merkel ont permis de clore la séquence économique et sociale pour aller vers les thèmes des valeurs et de l’identité avec l’interview au Figaro Magazine. Surtout, la campagne est passée d’un match à quatre, incluant Marine Le Pen et François Bayrou, à un duel avec M.Hollande. Cet optimisme n’est pas partagé par tous. Pour certains, le président a fait une mauvaise séquence en janvier, mélangeant vœux présidentiels et combat politique, le conduisant à griller ses annonces. Il n’a pas fait de vrai choix sur la TVA sociale, n’augmentant cet impôt quede1,6point.«Sivousvoulez foutre en l’air cette idée, soupirait-il, en privé, en novembre 2011, la bêtise serait de [se contenter de] coller un point de TVA supplémentaire. » Distancé par M.Hollande, il a dû accélérer son entrée en campagne. Il est allé rechercher in extremis Mme Mignondansl’espoirderetrouver la magie de la conquête de 2007. «On ne refait pas deux fois la même campagne », s’inquiète un cadre de l’UMP, préoccupé par ce retour vers le passé. De même, M. Sarkozy organise un virage à droite comme il l’avait fait en 2007, proposantla créationd’unministère de l’identité nationale pour casser l’envolée de M.Bayrou. L’idée des référendums Les conseillers de l’Elysée assurent que M. Sarkozy ne vire pas à l’extrême droite mais répond aux soucis du peuple. Inquiets, ils jugent nécessaire de préciser que les propos de Claude Guéant sur les civilisations n’ont pas eu d’impact dans les sondages. Si certains défendent par principe les référendums annoncés parle président, à l’instar du souverainiste Henri Guaino qui veut rendre la parole au peuple contre les corps intermédiaires, d’autres jugent les sujets (chômage et droit des immigrés) trop étriqués ou en contradiction avec la politique de M. Sarkozy, qui dit avoir voulu renforcer le dialogue social et les pouvoirs du Parlement. « Sarkozy renonce avec l’Europe à de la souveraineté, il en redonne au peuple via les référendums», assure un visiteur du soir. Les idées pleuvent, comme celle de ne pas embaucher à vie les futurs fonctionnaires, mais certains proches sont pessimistes, tant l’avance de M. Hollande semble consolidée au second tour. « Il faudrait qu’il se passe quelque chose de lourd, comme l’absence de Marine Le Pen à l’élection », espère encore un conseiller. p Arnaud Leparmentier Pour un sortant, déclarer sa candidature a peu d’impact dans les sondages Christine Boutin se rallie à Nicolas Sarkozy REBONDIRA-T-IL? S’il se réfère au passé, Nicolas Sarkozy a du souci à se faire. S’il est une leçon à tirer des précédentes entrées en campagne des présidents « sortants », c’est qu’elles n’ont guère eu d’effet positif durable dans l’opinion. En 1981, Valéry Giscard d’Estaing attendit le 2 mars pour revêtir les habits de «citoyen candidat». Il le fit depuis l’Elysée, son épouse Anne-Aymone assise à sa droite, un bouquet de fleurs devant lui. D’une dizaine de minutes, son allocution visait à faire peur et à rassurer. Faire peur en évoquant le risque de « décadence politique et économique » en cas de victoire de la gauche. Rassurer en promettant un second septennat apaisé, sans « appel à la haine ou à la véhémence ». Avant sa déclaration, la Sofres créditait « VGE » de 28% des voix au premier tour, et donnait François Mitterrand vainqueur au Christine Boutin, qui était candidate à l’Elysée, a annoncé lundi sur TF1 qu’elle soutiendrait la candidature de Nicolas Sarkozy. «J’ai décidé, avec mon Parti chrétien-démocrate (PCD), de faire une alliance avec le président de la République, candidat sans doute cette semaine. Je veux être avec lui pour faire gagner la France », a-t-elle déclaré. Mme Boutin a expliqué son ralliement par les prises de position récentes du chef de l’Etat dans le Figaro Magazine, « où il conforte le mariage, en disant “non au mariage homosexuel”, où il conforte la vie, en disant “non à l’euthanasie”, où il fait la distinction entre éducation et instruction, où il lève le tabou de l’immigration ». « Nicolas Sarkozy est d’accord pour que le PCD ait une place dans la vie politique française et il y aura donc 100 candidats du parti aux prochaines législatives », a-t-elle ajouté. second à 52%. Huit jours plus tard, le président gagnait un point au premier tour et était à égalité avec son adversaire au second. Il y eut donc un léger rééquilibrage en sa faveur, mais il fut insuffisant : d’abord, parce que Giscard ne reprit pas l’avantage sur Mitterrand; ensuite, parce que son entrée en campagne ne lui permit pas d’enrayer la montée de Jacques Chirac dans les sondages. Incapable de rassembler la droite, il apparaissait, a fortiori, incapable de rassembler les Français. En 1988, c’est par un simple «oui » à la question posée par Henri Sannier au « 20heures » d’Antenne2 que François Mitterrand annonça qu’il était candidat à sa succession. Ce jour-là, le 22 mars, soit un mois seulement avant le premier tour, il était donné gagnant avec 55 % des voix face à son premier ministre, Jacques Chirac. Alors qu’il était déjà très haut dans les sondages, deux ans de cohabitation lui ayant permis de redevenir très populaire, sa déclaration de candidature n’eut pas d’effet positif dans les sondages. Dans le mois qui suivit, il passa de 38 % à 35 % dans les intentions de vote de premier tour. Ce qui ne l’empêcha pas d’être réélu le 8 mai 1988, avec 54% des voix. La dynamique s’inverse En 1995, le sortant n’était pas président, mais premier ministre. Pour annoncer sa candidature, le 18janvier, Edouard Balladur choisit les dorures de l’Hôtel Matignon. Vantant son bilan, il promit alors «de restaurer la morale civique, de lutter contre la corruption, d’assurer la sécurité, le respect des lois, le droit des citoyens garanti par les juges, en somme d’assurer l’Etat républicain». Dans un premier temps, l’impact fut positif. Le 26janvier 1995, la Sofres le créditait de 32 % des voix au premier tour (+3 points en dix jours). Très vite, cependant, la dynamique s’inversa. Dès le 9février, M.Balladur retombait à 28% d’intentions de vote ; à la fin du mois, il était à 23,5 % ; et le 9mars, son « ami de trente ans » Jacques Chirac, candidat depuis novembre1994, le devançait dans les sondages de premier tour. En 2002, comme en 1988, il n’y avait pas un mais deux sortants : le président et son premier ministre. C’est le 11 février, aux côtés de la maire d’Avignon, Marie-Josée Roig, que Jacques Chirac se déclara candidat à sa succession. Lionel Jospin lui emboîta le pas neuf jours plus tard, par un simple fax adressé à l’AFP depuis son domicile parisien de la rue du Regard. Dans les sondages, l’effet fut faible pour M. Chirac (+2 points) et quasi nul pour M. Jospin (+ 1). Il fut surtout éphémère. Passé le frémis- sement des premiers jours, les deux hommes virent leurs intentions de vote s’éroder. Si l’histoire se répète, M.Sarkozy peut donc, au mieux, gagner quelques points après l’officialisation de sa candidature. «Deux ou trois points ne changeraient rien sur le fond, mais les médias parleraient de dynamique ; psychologiquement, donc, ça compte », anticipe le politologue Roland Cayrol. «Qu’il y ait une petite remontée de Sarkozy, peut-être, mais que les courbes s’inversent, c’est autre chose», estime Jérôme Jaffré, qui rappelle que, «de tous les sortants, il est le plus impopulaire ». Selon Jean-Marc Lech, de l’institut Ipsos : «Pour que l’annonce produise un effet, il faudrait un effet de surprise. Or la surprise ne porte que sur la date et le lieu de la déclaration de Sarkozy. Aucunement sur le fait qu’il sera candidat.» p Thomas Wieder Avec des patrons de PME: «Il n’a rien fait. Il n’a pas eu le courage de ses promesses» Reportage Angoulême Envoyée spéciale Ils se rencontrent toutes les semaines dans le local de la CGPME d’Angoulême, lors de dîners du Rotary à l’Hôtel Mercure ou à des réunions du Centre des jeunes dirigeants et, à chaque fois ou presque, la campagne de Nicolas Sarkozy s’invite dans les conversations. Propriétaire forestier, patron de laboratoire médical, ex-PDG dans l’industrie pharmaceutique ou simple dirigeant d’une PME informatique, ils avaient cru à ce président atypique à droite, si sûr de lui. Le «travailler plus pour gagner plus» avait résonné aux oreilles de ces petits patrons. Cinq ans après, ils ne cachent plus leur déception. «On croyait qu’il allait libérer le pays de sa charge administrative », se souvient André T. Comme les autres chefs d’entreprise rencontrés par Le Monde, il a demandé à conserver l’anonymat. Patron d’une PME médicale de 85salariés, il avait adhéré aux promesses d’allégement des charges ou de baisse des impôts. « Il n’a rien fait. Il n’a pas eu le courage de ses promesses, lâche ce sexagénaire. Il a fait la fête avec ses copains, les gros industriels, et nous a oubliés. Ces gens-là sont si loin de nos préoccupations. » Chez tous, de l’amertume, palpable, au fil des échanges. Le président-candidat n’a vraiment plus la cote. «C’est un petit avocaillon de Neuilly qui ne connaît rien à l’éco- nomie. Il n’arrête pas de parader avec Angela Merkel mais qu’il aille se présenter en Allemagne !», peste André. « Annonces inefficaces » «Il nous a fait espérer qu’il allait mettre de l’ordre et porter les valeurs du travail », renchérit Frédéric V., 51 ans, gros propriétaire forestier et fervent chasseur, qui ne mâche pas ses mots. « Il gère le pays comme la vague de froid : à coups d’annonces inefficaces et sans convictions», gronde-t-il. Lui qui dit fièrement qu’il est fils d’ouvrier et n’a pas honte d’avoir de l’argent a toujours voté à droite. Il en veut au président «ami des patrons » d’avoir baissé les bras: «On aide toujours plus celui qui ne fait rien au lieu de ceux qui tra- vaillent. Faut que les gens s’assument!» Jean-ClaudeL., ancien dirigeant d’un gros laboratoire, a le ton plus policé mais le jugement est tout aussi sévère : «J’ai pensé que Sarkozy était l’homme qui allait remettre à plat le système économique. Il n’a fait que des mesurettes », dit-il. Grand monsieur à l’allure bourgeoise, avec ses fines lunettes et son ruban rouge de chevalier de la Légion d’honneur à sa veste, il assure que la société que propose le candidat de l’UMP n’est plus adaptée. «Il faut tout revoir : l’Etat, la Sécurité sociale avec ses hôpitaux qui nous coûtent une fortune, l’assurance chômage, le RSA… » L’antienne classique d’une droite qui peste contre les charges qui entravent les entreprises, brident l’initiative, revient en boucle. A leurs yeux, l’exemple type de l’inertie qu’ils dénoncent, ce sont les 35heures. «Il aurait dû les casser tout de suite ! Avec la majorité qu’il avait à l’Assemblée, ça passait», assure Jean-FrançoisM., patron d’une PME. Ce jeune entrepreneur de 40 ans peste contre les «petites mesures » qui ne font pas le compte: «Un coup, il avance, le coup d’après, il recule. Regardez le bouclier fiscal.» L’entretien au Figaro Magazine paru samedi 11février n’y a rien changé. Les promesses viennent trop tard. Ils n’y croient plus. «On a l’impression qu’il a la trouille de sa vie », lâche André T. Le revirement à droite, la «chasse aux voix du Front national» déplaisent même dans cette droite de l’Ouest. «Son nationalisme, son discours franchouillard, c’est de l’argument électoral! », assène Frédéric V.Aux yeux de ces notables, la droite semble s’être discréditée, même s’ils restent convaincus que la gauche ne peut rien apporter de bon. Jean-François M.est tenté par François Bayrou au premier tour, à cause de son discours sur l’éducation. Mais au second, ce sera un bulletin blanc. D’autres annoncent vouloir voter blanc aux deux tours. « Dans nos cercles, beaucoup estiment qu’il n’y a pas de candidat pour nous et jurent qu’ils ne voteront pas pour Nicolas Sarkozy», dit Jean-Claude L, ancien représentant du patronat local. Seul Jean-François M.donnera sa voix à Nicolas Sarkozy. Mais « à contrecœur». p Sylvia Zappi 0123 politique Mercredi 15 février 2012 TVA sociale: l’acte manqué des députés UMP en commission des finances Les élus de la majorité n’étaient pas assez nombreux pour bloquer un amendement de suppression L e projet de loi de finances rectificative instaurant une TVA sociale à partir du 1er octobre est parti du mauvais pied. Faute d’une présence suffisante des députés de la majorité en commission des finances, celle-ci a accepté, lundi 13 février, un amendement du groupe socialiste supprimant l’article 1er du projet de loi. Autrement dit le cœur du texte, puisque c’est celui qui prévoit de remplacer la diminution des cotisations sociales patronales par une hausse de 1,6 point du taux de TVA et de 2 points de la CSG sur les revenus du capital. « C’est un coup monté », s’énervent les responsables de l’UMP, « une manœuvre, un non-événement », proteste Patrick Ollier, le ministre chargé des relations avec le Parlement, assurant que ce vote en commissionn’aura aucune incidence sur le cours de la discussion en séance. Le vote de la commission n’aura certes d’autre conséquence que symbolique mais, en politique, le symbole compte. Enconvoquant les parlementaires de la majorité à l’Elysée, mardi 7 février, Nicolas Sarkozy les avait vigoureusement sommés de marcher en rangs serrés derrière ce texte. Le rappel à l’ordre ne devait rien au hasard : en public ou en privé, bon nombre d’élus ne cachaient pas leur peu d’appétence pour ce projet déposé dans l’urgence et que beaucoup qualifient d’« inopportun ». A quelques jours de son entrée en campagne, le président de la République ne pouvait tolérer le moindre impair sur ce qui doit être le dernier acte législatif de sa mandature. Le chef de l’Etat avait sommé, le 7février, les parlementaires de la majorité de marcher en rangs serrés sur ce texte. C’est raté C’est raté. Lorsque débute, lundi à 16 heures, la commission des finances, les responsables de la majorité netardent pas à comprendre qu’ils sont en sous-nombre. Le groupe socialiste a prévu le coup. En remplacement des membres habituels de la commission qui ne pouvaient être présents, il a fait procéder à de nouvelles nominations. Ces modifications ont été publiées au Journal officiel du 11 février. Elles sont inscrites dans le « feuilleton » de l’Assemblée nationale, distribué quotidiennement, qui regroupe les informations sur les travaux du jour. L’UMP n’a pas su s’organiser en conséquence. Elle cherche à gagner du temps pour faire venir des renforts. La discussion en séance, dans l’Hémicycle, qui devait commencer à 17 heures, est retardée. Malgré plusieurs suspensions à la demande de l’UMP, la majorité de droite doit se résigner à accepter le passage au vote des amendements. Et constater les dégâts. L’amendement de suppression de l’article est voté. La droite ne fait même pas le plein de ses voix. Avant que la commission ne détricote totalement le texte, l’UMP réclame une nouvelle suspension. Après concertation entre le président (PS) de la commission des finances, Jérôme Cahuzac, et les responsables des différents groupes, il est décidé de commencer la discussion générale en séance et de reporter à mardi, en début d’après-midi, la suite de l’examen des amendements. « C’est la débandade à droite », souligne le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, pour qui l’incident est « révélateur du malaise et de l’inquiétude des députés de droite ». « Ils votent avec leurs pieds. Ils ne sont même pas là pour défendre le texte que leur a imposé Sarkozy. Ils ne veulent plus lui servir de marchepied », insiste JeanPierre Brard (app. PCF, Seine-Saint- Denis). La droite fait grise mine. « Bravo, vous avez fait un coup. Soyez fiers. Mais franchement, c’est petit », s’exclame Jérôme Chartier, porte-parole de l’UMP, promettant que « cela ne changera rien à la mobilisation de la majorité ». En fait, si, cela a changé quelque chose. A 21 h 30, quand reprend la discussion en séance, les députés del’UMP sont en nombre.Pas question de s’exposer à un nouveau revers. M. Ollier et le président du groupe UMP, Christian Jacob, ont battu le rappel. Il importe de faire une démonstration de force vis-à-vis de la gauche. Ses motions visant au rejet du texte sont largement repoussées. L’épisode met cependant en lumière les dysfonctionnements du Parlement, soumis à la volonté présidentielle de faire voter ce texte à toute force. Présenté mercredi matin en conseil des ministres, celui-ci a immédiatement été soumis à la commission des finances, sans que celle-ci dispose du temps nécessaire à son examen et que les députés puissent exercer leur droit d’amendement. Plus que l’insuffisante mobilisation de la majorité, c’est ce rythme précipité, antinomique avec la revalorisation proclamée du Parlement, qui a conduit à ce faux pas. p Patrick Roger Le Medef privilégie la réduction des dépenses publiques Sa présidente, Laurence Parisot, souhaite le non-remplacement de deux fonctionnaires sur trois U ne première en France. Pour faire son entrée, mardi 14 février, dans la campagne présidentielle, le Medef a innové. Sa présidente, Laurence Parisot, a présenté à la presse, avec un écran géant derrière elle, un livre numérique intitulé Besoin d’aire (www.besoindaire.com), « outil pédagogique et ludique à la fois », contenant « les 23 axes pour une compétitivitééquitable ». Les entreprises, a assuré Mme Parisot, ont « besoin d’aire avec un “ e”, de nouvelles frontières (…) mais aussi tout simplement d’espace ». D’emblée, le Medef affiche son ambitionpour «une Europe fédérale, celle des Etats-Unis d’Europe », ce qui suppose, comme première étape, « une doctrine économique européenne claire » et une nouvelle gouvernance prévoyant, à terme, un « commissaire à l’économie et aux finances, véritable “ministre” présidant le conseil Ecofin ». Il s’agit aussi de « finaliser les harmonisationstechniques, fiscales et juridiques » – avec un « brevet unique valable dans toute l’Union européenne » et un « socle social ». Le Medef se prononce pour l’élection au suffrage universel d’un président de l’UE dirigeant l’exécutif. « Règle d’or budgétaire » Hostile à tout protectionnisme, «inefficace, dangereux et anachronique»,leMedefréclame«unegouvernance mondiale » : « Lutter contre les abus du monde de la finance, comme beaucoup le demandent, nécessite un travail à l’échelle mondiale.» Il propose d’accroître les responsabilités des institutions internationales. Les nouveaux pays qui participent au commerce mondial doivent accepter «la flexibilité et la convertibilité de leur monnaie ». Le Medef souligne que «la France ne retrouvera une croissance forte et durable qu’à condition aussi de s’engager résolument sur de nouveaux marchés comme par exemple l’économie numérique ». Il juge «impératif de construire une trajectoirebudgétaire excédentaireàpartir de 2016 », ce qui passe par «l’adoption rapide d’une règle d’or budgétaire au niveau constitution- 13 «Il faut réunir Paris et les départements limitrophes» Claude Bartolone (PS) dénonce les propositions de M.Sarkozy sur les collectivités locales Entretien L e socialiste Claude Bartolone, ancien ministre, député et président du conseil général de Seine-Saint-Denis, défend ses choix pour la région Ile-de-France. Il propose notamment de rapprocher Paris des départements de la petite ceinture pour former une collectivité unique. Que pensez-vous des récentes propositions du président de la République qui portent sur les collectivités territoriales ? Nicolas Sarkozy n’aime pas les collectivités locales. Et il les aime d’autant moins qu’une majorité d’entre elles est de gauche ! Il cherche à transformer les élus en boucs émissaires, comme il le fait pour les immigrés, les chômeurs et les homosexuels. Le président de la République sortant veut cyniquement créer une fracture dans le pays pour faire oublier sa facture économique et sociale. N’est-il pas dans son rôle lorsqu’il pointe un problème d’endettement des territoires ? Les collectivités locales représentent seulement 9 % de l’endettement du pays pour 71 % de son investissement public ! M. Sarkozy le sait, mais il persiste à le nier. Tout comme il feint d’ignorer le fait qu’elles s’appliquent de facto la règle d’or, puisqu’elles n’ont pas le droit de voter des budgets en déséquilibre. En réalité, l’augmentation de personnels, surtout dans les départements, est due aux responsabilités supplémentaires confiées par l’Etat aux collectivités. En Seine-Saint-Denis, les effectifs ont augmenté en cinq ans de 1 939 personnes ; les 9/10e de cette progression correspondent aux transferts de personnels de l’Etat. L’Ile-de-France est la région la plus riche de France, mais aussi la plus disparate économiquement et fiscalement. Que ferait la gauche au pouvoir ? de, s’il est élu, de régler les contradictions de cette collectivité. Il faut d’abord affirmer et renforcer les compétences de la région. Ensuite, je propose de réunir les départements des Hauts-de-Seine, de Paris, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne en une seule collectivité dotée des compétences départementales, notamment les solidarités. Et d’adosser une seconde assemblée qui porterait le nom de communauté urbaine afin d’harmoniser les politiques au niveau local, notamment en matière de logement ou de transport. Ce retour au département de la Seine ne ressemble-t-il pas à un retour vers le passé ? Le revenu fiscal à Paris est de 30 % au-dessus de la moyenne régionale, celui de la Seine-SaintDenis est de 30 % en dessous, alors même que ces deux collectivités n’ont pas les mêmes moyens pour intervenir auprès des populations. Il faut tirer les enseignements des inégalités qui perdurent malgré la décentralisation. Depuis 2001, les élus de ces territoires ont compris qu’il ne pouvait plus y avoir de barrière entre l’intérieur et l’extérieur du périphérique. Cette communauté urbaine regroupant Paris et les départements de la petite ceinture sera gouvernée par des élus, afin de renforcer le lien démocratique, encore trop faible aujourd’hui. Ne regrettez-vous pas que la banlieue soit la grande absente de la campagne ? Les propositions de François Hollande sur l’école, mais aussi sur la justice, la sécurité et l’emploi sont les vrais outils en matière de politique de la ville. Partager les ressources financières pour plus de solidarité, voilà également un vrai choix de politique urbaine. Notre candidat sera présent auprès de ces habitants, dans les quartiers populaires où on a du mal à croire au discours politique désincarné. p Les élus franciliens ne doivent pas demander à François Hollan- Propos recueillis par David Revault d’Allonnes Conjoncture Emploi salarié et pouvoir d’achat en berne au quatrième trimestre 2011 Laurence Parisot, présidente du Medef, à la sortie du sommet social à l’Elysée, le 18 janvier. C. MORIN/IP3 nel » et « une stratégie de redressement des comptes publics qui privilégie la réduction des dépenses plutôt que la hausse des prélèvements ». Le Medef préconise d’alléger les prélèvements sur la production et de « privilégier un nombre réduit de prélèvements à base large et à taux bas ». Des niches fiscales, « dont l’inefficacité économique et sociale aura été prouvée, pourraient être supprimées ». Mme Parisot propose « d’intensifier la règle du non-remplacement des fonctionnaires d’Etat », en passant à 2 fonctionnaires sur 3, et «d’instaurer une règle de non-remplacement d’1 fonctionnaire sur 2 dans les collectivités locales ». Elle réitère ses propositions sur « un nouveau pacte fiscal et social » ou encore « une réforme systémique des retraites », avec un nouvel âge légal de départ en 2030. Favorableà«unerévolutiondigitale », Mme Parisot souligne qu’« améliorer la compétitivité des entreprises doit aller de pair avec le développement de l’employabilité des salariés ». En contrepartie de la suppression de la contrainte fiscale pesant sur les entreprises concer- Référendum sur les chômeurs : le patronat réticent Interrogée lors de sa conférence de presse sur l’idée de Nicolas Sarkozy de faire un référendum sur une réforme du système d’indemnisation du chômage et les obligations des chômeurs, Laurence Parisot s’est montrée réticente. « J’ai toujours fait confiance à la force du dialogue social, a déclaré la présidente du Medef, à sa capacité d’imaginer des solutions qui sont à la fois innovan- tes et consensuelles. On peut toujours craindre dans un référendum que la réponse donnée ne corresponde pas à la question posée. » Pour améliorer la formation, Laurence Parisot préconise un nouveau dispositif – l’« accès individuel à l’acquisition de compétences » –, une multiplication des « formations qualifiantes » et un « boom de l’alternance ». nant la formation, «les taux de cotisation d’assurance-chômage seraient modulés en fonction des investissements consentis par les entreprises pour développer l’employabilitéde leurssalariés ». Quant à la « fixation de la durée effective du travail et son organisation», elle devrait « relever exclusivement de l’accord collectif ou, à défaut, du contrat de travail». Mme Parisot, qui devrait rencontrer bientôt François Hollande, met en avant le dialogue social et souhaite « donner valeur constitutionnelle» à « l’autonomie des partenairessociaux».L’immigrationestanalysée comme « facteur d’ouverture etd’enrichissement»:«Lesentreprises doivent être en mesure tant de recruterselon leurs besoinsque d’intégrer des approches et des savoirfaire issus de cultures diverses, affirme la présidente du Medef. Il faut éviter de créer des obstacles juridiques et fiscaux à l’entrée de cadres dehautniveauoud’étudiantsétrangers. » Mme Parisot assigne aussi à l’esprit d’entreprise « une ambition humaniste ». p Michel Noblecourt Le quatrième trimestre 2011 a été marqué par un recul de 0,2 % de l’emploi salarié (– 31 900 postes) dans les secteurs marchands non agricoles et par une diminution de 0,5 % du pouvoir d’achat dans les entreprises de dix salariés ou plus, selon des données encore provisoires rendues publiques, mardi 14 février, par l’Insee et la Dares, le service statistique du ministère du travail. Sur l’ensemble de l’année, le rythme des créations d’emploi salarié a ralenti, passant de 129 300 en 2010 à 108 700 en 2011, et le pouvoir d’achat ne progresserait que de 0,1 %. p La crise en Europe 300 personnes ont manifesté à Paris contre l’austérité en Grèce Plusieurs centaines de personnes, dont Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle, se sont rassemblées devant l’ambassade de Grèce, lundi 13 février, à l’appel de plusieurs partis de gauche, pour dénoncer le plan d’austérité voté, le jour même, en Grèce aux cris de « Paris debout, Athènes, c’est bientôt nous. » Le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, également présent, a été expulsé de la manifestation par des militants de gauche. n Sur Lemonde.fr : le blog Gauche toujours. Extrême droite «Les signatures rentrent mieux» au Front national L’ambiance change quelque peu au Front national (FN) concernant les parrainages d’élus. Si le ton était à l’inquiétude il y a encore une semaine, les cadres chargés de récolter les paraphes se veulent maintenant plus rassurants. «Les signatures rentrent mieux », dit l’un d’eux qui pense «qu’on les aura [les 500 signatures] d’ici le 16 mars ». En une semaine, le parti d’extrême droite a engrangé une vingtaine de promesses de parrainage (presque le double de ce qu’il obtenait jusque-là). Le FN en aurait un peu plus de 380. Le changement d’attitude des élus serait dû, selon le FN, entre autres à la médiatisation des difficultés de Mme Le Pen à récolter les 500 signatures nécessaires pour se présenter à la présidentielle. Un autre responsable tempère cet optimisme. «Pour l’instant, ce ne sont que des promesses de parrainages, il y a toujours de la déperdition. » p 14 société 0123 Mercredi 15 février 2012 A Vincennes, un parking pour tout dortoir La crise et la cherté des logements obligent de plus en plus de travailleurs précaires à vivre dans leur véhicule Clément, 27 ans, intérimaire dans le bâtiment, dort depuis trois ans dans un camping-car sans électricité garé à proximité du château de Vincennes. HERVÉ LEQUEUX POUR « LE MONDE » Reportage P arking de l’esplanade SaintLouis. Un soir de fin janvier. Vue imprenable sur le châteaudeVincennesetsurles995hectares du bois. Au loin, les immeublescossusdescommunesdeSaintMandé et de Vincennes. Malgré un thermomètre qui affiche des températures en dessous de zéro, quelques joggeurs finissent leur parcours, des promeneurs emmitouflés jettent un dernier coup d’œil vers la muraille crénelée avant de s’engouffrer dans le métro. A première vue, impossible de déceler la précarité… Pourtant elle est là, tapie dans la dizaine de camping-cars, utilitaires et voitures, coincés sur ce bout de bitume. Conséquence directe de l’immobilier qui flambe, des couples qui se séparent, de la crise… ils sont de plus en plus nombreux à trouver refuge dans ces habitats de fortune pour éviter de basculer vers la rue. Dans son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France, rendu public le 1er février, la Fondation Abbé Pierre estime que près de 90 000 personnes se situent dans la « zone grise du logement », c’est-à-dire habitent dans des endroits (caves, parkings, campings…) qui n’étaient pas destinés à être des logements. Pierre, 32 ans, n’aurait jamais pensé devenir un campeur. Il y a deux ans et demi, suite à une séparation,il perd son logement et décide d’acheter avec ses quelques économies « une bonne occase pour 12 000 euros ». Aménagé grâce à ses talents de bricoleur, son camion beige et marron est devenu son seul foyer. Menuisier de formation, il est monté début janvier à Paris dans l’espoir de décrocher une nouvelle mission d’intérim mais pour l’instant, il n’a rien trouvé. « C’est très calme, la crise et le froid n’arrangent pas mes affaires », explique ce natif de Bordeaux. Chaque jour, il rogne sur son budget car, fauted’une domiciliation, il n’est pas inscrit au chômage. « Le parking, c’est bien pour dépanner, explique-t-il, mais il ne faut pas croire, ça coûte cher. » Avec le froid, il doit faire tourner à plein régime sa « batterie moteur» et son «groupe électrogène » pour maintenir une température vivable dans l’habitacle. « Entre le carburant et le chauffage, j’en ai pour entre 400 et 600 euros par mois, calcule-t-il. S’il fallait rajouter 30 euros par nuit, le prix d’un emplacement dans un camping payant, je ne m’en sortirais pas. » La nuit est complètement tombée sur le parking figé par le froid. Des camionnettes blanches aux vitres calfeutrées par d’épais paresoleil cachent une autre réalité. Le secteur est aussi un lieu de prostitution. A deux pas, dans une Renault Twingo, s’entassent trois ressortissants bulgares. Une boîte de conserve dans laquelle est plantée une fourchette est posée sur le tableau de bord. Sur les appuistêtedes sièges,des serviettes de toilette sèchent. « Nous travaillons dans le bâtiment, sur un chantier à Caen. Nous repartons au pays demain », se justifie dans un français hésitant un des trois hommes. Tous assurent ne pas dormir dans leur voiture, même si tout semble indiquer le contraire. Nicola Iodice est responsable de la maraude Vincennes d’Emmaüs. L’association caritative est char- gée de venir en aide aux sans-abri, installés à l’intérieur du bois. Elle n’a pas mandat pour intervenir sur la voie publique et donc sur les parkings des alentours. Mais à force de sillonner dans le coin, Nicola Iodice a repéré les indices qui témoignent d’une installation : « Un habitacle envahi de buée, des sièges rabaissés, des sacs qui débordent du coffre… » Ces derniers jours, la chute des températures a un peu vidé les parcs de stationnement autour du château et du Parc floral. Certains comme Clément, 27 ans, se sont repliés pour quelques nuits chez des amis. Quand nous l’avions rencontré cette nuit-là, le jeune homme dormait dans un vieux camping-car, que lui avait prêté un « voisin » de l’esplanade SaintLouis. Faute d’électricité, seule une petite guirlande de Noël alimentée manifestement illégale à une liberté fondamentale lorsqu’elle entraîne des conséquences graves pour la personne intéressée. » Qualifiée d’« historique » par l’association Droit au logement (DAL) à l’origine de la procédure, cette décision est dans la droite ligne de ce qui avait été déjà affirmé par la loi Dalo (droit au logement opposable) votée en mars 2007. « Par cet arrêté, les juges disent clairement, et une nouvelle fois, que l’Etat a l’obligation d’assurer l’hébergement des sans-abri. Il n’y a aucune ambiguïté sur le devoir de l’Etat en la matière. Le Conseil d’Etat réaffirme aussi que ce dernier ne peut pas s’en sortir en faisant une hiérarchie dans les demandes d’urgence », explique Bernard Lacharme, secrétaire général du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées. Une procédure plus rapide Symboliquement très forte, cette décision ouvre aussi de nouvelles possibilités juridiques aux demandeurs. Ils peuvent désormais saisir le tribunal administratif en « référé liberté » et obtenir une injonction à l’Etat de les héberger. «Cette nouvelle possibilité est intéressante car elle est beaucoup plus rapide que la procédure classique, faite dans le cadre du Dalo, estime Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre. Avec le “référé liberté”, le juge doit se prononcer en quarante-huit heures, et il a la possibilité de demander au préfet d’héberger sous astreinte le demandeur », poursuit M. Robert. Dans le cadre du Dalo, après réception de la demande, les délais de réponse de la commission qui instruit les dossiers sont de six semaines. Pour autant, ce nouveau rappel à l’ordre de l’Etat ne va pas tout résoudre. Beaucoup de ménages, bien que jugés prioritaires, ne se voient pas proposer de logement ou d’hébergement. « Est-ce que l’Etat va accepter de demeurer hors la loi comme il le fait actuellement, ou est-ce qu’il va en tirer les conséquences pour augmenter les capacités d’hébergement ? », s’in- A première vue, impossible de déceler la précarité… Pourtant elle est là, tapie dans la dizaine de véhicules terroge Bernard Lacharme. Selon le rapport du comité de suivi du Dalo publié en novembre 2011, la part des recours déposés en vue de l’obtention d’une place d’hébergement n’a cessé d’augmenter. En 2011, ils ont représenté 15 % des recours contre 7 % en 2008. Dans ce contexte, les condamnations de l’Etat par les tribunaux administratifs pour non mise en œuvre des décisions de logement ou d’hébergement se multiplient. En 2011, le montant des astreintes payées par les pouvoirs publics a atteint 9,3 millions d’euros. Ces sommes ont été reversées à un fonds régional d’aide au logement… c’est-à-dire à l’Etat. p s’était adapté à ce quotidien « un peu contraignant », mais il s’estimait « heureux d’avoir un toit sur la tête ». « Dommage que l’on nous embête », déplorait-il alors. Cet automne, à coups de contravention pour stationnement illégal,les forces de l’ordreavaient tenté à plusieurs reprises de déloger ces campeurs sans fortune. Avec le froid, la pression s’est desserrée et ces derniers temps, ce sont surtout les maraudes de la Ville de Paris et de la Garde républicaine qui vont à la rencontre de la centaine de sansdomicile-fixe qui vivent sous des tentes ou des abris de fortune au cœur du bois de Vincennes, qui poussent jusqu’au parking. La frontière est étanche entre les deux mondes. Dans le bois, on survit. Sur l’esplanade Saint-Louis, on est en transit, « en attendant mieux ». Et on s’accroche à cette bouée de sauvetage de l’épaisseur d’une carrosserie qui permet de conjurer la peur de passer du côté château au côté bois. p C. Ro. Catherine Rollot Le Conseil d’Etat rappelle l’obligation légale d’hébergement des sans-abri PENDANT combien de temps l’Etat continuera-t-il à ne pas appliquer un droit qu’il a luimême instauré ? Vendredi 10 février, la plus haute juridiction administrative française, le Conseil d’Etat, a rappelé une nouvelle fois aux pouvoirs publics leurs obligations en matière d’hébergement d’urgence. « Il appartient aux autorités de l’Etat de mettre en œuvre le droit à l’hébergement d’urgence reconnu par la loi à toute personne sans abri qui se trouve en situation de détresse médicale, psychique et sociale », dit l’arrêt du Conseil, avant de poursuivre : « Une carence caractérisée dans l’accomplissement de cette tâche peut (…) faire apparaître une atteinte grave et par une pile diffusait une maigre lueur. Intérimaire dans le bâtiment, ce menuisier, originaire de Tourcoing, assumait son mode de vie. « Je n’ai pas envie de donner la moitié de ma paie dans un loyer », affirmait alors le jeune homme, avantd’ajouter : «Même si je le voulais, je ne pourrais pas trouver d’appartement, en étant en intérim et sans garant. » Depuis trois ans, il Unanciencadredu1%logementsoupçonnéd’avoir achetéunerésidence àprix d’ami Jean-Hervé Carpentier a présidé l’agence chargée de contrôler le «1%» de 2007 à 2009. Son avocat assure que la cession a été «transparente» L es scandales s’accumulent dans le monde du « 1 % logement », le dispositif qui recueille l’argent des entreprises pour financer la construction d’habitations.Uneanciennepersonnalitééminentedecemouvementparitaire est accusée d’avoir acheté sa résidence à un prix d’ami. Il s’agit de Jean-Hervé Carpentier, président – entre 2007 et 2009 – de l’Anpeec, l’agence chargée de contrôler le « 1% ». Cette affaire, qui avait éclaté en octobre2010,vient de connaître un nouveau rebondissement puisqu’un collecteur du « 1 % » a donné mandat, le 7 février, à son président de poursuivre M. Carpentier devant une juridiction civile. Cet épisode survient alors que le tribunal correctionnel de Nanterre juge depuis le 6 février des ex-responsables d’un autre collecteur, parmi lesquels Thierry Gaubert, un ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy. Les faits reprochés à M. Carpentier remontent à 2009, lorsqu’il a quitté son poste de directeur général du collecteur Cilova. Ils ont été mis au jour par l’Anpeec, le « gendarme du 1 % » présidé jadis par M. Carpentier. Ce dernier se voit reprocher les conditions dans lesquelles il a acquis son logement de fonction,unemaisonsituée àCompiègne (Oise) qui appartenait à une « société civile particulière » (SCP). D’après Me Catherine Boineau, l’avocate de la SCP, 40 % des parts de cette structure étaient détenues par Cilova. Une autre source proche du dossier soutenait, fin 2010, que la SCP était sous le contrôle de fait du collecteur. La maison au cœur de la controverse aurait été payée aux environs de 500 000 euros alors que des expertises, effectuées postérieurement à son achat, estiment qu’elle vaudrait quelque 700 000 euros, voire un peu plus. Ces évaluations sont très discutables, aux yeux de Me Boineau : « Il s’agit d’une belle maison bourgeoise, mais qui était en mauvais état aumoment de la transaction,explique-t-elle. Il fallait y réaliser beaucoup de travaux. » De plus, pour- suit l’avocate, le terrain autour de l’habitation n’est pas constructible, un paramètre important dans la valeur du bien qui n’a pas assez été pris en compte selon elle. Un collecteur a donné mandat à son président de poursuivre M.Carpentier devant une juridiction civile Me Boineau considère que l’analyse de l’Anpeec sur ce dossier est entachée d’« erreurs juridiques » ; elle reproche au gendarme du « 1 % » de « ne pas avoir respecté le principe du contradictoire ». Me Antoine Chatain, l’avocat de M.Carpentier, ajoute que la cession en faveur de M. Carpentier s’est effectuée «en toute transparence », sur la base de plusieurs expertises et en présence d’un commissaire aux comptes. Les associés de la SCP ont donné leur accord, indique-t-il. Il y a environ un an et demi, l’Anpeec avait signalé cette opération litigieuse à Procilia, le collecteur qui a absorbé Cilova. Le 7octobre 2010, le conseil d’administration de Procilia avait ainsi chargé son président d’engager des actions judiciaires. Parallèlement, une solution amiable avait été recherchée,d’aprèsplusieursadmi- nistrateurs de Procilia. Mais celle-ci n’aurait pas pu aboutir car l’Anpeec ne la jugeait pas « assez satisfaisante », indique Paul Virey, administrateur (FO) du collecteur. D’autres membres du conseil d’administration rapportent que le « gendarme du 1 % » a tout fait pour contraindre Procilia à abandonner l’idée d’un arrangement avec M. Carpentier. Faux, rétorque Pascal Martin-Gousset. Le directeur général de l’Anpeec fait valoir que Procilia a pris des initiatives judiciaires, notamment en délivrant, en octobre 2011, une assignation devant le tribunal de Compiègne afin d’obtenir la condamnation de M.Carpentier. p Bertrand Bissuel 0123 15 société Mercredi 15 février 2012 Lesgrandesécolesremettent encauselacourseausupérieur Acer recommande Windows® 7. Dans le cadre du débat présidentiel, la Conférence des grandes écoles propose plusieurs pistes pour rendre le système éducatif plus efficace L es grandes écoles font une entrée fracassante dans la campagne présidentielle. Mardi 14 février, la Conférence des grandes écoles (CGE) a prévu, lors d’une conférence de presse, de tirer la sonnette d’alarme : le système éducatif va mal et il est plus que temps de redresser la barre. Les mesures proposées sont radicales. Il s’agit ni plus ni moins de changer de paradigme éducatif (en remettant en cause la course aux études supérieures et en permettant aux universités de sélectionner leurs étudiants) et d’investir 20 milliards d’euros sur une décennie. Ce qui impliquerait une augmentation des droits d’inscription, comme vient d’ailleurs de le proposer le président de la Conférence des présidents d’université, Louis Vogel. C’est que l’heure est grave, estime la CGE : le système éducatif n’est efficace ni à la base ni au sommet. La Conférence s’est fondée sur les travaux de l’OCDE sur le niveau scolaire des jeunes de 15 ans (les enquêtes PISA) et sur les études Pirls (« Progress in International Reading Literacy Study ») qui évaluent les performances en lecture des enfants de 9-10 ans. Conclusion : « Les compétences acquises dans le primaire et le secondaire se dégradent », note la CGE. Ces dysfonctionnements portent en eux des dangers politiques – « notre démocratie ne survivra pas à 15 % d’illettrés », assène la CGE –,autantque sociaux: «Depuis vingt ans, 150 000 jeunes Français sortent du système scolaire chaque annéesansaucundiplôme.Ilsreprésentent 3 millions [de personnes] en vingt ans, soit une véritable bombe sociale à retardement.» Pour ce qui est du sommet de la pyramide, « la France, déplore la CGE, investit peu dans son enseignement supérieur et sa recherche, même avec les efforts conséquents de la législature en cours. [Elle] a décroché par rapport à ses principaux partenaires ». D’où les 20 milliards d’euros d’investissement sur sept à dix ans (dont 300 millions pour les grandes écoles et les universités privées). Sur une décennie, cela La CGE plaide pour des frais de scolarité à 3 000 euros par an dansle supérieur, payables en cinq ans après les études représenterait 1 % du PIB. L’Etat, les entreprises et les familles devront se partager le fardeau à égalité. Cela signifie, explique la CGE, qu’il faut porter les frais de scolarité dans le supérieur à 3 000 euros par an (les écoles de management sont déjà bien au-dessus), payables en cinq ans après les études en fonction du salaire. Les frais bénéficieraient d’une déduction fiscale à hauteur de 50 % pendant dix ans. En contrepartie de cet investissement de la nation au sommet, les grandes écoles s’engagent à mettre en œuvre de multiples mesures pour diversifier l’origine de leurs étudiants. Elles proposent, en outre, de prendre en charge ceux qui sortent sans diplôme du système. La CGE propose de créer des « instituts horizon métiers » sur tout le territoire. Les jeunes accueillis passeraient les deux tiers de leur temps en entreprise et un tiers dans les écoles elles-mêmes, lesquelles se chargeraient, en lien avec les universités, de leur redonner les bases. Un service citoyen obligatoire permettrait notamment d’affecter des volontaires dans ces instituts. Mais le système éducatif doit prendre sa part, lui aussi. A rebours du discours politique dominant, la CGE considère que pousser toujours plus loin les élèves dansles études n’est pas la solution pour lutter contre le chômage des jeunes. Le taux d’accès au supérieur n’est que de 39 % en Suisse, alors que 7,2 % seulement des jeunes sont au chômage. Ces taux sont respectivement de 60 % et 22,5 % en France, de 73 % et 25 % en Suède. Bref, tous les jeunes n’ont pas leur place à l’université et celleci doit pouvoir les sélectionner. L’important, aux yeux de la CGE, est qu’existe « une formation de haute qualité à chaque niveau ». Le système éducatif devrait mieux maîtriser l’acquisition des fondamentaux, pousser les élèves prometteurs, mieux orienter, mais aussi, sans négliger philosophie, histoire ou anglais, mettre en valeur les « compétences », les travaux pratiques ou le concret. « Il faut sortir, dit la CGE, d’un intellectualisme qui ne donne pas leurs lettres denoblesse à des métiers artisanaux ou manuels, alors que la main-d’œuvre qualifiée pour ces métiers manque. » p M Surtout, le 4 janvier 2011, la cour d’appel de Paris a admis dans un arrêt leur totale innocence. Dans la foulée, ils ont contre-attaqué sur le plan judiciaire, avec leur conseil Me David Lepidi, déposant une rafale de plaintes contre l’administration, et notamment les préfets Michel Gaudin et Pascal Mailhos (signataires des arrêtés de suspension des fonctionnaires injustement accusés). « Recours gracieux » Une offensive qui semble avoir heurté le ministère de l’intérieur, qui n’a toujours pas répondu à la demande de protection juridique formulée dès le 11 mai 2011 par Bruno Triquenaux. Yannick Blanc, l’ex-directeur de la police générale à Paris, a fait de même le 28 juillet 2011. Sans plus de succès. Pour toute réponse, il a reçu un courrier de Pascale Léglise, sous-directrice du conseil juridique au ministère de l’intérieur : « Je vous saurais gré de bien vouloir me préciser la suite réservée à l’action judiciaire que vous avez engagée », écrit Mme Léglise, le 22 septembre 2011. Le 5 octobre Laïcité M.Hollande confirme l’inscription du concordat dans la Constitution François Hollande a répondu, lundi 13février, aux représentants des cultes reconnus d’Alsace et de Moselle pour les rassurer sur le maintien du régime du concordat, malgré sa volonté d’inscrire les deux premiers articles de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat dans la Constitution. «Bien loin de porter atteinte aux règles qui régissent, de façon particulière, les relations entre l’Etat et les cultes en Alsace-Moselle, elles seront au contraire confortées, en se voyant reconnues au niveau constitutionnel», souligne M.Hollande, qui avait semé le trouble chez les religieux en omettant cette précision au Bourget, le 22janvier. Cette mesure est contestée à gauche par les défenseurs d’une stricte laïcité. p Stéphanie Le Bars Ultra-fin Instant On (Reprise Instantanée)* Instant Connect (Connexion Instantanée)** Benoît Floc’h Affairedel’IGS:laPlaceBeauvaurefusel’aide juridiqueàdeuxfonctionnairesinnocentés is en cause à tort par l’Inspection générale des services (IGS) dans une affaire de délivrance de titres de séjour en 2007 (Le Monde du 12 janvier), les administrateurs civils hors classe Yannick Blanc et Bruno Triquenaux réclament depuis mai 2011 la protection juridique du ministère de l’intérieur, afin de faire face à leurs frais d’avocats. En pure perte. L’article 11 de la loi du 13 juillet 1983 prévoit pourtant que « les fonctionnaires bénéficient, à l’occasion de leurs fonctions, d’une protection organisée par la collectivité publique dont ils dépendent ». Seule exception toutefois : cette protection peut être refusée si « les faits en relation avec les poursuites ont le caractère d’une faute personnelle ». L’ancien préfet de Corse Bernard Bonnet, condamné pour avoir ordonné à des gendarmes, en 1999, de mettre le feu à des paillotes, avait ainsi bénéficié de cette assistance juridique. Pour leur part, MM. Triquenaux et Blanc ont dû subir d’éprouvantes gardes à vue, et une dégradation de leur statut. Prenez l’avantage À partir de 799 € 2011, M. Blanc s’est exécuté. Depuis, c’est le silence. En fait, un refus implicite, puisque, passés deux mois, l’absence de réponse positive à une telle réquisition vaut rejet. Du coup, Yannick Blanc a relancé l’administration, le 9 février : « En l’absence de réponse de votre part, je dois considérer que vous opposez à ma demande une décision implicite de refus. Je vous prie donc de bien vouloir considérer la présente comme un recours gracieux contre cette décision. » De son côté, M. Triquenaux savait à quoi s’en tenir. Une perquisition effectuée place Beauvau, dans le cadre de la procédure initiale visant un éventuel trafic de titres de séjour à la Préfecture de police, avait permis de saisir son dossier personnel. Dans une note interne de la direction juridique, cette remarque le concernant : « Il serait paradoxal de lui accorder la protection juridique accordée à Pascal Mailhos dans la même affaire. » Sollicitée par Le Monde, Mme Léglise n’a pas souhaité s’exprimer. p Gérard Davet et Fabrice Lhomme Santé Des suppositoires pour enfants retirés de la vente Les suppositoires destinés aux enfants de moins de 30 mois, qui contiennent des dérivés terpéniques (camphre, menthol, eucalyptol…), sont retirés du marché en raison de risques d’atteintes neurologiques, a indiqué, lundi 13 février, l’Afssaps. Ces produits sont aussi contre-indiqués pour tous les enfants ayant des antécédents d’épilepsie et de convulsions fébriles. www.acer.fr/aspire-s3 * Acer Green Instant On : Permet à l'ordinateur portable de sortir du mode veille en mois de 2 secondes. Estimation faite avec des applications standards de Microsoft ouvertes. ** Nécessite une connexion sans fil adaptée et fonctionnelle. © Copyright 2011 Acer Inc. Acer et le logo Acer sont des marques déposées de Acer Incorporated. Tous droits réservés. Les autres marques commerciales et marques déposées et ou marques de services indiquées ou autre, apaprtiennent à leurs propriétaires respectifs. économie 16 0123 Mercredi 15 février 2012 En hausse En baisse Les cours du jour ( 14/02/12 , 09 h 48 ) le budget chinois de la défense – Les le brésil – Le gouvernement brésilien a abais- dépenses militaires de Pékin devraient doubler d’ici à 2015 pour atteindre l’équivalent de 181,2milliards d’euros. Elles dépasseraient alors les dépenses cumulées dans le domaine des autres plus grandes puissances militaires de l’Asie-Pacifique. sé sa prévision de croissance à 4,5 % en 2012, contre 5 % attendus précédemment, selon un rapport du ministère de l’économie publié lundi 13 février. Il espère une croissance de 5,5 % en 2013 et de 6 % en 2014. – (AFP.) Euro Or Pétrole Taux d’intérêt Taux d’intérêt 1 euro Once d’or LightSweet Crude France Etats-Unis 1,3167 dollar (achat) 1 720 dollars 100,79 dollars 3,03 (à dix ans) 1,97 (à dix ans) La rigueur à la française n’est pas du goût de Moody’s En plaçant la France sous «perspective négative», l’agence de notation ouvre la porte à une prochaine dégradation U n nouvel avertissement pour le président de la République et « presque » candidat Nicolas Sarkozy ? Un mois après la dégradation de la France par l’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S & P), Moody’s a, à son tour, mis en garde le pays face au dérapage de ses comptes publics. « L’autre agence, deux fois plus importante » – comme l’avait qualifiée M. Sarkozy quand S & P avait enlevé à Paris son triple A – n’a pas été aussi loin que sa consœur. Mardi 14 février, l’agence a maintenu la note AAA du pays, équivalant à un 20/20, alors qu’elle a dégradé six Etats de la zone euro : l’Italie, dont la note est passée de A3 à A2, l’Espagne(A3 à A1),ou encorele Portugal, la Slovénie, la Slovaquie et Malte, tandis que l’Allemagne est, une fois encore épargnée. Mais la note de la France est assortie d’une « perspective négative ». Autrement dit, « la porte est grande ouverte à une prochaine dégradation », juge Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC. De quoi contrarier M. Sarkozy qui le 19janvier après la perte du AAA par S & P avait fait valoir que Moody’s, elle, « avait dit le contraire ». Concrètement, le pays a une chance sur trois de perdre ce précieux sésame, scruté par les investisseurs, qui lui permet de se financer à bon prix. Moody’s n’a pas précisé quand la note de la France était susceptible d’être révisée, mais a alerté des dangers qui planaient sur le pays au cours des dixhuit prochains mois. En particulier, l’échec de la mise en œuvre des actions politiques visant à réduire l’endettement français. De fait, la dette française, estimée en 2011 à 84,5 % de son produit intérieur brut (PIB) est l’une des plus élevée de tous les pays AAA. a DETTE PUBLIQUE, en % du PIB Prévisions 82,3 84,9 89,1 89,3 88,2 2010 2011 2012 2013 2014 a DÉFICIT PUBLIC, en % –7 – 5,3 ou –5,4 Prévisions – 4,5 –3 –2 2010 2011 2012 2013 2014 a CROISSANCE, en % Prévisions 1,5 2 1,75 2 0,5 2010 2011 2012 2013 2014 Des membres du groupe Sauvons les riches dans les locaux de Moody’s, boulevard Haussmann à Paris, le 24 octobre 2011. LAURENT HAZGUI/FEDEPHOTO Mais la crise de la zone euro – qui contribue certes « à exacerber » la fragilité des Etats selon Moody’s – n’est pas, ou plus, seule en cause. Le Royaume-Uni, non-membre de l’Union monétaire, et relativement épargné par la crise des dettes souveraines grâce à la protection de sa banque centrale, est aussi dans le viseur de l’agence avec une note A3 sous perspective négative. Dérive Car Moody’s, contrairement à S &P,motivesonanalyseparunjugement plus économique que financier, juge M. Parisot. Et observe, au Royaume-Uni comme en France, la dérive des finances publiques. Les deux pays sont à ce titre classés dans la catégorie « Etats AAA, les plus endettés », à côté des EtatsUnisdontlanoteestaussisousperspective négative. En prenant soin de rappeler les atouts de la France, la taille de son économie, sa diversification et l’importance de l’épargne privée, qui peuvent lui permettre d’absorber les chocs, l’agence pointe aussi sévèrement les travers français. Notamment les réticences habituelles du pays à mettre en place des « réformes décisives » afin d’améliorer l’état de ses finances. Et l’agence de rappeler que lors de la décennie précédant la crise, la dette de la France n’a fait que progresser quand la plupart des autres gouvernements parve- naient à réduire leur endettement. Le pays n’a, de fait, pas présenté un budget à l’équilibre depuis 1974. Et les périodes de prospérité n’ont jamais été mises à profit pour réduire la dette publique, contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne, par exemple. La France avec un déficit primaire (avant paiement des intérêts de la dette) figure ainsi parmi les plus mauvais AAA, estime Moody’s. Si l’agence note les quelques progrès accomplis récemment, elle s’interroge sur la capacité du pays à inverser la tendance. Un défi rendu plus difficile encore par le soutien français aux Etats de la zone euro en en difficulté, via sa contribution au mécanisme euro- péen de stabilité (MES). A juste titre : il y a une semaine, le gouvernement a repoussé d’un an, à 2014, la réduction de son ratio de dette sur PIB en raison de la participation de la France à ce MES, tout en confirmant les engagements de réduction du déficit public à 4,5 % du PIB fin 2012 et 3 % en 2013. L’agence n’évoque pas explicitement la campagne présidentielle, qui pourrait rendre plus délicates les mesures d’austérité. Mais elle « exprime des doutes sur la stratégie française ce qui devrait faire l’objet de débats sains en période électorale », estime Laurence Boone, économiste chez Bank of America Merrill Lynch. p Claire Gatinois SOURCE : MINISTÈRE DES FINANCES Chronologie 5 août 2011 S & P abaisse de AAA à AA + la note des Etats-Unis, du fait de mesures jugées insuffisantes contre le déficit budgétaire et d’une dette publique de plus de 14 500 milliards de dollars. 13 janvier 2012 S & P prive à son tour la France de son triple A obtenu en 1975, mais maintient celui de l’Allemagne. L’agence s’interroge sur la stratégie des dirigeants politiques des pays de la zone euro face à la crise. 16 janvier François Fillon affirme que Moody’s « a confirmé le triple A stable de la France ». Les rémunérations des patrons du CAC 40 ont rebondi en 2010 Elles ont augmenté de 34% en moyenne après trois années de recul, mais n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant-crise L a rémunération globale des dirigeants des grandes entreprises françaises – celles qui entrent dans l’indice CAC 40 – a augmenté de 34 % en moyenne en 2010, pour atteindre 4,1 millions d’euros, selon l’étude annuelle de la société Proxinvest, publiée mardi 14 février. Si cette rémunération se redresse après trois années de recul, elle reste inférieure à celle perçue en 2006 avant la crise. Elle s’élevait alors à 5,7 millions d’euros. Entre 2007 et 2009, alors que la crise financière faisait sentir ses effets, la rémunération des dirigeants du CAC 40 diminuait d’année en année : de 17 % en 2007, 25 % en 2008 et 14 % en 2009. Globalement, sur ces quatre dernières années, elle a perdu 28 %. A titre de comparaison, le salaire moyen des Français par tête (qui intègre primes et heures supplémentaires) a progressé de 2,1 % en 2010, après avoir augmenté de 1,3 % en 2009. En valeur absolue, ces montants demeurent considérables : plus de 250 fois le smic annuel ! Reste que leur niveau est moins affolant qu’au début de la décennie. La rémunération totale moyenne des dirigeants du CAC 40 s’élevait à 7,5 millions d’euros en 2001, selon Proxinvest. Les chiffres de 2010 doivent toutefois être relativisés. Car 30 % de la rémunération est constituée Des revenus à plusieurs entrées ÉVOLUTION DE LA RÉMUNÉRATION MOYENNE DES DIRIGEANTS DU CAC 40, en millions d’euros Totale TOP 5 DES PRÉSIDENTS ÉXÉCUTIFS LES MIEUX PAYÉS POUR 2010, en milliers d’euros Fixe Salariale 8 Variable* Autres Options Actions 1 - Jean-Paul Agon, L’Oréal 7,5 2 100 1 680 7 2 - Bernard Arnault, LVMH 6 1 728 2 200 5 665 118 5 4,11 4,85 4 3 2,89 2,61 2 2,12 3 - Carlos Ghosn, Renault - Nissan 1 200 8 479 (dont environ 7 000 de Nissan) 4 - Bernard Charlès, Dassault Systèmes 932 1 072 731 6 762 34 5 - Gilles Pélisson, Accor 1 2001 02 6 868 55 03 04 05 06 07 SOURCE : PROXINVEST d’actions ou de stock-options, valorisées à leur cours du jour où ces titres ont été attribués. Or, depuis 2010, la Bourse s’est effondrée d’environ 20 %. Ce qui signifie que la valeur de la rémunération versée en actions a fléchi d’autant ; et que celle versée en stock-options s’est effondrée jusqu’à n’avoir plus de valeur pour certaines. Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal, apparaît certes comme le dirigeant ayant perçu la plus forte rémunération en 2010 (10,7 millions d’euros). Mais plus de la moi- 08 09 2010 1 000 1 500 5 046** 1 620 * Souvent lié à la performance économique de l’entreprise ** Indemnités de départ en retraite tié était constituée de stockoptions. Il est donc aussi le PDG qui s’est le plus « appauvri » en raison de la crise. Car la valeur de ses options se situe en dessous du prix auquel il peut les exercer, selon une étude de La Lettre de l’Expansion du 26 septembre 2011. Bernard Arnault à l’abri En revanche, Bernard Arnault, PDG de LVMH, est plus à l’abri. Aucune stock-option n’est prévue dans sa rémunération, selon Proxinvest. Plus de la moitié est en revanche constituée d’actions. Cette hausse observée en 2010 ne concerne cependant qu’un petit nombre d’entreprises : les 40 premières en moyenne, donc, ainsi que les 80 suivantes, où le salaire moyen progresse de 31 % mais s’établit à un montant presque deux fois inférieur à celui du CAC 40 (2,1 millions d’euros). Si l’on considère les 250 plus grandes entreprises françaises cotées (celles qui entrent dans l’indice SBF 250), la rémunération moyenne des dirigeants continue, en revanche, de baisser en 2010, selon Proxinvest. En outre, ces rémunérations de dirigeants varient d’un secteur d’activité à l’autre. Selon une étude du cabinet Aon Hewitt, la rémunération totale des premiers dirigeants mandataires sociaux du SBF 120 est, en moyenne, deux fois plus élevées dans le secteur financier que dans l’industrie. Les délais nécessaires à la réalisation de l’étude de Proxinvest ne permettent pas de connaître la progression des rémunérations en 2011. Mais les critères financiers – chiffre d’affaires, résultat net, etc. – qui servent de base à l’essentiel de la partie variable de la rémunération (hors stock-options et actions) ont évolué favorablement pour de nombreuses grandes entreprises. Et, Maurice Levy, président du directoire de Publicis, qui a annoncé qu’il renonçait à la partie fixe de son salaire pour ne garder que la variable, ne semble pas faire beaucoup d’émules. Il est vrai que cette attitude n’est pas jugée unanimement efficace. L’importance accordée à la rémunération variable peut conduire à des décisions contre-productives pour l’entreprise, explique ArmandHatchuel (« Le MondeEconomie » du 20 décembre 2011). Car elle peut inciter les patrons à prendre des risques démesurés pour obtenir une plus grosse prime, par exemple. Il note ainsi que « la part de la rémunération à la performance n’a jamais été aussi élevée que durant la période qui a conduit à la crise de 2008, et même après ». Qu’elle soit essentiellement fixe ou variable, une rémunération excessive des dirigeants a « un impact négatif sur la productivité du travail et donc sur les performances de l’entreprise », explique Frédéric Palomino, professeur affiliéà l’Edhec et consultanten économie à LECG, dans son opuscule Comment faut-il payer les patrons ?, publié en 2011 par le Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap). Ce qui ne peut que renforcer la tentation de les encadrer, comme l’envisage le Parti socialiste pour les entreprises dont l’Etat est actionnaire. Ou de les imposer davantage. La fuite des dirigeants, souvent invoquée pour ne pas prendre ce type de mesure, ne serait pas fondée, estime M. Palomino. D’autant que, selon l’étude Aon Hewitt, les rémunérations globales des dirigeants français sont supérieures à celles perçues en Italie, dans le Benelux et les pays nordiques. Et proches de celle des dirigeants allemands. Elles sont, certes, bien moindres que celle des Américains, mais leur fraction, hors actions ou options, est du même niveau. p Annie Kahn 0123 économie Mercredi 15 février 2012 17 Asiatiques, Américains… jamais ils n’ont La répression des acheté autant d’alcool français qu’en 2011 fraudes maintient La valeur des caisses exportées représente, en moyenne, depuis dix ans, 130 Rafale par an la pression sur l’e-commerce L es vins et spiritueux français continuent à séduire une clientèle internationale. En 2011, ils ont battu un record de ventes à l’exportation, dépassant pour la première fois la barre des 10milliards d’euros à 10,1 milliards. Selon les chiffres publiés mardi 14 février par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), la progression est de 10,5% – soit un gain net de plus d’1 milliard d’euros – par rapport à 2010. Le précédent record de 2007, juste avant la crise, avec un total de ventes de 9,6 milliards d’euros, est ainsi battu. En tenant compte des produits étrangers importés, les vins et spiritueux pèsent 8,6 milliards d’euros d’excédent commercial, un montant en progression de 9 %. Ce qui en fait le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale française, derrière l’aéronautique (17,7 milliards) mais devant les parfums et cosmétiques (8,3 milliards). Un résultat dont ne manque pas de se targuer la FEVS, d’autant que les bonnes nouvelles concernant la balance commerciale hexagonale sont plutôt rares. Et de se livrer à un petit calcul pour estimer que l’ensemble des caisses de bouteilles envoyées dans le monde entier représente, en moyenne, depuis une décennie, la valeur de 130 Rafale par an. La répartition des gains entre vins et spiritueux reste stable. Les premiers représentant 69 % de l’ensemble, soit 7 milliards d’euros, et les seconds le solde, soit 3,1 milliards. Un équilibre qui cache quelques fortes disparités. Le spiritueux le plus valorisé à l’étranger reste le cognac. Il continue sur sa lancée, avec des ventes en hausse de 10 % à 2,04 milliards d’euros. Cet alcool talonne désormais le champagne, dont le chiffre d’affaires à l’export atteint 2,1 milliards d’euros, en hausse de 9,3 %. En troisième position, viennent lesvins deBordeaux, engrande forme, qui font quasiment jeu égal à 2 milliards d’euros. En ajoutant les vins de Bourgogne, on totalise 70 % des ventes à l’international. La forte valorisation des exportations est portée par le succès des trois catégories phares, qui se partagent le podium. D’autant que le cognac, mais aussi le bordeaux ou le champagne, qui joue la carte du «Il y a de plus en plus de plaintes», explique le secrétariat d’Etat chargé de la consommation L Lors du Festival des vins de Bordeaux et d’Aquitaine de Wuhan, en Chine, en novembre 2011. XIAO YIJIU/XINHUA millésime, se vendent de plus en plus cher. D’ailleurs, petit bémol dans ce panorama plutôt favorable, la progression en volume des exportations est beaucoup plus modérée. En litrage, la hausse se limite à 2,4 %. Sur ce critère, le record de 2007 n’est pas détrôné. Et sur dix ans, les vins ont perdu près de 12 % en volume d’exportation. Le succès des bordeaux et du cognac doit beaucoup à la conquête des consommateurs asiatiques Le succès des bordeaux et du cognac doit beaucoup à la conquête des consommateurs asiatiques. Les grandes maisons n’ont pas lésiné sur les moyens pour faire connaître et apprécier leur production. D’autant que, dans ces pays, nombre de clients sont prêts à dépenser une petite fortune pour s’offrir un millésime exceptionnel ou une édition limitée, signe de réussite sociale. Une aubaine pour les négociants. Résultat, l’Asie devient le principal moteur de croissance des exportations de vins et spiritueux français. Dans la zone formée par laChine, Hongkong, Taïwan, Singapour et le Japon,les ventes ontbondi en 2011 de 29 % à 2,5 milliards d’euros. Autres marchés-clés pour les alcools français : les Etats-Unis et le Canada. Dans ces pays d’Amérique du Nord, les consommateurs apprécient une gamme beaucoup plus étendue de la production vinicole hexagonale, ce qui est un atout pour l’ensemble des régions productrices. Malgré la crise, les exportations dans cette zone ont progressé de 9 % sur l’année écoulée, à 2,1 milliards d’euros. La profession regroupée au sein de la FEVS reste toutefois préoccupée par la difficulté de reconquête des marchés traditionnels du vin français au sein de l’Union européenne. En dix ans, les exportations de vins français en Allemagne et au Royaume-Uni ont reculé respectivement en valeur de 11 et de 13 %, du fait de la concurrence mondiale. En volume, la chute est encore plus brutale, avec une baisse respective de 13 et de 38 %. Les indicateurs restent toutefois positifs en 2011 sur ces mar- chés-clés. Et le Royaume-Uni garde sa place de deuxième pays importateur de vins et spiritueux français en valeur, derrière les EtatsUnis. Mais l’Allemagne rétrograde d’une place et cède le troisième rang à la Chine. Sur les dix pays européens,dont la Suisse, importateurs d’alcool français, les ventes n’ont progressé en valeur que de 3 %, à 4,1 milliards d’euros en 2011. Louis-Fabrice Latour, président de la FEVS, souligne l’enjeu stratégique d’un accès aux marchés des pays tiers : « Nous avons un besoin impérieux du soutien des pouvoirs publics pour ouvrir de nouveaux marchés. L’Inde ou le Brésil sont des débouchés prometteurs, mais nous ne pourrons y développer nos ventes sans éliminer les obstacles actuels, tarifaires ou non tarifaires. » La Fédération met en évidence l’importance de l’exportation pour ce secteur économique. Elle chiffre à 500 le nombre d’entreprises françaises exportatrices de vins et spiritueux, et estime que 40 % du vignoble français dépend de l’exportation. Plus globalement, elle estime que les sociétés de vins et spiritueux emploient 30 000 personnes en France. p Laurence Girard Liliane Bettencourt n’est plus administratrice de L’Oréal Le groupe de cosmétiques a franchi, en 2011, le cap des 20milliards d’euros de chiffre d’affaires L e conseil d’administration de L’Oréal a annoncé, lundi 13 février, la fin du mandat d’administrateurde Liliane Bettencourt, qu’elle a exercé pendant dixsept ans. Agée de 89 ans, la femme la plus riche de France va laisser sa place à l’aîné de ses petits-fils, JeanVictor Meyers, 25 ans. Ce grand jeune homme brun, qui a poursuivi des études universitaires d’économie et de gestion en France et aux Etats-Unis, a passé plusieurs mois dans les divisions du géant des cosmétiques. Il a été coopté comme nouvel administrateur et sa nomination devrait être entérinée lors de la prochaine assemblée générale du 17 avril. Même si les décisions du conseil ne peuvent pas être remises en cause en raison de l’« empêchement » juridique d’un de ses quatorze membres, procéder à ce changement relevait du bon sens. Ce passage de flambeau survient eneffet alors que lamise soustutelle de la fille du fondateur du groupe a été confirmée par la Cour d’appel de Versailles, le 18 janvier. Son mandat avait été reconduit pour quatre ans, en avril 2011. Les décisions concernant les intérêts de la famille Bettencourt, qui détient 30,9 % de L’Oréal, sont prises au sein du holding familial Thétys. Le changement d’un des trois administrateurs de la famille ne devrait pas modifier les savants équilibres capitalistiques du groupe. Le PDG de L’Oréal, Jean-Paul Agon, a longuement salué le « goût d’entreprendre, la curiosité pour tout ce qui émerge de nouveau, de moderne » de Liliane Bettencourt. Son départ s’effectue au moment où le leader mondial des cosmétiques publie des résultats en croissance. Le chiffre d’affaires a franchi, en 2011, un cap significatif, à 20,34 milliards d’euros, en hausse de 4,3 % par rapport à 2010. Le résultat net part du groupe s’élève à 2,58 milliards d’euros (+ 8,9 %). Au cours du dernier trimestre, les « nouveaux marchés » (Asie, Pacifique, Europe de l’Est, Amérique latine, Afrique et MoyenOrient) ont, pour la première fois, représenté la part la plus importante des ventes dans le monde, devant les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest. Cette dernière a montré des signes de faiblesse et reculé de 0,6 % lors des trois derniers mois de l’année. Si M. Agon avait, dès 2009, promis detrouver «un milliard de nouveauxclients» au cours de la décennie, il va les chercher dans le mondeentier. Sans surprise, l’Asie-Pacifique progresse à vive allure (+15,5 % hors Japon), notamment grâce aux performances des produits de luxe en Chine et en Corée. Les nouveaux marchés visés Les pays émergents constituent un fort réservoir de croissance, comme le montrent l’Argentine, le Mexique ou le Brésil. Le MoyenOrient et l’Afrique enregistrent aussi une croissance des ventes supérieure à 10 %. Malgré une conjoncture politique des plus mouvantes, deux filiales récemment créées, le Pakistan et l’Egypte, participent pleinement à cette politique d’expansion. Année après année, la rentabilité des « nouveaux marchés » augmente : elle s’est établie l’an dernier à 18,4 % du chiffre d’affaires, comme l’Amérique du Nord (contre 20,9 % pour l’Europe de l’Ouest). L’Oréal a d’ailleurs focalisé ses investissements dans des pays où il a encore sous-investi. C’est le cas de la nouvelle filiale au Kenya, annoncée en décembre 2011, qui deviendra la base de développement du groupe en Afrique de l’Est. L’Oréal a aussi annoncé la constructiond’un centre de recherche et d’innovation au Brésil pour créer des produits à destination des marchés latino-américains, susceptibles d’être commercialisés hors du Brésil. Deux usines vont également démarrer cette année au Mexique et en Indonésie. M. Agon qui, dès début janvier, affirmait avoir « de l’optimisme à revendre » et se disait « très confiant » pour 2012, n’a pas changé d’idée. « Nous sommes bien armés pour réaliser une nouvelle année de croissance du chiffre d’affaires et des résultats », a-t-il affirmé lundi. Il compte une nouvelle fois croître davantage que le marché mondial et jouer un rôle « de plus en plus moteur » dans « les nouveaux marchés », qui s’imposeront cette année comme la première zone géographique du groupe. p Nicole Vulser es consommateurs se plaignent-ils moins ou bien les produits et services sont-ils de meilleure qualité ? En 2011, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a reçu 90 125 réclamations de consommateurs, soit 2,3 % de moins qu’en 2010, et 18 % de moins qu’en 2009. Tel est le bilan que Frédéric Lefebvre, le secrétaire d’Etat chargé de la consommation, devait présenter, mardi 14 février. Le renforcement des textes encadrant la protection des consommateurs, l’amélioration de la gestion de la relation entre les commerçants et leurs clients, et le développement des dispositifs de médiation auraient participé, selon lui, à cette évolution. Comme en 2011, quatre secteurs concentrent plus de 70 % des réclamations des consommateurs. En premier lieu, la commercialisation des produits non alimentaires représente 25,3 % des plaintes, dont environ la moitié concerne la vente à distance et le commerce électronique. Viennent ensuite le secteur des télécommunications (19 % des plaintes), les travaux et réparations à domicile (15,9 %) et le secteur des transports et des véhicules 11,3 %. Les trois principaux motifs de réclamations sont les pratiques commerciales trompeuses (12,6 %), la contestation du prix ou du montant de la facture (9,8 %), et la livraison (7,5 %). Malgré des effectifs en repli d’environ 5 %, la DGCCRF a effectué, en 2011, 853 000 contrôles (–2 %) dans 153 600 établissements. Ces examens ont donné lieu à 14 000 infractions constatées par procès-verbaux transmis au Parquet, 12 000 mesures administratives – mises en conformité, suspensions d’activité, fermetures d’établissement… – et 628 saisies ou consignations de produits. La vente sur Internet était l’une des priorités d’action de 2011. Près de 9 600 sites d’e-commerce ont été contrôlés, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2010, et ont donné lieu à plus de 300 procès-verbaux. Le ministre a détaillé les axes de travail de la DGCCRF pour le premier semestre 2012, encore très orientés sur le e-commerce. Les sites d’achat groupés, tout d’abord, où « il faut renforcer les contrôles car le système a beaucoup de succès auprès des internautes et il y a de plus en plus de plaintes », explique M. Lefebvre. En 2011, 43 contrôles ont été effectués et 8 pratiques commerciales trompeuses ont été décelées (les annonces ne correspondaient par exemple pas au produit final, les « options obligatoires » donnaient un prix final différent du prix d’appel). Pessimisme L’accent sera aussi mis cette année sur le commerce réalisé sur les téléphones portables, et sur les réseaux sociaux, « qui sont deux formes de commerce en train de se développer fortement », constate M. Lefebvre. Il ne cache pas, par ailleurs, son pessimisme quant aux chances d’adoption, avant les élections présidentielles, de son projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs, construit à partir des réclamations déposées auprès de la DGCCRF. Le texte a fait l’objet de nombreux débats entre Assemblée nationale et Sénat, sans aboutir. « Compte tenu des textes d’urgence de réponse à la crise financière, le seul moyen d’adopter définitivement le projet dans le calendrier parlementaire aurait été que le consensus obtenu à l’Assemblée nationale se poursuive au Sénat. La nouvelle majorité sénatoriale [de gauche] ne l’a pas souhaité», déplore M. Lefebvre. p Cécile Prudhomme Hôtellerie Intercontinental table sur les pays émergents Le groupe britannique Intercontinental Hotels Group (IHG), premier groupe hôtelier au monde en termes de nombre d’établissements et de chambres, a enregistré, en 2011, un chiffre d’affaires en hausse de 9 %, à 1,77 milliard de dollars (1,34 milliard d’euros). Le bénéfice net a progressé de 83 %, à 439 millions de dollars. Le groupe est « en bonne position pour bénéficier des tendances positives du secteur sur le long terme, en particulier de la demande croissante sur les marchés émergents, en dépit des incertitudes considérables en zone euro », a commenté, mardi 14 février, le directeur général, Richard Solomons. IHG, qui détient notamment les chaînes Intercontinental, Crowne Plazza et Holiday Inn, prévoit d’étendre son parc de plus de 1 100 hôtels, dont 40 % sont déjà en construction, avec plus d’un quart des nouvelles capacités futures en Chine. p Marc Voinchet et la Rédaction 6h30/9h – du lundi au vendredi Retrouvez la chronique «Les Faiseurs de culture» par Laurent Carpentier mercredi à 8h50 jusqu’au 15 avril. franceculture.fr en partenariat avec 18 0123 économie Mercredi 15 février 2012 Pertes & Profits | chronique Par Stéphane Lauer La pudeur de l’évidence La Hadopi passe à la vitesse supérieure et transmet ses premiers dossiers à la justice Les internautes, soupçonnées de piratage, encourent une amende de 1500 euros L’Oréal M ême si la cosmétique est l’art du paraître, chez L’Oréal, on a enfin décidé d’arrêter de faire semblant. Liliane Bettencourt, 89 ans, ne siégera plus au conseil d’administration du groupe de beauté. Une décision logique après la mise sous tutelle, en octobre 2011, de l’héritière de l’empire L’Oréal. Si le symbole est fort, la portée de l’événement reste néanmoins limitée pour le groupe. «Le conseil d’administration de L’Oréal a été informé de la fin du mandat d’administrateur de Mme Liliane Bettencourt. » Le ton neutre, et peu loquace sur les raisons qui ont amené la femme la plus riche de France à renoncer à siéger au conseil du groupe fondé par son père, tranche avec le déballage balzacien auquel on a assisté depuis deux ans. Mais on n’explique pas l’évidence, surtout lorsqu’elle touche à l’intime. La fin du mandat de Liliane Bettencourt met un terme à une situation qui devenait incompatible avec la bonne gouvernance de la société. Il y a dix mois, l’assemblée générale des actionnaires avait voté comme un seul homme, à 97 %, pour reconduire l’héritière dans son mandat d’administratrice. Entre-temps, le jugement accablant sur l’état mental de la vieille dame a permis de mettre fin à l’hypocrisie qui présidait à son maintien, alors que les statuts de la société ne l’obligeaient pas à renoncer à ses responsabilités. C’est Jean-Victor Meyers, 25 ans, qui succède à sa grand-mère. Il rejoint au conseil d’administration les deux autres représentants de la famille Bettencourt, qui détient, avec 31 % du capital, le contrôle du leader mondial des cosmétiques: sa mère, Françoise, et son père, Jean-Pierre Meyers. Pour le clan de la fille, la victoire est totale. L’entourage de Liliane Bettencourt n’a eu de cesse de s’opposer à ce scénario, en accusant Françoise de vouloir céder L’Oréal à Nestlé, deuxième actionnaire du groupe avec 29,8% du capital. Si le symbole est fort, la portée de l’événement reste limitée pour le groupe La mise à l’écart de Liliane Bettencourt bouscule les petits (pas si petits pour certains) intérêts qui s’étaient cristallisés autour de sa fragilité mentale. Dès lors, on comprend la propension à entretenir les thèses alarmistes sur les intentions de sa fille. Mais jusqu’à présent, rien ne permet d’affirmer qu’elle n’aura pas le même attachement que sa mère vis-à-vis du groupe de cosmétique. Ce qui est sûr, c’est que le maintien d’une vieille dame qui avait perdu une grande partie de son discernement était une source encore plus grande d’instabilité. p Retrouvez Pertes & Profits sur le net : lauer.blog.lemonde. fr Le climat social s’est apaisé chez France Télécom Avec l’arrivée de Free et les prix bas de ses mobiles, le groupe reparle d’économies P our la direction de France Télécom, l’ex-monopole des télécommunicationsfrançaises a tourné la page de la « crise des suicides ». Le dernier baromètre sur le climat social, publié mardi 14 février, en serait la preuve. Ce sondage interne, réalisé par l’institut CSA tous les six mois depuis octobre 2010 – et qui est utilisé pour le calcul d’une partie de la part variable des 900 principaux cadres de France Télécom en France – montre que les choses se sont améliorées dans les relations managériales, la reconnaissance et la vie au travail, etc. Ainsi, 88 % des salariés considèrent que la qualité de vie au travail dans le groupe est identique ou meilleure à cellesd’autres entreprises. Le pourcentage de salariés qui pensent qu’elle est plus mauvaise n’est plus que de 6 %. « Nous sommes revenus à une situation d’apaisement, veut croire Bruno Mettling, le directeur des ressources humaines. Ces bons résultats sont la conséquence du contrat social mis en place il y a dixhuit mois. » Quand Stéphane Richard, l’actuel PDG, a pris les commandes du groupe, fin 2009, en remplacement de Didier Lombard, la situation était peu brillante. La trentaine de suicides comptabilisés par les syndicats en deux ans témoignait d’un climat social délétère. Les salariés souffraient d’une perte de perspectives. Le seul horizon stratégique qu’on leur « vendait », était la nécessité de supprimer 22 000 postes en trois ans. Fermeture de sites, affectations forcées à grande échelle, ces décisions heurtaient un personnel plutôt âgé(48 ansdemoyenne d’âge),attaché aux valeurs de service public. Dans l’urgence, M. Richard a décidé l’arrêt des fermetures de sites et la fin des affectations forcées. Il a entamé des discussions avec les syndicats, qui ont abouti à des accords sur le temps de travail, le découpage vie privée-vie professionnelle… La promesse d’embaucher 10 000 salariés sur trois ans a été appréciée (8 000 ont été réalisées). L’introduction du télétravail a permis d’améliorer le quotidien d’un millier de salariés (sur 100 000 en France). Encore difficile en boutique La reprise des investissements dans la fibre optique a aussi redonné des perspectives aux équipes techniques. « Surtout en ville, où c’est rentable de “fibrer”. Dans les zones rurales, c’est plus morose », selon Sébastien Crozier, de la CFECGC - UNSA. « Cela va mieux pour ce qui ne touche pas directement au business. Mais en boutique ou sur les plateaux d’appels, les conditions de travail n’ont pas beaucoup changé », nuance Philippe Méric, de SUD. Réalisé fin 2011, le baromètre ne tient pas compte de l’arrivée sur le marché du mobile de Free, mi-janvier, qui a obligé France Télécom et ses concurrents, à ajuster brutalement à la baisse une partie de leurs tarifs. Ce qui pourrait amputer les revenus de 20 % d’ici à trois ans. La direction de l’opérateur assure que l’arrivée de Free a suscité un regain de cohésion interne. M.Richard a reconfirmé aux syndicats qu’il mènerait à terme les 10 000 embauches promises. Mais la direction ne nie pas que, dans les mois qui viennent, le groupe va devoir faire des arbitrages, réaliser des économies. « Nous n’avons pas encore eu de remontées sur des inquiétudes liées à l’emploi », témoigne M. Méric, de SUD. p Cécile Ducourtieux H adopi, acte IV. La Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet a annoncé, lundi 13 février, avoir transmis à la justice, « une partie » des 165 dossiers qu’elle a instruits. Ils concernent des internautes, coupables d’après l’enquête de ses services, de « manquement à l’obligation de surveillance de l’accès à Internet », en clair, soupçonnés de téléchargement illégal d’œuvres artistiques (musique films, séries télévisées), protégées par le droit d’auteur. Il s’agit de la quatrième étape du parcours de la riposte graduée, mise en place par la Hadopi, pour lutter contre le piratage. Au 31 décembre 2011, la Haute autorité avait établi un premier bilan. Depuis octobre 2010, elle a ainsi envoyé 822 000 premières recommandations par courriel à des abonnés à Internet, pour leur signaler qu’ils avaient contrevenu à la loi. Dans les six mois qui ont suivi, 68 343 internautes récidivistes ont reçu un deuxième avertissement. Enfin sur ce deuxième écrémage, la Commission de protection des droits (CDP) de l’Hadopi a, après examen des cas, retenu 165 dossiers litigieux. Effet entonnoir C’est une partie seulement de ces cas que la Hadopi a décidé de transmettre à la justice. L’institution a refusé de communiquer le nombre exact de dossiers, mais on peut penser qu’une vingtaine sur les 165 retenus a été envoyée aux différentsparquetsde France, puisque c’est vers le lieu de résidence de l’internaute indélicat que les dossiers sont acheminés. Désormais, c’est à la justice de prendre le relais de l’autorité administrative. Le parquet sera libre de poursuivreou pasl’internaute. Présidente de la CDP, la juriste Mireille Imbert-Quaretta avait pris soin de souligner qu’elle ne présenterait à la justice que « les dossiers les mieux construits », autrement dit, ceuxquitémoignentd’un téléchargement illégal massif sur Internet. A ce stade, quel est le profil de l’internaute poursuivi et que risque-t-il? A la première question, la Hadopi refuse de répondre, mais les dossiers concernent des personnes dont le profil a été cerné de manière assez précise et celles-ci ont été alertées à plusieurs reprises. En ce qui concerne les peines encourues, l’internaute risque une amende de 1 500 euros. Cette contravention, prononcée par le tribunal de police, pourra s’accompagner d’une coupure de l’accès à Internet d’une durée maximale d’un mois. Ducôté de la Hadopi,on sefélicite de l’effet entonnoir de la riposte graduée. On constate en effet qu’un grand nombre d’internautes sont rentrés dans le rang, après avoir reçu un voire deux avertissements. Ce dispositif « démontre son efficacité » et constitue bien « un instrument pédagogique de sensibilisation », estime-t-on, au siège de l’autorité administrative. Pour la Haute autorité, il est important de tracer son chemin et de prouver le bienfait de son action, alors que celle-ci est contestée par plusieurs candidats à l’élection présidentielle. C’est en particulier le volet répressif de la Hadopi que François Hollande, candidat du PS entend remettre en cause, s’il est élu président de la République. Dans son programme, il a d’ailleurs annoncé qu’il remplacerait la loi dite Hadopi, par « une grande loi signant l’acteIIde l’exceptionculturellefrançaise. » L’issuedeces premiers castransmis à la justice demeure encore très incertaine. Vu l’engorgement des parquets français, il y a peu de chance qu’un dossier soit instruit, avant le premier tour de l’élection présidentielle, fixée au 22 avril. De plus, pour les représentants de la quadrature du Net, une association hostile à Hadopi, et surtout à la riposte graduée, en cas de condamnation, il restera comme ultime recours pour l’internaute, de saisir la Cour européenne des droits de l’homme. p Alain Beuve-Méry Conjoncture et vie des entreprises Internet Google reçoit le feu vert des autorités de la concurrence pour le rachat de Motorola Travail La crise affecte les cadres Google a obtenu, lundi 13 février, le feu vert des autorités antitrust américaines et européennes pour le rachat de Motorola Mobility. Google avait annoncé à l’été 2011 sa volonté de racheter ce concepteur de téléphones mobiles, détenteur de plus de 17 000 brevets, pour 12,5 milliards de dollars (9,5 milliards d’euros). Médias Recul du chiffre d’affaires de RCS en 2011 Le groupe italien de presse et d’édition RCS a annoncé, lundi 13février, un chiffre d’affaires de 2,075milliards d’euros, pour 2011, en baisse de 2,7 % par rapport à 2010. Son résultat d’exploitation recule de 10%, à 167,5millions d’euros. Détenteur du groupe Flammarion, le groupe milanais n’a pris aucune décision quant à une possible cession de l’éditeur français, évoquée en décembre 2011, pour permettre de diminuer sa dette de près d’un milliard d’euros. La crise génère une insatisfaction croissante parmi les 4 millions de cadres en France, selon une enquête, réalisée du 10 au 17 janvier par Opinionway pour l’UGICT-CGT (la CGT des cadres et des techniciens) auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 cadres des secteurs privé et public. Près de la moitié d’entre eux (42 %) se disent mécontents de leur salaire, par rapport à leur temps de travail. L’insatisfaction grimpe à 48 % chez les femmes cadres. Devant une surcharge de travail croissante et la détérioration de leurs conditions de travail, liée à un management « inadapté », disent-ils (83 %), les cadres réclament des contreparties : 35 % souhaitent le paiement des heures supplémentaires. « Aucune leçon n’a été tirée de la crise, le ressentiment est fort, voilà un message à l’adresse des candidats à l’élection présidentielle », commente Fabrice Hallais, secrétaire général de l’UCICT-CGT. p Anne Michel Prisma Presse devient Prisma Média Le groupe de presse magazine Prisma Presse, qui publie notamment Femme Actuelle, Voici, Géo et Gala, a pris le nom de Prisma Média en raison de son développement sur Internet, a annoncé, lundi 13 février, cette filiale française du groupe allemand Gruner + Jahr (Bertelsmann). Prisma revendique un potentiel d’audience papier et numérique de plus de 35 millions de Français chaque mois. Marchés Le ministre suisse de la défense, Ueli Maurer, n’a pas eu connaissance du rapport d’évaluation confidentiel de l’avion suédois de combat Gripen (Saab), publié par Le Matin Dimanche et SonntagsZeitung, indiquant qu’il « est l’unique candidat qui n’atteint pas les capacités minimales pour tous les types de missions exami- Audiovisuel Fusion définitive de RFI et France 24 Les assemblées générales extraordinaires de RFI, de sa filiale arabophone Monte Carlo Doualiya et de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF) ont entériné définitivement la fusion de la radio internationale avec la chaîne d’info continue France 24, a annoncé l’AEF, lundi 13 février. Cette opération est toujours contestée par les syndicats, et le candidat socialiste, François Hollande, a pris position contre. – (AFP.) Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr LES MARCHÉS DANS LE MONDE 14/2, 9h48 VALEURS DU CAC40 Lundi 13 février 22h17 Valeur Défense Le ministre suisse de la défense ignorait un rapport concernant le Gripen nées », a assuré sa porte-parole lundi 13 février. Le ministère va définir « quel poids donner » à ce rapport « dans le processus d’évaluation ». En novembre 2011, cet avion a été préféré au Rafale et à l’Eurofighter. Formellement, le gouvernement doit avaliser en février l’achat des 22 Gripen. Le dossier sera ensuite transféré au Parlement qui se prononcera. Le 21 février, une sous-commission parlementaire examinera le dossier. – (AFP.) Pays Dernier cours Cours préc. % var. /préc. % var. 31/12 Plus haut Plus bas ACCOR .........................◗ 25,55 AIR LIQUIDE .......................◗ 98,06 ALCATEL-LUCENT ...........◗ 1,65 ALSTOM ............................◗ 30,04 ARCELORMITTAL ............... 17,04 AXA ....................................◗ 12,42 BNP PARIBAS ACT.A ........◗ 34,33 BOUYGUES .......................◗ 24,68 CAP GEMINI ......................◗ 29,06 CARREFOUR .....................◗ 17,68 CREDIT AGRICOLE ............◗ 5,13 DANONE ............................◗ 48,45 27,05 EADS ...................................◗ EDF ......................................◗ 18,46 ESSILOR INTL ....................◗ 56,91 FRANCE TELECOM ............◗ 11,34 GDF SUEZ ...........................◗ 19,43 LAFARGE ...........................◗ 32,24 LEGRAND ..........................◗ 25,55 L’OREAL ............................◗ 81,65 LVMH MOET HEN. ............◗ 124,40 MICHELIN...........................◗ 54,23 PERNOD RICARD...............◗ 76,39 PEUGEOT............................◗ 15,48 PPR .....................................◗ 124,25 PUBLICIS GROUPE ...........◗ 40,24 RENAULT............................◗ 36,31 23,75 SAFRAN ..............................◗ SAINT-GOBAIN..................◗ 35,34 SANOFI ...............................◗ 56,78 SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ 47,76 SOCIETE GENERALE .........◗ 22,74 STMICROELECTR. .............◗ 5,12 TECHNIP.............................◗ 75,03 TOTAL .................................◗ 41,04 UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 144,05 VALLOUREC .......................◗ 54,25 VEOLIA ENVIRON. .............◗ 9,48 VINCI...................................◗ 38,08 VIVENDI ..............................◗ 16,23 25,08 97,46 1,68 29,86 16,88 12,35 35,05 24,65 28,86 17,67 5,33 48,47 26,75 17,98 56,47 11,25 19,55 31,88 25,95 81,38 123,65 54,04 77,26 15,46 124,25 39,55 36,04 23,77 34,77 56,31 47,48 23,25 5,12 74,46 40,58 142,75 54,00 9,41 38,10 16,11 1,87 0,62 -1,90 0,60 0,92 0,57 -2,07 0,10 0,71 0,06 -3,64 -0,04 1,12 2,67 0,78 0,80 -0,59 1,14 -1,52 0,33 0,61 0,35 -1,13 0,13 n/d 1,77 0,76 -0,04 1,64 0,83 0,58 -2,19 0,02 0,77 1,13 0,91 0,46 0,76 -0,07 0,71 30,46 2,58 36,70 28,19 20,56 23,64 13,10 1,36 20,36 0,37 17,73 -0,25 12,01 -1,81 4,33 -6,55 -7,98 18,72 2,84 1,18 13,71 18,73 6,60 27,83 12,29 13,22 35,50 2,37 19,13 0,05 17,39 32,17 11,46 3,32 3,90 3,71 8,15 12,00 12,80 -4,11 25,84 99,50 1,84 31,36 17,96 12,92 37,26 25,68 29,88 18,62 5,71 49,80 27,56 19,32 57,50 12,40 21,85 33,05 27,54 83,47 129,60 57,93 78,21 16,31 126,70 40,29 38,23 25,02 36,44 57,42 49,90 25,25 5,83 75,86 41,55 152,25 55,79 9,79 38,68 17,62 18,70 94,21 1,21 21,93 14,03 9,39 27,52 22,50 24,04 16,27 4,01 45,93 24,02 16,92 54,50 11,09 19,39 26,07 24,54 79,22 108,00 45,61 70,50 11,98 110,70 35,30 26,76 22,75 29,03 54,86 40,31 14,88 4,59 68,76 38,57 130,35 49,68 7,88 33,62 15,58 Divid. net 0,62 2,35 0,16 0,62 0,16 0,69 2,10 1,60 1,00 1,08 0,45 1,30 0,19 0,57 0,83 0,60 0,83 1,00 0,88 1,80 0,80 1,78 0,77 1,10 3,50 0,70 0,30 0,25 1,15 2,50 3,20 1,75 0,09 1,45 0,57 8,00 1,30 1,21 0,55 1,40 T T T T S T T T T T T T T A T A A T T T A T S T T T T A T T T T A T A D T T A T Code ISIN FR0000120404 FR0000120073 FR0000130007 FR0010220475 LU0323134006 FR0000120628 FR0000131104 FR0000120503 FR0000125338 FR0000120172 FR0000045072 FR0000120644 NL0000235190 FR0010242511 FR0000121667 FR0000133308 FR0010208488 FR0000120537 FR0010307819 FR0000120321 FR0000121014 FR0000121261 FR0000120693 FR0000121501 FR0000121485 FR0000130577 FR0000131906 FR0000073272 FR0000125007 FR0000120578 FR0000121972 FR0000130809 NL0000226223 FR0000131708 FR0000120271 FR0000124711 FR0000120354 FR0000124141 FR0000125486 FR0000127771 Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. Indice ROYAUME UNI ETATS-UNIS JAPON % var. Maxi 2011 Mini 2011 PER CAC 40 3373,34 14/2 -33,00 3449,24 9/2 3114,45 9/1 DAX Index 6730,46 14/2 -12,00 6838,13 9/2 5900,18 2/1 9,35 FTSE 100 index 5890,57 14/2 -26,00 5920,09 13/2 5572,28 3/1 9,66 Dow Jones ind. 12874,04 13/2 57,00 12924,71 9/2 10404,49 4/10 11,19 0,00 2930,68 9/2 2298,89 4/10 15,79 FRANCE ALLEMAGNE Dernier cours Nasdaq composite 2931,39 13/2 Nikkei 225 3 9052,07 14/2 6 /1 587720214508426,00 13,11 9,00 9023,50 13/2 8349,3 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. (Publicité) SICAV ET FCP 0123 LA BOUTIQUE SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 14/2 à 9h Valeur Cours en euro date valeur CM-CIC EUROPE 22,60 10/2 Du lundi au vendredi 9 h 30 à 18 h Samedi 10 h à 14 h Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACTS C 17,69 10/2 CM-CIC SELECT.PEA 7,34 10/2 CM-CIC MID EUROPE 20,28 10/2 CM-CIC TEMPERE C 171,14 10/2 CM-CIC DYN.EUROPE 32,14 10/2 CM-CIC FRANCE C 29,59 10/2 CM-CIC EQUILIBRE C 71,37 10/2 CM-CIC DYNAM.INTLE 27,75 10/2 CM-CIC OBLI C.T.D 133,44 13/2 CM-CIC MID FRANCE 33,21 10/2 ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris 01 57 28 29 85 - http://boutique.lemonde.fr/ 0123 décryptages RÉCIT Mercredi 15 février 2012 HOM S, CA R N E T S D E GU E R R E M A N I E T J O NAT H A N L I T T E L L R E P O R TA G E D E 19 2/5 A Homs, les soldats du bataillon Farouk de l’Armée syrienne libre (ASL) contrôlent le quartier de Baba Amro depuis près d’un mois. MANI POUR « LE MONDE » Entrés de façon clandestine en Syrie en janvier, l’écrivain Jonathan Littell, et le photographe Mani se sont rendus pour « Le Monde » à Homs, cœur du soulèvement contre le régime de Bachar Al-Assad. BabaAmro,bastionlibéré L’Armée syrienne libre contrôle ce quartier d’Homs, où elle tient tête à une armée régulière mieux équipée mais en pleine déliquescence Texte : Jonathan Littell Photo : Mani B aba Amro, c’est un Etat dans l’Etat. » B., le soldat qui parle, est un bel homme au visage fin et mobile et aux yeux brillants,illuminés autant par safoiqueparlejeûnequ’il respecte depuis qu’il a rejoint l’Armée syrienne libre (ASL), en décembre 2011. Ce n’est pas un déserteur, comme la plupart de ses camarades, mais un civil d’Alep qui, choqué par les crimes du régime, a décidé de prendre les armes. Son affirmation, bien sûr, date d’avant le 4 février, jour où l’armée syrienne – Jaysh-e-Assadi, l’appellent les opposants, « l’armée des Assad » –, a débuté un pilonnage intensif du quartier, faisant plusieurs centaines de morts. Jusque-là, Baba Amro était considéré un « quartier libéré ». C’est le genre de quartier populaire du bout de la ville où les bourgeois, en temps normal, ne mettent pas les pieds, un quartier d’immeubles de quatre ou cinq étages en béton, parfois recouverts de plaques de pierre polie et la plupart du temps inachevés, serrés les uns contre les autres le long de ruelles où deux véhicules peinent à se croiser, et peuplé de travailleurs et de femmes voilées qu’on aperçoit à peine. Aux coins des rues, des vendeurs ambulants offrent des bols de foul que l’on dévore avec les doigts; les gamins portent écharpe et bonnet noir-blanc-vert, tricotés par leurs mères, ou bien bleu et orange: les couleurs de la révolution ou bien celles du Al-Karama, le club de foot d’Homs. Devant la mosquée Gilani, les catafalques vides s’entassent, prêts à l’usage; derrière, deux tombes sont déjà creusées dans le terre-plein, au cas où les tirs des snipers rendraient le cimetière inaccessible. Il fait un froid de gueux, humide et perçant, le ciel est gris, noyé dans une brume devant laquelle se découpentlesfaçades desimmeubles etles minarets, et à travers laquelle résonnent les coups de feu, les déflagrations subites des obus, et les appels à la prière. L’ASL tient le périmètre du quartier. Là, on est sur une vraie ligne de front, qui traverse des appartements chamboulés, criblés d’impacts de balles explosives et d’obus,emplisdeboueet dedébris,decanapés renversés, de télévisions brûlées, de lits déchiquetés. A l’ouest, face aux vergers et au stade, c’est Haqura, où Mani et moi vivons depuis presque une semaine avec une unité ASL. A part deux ou trois obstinés, les civils ont tous fui. Les ruelles qui donnent sur le no man’s land sont défenduespardessacs desable,obstaclesdérisoires face aux tanks. Les murs des appartements et des jardins ont été percés pour que les combattants puissent se déplacer à couvert. Le poste de commandement (PC) d’Hassan, le commandant de l’unité, donnesurune rueassezlarge,etl’onprendsouvent le thé sur le trottoir, groupés autour d’un brasier, malgré le risque d’un obus de mortier : «Inch’allah !», rient les hommes. «Si le monde nous abandonne pour soutenir Assad, on va être obligés de déclarer le djihad» Abdel Razzak Atlas officier de l’Armée syrienne libre Un matin, on est réveillés par des tirs plus soutenus que d’habitude. Des soldats déboulent dans l’appartement, secouent ceux qui dorment, tirent mitrailleuses, ceintures de cartouches et RPG (lanceroquettes) de la chambre qui sert de dépôt d’armes. On les suit en courant vers le PC, puis dans une rue bordée d’immeubles où on monte à l’étage. Dans une pièce dévastée, un combattant lâche des rafales de mitrailleuse par un trou d’obus ; un autre, dans le salon, tire des coups de rusi, nom local du kalachnikov ; l’odeur de la cordite emplit l’appartement. On nous explique : un sniper s’est mis à tirer, depuis le grand immeuble en construction en face, sur des civils, faisant quatre blessés. L’ASL riposte, pour tenter de le déloger. Ça durera environ quatre heures, durant lesquelles on se faufilera d’un appartement à l’autre pour observer. Les positions de l’armée régulière ne sont pas loin, 200, 400 mètres, on voit clairement les sacs de sable si on risque un œil. Quand on est sur les toits, on entend les balles siffler ou claquer dans les murs ; de temps en temps, la déflagration d’un RPG secoue l’air. L’ASL ne cherche pas à prendre les positions ennemies, juste à forcer les snipers à se retirer et à cesser les tirs contre les civils. Baba Amro n’a pas été sécurisé d’un coup. En novembre, au dernier passage de Mani, un barrage des forces de sécurité contrôlait encore un carrefour central, et ses snipers tiraient dans toutes les rues autour, coupant de fait le quartier en tranches. « On a réussi à les encercler, nous explique un adjoint d’Hassan, et on leur a coupé les vivres. Puis, quand les observateurs de la Ligue arabe sont venus [début janvier], on s’est servis d’eux pour négocier leur retrait, sans effusion de sang. Il y a toujours un autre barrage au bout de l’avenue, mais il est beaucoup plus vulnérable maintenant, et ne tire plus sur les gens, par peur de notre riposte. » Pour les combattants de l’Armée libre, la protection des civils est l’essence de leur mission. « Dans son principe, l’armée devrait être neutre », martèle un aprèsmidi le lieutenant Abdel Razzak Atlas, un des dirigeants de la katiba Al-Faruk qui se vante d’être le premier officier syrien à avoirfait défection, en juin 2011. « Elle est là pour protéger le peuple et la nation. Or, elle fait le contraire. » B., le volontaire d’Alep, qui, le soir venu, récite à ses camarades de magnifiques poèmes en arabe classique, est plus lyrique que son chef : « Nous, nous nous battons pour notre religion, pour nos femmes,pournotre terre et,enfin, poursauver notre peau. Eux, ils se battent seulement pour sauver leur peau. » Quasiment tous les combattants de l’ASL ont dû, avant leur désertion, participer àdes opérations derépression. Très peu sont prêts à admettre avoir tué des gens. «Moi ? J’ai tiré en l’air », disent-ils presque tous. Mais leur dégoût pour ce qu’ils ont été obligésdefaire,leursentimentdeculpabilité est palpable. Ça se sent dans l’insistance que chacun met, quand on le rencontre, à exhiber sa carte militaire. Le témoignage d’un ancien soldat rencontré quelques jours plus tard au centre-ville vaut pour tous : « On nous a emmenés dans les rues pour combattre des gangs armés. Je n’ai vu aucun gang armé. Les officiers nous ont dit : “Les munitions ne valent rien, tirez, tirez autant que vous pouvez.”» Lesdéserteursdécriventunearméerégulière en pleine déliquescence. A plusieurs reprises, les officiers ASL avec qui je me trouve reçoivent des informations, précises et détaillées, de la part d’officiers restés en service ; ils en reçoivent aussi, pour de l’argent ou pour la cause, armes et munitions. Le lieutenant Atlas m’expliquera comment il avait tenté, en mai, d’organiser avec d’autres officiers la mutinerie de deux brigades et d’un bataillon. « Tout était prêt. Mais les autres n’ont pas voulu aller jusqu’au bout, de peur d’être écrasés par l’aviation. » C’est là tout le sens de la demande d’unenoflyzone,répétéeàchaquemanifestation – demande qui surprend l’Occident car, à la différence de Mouammar Kadhafi, Bachar Al-Assad n’a pas encore déployé son aviation contre des civils. « Si nous obtenons une no fly zone, insiste Atlas, la moitié de l’armée se mutinera. Le régime sera fini. » « C’est une armée de voleurs, grogne Abu Amar, un sous-officier. Tous ceux qui peuvent payer n’y vont pas, seuls les pauvres y vont. C’est une armée incompétente, qui ne fonctionne pas. Elle ne sert qu’à engraisser la communauté alaouite. » Cette secte dissidente du chiisme, considérée commehérétique par beaucoup de musulmans, est celle du clan Assad et de la majorité des dirigeants des forces de sécurité. Il y a peu d’alaouites dans l’ASL, mais il y en a. J’en rencontre un, Fadel, à un barrage de Baba Amro : « Quand j’ai vu l’armée tuer des civils, m’explique-t-il devant ses camarades, je me suis dit : “Je ne suis pas avec eux, je suis avec le peuple.” Ce n’est pas : “Je suis alaouite, donc je suis avec les alaouites.” Non. S’ils font mal, j’essaie de faire bien. » Néanmoins, l’immense majorité des combattants de l’Armée libre sont sunnites, et cela se voit à leurs symboles, les noms des katiba comme Khalid ibn Walid (principal général du Prophète) ou bien Kawafil el-Shuhada (« les Caravanes des martyrs»). Ce que beaucoupcritiquent violemment. « Pourquoi ils choisissent des noms comme ça ? », s’exclame M., sunnite lui aussi, activiste réfugié à Beyrouth. « C’est notre révolution, pas la révolution du Prophète ! On a nos propres martyrs, ils pourraient prendre leurs noms. » A u bout de cette « sunnitisation » de la révolution, il y a la tentation du djihad. C’est sans doute le plus grand risque qui guette l’Armée libre, car cela ferait le jeu de Bachar Al-Assad. Mais cet argument ne décourage pas les officiers de l’ASL, à Homs du moins. Abdel Razzak Atlas nous le dira de manière explicite: «Si ça continue, on va vraiment devenir comme Al-Qaida. Si le monde nous abandonne pour soutenir Assad, on va être obligés de déclarer le djihad, pour faire venir des combattants du monde musulman et internationaliser le conflit. » Atlas insiste : ce n’est pas sa vision personnelle, le comité militaire d’Homs en a discuté et tous approuvent. D’autres officiers me le confirmeront. Il faut souligner que cette idée n’est pas le fruit d’une radicalisation religieuse, mais d’un calcul stratégique, aussi naïf soit-il. Pour Atlas, une déclaration du djihad pourrait déboucher sur un chaos à l’irakienne, peut-être même sur une guerre régionale, et ce risque forcerait la main de l’Occident, obligé enfin d’intervenir. Ce jeune officier syrien connaît mal le monde extérieur, ses logiques et ses contraintes. Mais il exprime l’appel des masses soulevées contre le régime : « Le peuple veut une intervention de l’OTAN! » Ce n’était pas le cas il y a un mois ; le désespoir a changé la donne. p Prochain article : « Une révolution populaire » 20 0123 décryptages L’ŒIL DU MONDE Mercredi 15 février 2012 L’essayage virtuel La réalité augmentée permet d’essayer sans toucher P Le paiement mobile Le téléphone règle la facture L es systèmes d’encaissement sur téléphone mobile constituent la bataille technologique de demain. Les constructeurs de terminaux de paiement se livrent une rude bataille pour fabriquer des caisses mobiles permettant d’utiliser un terminal de paiement sans fil que le vendeur aura tout le temps sur lui. Plus besoin de faire la queue à la caisse, le vendeur encaisse. Le système est déployé aux Etats-Unis notamment dans les boutiques Apple et Sephora. Deux futurs systèmes de paiement utilisant le téléphone de l’acheteur feront bientôt office de carte de paiement: Google Wallet et Paypal (groupe eBay). Aux Etats-Unis, le grand magasin Macy’s et la chaîne de pharmacie américaine Walgreens, par exemple, testent Google Wallet, qui permet, lors du passage en caisse, de scanner son téléphone comme s’il s’agissait d’une carte de crédit. Le système Paypal, lui, se développera dans trois directions : en créant ses propres cartes de crédit, en lançant un système de portefeuille virtuel qui permettrait de payer avec son téléphone en ayant préalablement versé de l’argent sur un compte Paypal. Troisième modèle : l’acheteur entre dans le terminal de paiement son numéro de téléphone et un mot de passe qu’il a obtenu lorsqu’il a créé son compte sur Internet. Surtout, l’acheteur peut décider, en revenant chez lui, de répartir le montant de son achat sur différents comptes ou d’utiliser un bon cadeau. Le système Paypal est testé depuis quelques semaines chez le spécialiste américain du bricolage Home Depot. A New York, les professionnels de la distribution peuvent visiter le magasin Paypal, un « pop-up store » (magasin éphémère) ouvert en octobre 2011, pour six mois, où la marque a reproduit un centre commercial pour montrer les différentes utilisations du système. lus besoin de faire la queue aux cabines d’essayage. Avec la réalité augmentée, il suffit d’être face à un écran pour essayer des vêtements. Au Salon américain du commerce de détail organisé par la NRF (National Retail Federation), mi-janvier, Microsoft présentait un système interactif fondé sur la technologie Kinect utilisée pour les jeux vidéo. Le consommateur est face à un écran, le vendeur lui montre différents modèles de cravates sur sa tablette électronique. Pour les tester, il fait glisser d’un doigt la cravate vers l’écran, où elle se retrouve instantanément accrochée au cou du client qui peut bouger pour mieux voir si elle lui convient. Le vendeur peut alors envoyer une photo de sa tablette. Le magasin Oxybul éveil et jeux à Lille a installé, fin 2011, une technologie similaire: un écran fait office de cabine d’essayage virtuelle permettant aux enfants d’essayer les déguisements sans les déballer. Bilan: les ventes ont fortement augmenté dans ce rayon pendant les deux mois qui ont suivi le lancement de l’opération. Dans un autre secteur, la marque française de joaillerie Boucheron permet, à l’aide d’un ordinateur et d’une webcam, d’essayer des bagues chez soi. Après avoir choisi un modèle, le client imprime un patron en papier qu’il passe à son doigt. Sur l’écran de son ordinateur, il visualise le résultat. Mais la réalité augmentée, qui permet de superposer des informations sur des images capturées en temps réel, offre d’autres possibilités : le Auchan du centre commercial Okabé au Kremlin-Bicêtre, dans la banlieue parisienne, utilise la caméra des smartphones pour indiquer au consommateur dans quel rayon il se situe. Demain,tous e-consommateurs Lesavancéestechnologiquesdanslesdomainesdelamonétique, dela«réalitéaugmentée»oudesécransinteractifsincitent lesgrandesenseignescommercialesàtesterdenouveaux dispositifsdeventeoudedistributionetdesconceptsmarketing innovants.Ordinateurs,smartphones,tablettesetécranstactiles sontmisàcontributionpouraccroîtrechiffresd’affaires etperformances.Autantd’expériencesquipourraient,àterme, modifierenprofondeurleshabitudesdeconsommation Enquête : Cécile Prudhomme - Illustrations : Matt Roussel La tablette Un outil qui facilite L es vendeurs seront à l’avenir de plus en plus équipés d’une tablette électronique pour assurer une vente dite « assise ». Installé sur un canapé avec son client, le vendeur montre les différents modèles, couleurs et matières de canapé sur sa tablette. Ce concept est en test sur deux magasins chez But depuis fin 2011 : à Avignon et à Mantes-la-Jolie. Le groupe a récemment décidé de lancer une procédure d’appel d’offres pour trouver la tablette qui équipera ses magasins. L’enseigne de multimédia Boulanger, qui a mis en place il y a quelques mois des bornes traditionnelles, envisage d’équiper ses vendeurs de tablettes. Jacadi, de son côté, étudie, pour les listes de naissance, un système d’interaction entre la borne à écran tactile disposée en magasin, la tablette des vendeurs et le smartphone du client pour que la liste puisse être disponible partout. 0123 décryptages L’ŒIL DU MONDE Mercredi 15 février 2012 desvendeurs le dialogue et stimule les ventes Aux Etats-Unis, Ralph Lauren a équipé les vendeurs de son magasin de Madison Avenue, qui a ouvert en 2010, de tablettes iPad. Cinquantecinq vendeurs répartis sur quatre étages ont à leur disposition 2 à 3 tablettes par étage. « Cet outil, que nous utilisons beaucoup dans le domaine des articles pour la maison, nous aide à engager la conversation. Je demande aux clients comment est la pièce qu’ils souhaitent aménager, le client voit sur la tablette la gamme de couleurs d’un canapé, je peux lui envoyer tout de suite un courriel avec les produits qu’il a sélectionné », explique un des vendeurs. Impact profitable, les ventes ont augmenté grâce à l’iPad. « Cela permet de proposer les produits que l’on n’a pas en magasin, et surtout cela évite de laisser les clients seuls avec leur pensée, cela prolonge l’excitation», indique la responsable du magasin. La borne tactile Le mur digital Les points de vente s’agrandissent sur le Web La vitrine s’adapte aux passants C L omment optimiser la surface d’exposition, telle est la question cruciale que se posent les magasins. Leur réponse : une borne qui, sous la forme d’un grand écran, référence tous les produits de l’enseigne et qui permet au client de visualiser et de commander les produits. Au centre commercial Domus, près de Paris, le magasin But est équipé depuis un an d’une borne de commandes qui réalise 10 % du chiffre d’affaires du magasin. Aucun appareil d’électroménager n’est exposé et toute l’offre a été redéployée sur le meuble et la décoration. Depuis plus de six mois, le même système est testé au But de Boulogne : le rayon électroménager a été réduit de 70 % et le chiffre d’affaires a augmenté de plus de 13 %. Le spécialiste du jouet Kingjouet teste le concept de la borne à jouets sur dix magasins de 500 m2. L’objectif est de proposer la même gamme de produits que celle de leurs magasins de grande taille (2 000 m2). De son côté, Toys “R” Us, qui cherche à investir les centres-villes, envisage de compenser ses faibles surfaces d’exposition par l’installation de bornes. Les Galeries Lafayette étudient l’idée d’implanter des bornes en magasin. A l’avenir, ces bornes ressembleront de plus en plus à des gigantesques smartphones dotés d’écrans tactiles, posés verticalement sur un pied ou incrustés dans un meuble. Dans son magasin des Champs-Elysées, Marks & Spencer en a installé une, qui lui permet de proposer toutes les références qui n’ont pas pu être exposées sur sa surface de vente. Une fois l’achat effectué, l’obtention du produit se fait par un procédé plus classique de livraison à domicile ou en magasin. Pour le moment, la borne reste essentiellement l’outil du vendeur. L’objectif est d’y faire venir les consommateurs, grâce au développement de deux nouvelles technologies de communication sans contact : la RFID (radio frequency identification) et la NFC (near field communication). Avec la RFID, le consommateur posera sa carte de fidélité sur les bords de la borne et se verra proposer des produits ou des promotions en lien avec ce qu’il a acheté par le passé. Et avec la NFC, il posera son téléphone sur le côté de la borne pour payer. Au Salon américain du commerce de détail organisé par la NRF, qui s’est tenu mi-janvier à New York, Microsoft a présenté un système futuriste de table tactile : un écran de télévision posé à plat, sur lequel le consommateur pose son téléphone. Avec ses doigts, il fait glisser directement les produits sur son téléphone, de manière à les regarder ou à les acheter chez lui. es initiatives dans le domaine du mur digital en vitrine se sont multipliées de manière éparse ces dernières années. Le voyagiste Carlson Wagonlit a équipé, il y a quelques mois, 250 de ses agences d’un système de détection des passants. Lorsqu’un individu sur le trottoir s’arrête devant l’enseigne, il est immédiatement identifié (homme ou femme ; jeune, senior ou d’âge moyen) et, sur l’écran en vitrine, des offres de voyage ciblées lui sont déroulées. Résultat : 7 % de fréquentation en plus dans ces agences depuis le lancement de l’opération. En février 2011, le magasin Repetto de la rue de la Paix, à Paris, avait installé un système permettant, d’un geste du bras, de faire défiler sur un écran des spots publicitaires à partir de l’extérieur du magasin. Aux Etats-Unis, la marque Ralph Lauren a équipé certains de ses magasins d’un écran extérieur permettant de commander des vêtements à distance. Les systèmes placés dans la rue sont le plus souvent utilisés pour faire de la publicité car les clients restent très peu de temps devant. Et surtout lorsqu’il s’agit d’acheter, le consommateur apprécie peu d’être soumis aux regards indiscrets. Un nouveau système d’information du consommateur se développe à toute vitesse. Très présents aux Etats-Unis sur la devanture des boutiques, et utili- 21 sés au Japon depuis plusieurs années, les codes QR (Quick Response), sont des sortes de code-barres carrés que le consommateur peut scanner à l’aide d’un logiciel installé sur son téléphone ou sa tablette. Ils lui fournissent instantanément des promotions, des coupons de réductions ou des informations sur les produits. Ils ont notamment commencé à apparaître sur les prospectus But et Intermarché distribués dans les boîtes aux lettres. La livraison sur mesure La grande distribution parie sur le modèle du « drive » L e concept n’est pas nouveau – il s’agit en fait d’une livraison sur point de retrait – mais il se développe à grande vitesse. D’abord parce que les consommateurs cherchent à minimiser le temps qu’ils consacrent aux courses utiles et obligatoires. Le drive permet de commander ses achats par Internet, depuis son ordinateur ou son téléphone, et de venir les chercher en magasin ou en entrepôt, sans frais et souvent sans sortir de son véhicule. Auchan est le premier à avoir implanté le système, Leclerc le développe aujourd’hui à grande échelle et d’autres enseignes commencent à le proposer. Selon le cabinet Kantarworldpanel, 1,8 million de ménages ont utilisé le système du drive en France, en 2011. Chez But, on a constaté que 75 % des clients qui commandent par Internet préfèrent venir chercher l’article en magasin. Ce taux ne passe pas en dessous de 70 % même lorsque le groupe fait une opération de livraison gratuite. « Le système de drive est moins contraignant pour les consommateurs que la livraison à domicile où il faut rester chez soi et bloquer un créneau de 2 à 3 heures pour attendre la réception du produit », juge Regis Schultz, le PDG de But. Certaines enseignes grand public, comme Jacadi, proposent déjà de retirer en magasin, sans frais, toute commande passée sur Internet. Les magasins de jouets s’intéressent aussi au concept. Chez KingJouet, le service a été testé fin 2011 sur 20 des 180 magasins du réseau : le client paye sur Internet et vient chercher le jouet en magasin. Chez JoueClub, le test mis en place en fin d’année a généré plus de 400 commandes sur le seul village JouéClub de Paris. L’enseigne compte le proposer cette année à l’ensemble de ses adhérents. Toys “R” Us songe aussi au drive. Les orientations seront prises dès que la boutique en ligne, ouverte il y a un an, aura atteint un rythme de croisière. 22 0123 décryptages ANALYSES L’air du monde | chronique par Sylvie Kauffmann L’Allemagne et la Chine, puissances malgré elles S i Vladimir Poutine ou Viktor Orban se trouvent maltraités par la presse occidentale, ils devraient aller faire un petit tour en Grèce. Dans leur malheur, les Grecs ont trouvé une cible parfaite pour exprimer leur rage, un peu à la manière des poupées que l’on crible d’aiguilles : Angela Merkel. La chancelière allemande y est passée à toutes les sauces, de préférence escortée de gardes en uniforme nazi et, à l’occasion, affublée d’une petite moustache brune. Au-delà de la chancelière, l’opprobre s’étend à l’ensemble de ses compatriotes, les « occupants» allemands, et à la faute historique qu’ils n’en finissent pas d’expier. L’Union européenne est le « Quatrième Reich ». Horst Reichenbach, le chef de la mission européenne de 45 experts chargée d’aider la Grèce à redresser ses finances, apparaît rarement dans les journaux sans son fouet et sa tenue de SS. Cet austère fonctionnaire européen a confié un jour au magazine Der Spiegel qu’il avait sans doute sous-estimé le défi de sa germanitude dans le climat athénien présent. Il arrive que les Allemands, comme souvent les géants maladroits, ne prennent pas la mesure du poids qu’ils représentent. Comme lorsque leur ministre des finances, Wolfgang Schäuble, proposa, fin janvier, de mettre la Grèce sous tutelle budgétaire et de nommer un commissaire européen spécial à Athènes, qui aurait le pouvoir de veto sur les dépenses des Grecs. Mme Merkel eut vite fait de faire exploser en vol cette idée assez radicale, et l’on frissonne en pen- Mercredi 15 février 2012 sant que le poste aurait pu, par quelque hasard bruxellois, être confié à un deuxième Reichenbach. Mais le fait qu’elle ait pu germer dans un esprit allemand en ce moment en dit long sur la psychologie de nos amis d’outre-Rhin. Les Allemands se retrouvent dans l’étrange position d’être respectés, et même admirés, dans le reste du monde – rien n’impressionne plus les Chinois ou les Singapouriens que l’efficacité allemande ! – mais toujours contraints de feindre l’humilité auprès de leurs voisins et partenaires de l’UE. Cet inconfort est d’autant plus paradoxal que l’Allemagne a bel et bien émergé de la crise de l’euro comme le leader de l’Europe. Non seulement en raison de la taille de sa population et de son PIB, mais aussi parce que son économie est mieux gérée que celle des autres. Et parce que la situation est si grave, les acteurs si affaiblis, que l’on cherche un leader, désespérément. Alors, de plus en plus, l’Allemagne remplit ce rôle, volontairement ou non. Lorsque Mme Merkel va à Pékin pour demander à la Chine d’investir en Europe, elle se présente de facto comme le leader de l’UE. Lorsqu’elle offre de venir soutenir la campagne de Nicolas Sarkozy, sans imaginer que ce sou- tien est à double tranchant, c’est qu’elle se sent forte. Lorsqu’elle exprime sa vision de l’Europe, «union politique », à six journaux européens ou en ouverture du Forum de Davos, cette vision a du poids parce qu’elle émane du numéro un allemand. C’est, après tout, à Berlin et non à Paris ni à Londres que le ministre polonais des affaires étrangères, Radek Sikorski, a choisi d’aller prononcer, fin novembre, son discours de fin de présidence polonaise de l’UE. Plus d’un Allemand, et plus que que Berlin ne veut surtout pas d’une « Europe allemande » mais, au contraire, d’une « Allemagne européenne », alors qu’il est apparu à des Américains très sûr du rôle de son pays, incarnant une Allemagne décomplexée, à l’image de certains diplomates allemands aux Etats-Unis. On retrouve cette image dans une interview du ministre allemand de la défense, Thomas de Maizière, fin décembre à propos du retrait du contingent de l’OTAN d’Afghanistan : le déploiement de troupes alleman- Le voilà, le dilemme allemand. Agir et s’exposer aux caricatures, ou ne pas agir et encourir les reproches? Cela incite, parfois, à un brin de schizophrénie d’un Polonais, auront été surpris d’entendre un chef de la diplomatie polonaise proclamer : « J’ai moins peur de la puissance allemande que de la passivité de l’Allemagne »! Le voilà, le dilemme allemand. Agir et s’exposer aux caricatures, ou ne pas agir et encourir les reproches ? Cela incite, parfois, à un brin de schizophrénie. Le même responsable allemand fera assaut de modestie devant des interlocuteurs français, auxquels il expli- Chaque jour chez vous Le Monde et ses suppléments des au sein de cette force, explique-t-il au Spiegel, «a transformé à la fois la Bundeswehr et l’Allemagne. Avant cette mission, la plupart de nos partenaires ne croyaient pas les soldats allemands capables de se battre, ni leurs chefs capables de leur en donner l’ordre. Nous nous sommes débarrassés de notre image de brancardiers et d’observateurs électoraux. Nous sommes maintenant une vraie armée, respectée par nos partenaires». La presse allemande, elle, est tout aussi partagée. Si l’Allemagne doit payer la facture de l’Europe, pourquoi devrait-elle se taire ? Pour la Süddeutsche Zeitung, « l’Allemagne se trouve aujourd’hui là où elle n’avait plus jamais voulu être après 1945 : la puissance dominante au milieu de l’Europe. Mais dans la crise de l’euro, nous ne devons pas confondre fermeté et arrogance. Car notre pouvoir est réel, et il fait peur ». « Le leadership, ça s’apprend, ajoute la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Cela ne consiste pas seulement à donner des ordres, mais cela n’équivaut pas non plus à se sacrifier et à distribuer des indemnités. » Il y a, dans cette mondialisation nouvelle, une autre puissance malgré elle : la Chine. Comme pour l’Allemagne, son poids économique fait inévitablement pencher la balance politique et diplomatique de son côté plus vite qu’elle ne s’y attendait. Elle se retrouve encombrée de responsabilités qu’elle n’avait pas prévues, sollicitée, bousculée, critiquée. Obligée d’organiser l’évacuation de 35 000 travailleurs chinois en Libye, de négocier la libération de compatriotes pris en otages au Soudan, dans le Sinaï. Les Chinois vont dans l’espace ? Ils doivent aussi assurer la protection de leur approvisionnement en énergie et matières premières sur terre, pour nourrir leur formidable croissance. Mais devant ces porte-avions que l’on construit, ce budget militaire que l’on augmente, ces dictateurs que l’on protège, les voisins prennent peur. Priée de se comporter en puissance responsable sur la scène internationale, la Chine effraie dès qu’elle bouge – parce que ses desseins ne sont pas clairs. Que veut l’Allemagne? Jouer sa propre carte de puissance émergente ou celle du leader d’une Europe unie ? Que veut la Chine ? L’hyper-puissance ou une multipolarité responsable ? Devant ces choix, Pékin, comme Berlin, semble encore hésiter. p [email protected] Livre du jour MARDI Sur les routes de l’Amérique en crise MERCREDI C [29 ] € ACCÈS À L’ÉDITION ABONNÉS PREMIUM ’est à bord d’une voiture décapotable immatriculée en Californie que le journaliste Olivier Guez s’est lancé dans une ambitieuse enquête-reportage durant l’été 2011. Une virée dans l’Amérique de la « grande récession », avec en toile de fond quelques métropoles mais aussi des Etats ruraux d’un pays frappé par la crise économique et financière et par un malaise « plus profond, identitaire et moral ». Avant de prendre la route d’ouest en est, des déserts de l’Arizona jusqu’à Chicago en passant par le Montana, là où plane l’American Spleen, l’auteur a posé ses valises à Washington et à New JEUDI par mois par prélèvement automatique American Spleen Olivier Guez Flammarion, 270 pages, 22 ¤ BULLETIN D’ABONNEMENT A compléter et à renvoyer avec votre règlement sous enveloppe affranchie à : Le Monde – Service abonnements A 1100 – 62 066 Arras Cedex 9 OFFRE RÉSERVÉE À UN PREMIER ABONNEMENT Je recevrai : le quotidien chaque jour + les suppléments hebdomadaires + M le magazine du Monde + L’Edition abonnés Premium du Monde.fr et EN CADEAU le Bilan du monde 2012. Nom et prénom........................................................................................................... Adresse ........................................................................................................................ 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Expédition sous 3 semaines à réception de votre règlement. York. Plus d’un an avant l’élection présidentielle, il a voulu comprendre la fulgurante ascension du Tea Party, mettre en lumière les acteurs qui se cachent derrière ce mouvement. Militantes geeks de la première heure (les « Patriots » de 2009), lobbyistes, figures intellectuelles et médiatiques de ces nouvelles droites républicaines… Olivier Guez a mené une série d’entretiens éclairant le nouveau paysage politique américain. A quelques nuances près, tous ces personnages, qui se réjouissent de « la spontanéité et de l’ampleur du mouvement », prônent un « gouvernement limité », une « fiscalité réduite », un « libre marché », ne veulent pas que l’Amérique décline comme l’Europe, glorifient Ronald Reagan et diabolisent Barack Obama. Un Barack Obama qui ne convainc pas certains économistes contactés pourdonner leur analyse sur l’administration au pouvoir, ses relations avec Wall Street, ses réformes… Celui que la plupart n’estiment pas à la hauteur pour gérer la crise hérite en outre de « la rupture des libéraux [au sens amé- ricain du terme, c’est-à-dire la gauche] avec les classes moyennes et populaires nées au moment de la guerre du Vietnam », et d’une « gauche américaine qui s’est perdue sous la double présidence Clinton » avec la mondialisation. A partir des années 1980, « les démocrates s’alignent sur les positions républicaines ». Autant d’idées avancées par les intellectuels d’une société américaine en plein clivage où les inégalités n’ont jamais été aussi fortes depuis la Grande Dépression des années 1930. Cette riche synthèse en poche, Olivier Guez quitte la « Manhattan gentrifiée,nettoyée, presque aseptisée » pour rejoindre les montagnes Rocheuses et les Grandes Plaines. En Arizona, il relève le défi lancé par une journaliste conservatrice quelques semaines plus tôt en s’initiant aux armes à feu. Sur le stand de tir, il sympathise avec un médecin démocrate qui « laisse des bidons d’eau dans le désert pour les clandestins mexicains qui franchissent la frontière à pied ». Plus loin, à Salt Lake City, dans l’Utah, le pays de Mitt Romney, actuel favori des primaires républicaines pour l’élection présidentielle, Olivier Guez découvre l’hyperactivité des mormons, qui, parce qu’ils ont « beaucoup d’obligations à assumer dès 22-23 ans », sont des « bêtes de somme taillées pour les joutes du capitalisme ». Que ce soit avec l’écrivain Jim Harrison, dans le Montana, ou avec Peter, jeune professeur de l’Illinois endetté à cause de son prêt étudiant, partout où il va, le reporter entendra ce qu’il appelle « la même plainte désenchantée », découvrira une Amérique « désemparée, paumée et démissionnaire ». «Au cœurdu déclin»: voilà comment Olivier Guez résume, à l’automne 2011, ses interrogations très pessimistes sur « la capacité des Etats-Unis à rebondir » et sur le risque qu’ils courent de « basculer dans la colère ». p Brune Mauger 0123 décryptages DÉBATS Mercredi 15 février 2012 23 La révolution syrienne menacée par les djihadistes Nora Benkorich Doctorante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) L ’assassinat, vendredi 10 février, à Damas, du général de brigade et médecin Issa Al-Khawli, directeur de l’hôpital militaire Ahmad Hamish, laisse planer l’hypothèse d’une entrée en lice des djihadistes en Syrie, qui serait de mauvais augure pour le mouvement d’insurrection pacifiste et pro-démocrate. D’une part, elle risquerait de conduire la communauté internationale, qui s’est déjà montrée pusillanime à l’idée de condamner la brutalité de la répression du régime, à faire un nouveau pas en arrière. D’autre part, elle donnerait au pouvoir l’alibidont il a besoin pour justifier un usage accru de la violence. A ce jour, l’assassinat d’Issa Al-Khawli n’a pas encore été revendiqué. Les médias officiels ont affirmé, conformément à l’argumentaire de Damas, que des « groupes terroristes armés » originaires d’Homs, Hama et Deraa étaient derrière l’opération – ce qui permet au passage de légitimer la répres- sion de ces trois bastions de la contestation. Bien que cette allégation soit pourfendue par la plupart des milieux d’opposition syriens, qui accusent le régime de fabriquer des attentats pour travestir leur révolte, la menace est à prendre au sérieux. Pourquoi ? Le jour de l’exécution d’Al-Khawli, des Américains ont déclaré à des journalistes du groupe de presse McClatchy qu’ils étaient convaincus qu’Al-Qaida portait la responsabilité de deux attentats survenus à Damas et de l’attaque-suicide de vendredi à Alep. D’après un rapport des services de renseignements américains, l’organisation djihadiste terroriste chercherait à accroître son influence, émoussée par la mort de son ancien chef Oussama Ben Laden, au Pakistan, en mai 2011. Deux jours plus tard, le leader d’Al-Qaida,Ayman Al-Zawahiri, a accrédité ces propos en lançant un appel aux musulmans du monde entier à soutenir la rébellion syrienne et à s’investir davantage dans le combat armé « contre le régime cancéreux et pernicieux ». Cet appel, diffusé dans une vidéo qui circule sur YouTube depuis dimanche, constitue la première exhortation explicite de l’organisation à prendre une part active au soulèvementsyrien. Jusqu’à présent, elle est restée à la marge du « printemps arabe ». Plus étonnamment, les modalités de l’assassinat d’Al-Khawli ne sont pas sans rappeler les méthodes employées par les djihadistes de l’avant-garde combattante pour éliminer des centaines de personnalités proches du régime. Cette organisation, convaincue que seul le « djihad armé dans la voie de Dieu » pouvait faire tomber le « régime infidèle du tyran Assad » (père), a mis en œuvre de nombreux attentats contre des symboles du pouvoir entre 1976 et 1982. Sa première opération, lancée en février 1976, était précisément un « assassinat ciblé ». «L’opposition, tant civile que militaire, devra se démarquer de ce mouvement, voire le combattre» Dans la ligne de mire : Muhammad Gharra, militaire, alaouite et baasiste – les trois critères de sélection établis par les djihadistes –, chef de la branche des services de renseignements d’Hama. Le modus operandi : il a été assassiné devant chez lui par une cellule de trois hommes, appelée ousra (famille), menée par un émir (prince) chargé d’exécuter la cible pendant que les deux autres se partageaient les mis- Réconcilier les Européens avec l’Europe L’exigence de démocratie est irrésistible Mario Monti Premier ministre italien P armi les questions que la crise actuelle a soulevées, aucune n’est plus importante, aucune n’est moins débattue que celle de la démocratie en Europe. Ce sont les dysfonctionnements des démocraties nationales qui sont largement la cause des désordres actuels : en vertu du traité de Maastricht, les gouvernements de la zone euro restent chargés des politiques économiques et sociales et doivent se surveiller les uns les autres. On a vu le résultat. En violant les promesses de rigueur budgétaire ou en reportant les réformes indispensables, plusieurs responsables nationaux ont non seulement abusé leurs partenaires, mais ils ont aussi lésé leur propre population, notamment les jeunes et les générations futures. La tyrannie du court terme, l’excès d’endettement, public ou privé, le clientélisme ont abouti à un désastre que les populations paient cher. Nul ne peut plus prétendre que la démocratie nationale irait bien tandis que « l’Europe » irait mal. Dans le même temps, la crise a accentué le besoin de légitimation des décisions européennes. Le chômage fait des ravages, la précarité et les inégalités s’accroissent. Trop d’Européens ont le sentiment d’être dans un tunnel. Ils sont prêts à faire des efforts si ceux-ci sont équitablement répartis. Ils veulent surtout comprendre qui décide et peser sur les choix afin de retrouver dignité et espoir. Notre conviction est que, pour sortir durablement de la crise, nous devons repenser la démocratie à tous les niveaux, européen et national, sans les opposer. Le temps est venu d’abandonner les querelles institutionnelles et les reproches croisés qui nuisent au bien commun. Un désarmement général s’impose afin de réconcilier les Européens avec l’Europe. Ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui sont en première ligne. Le Conseil européen est désormais une institution européenne à part entière, reconnue par les traités, dotée d’un président stable. Toutefois, si chacun de ses membres jouit de la légitimité que lui confèrent les procédures démocratiques nationales, la légitimité collective souffre encore d’un certain manque de transparence et de responsabilité (accountability). Siégeant à huis clos, prenant des décisions qui ne sont pas discutées publiquement, ni susceptibles d’être contestées, le Conseil européen donne une image de l’Europe distante, insaisissable. Même si le président Van Rompuy expose régulièrement les résultats des Conseils européens devant le Parlement européen, aucun contrôle parlementaire ne s’exerce à ce jour. Pourtant, les décisions prises par les chefs d’Etat et de gouvernement peuvent entraîner des reculs, en matière sociale, ou imposer une rigueur économique sans commune mesure avec les politiques que les gouvernements nationaux, contrôlés par les Parlements nationaux, ont prises ces dernières années. Autour de certaines carences de l’action euro- chance au régime de résoudre la crise, quitte à tuer tous les citoyens syriens » et de l’Iran« qui cherche à restaurer l’Empire perse », ce mouvement estime que « le seul moyen de sauver la nation de l’égarement est le retour des djihadistes ». Rappelons que l’action armée des djihadistes de l’avant-garde combattante a servi d’alibi au régime de Hafez Al-Assad non seulement pour annihiler tous les rivaux gênants du Baas – les Frères musulmans, les nassériens et les communistes, etc. –, mais aussi pour rallier les minorités pétrifiées par le discours sectaire des djihadistes, et un large pan de la majorité sunnite hostile à leur discours extrémiste, à sa cause. Si elle veut préserver sa « révolution pacifique », l’opposition, tant civile que militaire, devra se démarquer de ce mouvement, voire le combattre en le renvoyant dos à dos avec le régime, au risque d’être jetée dans le même panier commode des djihadistes, comme par le passé. p ¶ Nora Benkorich est attachée de recherche et d’enseignement à la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe Henry-Laurens du Collège de France. Sa thèse porte sur l’histoire de la Syrie baasiste Que la Saint-Valentin est triste à l’ère de Facebook péenne qui menacent de devenir de véritables « trous noirs », il n’y a pas non plus de débat suffisant : par exemple, sur la nécessité de renouer avec la croissance sans nuire à la discipline, ou encore sur les chances de préserver l’équité fiscale quand, dans le marché intérieur, le capital est mobile et le travail captif. Le manque de discussion ouverte accrédite aussi l’impression d’un « diktat » des Etats les plus puissants. C’est dangereux : l’une des vertus de la construction européenne, depuis 1950, et la raison profonde de son succès dans la préservation de la paix, est de rassembler sur une base volontaire, dans le respect mutuel. La stabilité ne peut être imposée par la force. Les décisions prises dans de telles conditions risquent surtout de n’être pas suivies d’effet. Rien ne garantit que le « pacte euro + », adopté en 2011 par les chefs d’Etat et de gouvernement pour renforcer la compétitivité européenne, soit plus efficace que les catalogues de promesse antérieurs. Plus d’évaluation et de suivi publics seraient utiles. Renaud Homez Etudiant en droit à l’Université catholique de Louvain (Belgique), 23 ans Q «Pour sortir durablement de la crise, nous devons repenser la démocratie à tous les niveaux, européen et national, sans les opposer. Le temps est venu d’abandonner les querelles institutionnelles et les reproches croisés qui nuisent au bien commun» Les Parlements nationaux sont appelés à jouer un rôle important dans le contrôle, par chaque Etat, du respect de sa parole, mais la légitimation des décisions européennes collectives ne peut pas reposer sur eux. S’adressant à des opinions nationales cloisonnées, marquées par des traditions diverses, ils ne mettent pas en présence tous les points de vue, tous les intérêts à réconcilier. Ils sont en outre trop nombreux pour être tous impliqués mais il serait impensable de n’en associer que quelques-uns. La seule enceinte où cette mission peut être assurée est le Parlement européen. Au fil des révisions des traités, ses pouvoirs législatifs ont été accrus. Les textes négociés avec son concours prouvent qu’il sait prendre ses responsabilités. Ainsi, dans la réforme du pacte de stabilité (« six pack »), il a contribué à faire prévaloir une conception rigoureuse de la discipline et conforté la nouvelle surveillance des déséquilibres macroéconomiques. Sans doute peut-on souhaiter améliorer son fonctionnement, mais, s’il était plus associé à la gestion de crise, il serait un relais utile auprès des populations. L’exigence de démocratie, de participation, de transparence est irrésistible. A terme, des réformes de grande ampleur seront nécessaires afin de fortifier la dimension parlementaire de l’Union européenne. Comme au niveau national, l’enjeu est délicat car il consiste à inventer une démocratie plus exigeante qui évite la démagogie et la courte vue. Le processus sera lent, mais un dialogue étroit et confiant entre institutions, par-delà les frontières, peut déjà y contribuer. p sions de surveillance et de retrait. Issa Al-Khawli, alaouite, baasiste et gradé de l’armée syrienne, répond aux « critères de sélection » des djihadistes de l’avant-garde combattante. Selon l’agence de presse officielle Sana, il a été assassiné par un groupe composé de trois hommes. L’information a été confirmée par l’opposant Nizar Nayyouf, qu’on ne peut soupçonner de sympathie pour le régime. Dans sa revue en ligne Al-Haqiqa (« La Vérité »), ce rescapé des prisons du Baas, qu’il a pu quitter pour des raisons de santé – il a failli mourir d’un cancer –, rapporte les propos de témoins oculaires affirmant que la victime a été abattue devant son domicile sous les yeux de son épouse et de ses enfants, par un groupe de trois hommes se répartissant les rôles d’exécution, de surveillance et de retrait. Le plus troublant est que l’opération intervient deux semaines après l’annonce de la création du Front de la victoire du peuplesyrien, organisation djihadiste dirigée par un certain Abou Muhammad Al-Golani. Hostile à l’ingérence des Occidentaux qui « se présentent en sauveurs du peuple opprimé alors qu’ils tuent des musulmans partout », des Turcs vus comme « les nouveaux alliés des Américains », de la Ligue arabe décrite comme un instrument des Américains pour « donner une ¶ Ce texte a été écrit en collaboration avec Sylvie Goulard, députée européenne (MoDem, ALDE) ue dire sur l’amour qui n’a pas encore été dit ? Tout semble l’avoir été, du plus insignifiant au plus subtil. Les livres d’amour pullulent, du roman à l’eau de rose à l’essai philosophique le plus rigoureux. C’est resté, à travers les âges, l’une des préoccupations majeures de l’homme. L’art en a fait sa source d’inspiration et sa quête absolue. A quoi cela sert-il de toujours rabâcher le même sujet ? « Parlez-moi d’amour et j’vous fous mon poing sur la gueule », disait Brassens. Qu’il me soit permis tout de même, en cette période de Saint-Valentin, d’évoquer cette grande affaire de l’amour. Je prendrai le point de vue d’un jeune homme ordinaire de 23 ans à qui l’amour n’a jamais réussi et qui se compte déjà parmi les déçus de l’amour. Car de ce que j’ai pu en observer, ma génération – celle qu’on appelle stupidement la « génération Y » (en référence aux écouteurs que nous porterions en permanence autour du cou) – est devenue incapable d’amour. Pourtant, cette génération avait des raisons de croire en l’amour. Des preuves existaient. Nos parents et grands-parents, pour la plupart, s’étaient mariés et n’avaient pas divorcé. Dans les rues, on voyait parfois des gens s’enlacer sur des bancs publics. A moins d’une extraordinaire hypocrisie, tout cela paraissait sincère. Adolescents, les chagrins les plus vifs naissaient d’une histoire amoureuse. C’était une époque où la pureté de nos jeunes esprits rendait l’amour possible. Il était inévitable qu’un jour ou l’autre on rencontrerait l’âme sœur et que la vie à ses côtés serait belle et pleine de promesses. Mais la vie tient rarement ses promesses. Elle est un processus de démolition, comme disait Scott Fitzgerald, qui s’y connaissait. Les ruptures amoureuses, rares ou nombreuses, cassèrent déjà ce beau mythe de l’amour éternel. Cela dit, on se relevait à chaque fois, le cœur recouvrant un peu de chaleur et se remettant à battre, parce que l’espoir n’était pas tout à fait perdu. Puis, un jour, ma génération s’est aperçue que l’amour ne serait plus possible. Je vous parle d’un temps que les plus de 30 ans ne peuvent pas connaître. C’est un temps où l’individualisme égoïste et la recherche de plaisir effréné ont tout foutu en l’air. Par peur et donc manque de courage, nous avons tous renoncé à l’amour. Nous l’avons remplacé par la recherche du plaisir, envers et contre tout. Car le plaisir a ceci de pratique qu’il ne s’accompagne pas de sentiments, et que toute souffrance est éradiquée. Notre environnement a bien sûr favorisé cette conception hédoniste de l’amour. L’accroissement des divorces, la marchandisation de l’amour, la banalisation des relations sexuelles, les réseaux sociaux, les sites de rencontres… tout cela nous a convaincus que croire en l’amour était un écueil dans lequel il ne fallait pas tomber. On ne mesure pas assez l’importance (récente) de Facebook dans l’effondrement des sentiments amoureux. C’est devenu la plateforme officielle des unions et désunions. Pour décider de la viabilité d’une relation, Facebook constitue un passage obligé. Il suffit d’avoir le nom de la personne convoitée et de cliquer sur son « mur ». «L’individualisme égoïste et la recherche de plaisir effréné ont tout foutu en l’air» On peut y voir des photos, des caractéristiques personnelles, des amis en commun, autant de signes qui décideront purement et simplement de la suite à donner à la rencontre. Facebook est désormais la plus grande agence matrimoniale du monde. Ce réseau social permet aux personnes de savoir tout de l’autre avant même de l’avoir rencontré. Et participe de l’illusion que toute personne est interchangeable. Il est un formidable accélérateur et destructeur de relations humaines. L’amour n’y a pas gagné. Aujourd’hui, les jeunes, filles ou garçons, dans leur grande majorité, accumulent les conquêtes, avec pour seule ambition de « prendre leur pied ». Dans les soirées, tout le monde sort avec tout le monde. C’est socialement très bien vu de « se taper des mecs ou des gonzesses », par dizaines. Plus besoin de séduction non plus, l’alcool faisant le plus gros du travail. L’histoire ne dure pas plus d’une soirée, car il n’est pas question de se prendre la tête. On pourra me taxer de cynisme, mais les choses en sont là. La génération qui est la mienne va droit dans le mur, oubliant l’essentiel : l’amour, ce n’est pas des papillons dans le ventre, c’est une affection durable, un engagement sincère. On me qualifiera de ringard, eh bien j’assume. Puisse cette Saint-Valentin ne pas devenir le symbole de cette infernale déliquescence de l’amour. p 24 B ill Clinton occupa la Maison Blanche de 1993 à 2001. Dans les sondages, les Américains gardent le meilleur souvenir de cette époque. Ils placent souvent le démocrate Clinton dans le haut de liste des présidents les plus populaires. L’économie connut des années de forte croissance, portée par l’explosion des nouvelles technologies. Le chômage était au plus bas, l’inflation contrôlée, et le déficit budgétaire maîtrisé au point qu’il y eut même un léger excédent des finances publiques.On ne parlait pas de déclin américain, alors. Bien sûr, une partie du miracle reposait sur une politique monétaire laxiste. Sortie du chapeau du magicien Alan Greenspan, alors patron de la Réserve fédérale, elle a sans doute sa part de responsabilité dans la bulle de crédit qui va exploser avec fracas à l’automne 2008. Mais, entretemps, il y a eu la présidence du républicain George W. Bush (2001-2009). Elle est marquée par le retour en force du refrain libéral (au sens français de l’adjectif), qui, hormis la parenthèse Clinton, a dominé la scène politique américaine depuis le début des années 1980 : l’Amérique souffre de trop d’Etat ; le problème, c’est le gouvernement, et l’ennemi, l’impôt. George W. Bush est fidèle au modèle économique vaudou qui sert de catéchisme au Parti républicain : il augmente le budget du Pentagone, notamment à la suite des attentats de septembre 2001, et réduit en même temps les impôts (enfin, ceux qui pèsent sur les plus riches). La dette monte, le déficit du budget fédéral explose. Le vice-président, Dick Cheney, l’un des grands sorciers de la comptabilité publique à la sauce républicaine, déclare : « Les déficits n’ont pas d’importance »… Au bout de cette logique, celle de la diabolisation de l’impôt, de l’Etat fédéral, du concept même de régulation du marché, il y a le coup de tonnerre de septembre 2008. Paradoxalement, une partie de lamouvance républicaine réagit en surdiabolisant le gouvernement. C’est ce paroxysme de détestation de l’idée même de gouvernement, incarné par le Tea Party, que combat Bill Clinton. Dans ce livre, il s’en prend à ces trente années d’idéologie anti-Etat. Chiffres à l’appui, il en décrit les ravages. Pour relancer l’économie, inverser la pente du déclin, retrouver celle de l’innovation et de l’investissement, il prône une action déterminée de l’Etat : éducation, infrastructures, recherche et développement – tels sont les axes prioritaires, selon lui, d’un retour de l’Amérique. Bill Clinton revient sur les grands succès économiques de ces dernières années, ceux des dragons asiatiques, celui de la Chine, notamment. Il en tire une leçon : à chaque fois, c’est moins le marché qu’un admirable partenariat public-privé qui explique leurs performances. Ce centriste, libre-échangiste, ne veut pas du tout-Etat, mais pas non plus du tout-marché. Il donne ici une belle leçon d’économie politique comparée. p Alain Frachon V 0123 décryptages BONNES FEUILLES oilà ce que l’Amérique doit faire. Nous devons revenir au centre de l’économie de demain. C’est pour cela que la politique, si frustrante et si incohérente soit-elle, garde toute son importance. Au cours des trente dernières années, chaque fois que nous avons cédé à la tentation d’accuser l’Etat de tous nos maux, nous avons failli à notre engagement en faveur de la prospérité partagée, de la croissance équilibrée, de la responsabilité financière et de l’investissement dans l’avenir.C’est là que setrouve en réalité l’origine de nos problèmes. Même avant la crise financière, l’économie n’avait produit que 2,5 millions d’emplois dans les sept ans et huit mois précédents ; le revenu moyen par famille après inflation était de 2 000 dollars inférieur au niveau qui était le sien lorsque j’ai quitté le pouvoir ; les inégalités de revenus et la pauvreté avaient augmenté, et les sai- Mercredi 15 février 2012 Dans«Remettons-nousautravail», BillClintons’enprendàtrente annéesd’idéologieanti-Etateten décritlesravages,uneéconomie anémiéeetdeplusenplus inégalitaire.Cependant,l’ancien présidentdesEtats-Unisplaide nonpaspourletout-Etat,maispourunEtatet unsecteuréconomiquetravaillantmaindans lamain.Seulesolution,selonlui,pourqueson paysdemeureleprincipalacteurdumonde «L’idéologie anti-étatiste nous aveugle» sies hypothécaires explosaient. La quasitotalité de notre croissance économique était alimentée par la construction de logements, la consommation de biens et la finance, tout cela reposant sur le crédit facile et sur un fort effet de levier. Nous perdions des emplois industriels chaque année. Les citoyens ordinaires faisaient chauffer leurs cartes de crédit pour maintenir la consommation à un niveau élevé, alors qu’ils devaient faire face à la stagnation des revenus et à l’alourdissement des coûts, notamment ceux de la santé, qui augmentaient trois fois plus vite que l’inflation. Lorsque le gouvernement a renoncé à l’équilibre budgétaire en 2001 en faveur d’importantesréductionsfiscales et de fortes augmentations des dépenses publiques, la dette nationale, qui était tombée de 49 % à 33 % du PIB dans les années 1990, est remontée à 62 % en 2010. La dette des consommateurs est passée de 84 % du revenu moyen dans les années 1990 à un taux record de 127 % en 2007. Depuis la crise, l’épargne a un peu augmenté et certaines dettes ont été effacées, mais l’endettement des citoyens américains représente encore aujourd’hui 112 % du revenu moyen.Ce n’estpas commecelaque je voulais voir les Etats-Unis entrer dans le XXIe siècle. (…) La seule manière de faire perdurer le rêve américain entre nous et de demeurer le principal acteur du monde dans la recherche de la liberté et de la prospérité, de la paix et de la sécurité, c’est d’avoir à la fois un secteur privé, fort et efficace, et un Etat, fort et efficace, qui travaillent ensemble pour promouvoir une économie faite de bons emplois, de revenus en hausse, de plus d’exportations et d’une plus grande indépendance énergétique. A l’échelle mondiale, dans les pays qui réussissent le mieux, dont bon nombre affichent un taux de chômage plus bas, moins d’inégalités et, pour la présente décennie, un plus grand nombre de diplômés universitaires que les Etats-Unis, les deux coexistent. Ils travaillent ensemble, avec parfois des désaccords mais avec des objectifs communs. (…) L’obsession anti-étatiste qui a toujours été la nôtre a fait la preuve de son efficacité dans le débat politique, mais les échecs auxquels elle a mené dans l’action politique se lisent dans une économie anémiée et de plus en plus inégalitaire, où les emplois sont trop rares et où les revenus stagnent, dans une moindre compétitivité par rapport à d’autres pays, notamment dans les domaines des produits manufac- turés et des énergies renouvelables, et dans cette dette qui pèse sur nos épaules, potentiellement invalidante alors même que les baby-boomeurs commencent à partir en retraite. D’autres pays, en revanche, ainsi que certains Etats et certaines villes des EtatsUnis, parce qu’ils se sont engagés à établir des réseaux de coopération incluant les secteurs public, privé et à but non lucratif, créentactuellementdes ouvertures économiques et entrent dans l’avenir avec confiance. «Les pays qui réussissent le mieux au XXIe siècle ont à la fois une économie solide et un Etat fort et efficace» Je ne veux pas dire ici que les démocrates ont toujours raison et les républicains toujours tort. Ce que je veux dire, c’est que, en fourrant tous les problèmes dans la camisole de force antiétatique, antiimpôts et antiréglementation, nous nous entravons nous-mêmes et nous nous empêchons d’effectuer les changements nécessaires,quelle que soitlaquantité d’arguments qui nous inciterait à le faire. Le paradigme antiétatique nous rend aveugles aux possibilités qui existent en dehors de son test décisif idéologique et nous empêche de créer de nouveaux réseaux de coopération capables de rétablir la croissance économique, d’offrir des opportunitéséconomiques à plus d’individus et à plus de secteurs géographiques et de développer notre capacité à entraîner le monde vers un meilleur futur. Pour élaborer une stratégie efficace permettant de faire redémarrer le moteur de l’emploi et de résoudre le problème de notre dette à long terme, nous devons nous débarrasser des œillères idéologiques antiétatiques et nous concentrer sur le rôle que l’Etat doit jouer dans le renouveau de l’Amérique. (…) Les pays qui réussissent le mieux au XXIe siècle ont à la fois une économie solide et un Etat fort et efficace. Pour le prouver, ce qui est l’un des principaux objectifs de ce livre, je voudrais comparer les EtatsUnis, quant à leur histoire, à leurs attentes et à la manière dont ils s’en sortent, avec d’autres pays qui sont leurs concurrents de demain, aussi bien ceux qui sont déjà riches que ceux qui connaissent actuellement un développement rapide. Aussi étonnant que cela puisse paraître, on constatera qu’un certain nombre d’entre eux sont mieux classés que nous en termes d’éducation, de technologie, d’infrastructures modernes, de recherche et développement, et de production haut de gamme. Nombreux sont ceux qui affichent des taux de chômage plus bas, une croissance du nombre d’emplois plus rapide, des inégalités de revenus moindres et des taux de pauvreté inférieurs. Certains offrent même plus de possibilités à leurs populations défavorisées de gravir l’échelle économique pour intégrer la classe moyenne, évolution que nous connaissons sous le nom de rêve américain. Singapour, par exemple, île qui ne compte que 5 millions d’habitants et où le revenu par habitant est élevé et la fiscalité relativement réduite, a investi 3 milliards de dollars de fonds d’Etat, soit beaucoup plus que les EtatsUnis,dans le but de devenir le premier centre biotechnologique du monde. Les biotechnologies devraient permettre d’élaborer de nouveaux produits qui créeront des millions d’emplois dans les dix prochainesannées.Ces dix dernièresannées,l’Allemagne, où le soleil brille en moyenne autant qu’à Londres, a dépassé les EtatsUnisen devenant le premier producteur et utilisateur de cellules photovoltaïques. Comment ? Grâce à des subventions et à des objectifs définis par l’Etat. Une étude réalisée par la Deutsche Bank a montré que,mêmeenintégrantlecoût dessubventions économiques, les Allemands avaient bénéficié de la création de 300 000 nouveaux emplois. Les Etats-Unis ayant une population plus nombreuse, s’ils avaient adopté la politique de l’Allemagne, auraient créé plus d’un million d’emplois. Mieux encore, du fait de leur plus grande capacité à produire de l’énergie solaire, ils auraient pu en créer le double. (…) S’il reste encore des militants antiétatiques pour me lire, j’entends déjà les contre-attaques qui se forment dans leur esprit : « Ce que veut Clinton, c’est une social-démocratie à l’européenne ! Il veut nous taxer à mort ! Il veut nous imposer trop d’Etat ! Il ne croit pas en l’exception américaine ! Il n’aime même plus l’Amérique ; sinon, il ne ferait pas étalage de tous ces mauvais chiffres ! » Tout cela n’a aucun sens. Quand j’étais gouverneur de l’Arkansas, j’ai augmenté les impôts pour financer l’éducation, mais j’ai soutenu la diminution de la fiscalité pour encourager la création d’emplois, j’ai supprimé l’imposition d’Etat pour 25 % de nos contribuables (les 25 % les moins riches) et j’ai maintenu notre fiscalité glo- bale au deuxième rang le plus bas du pays, exactement là où je l’avais trouvé à mon arrivée. Dans les années 1980, l’Arkansas était l’un des rares Etats qui gagnaient des emplois industriels et il entraînait notre région dans la croissance globale du marché de l’emploi. (…) AuXXIe siècle, le rêve américain nécessitedesavancées que nousnepourrons réalisersansmettreen placedes politiquesgouvernementales efficaces, recouvrant des investissements directs, des incitations à accélérer la croissance des entreprises et de l’emploi et des partenariats public-privé permettant la création d’un environnement favorable à cette évolution. Que cela nous plaise ou non, nous avons devant nous un nombre important de tâches à accomplir. (…) Il faut construire des infrastructures adaptées au XXIe siècle. «Voulons-nous un pays où nous puissions travailler tous ensemble pour faire revivre le rêve américain et reconstruire notre classe moyenne?» Des millions d’emplois pourraient et devraient être créés pour augmenter au maximum les chances des Etats-Unis de renouer avec la croissance et avec une meilleure qualité de vie au XXIe siècle. Si l’on regarde où va le monde et la vitesse à laquelle il s’y rend, il est évident que nous avons besoin de connexions à haut-débit beaucoupplus rapides,d’un réseau électrique intelligent, de ports et d’aéroports plus efficaces et d’une remise à niveau de nos anciens investissements dans les routes, les ponts,les chemins de fer et les systèmes d’adduction d’eau et d’évacuation des eauxusées.Le pland’aide aconsacré del’argent au lancement de ces entreprises, mais en trop faibles quantités et qui ont déjà largement été dépensées.Les membres antiétatiques du Congrès et leurs sympathisants dans le pays prétendent que nous ne pouvons pas nous permettre de telles opérations. Ils ont tendance à oublier que l’« exception américaine » qu’ils soutiennent dans leurs discours s’est construite sur des entreprises visionnaires. Pendant la Grande Dépression, la Works Progress Administration et le Civilian Conservation Corps ont employé plus de 8 millions de personnes à la réalisation de projets qui nous sont encore utiles aujourd’hui. Un bon point de départ serait de voter la création d’une banque d’investissement dans les infrastructures telle qu’elle a été soutenue par le président dans son discours sur l’emploi. (…) Les investissements pourraient provenir aussi bien du secteur privé que d’Etats étrangers détenant d’importantes liquidités et recherchant un endroit sûr où les placer. C’est une bonne idée qui est en discussion depuis des années. De nombreux autres pays élaborent ou réalisent des projets grâce aux investissements privés. Tant que les résultats et la sécurité restent garantis à un haut niveau, nous devrions suivre cet exemple. (…) Quelle sorte de futur souhaitons-nous ? Voulons-nous un pays où nous puissions travailler tous ensemble pour faire revivre lerêveaméricain etreconstruirenotreclassemoyenne ? Quel est lemoyen le plusefficace pour y parvenir ? Avec une économie forte et un Etat fort travaillant main dans la main pour renforcer les perspectives, les responsabilités et la prospérité de tous ? Ou bien avec un Etat faible et des groupes d’intérêts puissants qui dénigrent la prospérité pour tous et encouragent sa confiscation systématique par un petit nombre jusqu’à sa disparition ? C’est pourtant ce que nous promettent à terme les tenants de l’antiétatisme et de l’idéologie du « chacun pour soi ». p « Remettons-nous au travail. Un Etat inventif pour une économie forte » Bill Clinton Editions Odile Jacob, 252 p., 21,90 ¤ culture 0123 Mercredi 15 février 2012 ppp excellent ppv à voir pvv pourquoi pas cinéma 25 vvv à éviter Le film qui répond à Claude Guéant Face à l’intégrisme, le ministre dénonce l’islam, quand Philippe Faucon, lui, raconte l’exclusion sociale La Désintégration ppv O n soupçonnait la récente sortie de Claude Guéant sur l’inégalité des civilisations, avecl’islam en ligne de mire, de servir quelque dessein électoraliste. Erreur. Elle fait en réalité campagne pour une autre sortie, cinématographique celle-ci, qui lui répond de manière circonstanciée, quand bien même le film était dans la boîte avant que le ministre de l’intérieur n’en sorte. La Désintégration, de Philippe Faucon, est une chronique fictionnelle de haute tenue sur la montée de l’islam fondamentaliste parmi les jeunes des cités. Elle pointe, sous le malaise caractérisé des banlieues, le malaise diffus d’une République dont témoignent aujourd’hui les propos d’un de ses plus hauts représentants. La chose est entendue dès la séquence d’ouverture du film, qui apporte à l’un des arguments de ce discours – l’inadéquation des rassemblements religieux musulmansdansl’espacepublicd’unEtat laïc – une réponse d’un solide pragmatisme. C’est un plan, effectivement violent pour toute conscience laïque, d’une foule en prière occupant l’espace vert d’une cité de la banlieue lilloise. Mais le voici immédiatementtempéréparlediscours empreint de tolérance de l’imam, qui précise au passage que la raison de cette occupation de terrain est liée à l’exiguïté du local consacré à l’exercice du culte. Cette séquence a le mérite de montrer, d’une part, que l’argumentaire du ministre de l’intérieur est incomplet, d’autre part qu’il s’autorise de cette lacune pour asseoir un jugement qui se révélerait, autrement, bancal. Car la raison de cette assemblée sur une place publique ne tient pas à sa volonté de mettre à feu et à sang la République, mais au fait que son lieu de prièrenepeutcontenirtouslesfidèles qui souhaitent s’y rassembler. Partir de ce postulat permet au film, qui ne pèche pas par angélisme, de poser de manière plus convaincante les questions qui s’imposent. Pourquoi un tel regain de l’islam sur le sol républicain ? Pourquoi, en son sein, cette montéeenpuissancedufondamentalisme qui l’instrumentalise à des fins politiques ? Pourquoi, enfin, de jeunes gens issus des banlieues, de nationalité française, répondent à Ali (Rashid Debbouze), frère et sœurs intégrés, mère aimante, est l’incarnation d’un tradionnalisme à visage humain. DR l’appel de ces sirènes ? On connaît évidemment,sinonlaréponse définitive, du moins la part prépondérante de l’engrenage. Le politologue et spécialiste de l’islam, Gilles Kepel, la rappelle dans un remarquable texte de réaction aux propos du ministre (« Une polémique qui cache la question sociale », Le Monde du 7 février) : elle a pour nomschômage,pauvreté,humiliation, discrimination sociale et ethnique, trahison des idéaux républicains.Autantdemauxqui encouragent le repli identitaire et font le lit de l’extrémisme. Tel est le délicat sujet du bien nommé La Désintégration, qui parvientà s’extirper, l’exploit n’est pas mince, aussi bien de la pesanteur du film à dossier que du sensationnalisme facile. Le film suit, simplement, ce moment de la vie de trois jeunesgensoùpoureuxtoutbascule, de manière irrévocable. Trois amis d’une vingtaine d’années, Nico, Nasser et Ali, qui, parce qu’ils pensent reconquérir par la violence et le sacrifice une dignité qu’on leur refuse, se font les instruments d’une force qui les anéantit. Cette force a un visage, une voix, un nom: Djamel. C’est un recruteur de la cause du djihad. Blouson de cuir et barbe naissante, plus âgé que ses victimes mais encore jeune, il traîne dans la cité à l’affût des paumés, des blessés de la vie, des enragés, de tous ceux qui, arrêtés au bord du chemin, lui semblent prêts à tout abandonner. Le personnage est brossé avec subtilité. Moderne, doucereux, technicien de la duplicité, doté d’un savoir coranique qui en impose et d’une expertise politique qui enflamme les cœurs, il sait verser du vinaigre sur les plaies ouvertes de l’échec républicain et répandre le miel des promesses de la reconquête islamique. Ses formules font mal, ses mots font mouche, son métier est d’instiller la haine, le mépris de l’autre comme l’oubli de soi-même. Concrètement, il lève une armée de martyrs. Plus concrètement encore, il destine les trois jeunes qu’il a levés, puis endoctrinés, puis formés, à un attentat-suicide qui vise le siège de l’OTAN à Aucune ségrégation formulée, aucune agression caractérisée, juste le scandale diffus d’une exclusion inavouée Bruxelles. Philippe Faucon, qui a l’excellente idée de le faire parler à voix basse, dresse en un mot à travers lui la figure du Tentateur. Ses trois victimes ont un statut inégal dans le film. Nasser, petit boxeuràsangchaudetàcasierjudi- ciaire, vient de casser la tête à un raciste et se planque. Nico-Hamza est un petit Blanc en perdition, chauffé au rouge par le radicalisme islamiste. Ces deux-là tombent tout cuits dans l’escarcelle du suborneur. Ali, c’est une autre histoire. Bac pro en mécanique, frère et sœurs intégrés, mère aimante, incarnation d’un traditionaliste à visage humain. Seulementvoilà : le père est en train de mourir d’exténuation à l’hôpital, la mère se brise doucement sous le fardeau des ménages,etlui-mêmese voitsystématiquement refuser toutes ses demandes de stage. Aucune ségrégation formulée, aucune agression caractérisée, juste lescandale diffus d’une exclusion inavouée, qui ne s’en perpétue pasmoinsdegénérationengénération. La force du film tient dans la rapidité, entachée d’invraisemblance,aveclaquelleAlisetransforme de jeune homme avenant en robot programmé pour la destruction. Le scandale de cette métamorphose est la condition nécessaire à la prise de conscience par le spectateur du scandale implicite qui la conditionne. Tout cela, droitement interprété par des acteurs professionnels et des amateurs, est filmé à hauteur d’homme avec un réalisme épuré, une justesse d’évocation,unemanièreremarquabled’aller,sans faiblir nitricher, au boutde sonpropos.Par-delàles feuxdel’actualité, on peut espérer que le film amène à Philippe Faucon, auteur discret, âpre et sensible à la fois, qui filme depuis vingt ans les territoires en friche de la nation et du cinéma français, la juste reconnaissance due à son talent. p Jacques Mandelbaum Film français de Philippe Faucon. Avec Rashid Debbouze, Yassine Azzouz, Ymanol Perset, Mohamed Nachit, Zahra Addioui. (1 h 15.) «Sur certains forums on se fait déjà insulter, traiter de traîtres…» RETENEZ BIEN leurs noms. Rashid Debbouze, Mohamed Nachit, Ymanol Perset, Yassine Azzouz, Kamel Laadaili. Ces jeunes acteurs qui portent sur leurs épaules La Désintégration n’ont pas fini de faire parler d’eux. Ensemble, ils font une entrée remarquée dans le paysage, imposant d’un coup leur visage, leur présence, leur jeu tout en intensité retenue, sec et sans chichi. Philippe Faucon ne s’est pas trompé en les choisissant. Sans doute la justesse de leur interprétation doit-elle autant à ses qualités de directeur d’acteur qu’aux leurs. Le fait que l’histoire de « désintégration» dont parle ce film leur soit à tous familière entre peutêtre aussi en ligne de compte. Qu’ils aient grandi en banlieue comme Rashid Debbouze, Yassine Azzouz et Kamel Laadaili, dans des familles issues de l’immigration maghrébine, ou dans un quartier parisien du 19e arrondissement «qui vous apprend la vie », comme Ymanol Perset, le Basque de l’équipe, ils ont tous entendu parler du «frère d’un copain parti en Egypte dans une école coranique». Loin de jeter la pierre à ces jeunes, ils les comprennent. Jouer dans ce film, du coup, n’allait pas de soi. Dans une telle his- toire, les stéréotypes ne sont jamais loin. « Jouer les rôles de terroristes ça me saoule énormément, assène Yassine Azzouz. Mais j’aimais le cinéma de Philippe Faucon, très en prise avec le réel. Les dialogues du film sont très fins, et son scénario en réalité n’est pas du tout manichéen. Je n’aurais jamais accepté de tourner le même sujet avec Gérard Krawczyk ou un réalisateur de chez Europa. » En Pour filmer cette «Désintégration», Philippe Faucon a fait appel à de jeunes acteurs issus des quartiers s’inspirant de Kâa, le serpent du Livre de la jungle, pour composer son personnage d’endoctrineur, Kamel Laadaili a fait un pas de côté par rapport aux clichés. « Je voulais faire un gourou énigmatique. Un homme qui séduit par sa science, qui n’a pas besoin d’afficher d’autres signes comme l’accent, le keffieh palestinien… Au fond, il pourrait aussi bien œuvrer pour le compte de Raël ou du Temple solaire. » Les acteurs s’atten- dent que le film fasse polémique au sein de la communauté musulmane française. « Sur certains forums on se fait déjà insulter, traiter de traîtres… », soutient Kamel Laadaili. Convaincus de l’intégrité du cinéaste, ils se sont lancés sans états d’âme mais leur engagement dans le film était constamment aiguillé, du moins pour les trois premiers, par la responsabilité morale que le scénario leur imposait vis-à-vis de la communauté. Rashid Debbouze, le petit frère de Jamel, et Yassine Azzouz ont beau venir de la comédie (du standup pour le premier, du courtmétrage pour le second), ils sont en colère. Rien ne les fait plus sortir de leurs gonds que les discours appelant des jeunes comme eux, nés dans les cités, à s’intégrer. «Des types qui étaient dans ma classe, qui avaient 17 de moyenne, j’en vois qui font la circulation ou qui sont éboueurs. Dire de ces jeunes, qui sont nés en France, qu’ils doivent faire des efforts pour s’intégrer c’est du racisme pur, s’emporte Rashid Debbouze. C’est insultant. C’est sous-entendre qu’ils n’appartiennent pas à la République. » Lui-même a arrêté l’école à la fin de la 3e, quand on lui a proposé de faire un BEP métallurgie alors que ses notes lui «auraient largement Les acteurs Rashid Debbouze, Yassine Azzouz et Ymanol Perset. DR permis», dit-il, de faire, comme il le souhaitait, une seconde générale. A la place, il a voyagé, appris l’anglais, l’espagnol, l’arabe. Il sait ce qu’il doit à son frère, mais depuis quatre ans qu’il monte chaque semaine sur les planches, il n’a cessé de vouloir s’en distinguer et, aujourd’hui, il semble bien parti pour se faire un prénom. Yassine Azzouz se souvient pour sa part de ses cent vingt demandes de stage restées sans réponse quand il était encore étudiant en informatique. Lui aussi sait qui il est : « Je ne suis pas le petit frère de Jamel. Pour réussir, je ne peux compter que sur moi. » Réussir, pour lui, c’est faire carrière à Hollywood. Devenu bilingue à force de dévorer des films américains, ce cinéphile furieux a profité de son expérience d’acteur dans La Désintégration pour convaincre la société de production du film (Screen Runner) de produire son premier long-métrage, Hollywood Me. Inspiré de Borat et de Brüno, les films de Sacha Baron Cohen, ce sera une comédie sur un jeune acteur français issu de l’immigration qui se retrouve à Hollywood, « qui a envie de tout déchirer et qui va se prendre des grosses baffes métalliques dans la gueule. » Moins acharné (mais peut-on l’être plus ?), Kamel Laadaili mène lui aussi sa barque. Issu du standup où il fait ses débuts après sept ans passés dans le journalisme au magazine Entrevue, il écrit lui aussi des scénarios. Quant à Ymanol Perset, c’est le plus discret des quatre. S’il s’est retrouvé dans un cours de théâtre il y a quatre ans, c’était pour apprendre à articuler et à se socialiser, à une période de sa vie où il avait besoin de se remettre en selle. Ce rôle de jeune fanatique taiseux, converti à l’islam, est arrivé à la faveur d’un casting. Comme le suivant, dans Colt45, de Fabrice Du Welz, où son nom figurera en haut de l’affiche entre Joey Starr et Gérard Lanvin. Aujourd’hui, il est sidéré de ce qui lui arrive. « Jouer n’a jamais été pour moi une question de vie ou de mort. Alors qu’il y en a tant, des comédiens, pour qui ça l’est, et à qui on ne propose aucun rôle… Peut-être que dans deux ou trois ans tout va s’arrêter pour moi… Je m’en remettrai, mais ce qui est sûr, c’est que j’ai découvert que j’adorais ce métier. » p Isabelle Regnier 26 0123 cinéma Mercredi 15 février 2012 ppp excellent ppv à voir pvv pourquoi pas vvv à éviter Une biographie cosmétique et vaine pour un colosse politique «Hercule contre Hermès» menacé Meryl Streep, en course pour les Oscars, incarne méticuleusement Margaret Thatcher Le sujet du film fait-il peur à ses distributeurs? La Dame de fer Polémique C H vvv ertes, Meryl Streep a été nommée à l’Oscar. Bien sûr, sa coiffure dans La Dame de fer est une copie exacte de celle de Margaret Thatcher, ce casque blond et laqué qui fit que la révolution conservatrice fut aussi une révolution permanente. Il n’y a pas que la coiffure : l’accent, le registre si particulier de la voix sont là aussi. Manque Margaret Thatcher. Les souvenirs des anciens et la consultation des banques de données confirment que la baronne Thatcher fut l’une des figures les plus influentes de la fin du XXe siècle, qu’elle ouvrit la voie à Ronald Reagan et changea si profondément le Royaume-Uni que treize ans de gouvernement travailliste ne suffirent pas à défaire son œuvre. Or, la femme que l’on découvre dans La Dame de fer n’a rien d’un colosse. C’est d’abord une jeune fille ambitieuse (à ce moment du film, elle est interprétée par Alexandra Roach) qui se fraie un chemin dans un milieu patriarcal. Elle aurait pu choisir une firme industrielle, avec son diplôme de chimiste, mais elle a préféré le Parti conservateur. Elle brave les préjugés sexistes et se hisse progressivement jusqu’au sommet de l’appareil. Pour quoi faire ? Avec quels appuis ? On n’en saura trop rien. Le scénario d’Abi Morgan consacre plus de la moitié du film à un portrait de Margaret Thatcher une quinzaine d’années après qu’elle a été chassée du pouvoir par une révolution de palais, en 1990. Menacée par la démence, la vieille femme converse avec le fantôme de son mari, Dennis (Jim Broadbent), mort en 2003. Ces dialogues sont l’occasion de retours en arrière qui montrent tous la résolution de l’épouse et la bonne disposition de l’époux. Dans ce rôle, Jim Broadbent déploie des Le film de Phyllida Lloyd se tient soigneusement à l’écart de la mécanique du pouvoir. ALEX BAILEY trésors de bonhomie, sans doute destinés à prouver que la femme d’un homme aussi gentil pouvait être aimable. Les manœuvres conduisant à la prise de contrôle du Parti conservateur sont réduites à quelques leçons d’élocution Le film de Phyllida Lloyd (c’est le second, après Mamma Mia !) se tient soigneusement à l’écart de la mécanique du pouvoir, dont l’analyse est pourtant une spécialité du cinéma britannique (voir The Queen, de Stephen Frears, ou The Thick of It, la comédie satirique d’Armando Iannucci). Les manœuvres conduisant à la prise de contrôle du Parti conservateur sont réduites à quelques leçons d’élocution. La Dame de fer ne s’intéresse pas plus à la psyché de cette femme qui manie un pouvoir si immense. D’ailleurs, mis à part l’expédition des Falklands, qui donne l’occasion de la montrer en épigone de Churchill, tous les grands conflits qui marquèrent son ministère sont expédiés en deux images d’actualité et trois répliques. Quitte à analyser un grand de ce monde, pourquoi ne pas étudier ce qui le meut lors du démantèlement du pouvoir syndical ou pendant le conflit avec les grévistes de la faim républicains irlandais qui se solda par la mort de dix d’entre eux ? Les épisodes postérieurs à l’éviction de Margaret Thatcher, comme l’accueil chaleureux qu’elle fit à Augusto Pinochet, poursuivi par le juge Garzon, ou sa collaboration rétribuée avec l’industrie du tabac sont, eux, totalement passés sous silence. Meryl Streep préfère concentrer son énergie sur le processus de vieillissement qui fait de l’actrice, jeune sexagénaire, une femme voûtée, instable, perdue dans l’album de clichés familiaux dont elle n’émergera plus. Pour sa prochaine nomination, l’actrice pourrait s’essayer à faire de Lady Macbeth une championne des arts ménagers. p Thomas Sotinel Film britannique de Phyllida Lloyd, avec Meryl Streep, Jim Broadbent, Olivia Colman. (1 h 44.) ercule contre Hermès, c’est le titre d’un documentaire qui pourrait être diffusé prochainement sur la chaîne Arte, avant une sortie en salles de cinéma. A moins que des pressions diversesn’empêchent le projet d’aboutir… Ce documentaire de quatre-vingt-dix minutes, de Mohamed Ulad, produit par Nicolas Namur, d’Epiphène Films, fait partie de ces œuvres qui ont dû surmonter bien des obstacles et continuent d’en affronter. L’histoire est éclairante : unpaysan marocain,Mohammed El-Mektiri, 32 ans, surnommé Hercule à cause de saforce, vit avec sa famille sur un lopin de terre près d’une plage au sud de Tanger. Sur ce petit coin de paradis, le père, la mère et les huit frères et sœurs vivent de la culture de leur terre, de la pêche et des revenus d’une paillote dressée chaque été sur la plage. Jusque-là, tout va bien. Mais leur unique voisin, Patrick Guerrand-Hermès, héritier de la marque de luxe française, a acquis les terres alentour, en vue d’aménager un terrain de polo. Pour cela, l’ex-président de la Fédération internationale de polo n’a plus qu’à acheter la parcelle de la famille El-Mektiri. Seulement voilà, Hercule refuse, ainsi que sa mère, la solide Rachida. Tous deux ont même fait de la prison à la suite d’altercations avec ceux qu’ils nomment les « mercenaires d’Hermès ». Durant deux ans, entre 2009 et 2011, le réalisateur franco-marocain Mohamed Ulad a filmé la batailledu petit paysan contre l’héritier argenté. La saga a été longuement racontée dans ces colonnes, et tous les protagonistes ont pu exprimer leurs points de vue (Le Monde du 5 juillet 2011). Puis les relations se sont dégradées. Le réalisateur a été agressé durant le tournage, l’autorisation de filmer lui a été retirée, puis restituée, etc. Patrick Guerrand-Hermès a porté plainte contre le cinéaste et son producteur pour « violation de la vie privée » et « atteinte au droit à l’image » auprès de la justice marocaine. L’affaire est en cours. Depuis quelques semaines, les mauvaises nouvelles s’accumulent. La chaîne Arte a procédé à cinq visionnages du film, avant de le valider en septembre 2011. Or, en janvier 2012, le réalisateur a reçu un courrier d’Arte signalant que le film posait des problèmes juridiques. Un exemple : la première séquence montre un homme faisant du quad sur la fameuse plage ; apercevant la caméra, il fait un bras d’honneur à l’équipe du film. L’homme est un proche collaborateur de Patrick Guerrand-Hermès. Faut-il le nommer ou, au contraire, ne pas l’identifier ? Il y a aussi cette phrase de la mère, Rachida, disant en substance : « S’il n’y a plus de corruption dans la justice marocaine, alors Hermès est fichu. » « Il n’y a pas de problème » Joint par téléphone, le responsable d’Arte qui suit le projet, Alex Szalat, assure qu’« il n’y a pas de problème quant à la diffusion du film », sans pour autant s’engager sur une date… « Arte doit vérifier qu’il n’y a pas de risque de diffamation. Il faut que l’on se mette d’accord sur la version définitive du film », ajoute-t-il. Le réalisateur essaie de garder le moral. Mais le temps presse. Tant qu’Arte n’a pas donné son feu vert officiel, explique-t-il, il ne peut percevoir la dernière tranche des financements prévus. Dernière tuile, venue il y a quelques jours de la société américaine ITVS (Independent Television Service), qui produit et diffuse des films indépendants aux EtatsUnis, et avait prévu de soutenir Hercule contre Hermès : tant que la plainte déposée contre le réalisateur et le producteur n’aura pas été traitée, ITVS ne veut pas prendre le risque de diffuser le film. Décidément, les travaux d’Hercule sont loin d’être terminés. p Clarisse Fabre A Madrid, l’agonie d’un vieil anarchiste Le réalisateur Fernando Leon de Aranoa s’essaie, difficilement, à la comédie noire Amador C Mardi 13 mars 2012 PARIS, CARROUSEL DU LOUVRE Analyse des défis, propositions de solutions Un colloque organisé par Le Monde et l’Association Française des Entreprises Privées (AFEP) Nombre limité de places Inscription : [email protected] pvv ’est un prénom à la fois désuet et peu usité, Amador ; un prénom laïque qui ne renvoie à aucun des saints de l’Eglise, comme aimaient à en donner les anarchistes espagnols. Pour l’instant, c’est le prénom d’un vieillard mourant, en plein été, dans un petit appartement madrilène. Le scénario de Fernando Leon de Aranoa place Amador entre les mains de Marcela (l’actrice péruvienne Magaly Solier), une jeune immigrée venue d’Amérique latine. Le réalisateur des Lundis au soleil (2002, une réussite du cinéma postindustriel, entre Loach et Guédiguian) prend bien soin de placer des bâtons dans les roues d’un récit qui devrait conter la découverte de deux personnages opposés. Il recourt même à des mesures radicales qui entraînent le film vers la comédie noire. Mais le courage dont témoignent ces dérapages est un peu vain. Fernando Leon de Aranoa n’est pas fait pour la comédie, et les intrusions de personnages dessinés à gros traits – une prostituée au grand cœur qui vient toutes les semaines soulager la solitude d’Amador, un curé naïf – ne font que ralentir un film qui titube déjà sous le poids de chaque séquence, étirée jusqu’à risquer l’exaspération du spectateur. Ni antipathique ni stupide C’est qu’il s’agit à chaque fois de filer une métaphore, qui veut représenter tantôt les rapports entre riches et pauvres, tantôt la contradiction entre le vieux mouvement ouvrier et la condition des pauvres de notre temps. Amador n’est pas un film antipathique ni stupide. Il peint avec sensibilité le couple que Marcela forme avec son mari Nelson, garçon entreprenant qui fait commerce de fleurs récupérées dans les ordures des importateurs de roses. Fernando Leon de Aranoa permet aussi à Magaly Solier, que l’on avait découverte dans les films de sa compatriote Claudia Llosa, Madeinusa et Fausta, d’étendre son registre, de se risquer, avec un peu plus de succès que son réalisateur, sur le terrain de la comédie. p T. S. Film espagnol de Fernando Leon de Aranoa, avec Magaly Solier, Celso Bugallo. (1 h 52.) 0123 cinéma Mercredi 15 février 2012 ppp excellent ppv à voir pvv pourquoi pas vvv à éviter Sylvie Testud voyage dans le temps Les films de la semaine L’actrice se fait réalisatrice au détour d’un récit faussement fantastique, vraiment romantique La Vie d’une autre pvv sommeil n’est pas disposée à accepter la situation absolument sinistre que l’autre Marie, celle qui a vécu sa vie, lui laisse en partage. Un double programme attend donc au réveil la belle endormie : un bluff de chaque instant destiné à entrer dans la peau du personnage qu’elle est devenue, et une lutte sourde pour le défaire, par la M ais où était donc passée Sylvie Testud ? La question traversait l’esprit, ces derniers temps, de tous ceux qui avaient conservé d’elle l’image attachante d’une jeune femme lunaire et d’une actrice qui a marqué de son talent d’une singulière intensité des films aussi divers que Karnaval (1998), de Thomas Vincent, La Captive (2000), de Chantal Akerman, ou Les Blessures assassines (2000), de Jean-Pierre Denis. En 2004, le César de la meilleure actrice récompensera sa prestationdans Stupeur et tremblements, d’Alain Corneau. Depuis, Sylvie Testud n’a certes pas disparu des radars cinématographiques, mais sa présence y semblait plus évanescente. Un élément de réponse est aujourd’hui à la portée du public, qui peut découvrir au cinéma La Vie d’une autre, son premier film comme réalisatrice. Adapté du roman homonyme de Frédérique Deghelt (Actes Sud, 2007), ce récit est une sorte d’Hibernatus (Edouard Molinaro, 1969) sentimental. Son héroïne, Marie (Juliette Binoche), y est, dans le prologue, une jeune Provençale modeste qui Adapté du roman homonyme de Frédérique Deghelt, ce récit est une sorte d’«Hibernatus» sentimental Marie (Juliette Binoche) et Paul (Mathieu Kassovitz). ARP SÉLECTION la société de son beau-père et figure internationale de la finance, enfin sur le point de divorcer de Paul, qui semble avoir d’excellentes raisons de la haïr et de lui préférer son amie d’enfance Jeanne (Aure Atika). Le choc est rude pour le personnage et l’argument fictionnel a priori excellent pour le film, propice à un voyage spatio-temporel où la fantaisie, le romanesque et l’humour se donnent la main. Car la Marie qui se réveille d’un si long reconquête expresse d’un bonheur et d’un mari perdus. La drôlerie du premier registre et le romantisme du second donnent à ce film un équilibre instable, d’autant plus fragile que l’allégorie qui le soutient (comment rattraper le temps perdu ?) est un vrai défi pour cet art par essence réaliste qu’est le cinéma. p Jacques Mandelbaum Film français de Sylvie Testud. Avec Juliette Binoche, Mathieu Kassovitz, Aure Atika. (1 h 37.) «La Grande Illusion»: à la redécouverte d’un des chefs-d’œuvre de Jean Renoir, dans une copie restaurée Sorti en 1937, ce film pacifiste mais sans illusions fut le plus grand succès de son auteur S orti pour la première fois en France en 1937, le plus populaire des films de Jean Renoir ressort en salles dans une version restaurée inédite. Marqué par l’engagement politique et humaniste du cinéaste, La Grande Illusion suit un groupe d’officiers français capturés en Allemagne pendant la Grande Guerre. De tentatives d’évasion en tentatives d’accommodation, l’histoirede leur captivitéparaît ne servir qu’une seulecause : montrer que rien, dans le contexte d’un quotidien partagé, ne sépare les prisonniers français, britanniques ou russes de leurs geôliers allemands. L’histoire du film est un véritable roman. Comme tant de grandes œuvres, il s’en fallut de peu qu’il ne se fasse jamais. Ayant élaboré une première version du manuscrit à partir d’une trame plus ou moins tirée de sa propre expérience de soldat, Renoir fut incapable de trouver un producteur jusqu’à ce que Jean Gabin intervienne en son nom. Le projet mis en chantier, la production le bouleversa en engageant Erich von Stroheim, sans en informer Renoir. Ce dernier, que l’œuvre de Stroheim réalisateur avait marqué au point de le pousser vers une carrière cinématographique qui n’était pas sa vocation première, lui créa sur mesure le rôle de Rauffenstein. Gabin comprit vite que son personnage, le lieutenant Maréchal, courait le risque de se voir éclipsé par le tandem des aristocrates, Boëldieu (Pierre Fresnay) et Rauffenstein : la rumeur nous dit qu’il ne se priva pas de le faire entendre. Sortie le 9 juin 1937, après avoir laissé quelques scènes entre les griffes de la censure (entre autres, celle qui montre les officiers en train de plaisanter sur les maladies vénériennes des militaires), La Grande Illusion connut un immense succès, en France et à l’étranger. Cependant, à mesure que la tension montait en Europe, le film fut interdit en Italie, en Allemagne, puis dans la France occupée. Causes évidentes de ce silence imposé : le pacifisme forcené du film, mais également l’aura du personnage de Rosenthal, officier français juif et codétenu généreux nRetrouvez l’intégralité de la critique sur Lemonde.fr ppvà voir La Désintégration Film français de Philippe Faucon (1 h 15). pvvpourquoi pas Amador Film espagnol de Fernando Leon de Aranoa (1 h 52). La Vie d’une autre fait un mariage d’amour avec Paul (Mathieu Kassovitz), le fils d’une très grosse fortune de la finance, qui lui a donné sa chance en l’engageant dans sa société. Au plan suivant, c’est-à-dire douze ans plus tard, Marie se réveille en ayant tout oublié de cette période. Restée la jeune femme modeste, joyeuse et follement éprise de son mari, elle va progressivement se découvrir telle que la vie l’a transformée. Mère de deux enfants, redoutable manageuse de 27 Film français de Sylvie Testud (1 h 37). nJe suis venu vous dire… Documentaire français de PierreHenry Salfati (1 h 38). Joli montage d’archives consacré à la vie, à l’œuvre, aux amours, de l’auteur de La Javanaise. Comme toujours quand il s’agit de Gainsbourg, on est dans le mythe et dans la nostalgie. L’auteur, fidèle à son dispositif, ne pousse pas plus loin l’analyse. Dommage. p I. R. nLe Jardinier qui voulait être roi Films d’animation tchèque de Vlasta Pospíšilová et David Súkup (1 h 05). Composé de deux courts-métrages d’animation adaptés des contes de Jan Werich, ce film tchèque ne s’adresse pas seulement aux plus jeunes. Par-delà l’unité d’inspiration littéraire, et leurs qualités individuelles de réalisation, c’est lorsqu’on les oppose, à l’œil et à l’oreille, que les deux films intéressent le plus. Si le second touchera aisément un large public, le premier, étonnamment mélancolique et visuellement moins lisse, parlera sans doute mieux à l’adulte, et à ceux des enfants dont l’humeur n’est pas trop légère. p J.-F. R. vvvon peut éviter La Dame de fer Film britannique de Phyllida Lloyd (1 h 44). n10 hivers à Venise Film italien de Valerio Mieli (1 h 39). De 1999 à 2009, les rendez-vous ratés de Camilla et Silvestro, qui se sont rencontrés un soir de décembre sur un vaporetto. L’ambition est de chanter l’imperfection de la vraie vie qui ne tombe jamais juste. Ici, ce sont les artifices du scénario qui ne prennent pas. p T. S. nDos au mur Film américain de Asger Leth (1 h 42). Un ancien policier, récemment évadé de la prison dans laquelle il a été incarcéré pour vol et corrup- tion, menace de se jeter dans le vide depuis la corniche de l’hôtel où il a pris une chambre. Va-t-il sauter ou tout cela n’est-il qu’une diversion ? Dos au mur s’éloigne rapidement du suspense induit par la situation de départ pour proposer un thriller rocambolesque, aux péripéties tout aussi infantiles que prévisibles, à la psychologie rustique et à l’humour épais. p J.-F. R. nHowl Film américain de Rob Epstein et Jeffrey Friedmann (1 h 24). Biopic d’Allen Ginsberg centré sur le scandale provoqué par la parution, en 1957, de son célèbre poème Howl, et du procès en obscénité qui s’en est suivi, ce film trahit de bout en bout l’esprit révolutionnaire de cette œuvre fondatrice de la Beat Generation. Entre l’interprétation pontifiante de James Franco et les scènes d’animation hideuses qui illustrent le poème, le film distille un profond ennui. La mémoire de ce poète, de ce mouvement, mérite mieux qu’un traitement si désinvolte. p I. R. nLa Mémoire dans la chair Film français de Dominique Maillet (1 h 39). Faute de moyens, matériels et artistiques, cette évocation du retour en Espagne d’un émigré politique, aux dernières heures du franquisme, courait à l’échec. Celui-ci est consommé par une distribution francophone qui tente sans grand succès de dissimuler son accent lorsqu’il lui faut parler espagnol. p T. S. nVoyage au centre de la Terre 2 : L’Île mystérieuse Film américain de Brad Peyton (1 h 33). Précédé d’un navrant court-métrage mettant en scène les Looney Tunes, le deuxième volet d’une saga qui n’a décidément aucun lien avec Jules Verne confirme son absence totale d’inventivité, de structure et de culture. L’aventure exotique du beau-père et du beau-fils brasse tous les clichés du genre avec une rare vigueur. Le résultat visuel est d’une laideur aussi constante que surprenante, quand on sait qu’il bénéficia des technologies qui formèrent il y a peu les jungles hypnotiques d’Avatar. p J.-F. R. nous n’avons pas pu voir Ghost Rider : L’esprit de vengeance Film américain de Mark Neveldine et Brian Taylor (1 h 45). Il était une fois, une fois Film français de Christian MerretPalmair (1 h 35). Les meilleures entrées en France Au premier plan, Jean Gabin et Pierre Fresnay. STUDIOCANAL auquel Boëldieu offre la chance de s’évader. Servant le rêve humaniste du Renoir encore fidèle auFront populaire, La Grande Illusion paraît tenir un discours d’une absolue simplicité, que le cinéaste résumait ainsi : «Les hommes ne se divisent pas en nations mais peut-être en catégories de travail. C’est ce que l’on fait qui est notre véritable Nation. » Babel inversée, le monde clos où se mêlent captifs et gardiens ne cesse d’illustrer la facilité avec laquelle les hommes se créent des modes de communication, pour pallier les différences de langues : humour, théâtre, musique, gestes et regards, portés par un réel désir de se comprendre, y sont autant et plus signifiants que les mots. La guerre n’y est souvent qu’une donnée abstraite, ne réapparaissant que par éclats, rouvrant chaque blessure : La Marseillaise entonnée en l’honneur d’une avancée française, interrompant le spectacle où les détenus costumés avaient convié les officiers allemands. Surtout, l’affrontement absurde et nécessaire entre Boëldieu et Rauffenstein, âmes semblables aux semblables desseins. Depuis 1937, il s’est trouvé des plumes pour juger La Grande Illusion naïve. Nul n’y est cruel sinon la guerre, nécessité externe, à laquelle l’humanité peine à trouver un sens. Naïf, Renoir ? C’est Dans ce film, nul n’est cruel sinon la guerre, nécessité externe, à laquelle l’humanité peine à trouver un sens oublier la seconde partie du film, et les pas lourds des deux évadés vers cette frontière si lointaine qu’elle tient du mirage. L’épilogue se déroule en mots et en émotions simples, laissant le brio et les mots d’espritqui conféraient à lacaptivité sa légèreté paradoxale. Est-ce là la vie ? Est-ce là la liberté au nom de laquelle s’est sacrifié Boëldieu ? Ou bien, convaincu que l’absurde était déjà vainqueur, avait-il fait le choix d’en finir en beauté, ganté de blanc, pour conserver au moins, tel Cyrano, son panache ? Avant même peut-être que Renoir lui-même n’en ait conscien- ce, La Grande Illusion disait ces questionnements douloureux qui poussèrent le cinéaste à rompre avec l’idéal communiste, et à quitter cette France qui, disait-il, ne le comprenait pas. Dès La Règle du jeu, en 1939, Renoir explicita ses doutes et, sous couvert de marivaudage dans un château en Sologne, sonna le glas de cette noblesse d’âme dont Boëldieu et Rauffenstein étaient les derniers représentants. La guerre, avec ses mots absurdes, avait déjà vaincu. Bien plus tard, en 1961, Le Caporal épinglé porta le dernier coup au rêve humaniste de Renoir : tissé sur la même trame que La Grande Illusion (les tentatives d’évasion de prisonniers français en Allemagne), le film en est l’envers grinçant. Le sacrifice a perdu son panache, laissant place au suicide, seule véritable issue. Mais cela, c’était déjà la crainte de Renoir en 1937, glaçant le lent final de La Grande Illusion : la liberté de Maréchal et de Rosenthal, leurs vies mêmes, valaient-elles la peine qu’on les sauve ? Il n’est guère de film moins naïf, ou moins simple. Soixantequinze ans après, il reste encore beaucoup à écrire. p Noémie Luciani Nombre de semaines d’exploitation Nombre d’entrées (1) Nombre d’écrans Evolution par rapport à la semaine précédente Total depuis la sortie La vérite si je mens ! 3 2 864 356 1051 – 48% 2 808 378 Sherlock Holmes 2 : Jeu d’ombres Star Wars : épisode 1 - 3D 3 271 602 623 – 27 % 1 683 034 1 251 560 330 _ 251 560 La Taupe 1 225 822 271 _ 225 822 Underworld : Nouvelle Ere 1 216 218 282 _ 216 218 Zarafa 1 192 219 477 _ 192 219 Félins 2 128 023 360 – 29 % 334 706 The Descendants 3 93 869 239 – 21 % 526 101 Recherche bad boys désespérément 1 91 731 227 _ 93 009 15 80 129 558 – 22 % 18 942 756 Intouchables Source : Ecran Total (1) Période du 8 au 12 février inclus Installé dans plus de mille salles, La vérité si je mens ! troisième du nom conserve la tête du classement en deuxième semaine d’exploitation, dépassant les deux millions d’entrées. Aucun entrant ne lui dispute donc la suprématie, si ce n’est, à une échelle plus modeste, La Taupe, qui fait mieux que lui en termes de moyenne de spectateurs par salle (833). Star Wars épisode 1, en 3D, séduit quant à lui plus de deux cent mille mordus de l’antique saga interplanétaire. On notera le beau succès d’estime d’Un monde sans femmes. Le moyen-métrage attire plus de trois mille spectateurs répartis dans sept salles. A déplorer enfin le peu d’intérêt suscité par Go Go Tales (3 400 spectateurs dans vingt salles), un film inédit en France d’Abel Ferrara. 28 & vous 0123 Mercredi 15 février 2012 Dragon… mania C’est l’année du Dragon, le signe le plus prisé en Chine. C’est à ce monstre terrifiant qui crache du feu et possède une carapace d’écailles que l’on devrait la naissance de l’univers. Dans l’empire du Milieu, on souhaite se marier sous ses bons auspices ; on veut faire naître ses enfants, aussi, cette année-là, afin qu’ils aient un avenir brillant… Les touristes orientaux étant devenus l’une des toutes premières clientèles de la joaillerie, les créateurs européens s’en donnent à cœur joie pour fêter, avec eux, l’événement : dragon en or jaune et œil rubis pour l’Italien Roberto Coin, aux yeux de jade et aux écailles de diamants signé de la Parisienne Elise Dray ou pendentif torsadé pour la griffe espagnole Carrera y Carrera. Plus accessible, un petit pendentif pour bébé de l’année, signé Pascale Renaux chez AS 29 (en vermeil avec un petit diamant, 600 euros), ou encore le pull fait main en cachemire jacquard au motif de l’animal mythique, 1 490 euros, chez Lucien Pellat-Finet. p Véronique Lorelle (PHOTOS DR) Elise Dray : Elisedray.com ; Carrera y Carrera : Carreraycarrera.com ; Roberto Coin : Robertocoin.com ; AS 29 by Pascale Renaux : chez Colette, 213, rue Saint-Honoré, Paris 1er. Lucien PellatFinet : Lucienpellat-finet.com Un an après son lancement, le dossier médical personnel reste confidentiel Au cœur du triangle d’or du design Plébiscité par les Français, cet outil informatisé se heurte aux réticences de certains médecins Les maisons italiennes de la rive gauche parisienne mettent à l’honneur les créateurs Santé Design S e retrouver chez le médecin en ayant oublié ses analyses médicalesou lenomdu médicament que l’on prend chaque matin… Dans ces cas, le dossier médical personnel (DMP) peut se révéler utile : il permet de stocker les données médicales sous forme électronique. Conçu par la loi de 2004, ce dossier a été lancé en janvier 2011 par le ministère de la santé et 75 000 DMP ont à ce jour été ouverts. Il peut contenir des comptesrendusd’interventions,d’hospitalisation, des analyses médicales, des scanners, signaler des allergies…, tout peut y être enregistré et accessible à portée de clic. Cet outil peut être particulièrement utile à des personnes atteintes de maladies comme le cancer, le diabète, l’hypertension artérielle. Ou encore pour le suivi d’une grossesse. Ainsi, Julie (qui souhaite rester anonyme) a créé son DMP lorsqu’elle a su qu’elle était enceinte, ce qui a permis aux professionnels de santé de consulter ses échographies, analyses biologiques… et d’éviter à Julie de répéter à chaque rendez-vousson parcours médical. Le DMP appartient uniquement au patient, rappelle l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (ASIP Santé), qui coordonnele projet, etil choisit qui,des professionnels de santé, peut y accéder. Le patient peut aussi masquer des informations. En revanche, en cas d’urgence, tout professionnel de santé peut avoir accès au DMP, saufsi son détenteurs’yest formellement opposé. LesFrançais sont friandsd’informations médicales sur la Toile. Pour preuve, le succès des sites consacrés à la santé. Sont-ils prêts pour autant à y entrer leurs propresdonnées médicales? «La confidentialité des données est notre P INFILMO/LIGARUS priorité,elles sonttotalement protégées», expliqueJeanne Bossi,secrétaire générale de l’ASIP Santé. Gratuit et facultatif, le DMP est créé à partir des informations de la carte Vitale, qui donne accès à un identifiant national de santé (INS). En théorie, tout patient muni de sa carte Vitale peut en demander l’ouvertureauprès d’unprofessionnel de santé, il peut ensuite y accéder sur la Toile. Mais dans les faits, cela reste encore compliqué. Si environ 70 % des médecins généralistes disposent de logiciels compatibles, peu d’hôpitaux sont équipés.Et les 800000 professionnels de santé ne sont pas tous convaincus. « Les médecins étaient au départ très réticents, car, au fond, ils ne voulaient pas être surveillés. Que faire si une appendicite n’a pas été détectée ? Si un mauvais diagnostic a été fait ? », explique le docteur Loïc Etienne, médecin urgentiste, auteur du blog zeblogsante. Les professionnels de santé ne veulent pas que ce dossier soit chronophage. « Les médecins sont Gratuit et facultatif, il est créé à partir des informations de la carte Vitale dans l’expectative et se posent la question de savoir quel bénéfice ils peuvent en tirer », explique Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins et spécialiste des questions de e-santé. Carnets de santé et consultations en ligne À CÔTÉ DU DOSSIER MÉDICAL personnel lancé par les pouvoirs publics, de nombreuses initiatives privées proposent de créer des carnets de santé en ligne. Ainsi, trois ans après sa création, l’association Sanoia, soutenue par le site Doctissimo et l’opérateur Orange, compte 105000 « fiches santé », gérées par les patients. En plus de leur fiche, les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde bénéficient de conseils dispensés par un centre d’appel. « Les associations de patients sont largement partie prenante», insiste Hervé Servy, fondateur de Sanoia, qui vise plutôt les personnes atteintes de maladies chroniques. Le site Docteurclic permet d’ouvrir un dossier de santé personnel (DSP) : 9 500 dossiers ont à ce jour été créés. Le site propose des fiches de prévention pour certaines maladies et des alertes pour les rendez-vous médicaux et les rappels de vaccinations. 36 euros par an Dernière innovation, lancée mi-janvier par la société Code d’urgence, le système « code d’urgence » se matérialise par un flash code, sorte de code-barres à coller sur son casque de moto, son téléphone portable… Cela permet aux médecins du SAMU et du SMUR d’avoir accès aux données du patient. D’abord testé dans la Sarthe et la Loire-Atlantique, ce service doit être étendu dans toute la France cette année. Ces données, fournies par le patient, sont validées par le médecin traitant. Coût : 36 euros par an. De plus en plus de consultations sont accessibles sur Internet. Le patient obtient une réponse d’un spécialiste, moyennant finances. Une pratique appelée à se développer avec le vieillissement de la population. Mais attention, « dès lors qu’il y a un conseil personnalisé, cela doit être sécurisé et ne doit pas être laissé à un secteur purement marchand», avertit le docteur Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins, qui réclame une réglementation. p P. Sa Autre question : que met-on dans ce coffre-fort de santé ? « Le patientdoit pouvoir entrer des données qui sont claires pour lui et ordonnées selon sa propre logique. Or, toute la problématique du DMP est qu’il est 1.0, c’est une unité de stockage sans intelligence, constate le docteur Loïc Etienne, pour que le DMP soit véritablement utile pour l’ensemble des acteurs, il doit passer au 3.0, c’est-à-dire que les données doivent être entrées aussi bien par le patient que par le médecin,validées par le soignant et organiséesintelligemment parlamachine », analyse le docteur Etienne. Malgréces réserves, « notrepositionestclaire, ledossier médicalpersonnel doit être mis en œuvre mais il doit correspondre à de réels besoinset nepas être abstrait. Il faudrait une campagne nationale pour inciter les gens à le créer », propose le docteur Jacques Lucas. La montée en puissance est prévue sur plusieurs années. Seulement près d’un Français sur deux a entendu parler du DMP, selon un sondage réalisé à l’été 2011 par Ipsossantéauprès de 1000personnes, à la demande de l’ASIP Santé, mais 84 % émettent une opinion positive. « Ce serait déplorable de l’interrompre comme le proposent certains députés socialistes », ajoute le docteur Lucas. Marisol Touraine (député PS d’Indre-et-Loire) invoque notamment des raisons de coût pour le suspendre. « Il n’est ni de droite ni de gauche », insiste Mme Bossi. Et d’ajouter : « Le DMP existe, il fonctionne, son seul but étant d’améliorer la qualité des soins. » p Pascale Santi n Sur le Web Docteurclic.com ; Sanoia.com ; Codeurgence.fr n sur le Web Dmp.gouv.fr ; Zeblogsante.com aris n’est pas Milan. Pourtant, sur la rive gauche, entre le boulevard Saint-Germain, les rues du Bac et de l’Université et le boulevard Raspail se niche le triangle d’or du design. Ence début d’année, le programmeest riche.Commençonspar Cassina (236, boulevard Saint-Germain), où est présentée la collection Authentic Materials. Un hommage à Charlotte Perriand (1903-1999), à Charles-Edouard Jeanneret-Gris alias Le Corbusier (1887-1965) et à son cousin Pierre Jeanneret (1896-1967), avec leur mythique table à manger LC11-P. La maison ayant les droits exclusifs de ces maîtres de l’épure, elle a édité, en accord avec la Fondation Le Corbusier et Pernette, la fille de Charlotte Perriand, la table, conçue en 1934 pour l’appartement du célèbre architecte, rue Nungesser-et-Coli à Paris, avec son plateau de marbre et piétement de fonte bleu clair (13 995 euros). Cassina en édite aussi une autre version avec de nouvelles finitions (7 385 euros). De Charlotte Perriand sont édités pour la première fois les tabourets Méribel et Berger, créés en 1953 et 1961. En réinventant le tabouretà traire desfermes, l’architecte et photographe illustrait son goût pour les maisons simples des campagnes. Par ailleurs, de nouvelles versions de ses tables ressortent. Cassina introduit des finitions en acajou et en chêne laqué noir pour la table En forme libre, créée en 1938 pour son atelier de Montparnasse. Quant à Plana, la table conçue en 1969 pour l’ambassade du Japon à Paris, elle revit aussi en deux versions, chêne et noyer massifs. Autre nouveauté : la chaise Zig Zag, de Gerrit Thomas Rietveld (188-1964), revue en frêne naturel,dans les couleurs bleu, rouge, jaune, blanc et noir, et bois apparent pour les sections latérales, ce qui renforce la ligne du dossier. Chez Kartell et Cappellini (242 et 242 bis, boulevard Saint-Germain), l’on pratique la même révérence au patrimoine. Chez le premier,le fauteuil4801, de Joe colombo (1965), est relancé en série limitée. Chez le second, jusqu’au 18 février, la boutique devient musée pour saluer le génie de Shiro Kuramata, disparu en 1991. Sur le sol, des roses rouges semblent rappeler Miss Blanche, le fauteuil du designer réalisé en plastiquetransparent, incluant des pétales de rose, inspiré, dit-on, du chemisier de Vivien Leigh dans Un tramway nommé Désir. Sur le mur, des croquis. Et des créations enfin rééditées, des « meubles d’artistes » du designer japonais, parmi lesquels Hommage à Mondrian et Dinah, la surprenante colonne en métal laqué noir, créée en 1970, pourvue de dix-huit tiroirs en bois laqué blanc. De l’autre côté du carrefour, au 31, boulevard Raspail, la société Alessi, fondée en 1921, s’est lancée dans le concept Designed in China, Made in Italy, un travail autour d’unobjet quotidien et emblématique : le plateau. Résultat : (Un)for- DeCharlottePerriand sontenfinédités lesfameuxtabourets MéribeletBerger bidden City. Une collection de huit plateaux, conçus par autant d’architectes et de designers chinois au studio-laboratoire d’Alessi, disponibles ce printemps. Terminons la balade rue du Bac. La firme Poltrona Frau s’apprête à fêter son centenaire et rend hommage à sa matière de prédilection : le cuir. De nouvelles versions de son best-seller, le fauteuil Archibald, de Jean-Marie Massaud, sont exposées ainsi qu’une collection de petite maroquinerie et d’objets de bureau. Chez B & B Italia, on renouvelle le fauteuil Husk, de Patricia Urquiola. Pour finir, une visite s’impose chez Maxalto, qui expose jusqu’au 18 février la carafe Janina, de Vincent Poujardieu. En verre cristallin soufflé à la bouche, elle a un corps double mais pas d’anse. L’objet se pose néanmoins, stable et élégant, sur la table, malgré son inclinaison à 45 degrés. Edité à mille exemplaires, son prix (145 euros) – fabrication en Roumanie oblige – devrait « démocratiser le raffinement », espère le designer bordelais qui vient de créer avec Janina Sarbu, créatricede moderoumaine reconvertie dans le design, une toute nouvelle maison, JSVP Design. p Mélina Gazsi Démographie De plus en plus de Français vivent seuls En 2008, 9 millions de personnes, soit 14,2 % de la population, vivaient seules dans leur logement, au lieu de 7,4 millions, soit 12,5 %, en 1990, selon une enquête Insee Première de février. On dénombrait 8,3 % de femmes et 5,9 % d’hommes. Sur la tranche d’âge 30-59 ans, les hommes qui résidaient le plus souvent seuls étaient les chômeurs n’ayant jamais travaillé, les employés, puis les ouvriers. Les femmes le plus souvent seules étaient les cadres, suivies par les professions intermédiaires. Avant 40 ans, ce sont les ouvrières qui habitaient le moins souvent en couple. Après 40 ans, ce sont les femmes cadres. 0123 disparitions Mercredi 15 février 2012 Photographe chilien, membre de l’agence Magnum Actrice Sophie Desmarets SergioLarrain J L e Chilien Sergio Larrain, mort le 7févrieràOvalle,aunorddeSantiago du Chili, à l’âge de 81 ans, est une des plus belles énigmes de la photographie. Car il est génialetoublié.Génial? CartierBresson le considérait comme un grand et l’a fait entrer à l’agence Magnum – «J’aime furtifs d’enfants vagabonds dans la capitale, qu’on ne voit pas en Europe, mais qui le rendront célèbre. Il devient ensuite photographe du magazine brésilien O Cruzeiro. En 1958, le British Council lui offre une bourse d’études à Londres. Il en profite pour prendre contact avec l’agence Magnum, à Paris, qui l’accueille à bras ouverts. Lesuccèsestfoudroyant.SergioLarrainpasse deux années à Paris où il travaille de manière régulière avec la presse européenne, devenant membre de Magnum en 1961. Puis il retourne au Chili, et publie deux livres importants, Un rectangle dans la main (1963) et La Maison sur le sable (1966) sur la fabuleuse villa côtière de Pablo Neruda. De l’amitié entre ces deux poètes, de la rencontreentre la plume etl’objectif, est né un travail de légende. « Neruda habitait une maison dominant la baie, écrit-il. J’ai passé des journées entières avec lui à gravir les rues et à entrer dans les magasins d’articles pour la marine ou les librairies d’occasion. Que de trouvailles à saisir, que de choses à regarder d’en haut » dans le port des cap-horniers, qui se visite à la verticale. De cette collaboration, sortira un livre, Valparaiso (Hazan, 1991). 1931 Naissance à Santiago (Chili) 1950 Achat de son premier Leica 1953 Première exposition à Santiago 1961 Membre de l’agence Magnum 1963 « Un rectangle dans la main » 1991 « Valparaiso » 7 février 2012 Mort à Ovalle (Chili) énormément son sens de la composition et de la poésie », a-t-il dit. Le poète Pablo Neruda l’admirait. L’écrivain argentin Jorge Luis Borges était son ami. John Szarkowski, le puissant directeur du département de la photographie du Musée d’art moderne de New-York, lui a acheté des tirages dans les années 1960. Nombre de photographes le louangent, tel Josef Koudelka ou Martin Parr, qui a accroché une de ses photos dans sa maison de Bristol. Oublié ? Sa carrière est brève, car Sergio Larrain s’est retiré du monde dès la fin des années 1960. Puis il s’est installé en 1979 à Tulahuen, village accroché aux contreforts delacordillèredesAndes.Ilestdevenumystique, disait-on, disciple d’Oscar Ichazo, un gourou péruvien professant le yoga. A ses collègues de Magnum, Sergio Larrain écrivait pourtant jusqu’à deux fois par semaine, de longues lettres sur « la vérité », envoyaitdesdessinsreprésentant untriangle surmonté d’un soleil et demandait qu’ils soient affichés dans l’agence. Sans doute était-il aussi un artiste dont la pureté du regard était inconciliable avec les exigences commerciales du métier de photographe.Dans une lettreau Monde, en 1991, Sergio Larrain expliquait : «Dès que je me suis mis à travailler comme un photographe, toutes les photos, tous les miracles utilisés pour produire de l’argent ont commencé à disparaître. » Cette même année 1991, Arles lui consacrait une exposition, où il n’est pas venu. Gilles Baudin, correspondant du Monde au Chili, avait pris rendez-vousavec lui à Ovalle.«Pourmereconnaître, jeporteraiun pullover jaune», avait-il écrit. Il n’est pas venu. Mais on avait appris qu’il ne vivait pas en reclus, lisait la presse, était passionné par les convulsions planétaires, tout en culti- « Valparaiso ». Photographie de Sergio Larrain prise en 1957 (SERGIO LARRAIN/MAGNUM) vant son jardin – deux hectares de vigne, d’arbres fruitiers et de légumes. Et qu’il continuait à faire des photos, pour le plaisir, et à peindre. « Il peignait extrêmement bien», se souvenait Cartier-Bresson. Né en 1931 à Santiago dans une famille aisée d’origine basque, passionné de musique, Sergio Larrain se découvre une vocation d’agronome en arpentant la propriété de son grand-père. A 18 ans, il part pour la Californie,oùils’inscritàl’universitéBerke- 29 ley, département eaux et forêts. Toujours par courrier au Monde, il expliquait : «Mon père était architecte. C’est dans sa bibliothèque que je me suis formé, c’est de lui que j’ai hérité la passion pour les arts visuels. En 1950, en Californie, j’ai acheté mon premier Leica, et, sans y penser, j’ai appris la technique.» Quand il rentre à Santiago, sans son diplôme d’ingénieur, il a appris un métier sur le tas : photographe. En1953,ilexpose àSantiago ses portraits Comme sur un navire qui tangue Sergio Larrain photographie en noir et blanc, dans la rue surtout. Il découpe la lumière de telle façon qu’il donne l’impression que les jours sont plongés dans la nuit. Lesgenssontcommedesapparitionsfantomatiques. Il prend des libertés rares pour embarquerlespectateurdansdescompositions audacieuses et virtuoses, charnelles et bousculées, comme si on se trouvait sur un navire qui tangue : plongées, contreplongées, perspectives profondes, flous au premier plan, découpe violente de la lumière…Iln’hésitepasàplaquersonappareil au sol, comme il le fait en Italie en 1959, à jeter l’appareil sur les visages d’adolescents, à accompagner le mouvement chaloupé de gamins. Fait rare, Sergio Larrain est plus à l’aise avec le cadrage vertical qu’horizontal, développant des lignes de fuite infinies, notamment dans les encastrements de plans abrupts de Valparaiso. Une de ses photos les plus célèbres, d’esprit surréaliste, montre deux petites filles qui descendent un escalier : « La première photo magique qui se présenta à moi. » Il ajoutait : « La grâce se manifeste lorsqu’on est libre comme un enfant dans sa première découverte de la réalité. » Il a grandi, vite, et il a perdu la grâce. p e ne suis pas du tout la bonne fille que l’on croit. Ni patiente ni indulgente, plutôt teigneuse », avait-elle écrit en ouverture de son autobiographie Les Mémoires de Sophie (éd. de Fallois, 2002). La comédienne Sophie Desmarets est morte, lundi 13 février à Paris, à l’âge de 89 ans. Au théâtre, elle avait joué dans les pièces de Barillet et Grédy, Fleur de cactus et Peau de vache, et par ces rôles, beau- 7 avril 1922 Naissance à Paris 1941 Entrée au Conservatoire 1961 « La Famille Fenouillard » 1964 Création de « Fleur de cactus » 13 février 2012 Mort à Paris coup fait rire, au point de les reprendre régulièrement entre 1964 et 1987. Née le 7 avril 1922 à Paris, la fille de Bob Desmarets, directeur du Vél’ d’Hiv, est pensionnaire en Suisse puis l’élève, à l’âge de 16 ans, de Louis Jouvet au Conservatoire dont, en 1944, elle sort auréolée du premier prix de comédie moderne. Dès lors, sa voie est tracée. Ce sera le théâtre de boulevard dont elle est aprèsguerre l’une des vedettes les plus populaires, avec Jacqueline Maillan. Elle triomphe dans des pièces d’Armand Salacrou, Roger Vitrac, et des spectacles du tandem à succès formé par Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy. Ses deux amis lui donnent le rôle de Potiche, que Catherine Deneuve reprendra au cinéma en 2010 dans une adaptation de François Ozon. Parallèlement, elle mène carrière au cinéma où elle débute dans Premier rendez-vous, d’Henri Decoin. Après quoi, elle obtient des petits rôles dans des comédies sans prétention, aux côtés de Jean Michel Guerrin En 1960. LIMOT/RUE DES ARCHIVES Ethnologue, folkloriste, chercheur d’exception Claude Gaignebet E thno-folkloriste à la verve et à l’érudition vertigineuses, Claude Gaignebet se définissait d’abord comme le fruit de lectures. Jusqu’à sa mort soudaine en plein travail – le dimanche 5 février à son domicile parisien, à 74 ans –, il n’avait cessé de nourrir son œuvre et son regard sur le monde. Claude Gaignebet est né le 24 janvier 1938 à Damas (Syrie). Sa mère enseigne les mathématiques ; son père la métrologie.ElevéauProche-Orient,c’estdèssapetite enfance qu’il découvre in situ, à Beyrouth, à Byblos et à Tyr, la mythologie. Arrivé en France, en Corrèze, à 8 ans, l’enfant prolongecette exploration grâceà la collection « Contes et légendes» de Nathan. C’est en région parisienne que s’achève sa scolarité primaire avec des instits qui allaient, dira-t-il, « du très petit tireur d’oreilles au très grand éveilleur ». Il en gardera un goût immodérédela lecture etun dégoût tenace pour la grammaire et l’arithmétique. Après un baccalauréat sciences naturelles, le jeune Gaignebet s’accorde une année en roue libre aux Etats-Unis. Mais son idée de vivre dans une cabane de rondins, comme le poète Henry David Thoreau, fait place à un retour en France, pour des études parisiennesqui,audépart,patinent.Lespistes amorcées dans les sciences physiques, chimiqueset naturelles,puis dans la médecine préparée deux ans durant, tournent court, forgeant sa conviction que sa voie 24 janvier 1938 Naissance à Damas (Syrie) 2007 Publication de « Lettre à Julien sur Rabelais » 5 février 2012 Mort à Paris En 2009. CARLOS GONZALES SANZ est autre. Cap sur les lettres. En quelques années, trois licences (psychologie, ethnologie, sociologie). Et des maîtres d’exception en sociologie comme en anthropologie : Roger Bastide, André Leroi-Gourhan, GeorgesGurvitch,ClaudeLévi-Strauss,PierreBourdieu…Devenu documentaliste, Gaignebet fréquente la Bibliothèque nationale où, ivre de savoirs, il va de dictionnaires en glossaires, de la Réserve aux Estampes ou aux Manuscrits. Parallèlement, il prend pension chez le grand orientaliste Maxime Rodinson, rue Vaneau. Vient l’heure de choisir un sujet de thèse. Gagné à l’ethnopsychiatrie, Claude Gai- gnebet opte pour « Le Folklore obscène des enfants » sous la direction de Bastide. Jacques Lacan et Georges-Henri Rivière sont au jury. Le travail, d’une écriture étonnamment vivante, est édité en 1974 chez Maisonneuve & Larose (rééd. 2002). Malgré – ouenraison ? – de cecoup d’éclat,ses candidatures échouent au CNRS, aux Arts et traditions populaires. Et s’il multiplie les publications dans les revues savantes, il a du mal à subvenir aux besoins d’une famille – trois enfants qu’il a eus de son épouse Wanda, fille du poète polonais Julian Przybos. Chargé de cours dans diverses universités à Paris et à Strasbourg, il formeà la mythologieettravailleaussi pour la radio, compagnon de route du producteur Claude Mettra aux Chemins de la connaissance (France Culture). Dans son stimulant Carnaval (Payot), Gaignebet explore l’une des liturgies populaires les plus riches et les moins comprises. En un temps où les chaires de folklore n’existent pas en France,celan’aidepasà obtenirlareconnaissan- ce universitaire méritée. Il obtient finalementen1984àNiceunmagistèredeprofesseur qu’il exerce jusqu’en 2002. Mais sa grande affaire devient Rabelais. En témoignent A plus hault sens, sa thèse sur L’Esotérisme spirituel et charnel de Rabelais, plus de deux décennies avant sa lumineuse Lettre à Julien sur Rabelais : Le Tiers Livre et le jeu de l’oie (2007) puis La Dégelée Rabelais (2009). Sa connaissance intime du père de Gargantua, sa profonde empathie pour la philosophie de vie du médecin-conteur l’amènentà cosignerle scénario du beau téléfilm deHervéBaslé,LaTrèsExcellenteet Divertissante vie de François Rabelais, proposée sur France 2 en juillet 2011. Un mois plus tard les habitués des Rencontres d’Aubrac retrouvaient comme chaque été depuis 2005 le folkloriste. Sur ces terres où transitent la foi et l’aventure, tous s’émerveillaient de l’art de Gaignebet, de sa faconde, de sa science inépuisable et de son humour qui en faisaient un orateur d’exception. Salué par Jean Baumgarten pour avoir « courageusement défendu des disciplines actuellement trop en déshérence, en les portant à leur point d’excellence», Claude Gaignebet reste un exemple dans un monde universitaire étriqué où les individualités hors pair n’ont guère de place. p Philippe-Jean Catinchi Poiret, Michel Serrault ou Francis Blanche. Au total, une cinquantaine de films parmi lesquels Rocambole (1947), Si Paris nous était conté (1955), Miss catastrophe (1956), Les trois font la paire (1957), Madame et son auto (1958), Drôles de phénomènes (1959), La Famille Fenouillard (1960), et plus récemment Fantôme avec chauffeur (1996). Sa dernière apparition sera dans Fallait pas !… (1996), de Gérard Jugnot, où elle campe la mère de Michèle Laroque. Elle ne boude pas non plus le petit écran. Sous la direction de Claude Barma, elle est Madame Sans-Gêne (1963) et Hélène ou la joie de vivre (1967). Sa gaîté et sa nature cabotine font d’elle une bonne cliente de la télévision. Elle participe souvent aux émissions de Maritie et Gilbert Carpentier (« Les Grands Enfants », « Numéro 1 ») et les « Grosses Têtes », de Philippe Bouvard sur RTL. « J’aime faire rire et rire moi-même. La gaîté est le plus précieux des biens de ce monde », confiait-elle dans ses mémoires. Elle y révélait le trac qui l’étreignait avant de monter sur scène et ses crises de dépression. En secondes noces, Sophie Desmarets avait épousé, en 1949, l’écrivain et journaliste du Monde Jean de Baroncelli. Ce mariage lui conféra le titre de marquise. Mère de deux filles, l’interprète de Feydeau et de Labiche s’était retirée de la scène au début des années 1990. p Macha Séry n Sur Lemonde.fr Laurent Perrin, réalisateur, par Thomas Sotinel. Luis Alberto Spinetta, figure mythique du rock argentin, par Christine Legrand. 30 météo & jeux < -10° -5 à 0° -10 à -5° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° Lille Reykjavik 4 7 55 km/h 6 9 55 km/h Amiens 3 7 3 8 Brest Metz 4 8 4 8 1 4 4 9 1 Orléans 3 8 1035 Poitiers H 1 7 0 3 0 5 D -9 -3 Barcelone Barcelone Lyon 0 9 Séville A 4 10 Montpellier 0 6 Nice Marseille 3 10 2 10 1 10 Aujourd’hui Jeudi Les nuages l'emporteront sur la majeure 4 partie du pays, excepté en Méditerranée où le soleil restera présent mais avec mistral et tramontane qui souffleront 5 violemment l'après-midi et le soir. Ailleurs, un temps très chargé dominera donc, accompagné de précipitations, surtout sur le Nord-Est. La limite pluie 1 neige remontera au dessus des 400m sur les reliefs de l'Est en journée et le mercure grimpera encore légèrement... Jours suivants Vendredi Samedi Ajaccio 90 km/h -2 10 Lever 02h51 Coucher 11h34 Lever 07h59 Coucher 18h09 55/62 D 4 8 10 5 9 9 0 4 1 Beyrouth Rabat Tripoli Tripoli Dépression 1020 Front chaud Front froid Occlusion Thalweg En Europe Températures à l’aube 1 22 l’après-midi Saint Claude Coeff. de marée Anticyclone Athènes Tunis Tunis Alger Jérusalem Le Caire Pologne Abondantes chutes de neige sur le pays ! Perpignan 3 9 D Istanbul Ankara 1025 -3 3 Toulouse 1005 Bucarest Lisbonne Lisbonne Grenoble Biarritz Odessa Sofia Rome Madrid 0 4 Bordeaux 25 km/h 1005 Zagreb 1010 Belgrade Milan Chamonix Kiev 1000 Budapest Berne 0 5 1025 990 995 Munich Vienne Paris A -1 4 Dijon Clermont-Ferrand Limoges Londres Besançon 4 9 45 km/h 4 Moscou Copenhague 980 Minsk Amsterdam Berlin 985 Varsovie Prague Bruxelles Dublin Strasbourg 05 St-Pétersbourg Riga D Edimbourg 10 Helsinki Oslo Stockholm 1040 Rennes Nantes Mailles extraterrestres 1010 1015 1020 1025 1035 3 7 PARIS Caen 1005 1030 Châlonsen-champagne Rouen 7 10 www.meteonews.fr 4 9 2 6 3 6 4 13 Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Bucarest Budapest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik averseséparses 5 beautemps 4 beautemps 6 giboulées -15 enpartieensoleillé 1 neigesoutenue -2 pluiemodérée 4 éclaircies -15 neigesoutenue -8 pluieetneige 1 éclaircies 8 enpartieensoleillé 6 -5 faibleneige 2 pluieetneige -12 nuagesbas 8 averseséparses 5 beautemps -9 éclaircies 5 éclaircies 1 faiblepluie -2 assezensoleillé -9 faibleneige 11 assezensoleillé 1 beautemps -2 giboulées 7 pluiemodérée 6 10 13 0 3 1 6 -6 1 2 10 11 -3 3 -7 12 14 2 9 4 10 -1 19 3 0 7 Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb -8 -6 giboulées enpartieensoleillé -1 6 enpartieensoleillé -18 0 -3 0 faibleneige -7 -4 nuageux 2 7 averseséparses -10 -1 neigesoutenue -3 2 faibleneige -8 -6 cielcouvert -12 2 nuageux Dans le monde Alger 5 averseséparses Amman 9 nuageux Bangkok 26 assezensoleillé Beyrouth 17 averseséparses Brasilia éclairciespuisorageux17 Buenos Aires assezensoleillé 20 Dakar enpartieensoleillé 20 Djakarta 25 averseséparses Dubai 18 assezensoleillé Hongkong éclaircies 20 Jérusalem nuageux 11 Kinshasa 22 éclaircies Le Caire 15 assezensoleillé Mexico 12 éclaircies Montréal 0 pluieetneige Nairobi enpartieensoleillé 15 11 16 33 21 24 35 22 31 24 22 15 31 24 19 3 27 New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington beautemps 12 23 enpartieensoleillé 1 9 assezensoleillé -7 4 beautemps 17 28 beautemps 3 14 éclairciespuisorageux 24 30 éclaircies -4 1 averseséparses 25 33 enpartieensoleillé 20 24 enpartieensoleillé 1 7 averseséparses 5 13 4 11 assezensoleillé enpartieensoleillé 4 12 enpartieensoleillé 17 18 Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis aversesmodérées 23 25 assezensoleillé 25 éclaircies 27 assezensoleillé 22 assezensoleillé 27 ensoleillépuisorageux Outremer 28 27 27 31 27 31 Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h Dimanche Nord-Ouest 4 9 4 10 7 10 Ile-de-France 4 9 5 9 6 9 Nord-Est 2 5 3 6 3 5 Sud-Ouest 1 9 2 9 2 10 Sud-Est 0 11 -1 12 0 12 CHAQUE MOIS, UNE SÉLECTION DES MEILLEURS ARTICLES DU MONDE. POUR VOUS ABONNER : www.lemonde.fr/abolemensuel Champion l’tricot ! « J’ai remporté le championnat avec le même score que l’année dernière (235 mailles), il me semble que la seconde était à 221 mailles », écrivait en mars 2011, Colette Cauchy, championne de France de vitesse de tricot, dans un forum du salon L’Aiguille en fête. Cette année, cette joute sportive qui consiste à tricoter le maximum de mailles en 3 minutes « au point mousse sur 60 mailles montées avec des aiguilles n˚ 4 », a été remportée par Martine Lambert et ses 240 mailles! Un seul regret, pour ma part, celui que Bob Lennon n’ait pas commenté cette prouesse. Dans une vidéo intitulée « Epic Tricot Combat », c’est avec un engouement et un débit à la Thierry Roland qu’il dispense un cours de tricot sur le montage simple des mailles (bit.ly/AphxYv). Gros plan sur les mains d’une tricoteuse et… «nous sommes ici pour commenter un magnifique match. C’est parti, on enchaîne et ça commence tout de suite. Regardez-moi cette main, cette fine main, cette dextérité absolument incroyable. Elle manie l’aiguille avec talent, une dextérité hors du commun». La voix s’emballe et Bob Lennon s’égosille déjà : «Regardez-moi cette corde, regardez-moi cette corde, elle l’enroule autour du doigt (…), la corde est complètement dominée… » Au paroxysme de l’enthousiasme, il hurle maintenant un « regardez-moi ça, double prise, double prise, la corde va perdre ce match face au tricoteur… Triple prise, quadruple prise… » Pas beau, l’tricot. Le tricot peut être très sport… et très laid aussi. Le Tumblr Brutal Knitting en témoigne (bit.ly/xoaTLV). S’il faut savoir manier l’aiguille pour réaliser les épouvantables masques de cette galerie, il faut aussi avoir un penchant pour les extraterrestres à ranger dans la catégorie « plus hideux, tu meurs ». Quel esprit torve a pu contraindre des mains de fées à tricoter ces visages de laine aux couleurs criardes, aux nuées de yeux globuleux et dotés de tentacules boutonneuses ? Il est temps de contrer l’envahisseur et de remettre la main sur le point de riz, le mousse et le jersey. Dégainons nos aiguilles ! p Courriels Société Maintien du pouvoir d’achat des retraités Après avoir spécifié que les mesures de réduction du déficit budgétaire n’étaient pas de sa compétence, le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a, jeudi 9 février sur France Inter, dérogé à ce sage propos en suggérant de ne pas indexer les retraites sur le coût de la vie. Il semble ignorer que tous les retraités ne sont pas dans la même situation financière : des retraités ont des enfants à charge qui sont étudiants et d’autres ont un conjoint très dépendant. François Hollande ne cesse de répéter que les indispensables efforts contributifs seront équitablement répartis. Didier Migaud, lui, semble méconnaître ce juste objectif. En effet, il existe un impôt sur le revenu qui a le mérite de prendre en compte, à travers un barème, la situation de chaque foyer fiscal. Plutôt que de pointer du doigt une catégorie de Français aux revenus très divers, ce haut responsable aurait dû tenir des propos plus constructifs. Claude Beauvais, Mazangé (Loir-et-Cher) Les soirées télé Les jeux Mots croisés n˚12-039 Sudoku n˚12-039 Solution du n˚12-038 Mardi 14 février TF 1 1 2 Mercredi 15 février 2012 C’est tout Net! Marlène Duretz > 35° 990En Europe Mercredi 15 février D 995 12h TU Frais, perturbé sur l’Est, plus doux à l’Ouest 15.02.2012 1000 1005 Cherbourg 0123 écrans 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12 6 I 9 II 1 4 3 2 III 7 IV 3 V 9 VI 6 VII 2 VIII 7 IX X Horizontalement I. Bonnes pâtes poitevines. II. Suivie de très près par les médias. Conjonction. III. S’oppose à tout. Fait partie d’un tout. IV. Hardis mais très souvent présomptueux. V. Plutôt agréable de rouler dessus. Explore à pleine main. Le petit est souvent corsé. VI. Du genre nunuche. Devoir qui n’est souvent qu’une reproduction. VII. Hercule la libéra de son lion. Point de départ. VIII. Bien préparées. Roule au hasard. IX. Personnel. Piégé pour être dévoré par les gourmets. X. Remue-méninges pour préparer une bonne démonstration. Solution du n° 12 - 038 Verticalement 1. Avec lui, vous pourrez faire tapisserie. 2. Travaille le minerai. Donné avant exécution. 3. Fait partie d’un ensemble. Maillon de la chaîne. 4. Deux verres avec elles pour éviter les dégâts. 5. Article. Mise à nu. 6. Parménide, Zénon ou autre philosophe. Donné pour être suivi. 7. Porteur de liquide hépatique. Capitale chez les Suisses. 8. Supprimer. Groupe social. 9. Espace sacré. Club phocéen. 10. Source pour La Fontaine. Pan. 11. Beau chevalier. Romains. Cran de la ceinture. 12. Réunirent les bords. Philippe Dupuis Horizontalement Verticalement I. Sauf-conduits. II. Enserre. Noue. III. Roi. Saké. Lac. IV. Rune. Lance. V. Erections. Nu. VI. Ferres. Pur. VII. Aires. Sali. VIII. La. Tréteau. IX. Ernée. Ovulât. X. Scissiparité. 1. Serre-files. 2. Anoure. Arc. 3. Usinera. Ni. 4. Fe. Ecrites. 5. CRS. Terres. 6. Oralisée. 7. Nékao. Stop. 8. Enns. Eva. 9. Un. Cs. Saur. 10. Iole. Pauli. 11. Tua. Nul. At. 12. Secouriste. 8 5 9 4 5 6 7 3 3 9 5 1 6 7 8 2 4 6 4 7 8 3 2 9 5 1 7 3 4 6 2 8 5 1 9 5 6 1 7 9 4 2 3 8 8 2 9 5 1 3 7 4 6 9 7 3 4 5 6 1 8 2 1 8 2 3 7 9 4 6 5 4 5 6 2 8 1 3 9 7 4 Complétez toute la grille avec des chiffres allant de 1 à 9. Chaque chiffre ne doit être utilisé qu’une seule fois par ligne, par colonne et par carré de neuf cases. 5 6 8 Moyen 1 8 1 9 2 7 3 4 2 20.50 Dr House. Série. On fait quoi maintenant ? Egoïste U (S7, 1 et 2/23, inédit) ; Comme un chef (S6, 2/21) U. 23.15 Enquêtes et révélations. Magnétiseurs et exorcistes : enquête sur l’univers des guérisseurs U. Magazine. 0.55 Appels d’urgence (90 min). 20.35 Toussaint Louverture. Le Combat des aigles. Téléfilm. Philippe Niang. Avec Jimmy Jean-Louis, Aïssa Maïga [1/2] (2012). 22.15 Infrarouge. La Résistance [1 et 2/2] : Vivre libre ou mourir U. Quand il fallait sauver les juifs (2007, 185 min). FRANCE 3 20.35 Je crois que je l’aime p Loto Film Pierre Jolivet. Avec Vincent Lindon, Sandrine Bonnaire, François Berléand (France, 2007 ). 22.15 et 1.40 Soir 3. 22.35 Ce soir (ou jamais !). Magazine. Présenté par Frédéric Taddeï (120 min). 9, 22, 23, 24, 36 ; numéro chance : 5. Rapports : 5 bons numéros et numéro chance : 9 000 000,00 ¤ ; 5 bons numéros : pas de gagnant ; 4 bons numéros : 1 607,70 ¤ ; 3 bons numéros : 10,20 ¤ ; 2 bons numéros : 4,80 ¤. Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées. Joker : 4 864 578. Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croisés et sudoku. Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : [email protected] Médiateur : [email protected] Abonnements : par téléphone : de France 32-89 (0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89. Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤ Internet : site d’information: www.lemonde.fr finances : http://finance.lemonde.fr Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr Documentation : http ://archives.lemonde.fr Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60 TF 1 20.50 Grey’s Anatomy. Série. Guérir, ensemble. Là où on doit être. S’adapter ou mourir. Seule au monde (S7, 19 à 22/22, inédit). Avec Ellen Pompeo. 0.05 Nikita. Série. Donnant, donnant. Noirs secrets (S1, 17 et 18/22, inédit, 90 min) U. FRANCE 2 FRANCE 2 Réalisé par Yan Georget Résultats du tirage du lundi 13 février. Mercredi 15 février CANAL + 20.35 Toussaint Louverture. Le Combat des aigles. Téléfilm. Philippe Niang. Avec Jimmy Jean-Louis. [2/2] (France, 2012). 22.10 Toussaint Louverture, un combat pour la liberté. Débat. Invités : Jimmy Jean-Louis, Marcel Dorigny, Françoise Vergès, Lilian Thuram, Sonia Rolland. 22.50 Secrets de famille. Magazine. 0.40 Des mots de minuit. Invités : Pierre Joxe, Pierre Guillois, Dorothée Smith, Benjamin Coriat, Emma Dante... (113 min). FRANCE 3 20.35 Des racines et des ailes. Unesco : les 40 ans du Patrimoine mondial. Présenté par Louis Laforge. Invitée : Irina Bokova. 22.35 et 2.05 Soir 3. 23.05 L’Ombre d’un doute (70 min). 20.45 Football. Ligue des champions (8es de finale aller) : Lyon - APOEL Nicosie (Chypre). En direct. 22.35 Les autres rencontres de la soirée. 23.15 The People vs George Lucas p Film Alexandre O. Philippe (EU - GB, 2010, v.o.). 0.45 Libre échange Film Serge Gisquière. Avec Carole Bouquet (France, 2010, 80 min) U. ARTE CANAL + 20.45 Football. Ligue des champions (8es de finale aller) ; Milan AC (It.) - Arsenal (GB). En direct. 22.50 Sans identité Film Jaume Collet-Serra. Avec Liam Neeson, Diane Kruger, January Jones (coprod., 2011) U. 0.40 Faites le mur ! ppp Film Banksy (GB - EU, 2010, v.o., 85 min). 20.34 Thema - Françallemagne : un destin, deux mondes. Françallemagne : un destin, deux mondes. Présenté par Emilie Aubry et Andrea Fies. 22.10 Le Dessous des cartes. MSF : des actes à la parole. Magazine. 22.25 WikiLeaks. Secrets et mensonges. Documentaire. Patrick Forbes (2012). 23.50 Uranium et gâteau jaune. Le Mythe de l’énergie propre (2010, 105 min). ARTE 20.35 A propos d’Elly pp Film Asghar Farhadi. Avec Golshifteh Farahani, Taraneh Alidoosti (Iran, 2009, v.o.). 22.30 L’Usine à rêves socialiste. Le Cinéma soviétique de l’entre-deux-guerres. 23.30 Octobre ppp Film Sergei M. Eisenstein et Grigori Alexandrov. Avec Vassili Nikandrov (1927, muet, N., 120 min). M6 20.50 Million Dollar Baby pp p Film Clint Eastwood. Avec Clint Eastwood, Hilary Swank, Morgan Freeman (Etats-Unis, 2004) U. 23.10 Harcelés Film Neil LaBute. Avec Samuel L. Jackson (EU, 2008, 125 min) U. M6 20.50 Maison à vendre. Magazine. 0.00 C’est du propre ! Philippe et Angèle : une maison de famille qui a tout d’un squat (55 min). 0123 carnet Mercredi 15 février 2012 ! "# $! % &% ' /"" ( )!!!* !! !!* !* +,!- . // 012!* !* ! !!* !! 12!* 3 ! . // /42!! . // Benjamin et Christopher Swaim, ses fils, Camille Maury, sa belle-fille, Raphaël et Pierre Swaim, ses petits-enfants, Sophie de Montety, sa pupille, Ses frères et soeurs, Ses nièces et neveux, ont la tristesse d’annoncer la mort de Odile des MAZERY - SWAIM, survenue mercredi 8 février 2012, des suites d’un cancer. L’enterrement aura lieu vendredi 17 février, à 12 h 30, au cimetière de Férrières-en-Gâtinais (Loiret), 60, rue des fossés prolongée (D96). Anne Bellanger, son épouse, Joseph et Harry, ses enfants, Gardner et Patrice Bellanger, ses parents, Vanessa et Antoine Bellanger-Rauffet sa sœur et son beau-frère, Louis, Augustin, Helie, ses neveux, /"" -!*&( $&!) . (!$ / 0 12 12 12 AU CARNET DU «MONDE» Anniversaire de naissance *" Le 15 février 1992, naissait, pour la plus grande joie de ses parents, un magnifique bébé aux belles joues orangées. Aujourd’hui, tes grands-parents, Emma, ta maman, et tous ceux qui t’aiment te souhaitent un très bel anniversaire. David Coleman BELLANGER, survenu le 7 février 2012, à Paris, à l’âge de quarante-deux ans Cet avis tient lieu de faire-part. Les personnels CFE-CGC de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale, ont la tristesse de faire part du décès, survenu la nuit du 8 au 9 février, de Michèle BROUWER, militante syndicale, qui a porté de façon exceptionnelle l’engagement syndical et les valeurs de l’amitié. Ils adressent à sa famille leurs plus sincères condoléances. Édith D’Hondt, son épouse, Sa famille, Ses amis, ont la tristesse de faire part du décès de La vie est un merveilleux cadeau, remplie de douces surprises. *" Et si parfois sur ton chemin, tu rencontres quelques ennuis, sois forte, combative et juste. Que les désirs chers à ton cœur se réalisent, et que ce jour et les suivants se composent de petits et grands bonheurs ! Aujourd’hui tu as 20 ans. On t’aime fort ! Décès La famille Ballet, a la grande tristesse de faire part du décès de !"#$% &'( )" *+ ,-. "# ('& ' #% ('& ''(& Bernard Bourgeois, président d’honneur, Didier Deleule, président, Le bureau de la Société française de philosophie, ont la tristesse de faire part du décès de Jacques D’HONDT, Jacqueline BALLET, professeur émérite des Universités (philosophie), fondateur et directeur du centre de recherche Hegel et Marx de Poitiers, président de la Société française de philosophie (1982-1991), président de l’association des Sociétés de philosophie de langue française (1988-1996), L’inhumation aura lieu au cimetière du Père-Lachaise, le jeudi 16 février, à 14 heures, rendez-vous, 7, boulevard de Ménilmontant, Paris 11e. Marion ! Jacques D’HONDT, survenu à Paris le 10 février 2012. Joyeux anniversaire, survenu le 11 février 2012. président de la Société française de philosophie (1982-1991), survenu à Paris, le 10 février 2012. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 15 février, à 14 h 30, en l’église Saint-Honoré-d’Eylau, Paris 16e. On se réunira au cimetière du PèreLachaise, 7, boulevard de Ménilmontant, Paris 11e, le jeudi 16 février, à 14 heures. Bernard et Ningnong Blum, Françoise Blum, Béatrice et Christian Bouma, ses enfants, Emilie, Stéphane, Samantha, Matthieu et Louis, ses petits-enfants, Janine Pierre-Kahn, sa sœur, Marie-Thérèse Doineau, son épouse, Marie-Frédérique, Christophe, Jean, Charles et Marie-Elisabeth, ses enfants, Catherine, Marie-Claude, Marie-Noëlle, ses belles-filles, Céline et Brice, David, Romain, Samuel, Lucie, Yann, Laure, Octave, Raphaëlle, Agathe, Benoît et Thibault, ses petits-enfants Et toute la famille, ont la tristesse de faire part du décès de M. René BLUM, survenu le samedi 4 février 2012. Les obsèques ont eu lieu le lundi 13 février, au cimetière ancien de Neuillysur-Seine. Cet avis tient lieu de faire-part. ont l’immense tristesse de faire part du décès accidentel de Devy ERLIH, ont la tristesse de faire part du décès du médecin général Claude DOINEAU, ont la tristesse de faire part du décès de Eric NELSON, survenu à Paris, le 7 février 2012, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Les obsèques auront lieu le vendredi 17 février, à 14 h 15, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise. Cet avis tient lieu de faire-part. 155, quai de Valmy, 75010 Paris. Le conseil d’administration, La direction, l’administration, Les professeurs et les élèves de L’École normale de musique de Paris Alfred Cortot, ont l’immense tristesse de faire part du décès de professeur de violon et de musique de chambre à l’École normale de musique de Paris depuis 1995, et présentent leurs sincères condoléances à sa famille, ses amis et ses élèves. La cérémonie d’adieu aura lieu le vendredi 17 février 2012, à 14 h 15, au crématorium du cimetière du PèreLachaise, Paris 20e. Christian et Anne Flamant, Marc Flamant, Noëlle et Paul Triki, ses enfants et leurs conjoints, Nicolas, Eric, Aurélie, Claire, Estelle, Alexandre et Camille, ses petits-enfants, Romain, Léa, Louis, Johan et Leïla, ses arrière-petits-enfants Et toute sa famille, ont la douleur de faire part du décès de président de la Chambre d’agriculture de la Guadeloupe, président honoraire du conseil d’administration de l’ODEADOM, membre du conseil d’administration de l’ODEADOM, survenu le 10 février 2012. me M Liisa Aarnio, son épouse, Les familles Courteaud, Grandchamp, Tartamella, ses neveux et nièces, ont la profonde tristesse de faire part du décès de M. Claude PERRUCHOT, professeur émérite de Boston University, chevalier des Palmes académiques, survenu le 9 février 2012, dans sa quatre-vingt-sixième année. Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité, au crématorium d’Aix-en-Provence, le 13 février. 501, chemin des Eyssarettes, 13122 Ventabren. Mme Marguerite Dollmann, sa sœur, Mme Martine Dollmann et ses enfants, Mme Michèle Dollmann et sa fille, ses nièces, petit-neveu et petites-nièces Et toute la famille, ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu de Mme Madeleine PALLU, survenu le 11 février 2012, à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). La cérémonie civile sera célébrée le jeudi 6 février, à 16 heures, au crématorium de Manosque. M. Léon FLAMANT, chevalier de l’ordre national du Mérite, chevalier de l’ordre du Million d’Éléphants et du Parasol blanc (Laos), receveur-percepteur des finances (OM), survenu subitement le 9 février 2012, à son domicile, à Saint-Clémentde-Rivière, dans sa quatre-vingtquatorzième année. Une cérémonie religieuse aura lieu le mercredi 15 février, à 9 heures, en l’église de Saint-Clément-de-Rivière (Hérault). L’inhumation, auprès de sa femme, aura lieu le vendredi 17 février, à 11 h 30, à Saint-Just-en-Chaussée (Oise). Wanda, Christine, Élise, Julien, Constance, Kinga, Martin, Jean, Charles, Léon, Thérèse, Étienne, Toute la famille, ont l’immense douleur de faire part du décès de Claude GAIGNEBET, humaniste érudit, folkloriste, ethnologue, survenu le 5 février 2012, jour Sainte-Agathe. La levée de corps se fera au funérarium, 19 bis, rue Henri Dunant, à Athis-Mons, le mercredi 15 février, à 14 h 30. L’inhumation aura lieu à l’ancien cimetière de Villeneuve-le-Roi, route de Choisy, à 15 heures. « Certaine gaieté d’esprit confite en mépris des choses fortuites. » 37, quai Pasteur, 94480 Ablon-sur-Seine. [email protected] M. Jérôme Lion, son fils ainsi que ses filles, Emmanuelle Gros, Valentine Lion et son beau-fils, Andrea Bozzi, ont la douleur de faire part du décès de Mme Jacqueline LION, née BAUER, survenu le 10 février 2012, dans sa quatre-vingt-dix-huitième année. survenu le 11 février 2012. Les obsèques seront célébrées à 14 heures, le jeudi 16 février, en la chapelle du Val-de-Grâce, Paris 5e. Gabrielle Nicolas, présidente du conseil d’administration de l’Office de développement de l’économie agricole d’Outre-Mer (ODEADOM), Isabelle Chmitelin, directrice de l’ODEADOM, Le conseil d’administration Et l’ensemble du personnel, violoniste, M. Devy ERLIH, ont la tristesse de faire part du décès de 5 ! 6 ! ! ! ! . 7 !"# $ %&'() *+(+) , Christine Jolivet-Erlih, son épouse, Charlotte, Elisabeth et Erika, ses filles Et toute sa famille, Les obsèques religieuses auront lieu le mercredi 15 février, à 12 heures, au cimetière du Montparnasse, 3, boulevard Edgar Quinet, à Paris 14e. Michèle de La Rochefoucauld, Nicole Chapuis, ses filles, Sophie et Jorge, Claire et Olivier, Anne et Christophe, ses petits-enfants, Ana, Suzanne, Valentin, Simon, ses arrière-petits-enfants, ont la douleur de faire part du décès de Rachel PODROZNIK, survenu le 11 février 2012, à l’âge de quatre-vingt-quinze ans. Et rappellent le souvenir de son époux, Charles PODROZNIK, décédé le 10 août 1989. L’inhumation aura lieu le mardi 14 février, à 15 heures, au cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine). Geneviève Robert, son épouse, Anne-Françoise, Marie-Elisabeth, Chantal, Catherine, Dominique, François, Claude ses enfants et leurs conjoints, Françoise, Jean-Denis, Bénédicte, Stéphanie, Clémentine, Damien, Géraldine, Xavier, Benjamine, Alexis, Paul, Antonin, Eve, Justin, ses petits-enfants et leurs conjoints, Loïc, Liloo, Stephen, Clément, Laura, Félix, Chloé, Lucken, Anaïs, Clothilde, Tristan, Marion, Charlotte, Amélie, Nolhan, ses arrière-petits-enfants, Toute sa famille, ont la tristesse de faire part du décès, survenu le 11 février 2012, de André ROBERT, né le 24 avril 1922, directeur honoraire de la Banque de France, ancien réfractaire. Il a rejoint la maman de ses sept enfants, Denise ROBERT, née BLEYON, décédée le 29 août 1972. La cérémonie aura lieu le vendredi 17 février, à 16 heures, en l’église NotreDame des Chênes, à Grasse. Les Concerts de Valmalète, ont la douleur de faire part du décès de Ulla SULZBERGER, survenu le 8 février 2012. Une messe sera dite pour elle le mercredi 15 février, à 10 h 30, en la basilique Sainte-Clotilde, Paris 7e. Cet avis tient lieu de faire-part. 31 Pascale Hanoka-Boulard, sa fille, Sébastien Kito et Laurent Onteniente, ses fils et leurs conjoints, Ses petits-enfants, André Tabaret-Louvat, son frère, Odette, sa belle-sœur, Leurs enfants, Sa famille et tous ses amis, ont la grande tristesse de faire part du décès de Denise TABARET-LOUVAT, dite Kito, figure de Montparnasse, survenu le 11 février 2012, à l’âge de quatre-vingts ans. On se réunira le jeudi 16 février, à 14 h 15, au cimetière du Montparnasse, 3, boulevard Edgar Quinet, Paris 14e. Philippe, Alain, Cécile, ses enfants Et Sylvie, ont la tristesse de faire part du décès de Mariette TRUFFAULT, née COURCIÉRAS, survenu le 8 février 2012, dans sa quatre-vingt-sixième année. Nous lui dirons au revoir le vendredi 17 février, à 14 h 30, en l’église Saint-Léon, 1, place du Cardinal Amette, à Paris 15e. Elle sera inhumée au cimetière sud, rue de la Coussaye, à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise), le même jour, à 16 h 30. Philippe, Alain, Cécile Truffault, 8, rue Villebois-Mareuil, 95880 Enghien-les-Bains. Tél. : 01 34 12 12 12. [email protected] La Péniche des Restos du Cœur, Ses salariés, Ses 180 bénévoles, ont la douleur de faire part du décès de son directeur, Falakiko TUHIMUTU, survenu le 13 février 2012. Tania de Oliveira, sa fille, Geraldo de Oliveira Gilles Viénot, son père, Et toute sa famille, font part du décès de Martine VIÉNOT, survenu le 10 février 2012. Une cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 16 février, à 11 heures, en l’église Sainte-Geneviève d’Asnières, suivie de l’incinération à 13 h 30, au crématorium des Joncherolles, 95, rue Marcel Sembat, Villetaneuse (Seine-Saint-Denis). Communications diverses Centre communautaire de Paris : Débats - mercredi 15 février 2012, à 19 h 30 - La démocratie en terre d’Islam : aspiration ou illusion avec Alexandre Adler et Martine Gozlan Tél. : 01 53 20 52 52. www.centrecomparis.com (PAF). 10e Forum mondial du développement durable « Instabilité, Précarité, Remondialisation » De la Méditérranée à la Chine, l’émergence d’un nouveau monde. Les jeudi 23 février 2012, de 13 heures à 18 heures, et vendredi 24 février, de 8 h 30 à 18 heures, à l’amphithéâtre des Vallières de l’Ecole militaire de Paris, 1 place Joffre, Paris 7e (métro Ecole militaire). Intervenants confirmés: S. Abdullahi ; K. Aboudiab ; Y. Amrani ; M.-F. Baslez ; A. Benantar ; F. Ben Brahim ; J. Bergougnoux ; F. Boulot ; P.-F. Chevet ; J. Decaillon ; M. Derdevet ; S. Dounia ; Amiral J. Dufourcq ; B. Gallet ; S. Gompertz ; L. J. Gregoire ; D. Hamon ; N. Hitti ; P. Hugon ; C. Josselin ; C. Jouanno ; C. Lievens ; E. H. Malet ; J.-B. Mattei ; A. Mebtoul ; P. Meunier ; S. Michailof ; E. Molinié ; J.-J. Moreau ; M. Okorny ; J. Percebois ; P. Pintiaux ; P. Pougnaud ; R. Pourtier ; H. Prévot ; R. Rancière ; A.-C. Ribadeau-Dumas ; C. Sari ; B. Saincy ; G. Serre ; D. Simonneau ; A. Vallée ; B. Villeneuve; P. Widloecher ; M. Zaoui. Revue Passages et ADAPes, entrée libre et inscriptions obligatoire : [email protected], [email protected] . 32 0123 0123 Mercredi 15 février 2012 Le coupeur de roses de jadis et de demain Lettre de la City Marc Roche O livier Cadic est une sorte de comète. Le Rastignac a connu une éphémère célébrité en 1996 lorsque, jeune homme, il eut l’idée de créer une association à consonance gaullienne, La France libre d’entreprendre, dont le but était d’aider les patrons et cadres français désireux de s’installer outreManche. Ces jeunes loups affirmaient fuir le poids exorbitant de l’impôt et les contraintes administratives étouffantes de la mère patrie. L’organisation s’était toutefois sabordée en 2003, faute de combattants. En 2012, à l’approche de l’élection présidentielle et de la possible victoire de François Hollande, Olivier Cadic recouvre la célébrité en remettant sur le tapis la même affaire, la même conviction dans le plaidoyer et les mêmes formules à l’emporte-pièce : si la gauche devait l’emporter, hauts revenus et entrepreneurs prendront la direction de l’Angleterre avec armes et bagages. Vingt ans après, une même épopée de mousquetaire… A lire l’interview accordée par Olivier Cadic au quotidien conservateur The Times, l’affaire est entendue comme les hirondelles font le printemps : « Nous recevons de plus en plus de demandes liées à un sentiment d’insécurité provoqué par une atmosphère d’incertitude fiscale. » D’ailleurs, le conseiller élu pour la circonscription du Royaume-Uni de l’Assemblée des Français de l’étranger a créé une cellule spéciale « corporate » pour aider les fugitifs. « Nous travaillons en totale symbiose avec l’ambassade », dit-il. Bien sûr, la représentation de la France auprès de la Cour de Saint-James, peu C’est tout vu ! | Chronique télé par Isabelle Talès Au théâtre (afghan) ce soir O n s’habitue à tout. Même à la guerre, et surtout aux images de la guerre. Depuis plus de dix ans, les reportages « embedded » en Afghanistan se sont multipliés à la télévision, créant à la fois une esthétique et un imaginaire. C’est si vrai que le théâtre des opérations afghan a fini par inspirer une comédie, « Kaboul Kitchen », diffusée lundi 13 février sur Canal+. La série repose sur l’exploitation habile des stéréotypes que le conflit a fini par installer. L’humanitaire idéaliste, le barbu sourcilleux, le colonel corrompu entourent un archétype bien de chez nous, le bistrotier aussi franchouillard que débrouillard. A peine un petit rappel des faits dans le générique – le 11-Septembre, George W.Bush, Ben Laden, les talibans… –, et nous voilà dans la cuisine de Jacky (Gilbert Melki), au cœur de Kaboul, à deux pas de la guerre. Mais comme on s’assiérait au bar de «Plus belle la vie » ou dans un canapé de « Scènes de ménage». Les appels du muezzin, le vrombissement des hélicoptères, la charia, les mafias… Tout nous est familier au point de pouvoir en rire. Quand les portes de la «Kaboul Kitchen» se referment, on peut encore pousser celles du « Kandahar Saloon ». Cette fois, ce n’est plus de la comédie, mais un nouveau reportage embedded sur «la faillite de la guerre high-tech», réalisé auprès de l’armée américaine par Patrick Forestier et Patrick Chauvel pour le magazine «Spécial Investigation» de Canal+. A la base de Kandahar, bout d’Amérique en territoire ennemi, les soldats retrouvent les fast-foods et la télévision comme au pays. Comme dans un western aussi, ou un jeu vidéo. Il y a toujours un peu de tout cela quand l’US Army laisse entrevoir à la fois sa puissance de feu et son impuissance de fait. Il nous semble d’ailleurs avoir déjà vu ces imageslà: la lumière verte des caméras à vision nocturne, l’écran de contrôle noir et blanc d’un drone… Côté western (et même western spaghetti), voilà le lieutenant-colonel Paganini, à qui le commandement d’un escadron de cavalerie donne le droit de porter le chapeau des tuniques bleues, et voici des photos de chefs talibans recherchés «morts ou vifs ». Pour le jeu vidéo, on écoute une énième histoire de missile déclenché à 12000km de là par un geste comparable à la manipulation d’un Tout nous est familier au point de pouvoir en rire joystick. On a aussi droit à une patrouille dans un village où le moindre mouvement, chaque bruit sont devenus suspects. En l’occurrence un villageois qui remplit son devoir d’hospitalité – il offre du thé – et un chien qui accomplit son boulot de chien – il aboie. Des reporters embedded, une armée empêtrée, et nous, bien embêtée. A-t-on le droit de se lasser des images du conflit afghan? Lundi soir, on a aussi croisé à Kandahar quelqu’un qui n’aurait jamais dû s’y trouver: une Canadienne dont le fils est mort en Afghanistan en 2008. Elle est venue travailler dans un restaurant de la base pour «être plus près » de lui, ou en tout cas de sa photo sur une stèle. Et loin des clichés, du western, des jeux vidéo. p A ne pas manquer sur 0123.fr Eclairage Se battre contre le gaspillage alimentaire En Grande-Bretagne, les supermarchés misent sur de nouveaux étiquetages pour inciter les consommateurs à avoir le réflexe congélation, plutôt que de jeter des aliments injustement jugés impropres à la consommation. Si le problème du gaspillage des aliments est particulièrement alarmant outre-Manche, il concerne plus largement l’Europe et l’Amérique du Nord, comme en témoignent les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Du producteur au consommateur, les responsabilités sont partagées. Comment éviter ce grand gâchis ? www.lemonde.fr/planete/ pTirage du Monde daté mardi 14 février 2012 : 359 861 exemplaires. 123 réputée pour son goût de la fantaisie, affirme tout ignorer d’une telle aide logistique apportée à la future immigration dorée. La France roulerait donc à gauche, et le Times assure la police de la route. Proche de la majorité présidentielle, Cadic s’attend à une première vague d’arrivées à la rentrée 2012 à l’issue de la promulgation des mesures fiscales du gouvernement de gauche, puis à un second afflux, encore plus important, à l’automne 2013, lorsque les hausses d’impôts se feront vraiment sentir. D’ailleurs, une armée d’avocats, de fiscalistes et d’agents immobiliers est déjà mobilisée pour aider les candidats à la cavale à élire domicile dans un pays qui les accueillera les bras ouverts. Ce havre de paix fiscale, qui multiplie les détaxations et exemptions de tous ordres au profit des entrepreneurs et des cadres supérieurs, est un vrai bastion du libéralisme économique. La stabilité politique est assurée par un gouvernement de centre droit jusqu’à au moins 2015, la date butoir des prochaines élections générales. Nous voilà revenus aux temps des émigrés de Coblence ! Les éructations passées et présentes du « coupeur de roses » n’impressionnent guère Axelle Lemaire, présidente de la section PS de Londres. « Les patrons français font de plus en plus confiance à François Hollande pour créer l’environnement qui sera favorable au retour de l’investissement dans les PME. » Algarades franco-franchouillardes à l’approche de l’élection présidentielle ? Pas seulement. Chercheurs à l’université du Middlesex, Joe Mulholland et Louise Ryan ont soulevé le béret des Français de la City pour découvrir quel plat pouvait bien mijoter. Deux groupes ont été disséqués : les expatriés envoyés par leur employeur dans le cadre d’un plan de carrière à l’international et les migrants économiques diplômés venus tenter leur chance dans la haute finance. Une armée d’avocats, de fiscalistes et d’agents immobiliers est déjà mobilisée pour aider les candidats à la cavale à élire domicile dans unpays qui les accueillera à bras ouverts A en croire Joe Mulholland, « aux yeux des personnes que nous avons interrogées à Londres, la méritocratie l’emporte sur les études supérieures, l’avenir sur le passé, la flexibilité du marché du travail sur les archaïsmes prévalant en France ». A cela s’ajoutent un sentiment de liberté, l’importance de la langue anglaise et une ville plus cosmopolite que Paris. Talent rimant aussi avec argent, les nouveaux venus pensent qu’en cas de succès ils peu- vent gagner dix, vingt, cent fois plus que dans l’Hexagone. Selon l’Institut britannique de statistiques, en 2010, la communauté française au Royaume-Uni était forte de 111 000 âmes, contre 38 000 en 2001. Pour sa part, le consulat estime ce nombre à 350 000, ce qui place la capitale britannique au rang d’une ville comme Toulouse. Ces chiffres en tout cas trottent dans la tête du maire conservateur de Londres, Boris Johnson, soumis à réélection début mai. Pétillant comme le champagne, l’édile, dans son exubérance coutumière, a lancé un appel direct aux « Frenchies » pour les attirer dans la City : « Bienvenue à Londres, capitale de la finance, à votre porte. Si votre président ne veut pas les emplois, les opportunités et la croissance économique que vous apportez, nous les voulons. » Cet homme intuitif à la mèche blonde rebelle renvoie Nicolas Sarkozy et François Hollande dos à dos. Le premier, qui était venu en 2007 au Billingsgate Market « saluer » le capitalisme, est partisan aujourd’hui d’une taxe sur les transactions financières. Quant au second, il rend les seigneurs de l’argent responsables des difficultés économiques de la France. Le candidat socialiste a d’ailleurs décidé de « snober » la première place financière mondiale lors de son déplacement, le 22 février, à Londres. La punition est sévère. p [email protected]