Le sauvetage du parquet - ARC

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Le sauvetage du parquet - ARC
Atelier Régional de Conservation
Une exceptionnelle opération de sauvetage
Le parquet en quelques chiffres :
- Superficie : 155 m2 (9,30 x 7,30 m et 9,10 x 9,10 m)
- Volume : 4,65 m3
- 750 éléments composés d’un support en résineux recouvert d’une mosaïque de bois
divers (environ 10 essences)
- Panneaux carrés de 45 x 45 cm ; panneau central 135 x 135 cm; panneaux des
bordures : 50 x 300 cm
- Epaisseur des bois de la mosaïque : 9 à 3 mm
- Poids total avant traitement : 2 tonnes
- Poids total après traitement : 4,5 tonnes
- Durée du traitement : 1 mois
Pourquoi traiter ?
En 1969, la Ville de Grenoble manifesta son intention de rénover le parquet, très altéré, de la
salle des mariages de l’ancien Hôtel de Ville, destinée à devenir le musée Stendhal.
Depuis la réfection du parquet un siècle auparavant, certaines zones avaient été fortement
attaquées par les moisissures et les insectes xylophages, ce qui avait largement contribué à
amoindrir la résistance mécanique.
L’épaisseur initiale des bois avait, par endroits, été réduite de 9 à 3 mm, une usure explicable
par la forte fréquentation des lieux, et aussi l’usage -abusif selon certains !- de chaussures à
talons aiguilles.
Louis de Nadaillac, ingénieur de la section d’application des radioéléments et des
rayonnements au Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble, proposa alors à la Ville et au
ministère des Affaires culturelles (direction de l’architecture) de transposer un procédé
industriel de fabrication de « bois-plastique » (ou « bois densifié ») pour consolider,
définitivement et à cœur, le bois de ce parquet historique.
Après de nombreux tests pour vérifier la tenue des colles anciennes, les variations de
dimensions des bois ou leur déformation, le projet, innovant pour un bien patrimonial culturel,
fut accepté.
Le traitement « Nucléart » -imprégnation de résine polymérisée (durcie) par irradiation- fut
mis en œuvre entre mars et mai 1970.
Comment traiter ?
Après démontage et transport au CEA, les panneaux furent placés dans des cadres destinés à
faciliter leur manutention et assurer leur protection.
Atelier Régional de Conservation
Le traitement a, dès lors, véritablement commencé :
- mise en place des cadres dans une cuve d’imprégnation où un vide partiel, destiné à
chasser l’air des cellules du bois, a été établi pendant 5 heures,
- introduction du monomère, le méthacrylate de méthyle, dans la cuve et mise sous
pression d’azote pour favoriser l’imprégnation du bois, durant 16 h
- irradiation sous rayonnement gamma, émis par des sources de cobalt 60, à une dose de
20 kilograys pour polymérisation de la résine in situ, durant 8 h.
Pour éviter les déformations des panneaux les plus grands, irradiation à plat et sous
presse.
- Certains panneaux carrés, légèrement déformés au cours du traitement, ont ensuite été
chauffés sous presse afin de faciliter leur repose.
Le traitement terminé, les panneaux furent réacheminés à l’Hôtel de Lesdiguières où le
remontage minutieux fut effectué sans difficulté par des menuisiers.
Les résultats du traitement :
- Le bois est consolidé à cœur (composite, bois-résine) ; la surface du parquet, elle, est
moins imprégnée et peut donc être entretenue de façon classique.
- Les insectes xylophages et autres agents biologiques ne peuvent plus dégrader le bois.
- Depuis 40 ans, le parquet est stable et se comporte de façon satisfaisante.