Revue belge de numismatique et de sigillographie

Transcription

Revue belge de numismatique et de sigillographie
,
REYUE
NUMISMATIQUE
BELGE
PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA SOCIÉTÉ NUMISMATIQUE,
PAR MM.
R.
CHALON ET
3« SÉRIE.
—
L.
DE COSTER.
TOME
VI.
BRUXELLES,
,
LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE BELGE D'AUG. DEGQ
9
,
RUE DE LA MADELEINE.
1862
—
466
—
LA PLUS
DES ABBESSES DE THORN.
Planche XXIV, n»
Tête de
profil, à
une branche
2.
gauche, ayant devant
fleurie
elle
un rameau ou
terminée par une croisetle
:
"^
AML
SAC
— Dans
le
champ
:
^^',
autour
:
...BSRGA AB.
Collection de
A. gr. 4-25.
Le coin de
M. L. de
Goster.
ce curieux denier n'ayant empreint qu'impar-
faitement le flan, les deux légendes sont demeurées incom-
Du
plettes.
côté de la tète,
MARIA ML
Mater
il
est
permis de supposer
Ces deux dernières
lettres
peuvent se
encore au type de
la
On
sait
qu'au xvf siècle,
TORA,
porte, au milieu et en
forme inusitée
ïhorn. Le nom de l'abbesse
lettres;
mais
ABbatissa.
c'est
fit
forger
partie de ses monnaies.
Le revers du denier
:
lire
Vierge, patronne du chapitre impérial
de Thorn, que l'abbesse Marguerite de Bréderode
mot
SAC
Mater Immacidata, ou quelque autre épithète
lesu,
applicable à la sainte Vierge.
une grande
:
la
deux
et assez singulière
est
lignes, le
du nom de
incomplet des premières
légende ne peut se
lire
que
:
6^erBERGA
—
L'abbaye, au plutôt
de Thorn, situé sur
Maestricht et
le
la
chapitre de chanoinesses nobles
gauche de
rive
Ruremonde,
—
467
jouissait,
la
comme
tement de l'Empire, des droits régaliens
et,
Meuse
entre
,
relevant direc-
spécialement,
de celui de battre monnaie. M. Wolters a donné, en un
mince volume
orné de planches, une histoire de
in-8**
ïhorn. Mais pour
les
temps
anciens^,
il
n'a pu,
Ce qui
origines de cette petite souveraineté.
les
prouvé,
c'est
que
le
monastère
comte de Huy
fried,
comté
l'église
et
d'LItrecht, vers la fin
du
et
x''
devint,
coutume
sa
fille,
d'alors,
gratifia
Ans-
de son
lui-même, évéque
siècle.
La femme du comte-évêque, Hildesonde,
selon la
parait
doit sa fondation à cet
de Theysterbant, qui
de Liège,
mieux que
épais qui couvre
ses prédécesseurs, dissiper le brouillard
dans
le
s'était retirée,
monastère de Thorn,
et
Benoite, en fut la première abbesse. D'autres pré-
qu'une autre
tendent
fille
warde
(*),
Voici,
du
reste, la liste des
donne
la
Gallia christiana
L
d'Ansfried
avait précédé Benoite
S'*
Heersuinda,
IL Benedicta,
etc.
nommée
Hilde-
cette haute dignité.
premières abbesses,
telle
que
la
:
filia
:
dans
,
Ansfridi.
obiit post
annum 1010.
IlL GODEILDIS.
IV. Aleidis.
V. Elisabetha.
VL
VIL
JUTTA
C'est
vivebat anno 1217.
HiLDEGUNDis DE BoRNE
A moins
(')
:
:
jam anno 1235.
de supposer aux abbesses de Thorn une longé-
THeersuinda de
la Gallia christiana\
—
vile antédiluvienne,
qu'il
a,
y
il
dans cette
—
468
est impossible
liste,
de ne pas reconnaître
des lacunes à combler entre
l'époque de Benoite, morte vers 1010, et
règne de Jutta,
le
qui vivait en 1217.
(7est précisément dans
une de
ces lacunes qu'il faudra
placer le curieux denier que vient de trouver
M. de Gosier.
L'abbesse, que son heureuse chance lui a
découvrir
et
dont
nom
le
évidemment
doit
fait
d'après le poids et le style de sa monnaie, dans le
cement du
ment
xi^ siècle. C'est tout
tout ce qu'on
sur
fait
défaut de grands
infiniment petits.
les
mais, enfin,
saura d'elle (2)j
nom
dans
de notre pays, champ aujourd'hui
A
exploré.
commen-
ce que l'on sait et probable-
quelque chose que de glaner un
l'histoire
(*),
se lire Gerberga, vivait,
faits
le
c'est
champ de
si
ardemment
historiques,
on se rabat
De minimis
curât prœtor.
On
des volumes pour ne pas savoir où est né Charlemagne,
pour monographier une chapelle, ou pour contester
date de
Mais
la
si,
la
fondation d'une église de vjllage.
au point de vue historique,
Gerberge ne nous apprend pas grand'
verte numismatique, sa
tance.
M. Wolters, ou
fourni
la partie
monnaie
plutôt
-a
nom de l'abbesse
chose, comme découle
une toute autre impor-
M. Serrure qui
de son livre concernant
le
lui avait
monnayage des
abbesses, avait émis l'opinion, justifiée alors par les docu-
ments
(')
et
par
les
monnaies qu'on
avait retrouvées, qu'elles
Expression fort en vogue, mais dont on a étrangement abusé,
depuis quelque temps.
[^]
Nous avons, en
vain, feuilleté les recueils de Miraeus, deMieris, de
Bondam, de Lacomblet,
èlre plus adroit
etc.,
pour y chercher traces de son nom, sans
ou plus heureux que
les
auteurs de
la
Gaîlia chrisliana.
'
^
~
n'avaient confimencé à user
409
du
—
droit régalien de battre
naie qu'à l'époque où le chapitre fut admis,
de l'Empire, dans
le cercle
mon-
comme membre
de Weslphalie, c'est-à-dire sous
l'abbesse Marguerite de Bréderode,
1551-lo77, dont on
possède un nombreux numéraire.
Il
faut reconnaître, au contraire, d'après la pièce qu'a
trouvée
M. de
monnaie dès
n'empêche
l'exercice
Enfin,
Coster, que le monastère de
les
Thorn
a frappé
premiers temps de sa fondation. Mais rien
de croire
à
une longue interruption dans
de ce droit.
le
denier de Gerberge vient fournir un nouvel
argument, disons une nouvelle preuve, en faveur de
l'opi-
nion émise par notre savant confrère, que, dans les premiers
temps de
la décentralisation
seigneurial, toutes
monnaie; que
ou presque
c'est
et
du monnayage
toutes les abbayes ont frappé
à ces abbayes qu'il faut attribuer une
foule de deniers muets,
on
monétaire
ou semi-muets, qui
font,
dit aujourd'hui, le désespoir des archéologues,
R. Chalon,
comme

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