Femme-Santé-Développement (FESADE), Cameroun
Transcription
Femme-Santé-Développement (FESADE), Cameroun
Publié par : En coopération avec : International Health at the University Hospital Heidelberg Femme-Santé-Développement (FESADE), Cameroun Appropriation des stratégies novatrices contre les violences favorisant la propagation du VIH chez les femmes et les filles L’ONG Femmes–Santé–Développement (FESADE), créée à l’origine comme association à but non lucratif en mai 1993, est enregistrée depuis novembre 2003 comme organisation non gouvernementale basée à Yaoundé. Sa zone d’intervention est composée des régions de l’Ouest, de l’Est, du Littoral, du Centre et du district d’Ombessa pour le projet de lutte contre les violences sexuelles. D’une part, FESADE a vocation à promouvoir la santé au sein de la communauté en général et celle des femmes, des jeunes et des enfants en particulier. D’autre part, l’ONG a pour but de soutenir les activités génératrices de revenus pour les femmes, à la fois comme cadre de diffusion des messages de santé et comme moyen de subvenir à leurs besoins fondamentaux. Informations sur le pays : Cameroun tchad nigeria Mozambique Rép. central 1. Contexte L’accroissement de la population, conjugué au « déficit social » qui caractérise le Cameroun depuis quelques années, s’est traduit par une plus grande précarisation de la condition des femmes. Ce sont les femmes, notamment dans le milieu rural, qui sont plus particulièrement touchées par la pauvreté, ce qui augmente leur vulnérabilité face à la violence sous toutes ses formes, surtout la violence sexuelle.1 Il existe par ailleurs des stéréotypes sociaux en défaveur des femmes et des filles, desquelles est exigée une soumission inconditionnelle. Les hommes s’engagent peu en faveur de l’égalité de genre et contre les violences envers les femmes et les filles. Celles-ci ne connaissent pas leurs droits sexuels et reproductifs. Les femmes et filles violées ainsi que les personnes séropositives sont stigmatisées. Tous ces facteurs contribuent à augmenter la vulnérabilité des femmes et des filles face au VIH. De manière globale, les programmes et activités de réponse au VIH et au sida au Cameroun présentent beaucoup d’insuffisances dans la prise en compte du genre : il manque une expertise qui pourrait donner une orientation sur le concept de genre au niveau national, en précisant les objectifs visés, les stratégies pertinentes à utiliser et les indicateurs retenus. Par conséquent, l’intégration des programmes, services et projets entre santé sexuelle et reproductive, genre et VIH et entre le VIH et la PTME est quasi inexistante. gui. équa. gin. gabon équa. congo Source : www.visoterra.com Population : 20 030 400 1 Indice de développement humain : 150e rang (sur 187) 1 Indice de développement lié au genre : 134e rang (sur 146) 1 Alphabétisation des adultes (%) : 75,9 2 Espérance de vie (à la naissance) : 51 ans 3 Prévalence du VIH parmi les adultes (15-49 ans) (%) : Féminin 5,6 Masculin 2,9 4 Prévalence du VIH parmi les jeunes (15-24 ans) (%) : Féminin 2,7 Masculin 0,5 5 Personnes vivant avec le VIH : Part des femmes parmi les adultes vivant avec le VIH (%) : 610 000 6 58 1 Sources : (1) UN Development Report 2011 (2) CIA Factbook 2012 (3) UNICEF 2010 (4) UNAIDS/Country Report 2012 (5) Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples 2011 (6) UNDP 1 ECAM 1 et 2 : Enquêtes auprès des ménages réalisées par l’institut national de la statistique en 1998 et 2001 1 Photos : © GIZ Présentation par les autorités et les communautés d’Ombessa de la charte de lutte contre le viol et le VIH. 2. Objectif Intégration du concept de genre dans la mise en œuvre communautaire participative du projet « Lutte contre les violences favorisant la transmission du VIH chez les femmes et les filles dans cinq communautés (villages) » avec des indicateurs clairement définis. 3. Bénéficiaires Bénéficiaires finaux : (1) les femmes, les filles, les hommes et les garçons, (2) les personnes vivant avec le VIH et les personnes victimes de violences Intermédiaires : (1) les comités des barrières contre les violences et le sida (CBVS) de la zone d’intervention du projet, (2) les organisations de la société civile (OSC) intervenant dans la réponse au VIH et SIDA, (3) l’équipe technique de FESADE et ses OSC partenaires. 4. Approche FESADE a poursuivi une approche genre transformative. Elle vise des changements permettant une réelle transformation des relations hommes-femmes et modifiant les relations genre propices aux violences sexuelles et à la transmission du VIH. Les activités du projet ont pour objectif de transformer les disparités existantes entre les sexes de manière à promouvoir le partage du pouvoir, du contrôle des ressources, de la prise de décision et à soutenir l’autonomisation des femmes. Le projet était structuré autours de trois processus : (1) le renforce ment des capacités des CBVS et OSC partenaires, (2) un plaidoyer auprès des autorités et (3) la mise sur pied d’un groupe de travail dans la zone d’intervention. Le projet a été réalisé avec les outils suivants : ’analyse genre : méthode organisée pour tenir compte des L questions de genre dans tout le processus de développement d’un programme. Elle exige de séparer par sexe les données et les informations (qui deviennent alors des données désagrégées) et de comprendre comment le travail est réparti et évalué en fonction du sexe. 2 a communication sensible au genre : moyen de susciter le L dialogue, la réflexion et l’action sur les inégalités de genre. e plaidoyer sensible au genre : il est constitué d’un éventail L d’actions planifiées et réfléchies menées pour influencer les décideurs sur les questions d’intérêt public. a budgétisation sensible au genre : elle doit viser une repréL sentation équitable des hommes et des femmes afin que leurs besoins respectifs soient pris en compte dans la gestion des ressources. e suivi et évaluation sensible au genre : l’objectif est de L mesurer l’évolution et les impacts du projet en accordant une attention particulière à la dimension du genre. 5. Résultats Renforcement des capacités On constate une amélioration des capacités dans l’équipe de FESADE, chez les autres OSC partenaires et parmi les membres des CBVS. Après avoir reçu une formation en matière de genre, FESADE a diffusé les connaissances acquises auprès des CBVS, des acteurs locaux de la lutte contre les violences sexuelles et le VIH et de ses OSC partenaires. Ces acteurs maîtrisent désormais l’approche genre transformative, du niveau personnel au niveau professionnel, y compris pour le suivi et l’évaluation. Renforcement du système de santé Le système de santé local a été renforcé dans le but de soutenir les efforts de la réponse au VIH et au sida, afin de réaliser l’accès universel à la prévention, au traitement et aux soins dans le district d’Ombessa. FESADE a mis sur pied et soutenu dans le district d’Ombessa un groupe de travail composé des acteurs de la lutte contre les violences sexuelles favorisant la propagation du VIH. Ce renforcement a permis d’augmenter la qualité des services de santé fournis aux personnes victimes de violences sexuelles et aux personnes sépositives. Le genre a été pris en compte dans le renforcement de l’offre de soins et de la gouvernance ainsi que dans le développement des ressources humaines. Les membres élus du Comité Locale Barrière Contre les Violences et le SIDA du village d’Essendé sont félicités pour leur travail. En outre, les acteurs communautaires ont bénéficié d’un soutien technique dans leurs actions relatives aux violences sexuelles basées sur le genre. Renforcement de la société civile et genre Le dialogue communautaire est désormais inclusif. L’acceptation des membres de la communauté par les CBVS- et l’engagement du groupe de travail ont abouti aux résultats suivants : 1. L a réduction du coût du certificat médical légal (CML), un document obligatoire pour porter plainte en cas de viol, de 11 800 FCFA à 1800 FCFA (coût légal) comme résultat d’un plaidoyer actif. 2. À la suite du même plaidoyer, tous les coûts des prestations de santé sont désormais affichés publiquement à l’hôpital d’Ombessa. 3. L a signature de la Charte d’engagement pour la lutte contre le viol et le VIH/sida dans l’arrondissement d’Ombessa par les autorités administratives et politiques locales. Au total, 1636 personnes ont signé la Charte d’engagement, qui a été affichée dans tous les bâtiments publics. 4. L’amélioration de la prise en charge des victimes. Au total, 27 victimes de viols ont été prises en charge au niveau médical et psychosocial et 11 victimes ont bénéficié d’une aide pour le dépôt d’une plainte à la gendarmerie de la localité. 5. L a sensibilisation des groupes cibles. Les CBVS ont sensibilisé 9105 personnes, dont 5175 femmes et 3930 hommes. Publié par Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Sièges de la société Bonn et Eschborn, Allemagne Bureau de la GIZ B.P. 7814 Yaoundé, Cameroun [email protected] +237 22212 387 www.giz.de Situation Suite à leurs activités, les communautés signalent : ne augmentation du nombre de plaintes déposées pour u violences sexuelles ; n transfert rapide des victimes au centre médical de l’arrondisu sement d’Ombessa dans le délai prescrit de 72 heures ; ne diminution de la tolérance envers les auteurs de violences u dans la communauté ; ne mise en pratique du dialogue au sein des familles avec une u approche égalitaire ; ne bonne connaissance parmi les populations de l’existence u d’une organisation qui assure la prise en charge médicale des victimes et les conseille pour le dépôt de plaintes. 6. Leçons apprises Au niveau communautaire, FESADE aurait dû assurer un suivi plus resserré des activités dans un contexte où les acteurs ne travaillent pas à plein temps sur un projet. Pour FESADE, les outils pratiques, comme la chaîne des résultats, la carte des acteurs et le rapport de suivi interne (RIS) en format Excel ont été très utiles pour identifier les différents niveaux d’impact du projet, pour connaître la dynamique des relations entre les acteurs et pour pouvoir gérer et ajuster les activités au cours de la mise en œuvre du projet. Ces instruments seront systématiquement utilisés à l’avenir. En coopération avecevaplan au Centre Hospitalier Universitaire Heidelberg, Allemagne Mandaté par Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) Mars 2013 La GIZ est responsable du contenu de cette publication. 3