De Tunis à Lyon, les langues se délient

Transcription

De Tunis à Lyon, les langues se délient
■ Sciences
La luminothérapie
s’attaque à la tristesse
N°5 - mardi 18 janvier 2011
Page 8
Ce quotidien d’information locale est réalisé
par les étudiants en journalisme de l’ISCPA
Décalage
Par Virginie Malbos
Vivre une révolution par
procuration, cela n’arrive pas tous
les jours. C’est une chance à saisir
qui ne durera qu’un week-end !
L’occasion exceptionnelle de suivre
en direct la métamorphose de la
Tunisie. Mieux que les 24 heures de
Jack Bauer, des actions à suivre sur
vos écrans, pleines de
rebondissements inattendus,
et de fausses pistes, savamment
distillées sur les chaînes infos et les
sites Internet.
Un scénario digne des meilleurs
blockbusters hollywoodiens. Et
l’occasion pour tous d’observer
l’Histoire se faire, en se posant les
bonnes questions, bien au chaud,
blottis au fond de son canapé.
Mais si le direct fait frémir, rêver de
grands idéaux... il ne faudrait pas
oublier le principal. Quitte à
déguster un peu de pop-corn en y
réfléchissant.
Car les révolutions, c’est bien
gentil, mais combien de temps ça
dure ? Et qu’est-ce qui vient
ensuite ? Pourra-t-on toujours partir
se baigner en Tunisie cet été ?
Ce serait dommage, l’hôtel est déjà
réservé. ■
De Tunis à Lyon,
les langues se
délient
Muets pendant des années, ressortissants
français et Tunisiens de France parlent
aujourd’hui sans concession.
PAGES 2 et 3
■ Dans les coulisses de...
Pour s’abonner : [email protected]
Plus d’informations sur :
Notre-Dame des
Sans-abris, l’aide
aux Passagers
Page 4
■ UPI René Cassin
Face à la concurrence,
l’Open Café fait de la
résistance
Page 7
LE FAIT DU JOUR
LE FAIT DU JOUR
Allô Tunis ? Ici Lyon !
Il faudra attendre deux mois avant que les Tunisiens
Ben Ali laisse des stigmates... Lycées fermés, insécurité,
élisent un nouveau président. Aujourd’hui, le départ de
de leur côté, les ressortissants français s’inquiètent.
Par Fabien LEONE
et Lucas DEMANGEAT
L
a manifestation était
grandiose. Tout le monde
a participé : hommes,
femmes, jeunes, anciens,
chômeurs et cadres supérieurs. A ma grande surprise, un policier
pleurait en entendant l’hymne. Je suis
fière de mon peuple ", s’exclame Feryel
Ben Soltane, qui a vu de près, dans les
rues de Tunis, la révolution de jasmin.
Aujourd’hui, l’avenir est
l’inconnue principale
Actuellement, l’armée investit les rues
de tout le pays pour empêcher les rixes
provoquées par les milices du président
déchu et par les prisonniers récemment
libérés. " C’est la politique de la terre
brûlée afin de développer un sentiment
d’insécurité et un potentiel retour à la
dictature ", souligne Mohamed-Chérif
Ferjani, professeur au Département
d’Études Arabes à l’Université Lyon 2.
Pour l’instant, l’armée " réalise un travail remarquable. Elle assiste les populations lors des arrestations des pilleurs et de
la milice de Ben Ali ", explique Valentin
Marsal, ressortissant français habitant
la banlieue de Tunis depuis trois ans.
L’armée est l’institution qui a le vent en
Constitutionnel Démocratique ", poursuit Feryel Ben Soltane. " Pour le moment, l’armée sécurise le
pays dans l’attente des élections
Le défi démocratique des Tunisiens
sera de représenter toutes les forces
politiques du pays. " Pour y parvenir,
le code électoral devra prévoir un scrutin
à la proportionnelle comme au Maroc,
en Turquie et au Liban. Le suffrage universel à deux tours favorise les partis en
place comme on a pu le voir en Algérie ",
explique Mohamed-Chérif Ferjani.
Cependant, la plus importante mise à
sac a été effectuée par la famille présidentielle. " Leila Ben Ali a vidé la
banque nationale ainsi que le budget
Les cent premiers mètres de la rue de Marseille, dans le troisième arrondissement de Lyon,
comptent pas moins de quatre agences de téléphonie internationale. De nombreux
Tunisiens ont utilisé ces centres pour appeler leurs proches restés au pays. / Photo : L.D.
poupe en ces temps de reconstruction
politique. " Des enfants veulent être pris
en photo avec les soldats. Leur position de
distance vis-à-vis du despote les a rendus
fortement populaire ", observe Feryel
Ben Soltane. Les Tunisiens se sont
organisés en comités de quartier afin
d’appuyer l’armée. " Les soldats aident
les habitants à se prémunir des milices
et à s’organiser efficacement ", remarque
Valentin Marsal. Aujourd’hui le défi
des Tunisiens est " de vaincre les milices
de Ben Ali afin que ses sympathisants
ne puissent reformer le Rassemblement
Le " téléphone arabe " relie Lyon à Tunis
■ Farid Hallassi travaille à l’agence de téléphonie internationale Lebara, près de la Guillotière. Depuis quelques jours, nombreux
sont les Tunisiens qui se pressent chez Farid pour prendre des nouvelles de leurs proches restés au pays : " D’habitude, ils viennent
téléphoner une fois par semaine. Mais avec les événements, beaucoup de Tunisiens reviennent tous les jours. Cela va durer jusqu’à ce que la
situation se régularise. C’est eux qui me l’ont dit. Comme leurs proches, ils ont peur des milices qui terrorisent les rues. "
Rached Zetouni, client franco-tunisien, ne vit pas un jour sans appeler sa famille de l’autre côté de la Méditerrannée : " Nous voulons les soutenir, savoir s’ils vont bien, leur dire qu’il y a du monde derrière eux, à Lyon et en France. On prend aussi des nouvelles du pays,
d’éventuels candidats aux élections. Je connais des Tunisiens qui ne manqueraient pour rien au monde leur première occasion de voter
librement. "
[ 2 ] Mardi 18 janvier 2011 10 du MAT’
de mon lycée. Aujourd’hui les professeurs
assisteront à un conseil au consulat afin
de déterminer le futur de l’établissement.
Étant français, je serai automatiquement
positionné dans un établissement français. Ce n’est pas le cas de la majorité de
mes camarades ", regrette Valentin. La
plupart des ressortissants français " ont
peur et veulent quitter le pays ".
Le fait que la France et son ambassade
tunisoise aient été silencieuses divise
la population. " Certains reprochent la
passivité de l’Hexagone et d’autres estiment que seule la Tunisie peut défendre
la liberté et les échéances électorales qui
doivent amener un nouveau président
d’ici deux mois ", estime Feryel
Ben Soltane. ■
68 565
C’est le nombre de Tunisiens
vivant dans les 14
départements administrés par
le consulat général de
Tunisie de Lyon, en avril
2010. Parmi eux, 21430
sont des travailleurs, surtout
employés dans le secteur
tertiaire. Depuis septembre
1984, Rhône-Alpes est
jumelée avec le gouvernorat
de Monastir.■
Les agences de voyage lyonnaises annulent tout, temporairement
La révolution de jasmin a eu des répercutions dans les agences de voyage lyonnaises. Par mesure de sécurité, Samy Mejri, employé de l’agenceVoyages
Marietton, rue Paul Bert, invite ses clients à reporter leur périple :
" On essaie de trouver une solution commerciale avec nos clients. Nous avons tout
décommandé, vols et séjours jusqu’au 31 mars. On leur réserve un voyage en priorité
s’ils veulent partir à cette date. S’ils ne peuvent pas annuler, on leur propose d’autres
destinations au Maghreb. ''
Samy Mejri est confiant, cette période hivernale n’est pas charnière pour les tour
operators qui font le plein au printemps. Il pense que l’industrie touristique tunisienne n’est pas menacée :
" C’est un pays qui vit du tourisme. Quand tout va rentrer dans l’ordre, les touristes
y repartiront. Depuis quinze ans, Ben Ali a basé son économie sur ce secteur tout en
muselant les Tunisiens et en apportant la sécurité aux visiteurs. Ce qui va changer,
c’est le rapport des touristes aux populations. En étant sensibles à ce qu’elles ont vécu,
le dialogue sera plus ouvert. "
Avant, les touristes vivaient dans leur bulle, parqués aux bords de leur piscine des
Hotels Clubs. Aujourd’hui, plus de consommation aveugle du soleil tunisien. Les
touristes savent désormais qui était vraiment Ben Ali. ■
L’agence Voyages Marietton a reporté tous ses
séjours vers la Tunisie jusqu’au 31 mars
Photo : L.D.
10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 3 ]
DANS LES COULISSES DE...
économie
Un air de cour des miracles
La déprime à la casse
L’Ordre de Malte s’occupe, le dimanche matin des mois hivernaux,
de tenir le foyer de la congrégation Notre-Dame des Sans-abris.
Les membres distribuent des petits-déjeuners aux passagers.
Qu’il est compliqué d’obtenir " clés en mains " des explications
sur la prime à la casse, et surtout ses répercussions…
à
quinze minutes de
l’ouverture, qui est
à neuf heures, les
Passagers – nom donné aux
sans-abris qui fréquentent
le foyer – attendent patiemment devant l’entrée. à l’intérieur, depuis huit heures,
l’on s’affaire.
Certains dressent les tables,
tandis que d’autres préparent
le café. Les minutes passent
et lorsque la porte s’ouvre,
les
premiers
passagers
s’installent. Si certains se
précipitent sur les croissants,
d’autres préfèrent prendre,
au préalable, une douche
revigorante. Une serviette,
du savon et de la mousse à
raser, pour les plus esthètes,
leurs sont prêtés.
Avant toute chose, ceux
qui franchissent le seuil
du Foyer Notre-Dame des
Sans-abris doivent décliner,
à l’accueil, leur identité et,
s’ils le peuvent, s’acquitter
d’une somme d’environ 15
centimes d’euros. " Cette
somme est symbolique, il faut
que ces personnes sachent que
ce que nous leurs offrons n’est
pas un dû " nous confie René
Puvis de Chavannes, chef
d’une des quatre équipes
de l’Ordre de Malte, qui
s’occupe le dimanche, de
l’accueil des passagers.
Chaque équipe est ellemême composée de quatre
bonnes âmes ce qui est
" tout à fait suffisant ". En
moyenne, ils sont entre vingt
et trente passagers, à se rendre
[ 4 ] Mardi 18 janvier 10 du MAT’
au foyer le
dimanche
m a t i n ,
durant les
deux heures
d’ouverture
du local et
ils arrivent
seuls
ou
en
petits
groupes.
Certains
semblent
i mp a s sibles
et
p re n n e n t ,
en solitaire,
leur petitd é j e u n e r,
tandis que L’entrée du Foyer, à quelques pas de Saint-Jean / Photo Grégoire Arnould
d’autres
passagers disde perturber l’ambiance qui
cutent entre eux ou avec les règne au foyer ", poursuit
bonnes âmes de l’Ordre de René Puvis de Chavannes. Et
> Le dimanche matin,
Malte. Ces derniers tentent quand le ton monte de trop,
le foyer est ouvert
de s’intéresser à leurs par- " ce sont les autres passagers
durant trois heures,
cours et leurs projets, pour qui calment la personne. Ils se
entre 9 h et 11 h.
ceux qui en ont, ou l’on ba- connaissent tous ". Si la majo> Deux kilos de café
varde des derniers résultats rité des sans-abris se montre
sont nécessaires.
> C’est la troisième
sportifs.
tout à fait correct devant
année que sont
l’aide qui leur est apporté, il
organisées ces
Un lieu qui
arrive que certains soient très
petits-déjeuners.
se veut convivial
exigeants, " il faut alors user
> 15 centimes, c’est
la somme demandée,
Ici, il n’y a pas de place pour de psychologie et ne pas rentrer
mais non-exigée pour
la polémique, le foyer n’est dans leur jeu ".
le repas et la douche.
pas une agora où chacun à onze heures, les derniers
> Les passagers sont
vient discuter de la religion passagers présents sont priés
entre 20 et 30 chaque
ou des opinions de l’autre. de regagner la rue, non
dimanche.
> L’accueil du
Et si d’aventure, certains sans un dernier café ou une
dimanche se déroule
essaient d’envenimer la ultime viennoiserie à la
entre le mois de
situation, " nous laissons- main. Leur conférant ainsi
novembre et le mois de
couler. Ainsi, il n’y a jamais quelques forces supplémenmars.
> Quatre équipes de
eu, en trois ans, d’incidents. taires pour tenir jusqu’à leurs
quatre tournent chaque
Nous nous montrons ferme, prochains refuges.
mois.
de sorte qu’ils n’essaient pas
Grégoire Arnould
En chiffres
A
vec la création de cette mesure
censée stimuler le marché de l’automobile, ce qui fût le cas, le volume
des ventes a explosé en décembre dernier. Les constructeurs ont ainsi enregistré 370 000 commandes de voitures
neuves en France lors de ce mois, soit 30
% de plus que l’année précédente à la
même période. L’annonce provient du
directeur des ventes de Renault France,
Bernard Cambier (interrogé par BFM
Business). Qui s’est empressé de préciser que son groupe avait réalisé 46 % de
plus de ventes.
Les occasions à la peine
Quand tout va bien, pas de soucis de
communication, mais lorsque les questions se montrent plus gênantes, comme
sur les répercussions de cette prime à la
casse (voitures en parfait état de marche
partant en casse, prévisions de vente,
vendeurs d’occasions en grande difficulté), Renault refuse de communiquer.
Sûrement la tête à l’espionnage…
Chez Peugeot, quartier états-Unis,
le service marketing ne savait pas s’il
pouvait communiquer. Chez Volkswagen France, on est très satisfait de cette
mesure, et les ventes ont bel et bien
explosé. Les petits modèles neufs ont
particulièrement bénéficié de la prime à
la casse. En revanche, dans une concession Audi lyonnaise, seulement deux
Malgré sa bonne conservation, cette voiture
finira quand même à la casse / Photo Jean Rioufol
ventes ont été enregistrées avec prime à
la casse, la faute à un prix trop onéreux
ou des moteurs très polluants.
Les grands bénéficiaires restent donc
les constructeurs, les concessionnaires
de véhicules neufs et les acheteurs, au
contraire des vendeurs d’occasions.
Casses pleines, ventes à la déprime, le
marché de l’occasion a chuté d’environ
30 % en 2010. Aujourd’hui, ce secteur
redémarre tout timidement.
Mais trouver une voiture à petit prix relève encore du miracle. D’une part, les
véhicules anciens sont partis au pilon,
alors que certains d’entre eux auraient
fait d’excellents produits bon marché.
D’autre part, la clientèle s’est tournée
plus facilement vers le neuf.
Autre revers de la médaille, cette prime
était censée doper les usines françaises,
mais la majorité des petits modèles de
voitures sont fabriqués à l’étranger.
Jean Rioufol
La prime à la casse pour les Nuls
Le dispositif " prime à la
casse " de l’État, entré en
vigueur en 2009, s’est mis
en place de cette manière :
prime de 1000 € TTC
pour l’achat d’une voiture
neuve (voiture particulière) émettant jusqu’à
160 g de CO2 accompa-
gnant la mise à la casse
d’un véhicule de plus de
10 ans. Cette prime était
cumulable avec le bonus
écologique si la voiture
achetée répondait à la
condition.
Puis intervinrent deux
décotes pour les primes
et bonus. Entre le 1er
juillet et le 31 décembre
par exemple, le montant
de la prime à la casse fut
fixé à 500 euros et avec
un bonus à condition que
le véhicule neuf acheté
n’émette pas plus de 125
grammes de CO2/km. ■
►►►
Fil Info
■ En 2010,
Airbus bat Boeing
Pour la troisième année consécutive, Airbus a annoncé un
nombre de livraisons et de commandes supérieur à celui de son
rival américain Boeing.
En 2010, Airbus a livré 510
avions et décroché 574
commandes. De son côté, le
géant américain a lui enregistré
462 avions et 530 commandes.
■ Bibliothèque
Hier soir, le conseil municipal de
la ville de Lyon devait voter un
budget de 5,4 millions d’euros
pour la construction d’une
bibliothèque sur l’ancienne friche
RVI, avenue Lacassagne, dotée
d’une surface de 1 170 m2. La fin
des travaux est prévue pour 2015.
En plus de la bibliothèque, les
anciens locaux céderont la place à
une école d’apprentis, à un jardin
public et des logements sociaux.
■ Microfinance
Pour la troisième édition, les
étudiants du master CODEMMO de Sciences Po Lyon et les
associations lyonnaises Horizons
Partagés et Arcenciel rassemblent
les acteurs de la solidarité
internationale et de l’économie
sociale et solidaire autour de la
microfinance, de ses enjeux et de
son impact. Maison des
associations du IVème
arrondissement (28 rue Denfert
Rochereau, 69004 LYON). 21
janvier 2011 de 8 h 30 à 18 h.
Pour s’abonner : [email protected]
Plus d’informations sur :
10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 5 ]
FOCUS 9E
UPI RENé cassin
Il faut cultiver notre jardin
Avoir son propre potager à Lyon, c’est possible. L’association des
jardins ouvriers loue des parcelles aux experts et jardiniers en herbe.
D
epuis un an, Jean-François
Saddier dispose de son petit
lopin de terre dans les jardins
ouvriers de la section Les églantiers
(5ème arr.). " J’y cultive des salades, des
haricots, des pommes de terre, parfois
des asperges et puis des fraises ". 450m²,
dont 250m² cultivables, perchés sur
la colline de Fourvière. " J’ai fait plusieurs demandes auprès des associations
qui gèrent les jardins ouvriers de Lyon.
J’habite dans le 7ème arrondissement,
mais j’espérais obtenir une parcelle sur le
5ème arrondissement. J’ai attendu deux
ans avant d’être enfin locataire d’un bout
de jardin, là où je le voulais ", explique
Jean-François.
" Des lopins de terre loués comme
des appartements "
Les parcelles de terre sont gérées par
l’association des jardins ouvriers de
Lyon. Cette dernière se divise en 9
sections qui se partagent 362 jardins
au total. Parmi les plus importantes :
la section des églantiers (68 jardins),
de Montchat (65 jardins) et celle de La
Duchère (84 jardins). " Les terrains sont
mis à la disposition par la ville de Lyon
pour les lyonnais ", explique Robert
Malgré l’arrivée d’une forte concurrence dans le quartier,
la caféteria de l’UPI reste sur le grill.
A
près
l’ouverture
d’une
multitude de snacks et de
boulangeries, à proximité du
bâtiment de l’UPI René Cassin, on ne
donnait pas cher de la peau de l’Open
café. " Nous ne sommes pas forcément
sur le même cheval de bataille que nos
concurrents, notamment au niveau des
tarifs. Les étudiants continuent donc tout
de même de venir chez nous. Mais en
moins grand nombre. Au début, il y avait
de la queue jusqu’à l’escalier. De 500
repas servis chaque midi à l’ouverture du
bâtiment, en 2004, nous sommes passés
à seulement 300 aujourd’hui " explique
Stéphane Temmerman, l’actuel gérant.
Jean-François Saddier a dû multiplier les démarches pour enfin s’offrir une parcelle de terreau
lyonnais. / photo Camille Brunier
Sommeiller, président de la section La
Duchère, " en ce qui nous concerne, les
parcelles sont divisées par tiers entre les
habitants d’Ecully, de Caluire et de La
Duchère ".
" Les lopins de terre sont loués comme des
appartements ", affirme Robert Sommeiller, " les parcelles font en moyenne 25
mètres sur 10, donc 250m². Le loyer est
en fait la cotisation annuelle payée à la
section, soit 85€. Grâce à la subvention de
la ville de Lyon, chaque jardinier a droit
Dans mon jardin, l’hiver
Elle est loin l’idée des potagers gelés durant la période hivernale. Aux
jardins ouvriers de la section Les Eglantiers, les températures en dessous
de zéro n’effraient pas Jean-François Saddier. Mois de janvier ou non, il
vient régulièrement prendre soin de ses plantations. " On s’aère l’esprit, on
quitte le centre-ville et puis il y a plein de choses à faire pousser en hiver ! "
Outre l’entretien du potager via la coupe des mauvaises herbes, les
jardiniers s’occupent des haies qui protègent les petits terrains , tondent
l’herbe dans les allées et prennent soin des arbustes. " Sur mon lopin de
terre, je cultive des salades, mais aussi des épinards. Et bien sûr, j’ai fait
pousser des cardons pour la période de Noël ! "
[ 6 ] Mardi 18 janvier 2011 10 du MAT’
L’Open café en résistance
à 20 m3 d’eau gratuite chaque année ".
Les Lyonnais avides de cultiver leur jardin devront s’armer de patience. Pour
la section de La Duchère par exemple,
70 demandes n’ont pas encore été traitées : " ce qui équivaut à 15 ans d’attente
".
Si les jardiniers sont libres d’utiliser leur
terre comme bon leur semble, la section
est intransigeante sur certains points du
règlement. " Il est strictement interdit
d’élever des animaux ! ", s’exclame
Robert Sommeiller, " on insiste sur le
caractère potager des jardins ouvriers mais
si les gens préfèrent faire pousser des fleurs,
c’est leur droit ". L’accent est également
mis sur la sensibilisation à l’écologie :
" on récolte l’eau de pluie, chaque parcelle
à son compost et on utilise des produits
soucieux de l’environnement ".
Même si les lapins de garenne qui
viennent grignoter les salades agacent
parfois, les jardiniers ont à cœur
de donner un coup de pouce au
développement de la faune et la flore
lyonnaise.
Camille Brunier
ADAPTATION. Chaque matin, à
6 heures, les deux premiers salariés
s’affairent déjà aux fourneaux. Objectif :
préparer les viennoiseries qui seront
servies à partir de 7 h 15, à l’ouverture.
Ici, tout est préparé sur place. Une
activité qui permet l’embauche de
trois personnes, dédiées aussi bien
à la préparation qu’au service et au
nettoyage. Mais face à la concurrence
qui monte dans le quartier la société
Avenance (groupe Elior), prestataire de
service auprès de l’UPI et gestionnaire
de la cafétéria, s’est adapté.
" Forcément, on a réduit les quantités
préparées. Mais ce n’est pas le seul
critère. Suivant les périodes, on sait que
L’open café sert les étudiants jusqu’à 17 heures / Photo L.D.
la demande ne va pas être la même. La
pluie, les départs en stage, les examens...
tous ces critères peuvent faire évoluer la
quantité de nourriture à préparer en
avance. Et il ne faut pas trop se tromper,
parce que l’invendu du jour, on le jette ! "
confie Stéphane Temmerman, luimême salarié d’Avenance.
DISTRIBUTEURS. En plus du
service au comptoir, au rez-dejardin, la société gère l’ensemble
des distributeurs du bâtiment. Une
manière de compenser les pertes de
clientèle. En tout, ce sont 23 machines
à la disposition des étudiants de l’UPI.
►►► Les rendez-vous de l’UPI
■ Théâtre
Le bureau des arts (BDA) de l’ISCPA
met en place un atelier théâtre, tous
les mardis dans le bâtiment de l’UPI.
Ce soir, pour la deuxième session, il
est encore possible de s’inscrire. Dès
18 heures, direction la salle B 301 (3e
étage), pour plus de renseignements.
■ Débattre en mastiquant
En partenariat avec le collège supérieur
de Lyon et l’Ouest Express, l’IDRAC
propose, ce jeudi entre 12h30 et
13h30, un repas sous la forme
" 1 repas, 1 sandwich, 1 question
d’actualité ". Rendez-vous au Collège
supérieur (17, rue Mazagran, Lyon 7).
Où les tarifs affichés sont les mêmes
qu’à la cafétéria. " En cas de problèmes
sur un des distributeurs, il ne faut pas
hésiter à venir nous voir. On est aussi là
pour gérer tous ces dysfonctionnements ".
Léo Faure
Réagissez !
sur www.keskiscpass.com
Le 10 du mat’
Adresse : 47, rue sergent Michel Berthet,
69009 Lyon
Site web : www.keskiscpass.com
Email : [email protected]
Tél : 04 72 85 71 71
Directrice de la publication : Isabelle Dumas
Directrice de la rédaction : Dominique Humbert
Rédactrice en chef : Virginie Malbos
Secrétaire de rédaction : Baptiste Marsal
Coordinateur web : Jean Rioufol
Rédaction : Grégoire Arnould-Cordier, Camille
Brunier, Lucas Demangeat, Sarah Duverger, Léo
Faure, Fabien Leone, Virginie Malbos, Baptiste
Marsal, Hermance Murgue, Jérôme Paquet,
Jean Rioufol
Réalisé dans le cadre de la spécialisté presse écrite
des étudiants de l’ISCPA Lyon
10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 7 ]
SCIENCES
Culture
Que la lumière soigne
Les antidépresseurs ne sont plus les seuls à guérir la tristesse saisonnière.
La luminothérapie aide aussi à faire face à la morosité hivernale.
U
tiliser la lumière du soleil pour
retrouver le sourire, c’est le
principe de la luminothérapie.
La technique consiste à exposer les
yeux du patient à une lumière blanche.
Celle-ci pénètre dans l’œil puis est
transformée en signaux électriques qui
agissent sur les neurotransmetteurs. Le
cerveau produit alors plus de sérotonine
que l’on appelle également " hormone
du bonheur ".
L’efficacité de la luminothérapie est
surtout reconnue pour lutter contre le
T.A.S. (trouble affectif saisonnier) plus
connu sous le nom de blues hivernal.
Fatigue persistante, problème de
concentration, manque de dynamisme,
maux de tête, la dépression saisonnière
toucherait une personne sur cinq et
serait dû au manque de lumière. La
quantité de lumière mesurée dans une
maison en plein hiver serait de 50 à
100 lux. 1000 fois moins qu’en plein
été (voir encadré) L’entreprise Volvo
fait d’ailleurs appel à la luminothérapie
depuis 1999, dans ses usines en Suède
pour ses employés. Elle permettrait
d’éviter les accidents du travail et les
problèmes liés au manque de lumière.
Guérie au bout de 8 séances
La luminothérapie est également beaucoup utilisée pour guérir les troubles
du sommeil. " J’ai le souvenir de cette
dame de 65 ans qui souffrait d’insomnie " raconte Nadine Di Pietro, responsable de l’espace détente Emanessens.
" Elle avait consulté plusieurs médecins
mais n’avait toujours pas résolu son problème. Au bout de 8 séances de luminothérapie, elle était métamorphosée. Elle
m’a annoncé n’avoir plus aucun problème
pour s’endormir et avoir retrouvé la joie
de vivre ".
Outre ces pratiques courantes, une cure
de lumière peut également être prescrite
[ 8 ] Mardi 18 janvier 2011 10 du MAT’
Une deuxième vie
pour l’occasion
Chez Gibert
Joseph, sur la
Presqu’île
Photo Jérôme
Paquet
En hiver, la lumière peut
être utilisée comme
antidépresseur naturel.
Photo Baptiste Marsal
S
pour des personnes dépressives ou
atteintes de maladie comme Alzheimer,
Parkinson. Ces malades, souvent
confinés dans des hôpitaux ou des
maisons de retraite, peuvent manquer
de lumière. La luminothérapie ne les
soignera pas mais leur rendra la vie plus
agréable.
Non remboursé par la sécurité sociale,
il est toutefois préférable que les séances
soient prescrites par un médecin.
Certaines grandes enseignes proposent
également des lampes dont on peut se
servir chez soi, les prix variant entre
99 et 250 euros : " Pour une lampe
professionnelle, vous devez vous situer à
80 cm de la lampe tandis que pour les
lampes que l’on achète en magasin, il faut
se mettre à 20 cm ce qui est beaucoup
moins confortable. Il faut également
faire attention à l’heure à laquelle vous
l’utilisez. Après 15h, il est possible que
vous fassiez une nuit blanche " explique
Nadine Di Pietro. Attention, un tropplein de lumière peut aussi nuire à la
santé.
Sarah Duverger
C’est du LUX !
L’unité de mesure de
l’éclaircissement lumineux est le
lux. On peut le calculer grâce à
un petit appareil électronique,
le luxmètre, composé avec des
cellules photosensibles qui captent
la lumière.
Il faut par exemple au minimum
150 lux pour pouvoir lire ou écrire
tandis que 5 lux suffisent pour se
déplacer.
En revanche, il faut environ 800
lux pour effectuer un travail
dans un laboratoire. Pour la
luminothérapie, les médecins
recommandent des séances
matinales de
20 minutes
avec une
exposition
de 10 000
lux.
elon Livres Hebdo du 13 janvier, 42 % des lecteurs ont acheté
au moins un livre d’occasion en 2010. 5 % d’entre eux ont
même complètement délaissé les livres neufs. Si l’occasion a
toujours existé, le nombre d’adeptes n’a jamais été aussi fort.
Une augmentation qui s’est accentuée il y a deux ans. " La crise
a changé des habitudes, explique Agnès Mathieu, responsable de
la librairie Gibert Joseph, dans le 2e arrondissement. Les gens
ont voulu lire autant, mais en réduisant les coûts. Donc au lieu de
réduire leur consommation, ils achètent des livres moins chers. "
Plus d’occasions aussi en raison d’une prise de conscience de la
population en matière de développement durable. Réduction des
déchets oblige, on a moins tendance à jeter un livre lu une seule
fois. " Les lecteurs prennent conscience qu’un ouvrage peut avoir une
seconde vie. Ils se disent que même si eux n’en profitent plus, d’autres
aimeraient lire la même chose, estime Agnès Mathieu. On se rend
compte que même si certaines pages sont cornées, le livre ne perd pas
de sa valeur. "
" L’un des critères principaux, maintenant, c’est la place. Un livre,
c’est encombrant, donc si on ne le lit qu’une fois, on va chercher à s’en
débarrasser, d’autant que les appartements sont plus petits qu’avant.
On ne gardera que quelques ouvrages choisis dans sa bibliothèque,
qui est en quelque sorte une vitrine auprès des personnes qui viennent
à la maison. " Quand on sait que le nombre de livres édités a été
multiplié par deux en 25 ans, les bibliothèques sont forcément
trop petites.
A Gibert Joseph, les livres d’occasion ont toujours eu une place
importante. La librairie a été fondée en 1886 à Paris, avec la
volonté d’acheter des livres et de les revendre ensuite dès cette
époque. Aujourd’hui, il y a environ deux tiers d’occasions en
magasin. Une stratégie de revente qui fait prendre le risque à
l’enseigne de cumuler du retard par rapport à la concurrence sur
les ventes de nouveautés. " On n’est jamais réellement en retard,
parce que certaines personnes lisent assez vite. Au bout d’une semaine
environ, il y a des lecteurs qui viennent nous revendre des nouveautés,
donc on rattrape facilement le temps perdu. Le neuf n’est là que pour
compléter l’occasion. "
Jérôme Paquet
Les jeux vidéo aussi
" On a toujours eu des
occasions, parce que le
prix d’un jeu a toujours
été élevé ", précise
Stéphane*, vendeur
dans un magasin de
jeux vidéo en Presqu’île.
Ici, la crise n’a pas
vraiment changé
les habitudes des
consommateurs.
" Avant, les gens
pouvaient acheter deux
jeux concurrents qui
sortaient en même
temps. Maintenant, ils
demandent beaucoup
plus de conseils avant
de se décider, ils veulent
acheter seulement le
meilleur jeu, ils veulent
éviter les mauvaises
surprises.
Mais de toute façon, les
jeux ont toujours eu une
►►► Fil
durée de vie limitée. Une
fois qu’on les a terminés,
on n’a pas forcément
envie d’y rejouer.
Donc plutôt que de
garder quelque chose
auquel on ne joue plus,
il vaut mieux le revendre
pour ensuite pouvoir
achter un jeu qui vient
de sortir. "
Dans ce magasin,
le neuf reste le plus
important. Il représente
environ 60% du total
des ventes chaque
année, " parce qu’on ne
peut pas se permettre
d’avoir du retard par
rapport aux sorties. Mais
c’est l’occasion qui fait
tourner la boutique. "
J.P.
*Le prénom a été
changé.
culture
► Usher à la Halle
Tony Garnier
Le rappeur américain
Usher est de retour en
France pour la tournée
de son nouvel album,
enregistré en 2010.
Sa présence à Lyon
marquera le début de
la partie française de
sa tournée, le " OMG
Tour ", qui a débuté
le 13 janvier dernier à
Berlin.
Coût de la place :
51 euros. Début du
concert à 20 heures,
avec Tinie Tempah en
première partie.
► Expo à Gadagne
Le musée Gadagne
(5e arrondissement),
accueille en ce moment
et jusqu’au 10 avril la
dernière exposition du
Turak théâtre. Michel
Laubu installe son Appartement Témoin dans
les 300 m² des salles
d’exposition temporaire.
Retrouvez Radio ISCPA,
partenaire du 10 du mat’,
sur www.keskiscpass.com
10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 9 ]
Ils font bouger lyon
Un prêtre à l’université
LA RELIGION AUTREMENT (1/4). Depuis six ans, Wilguens
Saint-Fleur, jeune haïtien de 31 ans est prêtre catholique et étudiant
à la fois. Un emploi du temps pas toujours facile à gérer.
D
epuis qu’il est arrivé à Lyon en
2005, Wilguens Saint-Fleur a
une vie bien remplie.
à 31 ans, ce jeune prêtre d’origine haïtienne doit, tous les jours, concilier son
activité religieuse et sa vie d’étudiant.
Mais, pas de panique pour cet expatrié
qui, au fil des années, a appris à tout
gérer : " Au début, ce n’était vraiment pas
évident. Je ne savais pas trop comment
m’organiser. Depuis, j’ai pris mes marques
et aujourd’hui, ça va beaucoup mieux "
confie Wilguens.
Déjà détenteur d’une licence en théologie, le jeune prêtre est actuellement
en master à l’Université catholique de
Lyon. Il devrait être diplômé en juin
prochain.
Avant de poser ses valises en France, le
jeune Haïtien suivait une formation,
dans le but de devenir prêtre, au diocèse des Gonaïves au sein de l’Église
"
j’ai décidé de
renoncer à tout et
de vivre pauvrement
catholique d’Haïti. Puis, l’évêque du
diocèse a décidé de l’envoyer poursuivre ses études au séminaire du Prado,
à Limonest. " Venir vivre à Lyon a été
un vrai bouleversement dans ma vie. Il
m’a fallu un temps d’adaptation. Heureusement, j’ai tout de suite aimé la vie
au séminaire du Prado. " à son arrivée
à Lyon, Wilguens Saint-Fleur n’était
que séminariste depuis, il a été ordonné
prêtre par Monseigneur Barbarin, le 26
juin dernier. Aujourd’hui, il exerce à la
paroisse Saint-Roch en Val de Saône, au
nord-est de Lyon.
Pour lui, être prêtre n’a pas toujours été
Après la fin de ses études, Wilguens Saint-Fleur souhaite apporter son aide spirituelle au
peuple haïtien / photo paroisses-valdesâone.fr
une vocation. Passionné de
football, il a exercé ce sport à un bon
niveau, avant de venir vivre en France.
Puis, c’est vers une radio haïtienne que
s’est tourné Wilguens où il a exercé le
métier de disc jockey pendant plusieurs
années.
C’est lors d’une rencontre avec le père
Antoine Chevrier que son avenir a pris
une toute autre tournure.
" Je me souviendrais toujours de cette rencontre. Antoine Chevrier disait que pour
exercer la responsabilité de prêtre, il fallait
être pauvre pour retrouver une certaine
spiritualité. C’est à ce moment là qu’est
née ma vocation. Depuis, j’ai décidé de
renoncer à tout et de vivre pauvrement. "
Concernant son avenir, Wilguens
Saint-Fleur souhaite repartir travailler
en Haïti. Le jeune prêtre n’y est pas retourné depuis 2005. Une fois son master en poche, il s’envolera retrouver son
pays d’origine.
" J’appartiens toujours au diocèse des
Gonaïves. J’ai vraiment envie d’exercer
mon métier de prêtre là-bas toute ma vie.
En plus, le séisme de l’année dernière a
tout détruit et des centaines de personnes
sont encore à la rue. Matériellement, je ne
pourrais rien faire mais spirituellement,
je pense pouvoir apporter mon aide. "
Hermance Murgue

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