De Tunis à Lyon, les langues se délient
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De Tunis à Lyon, les langues se délient
■ Sciences La luminothérapie s’attaque à la tristesse N°5 - mardi 18 janvier 2011 Page 8 Ce quotidien d’information locale est réalisé par les étudiants en journalisme de l’ISCPA Décalage Par Virginie Malbos Vivre une révolution par procuration, cela n’arrive pas tous les jours. C’est une chance à saisir qui ne durera qu’un week-end ! L’occasion exceptionnelle de suivre en direct la métamorphose de la Tunisie. Mieux que les 24 heures de Jack Bauer, des actions à suivre sur vos écrans, pleines de rebondissements inattendus, et de fausses pistes, savamment distillées sur les chaînes infos et les sites Internet. Un scénario digne des meilleurs blockbusters hollywoodiens. Et l’occasion pour tous d’observer l’Histoire se faire, en se posant les bonnes questions, bien au chaud, blottis au fond de son canapé. Mais si le direct fait frémir, rêver de grands idéaux... il ne faudrait pas oublier le principal. Quitte à déguster un peu de pop-corn en y réfléchissant. Car les révolutions, c’est bien gentil, mais combien de temps ça dure ? Et qu’est-ce qui vient ensuite ? Pourra-t-on toujours partir se baigner en Tunisie cet été ? Ce serait dommage, l’hôtel est déjà réservé. ■ De Tunis à Lyon, les langues se délient Muets pendant des années, ressortissants français et Tunisiens de France parlent aujourd’hui sans concession. PAGES 2 et 3 ■ Dans les coulisses de... Pour s’abonner : [email protected] Plus d’informations sur : Notre-Dame des Sans-abris, l’aide aux Passagers Page 4 ■ UPI René Cassin Face à la concurrence, l’Open Café fait de la résistance Page 7 LE FAIT DU JOUR LE FAIT DU JOUR Allô Tunis ? Ici Lyon ! Il faudra attendre deux mois avant que les Tunisiens Ben Ali laisse des stigmates... Lycées fermés, insécurité, élisent un nouveau président. Aujourd’hui, le départ de de leur côté, les ressortissants français s’inquiètent. Par Fabien LEONE et Lucas DEMANGEAT L a manifestation était grandiose. Tout le monde a participé : hommes, femmes, jeunes, anciens, chômeurs et cadres supérieurs. A ma grande surprise, un policier pleurait en entendant l’hymne. Je suis fière de mon peuple ", s’exclame Feryel Ben Soltane, qui a vu de près, dans les rues de Tunis, la révolution de jasmin. Aujourd’hui, l’avenir est l’inconnue principale Actuellement, l’armée investit les rues de tout le pays pour empêcher les rixes provoquées par les milices du président déchu et par les prisonniers récemment libérés. " C’est la politique de la terre brûlée afin de développer un sentiment d’insécurité et un potentiel retour à la dictature ", souligne Mohamed-Chérif Ferjani, professeur au Département d’Études Arabes à l’Université Lyon 2. Pour l’instant, l’armée " réalise un travail remarquable. Elle assiste les populations lors des arrestations des pilleurs et de la milice de Ben Ali ", explique Valentin Marsal, ressortissant français habitant la banlieue de Tunis depuis trois ans. L’armée est l’institution qui a le vent en Constitutionnel Démocratique ", poursuit Feryel Ben Soltane. " Pour le moment, l’armée sécurise le pays dans l’attente des élections Le défi démocratique des Tunisiens sera de représenter toutes les forces politiques du pays. " Pour y parvenir, le code électoral devra prévoir un scrutin à la proportionnelle comme au Maroc, en Turquie et au Liban. Le suffrage universel à deux tours favorise les partis en place comme on a pu le voir en Algérie ", explique Mohamed-Chérif Ferjani. Cependant, la plus importante mise à sac a été effectuée par la famille présidentielle. " Leila Ben Ali a vidé la banque nationale ainsi que le budget Les cent premiers mètres de la rue de Marseille, dans le troisième arrondissement de Lyon, comptent pas moins de quatre agences de téléphonie internationale. De nombreux Tunisiens ont utilisé ces centres pour appeler leurs proches restés au pays. / Photo : L.D. poupe en ces temps de reconstruction politique. " Des enfants veulent être pris en photo avec les soldats. Leur position de distance vis-à-vis du despote les a rendus fortement populaire ", observe Feryel Ben Soltane. Les Tunisiens se sont organisés en comités de quartier afin d’appuyer l’armée. " Les soldats aident les habitants à se prémunir des milices et à s’organiser efficacement ", remarque Valentin Marsal. Aujourd’hui le défi des Tunisiens est " de vaincre les milices de Ben Ali afin que ses sympathisants ne puissent reformer le Rassemblement Le " téléphone arabe " relie Lyon à Tunis ■ Farid Hallassi travaille à l’agence de téléphonie internationale Lebara, près de la Guillotière. Depuis quelques jours, nombreux sont les Tunisiens qui se pressent chez Farid pour prendre des nouvelles de leurs proches restés au pays : " D’habitude, ils viennent téléphoner une fois par semaine. Mais avec les événements, beaucoup de Tunisiens reviennent tous les jours. Cela va durer jusqu’à ce que la situation se régularise. C’est eux qui me l’ont dit. Comme leurs proches, ils ont peur des milices qui terrorisent les rues. " Rached Zetouni, client franco-tunisien, ne vit pas un jour sans appeler sa famille de l’autre côté de la Méditerrannée : " Nous voulons les soutenir, savoir s’ils vont bien, leur dire qu’il y a du monde derrière eux, à Lyon et en France. On prend aussi des nouvelles du pays, d’éventuels candidats aux élections. Je connais des Tunisiens qui ne manqueraient pour rien au monde leur première occasion de voter librement. " [ 2 ] Mardi 18 janvier 2011 10 du MAT’ de mon lycée. Aujourd’hui les professeurs assisteront à un conseil au consulat afin de déterminer le futur de l’établissement. Étant français, je serai automatiquement positionné dans un établissement français. Ce n’est pas le cas de la majorité de mes camarades ", regrette Valentin. La plupart des ressortissants français " ont peur et veulent quitter le pays ". Le fait que la France et son ambassade tunisoise aient été silencieuses divise la population. " Certains reprochent la passivité de l’Hexagone et d’autres estiment que seule la Tunisie peut défendre la liberté et les échéances électorales qui doivent amener un nouveau président d’ici deux mois ", estime Feryel Ben Soltane. ■ 68 565 C’est le nombre de Tunisiens vivant dans les 14 départements administrés par le consulat général de Tunisie de Lyon, en avril 2010. Parmi eux, 21430 sont des travailleurs, surtout employés dans le secteur tertiaire. Depuis septembre 1984, Rhône-Alpes est jumelée avec le gouvernorat de Monastir.■ Les agences de voyage lyonnaises annulent tout, temporairement La révolution de jasmin a eu des répercutions dans les agences de voyage lyonnaises. Par mesure de sécurité, Samy Mejri, employé de l’agenceVoyages Marietton, rue Paul Bert, invite ses clients à reporter leur périple : " On essaie de trouver une solution commerciale avec nos clients. Nous avons tout décommandé, vols et séjours jusqu’au 31 mars. On leur réserve un voyage en priorité s’ils veulent partir à cette date. S’ils ne peuvent pas annuler, on leur propose d’autres destinations au Maghreb. '' Samy Mejri est confiant, cette période hivernale n’est pas charnière pour les tour operators qui font le plein au printemps. Il pense que l’industrie touristique tunisienne n’est pas menacée : " C’est un pays qui vit du tourisme. Quand tout va rentrer dans l’ordre, les touristes y repartiront. Depuis quinze ans, Ben Ali a basé son économie sur ce secteur tout en muselant les Tunisiens et en apportant la sécurité aux visiteurs. Ce qui va changer, c’est le rapport des touristes aux populations. En étant sensibles à ce qu’elles ont vécu, le dialogue sera plus ouvert. " Avant, les touristes vivaient dans leur bulle, parqués aux bords de leur piscine des Hotels Clubs. Aujourd’hui, plus de consommation aveugle du soleil tunisien. Les touristes savent désormais qui était vraiment Ben Ali. ■ L’agence Voyages Marietton a reporté tous ses séjours vers la Tunisie jusqu’au 31 mars Photo : L.D. 10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 3 ] DANS LES COULISSES DE... économie Un air de cour des miracles La déprime à la casse L’Ordre de Malte s’occupe, le dimanche matin des mois hivernaux, de tenir le foyer de la congrégation Notre-Dame des Sans-abris. Les membres distribuent des petits-déjeuners aux passagers. Qu’il est compliqué d’obtenir " clés en mains " des explications sur la prime à la casse, et surtout ses répercussions… à quinze minutes de l’ouverture, qui est à neuf heures, les Passagers – nom donné aux sans-abris qui fréquentent le foyer – attendent patiemment devant l’entrée. à l’intérieur, depuis huit heures, l’on s’affaire. Certains dressent les tables, tandis que d’autres préparent le café. Les minutes passent et lorsque la porte s’ouvre, les premiers passagers s’installent. Si certains se précipitent sur les croissants, d’autres préfèrent prendre, au préalable, une douche revigorante. Une serviette, du savon et de la mousse à raser, pour les plus esthètes, leurs sont prêtés. Avant toute chose, ceux qui franchissent le seuil du Foyer Notre-Dame des Sans-abris doivent décliner, à l’accueil, leur identité et, s’ils le peuvent, s’acquitter d’une somme d’environ 15 centimes d’euros. " Cette somme est symbolique, il faut que ces personnes sachent que ce que nous leurs offrons n’est pas un dû " nous confie René Puvis de Chavannes, chef d’une des quatre équipes de l’Ordre de Malte, qui s’occupe le dimanche, de l’accueil des passagers. Chaque équipe est ellemême composée de quatre bonnes âmes ce qui est " tout à fait suffisant ". En moyenne, ils sont entre vingt et trente passagers, à se rendre [ 4 ] Mardi 18 janvier 10 du MAT’ au foyer le dimanche m a t i n , durant les deux heures d’ouverture du local et ils arrivent seuls ou en petits groupes. Certains semblent i mp a s sibles et p re n n e n t , en solitaire, leur petitd é j e u n e r, tandis que L’entrée du Foyer, à quelques pas de Saint-Jean / Photo Grégoire Arnould d’autres passagers disde perturber l’ambiance qui cutent entre eux ou avec les règne au foyer ", poursuit bonnes âmes de l’Ordre de René Puvis de Chavannes. Et > Le dimanche matin, Malte. Ces derniers tentent quand le ton monte de trop, le foyer est ouvert de s’intéresser à leurs par- " ce sont les autres passagers durant trois heures, cours et leurs projets, pour qui calment la personne. Ils se entre 9 h et 11 h. ceux qui en ont, ou l’on ba- connaissent tous ". Si la majo> Deux kilos de café varde des derniers résultats rité des sans-abris se montre sont nécessaires. > C’est la troisième sportifs. tout à fait correct devant année que sont l’aide qui leur est apporté, il organisées ces Un lieu qui arrive que certains soient très petits-déjeuners. se veut convivial exigeants, " il faut alors user > 15 centimes, c’est la somme demandée, Ici, il n’y a pas de place pour de psychologie et ne pas rentrer mais non-exigée pour la polémique, le foyer n’est dans leur jeu ". le repas et la douche. pas une agora où chacun à onze heures, les derniers > Les passagers sont vient discuter de la religion passagers présents sont priés entre 20 et 30 chaque ou des opinions de l’autre. de regagner la rue, non dimanche. > L’accueil du Et si d’aventure, certains sans un dernier café ou une dimanche se déroule essaient d’envenimer la ultime viennoiserie à la entre le mois de situation, " nous laissons- main. Leur conférant ainsi novembre et le mois de couler. Ainsi, il n’y a jamais quelques forces supplémenmars. > Quatre équipes de eu, en trois ans, d’incidents. taires pour tenir jusqu’à leurs quatre tournent chaque Nous nous montrons ferme, prochains refuges. mois. de sorte qu’ils n’essaient pas Grégoire Arnould En chiffres A vec la création de cette mesure censée stimuler le marché de l’automobile, ce qui fût le cas, le volume des ventes a explosé en décembre dernier. Les constructeurs ont ainsi enregistré 370 000 commandes de voitures neuves en France lors de ce mois, soit 30 % de plus que l’année précédente à la même période. L’annonce provient du directeur des ventes de Renault France, Bernard Cambier (interrogé par BFM Business). Qui s’est empressé de préciser que son groupe avait réalisé 46 % de plus de ventes. Les occasions à la peine Quand tout va bien, pas de soucis de communication, mais lorsque les questions se montrent plus gênantes, comme sur les répercussions de cette prime à la casse (voitures en parfait état de marche partant en casse, prévisions de vente, vendeurs d’occasions en grande difficulté), Renault refuse de communiquer. Sûrement la tête à l’espionnage… Chez Peugeot, quartier états-Unis, le service marketing ne savait pas s’il pouvait communiquer. Chez Volkswagen France, on est très satisfait de cette mesure, et les ventes ont bel et bien explosé. Les petits modèles neufs ont particulièrement bénéficié de la prime à la casse. En revanche, dans une concession Audi lyonnaise, seulement deux Malgré sa bonne conservation, cette voiture finira quand même à la casse / Photo Jean Rioufol ventes ont été enregistrées avec prime à la casse, la faute à un prix trop onéreux ou des moteurs très polluants. Les grands bénéficiaires restent donc les constructeurs, les concessionnaires de véhicules neufs et les acheteurs, au contraire des vendeurs d’occasions. Casses pleines, ventes à la déprime, le marché de l’occasion a chuté d’environ 30 % en 2010. Aujourd’hui, ce secteur redémarre tout timidement. Mais trouver une voiture à petit prix relève encore du miracle. D’une part, les véhicules anciens sont partis au pilon, alors que certains d’entre eux auraient fait d’excellents produits bon marché. D’autre part, la clientèle s’est tournée plus facilement vers le neuf. Autre revers de la médaille, cette prime était censée doper les usines françaises, mais la majorité des petits modèles de voitures sont fabriqués à l’étranger. Jean Rioufol La prime à la casse pour les Nuls Le dispositif " prime à la casse " de l’État, entré en vigueur en 2009, s’est mis en place de cette manière : prime de 1000 € TTC pour l’achat d’une voiture neuve (voiture particulière) émettant jusqu’à 160 g de CO2 accompa- gnant la mise à la casse d’un véhicule de plus de 10 ans. Cette prime était cumulable avec le bonus écologique si la voiture achetée répondait à la condition. Puis intervinrent deux décotes pour les primes et bonus. Entre le 1er juillet et le 31 décembre par exemple, le montant de la prime à la casse fut fixé à 500 euros et avec un bonus à condition que le véhicule neuf acheté n’émette pas plus de 125 grammes de CO2/km. ■ ►►► Fil Info ■ En 2010, Airbus bat Boeing Pour la troisième année consécutive, Airbus a annoncé un nombre de livraisons et de commandes supérieur à celui de son rival américain Boeing. En 2010, Airbus a livré 510 avions et décroché 574 commandes. De son côté, le géant américain a lui enregistré 462 avions et 530 commandes. ■ Bibliothèque Hier soir, le conseil municipal de la ville de Lyon devait voter un budget de 5,4 millions d’euros pour la construction d’une bibliothèque sur l’ancienne friche RVI, avenue Lacassagne, dotée d’une surface de 1 170 m2. La fin des travaux est prévue pour 2015. En plus de la bibliothèque, les anciens locaux céderont la place à une école d’apprentis, à un jardin public et des logements sociaux. ■ Microfinance Pour la troisième édition, les étudiants du master CODEMMO de Sciences Po Lyon et les associations lyonnaises Horizons Partagés et Arcenciel rassemblent les acteurs de la solidarité internationale et de l’économie sociale et solidaire autour de la microfinance, de ses enjeux et de son impact. Maison des associations du IVème arrondissement (28 rue Denfert Rochereau, 69004 LYON). 21 janvier 2011 de 8 h 30 à 18 h. Pour s’abonner : [email protected] Plus d’informations sur : 10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 5 ] FOCUS 9E UPI RENé cassin Il faut cultiver notre jardin Avoir son propre potager à Lyon, c’est possible. L’association des jardins ouvriers loue des parcelles aux experts et jardiniers en herbe. D epuis un an, Jean-François Saddier dispose de son petit lopin de terre dans les jardins ouvriers de la section Les églantiers (5ème arr.). " J’y cultive des salades, des haricots, des pommes de terre, parfois des asperges et puis des fraises ". 450m², dont 250m² cultivables, perchés sur la colline de Fourvière. " J’ai fait plusieurs demandes auprès des associations qui gèrent les jardins ouvriers de Lyon. J’habite dans le 7ème arrondissement, mais j’espérais obtenir une parcelle sur le 5ème arrondissement. J’ai attendu deux ans avant d’être enfin locataire d’un bout de jardin, là où je le voulais ", explique Jean-François. " Des lopins de terre loués comme des appartements " Les parcelles de terre sont gérées par l’association des jardins ouvriers de Lyon. Cette dernière se divise en 9 sections qui se partagent 362 jardins au total. Parmi les plus importantes : la section des églantiers (68 jardins), de Montchat (65 jardins) et celle de La Duchère (84 jardins). " Les terrains sont mis à la disposition par la ville de Lyon pour les lyonnais ", explique Robert Malgré l’arrivée d’une forte concurrence dans le quartier, la caféteria de l’UPI reste sur le grill. A près l’ouverture d’une multitude de snacks et de boulangeries, à proximité du bâtiment de l’UPI René Cassin, on ne donnait pas cher de la peau de l’Open café. " Nous ne sommes pas forcément sur le même cheval de bataille que nos concurrents, notamment au niveau des tarifs. Les étudiants continuent donc tout de même de venir chez nous. Mais en moins grand nombre. Au début, il y avait de la queue jusqu’à l’escalier. De 500 repas servis chaque midi à l’ouverture du bâtiment, en 2004, nous sommes passés à seulement 300 aujourd’hui " explique Stéphane Temmerman, l’actuel gérant. Jean-François Saddier a dû multiplier les démarches pour enfin s’offrir une parcelle de terreau lyonnais. / photo Camille Brunier Sommeiller, président de la section La Duchère, " en ce qui nous concerne, les parcelles sont divisées par tiers entre les habitants d’Ecully, de Caluire et de La Duchère ". " Les lopins de terre sont loués comme des appartements ", affirme Robert Sommeiller, " les parcelles font en moyenne 25 mètres sur 10, donc 250m². Le loyer est en fait la cotisation annuelle payée à la section, soit 85€. Grâce à la subvention de la ville de Lyon, chaque jardinier a droit Dans mon jardin, l’hiver Elle est loin l’idée des potagers gelés durant la période hivernale. Aux jardins ouvriers de la section Les Eglantiers, les températures en dessous de zéro n’effraient pas Jean-François Saddier. Mois de janvier ou non, il vient régulièrement prendre soin de ses plantations. " On s’aère l’esprit, on quitte le centre-ville et puis il y a plein de choses à faire pousser en hiver ! " Outre l’entretien du potager via la coupe des mauvaises herbes, les jardiniers s’occupent des haies qui protègent les petits terrains , tondent l’herbe dans les allées et prennent soin des arbustes. " Sur mon lopin de terre, je cultive des salades, mais aussi des épinards. Et bien sûr, j’ai fait pousser des cardons pour la période de Noël ! " [ 6 ] Mardi 18 janvier 2011 10 du MAT’ L’Open café en résistance à 20 m3 d’eau gratuite chaque année ". Les Lyonnais avides de cultiver leur jardin devront s’armer de patience. Pour la section de La Duchère par exemple, 70 demandes n’ont pas encore été traitées : " ce qui équivaut à 15 ans d’attente ". Si les jardiniers sont libres d’utiliser leur terre comme bon leur semble, la section est intransigeante sur certains points du règlement. " Il est strictement interdit d’élever des animaux ! ", s’exclame Robert Sommeiller, " on insiste sur le caractère potager des jardins ouvriers mais si les gens préfèrent faire pousser des fleurs, c’est leur droit ". L’accent est également mis sur la sensibilisation à l’écologie : " on récolte l’eau de pluie, chaque parcelle à son compost et on utilise des produits soucieux de l’environnement ". Même si les lapins de garenne qui viennent grignoter les salades agacent parfois, les jardiniers ont à cœur de donner un coup de pouce au développement de la faune et la flore lyonnaise. Camille Brunier ADAPTATION. Chaque matin, à 6 heures, les deux premiers salariés s’affairent déjà aux fourneaux. Objectif : préparer les viennoiseries qui seront servies à partir de 7 h 15, à l’ouverture. Ici, tout est préparé sur place. Une activité qui permet l’embauche de trois personnes, dédiées aussi bien à la préparation qu’au service et au nettoyage. Mais face à la concurrence qui monte dans le quartier la société Avenance (groupe Elior), prestataire de service auprès de l’UPI et gestionnaire de la cafétéria, s’est adapté. " Forcément, on a réduit les quantités préparées. Mais ce n’est pas le seul critère. Suivant les périodes, on sait que L’open café sert les étudiants jusqu’à 17 heures / Photo L.D. la demande ne va pas être la même. La pluie, les départs en stage, les examens... tous ces critères peuvent faire évoluer la quantité de nourriture à préparer en avance. Et il ne faut pas trop se tromper, parce que l’invendu du jour, on le jette ! " confie Stéphane Temmerman, luimême salarié d’Avenance. DISTRIBUTEURS. En plus du service au comptoir, au rez-dejardin, la société gère l’ensemble des distributeurs du bâtiment. Une manière de compenser les pertes de clientèle. En tout, ce sont 23 machines à la disposition des étudiants de l’UPI. ►►► Les rendez-vous de l’UPI ■ Théâtre Le bureau des arts (BDA) de l’ISCPA met en place un atelier théâtre, tous les mardis dans le bâtiment de l’UPI. Ce soir, pour la deuxième session, il est encore possible de s’inscrire. Dès 18 heures, direction la salle B 301 (3e étage), pour plus de renseignements. ■ Débattre en mastiquant En partenariat avec le collège supérieur de Lyon et l’Ouest Express, l’IDRAC propose, ce jeudi entre 12h30 et 13h30, un repas sous la forme " 1 repas, 1 sandwich, 1 question d’actualité ". Rendez-vous au Collège supérieur (17, rue Mazagran, Lyon 7). Où les tarifs affichés sont les mêmes qu’à la cafétéria. " En cas de problèmes sur un des distributeurs, il ne faut pas hésiter à venir nous voir. On est aussi là pour gérer tous ces dysfonctionnements ". Léo Faure Réagissez ! sur www.keskiscpass.com Le 10 du mat’ Adresse : 47, rue sergent Michel Berthet, 69009 Lyon Site web : www.keskiscpass.com Email : [email protected] Tél : 04 72 85 71 71 Directrice de la publication : Isabelle Dumas Directrice de la rédaction : Dominique Humbert Rédactrice en chef : Virginie Malbos Secrétaire de rédaction : Baptiste Marsal Coordinateur web : Jean Rioufol Rédaction : Grégoire Arnould-Cordier, Camille Brunier, Lucas Demangeat, Sarah Duverger, Léo Faure, Fabien Leone, Virginie Malbos, Baptiste Marsal, Hermance Murgue, Jérôme Paquet, Jean Rioufol Réalisé dans le cadre de la spécialisté presse écrite des étudiants de l’ISCPA Lyon 10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 7 ] SCIENCES Culture Que la lumière soigne Les antidépresseurs ne sont plus les seuls à guérir la tristesse saisonnière. La luminothérapie aide aussi à faire face à la morosité hivernale. U tiliser la lumière du soleil pour retrouver le sourire, c’est le principe de la luminothérapie. La technique consiste à exposer les yeux du patient à une lumière blanche. Celle-ci pénètre dans l’œil puis est transformée en signaux électriques qui agissent sur les neurotransmetteurs. Le cerveau produit alors plus de sérotonine que l’on appelle également " hormone du bonheur ". L’efficacité de la luminothérapie est surtout reconnue pour lutter contre le T.A.S. (trouble affectif saisonnier) plus connu sous le nom de blues hivernal. Fatigue persistante, problème de concentration, manque de dynamisme, maux de tête, la dépression saisonnière toucherait une personne sur cinq et serait dû au manque de lumière. La quantité de lumière mesurée dans une maison en plein hiver serait de 50 à 100 lux. 1000 fois moins qu’en plein été (voir encadré) L’entreprise Volvo fait d’ailleurs appel à la luminothérapie depuis 1999, dans ses usines en Suède pour ses employés. Elle permettrait d’éviter les accidents du travail et les problèmes liés au manque de lumière. Guérie au bout de 8 séances La luminothérapie est également beaucoup utilisée pour guérir les troubles du sommeil. " J’ai le souvenir de cette dame de 65 ans qui souffrait d’insomnie " raconte Nadine Di Pietro, responsable de l’espace détente Emanessens. " Elle avait consulté plusieurs médecins mais n’avait toujours pas résolu son problème. Au bout de 8 séances de luminothérapie, elle était métamorphosée. Elle m’a annoncé n’avoir plus aucun problème pour s’endormir et avoir retrouvé la joie de vivre ". Outre ces pratiques courantes, une cure de lumière peut également être prescrite [ 8 ] Mardi 18 janvier 2011 10 du MAT’ Une deuxième vie pour l’occasion Chez Gibert Joseph, sur la Presqu’île Photo Jérôme Paquet En hiver, la lumière peut être utilisée comme antidépresseur naturel. Photo Baptiste Marsal S pour des personnes dépressives ou atteintes de maladie comme Alzheimer, Parkinson. Ces malades, souvent confinés dans des hôpitaux ou des maisons de retraite, peuvent manquer de lumière. La luminothérapie ne les soignera pas mais leur rendra la vie plus agréable. Non remboursé par la sécurité sociale, il est toutefois préférable que les séances soient prescrites par un médecin. Certaines grandes enseignes proposent également des lampes dont on peut se servir chez soi, les prix variant entre 99 et 250 euros : " Pour une lampe professionnelle, vous devez vous situer à 80 cm de la lampe tandis que pour les lampes que l’on achète en magasin, il faut se mettre à 20 cm ce qui est beaucoup moins confortable. Il faut également faire attention à l’heure à laquelle vous l’utilisez. Après 15h, il est possible que vous fassiez une nuit blanche " explique Nadine Di Pietro. Attention, un tropplein de lumière peut aussi nuire à la santé. Sarah Duverger C’est du LUX ! L’unité de mesure de l’éclaircissement lumineux est le lux. On peut le calculer grâce à un petit appareil électronique, le luxmètre, composé avec des cellules photosensibles qui captent la lumière. Il faut par exemple au minimum 150 lux pour pouvoir lire ou écrire tandis que 5 lux suffisent pour se déplacer. En revanche, il faut environ 800 lux pour effectuer un travail dans un laboratoire. Pour la luminothérapie, les médecins recommandent des séances matinales de 20 minutes avec une exposition de 10 000 lux. elon Livres Hebdo du 13 janvier, 42 % des lecteurs ont acheté au moins un livre d’occasion en 2010. 5 % d’entre eux ont même complètement délaissé les livres neufs. Si l’occasion a toujours existé, le nombre d’adeptes n’a jamais été aussi fort. Une augmentation qui s’est accentuée il y a deux ans. " La crise a changé des habitudes, explique Agnès Mathieu, responsable de la librairie Gibert Joseph, dans le 2e arrondissement. Les gens ont voulu lire autant, mais en réduisant les coûts. Donc au lieu de réduire leur consommation, ils achètent des livres moins chers. " Plus d’occasions aussi en raison d’une prise de conscience de la population en matière de développement durable. Réduction des déchets oblige, on a moins tendance à jeter un livre lu une seule fois. " Les lecteurs prennent conscience qu’un ouvrage peut avoir une seconde vie. Ils se disent que même si eux n’en profitent plus, d’autres aimeraient lire la même chose, estime Agnès Mathieu. On se rend compte que même si certaines pages sont cornées, le livre ne perd pas de sa valeur. " " L’un des critères principaux, maintenant, c’est la place. Un livre, c’est encombrant, donc si on ne le lit qu’une fois, on va chercher à s’en débarrasser, d’autant que les appartements sont plus petits qu’avant. On ne gardera que quelques ouvrages choisis dans sa bibliothèque, qui est en quelque sorte une vitrine auprès des personnes qui viennent à la maison. " Quand on sait que le nombre de livres édités a été multiplié par deux en 25 ans, les bibliothèques sont forcément trop petites. A Gibert Joseph, les livres d’occasion ont toujours eu une place importante. La librairie a été fondée en 1886 à Paris, avec la volonté d’acheter des livres et de les revendre ensuite dès cette époque. Aujourd’hui, il y a environ deux tiers d’occasions en magasin. Une stratégie de revente qui fait prendre le risque à l’enseigne de cumuler du retard par rapport à la concurrence sur les ventes de nouveautés. " On n’est jamais réellement en retard, parce que certaines personnes lisent assez vite. Au bout d’une semaine environ, il y a des lecteurs qui viennent nous revendre des nouveautés, donc on rattrape facilement le temps perdu. Le neuf n’est là que pour compléter l’occasion. " Jérôme Paquet Les jeux vidéo aussi " On a toujours eu des occasions, parce que le prix d’un jeu a toujours été élevé ", précise Stéphane*, vendeur dans un magasin de jeux vidéo en Presqu’île. Ici, la crise n’a pas vraiment changé les habitudes des consommateurs. " Avant, les gens pouvaient acheter deux jeux concurrents qui sortaient en même temps. Maintenant, ils demandent beaucoup plus de conseils avant de se décider, ils veulent acheter seulement le meilleur jeu, ils veulent éviter les mauvaises surprises. Mais de toute façon, les jeux ont toujours eu une ►►► Fil durée de vie limitée. Une fois qu’on les a terminés, on n’a pas forcément envie d’y rejouer. Donc plutôt que de garder quelque chose auquel on ne joue plus, il vaut mieux le revendre pour ensuite pouvoir achter un jeu qui vient de sortir. " Dans ce magasin, le neuf reste le plus important. Il représente environ 60% du total des ventes chaque année, " parce qu’on ne peut pas se permettre d’avoir du retard par rapport aux sorties. Mais c’est l’occasion qui fait tourner la boutique. " J.P. *Le prénom a été changé. culture ► Usher à la Halle Tony Garnier Le rappeur américain Usher est de retour en France pour la tournée de son nouvel album, enregistré en 2010. Sa présence à Lyon marquera le début de la partie française de sa tournée, le " OMG Tour ", qui a débuté le 13 janvier dernier à Berlin. Coût de la place : 51 euros. Début du concert à 20 heures, avec Tinie Tempah en première partie. ► Expo à Gadagne Le musée Gadagne (5e arrondissement), accueille en ce moment et jusqu’au 10 avril la dernière exposition du Turak théâtre. Michel Laubu installe son Appartement Témoin dans les 300 m² des salles d’exposition temporaire. Retrouvez Radio ISCPA, partenaire du 10 du mat’, sur www.keskiscpass.com 10 du MAT’ Mardi 18 janvier 2011 [ 9 ] Ils font bouger lyon Un prêtre à l’université LA RELIGION AUTREMENT (1/4). Depuis six ans, Wilguens Saint-Fleur, jeune haïtien de 31 ans est prêtre catholique et étudiant à la fois. Un emploi du temps pas toujours facile à gérer. D epuis qu’il est arrivé à Lyon en 2005, Wilguens Saint-Fleur a une vie bien remplie. à 31 ans, ce jeune prêtre d’origine haïtienne doit, tous les jours, concilier son activité religieuse et sa vie d’étudiant. Mais, pas de panique pour cet expatrié qui, au fil des années, a appris à tout gérer : " Au début, ce n’était vraiment pas évident. Je ne savais pas trop comment m’organiser. Depuis, j’ai pris mes marques et aujourd’hui, ça va beaucoup mieux " confie Wilguens. Déjà détenteur d’une licence en théologie, le jeune prêtre est actuellement en master à l’Université catholique de Lyon. Il devrait être diplômé en juin prochain. Avant de poser ses valises en France, le jeune Haïtien suivait une formation, dans le but de devenir prêtre, au diocèse des Gonaïves au sein de l’Église " j’ai décidé de renoncer à tout et de vivre pauvrement catholique d’Haïti. Puis, l’évêque du diocèse a décidé de l’envoyer poursuivre ses études au séminaire du Prado, à Limonest. " Venir vivre à Lyon a été un vrai bouleversement dans ma vie. Il m’a fallu un temps d’adaptation. Heureusement, j’ai tout de suite aimé la vie au séminaire du Prado. " à son arrivée à Lyon, Wilguens Saint-Fleur n’était que séminariste depuis, il a été ordonné prêtre par Monseigneur Barbarin, le 26 juin dernier. Aujourd’hui, il exerce à la paroisse Saint-Roch en Val de Saône, au nord-est de Lyon. Pour lui, être prêtre n’a pas toujours été Après la fin de ses études, Wilguens Saint-Fleur souhaite apporter son aide spirituelle au peuple haïtien / photo paroisses-valdesâone.fr une vocation. Passionné de football, il a exercé ce sport à un bon niveau, avant de venir vivre en France. Puis, c’est vers une radio haïtienne que s’est tourné Wilguens où il a exercé le métier de disc jockey pendant plusieurs années. C’est lors d’une rencontre avec le père Antoine Chevrier que son avenir a pris une toute autre tournure. " Je me souviendrais toujours de cette rencontre. Antoine Chevrier disait que pour exercer la responsabilité de prêtre, il fallait être pauvre pour retrouver une certaine spiritualité. C’est à ce moment là qu’est née ma vocation. Depuis, j’ai décidé de renoncer à tout et de vivre pauvrement. " Concernant son avenir, Wilguens Saint-Fleur souhaite repartir travailler en Haïti. Le jeune prêtre n’y est pas retourné depuis 2005. Une fois son master en poche, il s’envolera retrouver son pays d’origine. " J’appartiens toujours au diocèse des Gonaïves. J’ai vraiment envie d’exercer mon métier de prêtre là-bas toute ma vie. En plus, le séisme de l’année dernière a tout détruit et des centaines de personnes sont encore à la rue. Matériellement, je ne pourrais rien faire mais spirituellement, je pense pouvoir apporter mon aide. " Hermance Murgue