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Pourquoi James Matthew Barrie a-t-il nommé ce lieu vers lequel les enfants s’envolent pour y côtoyer sirènes, pirates et crocodiles, Neverland : le pays de nulle-part, l’aucun-lieu ? En quoi serait-ce moins un lieu que l’appartement londonien de la famille Darling, l’école des enfants, ou le bureau paternel à la City ? Aux institutions éducatives et orthopédiques le vingtième siècle a opposé une grande diversité de contreespaces*: écoles Montessori, puis Freinet, Summerhill, La Borde, Bonneuil, la Maison verte, Monoblet dans les Cévennes de Deligny, et pas mal d’autres dont la mémoire collective n’a pas aussi bien retenu les noms. À travers la proposition d’autres façons de vivre ensemble, le droit à une enfance et la créativité de chaque enfant y ont été soutenus à chaque fois de façon singulière ; et le dynamisme de l’enfance encouragé contre les dispositifs de pouvoir institués. Dans ces lieux la folie n’a jamais été dissociée de l’humanité. De telles hétérotopies sont-elles encore possibles aujourd’hui alors que l’État prétend de plus en plus à l’exclusivité de la protection et de la sauvegarde des enfants ? Dans quelle mesure l’Enfance que dessinent les idéologies spécialisées et le cadre juridique en constante transformation que lui assigne le législateur, encouragent-ils où empêchent-ils cette « administration » des enfants ? Olga Souslova, qui s’est intéressée à l’histoire de la Maison verte à Paris sous l’angle des questions et problèmes qu’elle a rencontrés pour faire exister l’île verte à Saint-Pétersbourg, ouvrira la discussion. * Michel Foucault, Les Hétérotopies, Lignes, 2009. Le samedi 7 janvier 2017 De 14 à 17h À la Maison de l’Europe 35-37 rue des Francs-Bourgeois, 75004, Paris Olga Souslova, philosophe, enseignante à l'Institut de Psychanalyse de Saint-Pétersbourg, psychanalyste, accueillante et coordinatrice de L'Ile Verte, stagiaire et accueillante à la Maison Verte de Paris de 2002 à 2004. En 2015 elle a soutenu une thèse à l’Université Paris-VII Diderot : « La possibilité d'une Ile Verte. Histoire de la Maison Verte de Paris à Saint-Pétersbourg : création et transmission d'un dispositif ». Elle nous parlera de son expérience de mise en place collective d’une « Île verte » en Russie, et des difficultés qu’elle a rencontrées. Elle présentera ses réflexions sous forme de questions sur le dispositif lui-même et sur son rapport aux conditions historiques et culturelles russes et françaises. Enfin elle interrogera, entre autres avec l’exotopie de Mikhaïl Bakhtine, les ressorts d’une transmission qui est en même temps une création.