Le fils d`Adrien danse
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Le fils d`Adrien danse
Un artiste touche-à-tout En marge de ses propres productions, Harold Rhéaume conseille et crée pour d’autres projets artistiques. Parmi ses nombreuses collaborations au théâtre, deux lui valent des nominations aux Masques : Antigone (de Brigitte Haentjens) en 2003 et On achève bien les chevaux (de Marie-Josée Bastien) en 2007. Le fils d’Adrien danse A Photo David Cannon Au Québec, Le fils d’Adrien est parmi les compagnies de création en danse contemporaine les plus en vue de sa génération. Pilier du milieu chorégraphique de Québec, elle connaît un formidable essor depuis quelques années. Son travail, réputé accessible, raffiné et profondément humain, rejoint un large public de toute les générations et de tous les milieux. La qualité de son produit artistique est souligné en 2006 par une nomination au Prix Ville de Québec, la plus prestigieuse distinction culturelle de la Capitale. La compagnie est aussi promue dans 50 pays par le biais du DVD Élite Cinars 2006, outil rassemblant les 30 meilleures entreprises canadiennes des arts de la scène. C’est à Montréal en 1999 qu’Harold Rhéaume fonde Le fils d’Adrien danse. Il la baptise ainsi en mémoire de son père, disparu avant même de voir son fils danser. Désirant renouer avec ses racines, l’artiste revient s’installer à Québec en 2000. Pratiquement seul pour mener sa barque, il propose Écho, un one man show intime et personnel «(…) une mise à nu qui a gagné la sympathie du public» (La Presse). Son solo tourne à Montréal, en Ontario et à Lille en France. Presque simultanément, il produit son premier spectacle jeunesse avec les comédiens Martin Faucher et Daniel Parent. Qualifiés de «parfaits ambassadeurs pour initier les enfants à la danse», Les Cousins remportent un franc succès jusqu’en 2004 au Québec, en Ontario, en Belgique et en France. Prolifique, Rhéaume crée trois autres shows pour les jeunes par la suite : Éclipse (2000-2001), L’île aux valises (2002) et F.U.L.L. (2003). Son public adulte n’est pas en reste. Au Québec comme en France, celui-ci est ému jusqu’aux larmes avec la déchirante Morta (2002) «(…) qui tire à bout portant» selon La Presse. Puis vient C.O.R.R. en 2003, un sensible hommage à la Femme qui se hisse au top 10 de l’hebdo culturel ICI (Montréal). De 2004 à 2006, il codirige Les Lundis de la danse, série qui invite les chorégraphes de Québec à créer dans le décor d’une pièce théâtrale de la programmation du Théâtre La Bordée (Québec). C’est lui qui y donne le coup d’envoi avec une audacieuse relecture des Feluettes, qualifiée par Radio-Canada de «meilleur spectacle de l’année à Québec». En 2005, Rhéaume aborde un «tournant réussi» (La Presse). Résolu à casser les tenaces préjugés sur l’hermétisme présumé de la danse contemporaine, il propose CLASH. La pièce, bigarrée et audacieuse, lui fera goûter au succès populaire. Vue par près de 6 000 personnes, elle fera un tabac aux quatre coins du Québec jusqu’en 2009, s’arrêtant à Liverpool (Angleterre) au passage. En 2007, Le fils d’Adrien s’envole en France pour achever Variations mécaniques à la Maison des Arts de Créteil (MAC). Cette création pour enfants et familles, qui allie danse, sculptures et vidéo, avait été amorcée trois ans plus tôt au Centre culturel canadien à Paris. En tournée depuis, l’oeuvre est considérée, ici et dans l’Hexagone, comme un morceau de poésie fantaisiste, délicat et intelligent. En 2008, Le fils d’Adrien connaît la consécration grâce au 400e de Québec. Pour l’événement, la compagnie produit Le fil de l'Histoire, une procession dansée, participative et haute en couleurs qui invite les gens à envahir les rues de la Vieille Capitale. Encensé par le public et la critique, le spectacle est l'une des vedettes des festivités. Il fait aussi de Rhéaume le lauréat du Prix du développement culturel au Gala d'excellence des arts et de la culture de Québec. À la demande générale, Le fil connaît en 2009 une deuxième édition, elle aussi couronnée de succès. En plus du fil de l’Histoire, il collabore à deux autres projets pour le 400e de Québec : Le clan des oiseaux, un spectacle familial avec l’Orchestre symphonique de Québec (présenté au Grand Théâtre, à Wendake et Lévis) puis Le chemin qui marche, un rave multidisciplinaire des Productions Olivier Dufour. Décidément partout à Québec, il surprend au Carrefour international de théâtre 2009 avec sa chorégraphie La Noce, dernier arrêt du trajet nocturne Où tu vas quand tu dors en marchant ...? de Frédéric Dubois. Présentée sur le parvis de l’église St-Roch, sa performance «maritale» tout en sons et lumières exalte le public qui est invité, en finale, à danser un «continental» en pleine rue ! Proche de son public et de ses artistes Le fils d’Adrien est bien plus qu’une «boîte à produire des shows». C’est d’abord le plus important employeur de sa discipline à Québec. Il est aussi un levier pour la relève. Il offre notamment des stages aux jeunes professionnels et produit pour les écoles de formation en danse. Soucieuse de se rapprocher du public, la compagnie joue d’audace pour stimuler l’intérêt de celui-ci envers son art. En 2005, elle est la première en danse à organiser des focus groups pour tester ses spectacles avant leur première. En 2006, elle innove encore avec ses Levées de Rideau, pub qui consistaient à présenter un extrait live de CLASH en première partie d’un spectacle de théâtre. Elle offre en outre, toute au long de l’année, une vaste gamme d’ateliers et d’actions culturelles qu’elle adapte en fonction de la clientèle. Quoi de neuf en 2009-2010 ? Après une grande première à guichet fermé à La Rotonde, où elle a ému et conquis le public, la toute dernière production du fils d’Adrien prend la route. NU sera en tournée dans 11 salles de la province avant d’être reprise à Québec. Variations mécaniques fait également son entrée sur les routes du Québec avec une quinzaine de représentations. Par ailleurs, la pièce poursuit son périple en France au Théâtre Paul Eluard à Bezons. Harold Rhéaume L Devenu «le fils d’Adrien» en 1999, il participe au (défunt) Festival International de Nouvelle Danse (FIND) avec Épitaphe et produit un dernier spectacle à Montréal avec ses amis Catherine Tardif et Jacques Moisan. Un brin flyée, Trinité obtient un succès qui les propulse à Burlington aux États-Unis. Puis Harold revient enfin à Québec, sa terre natale, cultiver sa carrière qui est aujourd’hui sur une magnifique lancée ! Une démarche sensible Harold Rhéaume se distingue des courants formels et conceptuels. Il cherche, par une danse qui fait appel aux sens, à entrer en contact direct avec les gens. Se voulant accessible, il crée des spectacles dans lesquels monsieur-madame-toutle-monde peut se reconnaître. Les médias l’ont d’ailleurs qualifié de «chorégraphe de la condition humaine (…) capable de communiquer avec le public sans l’usage de la parole». Photo Brigitte Thériault L’enfance d’Harold Rhéaume se passe en banlieue de Québec. Surnommé Denis-la-petite-peste par sa famille, il n’est sage que lorsqu’il regarde les comédies musicales à la télé. En particulier quand Fred Astaire fait son apparition, un artiste qui influencera toute son oeuvre future. Son intérêt pour la danse naît comme ça, tout simplement. Mais ce n’est que beaucoup plus tard qu’il décide d’en faire carrière, après avoir chanté dans une chorale, été gérant d’une Caisse Populaire et caressé le rêve de devenir acteur. Ses auditions échouent : le banquier ne deviendra pas comédien. Il a alors 20 ans et s’inscrit à l’École de danse de Québec. Diplômé en 1989, il débute comme apprenti à la compagnie Danse Partout (Québec) avant de joindre les rangs du prestigieux Groupe de la Place Royale à Ottawa. Sous la férule de Peter Bonaham, il expérimente les rudiments de l’interprétation et de la création chorégraphique. On découvre ses premières œuvres au Festival Danse Canada (Ottawa), au Winnipeg Dance Festival et au New Moves Festival à Glasgow en Écosse. Déjà en 1992, The Ottawa Citizen affirme que «(…) son œuvre deviendra une importante contribution aux arts de la scène de ce pays.» Il part pour Montréal en 1993. Dès lors, il danse avec brio dans le travail de Louise Bédard, Danièle Desnoyers, Estelle Clareton, Hélène Blackburn, Isabelle VanGrimde, Daniel Soulières et Sarah Bild. En 1997, La Presse affirme d’ailleurs : «(…) lorsqu’il danse, Harold Rhéaume dégage une telle intensité qu’il semble immense (…) il fait partie de ceux qui dansent pour dire, pour émouvoir.» Dès son arrivée dans la métropole il obtient une première chance de faire sa marque comme chorégraphe indépendant. Lucie Boissinot, danseuse vedette pour JeanPierre Perreault, lui commande Ses propres ailes. C’est la fin de l’anonymat. Il réalise Falaise en 1994 pour The Dance Collective Company (Winnipeg). La même année on remarque Fatras (une coproduction avec Danse-Cité) au Festival Danse Canada (Ottawa). Viennent ensuite Troïka (1996) et Hybride (1997) à Tangente (Montréal). Alors un des meilleurs espoirs de sa génération, Harold reçoit le 37e Prix JacquelineLemieux du Conseil des Arts du Canada. Ce prix souligne le caractère prometteur, réfléchi et humain de son travail. Toujours en 1997, il s’associe à la vidéaste Katrina McPherson et crée en Écosse la pièce Picture Show. En 1998, après avoir présenté Fresk à l’Agora de la danse (Montréal) et au Betty Oliphant Theatre (Toronto), il fait sa première Place des Arts (Montréal) avec Les dix commandements. Le décalogue est très bien reçu par la critique. «Pari réussi !» titre La Presse, «Just plain brilliant (…) Les dix exceeds all expectations.» cite The Gazette. Intimistes, ses chorégraphies s’adressent davantage aux trippes qu’à la tête. Qu’elle soit sensuelle ou athlétique, délicate ou dynamique, sa gestuelle touche en plein cœur. Expressive et très physique, elle possède en outre un caractère unique et indéfinissable. Elle a un je-ne-saisquoi qui peut tour à tour nous faire rire et pleurer, tout en nous faisant réfléchir. Plus qu’un chorégraphe, Rhéaume est un véritable metteur en scène du mouvement. Rigoureusement ficelés, ses tableaux dansés forment une solide trame où le hasard n’a pas sa place. Inventifs, raffinés, ses spectacles font également une large place à la lumière, un personnage distincif à part entière aux couleurs fortes et pures. Comme un cinéaste, il invente des personnages et produit des images qui frappent l’imaginaire. Il construit ses «scénarios» à partir du quotidien. Mais instinctif, il se sert souvent de ses flashs. Son travail se nourrit aussi de multiples influences : de la musique contemporaine à l’architecture moderne, en passant par le théâtre, les arts visuels et les comédies musicales. Mais par-dessus tout, ce sont les danseurs qui animent le chorégraphe. C’est avec leur personnalité, leur vécu, voire leurs limites qu’il travaille. Cette particularité fait de ceux-ci de véritables individus sur scène, des gens «comme vous et moi». En somme, la danse d’Harold Rhéaume est authentique, captivante d’ingéniosité et dotée d’une grande sensibilité. Elle est capable d’exprimer ce qui fait de l’humain un être à la fois fort, vulnérable et touchant.