L`heure d`un message positif
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L`heure d`un message positif
MANAGEMENT Entreprendre ensemble par Luc Lambrecht L’heure d’un message positif ALLIANCES Leurs témoignages constituaient un plaidoyer pour un nouvel entrepreneuriat caractérisé par une plus grande ouverture, transparence et confiance. Un plaidoyer pour une plus grande collaboration avec les clients, fournisseurs, sociétés complémentaires en Belgique et à l’étranger, entreprises d’autres secteurs, entreprises établies et starters, instituts d’enseignement et de recherche. Voilà comment mettre sur le marché rapidement et efficacement des produits et services innovateurs. Voilà la réponse à la mondialisation et à la délocalisation. Même si la délocalisation ne doit pas être perçue à tout prix comme une menace, au contraire. «Grâce à la délocalisation, nous avons pu continuer à croître et l’emploi a augmenté chez nous à Schellebelle», remarque Herman Van de Velde, l’homme qui se cache derrière la marque de lingerie de luxe Marie Jo. Herman Van de Velde emploie 1.270 personnes dont 420 en Belgique. CONFIANCE Herman Van de Velde avait déjà senti venir l’orage il y a vingt ans. Il décida alors de se concentrer sur la conception et la commercialisation de lingerie de luxe et de sous-traiter la production à un fabricant chinois de lingerie (Top Form, 8.500 personnes). Entre-temps, il pro- Jerry De Brie D’accord, les frais salariaux sont beaucoup trop élevés. Et il y a trop de réglementations inutiles, voire nocives. Nous devons continuer à taper sur le clou, mais nous devons simultanément entreprendre. Cessons de geindre et lançons un message positif. Telle est la philosophie de Karel Uyttendaele d’Agoria TIC, le moteur derrière la dernière campagne de sensibilisation «Entreprendre ensemble, c’est innover ensemble». D’accord, la collaboration n’est pas vraiment ancrée dans nos gènes. Cependant, regardez cette campagne, une collaboration d’Industrie Vlaanderen, VKW, Voka et de l’administration flamande (ministre Fientje Moerman). Et regardez surtout les nombreux entrepreneurs qui ont témoigné leur confiance dans les alliances, les réseaux de compétence, les réseaux d’innovation durant les treize sessions. Cela explique probablement aussi leur succès et leur croissance continue, malgré nos nombreux handicaps. Jerry De Brie Innover plus vite et plus efficacement, telle est la réponse à la mondialisation de notre économie. Comment ? En concluant des alliances stratégiques avec des sociétés complémentaires, des partenariats indépendants basés sur la confiance plutôt que sur des contrats lourds et pesants. Herman Van de Velde : « Grâce à la délocalisation, nous avons pu continuer à croître. » Jo Versavel : « Regardez au-delà de votre propre secteur. » duit aussi en Hongrie et en Tunisie dans ses propres ateliers d’assemblage. «Après avoir collaboré près de vingt ans en confiance avec mon partenaire chinois, j’ai pensé devoir officialiser cette situation sous la forme d’un joint-venture. Cependant, en formalisant notre accord sur le plan juridique, les Chinois sont devenus méfiants. Nous avons donc mis un terme à notre joint-venture. Nous travaillons à nouveau comme avant, en misant tout sur la confiance», explique-t-il. «mais nous ne pouvons l’être dans chaque domaine. Nous nous concentrons sur l’analyse d’images, pour laquelle nous développons le logiciel. Tout le reste – la compression d’images, les bases de données, la conception du produit, la production -, nous le sous-traitons à des partenaires plus qualifiés que nous.» De la sorte, la petite société Traficon (40 personnes) est devenue un grand acteur mondial et notamment le spécialiste mondial en détection automatique d’accidents dans les tunnels. La PME de Courtrai opère dans un réseau d’innovation mondial et garde les rênes en main. La contrefaçon est illégale mais ouvrir les yeux ne l’est pas. Jo Versavel participe à des congrès et salons dans le monde entier, consacrés bien sûr au contrôle du trafic mais aussi à des disciplines totalement différentes. «J’aime fouiner dans des salons qui n’ont rien à voir avec mon activité. C’est ainsi que j’ai vu à Interieur 2004 à Courtrai un appareil d’éclairage sphérique qui m’a donné l’idée de faire concevoir une caméra de détection sphérique par Pilipili.» Soit dit en passant, Jo Versavel est l’administrateur délégué de Stichting Interieur. « Je crois sincèrement à l’échange de connaissances au-delà des frontières sectorielles» dit-il. ■ BREVETS Peu d’entrepreneurs sont avides de brevets. Ceux-ci coûtent cher et donnent un faux sentiment de sécurité. «Un brevet mondial coûte de 75 à 100.000 euros et si vous constatez une infraction, les misères ne font que commencer. C’est à ce moment que vous devez sans cesse ouvrir votre portefeuille pour payer votre avocat», fait remarquer Jo Versavel de Traficon. «Nous n’employons pas de juristes car nous utilisons des contrats simples.» Traficon est spécialisée dans la détection vidéo pour applications routières, plus particulièrement dans le traitement d’images vidéo destiné à l’analyse du trafic. La société est un bel exemple du slogan « entreprendre ensemble, c’est innover ensemble». «Nous voulons être les meilleurs», déclare Jo Versavel, www.samenondernemen.be INDUSTRIE TECHNIQUE & MANAGEMENT JUIN 2005 ■ 25