La religion ancestrale (AFB)

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La religion ancestrale (AFB)
LA RELIGION ANCESTRALE
Pour les premiers Européens découvreurs de l’Afrique Noire, il n’existait pas de religion à proprement
parler, tout juste des croyances. Les indigènes étaient des païens.
Par la suite, les ethnologues ont parlé d’idolâtrie, de totémisme, de paganisme, de naturisme, de
mânisme pour se mettre d’accord sur le mot d’ « Animisme » . Les Africains parlent plus volontiers de
« fétichisme ». Aucun de ces termes, et probablement aucun de leur regroupement, ne rend compte de la
réalité. On s’est entêté à définir une religion africaine syncrétique alors que chaque ethnie a ses propres
conceptions, ses mythes et ses rites.
La plupart des pratiques, considérées comme sataniques par les Pères missionnaires, ont été
définitivement condamnées.
En fait, l’Africain Noir vit en communion étroite avec l’invisible et le sacré. Tous les évènements et les
actes ont un rapport avec le surnaturel ; il est foncièrement religieux. Les religions sont vécues mais
rarement conceptualisées et il n’y a pas de théologie élaborée. La connaissance est empirique.
Les rites – très ésotériques – sont confiés à des « initiés » et la transmission des mythes et des rites est
orale.
Il s’agit de religions de familles, de clan, qui ne prétendent jamais à l’universalité ni à l’expansionnisme.
La spiritualité est le complément de la vie matérielle : âme et corps sont indissociables, comme le sont
religion et politique. Il est artificiel de distinguer le religieux et le profane.
Pour tous, il y a un Être Suprême / Dieu Créateur. Ce Dieu unique est relativement inaccessible aux
hommes : trop grand, trop divin. Chaque ethnie possède des mythes relatant pourquoi et comment dieu
s’est éloigné de sa création.
Pour l’atteindre, il y a nécessité de s’adresser à des puissances intermédiaires, créées par lui pour cette
fonction : des êtres surnaturels, des génies (appelés aussi « fétiches « , mot qui en France ne désigne
souvent que leur représentation), les esprits des ancêtres décédés (il serait préférable de parler de
« l’Esprit des ancêtres »).
Certains auteurs les ont qualifiés de « dieux secondaires « et, de ce fait, ont laissé croire à un
polythéisme.
Il y a un ailleurs où se tient Dieu.
Il y a un monde invisible comprenant les êtres surnaturels spécialisés dans différentes fonctions (en
rapport avec l’environnement et le mode de vie de chaque population) et l’Esprit des ancêtres. Le concept
est différent de celui du « ciel » éloigné, ailleurs. Le monde invisible est autour de soi.
il y a un monde visible, en première approximation celui des vivants. Les Africains – par les rites - ont
aménagé des passerelles entre ces deux mondes.
Il existe des génies locaux propres à une famille ou à un clan et même des génies domestiques.
Des divinités sont spécifiques à des activités (la chasse, la cueillette…) à des métiers (forgerons,
tisserands…) à la fécondité…
Les génies sont donc des émanations du Dieu unique, mais pour beaucoup, ils sont primordiaux : souvent,
on oublie l’essentiel pour l’accessoire.
Dans les populations de la boucle du Niger, on retrouve souvent parmi les divinités, comme probablement
ailleurs en Afrique, les trois maîtres des éléments :
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Celui de l’eau, important pour les pêcheurs, représenté par un poisson. L’eau/rivière n’est pas
principalement évoquée au Burkina où les rivières sont rares, de débit faible ou nul (sauf, peut-être,
pour les ethnies principalement implantées dans le bassin du Niger et qui débordent les frontières du
pays), mais l’eau/pluie est très importante pour ces populations cultivatrices.
Celui de l’air, honoré par les chasseurs et les voyageurs, symbolisé par un oiseau
Celui de la terre, capital pour les agriculteurs, souvent
représenté par un serpent
Certaines puissances surnaturelles sont considérées
comme mâles (chez les Dioula par exemple), femelles,
formant un couple (chez les Senoufo) ou androgyne
(chez les Bambara).
Chez les Mossé, elles peuvent être mâles ou femelles,
mais l’expression courante pour les désigner ne fait
pas ressortir la notion de sexe, d’où l’impression
fausse qu’elles sont exclusivement mâles.
Dans les civilisations de grands empires, les Mossé
par exemple, des héros fondateurs sont honorés
comme des divinités.
Les génies sont souvent capricieux ou irritables ; il est
nécessaire de les amadouer ou de les apaiser par des
sacrifices. Encore faut-il respecter le rituel car, en cas
de faute, la divinité peut refuser d’agréer le sacrifice.
Les génies peuvent être représentés par des objets
symboliques (masques, statuettes..) et peuvent
s’incarner dans les lieux où ils se tiennent (arbres,
forêts ou mares sacrées…), d’autres peuvent s’incarner dans des animaux (animaux totems).
Ce qui paraît capital est l’importance accordée à l’Esprit des ancêtres (Ba Ramba chez les Mossé).
Tout homme ne peut y participer, il faut avoir été initié, avoir montré de la sagesse et un respect de
des traditions durant sa vie, ce qui, pour beaucoup, n’a été possible qu’aux hommes âgés qui ont
assumé des responsabilités. (Plus exceptionnellement et dans certaines ethnies, des femmes
particulièrement appréciées, participent à l’esprit des ancêtres).
Tiré de
" Traditions et modernité au Burkina Faso"
Auteur : Les Amitiés Franco-Burkinabè
ed. L'Harmattan 2007
page 21
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