Sables mouvants : Qu`y a-t-il dans votre panier?
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Sables mouvants : Qu`y a-t-il dans votre panier?
POINT DE VUE SUR LES PL ACEMENTS P R É S E N T É PA R L E G R O U P E D E S S T R AT ÉG I E S D E P L A C E M E N T Sables mouvants : Qu’y a-t-il dans votre panier? S T E PH E N R O G E R S , S TR ATÈG E EN PL ACEMENTS , S O CIÉ TÉ D E G E S TI O N D’ IN V E S TIS SEMENT, I .G . LTÉE Comme les sables qui se dérobent sous vos pieds, la fluidité des pondérations sectorielles des indices peut compromettre les fondements soigneusement diversifiés de votre portefeuille. Convaincu de la nécessité d’« acheter le marché » bien longtemps avant que les fonds négociés en bourse (FNB) ne soient à la mode, vous avez acquis des parts liées à l'indice TSE 35, ou TIPS, dès qu’elles ont été inscrites à la cote en 1990. Afin de vous assurer une certaine présence sur les marchés étrangers, vous avez saupoudré le tout de quelques certificats représentatifs d’actions étrangères du S&P 500 (SPDR), ou « spiders », lors de leur lancement en janvier 1993. Puis vous avez laissé aller les choses, confiant que ces instruments de placement vous assuraient toute la diversification sectorielle requise pour créer un portefeuille équilibré. Eh bien, quel mauvais calcul vous avez fait! En moins d’une décennie, votre exposition au secteur de la technologie a pris des proportions inquiétantes. En effet, de 6 % au moment du lancement des SPDR, le poids de ce secteur atteignait presque 30 % sept ans plus tard. CONTENU Pendant ce temps, à la Bourse de Toronto (TSX), le titre Nortel pesait à lui seul plus que cela! L’exposition au marché a été dévastatrice lorsque le secteur technologique s’est effondré au cours des deux années suivantes. Peu de temps après, c’était au tour du secteur financier d’écoper. Alors que dans les années 1990 la pondération de ce secteur s’établissait à moins de 10 % de l’indice du S&P 500 et était de l’ordre de 15 % sur le TSX, elle avait doublé sur les deux marchés avant que la crise financière de 2008 n’éclate. Une fois de plus, les investisseurs qui croyaient avoir bien diversifié leur portefeuille ont été frappés de plein fouet. Dans notre commentaire récent sur le parti pris des investisseurs pour les titres nationaux (Fibre patriotique), nous avons examiné les risques que comporte une concentration involontaire dans des marchés de plus petite taille et plus faiblement diversifiés. Les marchés ne sont pas toujours diversifiés 2 | Les périls du placement indiciel 3 | Modifications au fil du temps 4 Conclusion 6 | 1 | Les exemples présentés ci-dessus montrent que l’on n’est jamais vraiment à l’abri d’une concentration sectorielle hasardeuse – même sur un marché fortement diversifié. Dans le présent livre blanc, nous examinerons l’évolution de la composition des indices, et nous démontrerons toute l’importance des examens et rééquilibrages de portefeuille périodiques. Les investisseurs qui ont acheté des parts indicielles, des fonds indiciels ou FNB – ou même des fonds d’actions activement gérés qui définissent leurs expositions neutres sur la base des pondérations sectorielles – pourraient être surpris de la concentration périlleuse à laquelle peut mener ce type de stratégie. Pour plusieurs, la solution au problème de concentration sectorielle du marché canadien consiste à compenser l’exposition de base au marché en investissant dans des fonds sectoriels ou encore en prenant des positions sur les marchés étrangers qui font une large place à des secteurs différents. Préconisant une approche plus large, d’autres se tournent vers les « Acheter le marché » n’est pas une garantie de diversification Dans la Fibre patriotique, nous avons relevé la faible diversification du marché boursier canadien en soulignant le fait que trois secteurs seulement représentent près de 75 % du marché (Tableau 1). TABLEAU 1 Concentration des secteurs et des émetteurs CANADA É.-U. R.-U. FRANCE ALLEMAGNE % Princ. secteur 41,1 20,2 21,1 19 19,8 % Trois princ. secteurs 74,7 50,4 53,9 53,6 51,1 Finance Technologie Finance Industrie Cons. disc. Énergie Finance Cons. de base Finance Finance Matériaux Santé Énergie Cons. disc. Santé % 10 princ. secteurs 36,2 14,7 22,1 33,2 45,6 % Princ. émetteurs 5,7 2,3 3,2 5,8 6 Banque Royale Apple HSBC Holdings Total Bayer SUISSE AUSTRALIE JAPON HONG KONG CHINE 36,5 51,8 20,6 59,4 30,9 77 72,7 57,5 87,5 70,4 Santé Finance Cons. Disc. Finance Finance Cons. de base Matériaux Industrie Industrie Technologie Finance Cons. de base Finance Serv. aux coll. Télécomm. % 10 princ. secteurs 64,1 45,1 16 11,8 20,5 % Princ. émetteurs 15,5 8,4 3,6 2,3 2,9 Nestlée Commonwealth Bank Toyota Motor AIA Group China Mobile Princ. secteurs % Princ. secteur % Trois princ. secteurs Princ. secteurs | 2 | fonds d’actions mondiales ou internationales pour diversifier leur portefeuille sur la base de paramètres qui vont au-delà de la seule diversification par secteurs. D’autres changements sont aussi dignes de mention : • En moins de quinze ans, le secteur de la finance a triplé son empreinte dans l’indice boursier américain S&P 500. Puis, frappé par la crise financière mondiale de 2008, son poids a été divisé par deux, à seulement 11 %, avant qu’il ne remonte quelque peu. Encore aujourd’hui, son poids dans l’indice est inférieur de 6 % à ce qu’il était avant la crise. Mais même ces approches tous azimuts ne garantissent pas une diversification sectorielle durable. Pourquoi? Parce que les tendances du marché, les saveurs du jour et les changements apportés peuvent rapidement modifier la composition des indices – même celle d’indices apparemment aussi diversifiés que le S&P 500. Ce qui semblait raisonnable quand le placement a été fait peut provoquer un dangereux déséquilibre qui peut rapidement se révéler coûteux, surtout si un examen de portefeuille n’a pas permis de le déceler et que la situation n’a pas été corrigée rapidement. • Au début de la période d’analyse, le secteur de l’énergie représentait près de 15 % de l’indice. Dix ans plus tard, son poids avait été divisé par deux. Le marché haussier du nouveau millénaire lui a permis de renouer avec ses sommets précédents en 2009, mais son poids a de nouveau été amputé de moitié dans la foulée de l’effondrement des prix pétroliers au cours des dernières années (si la figure montrait les données de la décennie précédente, nous verrions que le secteur de l’énergie était le poids-lourd de l’indice, avec une représentation de 25 %!). Les périls du placement indiciel Le tableau 1 (ci-dessous) illustre l’évolution des différents secteurs de l’indice composé S&P 500 depuis 1990. Le secteur de la technologie sort nettement du lot en raison de la bulle technologique qui a quadruplé son poids indiciel en moins de huit ans. Les pertes causées par la division par deux de la pondération de ce secteur en moins de deux ans continuent aujourd’hui encore de refroidir les ardeurs des investisseurs. • Les secteurs des services aux collectivités, des matériaux et des télécommunications ont tous été réduits de moitié au cours de la période décrite dans la figure 1. FIGURE 1 S & P 500 : Pondérations sectorielles 1990 – T1 2016 SOURCE : SIBLIS RESEARCH C O N S O M M AT I O N DISCRÉTIONNAIRE C O N S O M M AT I O N DE BASE ÉNERGIE FINANCE SANTÉ INDUSTRIE TECHNOLOGIE DE L' I N F O R M AT I O N M AT É R I A U X T É L É C O M M U N I C AT I O N S SERVICES AUX COLLECTIVITÉS 35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5% 0% 1/1/1990 1/1/1992 1/1/1994 1/1/1996 1/1/1998 1/1/2000 1/1/2002 | 3 | 1/1/2004 1/1/2006 1/1/2008 1/1/2010 1/1/2012 1/1/2014 1/1/2016 • Le secteur de la technologie a connu une résurgence. Dynamisée par des titres comme Facebook, Amazon, Netflix et Google, sa pondération est passée de 15 % à plus de 20 %, soit une augmentation de près de 30 %. représentait toujours 9 % de l’indice au début de 2004. Aujourd’hui, avec un poids de moins de 3 %, il n’est plus que l’ombre de lui-même (même si sa représentation a doublé par rapport à son creux de 2011). Le TSX évolue lui aussi en dents de scie L’éclatement de la bulle technologique et la crise de 2008 soulignent la nécessité d’aller au-delà de la diversification par pays ou régions, même si vous détenez des soi-disant « paniers d’indices », et d’examiner régulièrement les expositions sectorielles sous-jacentes. Ces modifications sont la preuve que, même en l’absence de modifications délibérées, la composition des indices n’est jamais figée. Les pondérations des différents secteurs du marché canadien ont aussi beaucoup fluctué. Contrairement au marché américain qui n’a pas encore récupéré la totalité des pertes subies lors de la crise financière de 2008, les services financiers canadiens représentent maintenant 37 % de l’indice composé S&P/TSX – un niveau plus élevé que leur poids inférieur à 30 % d’avant la crise. En 1981, le secteur « pesait » à peine le tiers de son poids actuel. Qu’est-ce qui explique sa forte remontée? Essentiellement, la vente à des intérêts étrangers de géants et de marques emblématiques canadiennes des secteurs de l’industrie, des métaux de base et des produits de consommation comme Alcan, Noranda, Falconbridge, Seagrams, Molson et Labatt’s. Ensemble, les secteurs de l’énergie et des matériaux représentent aujourd’hui environ le tiers de l’indice composé S&P/TSX. Il y a huit ans, quand le pétrole, le gaz et les marchandises étaient en plein essor, leur poids combiné était plus près de la moitié. Pourtant, il suffit de retourner à 2002 pour constater que leur total combiné était alors d’a peine 15 %. En moins d’une décennie, le poids du secteur de la technologie de l’information est passé de moins de 5 % à un sommet de plus de 42 % en août 2000. Même après la déconfiture spectaculaire de Nortel, le secteur Ensemble, les secteurs de l’énergie et des matériaux représentent aujourd’hui environ le tiers de l’indice composé S&P/TSX. Il y a huit ans, ...leur poids combiné était plus près de la moitié. Mettez-y un plafond! Les indices plafonnés permettent d’éviter certains des risques découlant de l’évolution des pondérations. Des indices comme l’indice composé plafonné S&P/TSX, qui a été lancé en 2002 après la chute de Nortel, visent à empêcher qu’un titre unique exerce une influence indue sur l’indice. Les indices plafonnés limitent habituellement à 10 % le poids que peut avoir un titre, indépendamment de la capitalisation boursière de l’entreprise émettrice. Bien que les indices plafonnés puissent amoindrir les risques, ils ne les éliminent pas, car la forte expansion d’un secteur est habituellement alimentée par la poussée de plus d’un titre à la fois. Les indices S&P 500 : composés mais quand même capricieux? L’indice S&P 500 est l’un des indices boursiers américains les plus suivis. Généralement perçu comme un baromètre impartial ou neutre des actions américaines – ou du moins de celles émises par des entreprises à forte capitalisation boursière – il est devenu l’un des indicateurs les plus couramment utilisés pour investir sur le marché et l’économie américaine en général. Certains investisseurs pourraient donc être surpris d’apprendre qu’avant 1976, le composite ne contenait aucune société financière. Aucune. Les composantes du S&P 500 sont choisies par un comité (contrairement à d’autres indices | 4 | il a fallu attendre à 1999, cinq ans après strictement réglementés). Par conséquent, sa composition n’est pas seulement dictée par les forces du marché, mais parfois par des changements arbitraires aux critères de sélection et aux lignes directrices sur la composition de l’indice. Bien que le lancement du S&P 500 remonte à 1923, ce n’est qu’en mars 1957 que sa composition a été portée à 500 titres. Il comprenait alors 425 entreprises industrielles, 60 sociétés de services aux collectivités et 15 compagnies de chemin de fer. Aucune société financière, de soins de santé, de services ou de vente au détail n’en faisait partie – ce qui n’en faisait certes pas un indicateur représentatif de l’ensemble de l’économie américaine. En 1976, la formule a été modifiée, et l’indice comprenait 400 entreprises industrielles, 40 sociétés de services aux collectivités, 40 sociétés financières et 20 sociétés de transport. (Pour être juste, il faut se rappeler qu’il était alors impossible pour les investisseurs individuels d’« acheter » le S&P 500, même s’il était déjà largement utilisé comme un indice de référence du marché). Le système à composantes fixes 400-40-40-20 a finalement été abandonné en 1988 et le comité s’est vu accorder une plus grande liberté dans le choix des composantes, supposément dans le but de refléter le paysage commercial américain (pas nécessairement le paysage des entreprises cotées en bourse). Même avec cette marge de manœuvre, des groupes et des sous-groupes entiers d’entreprises sont parfois négligés ou ignorés. Ainsi, il a fallu attendre à 1999, cinq ans après le premier appel public à l’épargne de Netscape et alors que des sociétés Internet étaient en plein essor, pour que la première société liée à l’Internet, America Online Inc., soit ajoutée à l’indice. Un changement méthodologique plus récent qui a eu d’importantes répercussions sur les pondérations sectorielles de l’indice S&P est le passage à une pondération fondée sur le capital flottant. Lorsque le le premier appel public à l’épargne de Netscape et alors que des sociétés Internet étaient en plein essor, pour que la première société liée à l’Internet, America Online Inc., soit ajoutée à l’indice. comité de sélection du S&P a décidé de ne pas tenir compte de la partie des actions qui ne peuvent être négociées en bourse, de nombreuses entreprises ont vu leur représentation dans l’indice substantiellement réduite. Par exemple Walmart , dont le titre est détenu à 40 % par la famille Walton, a vu son poids dans l’indice réduit dans les mêmes proportions. Bien que Wallmart soit la plus grande entreprise au monde sur le plan des ventes, pas seulement aux États-Unis, elle ne figure pas présentement parmi les 30 premières sociétés du S&P 500. D’autres entreprises dont une forte proportion des actions est détenue par des initiés ou des détenteurs de participation stratégique ont subi le même sort, parmi lesquelles Microsoft, Oracle, Ebay et Goldman Sachs Group. À l’inverse, de grandes entreprises dont la proportion des actions détenues par des initiés est inférieure à la moyenne ont vu leur pondération augmenter. On pense ici à General Electric, Citigroup, Bank of America, Pfizer et Exxon Mobil. Au Canada, l’indice de référence a connu d’importants changements en mai 2002 quand il est passé sous le contrôle de Standard & Poor’s et qu’ont été adoptées les règles américaines en matière de composition des indices. Plutôt que d’être limité à 300 entreprises, comme son ancêtre le TSE 300 l’était depuis sa création en 1977, l’indice composé S&P/TSX comporte un nombre variable de composantes sélectionnées par le comité une fois par trimestre. | 5 | Bien que ces changements se soient échelonnés sur six mois, le visage de l’indice s’est rapidement transformé, le nombre d’entreprises qui le composent ayant chuté à 232 à la fin de 2002. La plupart des entreprises retirées appartenaient aux secteurs de la technologie, de la santé, de la finance et des services aux collectivités. Depuis, le nombre d’entreprises a atteint 278, au maximum, et 204, au minimum. L’indice canadien a subi un autre changement radical en décembre 2005 quand l’inclusion des fiducies a été autorisée. Du jour au lendemain, il est passé de 208 à 278 composantes, 37 des nouveaux noms provenant du secteur de l’énergie. Le mot de la fin De nombreux observateurs soutiennent depuis longtemps que les indices de Standard & Poors – parce qu’ils sont gérés par un comité de sélection qui ajoute des sociétés en croissance et retire des sociétés en déclin – s’apparentent plus à de gros fonds gérés activement qu’à de véritables indices. Il faut aussi noter qu’au Canada surtout, les changements apportés ont été si radicaux qu’ils empêchent toute comparaison légitime des données historiques (c.-à-d. que toute comparaison entre les périodes antérieures et postérieures à 2002 est impossible). Notre propos ici n’est pas de porter un jugement sur le bien-fondé de la méthodologie des indices et des modifications qui y sont apportées, sur leur incidence sur la performance, ou encore de voir si ces modifications ont influé sur la capacité des indices de refléter l’évolution des marchés. Nous souhaitons simplement illustrer le fait que la composition des indices est en constante évolution – tant en raison de l’activité des marchés que de la façon dont ils sont conçus – et qu’une approche reposant uniquement sur le concept d’achat du marché peut entraîner de dangereuses variations dans le risque économique auquel un portefeuille est exposé. Les stratégies de placement fondées sur une diversification par pays ou par régions, si elles ne sont pas accompagnées d’une analyse soignée de l’exposition aux secteurs économiques, sont lacunaires dans une économie mondialisée. La mondialisation des économies et la libéralisation des marchés des biens et des capitaux peuvent pousser de grandes entreprises à se délocaliser afin de bonifier leur position concurrentielle. Les stratégies de placement fondées sur une diversification par pays ou par régions, si elles ne sont pas accompagnées d’une analyse soignée de l’exposition aux secteurs économiques, sont lacunaires dans une économie mondialisée. Un énoncé de politique de placement devrait inclure un calendrier de suivi et d’examens périodiques – trimestriels, semestriels ou annuels, selon la complexité du portefeuille. De tels examens ont notamment pour but de repérer les doublons indésirables et les concentrations excessives. La construction d’un portefeuille n’est pas une activité du type « réglez et oubliez », même si le portefeuille regroupe des fonds de pays très diversifiés. Un processus d’examen itératif engagé dans le cadre d’une stratégie formelle contribuera au maintien de l’équilibre d’un portefeuille. Le présent commentaire est publié par le Groupe Investors. Il reflète les vues de notre Groupe des stratégies de placement et est offert à titre d'information générale seulement. Il ne vise pas à prodiguer des conseils de placement ni à faire la promotion d'un placement donné. Il se peut que le Groupe Investors ou ses fonds de placement, ou encore les portefeuilles gérés par nos conseillers externes, détiennent certains des titres mentionnés dans ce texte. Aucun effort n'a été ménagé pour assurer l'exactitude de l'information contenue dans ce commentaire à la date de publication. Toutefois, le Groupe Investors ne garantit ni l'exactitude, ni l'exhaustivité de cette information et décline toute responsabilité relativement à toute perte découlant de cette information. © Groupe Investors Inc. (12/2016) | 6 |