TOURNOI D`ORTHOGRAPHE D`ENGHIEN-LES

Transcription

TOURNOI D`ORTHOGRAPHE D`ENGHIEN-LES
TOURNOI D’ORTHOGRAPHE
D’ENGHIEN-LES-BAINS
DICTÉE 2011
Doubles-croches assassines
Des vers tuent
De l’arbalète à l’espingole, de l’eustache au scramasaxe, du chassepot au crapouillot,
les assassins se sont toujours donné le choix des armes. Quant aux auteurs de polars, ils se
sont plu et ingéniés à inventer pléthore de stratagèmes criminels qui ont pu donner des idées à
des gendres pour se débarrasser d’une belle-mère peu bellotte: le riflard sofiote, l’amanite
phalloïde, l’alêne effilée, la chute inopinée d’un pêcher. Mais les règles les plus sacrées de
mise à mort qui prévalent en vénerie comme entre meilleurs gens de lettres sont respectées ; et
les lecteurs d’Enghien qui suivent assidûment les tueurs en série chez leur feuilletoniste favori
ne peuvent être taxés de complicité. Dans l’affaire Saint-Fiacre, chez Simenon, une baronne
cacochyme, au blason gironné d’or et de gueules, en fit l’ultime expérience en ouvrant aux
laudes son antiphonaire qui celait une phrase assassine que son cœur ne supporta pas.
Voici aujourd’hui un rude coup porté à la poésie. L’un de nos djeuns va comparaître
devant une cour d’assises pour s’en être pris aux keufs. Le texte, que ce malappris a commis
dans une chanson, est un véritable pousse-au-crime, puisqu’il n’abuse ni de la litote ni de la
métaphore.
Le procureur dénonce une apologie du crime et l’artiste aurait en garde à vue
prétendument plaidé le malentendu ! « En prison pour médiocrité ! » se fût écrié sans détour
Montherlant. Quoique le bourru Georges, dans ses chansons, à rosser les cognes toujours se
complût, - mort aux képis, vive l’anarchie ! – bon enfant les pandores de la maréchaussée ne
lui passaient pas les menottes pour autant. Les graffiteurs se cachent pour tracer nuitamment
« Mort aux vaches ! » sur le crépi des murs. Les vaches, que Creutzfeldt-Jakob a voulu
éloigner par prophylaxie pour se protéger de l’encéphalopathie spongiforme (il a tôt su que les
taures tuent), ne sont pas celles coiffées d’un casque à pointe, prussiennes et moustachues,
que les gavroches vouaient au gibet sous Badinguet après la capilotade sedanaise.
Il siérait que les juges condamnent le prévenu rimailleur à apprendre, lors des quelques
mois ferme qu’il devrait purger au violon, les bouts-rimés de Brassens par cœur ! Pour lui
donner, révérence parler, une leçon de style.
JEAN CHALVIN
DICO D’OR 2003
Graphies admises : djeuns ou djeun’s
vénerie et vènerie

Documents pareils