12 JUIN 2010.pub
Transcription
12 JUIN 2010.pub
LE 12 JUIN 2010 au Bois de CRESSONSACQ 10/06/1940—12/06/2010 JOURNEE NATIONALE DU TIRAILLEUR Jean-Jacques POTELLE, Maire de CRESSONSACQ, le Conseil Municipal de CRESSONSACQ, les Anciens Combattants de CRESSONSACQ et leur Porte drapeaux, les Habitants du village, les familles des victimes de juin 1940 remercient toutes les personnes qui se sont associées à la préparation et à l’organisation de cette manifestation pour que ce 12 juin devienne une date incontournable de l’histoire de notre commune. Au risque d’en décevoir certains que nous aurions oubliés, il nous faut signaler les aides précieuses de : Michel CARBONNIER, Michel DUFOUR, Olivier DASSAULT et Olivier PACCAUD, Henry DUTAILLY, Les Généraux Pierre LANG et Armel LEPORT de la F.N.A.O.M. Le Secours de France, La Communauté de Communes du Plateau Picard, La famille DE BERGH. INVITATION les Communautés de Communes du Plateau picard et des Deux Vallées, les Elus du Département, les Maires des Communes de Cressonsacq et de Cambronne-les-Ribécourt, vous prient de bien vouloir assister aux cérémonies d’hommage aux Combattants de 1940 organisées par La Fédération nationale des anciens d’outre-mer et des anciens combattants des Troupes de marine et L’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre A l’occasion du 70ème anniversaire de la Campagne de France et du 50ème anniversaire de l’indépendance des pays d’Afrique francophone. Le samedi 12 juin 2010, à 8 h 45 à la stèle du Bois d’Eraine et à 11 h 30 à la Nécropole Nationale de Cambronne-les-Ribécourt Discours prononcé à Cressonsacq le 12 juin 2010 par le GCA(2S) Pierre LANG, Président de la FNAOM-ACTDM Chaque année, la Fédération Nationale des Anciens d'Outre-Mer et Anciens Combattants des Troupes de marine organise une cérémonie durant laquelle nous nous souvenons des soldats coloniaux et des tirailleurs morts pour la France. En cette année 2010, il nous a paru judicieux d'honorer plus particulièrement ceux qui sont tombés au cours de la Campagne de France de mai-juin 1940. Dans ce contexte, pourquoi sommes-nous rassemblés ce matin à Cressonsacq, à quelques centaines de mètres de la ferme d'Éloge, en cette lisière de forêt ? Je vais m'attacher à faire un historique succinct puis je tirerai les enseignements de l’épisode dramatique mais glorieux qui s’est déroulé ici même. Les faits que je vais évoquer concernent la 4e Division d'Infanterie Coloniale, composée essentiellement du 2e Régiment d'Infanterie Coloniale et des 16e et 24e régiments de Tirailleurs Sénégalais. Ce n'est donc pas par hasard que sont présents ce matin le drapeau du 2e Régiment d’Infanterie de Marine, héritier du 2e RIC, ainsi que le drapeau du 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais, drapeau qui illustre toute les gloires des tirailleurs sénégalais dont l'armée de terre d’aujourd’hui conserve pieusement le souvenir et garde le drapeau. Cette division avait reçu le 23 mai la mission d'arrêter l'ennemi sur la Somme. Durement éprouvée par douze jours de combats acharnés, n'ayant pas reçu de renfort, la 4e DIC doit battre en retraite, puis, à partir du 7 juin, couvrir face à l'ouest le repli sur l'Oise ordonné par le haut commandement. Les 8 et 9 juin, elle poursuit son mouvement et, le 10, elle est à hauteur de la route Angivillers - Lieuvillers - Erquinvillers. C'est dans ce contexte que deux détachements se retrouvent dans la partie nord du bois d'Éraine avant le lever du jour. Ce sont : un détachement du 16e RTS aux ordres du capitaine Speckel ; et un détachement du 24e RTS aux ordres du Commandant Bouquet. Les Allemands occupant le Sud-ouest du Bois, la ferme d'Éloge et Bailleulle-Soc, le commandant Bouquet décide d'attendre la nuit pour reprendre le mouvement vers le Sud. Malheureusement, un sénégalais se dévoile, probablement en voulant aller chercher de l'eau. Ceci amène les Allemands à fouiller le bois. Ils aperçoivent le capitaine Méchet qui, sommé de se rendre, fait un geste de défense. Il est abattu. Un bref combat s'engage. Estimant qu'il est sans espoir, le Commandant Bouquet ordonne de cesser le feu. Il est immédiatement obéi. Les prisonniers sont désarmés et fouillés, puis les Allemands séparent les Africains des Européens. Le Commandant Bouquet, pressentant le sort qui allait être réservé aux Africains, réagit en exigeant que les tirailleurs soient traités en soldats. Le capitaine Speckel, d'origine alsacienne, prend ensuite la parole en allemand pour dire sa fierté d'avoir commandé des soldats tels que les Sénégalais. Ces propos signent l'arrêt de mort des officiers français ; plus personne ne les reverra vivants. On retrouvera leurs corps en juin 1941 dans une tombe collective située en lisière nord du Bois d'Éraine, tués d'une balle dans la nuque et accompagnés dans la mort par deux tirailleurs qui ont vraisemblablement creusé la fosse de leurs officiers avant d’être abattus afin de faire disparaître les témoins du massacre. Les noms de tous ces exécutés feront l'objet de l'appel des fusillés dans quelques instants Quelles conclusions tirer de ces événements ? Je n'évoquerai que brièvement l'attitude des Allemands appartenant au régiment Gross-Deutschland. Constitué de nazis fanatiques, ce régiment appliqua sans état d’âme l'idéologie raciste du régime hitlérien et considéra que les officiers français portaient la responsabilité des soi-disant crimes de leurs tirailleurs. Même s’il ne faut rien oublier, je pense que de nos jours l'antagonisme franco-allemand n’est plus d’actualité. Pour ce qui concerne les combattants français, et notamment ceux de la 4e DIC, il faut nous souvenir de trois points : D’abord les combattants de 1940, les Coloniaux en particulier, se sont battus jusqu'au bout de leurs forces. Je n'aurai cependant garde d'oublier tous les autres, et plus particulièrement en ces lieux, les équipages du 34e Bataillon de Chars qui se sont faits tuer jusqu'au dernier à quelques kilomètres d'ici, à Lieuvillers et Erquinvillers. A l’occasion du 70e anniversaire des combats meurtriers de mai – juin 1940, c’est justice de réfuter l’idée malheureusement trop répandue que nos soldats ne se sont pas battus. Ensuite les tirailleurs sénégalais ont été de formidables guerriers et ont prouvé, de leur sang, leur attachement à une Mère-Patrie qui était pour eux pourtant si éloignée au plan géographique et dont le concept était bien vague dans leur esprit. Sous la conduite de leurs chefs européens, ils ont tout donné. En cette année où nous commémorons le Cinquantenaire des Indépendances africaines, souvenons-nous de ces milliers de tirailleurs venus mourir pour notre liberté en 1940 comme en 1914-1918. Enfin, s’agissant des chefs européens, leur réaction face aux Allemands a montré la très réelle fraternité d'armes qui unissait Blancs et Noirs. En raison des racines chrétiennes de notre civilisation, il me vient spontanément à l'esprit cette parole de l'Évangile "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour les autres". Si ce n'était de l'amour, ce fût au moins l’attachement à leurs tirailleurs que ces huit officiers payèrent de leur vie. Ceci prouve que même dans l’adversité, ils surent faire preuve d’altruisme et de grandeur d’âme, ce qui justifie l’hommage que nous leur rendons ce matin. Souvenons-nous de tous les actes héroïques qui, malgré la défaite, ont marqué cette Campagne, Campagne au sens militaire mais aussi campagne au sens géographique du mot ; gardons-les en mémoire et célébrons la fraternité d'armes manifestée ici-même jusqu’au sacrifice suprême. Discours prononcé par Jean-Jacques POTELLE Maire de CRESSONSACQ COMMEMORATION 12 JUIN 2010 Monsieur le Sous Préfet, Monsieur le Député Suppléant, Mesdames et Messieurs les Maires, Messieurs les Officiers Généraux, Généraux, Messieurs les Militaires d’Active, Messieurs les Élèves Officiers, Monsieur le Président de l’Office Nationale des Anciens Combattants, Monsieur le Directeur National du Secours de France Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations, Mesdames et Messieurs les Enseignants, Mesdames et Messieurs les Parents des Officiers Français et Africains tués ici au Bois d’Eraine en juin 1940 Bienvenue à vous tous ici, à CRESSONSACQ, devant cette stèle érigée sur les lieux même de la fosse commune et dédiée à de valeureux Officiers français et tirailleurs sénégalais tombés sous les balles de l’ennemi le 9 ou 10 juin 1940. Avant toute chose, je voudrai remercier toutes les personnes qui ont contribué à permettre que cette manifestation puisse se dérouler ce jour, Merci au Général Pierre LANG d’avoir fait de cette manifestation la journée nationale du Soldat d’outre Mer, et merci à sa fédération d’avoir « chapeauté » son organisation, merci à Monsieur Philippe DUMONT, Directeur de l’Office Nationale des Anciens Combattants pour le département de l’Oise de nous avoir assisté matériellement, merci à Monsieur Michel CARBONNIER qui avec Henri DUTAILLY ont été les initiateurs de cette journée, merci à Olivier DASSAULT et Olivier PACCAUD d’avoir été à notre écoute et été nos intermédiaires auprès des différentes autorités de l’État. J’oublie certainement d’autres personnes, qu’elles me pardonnent. Le Général Pierre LANG venant d’exposer les faits militaires, je vous parlerai de notre histoire lo- cale et de l’exemplarité qu’il y a à être volontaire, téméraire et de croire en ses idées et de combattre l’injustice pour que le devoir de mémoire se développe. Cette stèle a été édifiée en 1992, 52 ans après la mort de ces valeureux combattants, il était temps. Certains pourraient penser que si ces soldats et ces officiers sont morts, c’est parce qu’ils ont perdu, qu’ils ont subi une défaite, détrompez-vous, à la guerre on ne meurt pas seulement parce que l’ennemi est le plus fort, on peut mourir pour l’honneur, pour une cause que l’on sait juste, voire héroïque, c’est bien ce qui c’est passé ici voici 70 ans, des officiers, prisonniers de l’ennemi, sont morts ici même parce qu’ils ont voulu protéger leurs tirailleurs de couleur, prisonniers comme eux, ils trouvaient injustes qu’ils soient fusillés sans procès, sans respect de leur droit, mais simplement parce qu’ils étaient de couleur. Alors ils ont fait front avec leur corps et ont été fusillés, vous pouvez imaginer la valeur de ce geste collectif, prenez le temps d’y penser et de vous mettre à leur place ne serait-ce que quelques secondes…mais, ceci nous ne l’avons su qu’il y a peu de temps, pourquoi cela … Faisons un retour de 22 années tout juste. Nous sommes en 1989, Jeune élu, jeune Maire de ma commune, je reçois la visite d’une dame que je ne connaissais pas et qui se présente à moi comme étant la sœur de François ROUX, Officier français tué à CRESSONSACQ le 9 juin 1940 et me demande ce que je compte faire pour le cinquantenaire de la mort de son frère et de ses camarades. Je débarque, je ne sais pas de quoi elle me parle, oui, j’ai bien entendu parler de quelques soldats morts à CRESSONSACQ en juin 1940, mais sans plus. Alors, je lui demande de m’expliquer, et c’est là qu’elle me raconte l’histoire, du moins son histoire. Son histoire à elle c’était le souvenir de son frère, architecte brillant, officier, fusillé injustement, sans procès, oui, et cela malgré tous ses efforts pour qu’un procès soit tenu pour juger du massacre du bois d’Eraine, elle me dit qu’elle a tout essayé, jusqu’au procès de Nuremberg, mais sans succès… mais depuis bien longtemps elle a cessé ses recherches… le temps a passé, et nous avons œuvré ensemble pour ériger cette stèle et c’est depuis 20 ans maintenant, il ne se passe pas une semaine sans que je sois amené à répondre sur ce sujet et petit à petit nous reconstituons le puzzle, pour qu’aujourd’hui un hommage national puisse être rendu à ces hommes car leur héroïsme est reconnu et peut être comparé aux plus hauts actes de bravoure de cette époque. Eh oui, CRESSONSACQ avait oublié l’histoire, CRESSONSACQ avait oublié la bravoure de 4 Officiers saint Cyriens, 4 Officiers réservistes et 2 tirailleurs sénégalais même si les anciens connaissaient ces faits, ils n’en parlaient plus, on ne parle pas de ces choses là, c’était la guerre, elle est finie, c’est tout, on revit, ou on vit avec, en gardant en soi, on avait retrouvé les corps, on les avaient exhumés du Bois, puis inhumés dans le cimetière communal, puis plus tard les corps ont été rendus aux familles ou conduit à la nécropole de CAMBRONNE LES RIBECOURT et depuis 1951, CRESSONSACQ croyait que son devoir était terminé, et l’oubli allait recouvrir ces faits glorieux. Grâce à Madame DE BERGH, aujourd’hui disparue, CRESSONSACQ a retrouvé la mémoire, CRESSONSACQ a érigé ce monument, CRESSONSACQ a recherché la vérité en se faisant aider par de nombreux bénévoles et aujourd’hui une reconnaissance nationale marque pour toujours l’héroïsme de ces hommes, CRESSONSACQ doit être fier d’avoir accompli ce DEVOIR DE MEMOIRE pour que les sacrifices de ces vies ne restent plus vains et qu’ils restent aux nouvelles générations des lieux où resteront écrits pour toujours la mémoire de nos héros. Voici, ainsi résumé, notre histoire, l’histoire de notre histoire et j’espère avoir été assez convainquant auprès de notre jeunesse pour qu’elle mesure l’importance qu’il y a à se souvenir, à respecter, à transmettre toutes ces valeurs qui donnent à l’homme sa vraie grandeur. Si aujourd’hui nous rendons hommage aux tirailleurs, aux officiers qu’il me soit permis d’y ajouter l’hommage de notre commune à Madame Geneviève DE BERGH sans qui nous ne serions pas là aujourd’hui et ses enfants, petits enfants, arrières petits enfants, ici présents, doivent être fiers de François ROUX et de ses Amis Officiers et Soldats et aussi de Geneviève ROUX-DE BERGH qui nous a rappelé notre devoir de mémoire. Merci de votre attention. Monsieur Michel CARBONNIER et M. POTELLE M DUFOUR de Picardie Mémoire et M. CARBONNIER M. POTELLE, M le Sous-préfet de CLERMONT, M. DUMONT Directeur de l’ONAC Les jeunes Saint Cyriens en tenue Grégoire lisant le poème de Jean SOVAJOL écrit en juillet 1941 au Bois d’Eraine et Gabrielle faisant l’appel aux morts du Bois d4Eraine Le 2ème RIMA du MANS, les soixante drapeaux des Anciens Combattants et associations patriotiques. Le 3ème porte drapeaux est M. MINGUET de notre association d’Anciens Combattants de CRESSONSACQ. Une population importante a tenu à montrer sa solidarité dans une ambiance recueillie et solennelle surtout lors des mouvements de troupe, de la marseillaise chantée et de la lecture du poème par Grégoire. Au premier plan, le Général NOIRTIN qui a dirigé la manifestation militaire et passé les troupes en revue. Monsieur Olivier PACCAUD, Député suppléant d’Olivier DASSAULT lors de son allocution, et juste derrière lui, le Général LEPORT, Maître de cérémonie. De nombreuses gerbes ont été déposées au pied de la stèle et 5 bouquets déposés par les enfants du village unis aux enfants de « Laissez les servir » de Saint Denis (93).