Marie Madeleine, Marie mère de Jacques et Salomé viennent au

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Marie Madeleine, Marie mère de Jacques et Salomé viennent au
Pâques 2012 – Ac 10,34-43 ; Ps 115 ; Col. 3,1-4 ; 52,13 – Mc 16,1-8
Marie Madeleine, Marie mère de Jacques et Salomé
viennent au petit matin pour embaumer Jésus. Elles
ont prévu les aromates mais elles n’ont pas prévu le
moyen d’ouvrir le tombeau. Cette négligence,
m’amène à demander : désirent-elles vraiment
l’embaumer ? Probablement non, car l’embaumer
serait prendre acte de sa mort et cela doit leur être
impossible compte tenu de l’attachement qu’elles lui
témoignent en se rendant si tôt au tombeau. En fait,
elles refusent de consentir à la mort de Jésus tout en
voulant lui assurer de belles funérailles.
Mais la pierre a roulé ! Le tombeau est ouvert et au
lieu d’y trouver le cadavre de Jésus, elles rencontrent
un jeune homme bien vivant. Celui-ci leur annonce
que Jésus est ressuscité. Puis il les envoie dire aux
disciples et à Pierre qu’il les précède en Galilée. Mais
cette bonne nouvelle les déstabilise : elles s’enfuient
tremblantes et stupéfiées. Apeurées, elles ne diront
rien à personne. Il faudra que Jésus apparaisse à
Marie de Magdala, seule, pour que celle-ci se
déplace vers les disciples.
Pourquoi cette fuite et ce silence alors que les propos
du jeune homme répondent à leur désir, elles qui
n’acceptaient pas la mort de Jésus ? Parce qu’il y a
toujours un écart immense entre le désir et son
accomplissement ! Le désir, surtout quand il est
irréalisable,
engendre
des
développements
imaginaires et fantasmatiques dont le ressassement
peut
occuper
agréablement
une
existence.
Ressasser à l’infini les souvenirs est très rassurant
car ça évite les imprévus que réserve une existence
tournée vers l’avenir. Ainsi, que Jésus soit ressuscité
empêche le délire nostalgique et ouvre un avenir
impossible à imaginer car il se découvrira
uniquement à qui lui emboitera le pas. En effet,
l’œuvre dont il est la pierre angulaire ne se révèle
qu’à celui qui y prend part ! On fuirait apeuré pour
moins que cela ! Le baptême de Corneille par Pierre
est exemplaire des imprévus que réserve le
Ressuscité à ses disciples. Alors que, trop souvent,
évangéliser signifie aligner les gens sur un modèle
préétabli, là, suite à l’appel du Seigneur, Pierre sort
de son milieu et fait du neuf.
Ainsi quand Paul nous demande de rechercher les
choses d’en haut, entendons poser les actes et les
paroles qui, à la manière de Pierre à Césarée,
témoignent de notre lien au Ressuscité et de notre
inscription dans la dynamique de la résurrection. A
quoi les reconnaître ? A leur discrétion, car ils ne
peuvent qu’être discrets comme l’est le Ressuscité,
et à leur fécondité, comme celle du Ressuscité dont
la mort féconde un corps aux dimensions infinies !
Amen.