la Suisse cible le président congolais, Sassou Nguesso et son clan

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la Suisse cible le président congolais, Sassou Nguesso et son clan
Pétrole et corruption: la Suisse cible le président congolais, Sassou Nguesso et son clan
Écrit par Sylvain Besson et Agathe Duparc
Samedi, 14 Mai 2016 11:54 - Mis à jour Samedi, 14 Mai 2016 12:38
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Pétrole et corruption: la Suisse cible le président congolais, Sassou Nguesso et son clan
Écrit par Sylvain Besson et Agathe Duparc
Samedi, 14 Mai 2016 11:54 - Mis à jour Samedi, 14 Mai 2016 12:38
La société vaudoise Orion Oil appartient aux hommes de confiance de l’inamovible président
congolais Denis Sassou-Nguesso. La justice suisse enquête sur son directeur pour blanchiment
d’argent et corruption. Le cas illustre les liens secrets entre négoce pétrolier et dictatures.
Être convoqué au 42 avenue des Bergières, siège lausannois de la Police judiciaire fédérale,
n’est pas toujours une partie de plaisir. Surtout lorsqu’il faut s’expliquer sur une affaire de
corruption mettant en cause un chef d’Etat, et illustrant de façon grotesque le gaspillage de la
richesse pétrolière dans les pays les plus pauvres du monde.
Le 24 avril 2015, un homme souffre face au procureur Brent Holtkamp et sa suppléante Sophie
Chofflon Pointet. Philippe C. est un Français de 62 ans, domicilié dans un appartement sans
charme de la Terre Sainte vaudoise. L’ancien banquier est surtout l’homme de confiance de la
famille du président congolais Denis Sassou-Nguesso pour tout ce qui concerne la finance offs
hore
.
Du champagne offert
Ce jour-là, Philippe C. subit les questions insistantes des magistrats. Pourquoi l’une de ses
sociétés a-t-elle payé du champagne aux fonctionnaires du Domaine présidentiel congolais?
Pourquoi avoir acheté, pour plus de 376 000 euros, une limousine d’ultra-luxe Maybach aux
frais de la Direction générale des Grands Travaux de Brazzaville? Pourquoi avoir investi
l’argent d’un paquet d’actions, cédé au gendre du président par la société de téléphonie
Orascom, dans de l’immobilier de prestige à Paris?
Philippe C. reste muet. A tel point que le procureur Holtkamp finit par s’agacer. Il lui promet un
procès retentissant devant la Cour des affaires pénales de Bellinzone. Poursuivi pour
blanchiment aggravé, le Français risque jusqu’à cinq ans de prison.
«On ne veut plus faire ce business»
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Dans ce dossier, le rôle de Philippe C. dans le commerce de pétrole n’est pas l’aspect le moins
intrigant. Le sexagénaire est associé avec le plus flamboyant trader pétrolier du Congo, Lucien
Ebata, à la tête du Orion Oil , basé à Chavannes-de-Bogis (VD).
En Suisse, l’un des centres du pétrole africain, certaines sociétés de négoce ne naissent et ne
grandissent que grâce aux faveurs des dirigeants des pays producteurs. Orion Oil en offre un
exemple particulièrement pur, que Le Temps a pu documenter.
Depuis des années, le Congo-Brazzaville de Denis Sassou-Nguesso est dénoncé pour sa
gestion opaque et personnalisée de la manne pétrolière. Mais avec le durcissement des lois
anticorruption, les grands traders basés en Suisse ne veulent plus travailler avec des sociétés
écrans contrôlées par des dirigeants africains ou leurs familles.
«On ne veut plus faire ce business à cause du danger juridique», confirme un ancien trader qui
a travaillé avec le Congo.
Un robinet du pétrole congolais
D’où l’émergence, depuis cinq à dix ans, d’une nouvelle classe d’acteurs africains. De jeunes
entrepreneurs à succès, qui dirigent de vraies sociétés de trading – adieu les offshore – et
disposent d’un accès privilégié aux familles présidentielles. A l’image de Lucien Ebata, l’associé
de Philippe C. dans Orion Oil.
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Au départ, rien ne prédestinait ce Congolais de 47 ans né à Kinshasa, juriste de formation,
ancien membre du département du protocole à la présidence congolaise, à devenir un roitelet
du pétrole. En 2004, Orion n’est qu’une petite structure active dans le commerce de produits
raffinés. Une décennie plus tard, la société vole de succès en succès, se présentant désormais
comme la «1re entreprise privée de trading pétrolier d’Afrique Centrale et de l’Ouest».
Voir: Vidéo du groupe Orion vantant son financement par des banques africaines à hauteur de
500 millions de dollars
https://www.youtube.com/watch?time_continue=59&v=p-zvqRYSqts
Orion Oil se profile comme l’un des principaux robinets du pétrole du Congo-Brazzaville,
travaillant main dans la main avec la société d’Etat SNPC, qui lui octroierait en moyenne 8
cargaisons de pétrole brut par an, selon plusieurs sources. Un volume énorme, que le groupe
revend immédiatement à plus gros que lui. Orion détiendrait aussi le monopole de fait pour
l’approvisionnement en produits pétroliers du pays.
Un trader africain installé à Genève estime qu’il s’agit de «la boîte la mieux connectée au
Congo-Brazzaville, en raison des liens directs qui existent entre Lucien Ebata et le président
Denis Sassou Nguesso».
Dans l’organigramme d’Orion Oil figure d’ailleurs un certain Sylvain Lekaka, conseiller juridique
qui occupait le même poste au sein de la SNPC et qui est cousin de Denis Christel Sassou, le
fils du président qui contrôle le secteur pétrolier. Ni Orion Oil, ni Lucien Ebata n’ont répondu aux
sollicitations du Temps.
« Il a tout de suite expliqué qu’il ne connaissait rien au business, qu’il était trop petit pour
commercialiser le brut »
Un ancien du secteur, qui travaillait pour un géant du négoce genevois, raconte comment, en
2008, Lucien Ebata, à la tête d’une «société microscopique», lui avait proposé ses services. «Il
s’est présenté comme un proche du président Sassou qui, disait-il, devait lui attribuer des
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allocations de pétrole. Il a tout de suite expliqué qu’il ne connaissait rien au business, qu’il était
trop petit pour commercialiser le brut et qu’il cherchait une grosse structure pour le faire.»
Un concurrent ajoute, à propos d’Orion, que «c’est typiquement le genre de boîte qui met sa
signature en bas d’un contrat, mais au final joue juste le rôle de papier à cigarette, entre
d’un côté la SNPC, de l’autre un vrai trader qui ne risque ainsi pas de se compromettre.»
Sur son site, Orion Oil cite parmi ses «partenaires» Augusta Energy, Mercuria et Ocean
Shipbroker Ltd, trois sociétés qui opèrent depuis Genève. Le géant anglo-néerlandais Shell
n’apparaît pas, bien qu’il ait, ces dernières années, racheté plusieurs cargaisons de brut auprès
d’Orion.
Contacté par Le Temps, Jean-Pierre Carles, un ancien d’Addax qui a créé la société de trading
Augusta en 2010, s’étonne, disant avoir vendu à Orion «l’année dernière deux-trois cargaisons
d’essence» à destination du Congo-Kinshasa, «pas plus». Il affirme ne pas connaître Lucien
Ebata.
Même réaction du côté de Mercuria, qui précise ne pas être «partenaire» mais simple
fournisseur de gazole à Orion, pour de petits volumes, sur la base de contrats spot et non
d’accords à long terme. Vitol, cité par Lucien Ebata parmi ses fournisseurs historiques, affirme
ne plus avoir de relation commerciale avec Orion, après lui avoir fourni de petites quantités de
produits pétroliers. Glencore, un autre trader suisse mentionné par le Congolais, n’a pas fait de
commentaire.
Des dîners au Château Margaux
Les relations des traders avec Lucien Ebata n’ont pas toujours été aussi distantes. Des
professionnels du pétrole se souviennent avec nostalgie des dîners qu’il offrait au Ritz de
Londres, arrosés de coûteuses bouteilles de Château Margaux. «Ce monsieur est très, très
riche et ce n’est pas arrivé juste parce qu’il est un bon entrepreneur, explique une
personne qui le connaît. Il gagne une fortune sur ses cargaisons. Après, ce qu’il fait avec
son argent, on ne sait pas.»
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Les enquêteurs français, eux, ont cherché à savoir. Ils se demandent si Lucien Ebata a pu
alimenter en argent frais le clan Sassou Nguesso. En janvier 2012, le Congolais est intercepté à
l’aéroport de Roissy avec 182.000 euros en liquide. «Un bonus de fin d’année à payer à mes
employés», explique-t-il lors d’une audition quelques mois plus tard. Et les retraits de
522.503 dollars
, puis de
528.919 dollars
sortis en cash des comptes monégasques d’Orion, en janvier et avril 2012? Lucien Ebata ne se
souvient plus. «Il faudrait que je me rapproche de ma banque», explique-t-il.
D’autres éléments troublants apparaissent durant cet interrogatoire. Lucien Ebata révèle que
son majordome porte le titre de «trader» chez Orion Oil. Et les bénéfices qu’il annonce sont
surprenants: 156 millions de dollars de résultat net, pour un chiffre d’affaires de 1,1 milliard.
«Cela représente 10% des bénéfices de Gunvor [un géant genevois du négoce] avec un chiffre
d’affaires 80 fois plus petit», calcule Marc Guéniat, spécialiste du trading de matières premières
pour l’ONG Déclaration de Berne. Un profit étrangement élevé, donc.
Dans les poches de Lucien Ebata, les enquêteurs français ont aussi retrouvé des cartes de
visite de banquiers suisses. L’homme d’affaires a expliqué qu’il se rendait souvent en Suisse,
où Orion Oil a «des structures».
Mais d’après l’avocat du directeur d’Orion Philippe C., Pascal de Preux, la filiale helvétique du
groupe est toujours restée «dormante». Et jamais les enquêteurs suisses n’ont posé la moindre
question à son sujet. Selon nos informations, ils se sont plutôt concentrés sur l’entourage
immédiat du président congolais.
Véhicules blindés, bijoux et valises de cash
Car Philippe C. administrait des sociétés offshore pour sa femme, Antoinette Tchibota, pour son
gendre, Guy Johnson, pour Jean-Dominique Okemba, secrétaire général du conseil de
sécurité, pour Hilaire Moko, responsable de la garde présidentielle, ou encore Catherine
Ignanga, ex-belle-soeur du président. La société de cette dernière, CIPCI, domiciliée aux îles
Vierges, a reçu plus de 32 millions d’euros de la Direction générale du trésor congolais entre
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2008 et 2011.
« Les voitures blindées ont bien été livrées, il y a une réalité économique pour tout cela.
Le rôle de la Suisse dans ce dossier est par ailleurs mineur... »
Ces fonds devaient notamment servir à la réfection d’un palais présidentiel et à l’achat de
véhicules blindés pour la présidence. «Mon client a agi sur une base de contrats parfaitement
valables, légaux, affirme Pascal de Preux, l’avocat de Philippe C. Les voitures blindées ont bien
été livrées, il y a une réalité économique pour tout cela. Le rôle de la Suisse dans ce dossier est
par ailleurs mineur, vu qu’il n’y pas un seul centime de bloqué dans une banque helvétique.»
Mais les enquêteurs suisses et français soupçonnent qu’une bonne partie des fonds a servi aux
dépenses somptuaires du clan Sassou. Fin octobre 2014, une perquisition dans un triplex de la
famille boulevard Bourdon, à Neuilly, a permis de retrouver des valises bourrées de dollars et
d’euros, des boîtes à bijoux Chopard, des collections de montres suisses.
Lire aussi: A Paris, l’eldorado immobilier des dictateurs africains
Face à ces détournements présumés, Philippe C. aurait fait preuve d’un laxisme coupable,
selon les procureurs helvétiques. Des transactions de plus de 600’000 euros n’étaient pas
documentées, alors que le règlement de sa fiduciaire exigeait d’examiner d’un œil critique tout
transfert de plus de 100’000 francs.
Un procès en 2017?
Sa responsable de la lutte antiblanchiment a dit ne pas savoir quelles tâches précises elle
devait effectuer. Dans les fichiers internes censés identifier les clients, le gendre du président
Sassou était décrit comme un simple homme d’affaires, sans mention de ses liens familiaux.
L’essentiel de l’enquête suisse a été transmis à la France en janvier dernier. Selon William
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Bourdon, avocat parisien de Transparency international, à l’origine des procédures, «la preuve
est apportée aujourd’hui que sans le concours, l’engineering d’un certain nombre d’acteurs en
Suisse, une partie des détournements du clan Sassou n’auraient pas été possibles».
L’instruction est toujours en cours et le procès à Bellinzone ne devrait pas se tenir avant 2017,
estime l’avocat de Philippe C.
Sur le front du pétrole, Genève reste la base de petites sociétés africaines politiquement
connectées, qui écoulent leurs cargaisons sans difficulté. Mais la chute des prix du brut fragilise
le système congolais. En ce moment, la société d’Etat SNPC n’a plus guère de pétrole à
distribuer à des structures comme Orion, affirme un initié.
Et la baisse de ses revenus pétroliers menace l’Etat de faillite. En juin, s’inquiète l’ancien
ministre des hydrocarbures et opposant Benoît Koukébéné, «on ne sait pas si les salaires des
fonctionnaires seront payés».
Le Congo-Brazzaville
A peine plus petite que l’Allemagne, peuplée de 4,7 millions d’habitants, la République du
Congo (à ne pas confondre avec son voisin géant, la République Démocratique du Congo)
produit environ 250’000 barils de pétrole par jour, ce qui la place au 33e rang mondial. Le
pétrole représente 75% des revenus de l’Etat.
Le président Denis Sassou-Nguesso, âgé de 72 ans, vient d’être réélu pour un nouveau mandat
de 5 ans. Il cumule 32 ans à la tête du pays, avec une interruption de 1992 à 1997, parenthèse
qui s’est conclue par une sanglante guerre civile et son retour au pouvoir.
L'affaire des biens mal acquis
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Les enquêtes suisse et française visant le clan Sassou-Nguesso et leur homme de confiance, le
directeur d’Orion Oil Philippe C., s’inscrivent dans la procédure dite des «biens mal acquis».
Lancée par une plainte de l’ONG Transparency International, elle vise les somptueuses
possessions accumulées par des chefs d’Etats africains (ceux du Congo, de Guinée
Equatoriale et du Gabon) et leur famille.
La Suisse a massivement collaboré avec la justice française et enquête sur Philippe C. depuis
2012 au moins. Ses bureaux ont été perquisitionnés et le résident vaudois a été interrogé au
moins une dizaine de fois, selon son avocat. Le Tribunal pénal fédéral a rendu dans cette
affaire deux arrêts, malheureusement assez peu explicites sur les faits: RR.2015.227 et
RR.2015.98.
Orion Oil, son pétrole et ses banques
Les banques occidentales étant devenues plus regardantes sur leurs partenaires d’affaires, les
banques africaines ont pris le relais pour financer certaines sociétés issues du continent noir.
En décembre 2015, Orion a levé 580 millions de dollars en crédit export auprès de quatre
banques africaines, afin d’assurer notamment le préfinancement à l’exportation de cargaisons
de pétrole.
Deux ans auparavant, 500 millions de dollars avaient été levés auprès de Ecobank Capital,
dédiés au prépaiement de cargaisons de pétrole brut fournies par la Société Nationale des
Pétroles du Congo (SNPC). Orion et la SNPC venaient de signer un accord commercial portant
sur un programme d’allocation de pétrole brut d’une durée de 24.
Cette quasi osmose avec la SNPC a permis à la société de Lucien Ebata de grossir. À l’été
2015, le groupe a racheté à la Petroci (la société nationale pétrolière de Côte d’Ivoire) qui est au
bord de la faillite, ses parts dans le champ pétrolier MKB (Mengo-Kundji-Bindi), situé à la
frontière avec l’enclave angolaise du Cabinda, devenant ainsi actionnaire à 40% des parts,
alors que le reste appartient à la SNPC.
Selon l’agence Ecofin, ce rachat a été facilité par le président Sassou qui a intercédé en faveur
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de Lucien Ebata auprès son homologue ivoirien Alassane Ouattara. En octobre 2014, Orion et
la SNPC ont aussi levé un financement d’1,5 milliard de dollars pour le développement de
champs pétroliers au large de la côte atlantique congolaise: Moho Nord, Moho Bilondo, LIANZI
et MKB.
Sylvain Besson et Agathe Duparc
Source : Le Temps
https://www.letemps.ch/suisse/2016/05/14/petrole-corruption-suisse-cible-president-congolaisclan?utm_source=facebook&utm_medium=share&utm_campaign=article
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