Pratique du moyen format argentique en studio

Transcription

Pratique du moyen format argentique en studio
2014
PRATIQUE DU MOYEN FORMAT
ARGENTIQUE EN STUDIO
Rémy Gautard
Association Studio+
12/10/2014
Plusieurs photographes de notre association ont attrapé le virus, ils ont opté pour le moyen
format argentique !
Ce petit texte a pour but de vous sensibiliser aux appareils et à leur utilisation en studio,
leurs avantages et inconvénients, différences par rapport à un reflex numérique.
Comme vous le savez certainement les appareils moyens formats numériques et leurs
accessoires sont fabriqués à très peu d’exemplaires. Ils sont hors de prix et le gain en qualité
d’image (les capteurs mesurent moins de 37 x 49mm), par rapport à un reflex numérique
haut de gamme (un 36 MP par exemple), n’est pas flagrante.
Pour l’argentique c’est une toute autre histoire. Les studios photo professionnels, pour des
raisons de rentabilité, ont quasiment tous migrés vers le numérique ceci à notre plus grand
bonheur. Nous trouvons sur le marché, en occasion, un nombre très élevé de boitiers MF à
des prix vraiment attractifs. Ainsi les MF présentent le paysage le plus varié comparé à
l’uniformisation des boitiers 24x36mm, la diversité de leurs formes physiques et optiques
présente une rafraichissante variété.
Je me devais de vous informer de cette opportunité sachant que le vaste stock actuel de
reflex MF argentique sur le marché n’est pas éternel.
Je vais commencer par les points négatifs ce qui pourra éventuellement vous
détourner définitivement de cette approche :
- Les boitiers MF argentique les plus adaptés au studio sont lourds et peu utilisables à main
levé ; dans 90% des cas vous travaillerez sur trépied
- Vous avez l’habitude de réaliser 250 photos lors d’une séance avec votre reflex
numérique. En argentique vous vous limiterez à quelques 3 à 6 rouleaux format 120 de 12
ou 10 poses ce qui fait au total un maximum de 72 images
- Vous préférez la couleur : bien qu’il soit tout à fait possible de réaliser de très belles
images en couleur, le prix de revient de chaque image s’envole : en effet en plus des films
qui coûtent 2 à 4 fois plus cher vous devrez confier vos pellicules à un bon labo ce qui ne
court pas les rues
- Vous êtes pressé, la post-production n’est pas votre truc. Une fois la prise de vue réalisée
le travail ne fait que commencer : il faudra développer vos films noir et blanc, les numériser.
Ensuite et seulement commence les retouches (avec Photoshop ou GIMP) à moins bien sûr
de disposer d’un labo argentique personnel agréable et performant , ce qui n’est pas une
mince affaire à installer et à maîtriser : n’est pas tireur qui veut !
L’approche du sujet et le rendu sont très différents de ce que vous avez
l’habitude en numérique
- Concernant l’approche : le fait de travailler sur trépied ajouté à l’autonomie très limitée des
films 120 (12 poses en 6x6, 10 en 6x7) ralentit énormément la prise de vue mais vous allez
naturellement faire beaucoup plus attention à votre travail. Vos exigences s’élèvent vis-à-vis
du modèle, mèche de cheveux placé au bon endroit, cadrage précis, éclairage peaufiné, on
surveille les ombres, déclenchement au bon moment pour saisir une expression… en résumé
le pourcentage de bonnes images va augmenter drastiquement ; le jeu consiste, par
exemple, à réaliser dix belles photographies sur chaque pellicule pour approcher les 100% de
bonnes voir très bonnes images ce qui est réalisable en studio.
- Le rendu : je me souviens des commentaires d’un ancien photographe du Studio Harcourt.
Il faisait l’éloge des photographies MF produites avant les années 1990 ; l’appareil de
référence était le très classique Mamiya RZ67 équipé d’un objectif 110 mm utilisé surtout à
F4 (donc avec une profondeur de champs réduite) comme apportant plus d’effet de relief,
de velouté et de subtilités avec des tons tout en finesse avec des beaux flous naturels et
progressifs… J’ajouterais que le N&B argentique permet des rendus très différents suivant
les films et le traitement que vous choisissez.
Quelles sont les principaux boitiers disponibles actuellement ?
Les formats existants sont le 4.5x6, 6x6, 6x7, 6x8, 6x9 cm. En plus de la grande variété de
boitiers reflex et d’optiques, on peut considérer que deux formats sont particulièrement
intéressants ; le 6x6 pour sa spécificité et l’attrait du format carré, le 6X7 (négatif qui mesure
56.5mm X 69.5mm) qui reste un format très agréable et immédiatement reconnaissable.
Boitiers usuels sur le marché de l’occasion
Format : format du négatif. Sur film 120 vous pouvez réaliser 12 images en 6x6, 8 images en
6x9, 10 images en 6x7, 16 images en 4,5x6
Poids : certains appareils comme le Pentax 6x7 ou le Mamiya RB / RZ sont inconfortable à
main levée ; trépied quasi obligatoire
Accessoires : nombre d’accessoires disponibles (objectifs, verres de visée, dos, poignée...)
St : utilisation idéale en studio
♥ : cote d'amour.
Référence
ROLLEIFLEX F PLANAR
Format
Qualité
image
Viseur Accessoires Poids
St
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6x6
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ROLLEI SL 66 SE
6x6
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PENTAX 645
4,5x6
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PENTAX 6X7 II
6x7
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MAMIYA 6
6x6
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MAMIYA 7 II
6x7
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HASSELBLAD 500 C/M 6x6
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FUJI GS 645
4,5x6
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FUJI 690 GW
6x9
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YASHICA 124 G
6x6
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MAMIYA C330
6x6
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MAMIYA RB67
6X7
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MAMIYA RZ67
6X7
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LINHOF Super Technica 6x9
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3.5
Choisir la bonne focale
En plus de la qualité de l’objectif il faut choisir la bonne focale qui se situera idéalement,
pour pratiquer aussi bien le nu que le portrait ou la mode, autour de 65 à 85mm (en
équivalence FX) ce qui donne environ 127mm pour un 6x7, 120mm pour un 6x6. En effet
avec un moyen format, la focale standard (75 mm en 6x6) n’est pas très agréable à l’usage.
L’Hasselblad 500C c’est un peu la Rolls du 6x6 reflex mais attention il est un peu ancien. Il
vous faut donc trouver un appareil en parfait état, d’autant que les pièces détachées pour
une éventuelle réparation commencent à devenir rares. Comptez 700 euros avec
l’excellentissime objectif standard : le Planar 80 mm F2.8.
Mamiya RB67 et Mamiya RZ67 sont des très bons choix pour le studio. Boites à outils
increvables avec de belles optiques et destinés avant tout au studio, une petite préférence
pour le RB qui est 100% mécanique. Comptez 300 euros pour le RB67 avec un 90 ou un
127mm, comptez 400 euros pour le RZ67 avec un 90mm
Les films et leur traitement
Il existe toujours de très nombreux films 120 en noir et blanc (les films négatifs et inversibles
couleurs subsistent également). Les principaux fabricants sont ILFORD, KODAK, FUJI, FOMA,
EFKE... En studio, il est facile de travailler au flash à 100 Iso. J’ai retenu la FOMA 100. Si vous
utilisez la lumière continue vous pouvez opter pour une 400 Iso : la KODAK Tri-x par
exemple. En moyen format le grain reste toujours contenu.
Mamiya RB67 SD + 127 mm à F8 FOMA 100 dév. dans du rodinal 1+25, éclairage flashs.
La Tri-X 400 poussée à 800 Iso a été choisie pour le thème de lumière psychédélique
objectif 127mm à F5,6 1/15 s. Appareil sur trépied évidemment !
Le développement des films 120 N&B est à la fois une opération facile et économique. Il
vous faudra soit une pièce parfaitement noire soit utiliser un manchon de chargement :
la seule (petite) difficulté est d’introduire le large film 120 dans la spire !
Pour développer il vous faut deux produits : le révélateur et le fixateur.
Le fixateur permet la conservation de l’image et n’a pas d’impact sur le rendu final.
Le révélateur est tout aussi important que le film car il va agir sur de nombreux paramètres
(contraste, courbe de noircissement, acutance, grain, sensibilité du film, détails dans les
hautes et basses lumières…).
La numérisation et le tirage jet d’encre
Pour numériser vos négatifs vous avez 4 possibilités :
- utiliser un reflex numérique > 20 MP avec un objectif macro
- acheter un scanner à plat (ex : Epson V700…) coût : 500 euros environ
- utiliser un scanner à film (ex : Nikon Coolscan 8000…) : coût 1200 euros environ
- faire appel à un labo (ex : Négatif+).
Une fois votre photo finalisée avec votre logiciel de retouche, une bonne imprimante jet
d’encre (A3+ voir A2 pour profiter de la qualité du MF) optimisée pour le noir et blanc et
bien calibrée permet de réaliser de splendides agrandissements (que votre entourage va
vous envier !).
J’ai retenu deux excellents papiers barytés :
- un des remplaçants du ILFORD GOLD FIBRE SILK, support épais et satinée : par exemple le
CANSON BARYTA PHOTOGRAPHIQUE
- le HARMANN GLOSS BARYTA, support brillant le plus proche des vrais papiers argentiques
traditionnels (vendu par Hahnemühle).
Vous souhaitant une bonne continuation et restant à votre écoute pour toutes questions
éventuelles.

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