CNU - AECSE
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CNU - AECSE
Nous avons reçu de trois membres de la 70e section du CNU (Jean HOUSSAYE, Michel DEVELAY, Georges SOLAUX) le texte suivant, relatif aux procédures de qualification. La pluralité des disciplines d'origine des candidats à un poste universitaire en sciences de l'éducation pose en effet des problèmes spécifiques à notre section du CNU. Le CA de l'AECSE a trouvé pertinent qu'un débat s'engage sur ce thème et a décidé de publier ce texte. Ses thèmes en seront vraisemblablement abordés dans les commissions de travail et dans les réunions que nous organisons. Ils pourront aussi donner lieu à un forum lorsque le nouveau site à la construction duquel nous travaillons sera opérationnel. PROPOSITION DE RÉFLEXIONS POUR LE PROCHAIN C.N.U. Jean HOUSSAYE, Université de Rouen Michel DEVELAY, Université de Lyon 2 Georges SOLAUX, Université de Dijon Ayant participé au CNU 70 2000-2003 et ayant particulièrement apprécié l'ambiance rigoureuse et agréable des sessions, nous nous permettons de proposer à la discussion en vue du prochain CNU 70 nos réflexions, dans la mesure où les futurs collègues seront confrontés eux aussi à ces éléments. Il nous semble que les critères à prendre en compte dans l'examen des dossiers sont au nombre de 4 : 1 - La qualité : elle est évaluée en fait, la plupart du temps par le rapport de thèse, les articles publiés, les communications aux colloques et, en cas de besoin, par la lecture de la thèse. 2 - La diversité : la pluralité des objets, des champs, des disciplines, des approches et des méthodes est reconnue et acceptée. 3 - L'ouverture : la nécessité de la confrontation est requise dans la constitution des jurys, des références, pour éviter les phénomènes de reproduction interne des différents réseaux implicites ou explicites. 4 - L'affirmation de la section 70 en tant que section par rapport aux autres sections : la responsabilité politique du CNU est engagée par son positionnement vis-à-vis des autres sections et, ici, la dialectique ouverture-réciprocité est à favoriser. Le point qui pose actuellement problème dans l'histoire présente de notre section est le point 4. En effet, un débat ne peut être évité et l'explicitation de ce dernier vise à aider le prochain CNU à se situer et à assumer une perspective qui, en tout état de cause, a des répercussions importantes sur la nature et l'évolution des sciences de l'éducation. Les motifs de refus des dossiers au CNU sont de plusieurs ordres : • Absence de dossier : ce point est généralement le plus facile à prendre en compte… • Insuffisance scientifique : le rapport de thèse, les publications et, dans certains cas, la lecture de la thèse amènent à considérer que les qualités scientifiques des productions du chercheur ne sont pas avérées. • Demande de publications : les qualités scientifiques du chercheur sont reconnues mais la confirmation de ses recherches requièrent une manifestation supplémentaire dans nos réseaux habituels de publications (articles et/ou colloques). • Hors champ. Ce dernier point fait actuellement question et ne pouvait pas être tranché par le dernier CNU. Le texte écrit pour le CNU précédent par G. Solaux distingue deux aspects dans ce horschamp : • HC-E : hors champ - éducation (le candidat effectue des recherches qui ne concernent pas l'éducation en tant que telle ; généralement ce point, s'il donne lieu parfois à discussion n'est pas véritablement problématique, même si, pour certains, l'intérêt des recherches du candidat est suffisant en termes de potentialités pour tel champ ou tel autre des sciences de l'éducation (bien qu'il n'y ait pas concrétisation de ces potentialités dans les questions éducatives). • HC-SE : hors champ - sciences de l'éducation (le candidat effectue des recherches en éducation mais il ne croise pas celles qui sont développées en sciences de l'éducation). Nous proposons donc que le critère HC devienne d'une part HC-E, d'autre part HC-SE. Ce qui évitera au prochain CNU de naviguer de manière implicite entre les deux acceptions. Pourquoi est-il actuellement nécessaire, à notre avis, dans la configuration institutionnelle actuelle des sciences de l'éducation, de prendre explicitement en compte ce critère HC-SE ? Parce qu'on ne peut pas fonder une reconnaissance (par le CNU 70) sur une méconnaissance (des sciences de l'éducation, par le candidat). Il ne s'agit en aucune façon de fermer les sciences de l'éducation aux autres sections. Il s'agit de maintenir cette ouverture dans la réciprocité et dans la reconnaissance entre sections. On peut d'ailleurs noter que cette distinction fonctionne explicitement pour la qualification des professeurs, alors qu'elle reste ambivalente pour la qualification des maîtres de conférences. La question se pose en fait pour les dossiers dont la thèse relève des autres sections du CNU, soit principalement de la sociologie, de la psychologie, des sciences du langage et des STAPS. Comment peut-on constater, dans les dossiers, cette ouverture aux sciences de l'éducation ? Il nous semble que le critère premier est la présence dans le jury de thèse d'enseignant(s)chercheur(s) en sciences de l'éducation. D'autres éléments peuvent aussi intervenir, comme les références bibliographiques, les publications ou les actes de colloques. Quelles justifications peut-on donner à cette politique de la section des sciences de l'éducation ? • La réciprocité des jurys entre sections est une garantie du maintien de l'ouverture de notre section et une possibilité donnée au(x) membre(s) de sciences de l'éducation de se positionner en tant que tels par rapport aux travaux du candidat. • Il est logique que le candidat qui soutient une thèse dans une section soit d'abord jugé par sa section. C'est une crédibilité à laquelle nous n'avons pas à nous substituer, d'autant qu'un candidat qualifié par sa section peut bien entendu se présenter sur des postes dans notre section. • Cela limiterait le danger que le CNU 70 soit considéré soit comme ne tête de pont d'autres sections, soit comme un surplus, soit comme une dérivation pour des secteurs en difficulté dans d'autres sections, soit comme une ambulance pour candidats en difficultés dans leurs sections. • La réciprocité d'ouverture permet de contrecarrer la politique de fermeture à l'égard des sciences de certaines autres sections et d'inciter à une ouverture réciproque. • Le risque d'assèchement des candidatures en sciences de l'éducation n'existe pas. Nous sommes même, pour les maîtres de conférences, dans une situation de pléthore. • Il y a bien à maintenir une dialectique interne-externe dans les recrutements en sciences de l'éducation, sans penser que ce sont les dossiers hors 70 qui sauvent la section 70, sauf à être victimes de l'effet iceberg (c'est-à-dire à ne pas voir que les autres sections ne nous envoient que la partie visible acceptable de leur production, alors que, en tant que section 70, nous devons examiner la partie visible et acceptable et en plus une part de la partie immergée de nos productions en thèses). • Il est toujours dangereux de qualifier en 70 un candidat qui vient d'une autre section, sans que l'on sache si ce candidat sera qualifié par sa section de thèse. Nous risquons en permanence de nous déqualifier en tant que section aux yeux des autres sections. • En étant contraint d'examiner nombre de dossiers hors 70, nous sommes en permanence dans la situation de nous substituer aux autres sections, opérant ainsi une espèce de tour des disciplines en leur lieu et place et avec une compétence problématique. • L'accueil et la quête des " bons " dossiers n'est que l'envers de la médaille. Le revers se nomme : le nombre " curieux " des dossiers hors champ éducation qui débouche sur un encouragement des candidats hors 70 à tenter une telle démarche et sur un taux de qualification du CNU 70 particulièrement bas. Une politique qui découragerait cette tendance actuelle permettrait au CNU 70 de disposer de davantage de temps pour examiner les dossiers qui lui sont soumis. • La politique systématique de certains secteurs ou de certains laboratoires hors 70 de nous envoyer leurs candidats revient dans les faits pour la section 70 à reconnaître dans certains endroits deux laboratoires en sciences de l'éducation (un en 70, un hors 70). Ce qui contribue à affaiblir nos départements et laboratoires de sciences de l'éducation. En poussant la logique à bout, on pourrait supprimer la section 70 comme productrice de chercheurs pour la construire par des secteurs disciplinaires ors 70 chargés de produire les chercheurs. • La qualification de jeunes chercheurs hors de la culture 70 pose parfois la question d'une part de l'adéquation de ces personnes en tant qu'enseignants dans les cursus ou en tant que formateurs dans des lieux plus professionnalisants, d'autre part de l'incitation à favoriser, au sein de la section 70, le développement d'un milieu de recherche ignorant des travaux de la section 70 (sachant que, en dépit de la socialisation d'un milieu nouveau, la tendance reste de développer ses recherches à partir de sa base initiale). • Comme le passage hors 70 vers la 70 se fait essentiellement pour certaines sections, cela contribue à déstabiliser l'équilibre interne entre les disciplines au sein des sciences de l'éducation. Cela pourrait aussi inciter les membres du CNU à se considérer d'abord comme en charge de leur secteur, de leur discipline ou de leur approche, comme chargés de développer un vivier spécifique au sein de la section, au détriment de la prise en compte des sciences de l'éducation en tant que telles. Tous ces arguments, à considérer comme des éléments que nous versons au dossier, nous amènent donc à proposer au prochain CNU la dissociation du critère HC en HC-E et en HCSE, de façon à ce que ce dernier critère soit explicitement pris en compte dans l'examen des dossiers. Nous souhaitons qu'un débat s'engage au sein des sciences de l'éducation sur ces réflexions et qu'éventuellement les candidats au prochain CNU se positionnent explicitement sur cette proposition.