LA LITTERATURE DU XXème SIECLE

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LA LITTERATURE DU XXème SIECLE
LA LITTERATURE DU XXème SIECLE
LA POESIE
1. LA POESIE DU DEBUT DU SIECLE (1895-1914)
1.1 Derniers éclats du symbolisme : SAINT-PAUL ROUX (1861-1940)
Saint-Paul Roux, est l’auteur d’une poésie fantastique qui joue sur le mélange
d’images brutales et baroques. Il annonce le surréalisme.
1907 : Les Féeries intérieures
1.2. Le naturalisme et la poésie populaire
1.2.1. FRANCIS JAMMES (cf. XIXe)
1.2.2. PAUL FORT (1872-1960)
1894 : Les Ballades françaises
Poésies d’où sont issues les textes mis en musique par Brassens
« Le petit cheval »
« Les gars de la marine »
« Comme hier»
Une poésie populaire et chantante qui réhabilite le lyrisme français.
« Critique, le poète est bête. C’est le grand Bête ès mots et maux,
Tout comme Dieu né des prophètes. Soyez bons pour les animaux. »
Objurgation
1.3. Le romantisme féminin.
1.3.1. RENEE VIVIEN (1877-1909)
De son vrai nom Pauline-Marie Tarn. Femme émancipée, elle fut amie de Colette et
lesbienne déclarée.
1902 : Cendres et Poussières
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« Doucement tu passas du sommeil à la mort,
De la nuit à la tombe et du rêve au silence,
Comme s’évanouit le sanglot d’un accord
Dans l’air d’un soir d’été qui meurt de somnolence »
Extrait d’Epitaphe
1.3.2. ANNA DE NOAILLES (1876-1933)
1901 : Le Cœur innombrable
« La nature qui fut ma joie et mon domaine
Respirera dans l’air ma persistante odeur
Et sur l’abattement de la tristesse humaine
Je laisserai la forme unique de mon cœur »
1.4. Les fantaisistes
Héritiers de Laforgue et de Tristan de Corbière, ils se veulent rompre avec la
« sécheresse parnassienne, la brutalité naturaliste et la sensibilité
symboliste ». Ils promeuvent un burlesque teinté d’émotion. Ils se regroupent autour
d’un manifeste, en tête du Cahier des Poètes, écrit par Carco en 1912.
1.4.1. FRANCIS CARCO (1886-1958)
1.4.2. FOUREST (1867-1945)
1909 : La Négresse blonde
1.4.3. JEAN TOULET (1867-1920)
1921, éd posthume : Les Contrerimes
« J’ai vu le Diable, l’autre nuit,
Et dessous sa pelure
Il n’est pas aisé de conclure
S’il faut dire : elle, ou, lui »
1.4.4. JEAN PELERIN (1885-1921)
1923, œuvre posthume : Le Bouquet inutile
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1.5. La poésie francophone : le foyer poétique belge
Dès 1886, Albert Mockel avait fondé la revue La Wallonie. Durant ses huit années
d’existence, elle rassembla tous les poètes francophones de Belgique et permis
l’essor d’un foyer poétique qui rayonna jusqu’en 1914.
1.5.1. EMILE VERHAEREN (1855-1916)
Après une phase symbolique (d’où sont issues les Flamandes, 1883 et les Mornes,
1886), il entre dans une phase très sombre proche d’une certaine folie (les Soirs,
1887 et les Flambeaux noirs, 1891) avant de se convertir au socialisme. Il se fera,
comme Walt Whitman aux Etats-Unis, le chantre de cette modernité industrielle
naissante, dans une trilogie qui constitue son chef d’œuvre :
1893 : Les Campagnes hallucinées
1895 : Les Villages illusoires
1895 : Les Villes tentaculaires
1.5.2. MAURICE MAETERLINCK (1862-1949)
Outre Serre chaude (1889), il a collaboré avec des musiciens en leur fournissant
livret ou support, notamment avec son Pélleas et Mélisande dont Debussy tira un
opéra en 1902, et avec Douze chansons, que Gabriel Fauré transforma en
mélodies.
1.5.3. ET LES AUTRES
ü CHARLES VAN LERBERGHE (1861-1907)
1898 : Entrevisions
1904 : Chanson d’Eve (mise en musique par Fauré)
ü GEORGES RODENBAH (1855-1931)
ü MAX ELCAMP (1862-1931)
1898 : Enluminures
6. L’unanimisme : JULES ROMAIN (1885-1972)
De son vrai nom Louis-Henri-Jean Farigoule, Jules Romain entend dans sa poésie
substituer aux émotions individuelles, les sentiments qui animent les groupes
humains.
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1908 : La Vie unanime, marque un tournant dans la poésie française en ce
qu’il annonce Cendras et Apollinaire
« La vue est plus intime à cause de la brume.
Autour des becs de gaz l’air tout entier s’allume ;
Chaque chose a sa part de rayon ; et je vois
Toute la longue rue exister à la fois.
Les êtres ont fondu leurs formes t leurs vies,
Et les âmes se sont doucement asservies.
Je n’ai jamais été moins libre que ce soir
Ni moins seul. Le passant, là-bas, sur le trottoir
Ce n’est point hors de moi qu’il s’agite et qu’il passe »
La Rue
Autour de ce mouvement gravitent :
· Georges Duhamel (1884-1966)
· Son beau-frère Charles Vildrac (1882-1971)
· Georges Chenevière (1884-1924)
· René Arcos (1880-1959)
Volontiers utopistes, à la manière de Fourrier, ils ont arraché la poésie à un
narcissisme individualiste.
2. L’ESPRIT NOUVEAU
« L’esprit nouveau », véritable manifeste de l’art moderne est le titre d’une
conférence qu’Apollinaire donna à la fin de sa vie. De ce fait, il s’agit bien d’un état
d’esprit attaché à tout renouveler, et qui englobe aussi bien le cubisme que les
tendances littéraires du moment. Les artistes se sentent surtout attirés par la
modernité : ils y puisent des thèmes neufs comme la ville, l’électricité, l’avion, la tour
Eiffel, etc.
L’homme qui plus que tout incarna cet esprit fut Guillaume Apollinaire
2.1. GUILLAUME APOLLINAIRE (1880-1918).
D’une vie, dès l’enfance, très cosmopolite, Guillaume Apollinaire sera de toutes les
innovations artistiques : le cubisme en gestation, l’invention du Douanier Rousseau
(peintre). Après une œuvre déjà monumentale, il publie en 1913 Alcools qui marque
une rupture totale dans la poésie française (vers libres, absence de toute
ponctuation) et s’ouvre par un poème manifeste : Zone.
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« A la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en a assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation »
« Seul en Europe tu n’es pas antique ô christianisme
L’Européen le plus Modène c’est vous Pape Pie X »
Premiers vers de Zone
1910 : L’Hérésiarque et Cie
1911 : Bestiaire (illustré par Dufy)
1913 : Alcools (aussi fondamental que les Fleurs du Mal)
1918 : Calligramme (posthume ; sorte de poèmes dessinés, le vers prenant la
forme de ce qu’il évoque)
1956 : Poèmes à Lou (posthume)
Poèmes importants (extraits d’Alcools) :
· La chanson du Mal-aimé
· Le Pont Mirabeau
· Nuit rhénane
2.2. LES POETES VOYAGEURS
Ils sont parfois appelés les « cosmopolites » ou les « bourlingueurs » à la suite d’un
ouvrage d’un des leurs, à savoir : Bourlinguer de Blaise Cendras.
L’esprit nouveau fut non seulement une ouverture à des formes nouvelles, mais
aussi à de nouveaux horizons. Ainsi naquirent les poètes qui se firent les chantres du
voyage et de leur confrontation avec d’autres cultures. Outre Paul Claudel, que nous
verrons par la suite, quatre poètes moindres, mais non moins très intéressants,
émergent.
2.2.1 VALERY LARBAUD (1881-1957)
Né dans une famille riche, il a longuement voyagé. Un goût des langues et une
culture raffinée lui permettent de traduire Samuel Butler et James Joyce et de
devenir un romancier et un nouvelliste reconnu.
1911 : Fermina Marquez
1918 : Enfantines
1920 : Mon beau Souci
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Auparavant, il livre un ouvrage poétique important (« Les Poésies de A.O.
Barnabooth » (1908) dans lequel il crée un double littéraire, Barnabooth,
personnage prétendu poète sud-américain auquel il prête la rédaction de ses
poèmes.
« Mes vers, vous possédez la force, ô mes vers d’or,
Et l’élan de la flore et de la faune tropicale,
Toute la majesté des montagnes natales,
Les cornes du bison, les ailes du condor ! »
Extrait de Ma Muse
2.2.2. SAINT-JOHN PERSE (1887-1975)
Son importance dans le développement de la poésie de la seconde moitié du XXe
font souvent oublier que dès 1911, il écrivit une œuvre qui sans être fondamentale
n’est pas dénuée d’intérêt.
1911 : Eloges
1924 : Anabase
1942 : Exil
1957 : Amers
1960 : Chronique
1963 : Oiseaux (Prix Nobel 1960)
2.2.3. VICTOR SEGALEN (1878-1919)
Médecin de la Marine, il rencontra deux civilisations qui le fascinèrent : la Polynésie,
qui lui inspire Les Immémoriaux (1907) puis la Chine (trois voyages entre 1909 et
1918).
1912 : Stèles
1916 : Peintures (d’inspiration taôiste)
Il entend restituer une esthétique orientale, sans exotisme, ni pittoresque.
2.2.4. BLAISE CENDRAS (1887-1961)
Une vie aventureuse, une fuite en avant avec une jeune femme, un engagement
dans la légion étrangère (il perd son bras doit en 1915), le conduisent à s’intéresser
à toute l’aventure moderne (bars, publicités, vitesse, cinéma). Pour la poésie, il nous
livre deux textes fondamentaux :
1912 : Les Pâques à New York (qu’admira Apollinaire)
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1913 : La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France
Pour la prose, citons :
1918 : Panama ou les aventures de mes sept oncles
1924 : Kodak
1925 : L’Or (« J’étais l’homme le plus riche du monde, l’or m’a ruiné »)
1924 : Bourlinguer
1926 : Moravagine
1945 : L’Homme foudroyé
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