La poésie au coin de la rue

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La poésie au coin de la rue
La poésie au coin de la rue
LA BONNE SOUPE
Ton Christ est Juif.
Ton scoot est Japonais.
Ton écriture est Latine.
Ton couscous est Algérien.
Ta pizza est Italienne.
Ton baladeur est Coréen.
Ta montre est Suisse.
Ton café est Brésilien.
Tes chiffres sont Arabes.
Ta chemise est Hawaiienne.
Ta bière est Belge.
Ta démocratie est Grecque.
Tes vacances sont Marocaines,
Tunisiennes ou Turques.
Ta musique est Afro- Américaine.
Et tu reproches à ton voisin d’être un étranger.
LE VIADUC DE GARABIT
Au centre de Paris, la Tour Eiffel s’élance :
Elle seule est Paris, phare du monde entier,
Mais, s’élève aussi vers le Centre de la France,
Son frère un viaduc, de cinq ans son aîné.
Au fond de la vallée il plonge ses racines
Puis monte et tend les bras pour prendre son appui.
Son arche reliant Loubaresse à Ruynes
Dessine l’arc-en-ciel d’Eiffel à Garabit.
Au printemps, dans le vent, il siffle avec les merles,
La nuit, lorsque le lac fait miroiter le ciel,
Les étoiles leur font tant de colliers de perles
Qu’il scintille dans l’eau, mieux que la Tour Eiffel.
Le colosse ferreux, de loin, semble dentelle,
Et l’arc et la nature, en ses plus beaux habits
Vont parcourir le monde en cartes, aquarelles,
Jumelant Garabit à la «tour » de Paris.
Marie JOUVENTE
Trouvez un chaudron et jetez-y des cornichons.
Prenez cinquante araignées qui se trouvent au grenier.
Versez douze centilitres de sang de serpent dans le récipient.
Mettez y aussi de la bave de crapaud et des yeux de veaux.
Mélangez dix poils de chauve-souris avec du riz.
Rajoutez y la queue du diable posée sur la table.
Pour que ce soit meilleur,
Vous pouvez rajouter un peu de beurre.
Mais aussi de la citrouille et des nouilles.
Bon appétit mes amis ! ! ! ! ! ! !
Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé dans les vergers
Pauvre automne ! Meures en blancheur
Et en richesse de neige et fruits mûrs.
Aux lisières lointaines, les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison, que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles qu’on foule,
Un train qui roule
La vie s’écoule…
Guillaume APOLLINAIRE
LE CITADIN AUX CHAMPS
Abuser du temps qui passe
soustraire l’air d’une souris
piocher dans le beurre en motte
atteindre l’eau d’un coup de scie
piétiner l’or de la crotte
étreindre le blé sans épis
insulter mouche qui trotte sermonner
les poux des brebis
abuser du temps qui passe
voilà tout ce qu’à la campagne
fait le monsieur de Paris
Raymond QUENEAU
Comité Communal d’Animation de Saint Beauzire
OCTOBRE 2009

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