La 1ère traversée de la Manche par un avion : c

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La 1ère traversée de la Manche par un avion : c
Lettre d’information de l’Association des Amis du Musée de Baden n°39 juillet-août 2013
La 1ère traversée de la Manche par un avion : c’était en 1909.
Lord Northcliffe, propriétaire du Daily Mail, crée en octobre 1908 un prix de 1000 livres récompensant le premier
pilote qui traversera la Manche.
Exigences: l’appareil doit effectuer son vol de jour, ne pas utiliser un moyen de sustentation comme un ballon à gaz
léger, et à l’évidence ne jamais toucher l’eau.
Ce prix motive les constructeurs d’avions et tous se mettent au travail, bien qu’en 1908 un tel exploit s’avérât des plus
difficiles.
En juillet 1909, trois pilotes sont au départ. Latham à Sangatte, le Comte de Lambert à Wissant, et Blériot aux
« Baraques » proches de Calais.
Latham s’élance le premier le 19 juillet sur son monoplan Antoinette, il s’élève rapidement à une altitude de 300
mètres et s’éloigne en direction de l’Angleterre; temps calme, tout pour la réussite… après quelques minutes de vol, le
moteur a des ratés, puis s’arrête définitivement; après un amerrissage parfait il est repêché par son navire escorteur, le
torpilleur « Harpon »; pas découragé, il déclare qu’il va recommencer dès qu’il disposera d’un nouvel avion.
Six jours plus tard, c’est Louis Blériot qui s’élance à son tour. Le temps étant très agité, son entourage le dissuade de
tenter la traversée.
Le 25 juillet 1909, profitant d’une accalmie, il décolle à 4h30 du matin. Le moteur ANZANI
tourne comme une horloge, et Blériot lance à ses deux fidèles mécaniciens Mamet et Collin le
fameux « Laissez aller! »
Le Blériot XI s’élance vers l’Angleterre; il cale sa direction sur la trace du navire escorteur, le
torpilleur « L’Escopette », mais ce dernier trop lent est vite dépassé. Blériot doit alors piloter à
l’instinct, car son tableau de bord est réduit à sa plus simple expression: une jauge de niveau
d’huile et une pour l’essence.
Inconsciemment il dérive à droite et se retrouve devant l’embouchure de la Tamise, au lieu de
Douvres où il est attendu; il repart sur sa gauche et arrive bientôt en vue de sa destination; à ce
moment son appareil est brassé par des tourbillons d’air.
C’est alors qu’il aperçoit une prairie et au centre un homme qui agite un drapeau tricolore lui
indiquant le vent. Au moment de l’atterrissage un coup de vent déséquilibre le Blériot IX, qui fait une embardée le
plaquant au sol. L’avion est brisé, mais Louis Blériot sort indemne; il se dirige vers le port de Douvres pour accueillir
son épouse qui avait pris place sur le navire escorteur.
Le vol a duré 37 minutes pour une distance de 37 km; la presse anglaise titre: « L’Angleterre n’est plus une île ».
Petite parenthèse matérielle, Blériot qui se battait à l’époque pour la survie de son entreprise, reçut avec bonheur les
1000 livres de prix du Daily Mail, et, cerise sur le gâteau, il enregistra une soixantaine de commandes du Blériot XI.
(Nota: Louis Blériot, petit-fils du grand aviateur, possède un Blériot XI d’origine qu’il destine au futur musée Blériot).
Autre anecdote… Lord Northcliffe, propriétaire du Daily Mail, avait prévu de tripler la prime de 1000 livres si c’était
l’un des frères Wright qui traversait la Manche en premier… Ah! Ces Anglo-saxons.
Le 29 juillet, Latham, pas découragé, s’élance à nouveau pour l’honneur. Cette seconde expérience sera également un échec, car, après quelques minutes de vol, nouvelle panne de moteur,
nouvel amerrissage, et arrêt définitif de son projet. Pour mémoire, Latham travailla quelques
mois pour expérimenter les avions Antoinette, et termina prématurément sa vie, piétiné par un
buffle lors d’une chasse en Afrique. Pour Louis Blériot, après cet exploit, c’est le début de
l’épopée industrielle, qui est au moins égale à celle de pionnier.
Texte de André Le Boissetier.
A voir, au musée de Baden, l’exposition temporaire « Louis Blériot ».
A lire: le livre écrit par son petit-fils Louis Blériot, « L’envol du XXème siècle », qui décrit la
vie magnifique de son grand-père; disponible à la boutique du musée de Baden.
Pour lire l’article du Figaro du 26 juillet 1909 suivez ce lien :
http://ea58.free.fr/bleriot/figaro/figaro_26_juillet_bleriot_recit-traversee.htm
Voir aussi la vidéo du vol-anniversaire http://www.dailymotion.com/video/x9zie2_traversee-de
-la-manche-par-le-bleri_creation#.UcqGKb5OKM8

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