PAR OLIVIER ASSAYAS - Festival du film de l`Outaouais

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PAR OLIVIER ASSAYAS - Festival du film de l`Outaouais
PAR OLIVIER ASSAYAS
Véritable mythe, Carlos est au cœur de l’histoire
du terrorisme international des années 1970 et 1980,
de l’activisme propalestinien à l’Armée rouge japonaise.
A la fois figure de l’extrême gauche et mercenaire
opportuniste à la solde des services secrets de puissances
du Moyen-Orient, il a constitué sa propre organisation,
basée de l’autre côté du rideau de fer, active durant
les dernières années de la guerre froide.
LA SÉRIE ÉVÉNEMENT D’OLIVIER ASSAYAS
Produite par Daniel Leconte
Écrite par Olivier Assayas et Dan Franck
D’après une idée originale de Daniel Leconte
Conseiller historique Stephen Smith
DIRECTION DE LA COMMUNICATION
DANIÈLE MAISONNASSE
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CARLOS.CANALPLUS.FR
Un site dédié exclusif avec, notamment, des images d ’archives
et des scènes clés de la série commentées par Olivier Assayas.
Le film est l’histoire d ’un révolutionnaire internationaliste,
manipulateur et manipulé, porté par les flux de l’histoire
de son époque et de ses dérives. Nous le suivrons
jusqu’au bout de son chemin, relégué au Soudan
où la dictature islamiste, après l’avoir un temps couvert,
l’a livré à la police française.
Personnage contradictoire, aussi violent que l‘époque
dont il est une incarnation, Carlos est aussi une énigme.
C’est elle que nous avons voulu contribuer à déchiffrer.
Avec Edgar Ramírez dans le rôle de Carlos
Le film CARLOS a été réalisé à partir d’un important travail de
documentation historique et journalistique. Pour autant, la vie de Carlos
comportant d’importantes zones d’ombre, sujettes à controverse,
ce film est avant tout une fiction retraçant deux décennies du parcours
d’un des plus célèbres terroristes internationaux.
Édito
La question de la restitution du contexte historique
a conditionné l’écriture des scénarios. Olivier Assayas,
Dan Franck et Stephen Smith ont passé des mois
à recouper les informations recueillies dans les multiples
ouvrages et articles de presse consacrés à Carlos
et au terrorisme des années 1970-80. Ils sont ainsi
parvenus à reconstituer l’essentiel de sa “carrière”,
assumant une part d ’interprétation des zones restées
dans l’ombre.
Ilich Ramírez Sánchez vit aujourd ’hui en prison.
Et le terrorisme révolutionnaire d ’obédience marxiste
a disparu avec l’effondrement du bloc communiste.
Pourtant personne n’a oublié Carlos, dont la photographie
volée au téléobjectif sur le tarmac de l’aéroport d ’Alger
a fait le tour du monde.
Les scénarios restituent avec une extraordinaire rigueur
les enjeux du conflit au Moyen-Orient, les rivalités entre
pays arabes, le climat de fin de guerre froide. Et Carlos
trouve sa juste place dans l’échiquier politique de
l’époque. La reconstitution historique démythifie
le personnage. Sous le vernis de la fable apparaît
un personnage complexe : sa violence, sa soif de
reconnaissance et son goût immodéré pour l’argent
et les femmes supplantent rapidement son engagement
pour le FPLP et la cause palestinienne. Carlos finit
par vendre ses services sur le marché du terrorisme
international, là où le discours révolutionnaire tient lieu
de cache-sexe. On est loin d ’une vision romantique et
idéalisée de la lutte armée durant ces années de plomb.
1975. La prise d ’otages des ministres du pétrole vient
de prendre fin. Elle a duré plusieurs jours et fait trois morts.
Sur la fameuse photo, Carlos et un groupe de représentants
algériens font quelques pas sur la piste. Le bain de sang
a été évité, la tension est retombée, on discute. Carlos porte
une courte barbe et un béret qui lui donnent de faux airs du
Che. A ce moment-là, il sait que l’opération est un semi-échec.
Il sait que les commanditaires lui reprocheront de ne pas
avoir exécuté comme prévu le ministre saoudien du pétrole.
Pourtant, il apparaît étonnamment détendu et affiche
un sourire de vainqueur.
Le mythe “Carlos” est né, et il en a parfaitement conscience.
La presse et les services secrets du monde entier ont les yeux
rivés sur lui. Il n’a pas 30 ans et fait désormais partie des
hommes les plus recherchés de la planète. L’idéologie tiersmondiste et la révolution vont bientôt céder le pas à des
intérêts plus triviaux. Ce jour-là Carlos entrevoit sa future
carrière de mercenaire du terrorisme. C’est sans doute
la raison de son sourire.
Le travail d ’écriture et de documentation aura demandé
environ deux ans à Olivier Assayas et Dan Franck. Et
le résultat est un scénario de près de trois cents pages,
dont l’action se déroule sur une vingtaine d ’années,
dans une dizaine de pays, avec plusieurs dizaines de
personnages qui s’expriment dans plus de cinq langues.
Film politique, film d ’époque, film d ’action. Coproduction
internationale, œuvre pour la télévision et pour le
cinéma, c’est peu dire que ce projet est hors norme.
Il fallait, pour mettre en œuvre la production
Imaginer un film sur Carlos, c’est vouloir raconter l’histoire
de ce sourire.
Edgar Ramírez
et la réalisation d ’un tel scénario, la ténacité, l’endurance
d ’un producteur, Daniel Leconte, et la force de travail,
l’immense talent, et le goût très sûr d ’un réalisateur
de la trempe d ’Olivier Assayas.
évoluent des personnages terriblement “authentiques”.
C’est la beauté d ’une œuvre qui transcende le clivage
cinéma/télévision : approcher la vérité grâce à la fiction.
CARLOS est la plus cinématographique de nos fictions.
Le montage financier d ’un tel projet est impossible dans le
cadre restreint de la fiction traditionnelle. C’est pourquoi
le plan de financement imaginé par Daniel Leconte
tient davantage du cinéma que de la télévision, avec les
avantages et les risques que cela comporte. C’est donc
en équilibriste que la production a été forcée d ’avancer,
tenant parfois à bout de bras de nombreux partenaires.
En toute logique, Assayas a conduit la préparation
des trois films avec le souci du détail qui avait guidé
l’écriture. Les acteurs, les décors, les costumes, tout devait
aller dans le sens d ’une reconstitution fidèle de l’époque.
Le choix d ’Edgar Ramírez pour incarner Carlos est
d ’ailleurs symptomatique de la démarche du réalisateur.
Comme Carlos, Edgar Ramírez est vénézuélien, parle
espagnol, anglais, français, et sa robustesse et son
épaisseur ne sont pas sans rappeler celles de Carlos.
C’est un CARLOS qui n’a rien à envier au cinéma que
nous donnons à voir. Quand la télévision propose
une vision cinéma et l’assume jusque dans le choix du
CinémaScope. Assayas donne du souffle à son histoire.
Pas de caméra faussement documentaire.
Les déplacements des personnages sont un véritable
ballet. On est happé par l’énergie de la mise en scène,
par l’intensité du jeu des acteurs, par la très grande
beauté de la lumière. L’esthétique tient une grande
place dans le cinéma d ’Assayas. Dans CARLOS, elle
permet de donner l’illusion de la réalité. On est plongé
dans une époque minutieusement recomposée où
Je salue le travail exceptionnel d ’Olivier Assayas, qui
nous livre ici une série qui, à n’en pas douter, est l’un
de ses meilleurs films. Je salue l’engagement des
acteurs et de toute l’équipe. Je remercie Stephen Smith
pour son aide sur la documentation. Je remercie Dan
Franck pour son travail sur le scénario au côté d ’Olivier.
Je remercie l’audace de Daniel Leconte, la patience et
l’implication de Raphaël Cohen. Je salue bien entendu
toute l’équipe de FILM EN STOCK et nos partenaires
libanais d ’Orjouane productions qui se sont efforcés
de rendre possible l’impossible. Plusieurs partenaires
se sont joints à ¢ et FILM EN STOCK pour
permettre la réalisation de cette aventure, notamment
Egoli Tossell Film et Arte France.
Je veux souligner l’éblouissante interprétation du jeune
Edgar Ramírez qui a su donner à son personnage
les nombreuses facettes qu’on prête à son modèle.
Edgar Ramírez, c’est la rencontre dont ce film avait
besoin. C’est surtout un grand comédien dont on n’a
pas fini de parler.
Un mot, enfin, pour saluer l’entrée déterminante
de STUDIOCANAL dans le projet, qui montre
l’engagement du Groupe ¢ et sa confiance
dans la réussite de ce film exceptionnel.
Fabrice de la Patellière
Directeur de la fiction française ¢
Nora von Waldstätten et Edgar Ramírez
Sur les traces de Carlos
Lorsque Daniel Leconte m’a contacté pour me proposer
de lire un synopsis de quelques pages qu’il avait écrit autour
de l’arrestation de Carlos au Soudan, et de sa traque par le
général Rondot, j’ai aussitôt, et je le lui ai dit, eu le sentiment
qu’il y avait là, en germe, un passionnant sujet de cinéma,
inédit : l’histoire de Carlos, l’histoire du terrorisme moderne,
vue de l’intérieur.
C’est cette histoire-là que je lui ai proposé de raconter,
à partir des recherches historiques qui avaient été
commandées à Stephen Smith et qui, à ce stade très précoce,
comportaient encore beaucoup de zones d ’ombre,
d ’ambiguïtés, de contradictions aussi, que je me suis efforcé,
en constant contact avec lui, de résoudre. Cela n’a pas été
une mince affaire.
C’est en dialoguant avec Dan Franck qui, dans cette
première étape de l’élaboration du projet, a été mon
interlocuteur, que nous avons structuré une histoire que
j’ai ensuite construite et rédigée : à force de me documenter,
de recouper systématiquement les informations, les pièces
du puzzle se sont mises en place avec une évidence
éclatante, la même qui nous a tous portés depuis.
Je veux rendre hommage à Fabrice de la Patellière qui nous
a encouragés quand nous – Daniel Leconte, Raphaël Cohen,
moi-même – avons commencé à réaliser combien ce projet
était hors norme, extravagant, impossible ; qui, lorsque nous
sommes revenus vers lui pour lui dire que non, un film n’y
suffirait pas, qu’il en faudrait deux, puis pour lui dire qu’avec
deux on n’y arrivait toujours pas et qu’il s’imposait d ’en ajouter
un troisième, a cru en nous, a cru dans ce projet, avec une
conviction qui, je veux le dire ici, noir sur blanc, est sans doute
la raison pour laquelle, contre vents et marées, contre le
bon sens aussi, et dans les pires moments de découragement
– et il y en a eu souvent – j’ai eu le sentiment qu’il valait
la peine de persévérer dans cette aventure.
Pour être franc, je n’imaginais pas que, dans ce cadre,
je pourrais obtenir une sorte de blanc-seing pour faire
le film dont j’avais eu très tôt la vision d ’ensemble :
malgré le soutien, la confiance de mes producteurs,
entière, depuis le début, je pensais que, comme souvent,
à un stade ou bien à un autre, on couperait les ailes du
CARLOS que je voulais, et qu’au bout du compte le film
ne se ferait pas faute d ’un accord sur les principes de
base sur lesquels il me semblait vital d ’être intransigeant :
durée – qui seule permettait de restituer la complexité
de l’époque et de ses enjeux –, usage des langues
originales des protagonistes – indispensable pour
rendre compte des méandres du terrorisme international
d ’alors –, pas de vedettes (quel acteur français aurait
pu incarner Carlos ? ç’aurait été absurde), casting
cosmopolite – oui, c’est important que les Sud-Américains
soient interprétés par des Sud-Américains, les Libanais
par des Libanais, les Allemands par des Allemands,
les Syriens par des Syriens, même si c’est une gageure
de lancer des castings simultanément à Paris, Berlin,
Beyrouth, Madrid, Damas, Amman, Khartoum… –,
choix du format Scope, double version télévision
et cinéma, priorité à des techniciens de cinéma, en fait
mes collaborateurs habituels, etc.
L’incroyable est qu’on a passé obstacle après obstacle,
difficulté insurmontable après difficulté insurmontable,
il faut croire que notre conviction était communicative.
J’ai écrit relativement vite la version définitive du scénario,
et même dans une certaine fébrilité, la confrontant
régulièrement aux relectures et aux remarques de
Dan Franck. J’écrivais dans les avions, dans les trains,
dans les chambres d ’hôtel, ce qui ne m’était jamais
vraiment arrivé auparavant, puis je reprenais mes
recherches, sollicitais les lumières de Stephen Smith,
et j’écrivais encore. La version quasi définitive a été
prête très tôt et, au fond, on n’en a depuis que très
peu varié, le plus souvent pour remettre le récit à jour
d ’informations nouvelles que nous n’avons jamais cessé
de recueillir, jusque durant la préparation du film,
et même quelquefois à la veille de tourner.
L’une des questions centrales, depuis le début, est celle
du jeu de la vérité et de la fiction dès lors qu’on utilise
les moyens du cinéma, et du romanesque, pour traiter
de faits réels, tout en préservant la liberté de création.
Nous avons essayé d ’y répondre de notre mieux, pas
à pas : les faits, et les mécanismes, de la “carrière” de
Carlos sont aussi précis que possible en l’état actuel
des connaissances, et notre travail de recherche a été
particulièrement approfondi et vérifié. Cependant il a
toujours été au service d ’une dramaturgie, qui imposait
des contractions, des simplifications, indispensables pour
rendre compte des complexités et des zones d ’ombre
d ’une histoire qui s’étale tout de même sur vingt ans.
Le portrait qui s’en dégagera sera aussi crédible que
possible, basé sur des informations et non des fantasmes
journalistiques. Mais, en somme, j’aurais aimé qu’on
puisse intituler ce film CARLOS, ROMAN, car s’il
s’inspire de faits réels, la narration, ses choix, son rythme
et son parti pris d ’explorer y compris les aspects les
moins publics du personnage relèvent de la fiction,
de son énigme aussi.
Carlos est un mythe contemporain, visible et invisible,
compréhensible et incompréhensible, connu et inconnu :
dès lors qu’une vérité semblait s’imposer, elle ne pouvait
manquer d ’être aussitôt contredite par son inverse
qu’elle paraissait porter en elle depuis l’origine.
La séduction de Carlos tient à son mystère, à ce que,
sans doute, il pourrait donner lieu à d ’autres récits,
à d ’autres films, qui seraient bien différents du nôtre.
Disons, donc, que ce CARLOS ne prétend à rien de plus
qu’à être mon interprétation, subjective, de son mythe,
certainement pas exclusive d ’autres lectures à venir…
Carlos, tel que je le vois, a été, à une époque
où il ressemblait à beaucoup de jeunes gens de sa
génération, un militant politique engagé, fasciné par les
luttes de libération en cours aux quatre coins du monde :
c’était alors une vraie guerre, au Chili, au Vietnam,
au Moyen-Orient, et même en Europe, déclinaison
de l’affrontement des deux blocs de la guerre froide.
Mais Carlos est bientôt passé du militantisme à un
mercenariat cynique qui a prospéré à une époque
où l’on pouvait maquiller cela d ’un vague discours
politique, aussi confus qu’insupportable, celui des
années de plomb.
C’est un homme violent, un tueur, fasciné par les armes,
par sa propre virilité. Mais c’est aussi un aventurier
de son temps, qui est allé au bout des impasses d ’une
histoire, celle de sa génération.
Et dès lors qu’on examine son trajet, qu’on le suit dans
les méandres de celui-ci, on ne peut faire l’économie
d ’explorer aussi ce qui est humain, y compris pour le
plus difficile : c’est cette vérité-là qui explique qui il est
et ce qu’il a fait. Et c’est de ce point de vue qu’on doit
aborder la façon dont il a incarné la version déformée,
grimaçante, des fantasmes des gauchistes européens,
la génération qui dans le sillage de Mai 68 a cru que
la Révolution était pour demain et qu’elle aurait lieu
par les armes.
Carlos est un soldat de cette guerre-là, et pour mettre
ses actes dans la bonne perspective, il faut pouvoir
décrire, aussi précisément que possible, les rouages
commandant les intérêts des États qui les ont
déclanchés, qui les ont télécommandés. De mettre au
jour les tensions géopolitiques d ’une époque pas si
différente de la nôtre où la frontière entre la diplomatie
et le droit commun était pour le moins poreuse.
L’écriture, qui a débuté en 2007, a été interrompue
par le tournage de mon film L’HEURE D’ÉTÉ, et ce n’est
qu’à la fin de l’été 2008 que nous avons disposé d ’une
version complète du scénario. Cela a permis d ’engager
la préparation qui a débuté à l’automne. Elle a été
difficile, chaotique, minée par les difficultés constantes du
financement, la défection de partenaires, les incertitudes
quant à la conception, y compris géographique d ’un
plan de travail qui se promène dans une dizaine de
pays, d ’innombrables décors, et elle met en jeu plus de
cent vingt comédiens dans plus de sept langues. Jamais
aucun d ’entre nous ne s’était confronté à un canevas
d ’une pareille complexité.
C’est enfin en partenariat avec l’Allemagne que les
choses se sont cristallisées, mais là encore le terrain était
mouvant ; un jour nous devions tourner dans une région,
nous nous y rendions, préparions notre tournage, et du
jour au lendemain c’était une autre qui s’y substituait
où tout était à recommencer. Après avoir commencé
à Paris, c’est enfin en ex-RFA que nous nous sommes
fixés, partageant nos décors selon de subtils équilibres
diplomatiques entre Leipzig, Halle, Naumburg. Lieux
étranges, vidés de leur population active ; à Halle, en
particulier, nous avons filmé dans les anciens et lugubres
bâtiments de la police, dont les cachots avant d ’avoir
été ceux de la Stasi avaient été ceux des nazis.
C’est dans un hall d ’exposition de la même ville que nous
avons improvisé le studio où nous avons construit les
bureaux de l’OPEP, au prix de circulations extravagantes
de nos interprètes, et même de nos figurants, venus des
quatre coins du monde pour incarner les participants
à la conférence des ministres du pétrole…
Après de longs repérages au Maroc, c’est au Liban que
nous avons choisi de tourner les nombreuses séquences
du Moyen-Orient. Nous devions restituer Beyrouth,
Damas, Tripoli, Bagdad, et même des intérieurs situés
à Aden et Khartoum… Admettons que le Liban avait
sur le Maroc cet avantage de se situer dans la zone
géographique des activités de Carlos : plus facile
pour les décors, pour les accessoires, mais aussi pour
le casting de nos interprètes libanais, bien sûr, mais
aussi syriens, jordaniens, irakiens, yéménites, iraniens,
algériens, libyens, soudanais…
Le désavantage tenait au manque d ’infrastructure, très
peu de films se tournant au Liban et certainement aucun
film d ’époque international, il fallait constamment tout
inventer. Nous l’avons fait avec l’aide précieuse,
indispensable, de nos partenaires libanais, souvent
débordés, dépassés, mais qui, bien que leur patience
ait été mise à rude épreuve, n’ont jamais baissé les bras.
L’aéroport de Beyrouth nous prêtait ses pistes et, par
chance, l’un des derniers DC-9 en activité (l’avion de
la prise d ’otages de Vienne) se trouvait faire la liaison
hasardeuse Kiev-Beyrouth, nous pouvions en disposer
entre ses rotations. Tant mieux : ailleurs, nous ne
l’aurions sans doute pas trouvé. Tant pis : après
quarante-huit heures, l’avion repartait, et nous devions
interrompre nos prises de vue, y compris si telle ou telle
scène n’était pas achevée, et ce jusqu’à la semaine
suivante. Ce jeu a duré un mois…
Encore très tard dans notre tournage, nous avons
cru que nous pourrions filmer au Yémen et au Soudan
les extérieurs dont nous avions besoin.
Pour ce qui est du Yémen, à la suite de longues
tractations avec l’ambassade, d ’abord, les plus hautes
autorités sur place, ensuite, nous sommes miraculeusement
parvenus à obtenir ce qu’aucun film occidental n’avait
obtenu depuis Pasolini pour LES MILLE ET UNE NUITS
dans les années 1970, une autorisation de tournage à
Aden et même à Sanaa… Une semaine avant de nous
y rendre, nous avons reçu un avis défavorable du Quai
d ’Orsay et de l’ambassade de France : il a fallu en
moins d ’une semaine trouver au Liban tous nos décors
yéménites, au prix des pires acrobaties auxquelles
j’aie jamais dû recourir.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, les Soudanais,
dont le président Omar Al-Bachir était mis en cause
par une juridiction internationale pour les atrocités
du Darfour, se sont révélés peu enclins à rendre des
services à une production française. C’est donc l’Afrique,
aussi, qu’il nous a fallu réinventer à Beyrouth.
Pire : après notre casting à Damas, l’un de nos interprètes
syriens a pris peur en raison de la teneur politique
du film, et a donné à la presse de Damas un entretien
pour déclarer que s’il renonçait à la “reconnaissance
internationale” que sa participation à CARLOS lui aurait
valu, c’est qu’il ne voulait pas être associé à un projet
anti-syrien… Mettant ainsi en grave danger nos autres
comédiens établis à Damas.
Un acteur soudanais, rencontré en Syrie, a répercuté
à Khartoum ses propos : du coup les Soudanais se sont,
à leur tour, défilés. Et ceux qui ont eu le courage de
maintenir leur engagement ont été placés sur une liste
noire d ’interdiction de sortie du territoire… Résultat,
à la veille de tourner leurs séquences, nous n’avions plus
le moindre interprète soudanais. Eriq Ebouaney
(Hassan al-Tourabi), contacté la veille à Paris,
a eu juste le temps de sauter dans un avion. Quant aux
autres rôles, nous avons dû piocher parmi nos figurants
de la communauté soudanaise du Liban, souvent des exilés
politiques. Mais c’est le gynécologue qui nous a donné le
plus de fil à retordre : le matin du tournage, nous ne l’avions
pas, c’est notre costumière libanaise qui a suggéré son
dentiste, recruté aussitôt ; par chance il s’est révélé excellent.
Par la suite nous avons pu tourner quelques plans de
paysage, sans acteurs, à Khartoum et à Aden, à l’automne
2009 ; ils ont le mérite de poser la toile de fond.
Le tournage, qui a débuté en hiver à Londres, fin janvier,
s’est achevé dans la chaleur accablante de l’été libanais
à la veille du week-end du 14 Juillet. Entre-temps nous
nous étions arrêtés trois semaines pour permettre à Edgar
Ramírez de prendre l’embonpoint nécessaire à l’ultime
incarnation de Carlos. Et des élections avaient même
eu lieu au Liban d ’où n’était pas sorti le chaos redouté.
Quatre-vingt-douze jours. C’est à la fois beaucoup et très peu,
bien plus long qu’un tournage normal, mais hélas ce n’était
pas un film qu’il fallait faire, mais trois, et trente jours pour
chacun. Vu les déplacements, les scènes d ’action, les complexités
liées à la reconstitution historique, c’est terriblement serré.
Mais ces difficultés étaient intrinsèques à un projet unique,
sans vrai point de repère, sans référence, et que nous avons
dû inventer au jour le jour, à tous les stades et dans tous les
départements : on ne s’en est sortis que parce que chacun,
à tous les niveaux, y compris les plus modestes, tous les jours,
a fait des miracles, rendu l’impossible possible.
Olivier Assayas
Edgar Ramírez et Martha Higareda
Rami Farah et Christoph Bach
Scénario
1. PARIS – FILM EN STOCK –
BUREAU PRODUCTEUR – INT/JOUR
Un homme balèze et sportif attend, assis derrière
un bureau : le producteur.
Un barbu poivre et sel entre et referme la porte :
l’écrivain-scénariste.
Ils s’embrassent.
LE PRODUCTEUR
Je vais te proposer un sujet de film. C’est top secret.
J’ai écrit quelques pages. Lis-les.
Le scénariste s’assied et lit.
LE PRODUCTEUR
Il y a quelques années, j’ai réalisé un film autour
du personnage. Je te le donnerai. Qu’est-ce que
tu en penses ?
LE SCÉNARISTE
Formidable.
LE PRODUCTEUR
Tu le fais ?
LE SCÉNARISTE
Oui. Ça m’intéresse de savoir comment un type
qui s’appelle Ilich, dont le frère est Lénine, qui étudie
à l’université Patrice Lumumba de Moscou, devient l’un des
meilleurs amis du banquier nazi Genoud, légataire des droits
d ’auteur de Goebbels…
2. PARIS – FILM EN STOCK –
BUREAU PRODUCTEUR – INT/JOUR
Le même bureau, avec du thé, du café et des croissants.
Le producteur et le scénariste sont assis.
Une jeune femme et un homme jeune entrent : Canal Plus.
On s’embrasse.
On s’assied.
On parle.
LE RÉALISATEUR
Non. Écrivons à deux.
Ils s’embrassent.
L’HOMME JEUNE DE CANAL
… Vous avez choisi un journaliste pour vous aider ?
LE PRODUCTEUR
Il travaille déjà.
LA JEUNE FEMME DE CANAL
Et le metteur en scène ?
LE PRODUCTEUR
Nous allons organiser un rendez-vous avec lui.
3. PARIS – FILM EN STOCK –
BUREAU PRODUCTEUR – INT/JOUR
Le même bureau, avec du thé frais, du café neuf et des
croissants chauds.
Le producteur, le scénariste, la jeune femme et l’homme jeune
de Canal sont assis.
Un homme en T-shirt, jeans et tennis entre : le réalisateur.
On s’embrasse.
On s’assied.
On parle.
4. PARIS – RUE DES ARCHIVES –
EXT/JOUR
5. PARIS – ATELIER SCÉNARISTE –
INT/JOUR
Un atelier avec livres et verrière.
Le scénariste et le réalisateur sont assis autour
d ’une table.
Le journaliste entre.
Ils s’embrassent.
6. PARIS – ATELIER SCÉNARISTE –
INT/JOUR
Le réalisateur et le scénariste lisent, relisent, se partagent
les tâches, argumentent, corrigent, écrivent, recommencent,
suggèrent, coupent, hésitent, se séparent, se retrouvent,
argumentent, relisent, recorrigent, récrivent…
7. LE BOURGET – EXT/JOUR
Un an plus tard.
Le réalisateur tourne une scène d ’embarquement sur
un tarmac désaffecté du Bourget. Le scénariste est présent
en compagnie des attachées de presse. Il est content.
Il s’approche du réalisateur.
Le réalisateur et le scénariste marchent dans la rue.
LE SCÉNARISTE
Le film sera formidable. Bravo.
LE SCÉNARISTE
Comment veux-tu qu’on travaille ?
Ils s’embrassent.
LE RÉALISATEUR
Je ne sais pas. En général, j’écris seul.
LE RÉALISATEUR
Coupez !
LE SCÉNARISTE
Moi aussi. Mais je peux très bien me retirer.
Dan Franck, coscénariste
Une aventure collective
Je cherchais un sujet universel. Un sujet qui parle à tous.
Que l’on soit français, allemand, russe, américain ou
algérien. Un sujet exigeant qui séduirait des réalisateurs
de cinéma, des vrais auteurs, des acteurs de talent, comme
il avait séduit en son temps Pavel Lounguine, Amos
Kollek ou Gabriel Aghion quand je leur avais proposé
de travailler pour la télévision. Un sujet ambitieux
capable de fédérer des producteurs, des distributeurs
et des chaînes de télévision autour d ’un financement
hors du commun. Avec pour objectif de relever un
défi immodeste : faire du cinéma avec l’argent de la
télévision, faire de la télévision avec l’argent du cinéma.
Autrement dit, additionner l’argent de la télévision et du
cinéma pour faire deux œuvres distinctes à partir d ’un
même tournage, une œuvre de cinéma et une œuvre
de télévision. CARLOS est d ’abord né de ce désir-là.
Restait à trouver l’oiseau rare : le sujet du film. J’ai
toujours été révolté par la lâcheté des prises d ’otages.
Et plus révolté encore quand, dans les pays libres, les
démocrates se tirent une balle dans le pied en légitimant
ces méthodes. Est-ce pour cette raison qu’à l’époque
où, reporter, je courais le monde pour “Le Monde
diplomatique”, “Libération” ou Antenne 2, j’ai multiplié
les entretiens personnels avec Yasser Arafat, Georges
Habache, Bassam Abou Charif, Aboul Abbas, le chef du
commando de l’Achille Lauro, et bien d ’autres encore ?
Est-ce pour cette raison, aussi, que dans l’un de mes
films j’ai fait dire à Marcus Wolf, “l’espion qui venait
du froid”, le “deal” passé entre la Stasi et les groupes
terroristes propalestiniens ? En gros, “on vous couvre,
on vous entraîne, on vous finance, en échange de quoi
vous pouvez frapper où vous voulez sauf sur le territoire
allemand”. Est-ce pour cette raison, enfin, que passé alors
à autre chose, j’ai rencontré Hans-Joachim Klein, un des
acteurs de la prise d ’otages de l’OPEP à Vienne ?
1994 : Klein, alors traqué par la police, d ’une part,
et par les hommes de main de Carlos, de l’autre, menait
une vie chaotique. Et plus chaotique encore après qu’il
eut dénoncé les siens et rompu avec le terrorisme. Dans
une période de répit, il nous avait donné rendez-vous,
à Jean-Marcel Bouguereau et à moi-même, quelque
part en Europe. Trois jours d ’entretiens au cours
desquels cet ancien lieutenant de Carlos nous avait
raconté de l’intérieur “les années Carlos”. Puis il était
reparti vers nulle part, comme il était arrivé de nulle
part. Douze ans plus tard et après avoir entre-temps
produit une dizaine de films sur la guerre civile
algérienne et sur le terrorisme international, j’ai pioché
dans le souvenir de ces rencontres pour initier
CARLOS et pour en écrire l’argument. CARLOS
est donc né aussi de ce désir-là, puisé à la source
de mon patrimoine intime.
Mais le cinéma, comme la télévision, sont des aventures
collectives. Et c’est collectivement que ce projet est
devenu ce qu’il est.
Avec Raphaël Cohen et Éric Dionysius, d ’abord,
mes si précieux compères de FILM EN STOCK.
Ils étaient là au départ. Ils sont là à l’arrivée, avec
quelques cheveux blancs en plus mais si peu... Quel plus
bel hommage que de leur dire comme dans la chanson :
“Que ferais-je sans vous ?”
Avec Dan Franck, mon complice de toujours sur les
projets les plus improbables, pour écrire le scénario.
Son talent sûr et sa présence, précoce, m’ont rassuré,
presque autant que son sourire si doux derrière
sa moustache batailleuse…
Mais pour aller au bout de grandes aventures
collectives, il faut croiser la route de grands partenaires.
Jusque-là j’avais surtout croisé celle de Jérôme
Clément avec, entre autres, PRINCESSE MARIE
de Benoît Jacquot ; Jérôme Clément qui sera constant
dans ses fidélités et suivra ¢ sur CARLOS.
Avec Stephen Smith, journaliste et professionnel réputé,
à qui j’ai demandé de nous guider dans les méandres
forcément obscurs de la vie de Carlos.
A partir de là, c’est le privilège – rare – de cette aventure
exceptionnelle de m’avoir donné l’occasion de croiser
la route d ’autres grands partenaires. Sans eux, sans
leur engagement absolu, ce projet n’était pas possible.
Avec encore Radu Mihaileanu. J’ai aimé et distribué
son OPÉRATION MOISE, version documentaire de son
film de cinéma VA, VIS ET DEVIENS. Son nom associé
à CARLOS dès l’origine du projet a donné un coup
de pouce important pour engager ¢ dans
cette aventure.
Et puis Radu s’est retiré du projet. A peu près au même
moment, j’étais alors en discussion avec Olivier Assayas
pour l’adaptation de UNE AFFAIRE DE TRAHISON.
J’admirais depuis longtemps le réalisateur, mais je
craignais ses réticences concernant CARLOS, une œuvre
qui était d ’abord une série pour la télévision. Puis nous
avons discuté de SYRIANA : Moi : “Mais pourquoi ce
sont les Américains qui font ça ? Pourquoi pas nous ?
Pourquoi pas toi ?” Lui : “Pourquoi ? Mais parce que
personne ne me l’a jamais proposé !” Un mois plus tard,
je le lui proposais. Merci à Olivier Assayas d ’avoir mis
son grand talent au service d ’une histoire qui n’était pas
la sienne et qu’il s’est appropriée sans réserve.
Fabrice de la Patellière, bien sûr. Ses “fictions du réel”
m’avaient séduit. Son adhésion enthousiaste à CARLOS,
dès le départ, m’a bluffé. Son jugement et sa constance
tranchaient tellement avec les atermoiements de la
plupart de ses concurrents. J’ai alors compris pourquoi,
en France, les fictions de ¢ avaient plusieurs
longueurs d ’avance sur tout le monde.
Judy Tossell, aussi, productrice d ’Egoli Tossell, mon
copartenaire allemand. Sa loyauté m’a été précieuse
dans les moments décisifs.
Harold van Lier, bien sûr, aussi. Il a engagé
financièrement STUDIOCANAL sur le film et rendu
ainsi possible l’utopie de départ : compléter l’argent
de ¢ pour aller au bout de l’ambition de la
série et profiter du matériel exceptionnel généré par
la série pour faire un film de cinéma digne de ce nom.
Rodolphe Belmer, enfin. Il a donné le feu vert à ce projet
encore plus fou que tous les projets pourtant fous qu’il
avait engagés jusqu’alors. Un projet qui permettrait
à ¢ de donner une nouvelle fois à la fiction
française une ampleur internationale. Rodolphe Belmer
a considéré à ce moment-là que ce projet-là était le bon.
Il a fait preuve à la fois d ’une audace rare et d ’une
assurance tranquille, un cocktail parfait pour relever
les défis les plus périlleux. Qu’il en soit sincèrement
remercié. Cela a été notre grande chance, la chance
de CARLOS, la série, la chance de CARLOS, le film.
Daniel Leconte, producteur
Christoph Bach
Synopsis
Première partie - 98 minutes
CARLOS retrace l’histoire d ’Ilich Ramírez Sánchez qui,
durant deux décennies, fut l’un des terroristes les plus
recherchés de la planète. Entre 1974, à Londres, où il tente
d ’assassiner un homme d ’affaires britannique, et 1994,
quand il est arrêté à Khartoum, il aura vécu plusieurs
vies sous autant de pseudonymes, et traversé toutes les
complexités de la politique internationale de son époque.
Qui était Carlos, comment ses identités entrecroisées,
superposées, s’articulent-elles, qui était-il avant
de s’engager corps et biens dans sa lutte sans fin ?
C’est autour de ces questions que la fiction s’est construite.
Ilich Ramírez Sánchez, militant d ’origine vénézuélienne qui
a combattu auprès des Palestiniens en Jordanie, exécute
à Londres une série d ’attentats. Il s’installe à Paris où le FPLP
(Front populaire de libération de la Palestine) lui a assigné
la responsabilité de sa branche européenne sous les
ordres d ’un militant libanais, Michel Moukharbal, “André”.
Il coordonne plusieurs opérations, en particulier la prise
d ’otages à l’ambassade de France à La Haye par des
militants de l’Armée rouge japonaise.
Lorsque André est arrêté, les agents français de la DST
commencent à s’intéresser à Ilich, qui a adopté le nom
de guerre de Carlos. Pour échapper à l’arrestation, Carlos
abat trois policiers. Il rejoint alors au Yémen du Sud le chef
du FPLP, Wadie Haddad, qui lui confie une mission d ’une
rare audace, la prise en otages des ministres du pétrole
de l’OPEP lors de leur prochaine conférence, à Vienne.
Jean-Baptiste Malartre
Deuxième partie - 106 minutes
Troisième partie - 115 minutes
L’essentiel de cette deuxième partie est consacré au récit
détaillé de l’opération qui restera comme l’une des plus
spectaculaires du terrorisme de son temps. A la tête
d ’un groupe de six militants, des gauchistes des Cellules
révolutionnaires allemandes, et de militants palestiniens,
dont Anis Naccache, Carlos prend le contrôle du bâtiment
de l’OPEP, retenant en otages les ministres et les délégations
qui les accompagnent. Carlos est au sommet de sa notoriété
médiatique, mais en libérant les ministres à l’aéroport
d ’Alger en échange d ’une importante rançon il faillit
à la mission que lui a confiée Haddad. C’est la rupture
entre les deux hommes.
Dès lors, Carlos devient un mercenaire au service des États
les plus offrants. L’Irak, d ’abord, la Syrie, ensuite. Il installe
sa base de l’autre côté du rideau de fer, entre Budapest
et Berlin-Est, sous la protection de la Stasi, avec les survivants
des Cellules révolutionnaires, en particulier Johannes
Weinrich et son épouse Magdalena Kopp, qui bientôt
le quittera pour devenir celle de Carlos.
Le groupe de Carlos, installé à Budapest et protégé
par la Syrie, établit des liens avec différents clients intéressés
par leur savoir-faire particulier : entre autres, la Roumanie
de Ceaucescu et la Libye. Cette intense activité de
déstabilisation géopolitique, orchestrée par Carlos
qui trafique des armes, brasse des fortunes en liquide et vit
une existence de parrain du terrorisme européen, va bientôt
toucher à sa fin.
Son déclin est bien sûr lié à la transformation du monde.
Après la chute du mur de Berlin, il perd plusieurs de ses
commanditaires et son espace se rétrécit dramatiquement.
C’est enfin au Soudan qu’il trouve un ultime refuge :
Carlos est désormais un terroriste à la retraite, traqué par
les services secrets de plusieurs pays, abandonné par ses
plus proches, loin des enjeux de la politique internationale.
Son rôle est achevé, il observe de loin les changements du
monde. Avec l’aide des autorités soudanaises, il est capturé
et ramené à Paris où il devra répondre de ses crimes
qu’en France on n’a pas oubliés.
Alexander Scheer et Nora von Waldstätten
Badih Abou Chakra, Alejandro Arroyo et Edgar Ramírez
Interview d’Edgar Ramírez
Jeune espoir d’Hollywood, l’acteur
vénézuélien Edgar Ramírez, 32 ans,
incarne le terroriste international Ilich
Ramírez Sánchez, alias Carlos, pour
Olivier Assayas. Rencontre.
Comment avez-vous été amené à incarner Carlos ?
Je crois qu’Olivier Assayas m’avait repéré dans
DOMINO de Tony Scott. Il m’a envoyé le scénario du
film à Caracas et nous nous sommes rencontrés à Paris
en août 2008. Nous avons alors parlé de Carlos, de
politique internationale, d ’histoire, des années 1970, et
notre collaboration s’est imposée comme une évidence.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Avant tout l’occasion de travailler avec Olivier Assayas
car je suis fan de ses films, notamment de CLEAN.
C’est un cinéaste ultrasensible et un fin observateur
de la nature humaine. Il est capable de raconter
des histoires très simples avec une profondeur rare.
N’importe quel autre réalisateur aurait pu faire
de Carlos un vulgaire stéréotype : soit un horrible
terroriste, soit un révolutionnaire romantique. Alors
qu’en réalité son personnage est bien plus contradictoire.
Je savais d ’avance que le Carlos d ’Olivier Assayas
serait tout sauf manichéen. Par-delà la dimension
historique et politique de son histoire, il l’a d ’abord
envisagé d ’un point de vue humain.
Pouvez-vous dire que Carlos était humain ?
Humaniser un personnage ne signifie pas le rendre
humaniste. Assayas décrypte le mythe en tenant compte
de tous ses clairs-obscurs : sa cruauté, son charisme,
sa misogynie, ses doutes, son pouvoir de séduction, sa
cupidité... Il dépeint Carlos comme un être extrêmement
complexe prenant des décisions dont les conséquences
sont terribles, parfois même à ses dépens. Son film
porte avant tout sur les choix d ’un homme et leurs
répercussions sur son existence.
Cela a-t-il été compliqué d’interpréter un
personnage aussi ambigu que Carlos ?
J’ai toujours été attiré par les personnages opaques
qui évoluent à la frontière de l’humanité. J’aime les rôles
qui me permettent de remettre en question mes propres
valeurs et de mieux appréhender les paradoxes de la
Edgar Ramírez et Alexander Scheer
nature humaine. J’ai compris qu’il fallait que j’éprouve
un minimum d ’empathie pour Carlos si je voulais
réinterpréter le plus honnêtement possible
ce personnage. Sinon j’en aurais fait un cliché...
L’avez-vous rencontré en prison pour le rôle ?
Cela ne s’est pas produit pour des raisons juridiques
et logistiques. Mais j’ai approché des membres
de sa famille, des proches et d ’anciennes maîtresses
afin de mieux cerner son caractère. Parallèlement,
je me suis documenté sur lui à travers des livres
d ’histoire et de nombreuses archives, avant de me
plonger, avec Olivier Assayas, dans le scénario.
Comment avez-vous vécu le tournage ?
C’était très intense. Nous avons tourné durant sept mois
entre la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la France,
l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, mais aussi au Liban.
Les conditions climatiques ont été parfois très éprouvantes,
notamment lors des scènes filmées en plein désert ou
dans l’avion DC-9 à l’aéroport de Beyrouth, en plein été
et sans air conditionné... Le film n’en est que plus réaliste.
Quels souvenirs les plus percutants conservezvous du tournage ?
Au Liban, lors d ’un contrôle sur un barrage routier,
je n’avais pas mon passeport et j’ai fini en prison.
Heureusement pour moi, cela n’a duré que quatre
heures. L’équipe du film a expliqué aux autorités locales
qui j’étais et tout est finalement rentré dans l’ordre.
Je me souviens surtout d ’un tournage très rock’n’roll
et très vivant. Olivier Assayas a la capacité de créer
des atmosphères si réalistes qu’on en finit presque
par oublier la fiction. Lors de la scène d ’anniversaire
de Carlos dans un hôtel de Budapest, par exemple,
je me suis tellement amusé que j’ai eu l’impression
que cette fête était donnée en mon honneur
et que les acteurs étaient mes amis. Au fil des mois,
nous formions une vraie famille.
Est-il possible pour un acteur de sortir indemne
d’un tel personnage ?
Après le tournage, j’ai entrepris une thérapie durant
un mois et demi. Non pas que je me sois identifié outre
mesure à Carlos, mais j’ai vécu sept mois tellement
frénétiques que mon système émotionnel en a été
quelque peu altéré. J’avais besoin d ’évacuer toute
cette énergie de mon corps.
Comme Carlos, vous vous nommez Ramírez,
vous êtes vénézuélien et polyglotte...
Ces similitudes ont-elles été des atouts
pour le rôle ?
D’une manière ou d ’une autre, cela m’a forcément
aidé à me glisser dans la peau de Carlos. Nos familles
respectives viennent de San Cristóbal, au Venezuela,
et nous avons tous deux vécu à Caracas. Mon père
était attaché militaire et, comme Carlos, j’ai beaucoup
voyagé. J’ai vécu en Autriche, au Mexique, au Canada,
aux États-Unis ou en Colombie... Par conséquent,
je maîtrise cinq langues : l’espagnol, l’italien, l’allemand,
l’anglais et le français. Pour les besoins du film, j’ai
également dû apprendre l’arabe phonétiquement.
Comment êtes-vous devenu acteur ?
Parallèlement à des études de communication politique
à l’université de Caracas, je coordonnais un festival
de courts métrages. Lors d ’un voyage au Mexique, j’ai
rencontré le scénariste Guillermo Arriaga qui m’avait vu
dans le film d ’un ami et m’a encouragé à devenir acteur.
A l’époque, je ne me sentais pas disponible, car je
dirigeais un organisme en faveur du droit de vote et du
libre accès aux moyens de communication en Amérique
latine. En 1998, Arriaga m’a proposé de jouer dans
AMOURS CHIENNES d ’Alejandro González Iñarritu
et j’ai accepté. Ma carrière internationale a démarré
grâce à ma prestation dans DOMINO de Tony Scott,
puis j’ai enchaîné THE BOURNE ULTIMATUM de Paul
Greengrass et CHE de Steven Soderbergh.
Parallèlement au cinéma, votre nom reste
associé à de multiples ONG. Pourquoi cet
engagement ?
Je me destinais initialement à la diplomatie et reste
très sensible à la question des droits de l’homme. L’an
dernier, j’ai donc participé à une campagne d ’Amnesty
International contre la violence des armes à feu au
Venezuela. Je représente également une association
nationale de lutte contre le cancer du sein et milite
aux côtés de l’Unicef en Amérique latine. Utiliser mon
image d ’acteur pour défendre des causes humanitaires
me permet de pérenniser cette vocation et de ne pas
perdre de vue mes convictions.
Nora von Waldstätten, Edgar Ramírez et Jule Böwe
Biographies
OLIVIER ASSAYAS
1986 DÉSORDRE
1989 L’ENFANT DE L’HIVER
1991 PARIS S’ÉVEILLE
1993 UNE NOUVELLE VIE
1994 L’EAU FROIDE
1996 IRMA VEP
1997 HHH - Portrait de Hou Hsiao-hsien
1999 FIN AOUT, DÉBUT SEPTEMBRE
2000 LES DESTINÉES SENTIMENTALES
2002 DEMONLOVER
2004 CLEAN
2005 NOISE - Documentaire musical
2006 PARIS, JE T ’AIME
(épisode ”Quartier des enfants rouges”)
2007 BOARDING GATE
2007 CHACUN SON CINÉMA
(épisode ”Recrudescence”)
2008 ELDORADO - Documentaire
2008 L’HEURE D’ÉTE
LIVRES
”Hong Kong Cinéma”
(en coll. avec C. Tesson), 1984.
”Conversation avec Bergman”
(en coll. avec S. Björkman), 1990.
”Éloge de Kenneth Anger”, 1999.
”Une adolescence dans l’après-Mai”, 2005.
”Présences - Écrits sur le cinéma”, 2009.
Edgar Ramírez, Alexander Scheer et Fadi Yanni Turk
EDGAR RAMIREZ
ALEXANDER SCHEER
CHRISTOPH BACH
(Ilich Ramírez Sánchez, alias Carlos)
(Johannes Weinrich)
(Hans-Joachim Klein ”Angie”)
Edgar Ramírez Arellano est né en 1977 à San Cristóbal,
au Venezuela. Fils d ’un attaché militaire, il passe sa
jeunesse ballotté d ’une capitale à l’autre. Parlant
couramment cinq langues, il se destine d ’abord à une
carrière diplomatique, mais, dès l’université, il est attiré
par l’art dramatique et devient bientôt la vedette
d ’une série à succès, COSITA RICA (2003-2004).
C’est Tony Scott qui, en 2005, lui donne son premier
rôle important au cinéma dans DOMINO, où il débute
en compagnie de Keira Knightley dont il joue le petit
ami, Choco. On l’a vu depuis dans LA VENGEANCE
DANS LA PEAU de Paul Greengrass (2007), CHE de
Steven Soderbergh (2008), CYRANO FERNANDEZ
d ’Alberto Arvelo (2008), pour lequel il reçoit le prix
d ’interprétation au festival d ’Amiens, ainsi que dans
ANGLES D’ATTAQUE de Pete Travis. Il est considéré
à Hollywood comme l’un des jeunes acteurs latinos
les plus prometteurs.
Le personnage de Carlos, déployé sur une période de
vingt ans, et imposant une spectaculaire transformation
physique, lui donne la possibilité d ’explorer toutes les
facettes d ’un talent qui semble sans limites, aussi bien dans
l’action que dans l’intime. Il est vrai que les similitudes
sont troublantes : vénézuélien comme Carlos, il partage
avec lui son patronyme, sa carrure et sa facilité pour
les langues. A l’aise en espagnol, en anglais, en français
ou en allemand, Edgar Ramírez a également appris
des rudiments d ’arabe pour les besoins du rôle.
Né en 1976 à Berlin-Est, Alexander Scheer a grandi
en RDA et a vécu adolescent la chute du communisme.
Membre de la troupe de la Volksbühne, il a travaillé
régulièrement avec les plus grands metteurs en scène
allemands, dont Frank Castorf, récoltant au passage
les récompenses les plus prestigieuses. Leur dernière
collaboration, “Kean”, lui a valu une reconnaissance
unanime. Ce spectacle a été repris au Théâtre de
l’Odéon en avril 2010.
Au cinéma, son premier long métrage, SONNENALLEE
de Leander Haussmann (1999), est un succès qui
connaîtra une carrière internationale. Dans DAS WILDE
LEBEN d ’Achim Bornhak (2007), inspiré de la vie
d ’Uschi Obermaier, icône branchée des années 1960,
il joue le rôle de Keith Richards. Passionné de musique,
il a son propre groupe et a fondé un label, Audio Chrome.
Christoph Bach a commencé sa carrière d ’acteur
en 2002 dans NARREN de Tom Schreiber. En 2003,
il joue dans un road-movie, DETROIT, grâce auquel
il reçoit le prix de la meilleure interprétation masculine
en Allemagne. A partir de 2006 il se consacre
à la télévision avec, entre autres, DUTSCHKE et plus
récemment un épisode de la série TATORT,
“Der oide Depp”.
NORA VON WALDSTATTEN
(Magdalena Kopp)
Autrichienne née à Vienne, et descendante d ’une
protectrice de Mozart, Nora von Waldstätten a fait des
études d ’art dramatique à Berlin où elle vit désormais.
Elle se partage entre le théâtre et le cinéma où elle
est remarquée très tôt dans FALSCHER BEKENNER
(L’IMPOSTEUR) de Christoph Hochhäusler (2005).
Élue en 2008 meilleure jeune actrice par le magazine
“Bünte”, elle a également obtenu en 2010 le prix
Max Ophüls du meilleur espoir féminin. On l’a vue
notamment dans THE COUNTESS (Julie Delpy, 2009)
et dans SCHWERKRAFT, (Maximilian Erlenwein, 2009).
Dans TANGERINE, de Irene von Alberti, tourné au Maroc
en 2008, elle a pour partenaire Alexander Scheer
(Johannes Weinrich dans CARLOS). Et la musique du film
est signée par Zeid Hamdan (Youssef dans CARLOS).
AHMAD KAABOUR (Wadie Haddad)
Né à Beyrouth en 1955, Ahmad Kaabour est diplômé
de l’École normale et du théâtre de l’Université libanaise.
Auteur-compositeur et interprète engagé, il travaille
également à la Commission pour le théâtre, le cinéma
et les expositions au ministère de la Culture du Liban.
FADI ABI SAMRA (Michel Moukharbal)
Fadi Abi Samra est un comédien libanais reconnu
au théâtre comme au cinéma. Après sa participation
dans AUTOUR DE LA MAISON ROSE en 1999, il a
enchaîné les rôles dans FALAFEL, UN HOMME PERDU,
LA ROUTE DU NORD, DANS LE SANG et CHAQUE
JOUR EST UNE FÊTE.
RODNEY EL-HADDAD (Anis Naccache)
D’origine libanaise, Rodney El-Haddad est acteur
et scénariste pour le théâtre et le cinéma. Il a exercé
pour la première fois ses talents d ’écriture en tant que
coscénariste sur CARAMEL, de Nadine Labaki. Puis a
commencé en tant que comédien sur les longs métrages
BOSTA L’AUTOBUS et BEYROUTH, VILLE OUVERTE.
Rodney participe actuellement à l’écriture d ’un nouveau
long métrage avec Nadine Labaki, et sera au générique
du prochain film de Danielle Arbib, CHAMBRES D’HOTEL.
Points de repères
ILICH RAMIREZ SANCHEZ, DIT “CARLOS”
1949, 12 octobre : Naissance d ’Ilich Ramírez
Sánchez à Caracas (Venezuela), premier fils de
l’avocat marxiste José Altagracia Ramírez et d ’Elba
Maria Sánchez. Les deux frères cadets de “Carlos”
seront prénommés Lénine et Vladimir.
1966 : Carlos passe l’équivalent du bac dans
le meilleur lycée public de Caracas. L’hypothèse selon
laquelle le jeune Carlos aurait été formé à Cuba est
infondée. Comme son père, il n’a jamais adhéré
à un parti communiste.
1966, été : La mère de Carlos emmène ses
trois fils à Londres ; ce sont les “swinging sixties”.
La famille demeurera neuf ans dans la capitale
britannique où Carlos fait ses études et acquiert une
bonne connaissance de l’anglais. A la même période,
il apprend aussi le russe.
1968, septembre : Le père de Carlos
inscrit ses deux fils aînés à l’université
Patrice Lumumba à Moscou, également appelée
“l’Université de l’amitié entre les peuples” ; Carlos
et son frère sont boursiers du Parti communiste
vénézuélien. Son recrutement, à l’époque, par le KGB –
souvent insinué, sans preuves – paraît improbable.
1970, juin : Carlos et son frère Lénine
sont exclus de l’université Lumumba
en compagnie d ’une vingtaine d ’autres
étudiants. Le motif, pour Carlos, est “provocation
antisoviétique et indiscipline”.
1970, juillet : Carlos rejoint le FPLP (Front
populaire de libération de la Palestine)
à Beyrouth. Il rencontre Bassam Abou Charif,
“le visage connu du terrorisme”, qui lui donne son nom
de guerre “Carlos”, la version hispanique de l’arabe
“Khalil”. Il suit des stages d ’entraînement sous
l’autorité directe de Wadie Haddad (cofondateur
du FPLP). Carlos participe au conflit qui oppose
Jordaniens et Palestiniens et qu’on appelle “Septembre
noir”. Il subit l’épreuve du feu, est blessé à la jambe
et rentre en Europe le 1er février 1971.
Carlos a alors le projet de rejoindre le maquis
au Venezuela. En effet, jusqu’à l’été 1973, c’est en
Amérique latine qu’il voit son avenir révolutionnaire.
1974, 11 septembre : Carlos participe en
soutien extérieur à une prise d ’otages à
l’ambassade de France à La Haye par un
commando de l’Armée rouge japonaise.
Le lendemain, il retourne à Paris.
1972, septembre : Carlos s’inscrit comme
auditeur libre à l’université de Londres pour
un Bachelor of Science (économie). Il travaille comme
professeur d ’espagnol et met en veilleuse ses activités
militantes.
1975, 13 janvier : Deux Palestiniens (du FPLP)
tirent deux RPG-7 sur un appareil d ’El Al
à Orly ; les roquettes manquent leur cible.
1973, 24 juillet : Carlos se rend à Beyrouth
pour se porter candidat à la succession de
Mohamed Boudia, le représentant du FPLP à Paris,
qui a trouvé la mort, le 28 juin 1973, dans sa voiture
piégée par le Mossad. Wadie Haddad intègre Carlos
comme numéro 2 dans son réseau européen.
1973, 30 décembre : Carlos tente de tuer,
à Londres, Joseph Edward Sieff, le patron de
Marks & Spencer et vice-président de la Fédération
sioniste de Grande-Bretagne. Sieff est grièvement
blessé mais survit.
1974, 24 janvier : Carlos manque son
attentat contre la banque israélienne
Hapoalim, dans la City de Londres ; l’explosif
reste accroché à un battant de la porte au moment
où il veut le projeter à l’intérieur.
1974, 13 septembre, vers 14 h : Pour faire
aboutir les tractations entre les autorités françaises
et les Japonais, Carlos revendique l’attentat à la
grenade à fragmentation du Drugstore Saint-Germain
(deux morts et trente-quatre blessés). Revendication
démentie par Carlos plusieurs années après.
1975, 19 janvier : Une nouvelle tentative de
tir sur un Jumbo Jet d ’El Al à Orly échoue ;
présent en soutien, Carlos parvient à s’enfuir, alors que
le commando de trois Palestiniens prend des otages
pour obtenir en échange un avion pour Beyrouth, lequel
se posera finalement à Bagdad.
Anis Naccache (“Khalid”). Outre un Palestinien et un
autre Libanais, deux Allemands (membres des Cellules
révolutionnaires) dont Hans-Joachim Klein (“Angie”)
font également partie du commando. Les services
secrets occidentaux imputent la responsabilité principale
de la prise d ’otages (l’essentiel du financement,
la livraison d ’armes et de renseignements) à Saddam
Hussein (trois morts).
1975, 22 et 23 décembre : L’avion mène
le commando et ses otages à Alger, Tripoli,
puis de nouveau à Alger, faute de pouvoir
atteindre Bagdad. La crise se dénoue dans la
capitale algérienne où le versement d ’une rançon sauve
la vie des otages et, notamment, des ministres saoudien
et iranien du pétrole, Ahmed Zaki Yamani et Jamshid
Amouzegar. D’Alger, Carlos se rend à Aden où
Wadie Haddad l’exclut du FPLP pour avoir désobéi
1975, 27 juin : Carlos tue deux policiers de
la DST et en blesse grièvement un troisième,
le commissaire Jean Herranz, au 9 de la rue
Toullier, à Paris. Il exécute, à bout portant,
Michel Moukharbal qui, arrêté par la DST,
a amené les policiers au domicile d ’une amie
de Carlos.
1975, 21 décembre : Prise d ’otages au siège
de l’OPEP à Vienne par un commando dirigé
par Carlos. Le numéro 2 de l’opération est le Libanais
Christoph Bach, Katharina Schüttler et Aljoscha Stadelmann
à ses ordres et négocié la vie des deux ministres, cibles
de l’opération.
1976, 6 septembre : Carlos se rend d ’Alger à
Belgrade, où il pose les premiers jalons pour établir une
base derrière le rideau de fer. En effet, depuis la rupture
avec Wadie Haddad, ses efforts d ’implantation
autonome au Moyen-Orient n’ont pas été concluants.
er
1978, 1 avril : La mort de Wadie Haddad
(48 ans) dans un hôpital de Berlin-Est fait tomber
en déshérence le réseau du FPLP. A partir de l’Europe
de l’Est, Carlos travaille désormais pour le plus offrant :
l’Irak, toujours, mais bientôt, aussi, la Syrie et la Libye.
1979, avril : Carlos, Magdalena Kopp (qui
deviendra sa femme) et Johannes Weinrich
s’installent à Berlin-Est. L’entourage allemand
de Carlos sert d ’interface avec la Stasi, qui accorde
au groupe (surnommé dans ses archives “Separat”,
c’est-à-dire “à part”) des facilités logistiques mais refuse
que Berlin soit utilisé comme base opérationnelle.
A la fin 1981, la Stasi évaluera le réseau de Carlos
à quarante membres en Europe et environ deux cents
auxiliaires dans le monde arabe.
1979, printemps : Carlos, Kopp, Weinrich
et al-Issawi établissent à Budapest une
seconde base en Europe de l’Est. Leurs relations
avec les autorités hongroises seront parfois tendues.
1979, 29 août : Exaspéré par la
surveillance dont il fait l’objet, Carlos ouvre
le feu sur des agents hongrois. Les relations avec
les autorités est-allemandes sont également marquées
par des hauts et des bas.
1979, automne : Carlos épouse Magdalena
Kopp, l’ex-compagne de Weinrich, son collaborateur
le plus proche durant cette période.
1982, 16 février : Magadalena Kopp et
Bruno Bréguet, chargés de préparer un
attentat à l’explosif contre le journal
“Al Watan Al Arabi”, rue Marbeuf à Paris,
sont arrêtés par la police française. Dans une
lettre adressée à Gaston Defferre, ministre de l’Intérieur,
Carlos réclame leur libération. A défaut, il menace
de déclencher une série d ’attentats contre la France.
1982, 29 mars : 48 heures après l’expiration
de l’ultimatum fixé par Carlos, un attentat
contre le “Capitole” (le train reliant Paris à
Toulouse) fait cinq morts et vingt-sept blessés.
Jacques Chirac aurait dû être à bord de ce train.
1982, 22 avril : A quelques minutes de
l’ouverture du procès contre Kopp et Bréguet,
une voiture piégée explose devant le siège
d ’”Al Watan Al Arabi” à Paris, tuant une passante
et blessant une soixantaine d ’autres personnes.
1983, 31 décembre : Double attentat,
en France, contre le TGV Marseille-Paris
(trois morts) et dans la gare Saint-Charles,
alors que le président Mitterrand s’adresse à la Nation
à la télévision. Le lendemain, 1er janvier, une bombe
détruit le Centre culturel français à Tripoli (Liban),
sans faire de victimes. Carlos revendique la série
d ’attentats dans une lettre à l’agence AFP de
Berlin-Ouest.
1984, été : Point culminant des pressions
occidentales, le sous-secrétaire d ’État
américain chargé de l’Europe de l’Est,
Mark Palmer, convoque les ambassadeurs
de cinq pays d ’Europe de l’Est (Bulgarie,
Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est,
Hongrie et Roumanie) au Département d ’État
à Washington. Il leur explique que, les États-Unis
ayant la certitude que ces pays procurent des facilités
à Carlos, une normalisation de leurs relations avec
Washington restera impossible tant qu’ils soutiendront
le terrorisme international. Dans les neuf mois, toutes
les bases de Carlos en Europe de l’Est seront fermées
les unes après les autres.
1985, mai : Libération de Magdalena Kopp
qui rejoint Carlos désormais installé à Damas.
1986, 17 août : Naissance d ’Elba Rosa, la fille
de Magdalena Kopp et de Carlos alors âgé de 37 ans.
1991, décembre : Lâchés par Damas, Carlos,
sa famille et Weinrich s’installent sous de
fausses identités à Amman, après plusieurs vaines
tentatives pour trouver un autre pays d ’accueil dans
le monde arabe. Ils sont identifiés par les autorités
jordaniennes durant l’été 1992. Carlos et Kopp
décident alors de se séparer.
1993, août : Carlos s’installe à Khartoum,
sous la protection de Hassan al-Tourabi,
l’éminence grise du régime soudanais.
Prévenue par les services syriens, la CIA l’y localise
à l’automne et passe l’information aux services
secrets français.
Ahmad Kaabour
1994, 14 août : Carlos, qui vient de subir une
intervention chirurgicale aux testicules dans
un hôpital de Khartoum, est enlevé et mis
dans un avion pour Paris. Cette opération est
l’aboutissement d ’un an de négociations entre le
gouvernement français et la junte militaro-islamiste à
Khartoum. En arrivant à Villacoublay, Carlos est inculpé
en vertu d ’un mandat d ’arrêt national émis le 7 juin
1994 par le juge Bruguière.
1997, du 12 au 23 décembre : Procès à Paris
contre Carlos (48 ans), qui est condamné
à perpétuité pour le meurtre de deux agents
de la DST, rue Toullier.
réprouve les méthodes du second et met en garde
contre le danger de “criminalisation” ; Habache est en
particulier hostile à l’internationalisation du combat dont
il estime, au contraire, qu’il faut le mener en Palestine.
Carlos se range du côté de Haddad, “l’inventeur du
terrorisme moderne”, selon Pierre Marion, ex-patron de
la DGSE. Carlos admire et craint Haddad, un maniaque
du secret et un génie de l’organisation. Selon deux
auteurs qui ont eu accès aux archives du KGB, Haddad
aurait été un agent de Moscou recruté au début des
années 1970. Le chef du FPLP est mort à 48 ans,
le 1er avril 1978, dans un hôpital de Berlin-Est.
WADIE HADDAD
HANS-JOACHIM KLEIN
Né en 1928, issu d ’une famille grecque orthodoxe de
Safad, en Galilée, où son père était instituteur jusqu’à
l’exil de la famille en 1948, Wadie Haddad accomplit
sa scolarité au lycée de Jérusalem, avant de poursuivre
des études de chirurgien-dentiste à l’université
américaine de Beyrouth. Il s’y lie d ’amitié avec un autre
Palestinien grec orthodoxe, étudiant en médecine,
Georges Habache, né à Lydda en 1925. Les deux
hommes – Habache l’intellectuel, Haddad l’homme
d ’action – ouvrent une clinique à Amman, puis, fuyant la
répression des nassériens en Jordanie, partent à Damas.
Après la prise de pouvoir des baassistes, ils s’installent
à Beyrouth où ils fondent, en 1967, le Front populaire
de libération de la Palestine (FPLP). En 1968, Habache
est arrêté et emprisonné par les Syriens, qui l’accusent
de complot ; Haddad réussit alors une spectaculaire
libération de son ami. La même année, le FPLP
opère le premier détournement d ’un avion
d ’El Al. Cependant, en 1972, c’est la rupture entre
Georges Habache et Wadie Haddad : le premier
Né en 1948 à Francfort, Hans-Joachim Klein est l’un des
rares ouvriers des Cellules révolutionnaires. Mécanicien
automobile, délinquant juvénile, il s’engage dans la lutte
armée en 1974. Lors de la prise d ’otages au siège de
l’OPEP à Vienne, Klein (“Angie”) tente de circonscrire la
violence mais est lui-même grièvement blessé par balle.
Il abandonne la lutte armée en mai 1976, alors que
Carlos, exclu du FPLP, cherche à monter son propre
réseau terroriste. L’Allemand se cache au nord de Milan,
d ’où il envoie, en avril 1977, son arme et une lettre au
magazine “Der Spiegel” ; dans sa missive, il prévient
de deux assassinats en préparation pour marquer sa
rupture avec “la terreur comme arme politique”. Klein
s’explique ensuite, les 7 août et 5 octobre 1978, dans
des interviews accordées, respectivement, au “Spiegel”
et à “Libération”. Enfin, en 1979, il publie un livre,
“Rückkehr in die Menschlichkeit. Appell eines
ausgestiegenen Terroristen”, qui paraît un an plus tard
en France sous le titre “La Mort mercenaire.
Témoignage d ’un ancien terroriste ouest-allemand”.
Arrêté en Normandie en 1998, il est jugé en Allemagne
en 2001. Condamné à neuf ans de prison pour sa
participation au raid de Vienne, il est gracié après cinq
ans de détention, en 2003. Il vit, depuis, en France.
MAGDALENA CACILIA KOPP
Elle est née en avril 1948 à Neu-Ulm, dans le sud de
l’Allemagne. Devenue photographe, elle fuit la province
avec son premier mari et sa fille, pour “monter” à
Francfort où elle devient vendeuse à la librairie “Étoile
rouge” fondée par Wilfried Böse et Johannes Weinrich,
à partir de laquelle ils allaient créer les Cellules
révolutionnaires. En 1973, Kopp divorce pour
partager la vie de Weinrich (“Steve”). Au sein des
Cellules révolutionnaires, elle se forge une réputation de
bonne falsificatrice de documents. Dans un témoignage
publié le 30 juin 2003 dans le quotidien berlinois
“Der Tagesspiegel”, Kopp affirme avoir vécu dans la
clandestinité avec Weinrich et Carlos à partir de 1978.
En 1979, elle épouse Carlos. Arrêtée en 1982 à Paris,
où elle préparait un attentat contre le journal “Al Watan
Al Arabi”, Kopp est jugée et condamnée à cinq ans
de prison. A sa libération en mai 1985, elle rejoint
Carlos à Damas où le couple s’installera à demeure
après la naissance de leur fille Elba Rosa, en août
1986. Ils se séparent quand Magdalena part au
Venezuela, en 1992, pour se placer sous la protection
de la famille de Carlos, en attendant que ce dernier
rétablisse sa situation au Moyen-Orient, compromise
depuis la fin de la guerre froide. C’est par une lettre
que Carlos lui écrira bien plus tard depuis la prison
de la Santé, à Paris, que Kopp apprendra l’existence
d ’une seconde épouse, musulmane.
Julia Hummer
GABRIELE KROCHER-TIEDEMANN
(“NADA”)
Étudiante en sociologie, membre du Mouvement
du 2 juin, Gabriele Kröcher-Tiedemann participe
à des braquages de banques et, en 1973, résiste
à son arrestation en ouvrant le feu sur un policier qu’elle
blesse grièvement. Condamnée à neuf ans de prison,
mais échangée contre un otage dès 1975, elle suit un
stage d ’entraînement au Yémen où elle est repérée
par Carlos. Elle participe ensuite à la prise d ’otages
au siège de l’OPEP à Vienne, où elle exécute un
inspecteur de police autrichien, Anton Tichler, 60 ans,
à deux mois de prendre sa retraite. Elle tue également
un garde de sécurité irakien. Arrêtée en novembre
1977 à la frontière franco-suisse, après une fusillade
au cours de laquelle elle blesse deux gardesfrontières helvétiques, “Nada” – son nom de guerre –
est condamnée à quatorze ans de prison. Extradée
en Allemagne et censée y comparaître, en 1984, pour
répondre de sa participation au raid contre l’OPEP
à Vienne, elle voit son procès reporté sine die par les
autorités allemandes, à la suite d ’une lettre de menaces
de Carlos adressée au ministre allemand de l’Intérieur.
Son procès n’a finalement lieu qu’en 1990. KröcherTiedemann est alors acquittée faute de témoins
à charge pour les meurtres commis lors de la prise
d ’otages au siège de l’OPEP à Vienne. Elle meurt cinq
ans plus tard d ’un cancer, à 44 ans.
MICHEL (“ANDRÉ”) MOUKHARBAL
ANIS NACCACHE (“KHALID”)
Né en 1941, ce Libanais chrétien issu d ’une famille
influente, diplômé de la Sorbonne, devient en 1973
le représentant du FPLP à Paris. Il parle l’arabe,
le français, l’anglais. En janvier 1975, André prépare
avec un commando palestinien les attentats à la
roquette contre des appareils de la compagnie
israélienne El Al à Orly. Interpellé, le 7 juin, à l’aéroport
de Beyrouth, puis pris en filature et arrêté à Paris,
il emmène la DST au 9 de la rue Toullier où Carlos
tue, au cours d ’une fusillade, deux agents et l’exécute
comme “traître”.
Né en 1948, Libanais sunnite converti au chiisme, Anis
Naccache a été le mystérieux numéro 2 du commando
de Vienne, en 1975. Pendant vingt ans, il a réussi
à dissimuler sa participation sous le nom de guerre
“Khalid”. En fait, il était l’homme de confiance de
Wadie Haddad, chargé de “marquer” Carlos. Selon
une autre interprétation, il aurait d ’abord été un militant
de l’OLP infiltré au sein du FPLP pour en contrôler
les activités. En 1979, quand l’imam Khomeiny arrive
au pouvoir en Iran, Naccache se met au service de
ce régime qu’il considère comme le meilleur allié de
la cause palestinienne. L’été 1980, à Neuilly, il tente
d ’assassiner Shapour Bakhtiar, l’ancien Premier ministre
du chah d ’Iran. Il se trompe de porte, l’attentat échoue :
deux morts, dont la voisine de sa cible, et trois blessés,
dont un policier paralysé à vie. Naccache est arrêté
et condamné à la prison à perpétuité en 1982, avant
de bénéficier de la grâce de François Mitterrand,
en 1990, dans le cadre d ’un marchandage entre Paris
et Téhéran. Il se consacre alors à la formation de milices
dans le Liban du Sud, qui deviendront le fer de lance
du Hezbollah sous le commandement d ’Imad Mugnieh.
Aujourd ’hui Anis Naccache, toujours actif, collabore
régulièrement à la télévision libanaise en tant que
consultant en géopolitique. Il vit entre Beyrouth
et Téhéran.
JOHANNES WEINRICH
Terroriste allemand, proche de la Stasi. Il fonde les
Cellules révolutionnaires avec Wilfried Böse. Ensemble
ils créent une librairie d ’extrême gauche à Francfort,
“Roter Stern”, “Étoile rouge”. Après la prise d ’otages
de Vienne et l’exclusion de Carlos du FPLP, Weinrich
deviendra le bras droit du Vénézuélien, qui cherche
alors à s’implanter en Europe de l’Est. C’est lui qui
présentera son amie, Magdalena Kopp, à Carlos.
“Heinrich Schneider” – son nom dans les archives de
la Stasi – sera l’interface du groupe de Carlos, non
seulement à Berlin-Est mais aussi à Budapest, Bucarest
et Prague. Très bien introduit au Yémen, de même qu’en
Libye, Weinrich a été arrêté dans un faubourg d ’Aden,
le 3 juin 1995, puis extradé en Allemagne. En 2000,
il est condamné à perpétuité pour l’attentat contre la
Maison de France à Berlin, le 25 août 1983, qui avait
fait un mort et vingt-deux blessés. Il purge actuellement
sa peine en Allemagne.
Rodney El-Haddad
Talal El-Jurdi et Edgar Ramírez
Fiche artistique
Fiche technique
EDGAR RAMIREZ ILICH RAMÍREZ SANCHEZ
“CARLOS“
ALEXANDER SCHEER JOHANNES WEINRICH
NORA VON WALDSTATTEN MAGDALENA KOPP
AHMAD KAABOUR WADIE HADDAD
CHRISTOPH BACH HANS-JOACHIM KLEIN “ANGIE”
RODNEY EL-HADDAD ANIS NACCACHE “KHALID”
JULIA HUMMER GABRIELE KROCHER-TIEDEMANN
“NADA”
RAMI FARAH ”JOSEPH”
ZEID HAMDAN ”YOUSSEF”
TALAL EL-JURDI KAMAL AL-ISSAWI “ALI”
FADI ABI SAMRA MICHEL MOUKHARBAL “ANDRÉ”
ALJOSCHA STADELMANN WILFRIED BOSE “BONI”
KATHARINA SCHUTTLER BRIGITTE KUHLMANN
JULE BOWE MILITANTE ALLEMANDE
JUANA ACOSTA AMIE DE CARLOS
MARTHA HIGAREDA AMPARO
JEAN-BAPTISTE MALARTRE AMBASSADEUR
A LA HAYE
OLIVIER CRUVEILLER COMMISSAIRE JEAN HERRANZ
ANDRÉ MARCON GÉNÉRAL PHILIPPE RONDOT
NICOLAS BRIANÇON MAITRE JACQUES VERGÈS
JEAN-BAPTISTE MONTAGUT “ERIK”
RAZANE JAMMAL LANA JARRAR
BADIH ABOU CHAKRA CHEIKH AHMED ZAKI
YAMANI
ALEJANDRO ARROYO VALENTIN HERNANDEZ
ACOSTA
MOHAMMED OURDACHE DOCTEUR BELAID
ABDESSALAM
BASIM KAHAR CHARGÉ D’AFFAIRES IRAKIEN
ABBES ZAHMANI ABDELAZIZ BOUTEFLIKA
NOURREDINE MIRZADEH JAMSHID AMOUZEGAR
LAURA CAMERON SECRÉTAIRE ANGLAISE
UDO SAMEL CHANCELIER BRUNO KREISKY
GEORGES KERN OTTO ROESCH
ET
YANILLYS PEREZ RIVAS ANSELMA LOPEZ
GABRIELA SANCHEZ MARIA TERESA
ALEXIS LAMEYDA EDGAR
ANA MARIA DURAN ALBAIDA
CAROLINA CALLEJAS LEYMA
SHAMIR ALI LUIS
MARIA FERNANDA RUETTE JOUEUSE DE CUATRO
CESAR DELGADO WIXAM GALERISTE
PIERRE-FRANÇOIS DUMÉNIAUD INSPECTEUR DOUS
SIMON-PIERRE BOIREAU INSPECTEUR DONATINI
BELKACEM DJEMEL BAREK MOHAMED BOUDIA
PHILIPPE TRAD FEDAYIN ORLY 1
FARID ELOUARDI FEDAYIN ORLY 2
HUGO DIAZ CHANTEUR LATINO
BIBI JACOB ANGLAISE A ORLY
MAIWENN HEURTAUX FILLE DE L’ANGLAISE
HIRAKU KAWAKAMI YUKATA FURUYA
RYOSUKE SATO CHEF DU COMMANDO
GO NABETANI COMMANDO ARJ 1
AKIHIRO HATA COMMANDO ARJ 2
YUKO HIRATA MADEMOISELLE PLEINE LUNE
VINCENT JOUAN COMMISSAIRE BROUSSARD
KIDA KHODR RAMADAN ATTACHÉ IRAKIEN
CEM SULTAN UNGAN HASSAN SAID
LESLIE CLACK JOSEPH EDWARD SIEFF
LUIS-JAIME CORTEZ MAJORDOME
LIANE LETTNER ÉPOUSE SIEFF
PAOLO OSPINA JEUNE GARÇON
THOMAS SINCLAIR SPENCER POLICIER LONDRES
BASSEL MADI POLICIER AÉROPORT DE BEYROUTH 1
JOHNNY KAZEN POLICIER AÉROPORT DE BEYROUTH 2
ELIE YOUSSEF FEDAYIN CHEZ WADIE HADDAD 1
KARAM GHOSSEIN FEDAYIN CHEZ WADIE HADDAD 2
STEPHAN RIVES AGENT DST BEYROUTH
EDITH HELLER STANDARDISTE
PETER BENEDICT POLICIER 1
RONNIE PAUL POLICIER 2
SARKAW GORANY MÉDECIN KURDE
JOHANN VON BULOW PILOTE DC-9
CHARBEL AOUN OFFICIER LIBYEN
MANFRED BUNHOLZER AMBASSADEUR AUTRICHIEN
ANTOINE BALABAN GÉNÉRAL AL-KHOULY
ANTON KOUZNETSOV IOURI ANDROPOV
KARL FISCHER COLONEL HARRY DAHL
ROBERT GALLINOWSKI MAJOR HELMUT VOIGT
FADI YANNI TURK COLONEL HAITHAM SAID
TIMO JACOBS AMI DE “NADA”
LAURENS WALTER POLICIER SUISSE
CARLOS CHAHINE ASSEM AL-JOUNDI
ISSAM BOU KHALED GÉNÉRAL LIBYEN
GUILLAUME SAURREL BRUNO BRÉGUET
OLIVIA ROSS AMIE DE BRUNO BRÉGUET
HENDRIK HEGRAY GARDIEN DE PARKING 1
CÉDRIC HERGAULT GARDIEN DE PARKING 2
LOULWA MAAD FILLE DE CARLOS
SAMUEL ACHACHE GUY CAVALLO
LAETITIA SPIGARELLI MARIE-CAROLINE CAVALLO
ALEXANDER BEYER LIEUTENANT BOROSTOWSKI
MARIA KWIATKOWSKI INFORMATRICE STASI 1
IREEN KIRSCH INFORMATRICE STASI 2
GABRIELLA CSIZMADIA MÈRE DE MAGDALENA
CAROLINE DE BLED GARDIENNE DE PRISON
JEF BAYONNE POLICIER FRANÇAIS
JOHANNES RICHARD VOELKEL POLICIER ALLEMAND
AHMAD HATOUM RELIGIEUX SYRIEN
LAMIA AHMAD ÉPOUSE DU RELIGIEUX SYRIEN
ERIQ EBOUANEY HASSAN AL-TOURABI
FADI SABBAH GYNÉCOLOGUE
GIGI LEDRON MAITRESSE SOUDANAISE DE CARLOS
SALAH EL DIN ABOU CHANAB DOCTEUR NAFAA
MOUNZER BAALBACKI DIPLOMATE IRANIEN 1
MOHEB NADER DIPLOMATE IRANIEN 2
PATRICK RAMEAU AGENT DE LA CIA 1
KEITH THOMSON AGENT DE LA CIA 2
JULIEN SCHMIDT DIPLOMATE FRANÇAIS
HAMID, SAMIR BASHA GARDES DU CORPS DE CARLOS
EMMANUEL AGENT SOUDANAIS
ABDALAH ABDEL MAJID MÉDECIN SOUDANAIS
MUSTAPHA OSMANI MÉDECIN MILITAIRE SOUDANAIS
UN FILM EN TROIS PARTIES DE OLIVIER ASSAYAS
PRODUIT PAR DANIEL LECONTE
ÉCRIT PAR OLIVIER ASSAYAS ET DAN FRANCK
D’APRÈS UNE IDÉE ORIGINALE DE DANIEL LECONTE
CONSEILLER HISTORIQUE STEPHEN SMITH
PRODUCTEUR EXÉCUTIF RAPHAEL COHEN
COPRODUCTEUR JENS MEURER
AVEC LA PARTICIPATION DE ¢
ET AVEC LA PARTICIPATION DE ARTE FRANCE
IMAGE YORICK LE SAUX, DENIS LENOIR
DÉCORS FRANÇOIS-RENAUD LABARTHE
COSTUMES JURGEN DOERING
MONTAGE LUC BARNIER, MARION MONNIER
SON DIRECT NICOLAS CANTIN
ASSISTANT A LA RÉALISATION LUC BRICAULT
SCRIPTES CLÉMENTINE SCHAEFFER, SANDRINE BOURGOIN
MONTAGE SON NICOLAS CANTIN, NICOLAS MOREAU,
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MIXAGE DANIEL SOBRINO, OLIVIER GOINARD
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AVEC STUDIOCANAL, CINÉCINÉMA, TV5 MONDE, BETV, LE CNC, LA PROCIREP ET ANGOA
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