Lire la lettre aux parrains d`un de nos volontaires au Chili

Transcription

Lire la lettre aux parrains d`un de nos volontaires au Chili
Casa-Vianney
Santiago - Chili
Lettre n° 3 C
Guillaume de LAAGE
4/03/2010
“Ma maison, là où j'entends
l'écho de mes propres pas”
ANGELOPOULOS
Chers parrains, chers amis, chère famille,
Mars est déjà là, pour vous c'est synonyme de printemps qui ne devrait pas trop tarder. Eh
bien, ici, à Santiago du Chili, c'est plutôt la fin de l'été et donc la rentrée des classes !!! Aussi je
voulais vous partager quelques expériences vécues durant ces trois derniers mois de "vacances
d'été", revenir sur les derniers événements telluriques qui nous ont bien secoués et enfin vous
présenter la nouvelle année qui commence avec de nouvelles têtes dans la communauté…
En novembre dernier, mes examens terminés et réussis, j'ai
quitté les chaleurs de l'hémisphère sud, pour retrouver un lieu qui
m'était déjà connu : l'ICCC (International Center for a Culture of
Compassion) dans l'Etat de New-York aux États-Unis. J'y ai donc
passé trois mois de travail manuel, de ressourcement et de
découvertes. Je vous avais déjà parlé de ce centre que nous
voulons développer, dont la mission est de "rendre à l'homme son
humanité", par l'accueil, temps de retraites et d'amitié. Durant
l'hiver 2008, j'avais participé aux premières étapes de la
construction d'une maison. Cet hiver, nous nous sommes lancé un
très beau défi de couvrir cette maison avec des bardeaux (tuiles
en bois, Red Cedar) comme il se fait traditionnellement au Canada.
Ce fut un beau pari que de se lancer, sans trop d'expérience, dans
le beau métier qu'est celui du couvreur. Du haut du toit, nous
pouvions contempler la beauté de la nature avoisinante et s'imprégner du silence perturbé par
le bruit répétitif de nos cloueurs pneumatiques. Cette expérience de travail était vraiment la
bienvenue après une année d'études plus intellectuelle. J'y ai découvert l'importance de
l'organisation et de l'amour pour le son travail. J'ai particulièrement été marqué par la grandeur
que le travail, qui souvent bien répétitif, peu apporter si je me passionne pour lui.
Pendant ces trois mois, nous avons eu beaucoup de visites, amis de New-York pour un
week-end ou autres Français pour quelques semaines, qui sont venus nous donner un coup de
main (avis aux amateurs, il y a beaucoup de travail !). Je suis vraiment impressionné par la joie et
l'enthousiasme de certains à sortir de leur quotidien et venir partager leur temps de vacances
pour enfoncer des clous, mettre de la volige ou faire un
solivage… Je me rends compte combien l'Homme a
besoin de se passionner pour les tâches même les plus
banales de sa vie quotidienne. C'est donc lundi
22 février, quatre jours avant mon retour vers le Chili,
qu'avec Thomas, compagnon de travail, nous finissions
la toiture de la première maison. Ce travail ne fut pas
sans souffrance – le froid, la neige, la difficulté de
s'organiser ou même les tensions dues à la fatigue –
s'est terminé par un cri de joie et une bonne poignée
de main en haut, sur le faîtage… "We did it !"
C'est avec grande joie par le séjour passé dans la beauté de l'hiver enneigé de la campagne
New Yorkaise que j'ai rejoint le Chili, accompagné de Thomas qui nous rejoint cette année.
CV/GL/09/3C
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Avec bonheur, j’ai remis les pieds sur le sol chilien, le
vendredi 26 février. Et c'est dans la nuit du vendredi au
vamedi, que de fortes secousses nous ont arraché de notre
sommeil. En quelques secondes, la capitale fut plongée dans
l’obscurité la plus complète. Chaos général dans tout le pays,
du Nord au Sud sur cette longe bande de terre parsemée de
montagnes. Accueilli pour le week-end, par des amis sur un
domaine viticole, nous étions dans une veille maison en
torchis qui, malgré les tremblements, a résisté. Sains et saufs,
nous avons terminé la nuit dehors autour d'un feu, pour
constater, le jour venu, l'étendue des dégâts. Nous nous
sommes donc mis à nettoyer la maison, replacer les meubles,
après avoir découvert avec effarement les gravats jonchant
quelques lits.
Le dimanche, durant la messe de la Transfiguration de Jésus-Christ, Père Laurent nous
invitait : « De la même manière que les disciples furent invités par le Christ à vivre une expérience
dans sa Transfiguration, nous aussi avons fait une expérience dans celle de ce tremblement de
terre. Mais le Christ nous invite à une expérience plus profonde encore, plus intérieure en nous
invitant à entrer dans son mystère, dans cette relation avec le Père. » Je suis vraiment touché de
voir le sens religieux du peuple chilien dans leur réaction à un tel événement. Certes une telle
expérience nous invite tout d’abord à nous reconnaître bien peu de chose et dépendant de Dieu
de qui nous recevons le souffle.
Depuis lors, nous avons retrouvé notre petite maison et notre quartier. C'est pour moi un
vrai bonheur de revoir nos amis du quartier. Je suis vraiment touché par l'accueil reçu, après ces
trois mois d'absence. "Guilleeeeeeeeeeeeeermo !" s'exclame en me sautant dans les bras notre
petite voisine, Isidora de cinq ans ou "mi hijito" (mon fils) me dit doña Alicia, en me serrant dans
ses bras. Nos amis du quartier sont un peu terrorisés par ce tremblement de terre et très tendus
car depuis lors, nous sentons de plus ou moins grosses secousses, qui mettent un climat de peur.
Mais dans l'ensemble, toutes leurs petites maisons ont tenu. Nous profitons donc de cette
dernière semaine de vacances avant la rentrée pour visiter et écouter nos amis du quartier. Doña
Maria me confiait :" J'étais toute seule chez moi. Je ne peux plus marcher. Quand tout à
commencé, j'ai serré mon chapelet et prier… Quand tout s'est calmé, j'ai rendu grâce à Dieu
d'être en vie".
Lundi 8 mars, c'est là rentrée en cours, je commence donc ma deuxième année de
philosophie, à l'Université Pontifical Catholique de Santiago. Cette année nous ont rejoints
Vincent de Portzamparc et Thomas Billot, qui rentreront aussi en cours la semaine prochaine.
Nous serons donc quatre séminaristes et deux prêtres, de quoi faire une très belle
communauté…
Je confie à vos prières, le peuple chilien et la reconstruction de ce si beau pays et aussi
cette année universitaire qui va démarrer.
Merci à chacun pour votre fidélité dans vos parrainages et vos prières. Merci aussi pour
vos lettres et mails, c’est toujours une grande joie d'avoir de vos nouvelles.
Je vous garde dans mes humbles prières,
"Un abrazo fuerte"…
Guillaume de Laage
Puntos-Corazón, Casa-Vianney
El Cosmos 2606
Comuna de Macul
SANTIAGO, CHILE
CV/GL/09/3C
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