Diffusion Technique Française (DTF)

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Diffusion Technique Française (DTF)
Le développement durable comme volonté
Le cas de Diffusion Technique Française (DTF)
Comment passer de l’éco-conception au développement durable ?
Comment mobiliser une filière sur une attitude globale de développement durable ?
La démarche de DTF - Les faits, selon l’entreprise elle-même
La démarche a été initiée par le chef d’entreprise de DTF. Celui-ci souhaitait étudier toute alternative
économique et écologique à une solution donnée.
D’après le responsable du service Développement Durable, l'entreprise dans son ensemble est sensibilisée
aujourd’hui au développement durable. En effet, toute la stratégie
DTF en quelques mots
d'entreprise, au-delà des aspects communs à toute société, tourne
autour des problématiques de développement durable et de l'écoL'organisation...
conception.
Cette entreprise familiale est née en 1951.
Elle est spécialisée dans la fabrication de
générateurs d’aérosols (ATOMISOR), de
tire-lait électriques (KITETT), d’aspirateurs
trachéaux et bronchiques et de supports
de
prévention
des
escarres
(BERCENDOR).
La stratégie de l'organisation...
Etre à l'écoute du marché et de ses
clients, développer des produits qui soient
vendables, rester répertoriée au système
de prise en charge de la Sécurité Sociale.
La perception du développement
durable par la personne rencontrée…
« Le développement durable, c'est
vraiment global ». Les produits fabriqués
doivent être les plus respectueux de
l'environnement. De plus, aujourd’hui, il
s’agit de communiquer clairement autour
du développement durable et de l’écoconception, car « on fait dire au
développement durable ce qu’on veut. »
Personne référente... ... Rencontrée le
12 mai 2009
Monsieur Stéphane Gatier, Responsable
du service Développement Durable
Tél: 04 77 74 51 11 - Mail: [email protected]
Les objectifs définis par DTF ne sont pas généraux. Il s'agit
d'objectifs définis au cas par cas même si trois postures globales
peuvent être identifiées :
- recourir systématiquement à l’éco-conception : les produits sont
conçus de telle sorte que toutes les étapes de conception, de
fabrication et de valorisation du produit en fin de vie intègrent la
prise en compte de l’environnement (produits non polluants de
préférence, recyclables) ;
− donner aux salariés des conditions de travail agréables et établir
des relations flexibles avec les fournisseurs et les sous-traitants ;
− rester rentable le plus possible : « on ne fait pas de l'écolo pour
de l'écolo ».
Pour atteindre ses objectifs, DTF a déployé diverses stratégies :
− l’innovation à travers le service Recherche & Développement de
l'entreprise comprenant six personnes et à travers l’instauration
de temps dédiés à la préparation de projets écologiques (réponse
à l'appel à projet Facteur 4 de la CCI de St-Étienne/Montbrison) et
à la recherche de nouvelles solutions et de nouvelles
technologies (participation à des congrès scientifiques, à des
salons...) ;
− le process avec le choix de matériaux non polluants, facilement
recyclables et le choix de méthodes de fabrication non
polluantes ;
− l’implication des parties prenantes en établissant des
partenariats avec les fournisseurs et des designers pour que des
solutions alternatives soient proposées (remplacement de
matériels potentiellement dangereux) et que des technologies
plus écologiques, plus économiques et plus éco-responsables
soient trouvées.
Ainsi, DTF conduit actuellement deux types d’actions identifiées comme des actions de développement
durable :
− la fabrication de produits éco-conçus :
• des composants communs pour tous les appareils des trois marques, avec un souci marqué de
qualité écologique des matériaux. En règle générale, les composants sont repris d'un produit à l'autre
à hauteur d'environ 60 %. Cette pratique a un impact économique important : minimisation des coûts
énergétiques lors du lancement des séries et augmentation de la capacité d'investissement sur les
composants. De la même manière, tous les consommables sont réutilisables par les patients, ce qui
permet, d'une part, de réaliser de fortes économies de matières naturelles et, d'autre part, d'éviter des
remboursements multiples par la Sécurité Sociale ;
• des appareils contenant 30 % de fibres de bois. Mais ces réalisations restent anecdotiques, du fait de
la difficulté de recycler de tels produits ;
− le travail à domicile ou la « délocalisation de proximité » cette forme de travail a été mise en place
dès la création de la société et s’inscrit dans la tradition d’organisation des entreprises textiles. Les
Le développement durable comme volonté
Le cas de Diffusion Technique Française (DTF)
salariés viennent le lundi matin avec leurs véhicules personnels et ramènent le vendredi les produits finis.
L’entreprise met en valeur les économies d'énergie et de locaux et défend l’idée d’une valorisation sociale
(le salarié est libre de ses horaires et de sa charge de travail). Elle soutient qu'elle « préfère la main
d'œuvre humaine qu'une machine qui serait inapte et trop coûteuse pour s'adapter à toutes les
configurations des produits ».
Le responsable du Service Développement Durable a « du mal à juger
engagée par DTF.
les effets » produits par la démarche
Les difficultés rencontrées les plus significatives sont liées principalement à des facteurs externes
tels que :
- la relation client / entreprises / fournisseurs pour une prise en compte optimale et non interrompue
de l’éco-conception tout au long du cycle de vie du produit : l'entreprise DTF ne maîtrise pas à 100 %
toutes les démarches des sous-traitants ;
- le manque de lisibilité autour des exigences du développement durable et de l’éco-conception :
o
la difficulté de travailler sur l'intégralité du cycle de vie du produit comme sur l’ensemble de la
filière ;
o
l'absence d'outils simples, accessibles et peu onéreux pour évaluer l'impact économique des
produits. « Tout se fait en fonction des connaissances de chacun, de ce qu'on lit sur Internet et sur
des revues... Aucun outil d'évaluation écologique des produits n'existe » ;
Ces difficultés conduisent l’entreprise à considérer l’approche collective (profession / filière) comme une solution
pour les surmonter. Elle se positionne comme pouvant jouer un rôle moteur à partir de sa propre expérience.
L'objectif est surtout de mettre en place une communication sur l'économie des produits et d'associer le SNITEM
(syndicat des professions) à la démarche de DTF pour développer une Charte Développement Durable au
niveau de la profession et faire adhérer les collègues de la filière médicale. L'idée est, à terme, d'aboutir à la
mise en place d'un éco-label européen pour les dispositifs médicaux.
La démarche de Diffusion Technique Française… L’avis du CIRIDD, d’Épures et de
TemiS
L’expérience de DTF conduit à mettre en évidence quelques enseignements :
- du point du vue du mode de faire : la démarche de DTF s’inscrit dans des détails très fins (« Il n'y a pas de
recettes toutes faites »). C’est le fruit d’un travail de traduction des deux problématiques très complexes que
sont l'éco-conception et le développement durable dans les process, en s’appuyant sur le service R&D de
l’entreprise. Cette dernière a été très largement stimulée par la recherche de solutions et a aujourd'hui envie
de communiquer sur sa démarche de développement durable. Au-delà, on aimerait pouvoir toucher du doigt
l’impact de l’éco-conception sur le fonctionnement de l’entreprise (management, organisation, technicité,
gestion du personnel et relations intra-entreprise). Il est nécessaire de creuser cette question au-delà des
quelques exemples relevés (changement de fournisseur lors de l’application de la directive D3E).
- du point de vue des relations avec les parties prenantes : l’éco-conception met en évidence l’importance
de la continuité de la prise en compte de l’environnement tout au long du cycle de vie du produit, c’est-à-dire,
en d’autres termes, tout au long de la chaîne de valeur de la filière. Cela oblige une relation étroite et
partenariale entre clients / entreprise / fournisseurs. Ce partenariat semble difficile à mettre en œuvre, à tel
point que le responsable du Service Développement Durable a identifié comme piste d’amélioration, à court
terme, de travailler avec des sous-traitants qui pourraient «fabriquer des pièces de A à Z », évitant ainsi des
aller-retour systématiques entre fournisseurs et entreprises. A plus long terme, c’est l’approche collective
(filière / profession) qui semble la plus appropriée.
- au-delà de l’approche filière, DTF souhaite une proximité plus grande avec les acteurs du
développement durable (ADEME) pour bénéficier d’outils de réflexion et de ressources méthodologiques.
L’expérience de DTF conduit également à poser une question fondamentale, celle d’une organisation du
travail durable. En effet, le travail à domicile mis en place par l’entreprise est une pratique ancienne présentée
comme répondant à des enjeux environnementaux et sociaux. Il existe un véritable enjeu à creuser cette
question comme celle de la transférabilité de cette pratique dans d’autres configurations économiques.