L`Est Agricole et Viticole

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L`Est Agricole et Viticole
MÉTIER
Groupement d’intérêt économique et environnemental
La profession agricole réserve
un accueil mitigé aux GIEE
Table ronde avec Mathieu Goehry,
Véronique Klein, Marc Moser,
Dominique Steinmetz, Stéphanie
Peugnet et Pascal Vauthier.
Photos Germain Schmitt
Dans les rangs de l’agriculture alsacienne, on ne
manifeste pas un accueil
débordant d’enthousiasme
à l’égard des GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental). En cause
principalement, la lourdeur
administrative pour obtenir une reconnaissance par
l’État. L’intérêt de ce
« label » est jugé difficilement palpable.
n Ce nouvel outil qu’est le GIEE, proposé par le ministère de l’Agriculture
dans le cadre de la loi d’avenir intitu-
lée « Produisons autrement », faisait
l’objet de débats le mardi 31 mars au
lycée agricole d’Obernai, lors d’un
séminaire organisé par le Réseau rural
d’Alsace. Journée au cours de laquelle
ont participé la plupart des représentants de l’agriculture régionale :
Véronique Klein et Régis Huss pour
la Chambre d’agriculture de région
Alsace, Denis Nass pour la FRSEA,
Hubert Reech et Mathieu Goehry
pour les Cuma, Maurice Meyer pour
Alsace Bio, Marc Moser pour le Comptoir Agricole, et les représentants des
collectivités territoriales, Dominique
Steinmetz du Conseil départemental
67, Stéphanie Peugnet de la Région
Alsace, Karine Isola du Gerplan au
CD 68, Pascal Vauthier de l’Agence
de l’eau Rhin-Meuse, sans oublier
Mathieu Ditner, maire d’Ammertzwiller (68) et agriculteur.
De quoi bien sonder les avis à propos
de ce GIEE. Il y avait également deux
tables rondes, de nombreux témoignages, dont ceux du sociologue
Jacques Abadie, de Jean Masson pour
L’un des premiers GIEE
de France
En Haute-Marne, les agriculteurs ont été
confrontés à des pollutions de captage
d’eau aux phytosanitaires dans la région
du Barrois, ce qui a conduit à des relations
délicates entre des élus et eux-mêmes.
Plutôt que de se voir imposer des arrêtés
interdisant des cultures en zone de captage, un groupe d’une quinzaine d’agriculteurs, avec le soutien de la Chambre
d’agriculture locale, a créé l’Apab (Association pour une agriculture porteuse
d’avenir dans le Barrois). Les agriculteurs
ont mis en place des essais en agriculture
Antonio Pereira, conseiller
de conservation des sols, semis directs
production végétale pour la
sous couverts, TCS, avec comme animaChambre d’agriculture de HauteMarne et animateur de GIEE.
teur Antonio Pereira, conseiller production végétale.
Ils se sont formés aux techniques bas-volume, à la gestion des couverts… Les terres du
groupe des 15 agriculteurs couvrent 3 200 ha. Faisant le constat qu’il perdait en productivité, notamment pour le colza, le groupe a mis en place des essais. Aujourd’hui,
le colza est semé en culture associée avec le sarrasin et des légumineuses. Il n’y a plus
d’herbicides en automne et d’insecticides. « Nous effectuons un semis et trois récoltes »,
résume Antonio Pereira, qui se considère désormais davantage comme un animateur
que comme un conseiller-expert prodiguant des conseils. Plusieurs autres actions sont
en place sur les cultures d’orge, de blé, avec des intercultures « biomax ». En 2014, le
groupe a reçu plus de 200 agriculteurs venus visiter les cultures.
l’Inra, de Jean-François Lallemand,
président des viticulteurs de Westhalten, de Cécile Viriat de l’Opaba,
et de Claire Cugnière, conseillère
érosion à la Cara. Y intervenait également Antonio Pereira, conseiller de
la Chambre d’agriculture de HauteMarne, animateur d’un des tout premiers GIEE impliquant 15 agriculteurs
sur 3 200 ha dans la région du Barrois
(52). La conclusion des débats était
Jean Masson, de l’Inra, a insisté sur
l’importance des démarches et savoirs
ascendants.
proposée par Éric Mallet, directeur
régional de l’agriculture et de la forêt
d’Alsace.
Des contraintes grandissantes
Tous les intervenants sont d’accord
sur un pronostic : Qu’on le veuille ou
non, les contraintes, qu’elles soient
environnementales ou sociales, ne
peuvent aller qu’en s’alourdissant,
pour une raison simple : « Nous allons
être beaucoup plus nombreux sur
Terre, mais notre terre est un univers
fini », explique le sociologue Jacques
Abadie. « La population augmente,
l’espace agricole se raréfie, et implicitement et intrinsèquement, les
contraintes augmentent », abonde
dans ce sens le directeur régional de
l’agriculture.
D’où des exigences croissantes
en matière d’organisation. Les
démarches collectives sont une solution pour soulager ces contraintes
inéluctables. Et les GIEE « sont un outil
pour accompagner ces mutations »,
explique Raphaël Guillet, chef du Service régional de l’économie agricole et
forestière d’Alsace (Sreal). En résumé,
les GIEE sont des collectifs d’agriculteurs reconnus par l’État, des groupes
ayant un projet relevant de l’agroécologie, à qui on attribue une forme de
Raphaël
Guillet, chef du
Sreal, et Éric
Mallet, Draaf
d’Alsace.
Les GIEE : quels enjeux ?
« Les démarches collectives en agriculture à l’échelle des territoires peuvent constituer
aujourd’hui une réponse appropriée à de nombreuses problématiques, comme l’adaptation économique face aux fluctuations et à la volatilité des cours des productions. Face
aux exigences environnementales ou sociétales, les démarches collectives que sont les
coopératives, les Cuma ou d’autres collectifs d’agriculteurs peuvent être une réponse »,
explique Raphael Guillet chef du Service régional de l’économie agricole et forestière
d’Alsace. « Car le caractère collectif des structures permet de mutualiser les risques en
répartissant la contrainte sur un certain nombre d’agriculteurs, et permet de mutualiser
certaines charges pour améliorer les marges et la valeur ajoutée. Les démarches collectives sont également une réponse à l’innovation, en permettant de mutualiser les prises
de risques liées aux nouvelles pratiques, aux nouvelles méthodes de production, visant
à prendre en compte le triptyque environnement, social et économique », poursuit-il.
« Le ministère de l’Agriculture a mis en place dans ce cadre un outil qui est le GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental). Il consacre les démarches collectives
comme source d’innovation et redonne la main aux agriculteurs pour pouvoir être force
de proposition en matière d’innovation, pour pouvoir développer des solutions par rapport aux défis auxquels ils sont confrontés. »
label. Dans l’esprit, les GIEE s’inspirent
des GDA (Groupement de développement agricole), explique Raphaël Guillet. Rien de nouveau donc, sauf que
les projets s’inscrivent dans la logique
agroécologique, c’est-à-dire la triple
performance économique, environnementale et sociale, et que ce sont
les agriculteurs eux-mêmes qui proposent les projets. La reconnaissance en GIEE devrait
permettre aux groupes constitués
d’être plus facilement éligibles à des
aides et autres soutiens. Ils devraient
bénéficier non pas de soutiens financiers directs, mais d’aides sous forme
d’animateur pour organiser la vie du
groupe. L’État envisage également
de faciliter la divulgation des résultats
et le partage des savoirs. Il espère
un « effet d’entraînement » qui soit
moteur dans le cadre du projet agroécologique de la loi d’avenir agricole
définie par le gouvernement. Mais
l’ensemble des partenaires agricoles
déplore pour l’heure la lourdeur administrative d’un dossier qui de surcroît,
est vécu comme une contrainte supplémentaire pour prétendre à divers
soutiens.
« Nous allons faciliter la mise
en place du dispositif »
Sur ces réticences, Éric Mallet a voulu
rassurer. « Le GIEE n’est pas un instrument de réglementation, c’est un
outil. On s’en sert ou pas… À la Draaf,
nous avons pour mission de faciliter et
de fluidifier le dispositif ». Éric Mallet
a souligné son souhait de « mettre
en œuvre les GIEE avec souplesse et
simplicité ». En Alsace, l’administration travaille en collaboration avec la
Région et la profession dans le cadre
du comité régional d’orientation stratégique agricole. C’est dans cet esprit
qu’Éric Mallet souhaite que les GIEE se
mettent en place : « On peut le faire
ensemble dans ce trio, qui préside aux
destinées de l’agriculture dans notre
région. » « On prendra contact avec
les collectifs qui se sont manifestés. »
DL
Table ronde avec Denis Nass, Régis Huss, Anne Frankhauser, Karine Isola,
Mathieu Ditner, Hubert Reech et Maurice Meyer.
Communiqué de Groupama Grand Est
Prévention des actes malveillants : prenez les devants !
Vol de matériels ou de récoltes, vandalisme,
pollution ou incendie criminel, sabotage des
installations techniques… Votre exploitation
agricole peut être vulnérable à la malveillance,
surtout si elle est géographiquement isolée.
Protégez-la efficacement.
Vol ou vandalisme avec effraction
• Les locaux de stockage : construisez solide et limitez l’accessibilité par les toits.
• Le local de vente : clôturez-le par une haie, un grillage, un mur…
Équipez les portes de serrures multipoints et les fenêtres de
volets pleins ou de barreaux scellés. Protégez les vitrines par
des grilles ou des rideaux métalliques.
• Les locaux « sensibles » (local phytosanitaire, local à forte valeur
ajoutée) : équipez la porte d’une serrure de sûreté ; interdisez
L’EST AGRICOLE ET VITICOLE
l’accès aux personnes étrangères au site ; gardez confidentielle
toute information concernant la livraison des produits.
• Particularité : sauvegarde des données sensibles informatiques : sauvegardez journellement vos données à l’extérieur de l’exploitation ; équipez votre système d’un antivirus efficace, remis à jour régulièrement.
Pollution criminelle
Installez une cuve de rétention étanche à l’aplomb de vos citernes :
en cas de vidage malveillant, vous éviterez la pollution du sol et
vous pourrez récupérer par pompage le produit stocké. Sécurisez
la pompe à carburant des véhicules de l’exploitation.
Incendie volontaire
Stockez les palettes, caisses et emballages à bonne distance des
bâtiments (minimum 10 m) ; maintenez les abords des bâtiments
soigneusement désherbés.
La télésurveillance
pour une sécurité maximale
Si vous n’habitez pas sur place ou si vos locaux sont très exposés,
vous avez tout intérêt à mettre votre exploitation sous surveillance : gardiennage aux périodes des productions saisonnières,
surveillance électronique avec transfert d’alarme adaptée… Sur
simple demande, les conseillers d’Activeille, filiale de Groupama,
peuvent vous réaliser un devis gratuit et vous proposer leurs prestations de télésurveillance.
Vol ou destruction
de tracteurs et de matériels
Garez tous les véhicules dans un lieu fermé à clé ou clôturé, retirez
les clés de contact et le matériel mobile (GPS, CB) et mettez-les en
lieu sûr ; équipez-les d’un antivol ou d’un anti-démarrage, et de
systèmes de géolocalisation.
VI -
N° 15 - Vendredi 10 avril 2015 - page 25

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