La Centrale Nucléaire de Cattenom

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La Centrale Nucléaire de Cattenom
Mycle Schn eider Consulti ng
45, allée des deux cèdres
Tél: 01 69 83 23 79
91210 Draveil (Paris)
Fax: 01 69 40 98 75
France
e-mail: [email protected]
La Centrale Nucléaire de Cattenom
20 ans de sûreté – 20 ans d’incidents
Note d’Information
par
Mycle Schneider
Consultant international sur l’énergie et la politique nucléaire
Commanditée par
Claude Turmes, Député européen
Paris, 13 mars 2008
Introduction
La centrale nucléaire de Cattenom avec ses quatre réacteurs de 1.300 MW chacun est située à
15 km de Thionville, trois kilomètres de la Moselle, non loin de la frontière allemande et à
8.5 km au sud de la frontière luxembourgeoise. Par la capacité installée, Cattenom est une des
plus grandes centrales nucléaires au monde. Sa production de 37 TWh en 2007 représente
près de 11 % de la consommation française d'électricité.
Environ 1160 salariés d'EDF travaillent à la centrale de Cattenom, auxquels peuvent s'ajouter
en période de maintenance, jusqu'à 800 employés d'entreprises prestataires.
Le choix du site de Cattenom a fait l’objet, dés les premières étapes de planification du projet,
de réserves de la part des plus hauts responsables de la sûreté en France, en particulier en
raison de la forte densité de population dans la région. Ainsi, le 5 février 1978, M. Christian
de Torquat, chef du Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires (Ministère de
l'Industrie) écrivait-il au Directeur du Gaz et de l'Électricité de ce même ministère (voir
Annexe 1) :
« J'ai l'honneur de vous faire savoir que j'estime que le site de Cattenom
présente, notamment du point de vue de la répartition de la population, des
caractéristiques nettement plus défavorables que la plupart des sites
précédemment utilisés pour l'implantation de tranches nucléaires. »
La première tranche de Cattenom a été connectée au réseau en novembre 1986, six mois après
l’accident de Tchernobyl. Depuis, le site a connu des centaines d’incidents intéressant la
sûreté, et plus de 20 ans après la mise en service du premier réacteur, les services de
l’Autorité de sûreté nucléaire continuent à identifier de nombreuses lacunes sur le site dans
l’organisation de la sûreté, de la radioprotection et des transports.
Mycle Schneider pour Claude Turmes – La Centrale Nucléaire de Cattenom – Mars 2008
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20 ans de sûreté nucléaire – 20 ans d’incidents à Cattenom
Entre 1986 et 2006 le site de Cattenom a connu 710 incidents significatifs répertoriés par
l’autorité de sûreté française dans sa base de données. La répartition de ces incidents entre les
quatre réacteurs ou l’ensemble du site est la suivante :
• 199 pour la tranche 1,
• 184 pour la tranche 2,
• 132 pour la tranche 3 et
• 107 pour la tranche 4 ;
• 5 pour les tranches 1 et 2 et
• 4 pour les tranches 3 et 4 ;
• 1 pour les 4 tranches ;
• 53 pour le site ;
• 25 non-alloués.
Sur l’ensemble des incidents répertoriés, 5 ont été classés au niveau 2 de l’échelle de gravité
INES (International Nuclear Event Scale), 96 au niveau 1, 452 au niveau 0 et 157 « hors
échelle ». Il convient de souligner que l’échelle INES qui comporte 7 niveaux, le dernier
correspondant à l’accident de Tchernobyl, a été mise au point comme moyen de
communication mais ne permet nullement de classifier le risque induit par un événement
spécifique. En effet, un accident qui ne conduit pas directement à un impact extérieur au site
ne peut-être classé au-delà du niveau 3. En d’autres termes, des situations qui peuvent
constituer un risque de dégradation sérieuse du niveau de sûreté mais qui ne conduisent pas à
un relâchement de radioactivité sont en règle générale classées entre 0 et 2.1
Les résultats des inspections de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) constituent un
bon indicateur de l’évolution de la gestion des questions de sûreté, de la sécurité et du niveau
de radioprotection sur le site. Plus de 20 ans après le démarrage de l’exploitation sur le site, il
est surprenant de constater les types et le nombre d’écarts aux bonnes pratiques. On relève
notamment les problèmes suivants (pour plus de détails, voir les extraits à partir de la page
suivante) :
• Des fiches d’action corrective sont closes alors que les actions ne sont pas menées à bien.
• Confusion entre types d’essais au niveau du système de contrôle-commande.
• La société intervenant pour contrôler le bon fonctionnement des détecteurs incendie n’est
pas agréée.
• Des vannes impossibles à manœuvrer.
• La documentation qui n’est pas à jour.
• Des lacunes au regard de la réglementation, notamment au niveau des contrôles effectués sur
les canalisations du circuit primaire principal.
1
Pour plus de détails voir SCHNEIDER Mycle (Directeur du projet), KASTCHIEV Georgui, KROMP
Wolfgang, KURTH Stephan, LOCHBAUM David, LYMAN Ed, SAILER Michael, Residual Risk - An Account
of Events in Nuclear Power Plants Since the Chernobyl Accident in 1986, commandité par MEP Rebecca Harms,
May 2007, 116 p. (ResidualRiskFullReport/.webloc), Summaries in English, French, German, 12 p.
http://www.greens-efa.org/cms/pressreleases/dok/182/[email protected]
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• Un prestataire qui est reconduit pour un an malgré « les fiches d’évaluation des
prestataires » (FEP) catastrophiques rédigées à son encontre.
• L’exploitant est incapable d’indiquer rapidement aux inspecteurs l’état de traitement de
plusieurs alarmes présentes en salle de commande « depuis plusieurs jours voire semaines ».
Faible facteur de charge
Les réacteurs de Cattenom présentent, sur l’ensemble de leur durée d’exploitation, un facteur
de charge cumulé très faible, même s’il montre une tendance à la hausse. La production entre
leur première connexion au réseau et la fin du mois de mars 2007 se situe respectivement pour
chacun des réacteurs à 68,1 %, 71,5 %, 72,4 %, et 75,2 % de la capacité nominale maximale.2
C’est très loin du peloton de tête mondial. Ce sont des réacteurs sud-coréens (6) et allemands
(4) qui se partagent les dix premières positions, avec des facteurs de charge sur l’ensemble de
la durée de fonctionnement se situant entre 89 % et 93,5 %.
Même si le facteur de charge des unités de Cattenom a tendance à l’amélioration, la
comparaison internationale montre qu’il reste du chemin à parcourir. Sur les 385 tranches sur
439 en service, évaluées entre mars 2006 et mars 2007, on retrouve les réacteurs de Cattenom
aux places suivantes : 330 (257ième pour la production cumulée), 281 (359ième), 308
(204ième) et 168 (121ième).
Il est important de souligner que ces médiocres performances ne sont en règle générale pas la
conséquence de problèmes techniques, mais plutôt d’une très importante surcapacité du parc
nucléaire d’EDF. Alors que d’importants contrats d’exportation de courant ne permettent
toujours pas d’écouler le surplus, en particulier l’été, certains réacteurs – dont
occasionnellement des tranches de Cattenom – sont arrêtées le week-end. Cette pratique,
unique au monde, n’est pas sans effet sur les conditions de sûreté d’exploitation. En effet, les
phases de démarrage et d’arrêt de tranche induisent d’avantage de stress sur les matériaux et
les hommes qu’un fonctionnement à pleine capacité.
Actualité
A l’avenir, certains problèmes techniques risquent d’avoir une influence notable à la fois sur
le facteur de charge et sur le niveau de sûreté.
Le problème générique actuel des générateurs de vapeur qui touche au moins une quinzaine
de réacteurs en France a aussi été identifié à la centrale de Cattenom. Le problème consiste en
une obturation progressive, par des dépôts d’oxydes, des passages aménagés entre les tubes et
les plaques entretoises pour la circulation de l'eau.
Selon l’autorité de sûreté, le colmatage des générateurs de vapeur a plusieurs conséquences
pour la sûreté :
• Il constitue probablement le paramètre déterminant entraînant l’apparition de
vibrations excessives des tubes dans certaines zones des générateurs de vapeur,
vibrations qui peuvent conduire au développement rapide de fissures, comme cela
s’est produit à [la centrale de] Cruas 4.
• Il peut induire des efforts mécaniques importants sur les structures internes des
générateurs de vapeur, notamment dans certaines situations incidentelles ;
2
Nuclear Engineering International, Novembre 2007
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• Il entraîne une diminution du taux de circulation de l’eau dans les générateurs de
vapeur et donc, pour un même niveau d’eau mesuré, une réduction de la quantité
d’eau disponible à l’intérieur du générateur de vapeur. Des phénomènes d’oscillations
du niveau d’eau peuvent également apparaître dans les générateurs de vapeur dans
certaines situations de fonctionnement si le taux de colmatage est élevé.3
En clair, le risque principal induit par ce phénomène est la rupture d’un ou plusieurs tubes de
générateur de vapeur. Ce type d’accident est particulièrement dangereux parce qu’il conduit à
une brèche importante dans le circuit primaire de refroidissement.
EDF considère le problème comme suffisamment sérieux pour appliquer le nettoyage des
générateurs de vapeurs au rythme le plus élevé possible compte tenu des capacités
industrielles (cinq à six réacteurs par an).
Il semblerait que les opérations de lessivage chimique prévu cette année sur la tranche 1 de
Cattenom aient été repoussées à 2009.4 Il serait important de connaître à la fois les raisons de
ce délai et l’état précis des générateurs de vapeur des quatre tranches de la centrale de
Cattenom.
3
4
ASN, Note d’Information, 18 juillet 2007
Luxemburger Wort, 5 mars 2008
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Extraits des lettres de suites d’inspection de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN)
sur le site nucléaire de Cattenom
Février 2007 - Février 2008
Pour la période de février 2007 à février 2008, l’Autorité de Sûreté Nucléaire française a
publié 25 lettres de suite des inspections effectuées sur le site de Cattenom. Nous
reproduisons ci-dessous une sélection d’extraits de 17 de ces courriers éloquents.
13 février 20085 – Respect des engagements
Il ressort de cette inspection une impression mitigée. Les inspecteurs ont relevé plusieurs
écarts qualité dans la gestion des « actions » (…)
Les inspecteurs ont relevé des fiches d’actions qui ont été closes alors que l’action corrective
associée n’était pas concrètement mise en application.
6 février 2008 – Contrôle-Commande
L’impression générale issue de cette inspection est mitigée. Lors de l’examen des gammes
d’essais réalisées sur les différents automatismes de contrôle commande, aucun écart notable
n’a été relevé. En revanche, les inspecteurs ont noté une confusion entre deux types d’essais.
Par ailleurs, certains comptes-rendus d’essais n’ont pu être présentés aux inspecteurs.
3 Janvier 2008 - Maintenance / Exploitation / Modifications
Les inspecteurs ont notamment constaté que pour certaines modifications, le processus défini
par le CNPE n'avait pas été suivi ou que des modifications sur des matériels importants pour
la sûreté (IPS) n'avaient pas respecté le processus « modifications » établi entre EDF et
l'ASN.
23 Novembre 2007 – Agressions naturelles
Cette inspection a montré que le site n’avait pas réalisé la totalité des actions pour affronter
des « grands froids » durant l’hiver 2007-2008. (…)
Les éléments présentés lors de l’inspection, (…), ne permettent pas de garantir que les
tranches du site seraient repliées immédiatement en état sûr en cas de séisme supérieur au
demi séisme de dimensionnement, contrairement à ce que prescrit la règle fondamentale de
sûreté (RFS) 1.3.b. En outre, aucun agent présent ne semblait connaître cette prescription.
19 Octobre 2007 - Prestations
Les inspecteurs ont constaté que la nouvelle organisation mise en place pour la surveillance
des prestataires intervenant pour le compte du CNPE n’était pas partagée par tous les services.
Par ailleurs, les inspecteurs ont relevé que, suite à l’examen de comptes-rendus d’événements
significatifs imputables à des prestataires, les fiches d’évaluation de ces prestataires n’avaient
pas été rédigées.
20 Septembre 2007 - Incendie
Malgré les remarques formulées lors de la dernière inspection des 12 et 13 octobre 2006, la
rédaction des permis de feu n’est pas encore totalement opérationnelle. En effet, l’analyse des
risques n’identifie pas clairement d’une part, les risques (notamment les matières susceptibles
de prendre feu) et d’autre part, l’emplacement des protections à mettre en place. (…)
Les deux départs de feu survenus le 17 août 2007 à quelques minutes d’intervalle dans le
bâtiment de traitement des effluents (BTE) et dans le bâtiment électrique de la tranche 2
5
Les dates indiquées font référence à la date des lettres et ne se réfèrent pas aux dates des inspections.
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remettent en cause l’un des principes de base de la conception figurant dans le référentiel de
conception et de construction incendie d’EDF. (…)
Lors de l’exercice incendie déclenché par les inspecteurs dans la laverie le 31 août 2007, il a
été constaté que le chef des secours venant du PAP portait deux dosimètres opérationnels qui
n’étaient pas en service. Or, lors d’un exercice réalisé début 2007 avec les pompiers, les
dosimètres opérationnels remis au PAP n’étaient pas non plus en service. (…)
Lors de l’inspection, il a été indiqué aux inspecteurs que la société intervenant pour contrôler
le bon fonctionnement des détecteurs incendie n’était pas agréée.
1er Août 2007 - Installation, réparation et modification des équipements sous pression
nucléaires
La visite réalisée sur le terrain a mis en évidence des lacunes dans la gestion de pièces de
rechange d’équipements sous pression et sur la gestion des accès à certaines zones
réglementées.
18 Juillet 2007 - Environnement
(…) la quantité de CFC rejetée est supérieure au critère de déclaration d’évènement
intéressant l’environnement de 10 kg par appareil et par an fixé dans votre directive interne
d’EDF n°100. Or, vous n’avez pour l’instant pas déclaré d’évènement intéressant
l’environnement à ce sujet. En outre, même si les HFC ne sont pas des substances
appauvrissant la couche d’ozone il est important d’en limiter les fuites car ce sont des gaz à
effet de serre beaucoup plus « efficaces » que le CO2. (…)
Par ailleurs, le rapport de l’agence de l’eau Rhin Meuse du 9 mai 2007, page 28, fait état de
rendements de la station d’épuration du site inférieurs aux critères de 90% pour les matières
en suspension (MES) et la demande chimique en oxygène (DCO) fixés par l’arrêté ministériel
du 23 juin 2004. (…)
La veille réglementaire, notamment celle se rapportant à la surveillance de l’environnement
industriel, a semblé reposer sur une organisation fragile et dont la pérennité ne paraît pas
assurée.
21 Juin 2007 – Chantiers
Sur plusieurs chantiers contrôlés, les inspecteurs ont noté que les documents opérationnels
n'étaient pas renseignés ou suivis de manière suffisamment rigoureuse. (…)
Les inspecteurs ont constaté un ensemble d'écarts dans l'application du référentiel radioprotection du site.
15 Juin 2007 – Station de pompage
Dans l’ouvrage de point bas, les inspecteurs ont constaté la présence d’un volume d’eau
conséquent dans le local où se trouve le clapet d’entrée d’air (…).
De manière générale, les presse-étoupe des pompes d’eau brute secourue (SEC), de filtration
d’eau brute (SFI), et de production d’eau incendie (JPP), ont un débit de fuite suffisamment
important pour créer des flaques d’eau dans les locaux les abritant. (…)
Accès au local SEM : le câble électrique est toujours coincé au niveau de la porte d'accès au
local électrique. Ce point avait déjà été signalé en décembre 2006 (…)
La tuyauterie SEB voie A commence à s’oxyder au niveau de plusieurs soudures.
La rupture de cette tuyauterie inonderait la galerie SEC concernée et pourrait conduire à un
incident similaire à celui survenu en 1987 (inondation des galeries 9 SEC et des locaux des
pompes RRI).
La vanne 9 SEL 100 VE est impossible à manoeuvrer. En outre, pour pouvoir la réparer, il
faudrait arrêter les 2 tranches.
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9 mai 2007 - Compétences – Habilitations – Formation
Les notes d’organisation (NO) ou d’application (NA) traitant de la gestion des habilitations,
de la formation et des compétences (NO N°7/1 et N°7/2 et leurs déclinaisons en NA) ne sont
pas à jour car elles ne tiennent pas compte des diverses modifications apportées récemment à
l’organisation du site et notamment la disparition du département appui (…).
19 Avril 2007 - Deuxième Barrière
L’impression qui ressort de cette inspection est mitigée car il subsiste des lacunes au regard
de la réglementation, notamment au niveau des contrôles effectués sur les canalisations du
circuit primaire principal. (…)
Le circuit primaire principal est la deuxième barrière de défense contre la dispersion de
radionucléides. En cas de rupture de cette barrière, le liquide contenu dans ce circuit peut se
répandre dans le bâtiment réacteur qui forme la troisième barrière de confinement ou dans le
circuit secondaire principal au travers des tubes de générateur de vapeur. Une chaîne de
mesure de la radioactivité est donc placée sur la tuyauterie à la sortie de chacun des 4
générateurs de vapeur pour surveiller toute augmentation de la radioactivité. Une
augmentation de radioactivité dans l’eau de refroidissement du circuit secondaire serait
symptomatique d’une fuite voire de la rupture d’un ou plusieurs tubes de générateur de
vapeur.
Les inspecteurs ont constaté en salle de commande du réacteur n°1 que l’enregistreur de
mesure de la radioactivité en sortie des 4 générateurs de vapeur ne traçait que deux lignes au
lieu des 4.
5 Avril 2007 - Rejets
Les inspecteurs n’ont pas relevé de non-respect des dispositions de l’arrêté et ont constaté que
suite aux écarts antérieurs, l’exploitant a prévu des actions correctives pour éviter que ces
écarts ne se renouvellent. Toutefois, des progrès doivent être réalisés dans l’utilisation des
résultats de surveillance dans l’environnement, dans la traçabilité des contrôles effectués et
dans la formation des agents. (…)
Par ailleurs, le 10 janvier 2007, vos services ont constaté que le filtre permettant la prise
journalière d’un prélèvement de poussières atmosphériques n’était pas présent. (…)
La taille des bidons utilisés ne permet pas toujours de réaliser un prélèvement mensuel
complet d’eau de pluie. (…)
L’article 28 de l’arrêté du 23 juin 2004 prévoit qu’une carte récapitulative de localisation des
différents points de mesure et de prélèvement doit être déposée à la préfecture de la Moselle
où elle peut être consultée. (…) Or lors de l’inspection, plusieurs cartes ont été présentées,
mais elles n’étaient pas complètes. (…)
Lors de la prise des échantillons dans les bassins des aéroréfrigérants, il a été constaté que le
système d’aspersion (« déglaçage ») de la tranche n°1 était défaillant et que l’arrosage
s’effectuait en grande partie vers l’extérieur.
30 Mars 2007 – Expédition et organisation des transports
Il ressort de cette inspection une impression mitigée. L’organisation qualité en matière de
transports et en particulier l’adéquation de la formation des agents en fonction des activités
exercées dans ce domaine sont perfectibles. Par ailleurs, plusieurs écarts ont été relevés
notamment en matière de respect des règles applicables au chargement des emballages
combustibles et à la réception des colis exceptés transportés dans des véhicules particuliers.
Enfin, la prise en compte du retour d’expérience suite à des évènements survenus récemment,
ainsi que suite aux écarts relevés par le CST lors de ces contrôles devrait être améliorée. (…)
Lors de l’inspection, il a été constaté que les documents réglementaires détenus n’étaient pas
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à jour et que les règles administratives de déclaration et de classement des évènements
« transport » n’étaient pas connues.
13 Février 2007 – Organisation de la radioprotection
Il a été signalé que le prestataire SPR avait été reconduit pour un an sur votre site malgré les
fiches d’évaluation des prestataires (FEP) catastrophiques rédigées à son encontre.
2 Février 2007 – Conduite normale
En salle de commande, les inspecteurs ont constaté à plusieurs reprises que les demandes
d’intervention (DI) émises suite à l’apparition d’alarmes n’étaient pas convenablement tracées
dans le cahier de quart. Certaines DI n’avaient même pas été émises. Aussi, il n’a pas été
possible d’indiquer rapidement aux inspecteurs l’état de traitement de plusieurs alarmes
présentes en salle de commande depuis plusieurs jours voire semaines.
1er Février 2007 - Maintenance et exploitation des capteurs importants pour la sûreté (IPS)
Il ressort de cette inspection une impression très mitigée des pratiques du CNPE sur ce thème.
En effet, d’une part, des écarts dans le suivi des appareils de contrôle et des étalons utilisés
ont été constatés et d’autre part, des manques de rigueur dans la traçabilité et dans
l’application stricte des périodicités de contrôle ont été relevés sur différents appareils de
contrôle et d’étalonnage. Les mesures prises suite à une inspection réalisée sur ce thème en
2004 n’ont pas permis au CNPE de Cattenom de mettre en place un suivi robuste des activités
d’étalonnage et de vérification de bon fonctionnement des capteurs. (…)
Les argumentaires du type « matériel fiable », « matériel peu utilisé » sont purement
subjectifs et ne sont en aucun cas suffisant pour justifier de la relaxe de la périodicité de
contrôle.
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Annexe 1 : Lettre du chef du Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires
(SCSIN) du 5 février 19786
Le 5 février 1978, M. Christian de Torquat, chef du Service Central de Sûreté des Installations
Nucléaires (Ministère de l'Industrie) écrivait au Directeur du Gaz et de l'Électricité au même
ministère de l'Industrie, la lettre suivante (référence SIN 282/78) :
Objet : Déclaration d'utilité publique des travaux de construction d'une centrale nucléaire sur
le site de Cattenom (Moselle)
Référence : Votre lettre AS-2 - P/CN 593 du 2 janvier 1978
« Par lettre citée en référence, vous m'avez adressé le dossier d'enquête relatif à la
déclaration d'utilité publique des travaux de construction d'une centrale nucléaire (deux
tranches de 900 MWe et deux tranches de 1300 MWe) sur le site de Cattenom et vous m'avez
demandé mon avis sur les problèmes de sûreté qui pourraient être liés au choix de ce site.
A cet égard, j'ai l'honneur de vous faire savoir que j'estime que le site de Cattenom
présente, notamment du point de vue de la répartition de la population, des caractéristiques
nettement plus défavorables que la plupart des sites précédemment utilisés pour
l'implantation de tranches nucléaires. Cette constatation m'a amené, dès le 29 octobre 1975,
à appeler l'attention du ministre sur les réserves de mon service sur le choix de ce site. En
outre, dans le cadre de l'instruction de la déclaration d'utilité publique des travaux de
construction d'une centrale nucléaire sur le site de Cattenom, je vous ai d'ores et déjà précisé
de façon détaillée la position de mon service sur le choix de ce site; je vous rappelle à cet
égard les termes de ma lettre SIN no 1432/76 du 14 décembre 1976.
Par ailleurs, comme vous le savez, le ministre de l'industrie, du commerce et de l'artisanat
a, par lettre CAB no 4312 Z du 22 septembre 1977, demandé au Premier ministre qu'une
réflexion sur les directives qui pourraient être élaborées quant au choix des sites des
centrales nucléaires pour ce qui concerne les problèmes liés à la densité et à la répartition de
la population, soit menée au sein du comité interministériel de la sécurité nucléaire. Cette
réflexion n'a pas, à ce jour, atteint un stade qui permette d'en esquisser les conclusions.
Dans ces conditions et dans l'attente des résultats des travaux précités, je ne peux que
maintenir les réserves que j'ai déjà exprimées depuis plus de deux ans sur le choix du site de
Cattenom pour l'implantation de tranches nucléaires. »
6
publiée dans La Gazette Nucléaire, n°26-27, mai-juin 1979
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