Midi de la finance - Evaluation de l`impact: de l`utopie à la réalité !

Midi de la finance - Evaluation de l’impact: de l’utopie à la réalité !
Quels sont les défis posés par les systèmes d’évaluation de l’impact social et environnemental des entreprises et
des produits financiers? Qui en sont les acteurs ? Le développement de standards est-il réalisable et réaliste ?
Comment intégrer les coûts des reporting ? Des outils pour qui : les investisseurs et les entreprises ?
M. Yves Loerincik CEO de Quantis pour l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) et M. Cédric Lombard Fondateur et
Directeur de Impact Finance pour Kharmax Impact Monitoring System nous ont présenté leurs outils
d’évaluation. Un débat animé autour de la question de l’évaluation, la mesure ou le monitoring de l’impact a
suivi leurs interventions.
L’analyse du cycle de vie (ACV) : du berceau à la tombe
Quantis est à l’origine une spin-off de l’EPFL dont le but est de quantifier les impacts environnementaux des
entreprises durant tout le cycle de vie des produits; c’est-à-dire dès la production et le transport des matières
premières jusqu'au recyclage des produits finis.
Quantis offre un service aux entreprises qui doivent leur permettre de concentrer leurs efforts sur les étapes
prioritaires, là où se situent leurs impacts environnementaux les plus importants. Cette vision globale doit
également leur permettre de ne pas déplacer leur impact d’un site à l’autre ni de le reporter sur d’autres
entreprises.
Pour les entreprises cet outil est utilisé :



Pour le reporting, par exemple dans le cadre du Carbon Disclosure Project
Pour la communication tant interne qu’externe
Comme outil d’aide à la décision : l’éco-conception d’un produit, la définition d’une stratégie
d’approvisionnement durable ou encore la gestion des risques.
Avoir une vision stratégique qui génère une valeur ajoutée constitue de plus une opportunité.
Les entreprises répondent à des pressions qui proviennent de la perspective d’obligations légales et de la pression
des parties prenantes. Les entreprises agro-alimentaires et de biens de consommation sont les plus motivées à
effectuer ce bilan.
Sur un plan technique, l’empreinte carbone est la mesure préférée pour des raisons de disponibilité des bases de
données. Les autres gaz à effet de serre sont ensuite extrapolés car ils sont corrélés. Par ailleurs, Quantis utilise
des données moyennes relevant d’impacts avérés publiés.
Impacts environnementaux clés : quelques exemples pour le café, la pharma, une banque régionale et
l’industrie automobile
Si pour l’industrie du café l’impact le plus important se trouve au niveau de l’agriculture, y compris de l’eau, de
façon moins intuitive pour l’industrie pharmaceutique c’est au niveau du marketing que se trouve l’impact le
plus fort, lors des déplacements de leurs représentants commerciaux.
D’autres conclusions de l’ACV sont intéressantes : si certains fabricants dans l’automobile bénéficient d’une
image favorable grâce à des modèles innovants, comme Toyota, l’analyse du cycle de vie montre que c’est dans
la phase d’utilisation par les consommateurs que l’impact environnemental est le plus important. C’est donc la
consommation du parc automobile moyen qui est significative. Sous cet angle, ce constructeur apparaît plus
négativement puisqu’il est un vendeur majeur de 4*4 en Europe.
Pour une banque locale, ce sera la consommation en électricité de ses bâtiments qui sera la plus significative,
suivie des déplacements de ses collaborateurs et clients. En réponse à une question du public, Quantis indique
qu’en effet la stratégie d’investissement de la banque ne sera pas analysée. Une analyse des effets
environnementaux de ses crédits et en particulier de ses crédits hypothécaires serait une suite logique à donner à
cette analyse.
Quelques considérations sur l’ACV : de l’identification des paramètres clés à un outil de gestion




Le prise en compte du cycle de vie des produits, y compris leur utilisation est essentielle.
Les résultats ne sont pas comparables entre entreprises et une analyse externe est impossible, les
informations appartenant aux entreprises
La force de l’analyse du cycle de vie est de permettre d’identifier les paramètres clés ainsi que le poids à
leur accorder
L’examen de l’utilisation de l’ACV par une entreprise permet d’évaluer l’efficacité et la pertinence de
sa démarche.
Au final, il serait optimal de voir migrer les outils de l’ACV dans la gestion des entreprises pour par exemple la
création de nouveaux produits, d’emballages ou l’optimisation de la logistique.
Impact Finance : comment démontrer aux investisseurs que cet impact est délivré ?
Kharmax Impact Monitoring System s’adresse lui aux investisseurs. Quelle mesure de l’impact social et
environnemental faut-il adopter ?
D’abord Kharmax s’attache à effectuer un monitoring social plutôt qu’une évaluation, c'est-à-dire un suivi, une
description. Ceci car il est très difficile de décider de la frontière où s’arrête l’évaluation.
Ensuite, Kharmax suit la chaîne de valeur économique, les flux économiques et non le cycle de vie du produit.
Les facteurs à prendre en compte pour réaliser un outil de monitoring efficace sont :



La complexité
Les coûts d’une « évaluation » lorsque les prêts sont d’un montant relativement faible (1mio )
La comparabilité lorsque chacun a l’impression d’avoir affaire à un projet unique.
Le monitoring de Kharmax réunit les avantages de IRIS et du GRI
La base de données IRIS comprend 300 indicateurs ce qui est intéressant pour structurer la pensée mais trop
lourd à utiliser. Par ailleurs les investisseurs se sont familiarisés avec les catégories du GRI. La solution de
Kharmax pour gérer cette complexité est de configurer les indicateurs du système IRIS dans les catégories GRI
pour en tirer :


des indicateurs à 3 niveaux : général communs à tous les projets, sectoriels et spécifiques
7 catégories d’impact qui seront évaluées
Ce cadre de référence constitue une valeur ajoutée pour les entreprises emprunteuses, et pour cela elles sont
prêtes à fournir les données elles-mêmes. Cette constatation qu’Impact Finance a pu faire au travers de ses
expériences avec la microfinance a permis de réduire les coûts. Kharmax propose ainsi un système de « selfreporting » des impacts dans la base de données. Celle-ci fournit en retour une structure de monitoring pertinente
tout en reconnaissant la diversité de chacun. La motivation additionnelle des emprunteurs est d’obtenir de
nouveaux prêts.
Un outil de gestion pour ouvrir le dialogue avec les entreprises et viser l’amélioration
Le monitoring à l’aide d’indicateurs compréhensibles pour les emprunteurs permet d’entrer dans une relation
avec les responsables de projet qui vise une amélioration constante.
Si les critères sont bien établis et quantifiés il restera toutefois toujours un espace d’appréciation sur des
questions comme par exemple, ce qui constitue un salaire juste.
Pour SFG, Lynn Mackenzie, septembre 2012