L`activité physique intensive : un bon remède contre la dépression

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L`activité physique intensive : un bon remède contre la dépression
L’activité physique intensive : un bon remède contre la
dépression
quantifiées à l’aide de l’échelle HRSD (Hamilton Rating
Scale of Depression). Une réponse était considérée comme
cliniquement significative pour une diminution d’au moins
50% du score HRSD.
Une amélioration très nette de la dépression selon les 2
échelles GDS et HRSD a été observée en fin d’étude pour les
3 groupes mais le bénéfice était significativement plus
marqué dans le groupe « exercice intense » que dans les 2
autres. Les scores étaient ainsi améliorés de 58 ± 7% pour le
GDS et de 52 ± 7% pour le HRSD dans le groupe « exercice
intense », comparés à 23 ± 7% et 25 ± 8% respectivement
dans le groupe suivi par un généraliste. Les réponses du
groupe « exercice faible » se situaient à un niveau
intermédiaire entre les 2 précédents. Une diminution de 50%
du score HRSD était observée chez 61% des participants
« exercice intense », 29% des patients « exercice faible » et
21% des patients suivis par un généraliste, sans différence
significative entre ces 2 derniers groupes. Le gain en force
musculaire était directement corrélé à la diminution de la
symptomatologie dépressive et l’amélioration de la vitalité
était plus marquée dans le groupe « exercice intense » que
dans les 2 autres groupes. Enfin, si la qualité du sommeil
était améliorée dans les 3 groupes, c’est à nouveau chez ceux
qui pratiquaient l’activité la plus intense que les progrès
étaient les plus nets.
Les effets bénéfiques de l’activité physique chez les
personnes âgées dépressives dépendent donc de l’intensité de
l’effort, une réponse cliniquement significative n’étant
obtenue que pour une activité physique intense. Il reste à
comparer cette approche au traitement pharmacologique
classique de la dépression et à préciser quel type de patient
serait le plus susceptible de répondre de façon favorable à
l’exercice physique. Par ailleurs, il serait également
intéressant de vérifier la persistance des effets bénéfiques de
ce traitement non médicamenteux. Enfin, d’autres études
seront aussi nécessaires pour essayer de comprendre les
mécanismes impliqués.
La dépression se rencontre fréquemment chez les aînés,
avec un taux de l’ordre de 15% chez les personnes vivant
chez elles. Malgré les répercussions négatives sur la qualité
de vie et l’augmentation de la morbidité et de la mortalité à
laquelle elle est associée, cette affection est insuffisamment
diagnostiquée et traitée chez les seniors. L’observance aux
traitements pharmacologiques antidépresseurs est souvent
peu satisfaisante en partie en raison de l’incidence des effets
secondaires. Une alternative possible à la prise en charge
médicamenteuse de la dépression pourrait être l’exercice
physique. Une équipe australienne qui s’est déjà beaucoup
intéressée aux bienfaits de l’activité physique a voulu savoir
s’il existait une relation entre l’intensité de l’entraînement et
la dépression ainsi que la qualité de vie et celle du sommeil.
Les participants étaient âgés de 60 à 85 ans (moyenne 70
ans). Ils ont été recrutés auprès de généralistes et répartis en
3 groupes de 20 sujets chacun. Un groupe était soumis à un
entraînement de résistance intense, un groupe suivait un
entraînement de résistance de faible intensité et un groupe
recevait les soins habituels de leurs généralistes, à
l’exclusion de tout traitement antidépresseur. Les sujets de
l’étude remplissaient les critères de dépression du Diagnostic
and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV),
avaient un score au test d’autoévaluation Geriatric
Depression Scale (GDS) ≥ 14, mais ne devaient pas
présenter de signe de démence, de troubles bipolaires ou de
signe de psychose. Ils ne devaient pas non plus être sous
traitement antidépresseur. L’étude a duré 8 semaines pendant
lesquelles les 2 groupes « exercice » ont suivi un
entraînement à raison de 3 jours/semaine par session de 60
minutes chacune, les exercices étant répétés 8 fois à 3
reprises au cours de chaque séance. Le groupe « exercice
intense » faisait travailler les muscles principaux des jambes,
des bras et du tronc à 80% de la charge maximale alors que
le groupe « exercice faible» ne travaillait qu’à 20% de la
charge maximale. Une évaluation des patients était effectuée
en aveugle par un praticien en début et en fin d’étude. La
dépression et la réponse à l’intervention étaient en particulier
T. Cudennec
Hôpital Ambroise Paré, Boulogne Billancourt
Exercice intense
Exercice faible
Suivi par un généraliste
Score au GDS
- début d’étude
- fin d’étude
20,0 ± 4,1
8,4 ± 7,0
22,0 ± 4,3
13,3 ± 7,0
18,7 ± 3,5
14,0 ± 5,2
Score au HRSD
- début d’étude
- fin d’étude
18,0 ± 5,5
8,5 ± 5,5
19,5 ± 5,3
12,4 ± 6,3
19,7 ± 3,9
14,4 ± 6,0
Evolution des scores de dépression dans les 3 groupes lors de l’étude. GDS : Geriatric Depression
Scale. HRSD : Hamilton Rating Scale of Depression.
Singh NA, Stavrinos TM, Scarbek Y, Galambos G, Liber C, Fiatarone Singh MA. A randomized controlled trial of high
versus low intensity weight training versus general practitioner care for clinical depression in older adults. J Gerontol
Med Sci. 2005; 60A:768-776
©2005 Successful Aging SA
Af 353-2004

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