Placebo et effet placebo Fascicule n 222 Le mot
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Placebo et effet placebo Fascicule n 222 Le mot
Placebo et effet placebo Fascicule no 222 Le mot « placebo » est une expression latine qui veut dire « je plairai ». Il a un peu le sens d’une flatterie. Il est employé depuis 1945 dans le langage médical anglais. Plus tard, il a fait son entrée dans la langue française. On l’utilise pour désigner une substance inerte qui peut présenter des vertus thérapeutiques chez des individus qui croient recevoir une substance médicamenteuse. On peut ainsi donner à une personne un comprimé d’amidon (substance inerte), qu’on lui présente comme étant un vrai remède et constater un effet thérapeutique. Efficacité du placebo Le pouvoir d’un placebo peut être assez étendu. Il n’est pas rare qu’on obtienne de forts pourcentages d’efficacité par l’utilisation de placebos. Dans son livre, La méthode naturelle en médecine, le Dr André Schlemmer cite des recherches portant sur le traitement de l’asthme, dans lesquelles les placebos ont connu un taux de succès de l’ordre de 78%. Les taux de succès des placebos varient en fonction des maladies traitées. Les maladies très graves semblent répondre moins bien. Cependant, la réponse est également fonction du malade. Il y a des sujets qui sont sensibles à l’action des placebos, alors que d’autres semblent résister à cette action. Les petits enfants ne seraient pas sensibles aux placebos. Par contre, comme le souligne le Dr Schlemmer, leurs parents le sont. Or, les enfants réagissent au comportement des parents. « Le petit enfant, affirme Schlemmer, s’imprègne comme un buvard de l’angoisse ou de la confiance de sa mère. » L’effet placebo peut aller très loin. Une intervention chirurgicale simulée peut déclencher un effet placebo. À ce titre, on peut se demander quel est le degré réel d’efficacité qu’on doit attribuer à ces interventions? 1 Une question de confiance L’effet placebo n’est pas uniquement relié à la prise d’un placebo. Il est également relié à la confiance qu’un praticien peut communiquer à son patient. Dire à un malade qu’on lui prescrit un produit qui pourrait peut-être lui faire un peu de bien, mais que rien n’est moins certain, est très différent que de lui dire qu’on lui prescrit un produit qui a provoqué des milliers de guérisons et qu’il n’y a aucun doute qu’il peut corriger son problème. Dans le premier cas, l’effet placebo sera très faible. Il peut même s’avérer négatif. Dans le second, la confiance communiquée est telle que l’effet placebo ne peut qu’entraîner un résultat formidable. Évidemment, dans toutes les formes de pratiques médicales, il n’est pas permis de garantir le succès d’un traitement. Il n’en reste pas moins que l’attitude rassurante du praticien compte pour beaucoup dans le résultat du traitement. Si un praticien ne peut pas affirmer à un patient que la guérison est assurée, il peut au moins se montrer positif. Il n’est pas nécessaire, par exemple, même si c’est la vérité, de lui dire ceci : « Dans le cas d’une maladie comme la vôtre, je vous avoue bien sincèrement que mon taux de succès est très faible. En fait, tous les patients qui avaient la même maladie que la vôtre, sont décédés dans de courtes périodes de temps. Je vais quand même tenter de vous traiter, mais je ne m’attends pas à faire des miracles dans un cas aussi difficile. » De tels propos pourraient produire un effet placebo négatif. Non seulement la guérison risquerait de tarder à venir, mais elle pourrait être sérieusement compromise! Le comportement du praticien La personnalité du praticien, son assurance, son humanisme, son enthousiasme, sa prestance, et même le décor dans lequel il évolue, exercent une influence sur le patient. Cette influence n’est rien d’autre qu’un effet placebo. Recevez un patient dans un bureau de consultation agréablement bien meublé et bien décoré, vous lui communiquerez une impression de succès. Le patient se dira, d’une façon plus ou moins inconsciente, que disposer d’un tel bureau témoigne du fait que ce praticien est efficace. Il lui 2 faut suffisamment de patients pour pouvoir se payer un tel bureau. Il conclura qu’il est par conséquent entre bonnes mains. Cepndant, placez le même praticien dans une pièce où se trouve uniquement une petite table carrée (qui sert habituellement à jouer aux cartes) et deux petites chaises pliantes, vous verrez que la réaction du patient sera tout autre. Il aura l’impression qu’il se trouve dans un milieu de grande pauvreté. Il se demandera comment ce praticien peut connaître du succès, alors qu’il œuvre dans un cadre aussi déplorable. L’effet placebo risque alors d’être nul, sinon négatif. Qu’on aime ça ou non, l’effet placebo est toujours présent. Aussi bien alors s’assurer qu’il jouera positivement. Cet effet s’exerce en médecine, comme il s’exerce en naturopathie ou en toute autre médecine alternative. Le praticien doit être conscient de ce phénomène et éviter de s’attribuer tous les mérites thérapeutiques. Le médecin placebo Dans une étude portant sur l’ulcère gastrique, un médicament s’est avéré efficace dans une proportion de 75% lorsqu’il était remis directement par le médecin aux patients. Le même médicament s’est avéré efficace dans seulement 25% des cas, lorsqu’il était remis aux patients par une infirmière. Peut-on imaginer quel aurait été l’efficacité de ce médicament, s’il avait été remis aux patients par le concierge d’une clinique médicale? Les travaux d’un médecin de Southhampton, le Dr K.B. Thomas, sont également très révélateurs. Dans le cas de 100 de ses patients, le Dr Thomas leur a donné un diagnostic précis et les a assurés avec chaleur qu’ils iraient bientôt mieux. Chez 100 autres de ses patients, le Dr Thomas s’était au contraire montré perplexe. Il leur avait recommandé de revenir le consulter dans quelques jours si leur état ne s’améliorait pas. Dans le premier cas, il nota 64% d’amélioration. Dans le second, le taux de succès n’était que de 39%. Une relation rassurante et affectivement intéressante entre le malade et son praticien peut favoriser tous les espoirs. 3 L’effet placebo déclenché par les médicaments Si l’on peut déclencher un effet thérapeutique en prescrivant un placebo, on peut le faire aussi en prescrivant un véritable médicament. La même situation existe si l’on recommande une vitamine, un minéral ou un supplément alimentaire. Dans la recherche portant sur les mérites des médicaments, on fait appel à la méthode des placebos. On donne, à des personnes atteintes d’un trouble de santé particulier, un placebo et à d’autres personnes une substance jugée médicamenteuse. Si le taux de succès remporté par le placebo est aussi grand que celui remporté par le médicament, il est clair que ce médicament n’a aucune valeur thérapeutique. En fait, il faut toujours déduire l’efficacité du placebo de celle du médicament pour établir l’efficacité réelle de ce dernier. Si un placebo présente un taux d’efficacité de 70% et que celle du médicament est de 72%, l’efficacité réelle de ce médicament n’est que de 2% seulement. Aussi bien dire que son efficacité est pratiquement nulle. Par contre, certains pourraient être tentés de commercialiser ce médicament, sachant qu’il pourrait apporter de bons résultats chez 72 personnes sur 100. Une situation trompeuse Lorsqu’on consulte certaines monographies portant sur les médicaments, on constate qu’on ne donne jamais le taux d’efficacité relié au placebo. On peut cependant indiquer le taux d’efficacité du médicament. Lorsque vient le temps de déterminer les effets secondaires engendrés par le médicament, on donne aussi ceux engendrés chez les gens ayant pris le placebo. Ce dernier peut en effet provoquer des effets secondaires. L’action des placebos n’est pas que positive. Comme les gens à qui on donne un placebo savent que les médicaments de synthèse sont tous plus ou moins toxiques, ils s’attendent à ce que le placebo qu’ils consomment (en fait, ils croient prendre le véritable médicament) engendre aussi des effets secondaires. Sauf que ces derniers ne peuvent pas être attribuables au placebo puisqu’il s’agit d’une substance totalement inerte. Par conséquent, il s’agit d’un effet placebo négatif. Seulement, le médicament peut aussi déclencher de tels effets placebo négatifs. Si, par exemple, un placebo donne des nausées chez 3% des personnes qui le consomment et que le médicament en donne 4%, il est 4 évident que le véritable méfait du médicament quant aux nausées, n’est que de 1%. Ce qui est peu. Dans les monographies portant sur les médicaments, on trouve par conséquent des tableaux montrant les effets secondaires du placebo et ceux du médicament. Dans ce cas, on ne se gène pas (et c’est correct ainsi) pour faire la soustraction qui s’impose. Le Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques, publié chaque année par l’Association pharmaceutique canadienne, utilise cette approche. Cependant, on ne mentionne jamais l’efficacité des placebos par rapport à celle d’un médicament. Il est donc impossible, dans les circonstances, de connaître la valeur thérapeutique réelle des médicaments. Par contre, on connaît la signification réelle des effets secondaires. Évidemment, l’Association pharmaceutique canadienne a intérêt à présenter les médicaments sous leur meilleur jour. Ce qu’on fait dans le cas des effets secondaires fâcheux découlant de l’utilisation des placebos, par rapport à ceux découlant des médicaments, devrait aussi être fait dans le cas des effets bénéfiques. Une utilisation moins rigoureuse de la notion de placebos Jadis, dans la recherche scientifique faisant appel à la méthode des placebos, on jouait le jeu très sérieusement. Les personnes impliquées dans une recherche ne savaient pas qu’elles pouvaient prendre un placebo. On leur laissait entendre qu’elles prenaient toujours le véritable médicament. De nos jours, par souci de transparence, on révèle à toutes les personnes impliquées dans une recherche, qu’elles peuvent prendre un placebo ou le médicament. Évidemment, personne ne sait sur laquelle des deux substances elle risque de tomber. Cependant, la personne sait au moins qu’elle a pratiquement 50% des chances qu’on lui donne un placebo et 50% des chances qu’on lui donne le véritable médicament. Cette façon de procéder vient brouiller quelque peu les cartes. La personne n’est plus convaincue à 100%, comme c’était jadis le cas, de recevoir le médicament. Sa foi au pouvoir thérapeutique du médicament est quelque peu réduite. En fait, cette personne se dit que si elle a la malchance de tomber sur le placebo, ses chances de guérir sont faibles. Elle espère donc se retrouver dans le groupe des personnes véritablement traitées par la bonne substance. 5 Théoriquement parlant, le patient doit toujours être inconscient du fait qu’il prend un placebo. Dans le cas présent, il n’en est inconscient qu’à 50%. À vouloir être trop transparent en matière de recherche scientifique, on risque aussi d’être moins rigoureux. Seulement, les chercheurs estiment devoir se soumettre à des normes déontologiques, ce qui se comprend également. Le journal La Presse a publié, il y a quelques années, un intéressant article intitulé Les vrais effets du faux remède. On peut y lire ceci : « … les contrôles effectués avec des placebos ne seraient pas parfaits. Selon une étude des chercheurs Seymour Fisher et Roger Greenberg, les sujets des groupes placebos ont une fâcheuse tendance à deviner la vraie nature de la substance consommée, qu’ils sont conscients d’avoir 50% de chances de recevoir, qui ne goûte pas le médicament et qui entraîne moins de sensations corporelles. Les chercheurs qu’on tente de tenir eux aussi dans l’ignorance, ne peuvent s’empêcher de manifester la même perspicacité lorsqu’ils observent leurs cobayes. » On ajoute, dans cet article, que ceci montre bien que l’effet des placebos n’est pas optimal, d’autant plus qu’on sait qu’ils fonctionnent au maximum lorsque médecin et patient sont tous deux convaincus de leur efficacité. On peut donc supposer que l’effet placebo est nettement plus marqué en pratique médicale que dans la recherche, lorsque le praticien prescrit un vrai médicament dans lequel le patient a pleinement confiance. Véritable signification de l’effet placebo L’effet placebo peut expliquer beaucoup de choses. Il peut permettre, par exemple, de comprendre le succès des charlatans. Il peut aussi expliquer pourquoi certaines approches, jugées inefficaces ou contraires au bon sens, semblent donner certains bons résultats. Comment, par exemple, expliquer que des médicaments toxiques puissent présenter une certaine efficacité, si ce n’est pas par l’effet placebo? Ces substances toxiques ne sont pas de véritables placebos. Il ne s’agit pas de substances inertes et inoffensives. Leur toxicité entraîne de véritables méfaits dans l’organisme. Cette question des placebos et de l’effet placebo, comme le souligne Schlemmer « jette une lumière si cruelle sur toute la thérapeutique courante que cela devrait la déconsidérer. » Jadis, en médecine, on faisait appel à des 6 médicaments qu’on ose même plus prescrire aujourd’hui. Si ces médicaments présentaient quelques bienfaits, on ne peut que les attribuer à l’effet placebo, puisqu’on ne leur trouve plus aucune vertus réelles aujourd’hui. Mais comment considérera-t-on dans quelques décennies les médicaments de synthèse qu’on prescrit aujourd’hui? Expliquera-t-on leurs « mérites » uniquement par l’effet placebo? Il existe un certain nombre d’hypothèses qui ont été mises de l’avant pour expliquer l’effet placebo. On a invoqué une notion de conditionnement. Tout comme le chien de Pavlov salivait dès qu’on lui présentait un signal associé à son repas, l’individu manifesterait des signes de guérison quand il croit qu’il va guérir. D’autres ont associé un mécanisme biologique à l’effet anti-douleur déclenché par le placebo. Il serait dû à la production d’endorphines générées par le placebo. On a cru que cette hypothèse était justifiée en donnant du naloxone aux personnes dont les douleurs étaient atténuées par un placebo. Le naloxone est une molécule qui inhibe les endorphines. Cependant, d’autres recherches ont éventuellement montré qu’en administrant du naloxone, présenté comme un analgésique, il devenait possible de faire diminuer les douleurs chez bon nombre de sujets. Les placebos et l’auto-guérison La question des placebos et de l’effet placebo pose beaucoup d’interrogations. On peut notamment se demander comment ceux-ci peuvent permettre l’obtention d’heureux résultats. On peut tenter une explication en invoquant la puissance de la foi. En effet, pour qu’un placebo apporte un bienfait quelconque, il faut d’abord y croire. Il faut, plus précisément, adhérer mentalement à l’idée qu’une action bénéfique puisse résulter de la consommation de cette substance. On dit souvent qu’il nous est fait selon notre foi. Il s’agirait de croire en quelque chose pour que celle-ci se réalise. Cette conception suppose qu’on soit en présence d’individus éclairés, conscients de leurs possibilités et capables d’actualiser leur foi. Or, l’effet placebo semble agir chez à peu près tout le monde, indépendamment du degré d’évolution de chacun. 7 Ce pourrait-il, par conséquent, que l’explication des bienfaits de l’effet placebo soit plus simple? L’approche HYGIONOMISTE® met de l’avant une explication simple, basée sur le pouvoir auto-guérisseur. Lorsqu’un malade adhère à l’idée qu’il peut guérir, en consommant une substance qu’il croit efficace, le stress et l’anxiété reliés à sa maladie s’atténuent considérablement. Dans ces circonstances, son pouvoir autoguérisseur a beaucoup plus de chances de s’actualiser. La peur et l’angoisse déclenchées par sa maladie lui font perdre de précieuses énergies nerveuses. Lorsqu’elles disparaissent, son pouvoir auto-guérisseur peut se servir des énergies ainsi récupérées pour se mettre en branle. Le placebo serait donc rien d’autre qu’une occasion fournie à l’organisme de déclencher le pouvoir auto-guérisseur. Comme ce pouvoir est puissant, il n’est pas étonnant alors que la guérison se produise. En fait, les malades sont faits pour guérir. Ils n’ont besoin que d’être plongés dans des conditions pouvant déclencher leur guérison. Le placebo, en supprimant l’anxiété, la peur, l’angoisse et la crainte de la maladie, redonne confiance. Le malade échappe alors à d’inutiles dépenses énergétiques et peut utiliser l’énergie ainsi récupérée pour réaliser sa guérison. Le placebo n’aurait donc rien de mystérieux. Il ne ferait que rassurer le malade et lui offrir la possibilité d’utiliser ce pouvoir inhérent qui permet à la matière vivante de se guérir. Il n’y a rien de plus rassurant, de plus apaisant et de plus « déstressant » que d’adhérer à l’idée qu’on puisse guérir. Le placebo et l’effet placebo constitueraient donc un puissant moyen de stopper les facteurs qui inhibent le pouvoir auto-guérisseur. 8