Lecture de la première lettre de saint Jean (3,18

Transcription

Lecture de la première lettre de saint Jean (3,18
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Lecture de la première lettre de saint Jean (3,18-24)
Petits enfants,
n’aimons pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité.
Voilà comment nous reconnaîtrons
que nous appartenons à la vérité,
et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
car si notre cœur nous accuse,
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses.
Bien-aimés,
si notre cœur ne nous accuse pas,
nous avons de l’assurance devant Dieu.
Quoi que nous demandions à Dieu,
nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements,
et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
Or, voici son commandement :
mettre notre foi
dans le nom de son Fils Jésus Christ,
et nous aimer les uns les autres
comme il nous l’a commandé.
Celui qui garde ses commandements
demeure en Dieu,
et Dieu en lui ;
et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous,
puisqu’il nous a donné part à son Esprit.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (15,1-8)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
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et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »
HOMELIE
Si j'avais une chose à retenir de l'évangile aujourd'hui, ce serait ceci:
nous ne sommes pas à côté du Christ, nous sommes en Christ.
"Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments".
Corps à corps: pas de vigne sans sarments, pas de sarments sans vigne.
Nous sommes en Christ, Christ est en nous, Christ demeure en nous.
Qu'avons-nous à faire?
Rien! Laissons-nous simplement irriguer par la sève de son Esprit.
Vivons, nous aussi, de la sève de son amour.
Aimons, "non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité".
Aimer, simplement, c'est vivre en Christ, le laisser vivre en nous.
Non pas à côté de nous, mais en nous:
"Demeurez en moi, et moi en vous".
Voilà, tout est dit.
Tout, sauf que nous ne comprenons pas toujours ce que signifie le mot "aimer".
Soyons francs: il y a ceux que nous aimons, et ceux que nous n'arrivons pas à aimer.
Il y a ceux pour qui j'éprouve amour, amitié, attirance… ceux pour qui je n'éprouve
aucun sentiment, avec qui je n'ai pas d'atomes crochus, et d'autres encore qui,
carrément, me hérissent le poil.
Est-ce à dire que ceux-là, je ne peux pas les "aimer"?
La langue française, pourtant si riche, ne fait hélas pas de distinction entre l'amour
de cœur et l'amour de charité.
L'amour de cœur, c'est tout ce qui relève du sentiment, de l'affectivité.
C'est cette mystérieuse alchimie qui fait que nous nous sentons plus ou moins
proches des personnes que nous rencontrons.
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Sympathie, amitié, affection, attirance… nous serions bien incapables d'en exprimer
le pourquoi, même si nous savons en dire le comment.
Mais l'amour de charité, c'est un peu autre chose.
Et c'est précisément ce dont il est question dans le commandement d'amour que
nous a donné le Christ: "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" 1.
L'amour de charité ne relève pas des sentiments ou de l'affectivité.
L'amour de charité relève des actes que nous posons envers tous ceux que nous
rencontrons, quels que soient les sentiments que nous éprouvons à leur égard: "Et
moi je vous dis: aimez vos ennemis" 2
L'amour de charité, c'est un amour désintéressé à la manière du Christ: "comme je
vous ai aimés".
Demeurer dans le Christ, et le laisser demeurer en nous, nous laisser irriguer par son
amour, c'est tout simplement donner notre vie comme lui a donné sa vie pour nous.
Donner sa vie, c'est d'abord partager.
Rien de ce qui est à moi n'est vraiment à moi.
Mais jusqu'où suis-je prêt à partager?
Seigneur, coupe en moi le sarment sec de l'égoïsme !
Donner sa vie, c'est se donner.
Donner à l'autre –même à celui que je n'aime pas- lui donner la première place dans
ma propre vie.
M'oublier moi-même pour l'entendre et l'accueillir.
Mais jusqu'où suis-je prêt à me donner?
Seigneur, coupe en moi le sarment sec de l'orgueil !
Donner sa vie, c'est pardonner.
Aller au-delà des blessures que d'autres –même ceux que n'aime pas- peuvent me
faire.
Et accepter qu'ils me pardonnent les blessures que j'ai pu leur faire.
Seigneur, coupe en moi le sarment sec de la dureté de cœur !
Nous ne sommes pas à côté du Christ, nous sommes en Christ.
Mais lui seul peut nous aider à aimer, à donner, à nous donner, à pardonner.
Pour que grandissent en nous des fruits de justice et de paix !
1Jean 13,34
2Matthieu 5,44