L`IPO de SPIE insuffle un nouvel élan à la Bourse de Paris

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L`IPO de SPIE insuffle un nouvel élan à la Bourse de Paris
INDUSTRIE – SERVICES TECHNIQUES
L’IPO de SPIE insuffle un nouvel élan
à la Bourse de Paris
En juin dernier, le groupe d’ingénierie SPIE a réalisé sur Euronext Paris
une introduction en bourse record
portant sur un montant maximum
d’environ 1 milliard d’euros, et
incluant une augmentation de
capital de 700 millions d’euros
(LJA n°A1212). Soit la plus importante levée de fonds à Paris depuis
celle de Bureau Veritas en 2007.
Et avant celle d’Amundi, prévue
mi-novembre.
Quatre questions à Pascal Colbatzky,
directeur juridique de SPIE, et Thomas
Le Vert, associé chez White & Case,
conseil de SPIE
© BENJAMIN BOCCAS
INDUSTRIE – SERVICES TECHNIQUES
LJA MAGAZINE - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2015
De gauche à droite : Pascal Colbatzky, directeur juridique de SPIE, et Thomas
Le Vert, associé de White & Case
Quelle a été la principale particularité de cette IPO ?
Pascal Colbatzky : Ce qui la caractérise, c’est le poids de
l’actionnariat salariés/management au sein de l’entreprise : plus
de 20 % du capital de SPIE est en effet détenu par les quelque
400 managers et 15 000 salariés du groupe. Il a donc fallu structurer l’opération de telle manière que tous puissent bénéficier
d’une option de sortie partielle à l’occasion de l’introduction en
bourse. Il a finalement été choisi de permettre aux salariés de
céder jusqu’à 25E% de leur participation.
Pourquoi l’introduction en bourse, initialement prévue en 2014,
a-t-elle été reportée ?
Pascal Colbatzky : Cela tient au fait que nous avons été
confrontés à l’une des plus mauvaises fenêtres du marché… À
ce moment-là, l’environnement économique a subi une brusque
dégradation et le marché des IPO est devenu très volatil. Les
investisseurs se sont retirés et nous avons décidé de stopper net
l’opération pour attendre une période plus favorable.
Thomas Le Vert : Ce qui est intéressant, c’est qu’en présentant
exactement la même equity story huit mois plus tard aux mêmes
investisseurs, l’IPO a été sursouscrite plusieurs fois. Tout est
histoire de fenêtres de marché qui s’ouvrent et se referment.
Quels ont été les aspects les plus complexes à gérer pour les
avocats ?
Thomas Le Vert : Cela a été un concentré de tous les challenges. Il nous a fallu coordonner à la fois le débouclage du
management package permettant aux dirigeants de monétiser
une partie de leur participation, l’option de sortie donnée aux
24
Le magazine
salariés actionnaires par le biais d’un FCPE, le refinancement
intégral du groupe au moment de l’IPO, ainsi que la restructuration de l’organigramme juridique car toutes les holdings ont
été regroupées dans une seule société cotée, SPIE SA. Par
ailleurs, nous avons utilisé la disposition prévue par la réforme
de l’AMF début 2015 qui permet de garder confidentielle une
partie de la procédure en amont afin de limiter au maximum
l’exposition au marché en termes de durée.
L’opération a également été marquée par la décision d’un des
principaux actionnaires du groupe, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), de se renforcer au capital via un
ordre de 100 millions d’euros dans le cadre du placement. Cela
a donné un signal favorable aux autres investisseurs et contribué à la réussite de l’opérationE ; cela a néanmoins conduit
à aménager certains aspects de la gouvernance afin d’offrir à
CDPQ une représentation adéquate au sein du groupe.
Quel regard portez-vous sur les tendances actuelles du marché en France ?
Thomas Le Vert : Si nous retournons à un marché un peu plus
chahuté, notamment avec la chute de la bourse chinoise et la
possibilité que la FED augmente ses taux d’intérêt d’ici la fin
de l’année, les prochaines IPO des sociétés de technologies
Showroomprivé et Deezer démontrent que le marché est toujours ouvert, et pas seulement pour les sociétés industrielles.
C’est un bon signal pour la place de Paris.
Chloé Enkaoua

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