Homélie messe chrismale 2015

Transcription

Homélie messe chrismale 2015
HOMELIE POUR LA MESSE CHRISMALE
Avril 2015
Frères et sœurs,
Voilà la dixième messe chrismale que nous célébrons ensemble. Et je ne peux pas ne pas
commencer par une action de grâce. Je viens d’achever la visite pastorale des paroisses et j’ai pu
mesurer combien au cours de ces dix ans la grâce de Dieu a permis à notre Eglise de faire face
aux changements de notre société et combien elle est vivante et combien , courageusement,
malgré la pauvreté des moyens elle garde le cap de sa mission d’annoncer l’Evangile, d’accueillir
et servir les pauvres et de célébrer son Seigneur. Certes, il reste beaucoup à faire et il nous faut
chercher ensemble comment continuer sur ce chemin après 2017 où nous serons au terme de
notre projet synodal.
Les équipes missionnaires de proximité se sont développées et dans plusieurs endroits elles sont
devenues de véritables fraternités évangéliques où l’on partage la Parole de Dieu, où l’on prie et
où l’on soutient la communauté locale dans sa vie chrétienne.
Presque partout les équipes d’animation pastorale ont trouvé leur rythme de travail et permettent
aux prêtres de porter leur charge de façon moins solitaire.
Les conseils des affaires économiques – qui doivent encore se comprendre mieux dans leur
rapport au diocèse (la paroisse c’est le diocèse en un lieu mais le diocèse c’est la communion, y
compris matérielle, de toutes les paroisses) - font un excellent travail et sont souvent à la peine
devant les contraintes administratives de plus en plus lourdes et de nos ressources très limitées.
Les territoires, petit à petit, deviennent des lieux de partage et de concertation pour les prêtres,
des espaces de travail en commun pour les services paroissiaux, des lieux de déploiement de la
pastorale transversale : celles de la santé, des jeunes, du tourisme...
On pourrait penser qu’il s’agit là de simple organisation voire de logistique. Mais ces moyens sont
ceux de la mission pourvu qu’ils soient mis en œuvre dans l’écoute de la Parole de Dieu, la prière
et la charité. Si l’on perd de vue la mission, le fameux « M » des EMP il ne reste en effet qu’une
administration sèche et sans nécessité.
En septembre je vous écrirai une lettre pour vous rendre compte des visites pastorales et pour
vous consulter sur l’avenir. Il faut en effet que d’ici 2017 nous nous soyons donné les moyens
pour l’avenir.
Lors de notre baptême le Seigneur nous a appelés pour nous envoyer en mission. L’Esprit du
Seigneur est venu sur nous, nous avons été incorporés à l’Eglise, Corps du Christ, nous avons
été configurés au Christ par la confirmation, nous lui sommes toujours plus unis par l’eucharistie.
Notre mission c’est donc de continuer celle du Christ. Nous sommes porteurs d’une Bonne
Nouvelle, inédite pour beaucoup de nos contemporains et pourtant attendue au plus profond
d’eux-mêmes : il y a un Dieu, il nous a fait car il nous aime, il est venu partager notre condition
humaine, il a vaincu notre mort, il nous a communiqué sa vie et veut nous rassembler, dès
maintenant, dans une fraternité ouverte à tous dont il est la source pour un bonheur que rien ne
pourra détruire.
Cette mission, frères prêtres, nous en sommes les serviteurs et vous allez dans un instant
renouveler votre engagement à ce service à la suite du « Christ, notre chef et notre pasteur, avec
désintéressement et charité ». Cette année encore je veux vous dire mon admiration et celle des
fidèles laïcs devant votre détermination courageuse à vivre ce ministère de plus en plus lourd. Je
sais combien l’engagement des laïcs, l’indéfectible labeur de nos frères diacres vous soutient. Pour
beaucoup d’entre nous, nous sommes arrivés à ce moment de la vie où les illusions se sont
estompées et d’abord les illusions sur nous-mêmes. Je suis sûr que tous nous mesurons combien
la grâce de Dieu, sa miséricorde, son amour plus fort que nos péchés est le socle de notre vie.
Mais combien aussi l’amour du Christ pour ce peuple auquel nous sommes envoyés dans ce pays
d’Aude nous porte pour annoncer sa Parole, célébrer ses sacrements, garder son peuple dans
l’unité.
Frères prêtres, frères diacres, vous le savez nous vivons une épreuve. Nous avons répondu de
toute notre vie à l’appel du Seigneur pour servir l’Eglise et le monde et nous ne voyons pas de
relève. Un seul homme se prépare au diaconat quand notre fraternité diaconale est durement
touchée par l’âge et par la maladie. Aucun séminariste ne s’annonce. Certes, Dieu veut sans doute
nous dire quelque chose par cette épreuve et il faut chercher à l’entendre. Notre service diocésain
des vocations ne faiblit pas pour éveiller à l’appel de Dieu et interpeller aux ministères ordonnés.
Mais est-ce que les communautés paroissiales, est-ce que les divers services, est-ce que les familles
chrétiennes s’en préoccupent vraiment ? Chaque année de jeunes confirmands me disent leur
interrogation sur la possibilité d’être prêtres, que deviennent-ils ?
C’est l’occasion de remercier nos frères prêtres « venus d’ailleurs », d’Afrique surtout. Grâce à
vous nous recevons un air jeune, neuf, et votre présence montre bien l’universalité de l’Eglise
dans la communion des Eglises locales.
Mais c’est aussi l’apport des religieux prêtres que je veux saluer. Vous êtes un signe parmi nous et
votre présence nous est précieuse. Non seulement parce qu’elle nous aide à tenir le territoire mais
parce qu’elle nous ouvre à une autre dimension.
La vie consacrée est une grâce pour nous. Contemplatifs de nos six monastères, nombreuses
communautés apostoliques présentes dans tout le diocèse, vous êtes Bonne Nouvelle, prophétie,
espérance pour tout le diocèse selon la devise de cette année qui vous est consacrée. C’est
toujours pour nous une souffrance de voir se fermer une de vos communautés. Et là aussi je
m’interroge : chaque année ou presque une jeune fille préparant sa confirmation m’écrit son
projet de vie consacrée, pourquoi ces projets n’arrivent-ils jamais à terme ?
L’oracle d’Isaïe et l’Evangile nous présentent la mission qui est de révéler et d’accomplir le projet
de Dieu : un projet de miséricorde et de libération. Le 8 décembre prochain s’ouvrira l’année
sainte jubilaire voulue par le Saint Père pour les cinquante ans de la clôture concile Vatican II.
Elle sera consacrée à la miséricorde. Cette miséricorde de Dieu qui dès l’origine nous appelle à
vivre de son amour, son bouleversement devant notre péché et devant les foules à l’abandon
«comme des brebis sans berger », c’est en Jésus-Christ que nous l’expérimentons pleinement,
dans l’Incarnation du Fils Unique et dans son Mystère pascal que nous apprêtons à célébrer.
Nous avons eu l’occasion, à l’appel du pape, d’y réfléchir à propos de la famille, nous avons
contribué à la réflexion des Pères synodaux et le 14 juillet prochain, en diocèse, à Lourdes, nous
porterons les familles dans notre prière et notre action de grâce.
La miséricorde c’est la mission de l’Eglise. Elle passe par la réception des sacrements et elle se
manifeste dans les œuvres de miséricorde. La tradition en comptait sept : vêtir ceux qui sont nus,
nourrir les affamés, désaltérer les assoiffés, soigner les malades, visiter les prisonniers, accueillir
les étrangers, ensevelir les morts. Mais on pourrait en ajouter bien d’autres : instruire les
ignorants, établir la paix….
Vivre le jubilé, « cette année annoncée par le Seigneur », c’est mettre en œuvre ces œuvres de
miséricorde chacun selon nos moyens. Des propositions seront faites qui, bien sûr, incluront le
sacrement de la réconciliation et les pèlerinages car il s’agit aussi de nous confier à la miséricorde
de Dieu.
Dans un instant je vais bénir l’huile des malades qui manifeste le pardon des péchés et relève ceux
qui souffrent. Puis je bénirai l’huile des catéchumènes qui leur donnera la force pour lutter contre
le Mal et avancer, avec la prière de l’Eglise, vers l’initiation chrétienne. Puis, avec les prêtres, nous
consacrerons l’huile de joie, celle qui fait des initiés « les prêtres du Seigneur », et Isaïe nous dit
qu’elle est donnée à la place du deuil comme signe de cette miséricorde que nous avons à
proclamer. Mettons-nous donc à l’écoute du Seigneur qui agit et nous parle dans la liturgie.
+Alain PLANET

Documents pareils