Quelques rappels sur la notion de sécheresse Bilan de l
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Quelques rappels sur la notion de sécheresse Bilan de l
Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines Quelques rappels sur la notion de sécheresse Bilan de l’année hydrologique Une sécheresse se définit comme un déficit en pluie, conjoncturel, significatif, pendant une période assez longue (saison, année, voire plusieurs années) par rapport à une moyenne. Ce déficit concerne une étendue assez vaste. L’année moyenne n’est qu’un concept statistique. L’habitude qui consiste à qualifier de « normale » cette moyenne de référence suggère à tort, que toute situation qui s’en écarte serait « anormale ». Les sécheresse font partie de la variabilité du climat et ne constituent des situations exceptionnelles qu’en cas de sévérité, de durée ou d’étendue extrêmes. Les climats tempérés sont précisément caractérisés par une variabilité assez forte. Les sécheresses peuvent être ressenties différemment selon leurs conséquences socioéconomiques, notamment sur l’agriculture (« sécheresse agricole »), sur les approvisionnements en eau ou sur la production électrique. Il ne faut pas pour autant confondre « sécheresse » et « pénurie » qui désigne une inadéquation de l’offre et de la demande entraînant une insatisfaction des usagers et une impression de « manque d’eau ». Un cours d’eau est assimilable à un flux : un cours d’eau qui baisse s’assèche. Une nappe est assimilable à un flux assorti d’un stock : une nappe qui baisse ne s’assèche pas (au moins en climat tempéré) et conserve un stock, parfois important. Ce stock garantit la capacité régulatrice des nappes libres qui assurent le débit des cours d’eau hors période de pluie. Indirectement les nappes atténuent les effets de la sécheresse à travers le régime des cours d’eau. En termes de ressources, une gestion plus précise des eaux souterraines permettrait de mieux mettre à profit le potentiel régulateur des nappes notamment –et sous certaines conditions- à travers une surexploitation temporaire. Pour bien comprendre l’état de remplissage des nappes et leur évolution au cours de la période dite de « sécheresse 2005 » il faut : 1. se remémorer les années antérieures dont les plus grandes nappes ont gardé la marque. 2. retenir que la recharge des nappes se fait essentiellement à l’automne et, dans une moindre mesure, au début du printemps qui correspondent à la période d’arrêt ou de moindre croissance de la végétation. Toutes les nappes ne présentent pas la même « sensibilité » à la sécheresse : − Les moins sensibles sont principalement les nappes captives (qui ne sont pas directement alimentées par les précipitations) et les nappes de faible étendue dont les niveaux sont soutenus par des plans d’eau ou des cours d’eau. (ex. la nappe de la plaine d’Alsace) BRGM – Service Eau 1 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines − Les plus sensibles sont les nappes libres alimentées par les précipitations et de faible réserve (aquifères minces et peu capacitifs). Leur recharge est comparable d’une année sur l’autre. Elles présentent des fluctuations dites « annuelles » − Les nappes libres de grande extension, puissantes, peu drainées par les cours d’eau sont sensibles à des sécheresses pluriannuelles. Leur fluctuation suit des cycles pluriannuels. (Nappe de Beauce, nappes de la craie). Les karsts étendus, à ample zone noyée, débitant par débordement (Vaucluse) sont de ce type. Ce sont, en définitive les plus petites nappes, superficielles et peu profondes, qui sont les plus sensibles à la sécheresse. Rappel des années antérieures L’année civile 2002 a été dans son ensemble plus arrosée que la moyenne. Elle a été fortement marquée par l’épisode pluvieux du 8 et 9 septembre dans le Gard. Si bien qu’en fin d’année la recharge automnale des nappes était satisfaisante même si elle partait d’une situation de fin d’étiage très disparate. (Source : Bulletin n°67 – Situation hydrologique – Bilan annuel 2002) Pluie efficace 1er septembre 2002 – 31 août 2003 Source MEDD/DE à partir des données Météo France BRGM – Service Eau Situation des nappes au 1er septembre 2003 Source BRGM 2 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines L’année civile 2003 a été, dans son ensemble, nettement moins arrosée que la moyenne. Elle a été caractérisée par une longue période de sécheresse estivale, particulièrement marquée dans le sud-est, et par des épisodes pluvieux d’automne exceptionnels en Languedoc-Roussillon et en vallée du Rhône. A l’automne, la quantité d’eau disponible pour l’écoulement et la recharge des nappes a été inférieure à la normale dans la moitié nord et supérieure à la normale dans le sud-est. En fin d’année, certains aquifères affichaient encore des niveaux inférieurs à la normale, en particulier à l’est du bassin de Paris. La baisse, d’une exceptionnelle durée, se poursuivait en début d’année 2004 pour les nappes à grande inertie. (Source : Bulletin n°68 – Situation hydrologique – Bilan annuel 2003) Pluie efficace 1er septembre 2003 – 31 août 2004 Situation des nappes au 1er septembre 2004 Source MEDD/DE à partir des données Météo France Source BRGM Voir légendes ci-dessus L’année civile 2004 a été, dans son ensemble, sensiblement moins arrosée que la moyenne particulièrement en région PACA et, à un degré moindre, en Poitou-Charentes et en Aquitaine. Elle faisait suite à un automne 2003 contrasté (nettement déficitaire dans le nord mais très humide dans le Sud-Est). (Extrait du Bulletin n°69 – situation hydrologique - bilan annuel 2004) L’année hydrologique 2004/2005 Après un mois d’octobre 2004 humide, surtout dans l’Est, les mois de novembre et décembre 2004 ont été plutôt secs. Cette période habituelle de recharge des nappes a été très nettement déficitaire sauf dans le Centre-Est et en Corse. L’hiver 2005 a été particulièrement sec dans le sud-est où l’on pouvait constater un déficit pluviométrique cumulé pouvant dépasser 80% de la normale, et dans l’ouest où il dépassait 50%. Si bien que la baisse des nappes s’est engagée très précocement. BRGM – Service Eau 3 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines Précipitations efficaces 2004- 2005 Source : MEDD/DE à partir des données de météo France Il faut attendre avril pour noter des pluies abondantes mais surtout concentrées dans l’Est le Centre-Ouest et le Sud-Est restant déficitaires (sauf la vallée du Rhône)-. Ces précipitations n’ont eu que peu d’influence sur les nappes à part dans le Centre-Est. Précipitations au printemps 2005 Source : MEDD/DE à partir des données de météo France En été, si le mois de juillet s’est avéré humide dans le Nord mais toujours sec au Sud, en revanche le mois d’août a été majoritairement sec sauf en Corse, Rhône-Alpes, MidiPyrénées, etc. Alliées à des températures généralement clémentes les précipitations sont venues au bon moment, dans plusieurs régions, pour les cultures d’été qui, comme le maïs, supportent très mal toute restriction de l’alimentation en eau durant la période de floraison en BRGM – Service Eau 4 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines juillet précisément. Les pluies ont permis, indirectement, de soulager certaines grandes nappes qui n’ont pas eu à subir de prélèvements excessifs et ont baissé de manière moins marquée qu’à l’accoutumée. Précipitations à l’été 2005 Source : MEDD/DE à partir des données de météo France Au 1er septembre la plupart des nappes sont largement en baisse et certaines avoisinent leur plus bas niveau de l’année. Seules les nappes à forte inertie continueront leur baisse jusqu’en fin d’année ou plus. Toutefois si l’automne s’avérait particulièrement déficitaire en pluie, la baisse pourrait se poursuivre de manière préoccupante pour 2006. BRGM – Service Eau 5 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines L’année civile 2005, à fin août s’est avérée nettement déficitaire particulièrement dans le sud-est et le long d’une large frange atlantique. Le Centre-Est et la Corse sont globalement dans une situation pluviométrique voisine de la normale. Précipitations cumulée au cours de l’année hydrologique 2004-2005 Source : MEDD/DE à partir des données de météo France Les récentes pluies de début septembre ont permis d’améliorer l’état d’humidité des sols et la recharge des nappes dans un large quart sud-est. En revanche les Pays-de-la-Loire, le Poitou-Charentes et l’ouest de la région Centre étaient toujours en attente de pluies substantielles. Il faudra un cumul de précipitations entre l’automne 2005 et l’hiver 2006 supérieur à la normale pour voir les nappes se reconstituer selon des niveaux plus habituels, sans oublier que ces pluies vont devoir saturer les sols avant qu’une infiltration durable ne contribue à la recharge des nappes. BRGM – Service Eau 6 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines QUELQUES GRANDES SÉCHERESSES PASSÉES Si 1976 et 2003 ont marqué les esprits, 1976 par son « impôt sécheresse » et 2003 par la « canicule » et ses conséquences tragiques, de nombreuses autres périodes de sécheresse se sont produites. En général, les sécheresses estivales n’ont que peu d’impact sur le niveau des nappes. Ce fut le cas en 1986 par exemple. Par contre, des années consécutives présentant chacune un déficit modéré en pluies, et accompagnées de recharges hivernales insuffisantes, peuvent avoir des impacts importants sur les eaux souterraines, parfois bien supérieurs à ceux provoqués par une sécheresse caractérisée. Ce fut notamment le cas de la période 1989 -1992 (printemps). 1976 : La période se caractérise par une très longue période sèche de décembre 1975 à août 1976. L’absence de précipitations efficaces en hiver a fortement affecté les nappes (sécheresse " hydrologique "), surtout dans la moitié nord de la France. 1985-1986 : Ce sont essentiellement des sécheresses de fin d'été, surtout dans la moitié sud, qui ont affecté les sols. Elles sont par conséquent peu marquées dans l’historique des niveaux de nappes, sauf pour les régions où un déficit de recharge était déjà constaté à l'automne 1985. 1989-1992 (printemps): Années déficitaires consécutives, recharges hivernales souvent insuffisantes et sécheresses estivales intéressant des régions variées. --> 1992 a été marqué par une très forte sécheresse hydrologique (bien souvent plus importante qu’en 1976) mais qui a peu frappé la mémoire collective car masquée par un été particulièrement humide qui a même provoqué dans le sud-ouest des recharges estivales de nappes. 2003 : la période de mars à août 2003 se présente comme une longue sécheresse de printemps et d’été pendant laquelle les eaux souterraines semi-profondes ne subissent pas d’impact important. Eléments de comparaison – 1976 / 2005 Quelques éléments d'appréciation des années hydrologiques 1975/1976 et 2004/2005 : − 1976 concernait essentiellement la moitié nord de la France. Le Sud et surtout le SudOuest étaient en situations normales voire excédentaires; − 2005 concerne essentiellement le Sud-Est (surtout à l’ouest du Rhône) et une large frange ouest partant du sud de la Bretagne. Le Centre-Est n'est pas concerné. 1976 et 2005 sont caractérisées par un automne sec mais .... − en 1976 la sécherese débute en décembre, elle est très accentuée en fin de printemps et suivie d'un été particulièrement chaud et sec − 2005 est beaucoup plus mitigée (sauf dans le sud-est). Le déficit pluviométrique est très important dès novembre (voire octobre). La recharge automnale est nulle à faible avec des niveaux en début d’hiver inférieurs à ceux observés en 1976 là où la comparaison a pu être faite. Printemps et été furent moins chauds et plus humides sauf dans le sud-est et la frange ouest. BRGM – Service Eau 7 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines Quelques exemples d’évolution de nappes La nappe de Beauce avait bénéficié d’une recharge cumulée importante pendant la période 1999-2001. Elle avait retrouvé ses plus hauts niveaux connus depuis trente ans. Elle est maintenant en baisse constante depuis 2003. Néanmoins elle affiche un niveau encore voisin de la « normale » et peut encore supporter deux années de déficit hydrique avant d’être en situation « de crise », ou du moins en situation « historiquement basse ». A noter que la baisse estivale 2005 a été moins prononcée qu’à l’habitude en raison de moindres prélèvements pour l’irrigation. Les précipitations estivales se sont produites au moment de la croissance des cultures. maximum moye nne minimum 103 m janv mars mai 2006 103 2004 104 m 2002 104 2000 105 m 1998 105 1996 106 m 1994 106 1992 107 m 1990 108 m 107 1988 108 1986 109 m 1984 110 m 109 1982 110 1980 111 m 1978 111 1976 Moyenne pondérée Indicateur de situation générale de la nappe de la Beauce 1 976 2 005 juil se pt nov Source : DIREN Centre BRGM – Service Eau 8 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines BATILLY-EN-GATINAIS (03287X0018) Calcaire de Beauce Centre -26 m janv mars mai 2006 -26 2004 -24 m 2002 -24 2000 -22 m 1998 -22 1996 -20 m 1994 -20 1992 -18 m 1990 -18 1988 -16 m 1986 -16 1984 -14 m 1982 -14 1980 -12 m 1978 -12 1976 Profondeur en m/sol maximum moyenne minimum 2 005 1 976 juil se pt nov Source : BRGM, DIREN Centre La nappe des calcaires de Champigny (en Brie) présente une évolution « cyclique » comparable, mais les recharges à l’automne 2002 et encore plus à l’automne 2003 ayant été très faibles, elle baisse depuis le printemps 2002 sans réelles compensations. Elle rejoint son évolution de 1976 et si la saison hivernale s’avère encore déficitaire, elle pourrait dépasser ses plus bas niveaux enregistrés ces 30 dernières années (1992). ST-MARTIN-DE-CHENNETRON (02603X0009) Calcaire de Champigny 2006 2004 -30 m janv mars mai 2002 -30 2000 -25 m 1998 -25 1996 -20 m 1994 -20 1992 -15 m 1990 -15 1988 -10 m 1986 -10 1984 -5 m 1982 -5 1980 0m 1978 0 1976 Profondeur en m/sol Ile-de-France maximum moyenne minimum 2 005 1 976 juil se pt nov Source : BRGM Ile-de-France L’important déficit de recharge automnale de la nappe de la craie, beaucoup plus marqué qu’en 1976, a été en partie pallié par les précipitations de printemps (avril) suivies de périodes relativement humides donc moins propices aux prélèvements qu’en 1976. FRESNES-LES-REIMS (01086X0011) Craie Champagne-Ardenne 2006 2004 2002 2000 -30 m janv mars mai 1998 -30 1996 -25 m 1994 -25 1992 -20 m 1990 -20 1988 -15 m 1986 -15 1984 -10 m 1982 -10 1980 -5 m 1978 -5 1976 Profondeur en m/sol maximum moye nne minimum 2 005 1 976 juil se pt nov Source : BRGM Champagne-Ardenne BRGM – Service Eau 9 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines maximum moyenne minimum TINCQUES TINCQUES (00254X0003) Craie 2006 2004 2002 2000 1998 1996 -20 m janv mars mai 1994 -20 1992 -16 m 1990 -16 1988 -12 m 1986 -12 1984 -8 m 1982 -8 1980 -4 m 1978 -4 1976 Profondeur en m/sol Nord-Pas-de-Calais 2 005 1 976 juil se pt nov Source : BRGM Nord-Pas de Calais Les nappes karstiques du sud de la France, sont beaucoup plus réactives et les évolutions pluri-annuelles sont plus estompées même sur des nappes aussi importantes que celle du Vaucluse ou, à un degré moindre, du pli ouest de Montpellier. A Montpellier, la nappe a atteint ses plus bas niveaux depuis 29 ans mais les très fortes précipitations du 6 septembre ont permis un retour proche d’un niveau moyen de fin d’étiage. ST-JEAN-DE-VEDAS (09907X0321) Jurassique Languedoc-Roussillon 2004 -15 m janv mars mai 2002 -15 2000 -14 m 1998 -14 1996 -13 m 1994 -13 1992 -12 m 1990 -12 1988 -11 m 1986 -11 1984 -10 m 1982 -10 1980 -9 m 1978 -9 1976 Profondeur en m/sol maximum moyenne minimum 2 005 1 976 juil se pt nov Source : BRGM Languedoc-Roussillon La Fontaine de Vaucluse affiche ses plus bas débits depuis 1966 : 4.76 m3/s en août (débit journalier : 4.46 m3/s le 31 août 2005). En 1976, il était de 7.46 m3/s proche du débit moyen qui est de 9.2 m3/s pour un mois d’août. Mais 1976 n’était pas une année de sécheresse pour le sud de la France. FONTAINE DE VAUCLUSE (09672X0038) Urgonien Provence-Alpes-Côte d'Azur 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 2 005 1 976 2006 2004 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 1978 0 1976 3 Débit en m /s maximum moyenne minimum 0 janv mars mai juil se pt nov Source : Banque Hydro V6155010 BRGM – Service Eau 10 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines Qu’est-ce-qu’une sécheresse en France Pourquoi une sécheresse estivale n’accentue pas forcément la baisse des nappes ? En règle générale il n’y a plus de recharge de mai à septembre : la nappe baisse en suivant sa courbe de décroissance. Une nappe qui n’est plus rechargée s’écoule par gravité (nappes de plateaux par exemple) vers les points plus bas que sont les vallées, en suivant une courbe d’évolution qui s’amortit dans le temps, invariable d’une année sur l’autre, et caractéristique du bassin considéré. La partie supérieure de la nappe est en général suffisamment profonde pour qu’il n’y ait pas de reprise d’eau par les plantes ou par l’atmosphère, quelle que soit la température de l’air. Que l’air soit chaud et sec ne changera donc plus rien à la baisse de la nappe qui suit un rythme interne au sous-sol. En supposant qu’il n’y ait pas de pompage on peut, dès le mois de mai, prévoir (simuler) avec précision ce que sera son niveau en septembre ; une nappe légèrement déficitaire comparativement aux données historiques de tous les mois de mai, évolue généralement en une nappe légèrement déficitaire par rapport à toutes les données historiques de septembre. Si la sécheresse du sol survient à une période de croissance ou de floraison des cultures, le besoin important en eau peut occasionner des pompages qui provoquent une baisse de nappe : c’est une baisse artificielle de nappe, consécutive à une sécheresse superficielle naturelle. En l’absence de recharge et de pompage, plus une nappe est basse moins vite elle baisse. En effet, son niveau baisse selon une loi exponentiellement décroissante. En début de courbe de décroissance, la baisse est rapide. En fin de courbe, c’est-à-dire lorsque le niveau est plus bas, la baisse est lente. Quelles sont les conséquences d’une baisse de nappe ? Les nappes en France contiennent des réserves considérables. On évalue à 2000 milliards de mètres cubes le stock théoriquement mobilisable. On prélève annuellement 7 milliards de mètres cubes non restitués aux nappes. Pour les nappes de faible profondeur (moins de 300 mètres environ) ce stock se renouvelle au rythme des pluies qui les rechargent, et des écoulements gravitaires vers les vallées. Ce renouvellement est de l’ordre de 100 milliards de mètres cubes par an. Certaines nappes renouvellent leur eau plus vite que d’autres. L’ "horloge hydrologique" des nappes varie de quelques semaines pour les nappes calcaires de Provence à plusieurs années pour les grandes nappes des grands bassins sédimentaires (3 ans pour la nappe de Beauce – chiffres approximatifs). L’écoulement gravitaire vers les vallées assure le débit des cours d’eau que l’on voit couler au coeur de l’été, même après des semaines sans pluies. Le débit des cours d’eau provient alors uniquement des nappes et notamment des grandes nappes de plateaux, énormes objets naturels dont on sous-estime souvent l’importance en s’arrêtant à la seule considération des nappes alluviales. Ces nappes rechargent " par en dessous " les nappes alluviales, qui elles-mêmes transfèrent l’eau vers les cours d’eau. Une baisse de niveau affecte souvent moins la capacité globale de la nappe que les eaux superficielles associées et certaines structures de surface. Les effets consécutifs à une baisse du niveau des nappes peuvent être très préoccupants : assèchement des cours d’eau supérieurs, baisse du débit des cours moyens et inférieurs, gêne au fonctionnement des centrales électriques en raison du débit insuffisant qui ne permet plus de diluer les eaux chaudes issues du cycle de refroidissement, perturbations de la navigation, perturbation des faunes et flores aquatiques, dysfonctionnement des zones humides, mais aussi assèchement des forages peu profonds, baisse de la productivité des forages de profondeur moyenne, …. Toutefois forage à sec n’est souvent pas synonyme de nappe à sec. Lorsque s’opère une conjonction entre la baisse des nappes et une sécheresse superficielle des sols en période de croissance des cultures, la demande en eau pour l’irrigation conduit à pomper les nappes et à accentuer artificiellement la baisse naturelle de leur niveau, et, consécutivement, les effets superficiels signalés. C’est pourquoi il convient d’être vigilant, moins sur le stock en eau des nappes qui est très important dans certaines régions, mais surtout sur les baisses anormales des BRGM – Service Eau 11 Bilan de l’année hydrologique 2004 – 2005 – Eaux souterraines niveaux dont les effets en surface peuvent être graves. Hors des grands bassins sédimentaires, les nappes sont bien plus réduites et plus fragiles. Si en général elles ne s’assèchent pas, leur stock peut être affecté dans une large proportion. Leur sur-exploitation n’est pas recommandée. Le comportement des nappes en période de sécheresse La baisse estivale naturelle des nappes est la conséquence d’une interruption de leur recharge pendant plusieurs mois. La baisse du niveau d’une nappe dure jusqu’à ce qu’une recharge se produise à nouveau : elle dépend très souvent plus de la durée de la période sèche et que de la sévérité de la sécheresse estivale. Sol et sous-sol confondus, on distingue trois degrés de " sécheresse " : Premier degré : la sécheresse des sols agricoles, phénomène superficiel se manifestant à la suite d’une absence prolongée des pluies. Il n’y a pas encore d’effet sur les nappes. Second degré : il concerne essentiellement la première nappe rencontrée sous la surface du sol dans les bassins sédimentaires et les plaines alluviales. Une baisse de niveau accentuée et inhabituelle dénoie les puits et les forages insuffisamment profonds. Cette baisse est souvent présentée à tort comme un " assèchement de la nappe ". De 1983 à 1990, la nappe de Beauce avait localement baissé de 16 mètres : des puits se sont asséchés. Pourtant l’épaisseur restante de la nappe était encore de près de 200 mètres en son centre. Sous la nappe des " calcaires de Beauce " se trouvent plusieurs autres nappes, dont les niveaux n’avaient pratiquement pas varié. Troisième degré : il s’agirait d’un réel assèchement de nappe, hautement improbable en pays tempéré, sauf cas particuliers de nappes perchées ou de nappes de très petite dimension. Dans de tels cas, il est rare de ne pas trouver une autre nappe plus importante en profondeur. BRGM – Service Eau 12