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libre et heureux... «Esprit naturaliste, nostalgie du temps où l’on savait s’arrêter, observer et respecter la nature» Impossible de faire entrer ce Sicilien de sang de 52 ans, dans une case et pas uniquement en raison de sa carrure, graphiste surdoué, illustrateur de talent, et photographe malgré lui. Depuis près de 30 ans, Marcello partage toute son énergie et sa passion entre le dessin et la nature. Rencontre avec un artiste hors normes et hors du temps… Cette interview est le fruit de nombreux appels téléphoniques, correspondances, ponctués de plusieurs rencontres qui ont eu lieu entre novembre 2009 et août 2011. Présenter Marcello en quelques lignes n’est pas une mince affaire tant l’homme présente de facettes. Sa la large stature et son sourire latin qu’il a promené un peu partout dans le monde ne donnent qu’une idée sommaire de l’étendue de l’expérience qu’il possède. Nat’images : Marcello, depuis notre première rencontre en 2009 j’ai l’impression que ta trajectoire s’est emballée, à ton avis quel a été l’élément déclencheur ? Marcello Pettineo - À la vérité, c’est en décembre 2002 que ma trajectoire a changé. Professionnellement je me suis senti être arrivé dans une impasse, comme vidé, éteint, je m’étais tout simplement oublié. Comme c’est parfois le cas dans une vie, c’est une rencontre qui m’a fait prendre conscience de tout cela. 1 J’ai fait le choix de reconsidérer totalement mes ambitions de graphiste « publicitaire » et de laisser s’exprimer la part de moi-même que j’avais enfouis depuis des années. Une force vitale, inexplicable m’y a poussée. Cela s’est traduit par la réalisation d’un projet inattendu, différent de tout ce que j’avais pu réaliser auparavant. Un projet qui m’a fait puiser dans mon passé et mes racines, une remise à zéro du compteur, retrouver les sensations essentielles qui font que j’aime ce que je fais. M’affranchir des contraintes habituelles, du temps, de la rentabilité, casser une routine conceptuelle, et laisser libre cours à mon imagination. Le résultat, un livreobjet «Mémoire de pêcheur de tritons» atypique. En 2009, un autre événement marquant fut un voyage en Centrafrique pour le compte d’un de mes clients, Orchape pour qui j’étais en charge de toute sa communication visuelle. Dans l’espace entre ses deux projets, j’ai tourné une page de ma vie en ayant le sentiment d’avoir accompli une étape. En faisant la démonstration que l’on peut, si l’on veut, concilier sa passion du travail bien fait à forte valeur artistique, et répondre à la demande commerciale d’une entreprise qui plus est dans un secteur très controversé comme l’est la chasse. Je dois beaucoup à ce milieu aujourd’hui. Nous nous sommes rencontrés à ce moment-là sur ton exposition, «la vie rêvée des papillons», à Montier-en-Der, en voyant ton travail, mes convictions artistiques se sont renforcées. Nat’images : Cela ne t’effraie-t-il pas d’être d’un coup devenu «à la mode» ? Tout mon travail consiste à tricher avec le temps, je mélange les outils graphiques modernes avec les plus traditionnels, il en résulte une représentation intemporelle. Je m’inscris moi-même dans une mode graphique qui perdure depuis des années, et qui consiste à recycler de vieux codes graphiques, ce que l’on appelle communément le «Old styles», typos usées, fonds abîmés, salis… Un mouvement initié par un certain David Carson en 1995 dans Ray Gun. Je n’ai pas noté de révolutions graphiques aussi significatives depuis. C’est justement cela qui m’a lassé de la pub, elle ne se renouvelle plus, le marketing a définitivement tué la créativité. 3 Nat’images : Marcello tu es très présent sur le net et tu entretiens avec ton public une relation simple dont tu sembles te nourrir ? Est-ce pour toi si essentiel de capter en temps réel les réactions des spectateurs ? De partager et d’ainsi t’exposer, ne crains-tu pas d’être copié ? On est souvent surpris d’apprendre qu’une de mes spécialités est la conception de sites Internet, donc de là à m’intéresser aux réseaux sociaux tels que Facebook, il n’y avait qu’un pas. Je travaille en général isolé dans mon atelier, une sorte de cabinet de curiosité qui me rappelle vaguement l’intérieur d’une yourte Mongole. Facebook était avant tout un nouveau support d’expression à explorer, mais j’ai vite compris que cet espace qui a effectivement élargi virtuellement mon horizon tend à le refermer dans la réalité. Je m’en sers comme d’un laboratoire, j’y publie régulièrement en temps réel les évolutions d’un dessin. L’acte de dessiner a gardé chez moi la même magie que je ressentais étant enfant, c’est de la communication instantanée qui ne triche pas, c’est bon ! ou ce n’est pas bon ! C’est cela que je souhaite partager avec ce que vous appelez mon public. Pour être franc, non cette relation avec les gens qui fréquentent ma page ne me nourri pas vraiment, tout cela reste virtuel, et demande beaucoup d’énergie pour exister. Il n’y a pas de limite, plus on donne et plus on vous prend, très peu de personnes ont une réelle consistance. Comme dans la vraie vie d’ailleurs... Internet a un effet de loupe grossissante, et généralement elle exagère nos travers les plus médiocres. Je ne fais pas exception à cette règle. Les personnes qui me renvoient cette qualité d’échange se comptent sur les doigts d’une main, ce sont maintenant pour la plupart des gens que je côtoie physiquement. SAYAT, Les aigliers de l’Altaï Projet de livre en cours de réalisation. Auteur : Georges Lenzi. 216 pages, format 337 x 235 mm, 438 photos de l’auteur et 35 études animalières originales pleines page de Marcello Pettineo. Si éditeurs intéressé contactez [email protected] J’étais copié bien avant d’être sur Internet, c’est une réalité qui ne m’empêche pas de dormir, comme je le dis souvent, «moi j’avance sans me préoccuper de ce qui se passe derrière». Il y a ceux qui copient et ceux qui retranscrivent en y ajoutant une valeur émotionnelle lié à leur personnalité, cette nuance est ma définition du talent. Et puis il y a des copieurs qui me donnent une grande joie lorsque je vois leurs dessins, les enfants me copient beaucoup. Nat’images : Je dessine pour prendre mes photos et tu opères l’exercice inverse. Alors que beaucoup d’illustrateurs vont sur le terrain pour faire des croquis, tu as décidé de remplacer cette étape par la photographie. Peux-tu nous expliquer pourquoi ? Mes voyages ne me donnent pas le loisir de dessiner, la principale raison qui me fait quitter mon atelier c’est la pêche 4 septembre 2011. Pratiquer la photo, cela entretient mon regard. à la mouche et parfois des reportages professionnels. Mes temps de voyages sont relativement courts 10 à 15 jours maximum, je me sens complètement submergé à chaque fois. Vous vous imaginez de vous retrouver en à peine quelques heures sur un banc de sable au beau milieu de l’océan ou dans la steppe et sortir naturellement votre carnet et vos aquarelles. Et puis comment concilier le dessin avec des activités dont le rythme est totalement différent ? J’admire beaucoup la démarche et le travail de Titouan Lamazou, tout comme celui de Reno Marca pour ne parler que de mes contemporains, je suis sidéré par leur capacité à dessiner en extérieur. Je m’obstine pourtant à emporter à chacun de mes voyages un Moleskine* (ndlr. petit carnet de note), des crayons, des pinceaux et de l’aquarelle. LE MYSTÈRE DE LA MAIN À CINQ DOIGTS J’ai pratiqué la photographie argentique jusqu’à ce que je mette au clou mon vieux Minolta. Je suis resté une longue période sans plus faire une seule photo, puis j’y suis revenu lorsque le numérique a atteint la résolution des 5 Mpix. Mon premier boîtier me servait essentiellement de carnet de note. La maniabilité du numérique est un atout fabuleux pour collecter toutes les informations qui me seront utiles par la suite dans mes travaux. Je procède souvent par collage, certaines collectes seront dessinées et d’autres utilisées en photo et parfois associé à du dessin, tout cela est parfaitement compréhensible dans «Arachna, les voyages d’une femme araignée» ma dernière réalisation pour les éditions Belin en collaboration avec le Muséum, date de parution le 16 Nat’images : Tu travailles avec des scientifiques de renom. Que ressens-tu lorsque par exemple tu lis les propos dithyrambiques du Dr J.Sébastien Steyer? «Pas trop tôt !», « Enfin ! » ou «Chouette on a compris on message » ... Un peu des trois ou autre chose encore ? Certains scientifiques comme Christine Rollard, enseignante-chercheuse aranéologue ou Jean-Sébastien Steyer, paléontologue, tous deux au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, m’ont en effet acceptés dans leur milieu. Nous échangeons souvent entre deux missions d’inventaire pour l’une et deux expéditions de fouilles pour l’autre. Je pense qu’ils aiment ma vision globale de la science et ma soif de comprendre la nature. J’en retire une grande fierté, car le droit à l’instruction a été la plus grande richesse que mes parents m’aient offerte. J’essaie ensuite de restituer à ma façon leur savoir scientifique, je vulgarise, sans trahir et en apportant un autre regard, il me semble. Nat’images : Ton travail donne l’impression de sortir tout droit d’un cabinet de curiosité du 17e siècle et pourtant il est d’une extrême modernité. Tu utilises tous les outils contemporains à ta disposition mais c’est sans doute le dessin qui ancre ton oeuvre dans une forme de nostalgie intemporelle ? Tu es en quelque sorte le maillon manquant entre le graphiste et l’illustrateur d’antan, non ? J’ai une immense admiration pour ces dessinateurs explorateurs naturalistes, tel John James Audubon, Conrad Martens embarqué sur le Beagle, Alcide d’Orbigny, Sydney Parkinson et Alexander Buchan au service de James Cook, Lewis et Clark et tant d’autres qui ont patiemment collecté puis dessiné, parfois au péril de leur vie, ces magnifiques trésors que renferment les muséums d’Histoire Naturelle du monde entier. Trésors pour la plus grande partie invisibles du grand public. Où encore de ces voyageurs «carnetistes», comme Eugène Delacroix, Victor Hugo, Paul Gauguin qui nous ont transmis leurs observations et leurs émotions des quatre coins du globe. Je me promène souvent au Jardin des plantes, j’y ai un attachement particulier, et je me vois aujourd’hui récompensé d’une exposition de mes planches naturalistes, réalisées pour «Arachna». Exposition prévue sur trois mois à partir d’octobre 2011 à la Grande Galerie de l’évolution. Si mon travail sort directement d’un cabinet de curiosité, il ne lui aura fallu que deux années pour rentrer à nouveau au Muséum ! J’ai appris mon métier de graphiste en traditionnel puis vécu l’avènement du Mac. Au moment où Apple lançait son concept révolutionnaire de la PAO, je réalisais leurs brochures commerciales, Photoshop et Illustrator je connais depuis leurs premières versions. Je me suis passionné pour cet outil durant une bonne quinzaine d’années, délaissant totalement le dessin. Les deux pratiques se sont réconciliées pour finalement fusionner c’est ce qui donne ce résultat intemporel. Nat’images : Souvent en riant nous nous comparons aux derniers dinosaures mais quelque part nous Carnet paléo-naturaliste dans les coulisses du Muséum National d’Histoire naturelle de Paris Auteur : Sébastien Steyer UMR 7207 Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité & les Paléoenvironnements CNRS Département Histoire de la Terre, MNHN. www2.mnhn.fr/hdt203/info/steyer.php 5 6 ARACHNA, les voyages d’une femme araignée Auteurs : Christine Rollard et Vincent Tardieu Éditions Belin et le Muséum national d’Histoire naturelle. Conception graphique et illustrations : Marcello Pettineo Photographies : Emmanuel Boitier, Steve Dalton, Pascal Dolemieux, François-Gilles Grandin, Denis Palanque, Stéphane Hette, Marcello Pettineo. Sortie : 16 septembre 2011, 192 pages couleur, 25 x 28 cm Conférence et dédicaces le 10 octobre à 18h à l’auditorium de la grande galerie de l’évolution. Présentation au 15e Festival de la photo animalière & nature de Montier-en-Der du 17 au 20 novembre 2011, à l’espace d’exposition du Haras à deux pas de la cathédrale. savons que ça n’est pas tout à fait faux ; il est de plus en plus difficile de vivre de la création car c’est souvent le budget « icono » qui saute en premier. Comment t’es-tu adapté aux différentes évolutions de ce marché ? Oui, une espèce qui aurait survécu au cataclysme informatique, quand beaucoup d’autres graphistes sont restés sur la touche. Aujourd’hui les mômes naissent avec un Ipad greffé à leur nombril et n’importe qui prétend vous donner des leçons en communication visuelle, les incompétents dans ce domaine sont légion. Je défends ce métier parce que je l’aime, tout comme je défends l’idée que l’on peut encore faire de la belle et bonne communication mais c’est loin d’être gagné. Ces 20 dernières années, les photographes et les illustrateurs ont été très malmenés par les restrictions budgétaires de la communication, victimes aussi d’une concurrence extrême notamment chez les photographes, car en apparence quoi de plus facile que d’appuyer sur un bouton. Les illustrateurs eux ont totalement disparu. Je ne me suis jamais situé dans l’une ou l’autre catégorie, j’ai très vite compris 7 qu’il y avait un risque à faire cela, j’ai donc préféré développer ma créativité dans de multiples domaines. Le seul moyen de s’adapter, c’est de devenir polyvalent, la spécialisation n’est-elle pas la cause de la disparition de bien des espèces depuis des millénaires ? Mon ami Sébastien (ndlr. le paléontologue Jean-Sébastien Steyer) ne me contredirait certainement pas. La principale qualité pour évoluer, c’est la curiosité et l’interaction avec d’autres univers, un naturaliste dirait «milieux». Nat’images : Avec Arachna, le dernier ouvrage que tu as mis en page, illustré et où l’on trouve également un grand nombre de tes photographies, le grand public va découvrir un artiste complet et le style « Marcello ». Comment le définirais-tu ? Le style est quelque chose qui vous tombe dessus lorsque vous êtes enfin en accord avec vous-même. Définir le mien serait comme raconter ma vie, ce que je fais souvent quand je parle de mon travail, certainement trop parfois. Je suis mal placé pour en donner la définition, un artiste a toujours la prétention de croire que tout est dit dans ses œuvres. La seule chose que je peux vous donner ce sont quelques points de repère au tra- 8 vers de noms d’artistes qui m’ont marqué : Léonard de Vinci, Michel Ange, Giacometti, Peter Beard, Jean-Louis Sauvat, Ernest Pignon-Ernest, Irvin Pen, Vélicovic, Lars Jonsson, Audubon… Nat’images : A ton avis, aujourd’hui qu’est-ce qui te différencie le plus d’un graphiste classique de maison d’édition ? Il sourit, ses yeux deviennent des billes noires que je ne peux presque plus voir et dans un rire généreux il laisse échapper sa réponse. Graphiste classique de maison d’édition ?… Toute ma vie, je suis passé d’une discipline à une autre, alors cette classification me semble totalement incompatible avec un état d’esprit créatif. Pour moi il n’y a que des idées appliquées à des supports d’expression. Ce qui me différencie de tout classicisme ou tout classement c’est ce besoin de remise en question qui m’est vitale pour avancer. Nat’images : Dors et déjà ce livre t’a-t-il ouvert d’autres portes ? Il semble hésiter ce qui me laisse à penser le contraire ... Chaque projet ouvre de nouvelles portes, des promesses de nouvelles rencontres. Malheureusement le secteur de l’édition est en crise, j’ai plusieurs autres projets de livres sous le coude qui ont du mal à trouver un modèle économique comme ils disent. 9 L’exemple d’Arachna est exceptionnel, grâce à l’éditeur Belin qui a fait un effort particulier et surtout m’a donné toute sa confiance. Nat’images : Avec le recul dirais-tu que ton caractère bien trempé de Sicilien t’a servi ou joué des tours et penses-tu tout comme moi que l’opiniâtreté et la chance sont deux qualités indispensables pour mener à bien un projet ou une carrière artistique ? La grande majorité des projets que j’entreprends aujourd’hui sont passionnants, défendre mes convictions est devenu plus que jamais une nécessité, c’est un choix qui se paie le prix fort, c’est sur le long terme qu’il faudra juger. La chance ! je sais, j’en ai beaucoup eu ! J’ai la conviction qu’elle est contagieuse c’est pour cela que j’essaie de la transmettre. Nat’images : Tu aimes le travail d’équipe et choisir tes partenaires sur un projet comment les choisis-tu et t’arrive-t-il d’être déçu ? J’aime travailler en équipe mais aussi seul, j’ai longtemps hésité entre ces deux extrêmes. Depuis quelques années, j’ai trouvé un bon compromis qui me permet ponctuellement au gré des projets de passer d’un mode à l’autre. Mes collaborations sont souvent issues de rencontres qui font germer un projet où je ne suis qu’un des éléments. Parfois mon statut de directeur artistique me permet de fédérer des talents autour de ce projet, ce fut le cas pour Arachna où pas moins de six photographes ont collaboré. Il arrive souvent que l’on soit déçu par une collaboration, lorsqu’on place, comme moi, la barre très haut. L’important est de rester fidèle à soi-même, tôt ou tard on rencontre des personnes de la même famille. Personnes qu’il faut garder précieusement près de soi, car elles vous rassurent lorsque vous doutez de votre normalité. Nat’images : Tu entretiens une amitié forte avec certains photographes et tu me disais il y a peu que la photographie était le domaine où tu pouvais le plus progresser et où tu avais le plus envie de t’investir. Cette amitié est-elle utile pour y parvenir ? Es-tu conscient de donner au moins autant que ce que tu reçois dans cette interaction photographes/illustrateur ? La photographie, outre le confort technique quelle me procure professionnellement, m’apporte avant tout une respiration. Elle fait partie des activités où je m’autorise des lacunes, où je lâche prise. Du fait de mon investissement dans ce qui m’anime, j’entretiens, de façon générale, des amitiés assez distantes. Partager ces amitiés au travers d’une passion commune, comme la photographie, le voyage ou la pêche à la mouche est un confort lorsque l’on a des journées bien remplies. Je choisis toujours les personnes ou les situations qui m’apporteront une connaissance nouvelle, et je m’arrange pour en tirer profit. Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne définition de l’amitié, mais j’espère sincèrement que de l’autre côté, ils trouvent aussi quelque chose à prendre en moi. Nat’images : Cet amour de la nature semble te venir de la pêche n’y vois-tu pas un paradoxe ? J’ai un regard résolument naturaliste sur le monde vivant, c’est exactement ce rapport entre la vie et la mort que j’aime mettre en évidence dans mon travail, l’empreinte du temps et des cycles de la vie y sont omniprésents. J’aime observer les animaux 10 dans leur milieu sauvage, je suis contre toute domestication surtout celle qui n’est pas d’une réelle nécessité car à mon sens, le contact de l’homme sur l’animal ne fait qu’altérer ses facultés naturelles à survivre. Nous avons tout à apprendre de lui alors que la réciproque est loin d’être le cas. Brochure de lancement produit lunette Leica Magnus 11 Et pourtant je nage en plein paradoxe lorsque je suis à la pêche, ou lorsque je collabore avec les milieux de la chasse. Un paradoxe qui existe chez beaucoup de pêcheurs sensibles à l’environnement, notamment ceux qui pratiquent le No kill (la remise à l’eau des poissons) tout comme il existe chez certains chasseurs impliqués dans la gestion et la protection de la faune. C’est ce qui fait que je porte un intérêt à ces deux univers car on y trouve des gens de terrain qui connaissent réellement la nature et le comportement animal. Paradoxe que j’assume totalement pour la bonne raison qu’il fait exploser mes fausses certitudes. C’est à des so- Je ne cherche pas à faire du beau pour du beau, bien que je trouve esthétiques, certaines représentations de la mort. Et je cherche encore moins à tomber dans la mièvrerie, ni je ne cherche non plus à montrer ce que l’on s’attend à voir, je me fous de savoir si je vais choquer les personnes qui regardent mon travail, ce qui m’importe à chaque fois c’est de susciter un intérêt. Je m’adresse toujours à des cerveaux même si mon mode de communication est en apparence d’accrocher l’œil. Mêler la science et l’art est pour moi la meilleure façon de nous élever. Nat’images : Même si, lorsqu’on te connaît, on sait que chaque projet auquel tu participes à force d’implication devient un projet très personnel, à quand un projet encore de livre plus personnel, Marcello ? Mon prochain projet de livre traite de ce paradoxe, il s’intitule « Demain j’arrête la pêche », la pêche n’est qu’une porte d’entrée sur une vision plus large, c’est de ma vision globale dont il s’agit, du regard que je porte sur les agissements de l’homme, mes agissements, envers la nature sauvage, sur la vie. Le manuscrit est sur le coin de mon bureau, il attend sagement un éditeur. C’est un projet très ambitieux et autobiographique, qui sera en quelque sorte un intégral de tous mes dessins et photos, agrémenté de récits de voyages, de rencontres ou d’expériences diverses. Je n’appartiens à aucun bord extrémiste, ni celui des écolos, ni celui des chasseurs irresponsables… C’est bien pour cela que je me sens libre et heureux… Nat’images : Que retiens-tu de ta première collaboration avec Leica ? Cette collaboration fut exemplaire à tout point de vue, les Allemands ne dérogent pas à leur réputation de sérieux, ciétés comme Leica, Holland & Holland, Orchape, entres autres, que je dois ma reconnaissance tant professionnelle, qu’artistique et je dirais même en tant qu’individu. HOLLAND & HOLLAND catalogue printemps / été 2011 12 Réf. : 17 - frères lions Réf. : 15 - black rhino Réf. : 13 - antiloppes 4 Réf. : 16 - éléphant Réf. : 09 - buffles caffer Réf. : 10 - léopard Réf. : 11 - faucon & aigle Réf. : 14 - markhor & ibex tout ce que j’aime. Leica pour le lancement de sa lunette de visée Magnus et maintenant pour sa communication, tout comme Holland & Holland cette prestigieuse société anglaise, pour leur catalogue Spring / summer 2011, sont deux firmes prestigieuses, qui ont su me faire confiance et m’ont donnés les moyens de faire du bon travail. Nat’images : Sur ton site tu proposes maintenant des dessins originaux, est-ce pour toi une manne essentielle ? La clientèle qui m’achète des originaux sur commande est croissante, ce qui me permet de mieux valoriser mon travail, mais il est clair que le marché français à ses limites, c’est pour cela que j’envisage sérieusement le marché international, ce qui est déjà le cas avec l’Angleterre où Holland & Holland détient l’exclusivité de mes œuvres. Je ne laisserai pas tomber pour autant mon activité de graphiste, qui me permet de construire, de contrôler mon 13 Réf. : 12 - truite & saumon image et la diffusion de mes travaux… Preuve en est la confiance que vous m’avez donnée pour réaliser moi-même la mise en pages de mon interview. Nat’images : A quoi rêve Marcello Pettineo ? Que pouvons-nous te souhaiter pour prochaines années ? ! À moyen courts terme, je rêve concrètement d’un d’atelier, un espace de travail plus grand qui me permette de mettre en œuvre mes futurs projets et notamment passer à d’autres dimension. À long terme de toujours garder ma capacité à rêver… Page de gauche, série unique de 9 modèles de couteaux en collaboration avec Manu Laplace, artisan d’art créateur de la marque de couteau 1515. Mise en vente prévue octobre 2011 sur : www.marcello-art.com. Pour tout renseignement : [email protected] Ci-dessous, commande exclusive d’une série de couteaux pour Leica. Nat’images : Merci d’avoir partager un peu de tes rêves actuels et futurs avec nous Marcello ! Entretien réalisé par Stéphane Hette Vous pouvez retrouvez toute l’actualité de Marcello sur son site : www.marcello-art.com. E. mail : [email protected] www.facebook.com/marcello.pettineo 14