Zibeline n°46 en PDF

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Zibeline n°46 en PDF
46
un gratuit qui se lit
l’Art,
du 16/11/11
au 14/12/11 chantier
permanent
Politique culturelle
La Friche la Belle de Mai
La Criée
SAN Ouest Provence
4, 5
6
7
Événements
Cannes, Marseille
CMCA, Fotokino, Bancs publics
Folie Cavaillon
Dansem, KLAP, Télémaque
8
10
11
12, 13
Théâtre
La Criée, Martigues, Miramas
La Minoterie, le Gyptis, le Merlan
Le Toursky, le Gymnase, Miramas
Le Lenche, le Gymnase, Théâtre Off
Le Vitez, le Jeu de Paume, Arles, Fos
Château-Arnoux
Au programme
14
15
16
18
20
21
22 à 27
Danse
Au programme
Pavillon Noir, Vaucluse
28, 29
30
Cirque/Arts de la rue
Arles, le Merlan, Châteauvallon, Istres, le Toursky
Port-Saint-Louis, Small is beautiful
Au programme
31
32
33
Jeune public
Momaix, le Massalia, Arles, Avignon, Fos
Cavaillon, Martigues, le Lenche
Au programme
34
35
36, 37
Musique
Au programme
Lyrique
Lyrique, récitals
Symphonique
La Fiesta, Berre l’Etang
GTP, Roll studio, FIMÉ
Au programme, agend’jazz, Leda Atomica
38 à 41
42, 43
44, 45
46, 47
50
51
52, 53
Cinéma
Les rendez-vous d’Annie
Cinambule, Digne, Aix
Entretien avec Mohamed Diab, Aflam, Région
Cinemed, Gardanne
Robert Guédiguian, l’Alhambra
Cinehonrizontes, Apt
54
55
56
57
58
59
Arts visuels
CG Aix, Pavillon Vendôme
Mac, Instants vidéos
Fotokino, la Gad
Detaille, Trocade
Au programme
60
61
62
63
64 à 67
Livres
Photo, BD
Livres/disques
Littérature
Littorales, Actoral
68
70, 71
72 à 75
76, 77
Rencontres
Colloque Artaud, Rencontres capitales
Maupetit, Pays d’Aix, ABD Gaston Defferre
Toulon, Aix, Aubagne, Marseille
Au programme
Le Mexique
Les Rencontres d’Averroès
Le MuCEM
78
79
80, 81
82, 83
84, 85
86
87
Histoire
MdAA, Echange et diffusion des savoirs, Quinson
88, 89
Sciences et techniques
La chimie
90
Philosophie
Le libre arbitre
Le partage
des eaux
On l’avait pressenti dès 2008, lorsque Marseille Provence
2013 a dévoilé son projet : penser que la culture méditerranéenne fait l’identité de notre territoire est une erreur.
Aujourd’hui notre mer se conjugue à toutes les sauces, et
domine tout de son goût exclusif : le E du MuCEM disparaît
et le label «med» fleurit pour nommer les quartiers, les
Festivals du livre, les colloques, la danse, les concerts…
Que les Rencontres d’Averroès, dont c’est le projet depuis
18 ans, ou AFLAM, Dansem, restent centrés sur leur objet
d’origine est bénéfique : cet intérêt pour la culture arabe
en particulier accompagne la formidable révolte qui secoue
l’autre rive. Les ponts jetés doivent évidemment se renforcer, en attendant que les flux migratoires soient enfin
perçus comme naturels. Mais qu’ici tout devienne méditerranéen tourne au ridicule : les mêmes auteurs, artistes et
intellectuels passent de festival et festival, et soulèvent à
l’envi les mêmes questions. Comme si les populations venues
d’Afrique Noire et des Comores ne méritaient pas notre
intérêt culturel ; pas plus que les Lettres et les Arts, les
mythes européens…
Artistes emmenez-nous vers des toundras verglacées, un
Walhalla, une Cerisaie, du rock anglais, des Polonaises, des
ponts d’acier ; penseurs donnez-nous à sonder l’esprit des
Lumières, Montaigne, le romantisme, Foucault, les ruptures
des ballets russes, l’élan des cathédrales verticales ; poètes
peuplez encore nos rêveries de dragons et de spectres, de
sirènes sans griffes, de Vikings ! Nous voulons écouter le
son des terres lointaines, des shamisens ou des tsongas,
des mariachis ; et nous souvenir des cornemuses, des plaintes klezmer, tsiganes, du pincement au cœur des harpes
celtiques…
N’abandonnons pas aux économistes de Paris et de l’Europe
du Nord notre culture universelle, celle qui depuis longtemps se rit des mers, franchit caps, sommets, fleuves et
océans. Ils ont inventé le libéralisme et oppriment la Grèce
et l’Italie pour mieux les renvoyer dans les marges : laisser
ces politiques scinder en deux ce que nous sommes, et
réserver à la Baltique la mémoire, la fabrique et la glose de
la culture européenne, est une aberration. Qui ne nous
coûtera pas seulement une rupture, ou un triple A, mais
jusqu’à l’étincelle fragile qui a embrasé nos vies.
AGNÈS FRESCHEL
91
Horizons
La Biennale des jeunes créateurs
92
Adhérents
94
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04
POLITIQUE CULTURELLE
LA FRICHE LA BELLE DE MAI
De nouvelles directio
Depuis juillet
La Friche la Belle de
Mai s’est donné
un nouveau directeur.
Alain Arnaudet
succède à Philippe
Foulquié, au moment
où des travaux
d’envergure vont
enfin transformer
l’ancienne
manufacture de tabac
en pôle artistique
habitable…
Zibeline : Les Marseillais ne vous connaissent pas, et vous
succédez à un personnage qui a marqué leur vie culturelle.
Comment présenteriez-vous votre parcours ?
Alain Arnaudet : On le qualifie souvent d’atypique ! Ma
formation me destinait plutôt à la finance internationale
mais je me suis très tôt dirigé vers les sentiers, plus aventureux, de l’art et de la culture. En travaillant dans le réseau
des Scènes nationales, des Scènes de Musiques actuelles,
au projet des Allumés de Nantes puis comme administrateur
général des Rencontres Internationales de la Photographie
d’Arles, j’ai vécu des expériences dans les divers domaines
de l’Art, avant de partir comme attaché culturel et directeur
d’établissement au Cambodge, puis au Brésil.
Une expérience variée, qui vous a permis de remporter le
gros lot…
Ou le grelot ! Diriger la Friche, avec les moyens actuels, n’est
pas une entreprise facile ! Il y a ici 70 structures résidentes,
de taille et d’activités très différentes : radio, compagnies
de théâtre, de danse, de musique, d’arts plastiques, numériques, littéraires, de cuisine… Tous ont quelque chose à
voir avec l’art, mais il s’agit de fédérer ces acteurs et faire
fonctionner le site. L’association Système Friche Théâtre
que je dirige aujourd’hui anime, coordonne, arbitre et coproduit. Ou devrait coproduire…
Elle ne le fait pas ?
Très peu, symboliquement. Avec autour de 2,5 millions de
budget annuel, une fois que les salaires, les frais d’entretien, les loyers et les fluides sont payés, il reste à peine
40 000€ de budget de production. C’est-à-dire rien. Le 104
à Paris, lieu dont l’esprit est un peu comparable à celui de
la Friche, a 8 millions de budget, pour la gestion d’un lieu
2 à 3 fois plus petit que le nôtre : La Friche la Belle de Mai
est un domaine de 50 000m2…
Votre premier but est donc d’augmenter les moyens de
production… Les subventionneurs l’ont-ils entendu ?
Oui, il semble qu’ils commencent à comprendre. Ce projet
Friche est incroyable, magique, unique. Sa situation, sa diversité, son fonctionnement réellement collectif, si atypique,
tout cela est porteur d’un message fort pour l’avenir. Mais
à force de le dire ça ne le sera plus… Lorsque les Instants
vidéo (voir p 61) proposent une installation formidable,
d’un grand professionnalisme artistique, mais qu’il pleut
sur les télés, je pense que l’on peut collectivement faire
mieux !
Comment imaginez-vous la Friche à l’issue du chantier, en
2013 ?
Après le chantier ce ne sera pas fini… mais c’est très bien.
Il faut continuer à tenir éveillé le champ du possible.
POLITIQUE CULTURELLE
05
ns pour la Friche
Ne sentez-vous pas de la fatigue autour de cette
notion de chantier permanent ?
La fatigue ne vient pas de cette plasticité du lieu
et du projet, mais de la précarité dans laquelle vit
chaque structure culturelle.
Alors comment imaginez-vous la nouvelle Friche ?
Magnifique ! Je ne suis pas un directeur artistique,
j’ai avant tout un projet culturel d’espace public. On
doit venir ici comme on va à la Villette, en famille,
il faut que le lieu soit sûr tout d’abord -et la simple
mise aux normes a un coût- et qu’il soit accueillant,
paysagé, d’un accès facile. Nous mettons en place
un Quartier créatif avec MarseilleProvence2013,
nous travaillons avec le Tunnel du Prado qui finance
la transformation par des artistes de ce tunnel qui
nous coupe de la ville. Mais il faut aussi un programme artistique attractif, proposé collégialement
par les pôles.
Quels seront ces pôles ?
Il y aura quatre pôles dont les contours et les missions sont encore à affiner avec les résidents de la
Friche : arts visuels, musique et création sonore,
spectacle vivant, littérature et édition… Mais tous
les lieux seront mutualisés, avec des utilisations
prioritaires, et la possibilité de mettre en œuvre
toutes les transversalités.
Le pôle théâtre est-il entériné ?
Le ministère de la Culture s’est engagé à doter la
Friche Belle de Mai d’un pôle Spectacle vivant, dont
il souhaite confier la direction artistique à Catherine Marnas. Avec deux salles -une de 400 une de
100 places- et deux compagnies résidentes : Parnas
et L’Entreprise (respectivement compagnies de Catherine Marnas et François Cervantes ndlr). Cela
reste un lieu mutualisé qu’ils n’occuperont pas seuls
ni en permanence, où il y aura, en dehors des accompagnements de productions de théâtre adulte
proposés par Catherine Marnas, de la danse, du
théâtre jeune public…
Que devient le Massalia, qui était dirigé par Philippe Foulquié également ?
C’est la colonne vertébrale historique de la Friche.
On est dans l’attente de nomination de la direction,
mais j’aimerais qu’il rayonne encore davantage,
s’oriente aussi vers les arts visuels et tout ce qui
anime la Friche.
Et la société qui porte le chantier de rénovation ?
Effectivement c’est une SCIC (société coopérative
d’intérêt collectif ndlr) qui porte pour l’instant le
chantier et la gestion immobilière, tandis que
l’association Système Friche Théâtre gère le projet
culturel. Certaines structures résidentes sont à
l’assemblée générale de l’une ou l’autre structure,
des deux, d’aucune… à terme il est prévu un
rapprochement de SFT et de la SCIC.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL
Catherine Marnas © Agnès Mellon
Zibeline : Dans ce véritable complexe artistique et
culturel, vous êtes chargée par le ministère de
diriger le futur Pôle Théâtre. Quel est votre projet ?
Catherine Marnas : D’abord que le pôle existe !
Pour l’instant, en dehors de l’assurance que j’ai reçue
du ministère, rien n’est signé. Les travaux du reste
du chantier avancent et ce pôle, pour ne pas coûter
cher –le projet ne l’est pas- doit progresser en même
temps que le chantier. Nous avons quelques inquiétudes à ce sujet… même si théoriquement les salles
doivent être construites juste à côté des Grandes
Tables, et prêtes en janvier 2013.
Aurez-vous les budgets pour y prévoir une programmation ?
Nous l’espérons ! Mais il faut pour cela que la Friche
soit enfin dotée de véritables moyens de coproduction. Et que la compagnie Parnas puisse, en dehors
de ses créations, acquérir une autonomie financière
qui lui permette de programmer. Tout cela est en
cours…
Quel est votre projet artistique ?
Il est lié à l’endroit, c’est-à-dire au croisement et à
la mise en commun. Je voudrais faire des choses
qui ressemblent à la Friche, que Marcial di Fonzo
Bo vienne ici travailler avec l’ERAC sur un projet
Tchekhov… Il ne s’agit pas de proposer une programmation de Centre dramatique ou de Scène
Alain Arnaudet
© Agnès Mellon
nationale mais de faire venir des artistes prestigieux
qui travailleront aussi avec les résidents. Et que
ceux-ci aient une place pour pouvoir diffuser leurs
productions : nous n’occuperons pas les théâtres
tout le temps ! Nous sommes souvent en répétition
dans notre salle, ou en tournée… La compagnie
Parnas et l’Entreprise laisseront beaucoup de place
aux autres, dans les deux salles, pour montrer de
petites formes, ou des productions qui nécessitent
un équipement plus lourd et une cage de scène.
Vous pensez aussi à accueillir des compagnies de la
région qui ne résident pas à la Friche ?
Bien sûr ! Ce lieu sera le plus ouvert possible, à des
artistes internationaux qui ne viennent pas d’habitude à Marseille, à des compagnies régionales, à la
danse, au jeune public, à toutes les formes de spectacle vivant et à tous les croisements. Nous avons
concrètement, pour l’instant, le projet d’accompagner la Cie l’Individu de Charles-Eric Petit, et Tandaim
d’Alexandra Tobelaim. Deux metteurs en scène de
grand talent qui ont besoin de bénéficier de moyens
de production qu’ils sont loin d’avoir, pour l’heure.
Nous voulons qu’il y ait ici de la place pour que les
nombreuses compagnies de la région puissent voir
leur talent s’épanouir dans l’émulation, la confiance
et le dialogue.
06
POLITIQUE CULTURELLE
LA CRIÉE | OUEST PROVENCE
La nouvelle directrice de la Criée change peu à peu les habitudes d’une maison
à qui elle veut donner vie et couleur…
Macha Makeïeff
appose sa griffe
Les deux salles ont rouvert, et accueilli avec succès
les premiers spectacles de la saison (voir p14), programmés par Jean-Louis Benoit. Mais Macha Makeïeff
a d’ores et déjà, discrètement, donné des couleurs aux
programmes, infléchi la politique d’une communication auparavant volontairement austère, et préparé
quelques Surprises ! Elles vont «imprimer dès cette
année [s]a marque, et rester ensuite comme un fonctionnement. L’imprévu rendu possible par ces ouvertures
relève aussi du hasard poétique, et cette maison doit
prendre d’autres habitudes. Quand on fait une proposition artistique légèrement décalée on obtient
une forme de joie. C’est comme ça que l’art existe, pas
dans le fait de rester dans un genre et dans un pré
carré.» Ces surprises, elle les distillera au long de cette
saison, en commençant par Blanche-Neige d’Angelin Preljocaj dans la grande salle, puis Laterna
magica (voir p10) dans le hall. Qu’elle veut rénover
d’ailleurs, pour en faire «une salle des machines : une
maison de théâtre est une fabrique, le public doit pouvoir accéder aux ateliers de costume, aux répétitions,
voir les techniciens travailler. Le hall sera donc un endroit de passage, et un lieu d’accueil musical avec des
performances, des présentations d’artistes et de plasticiens. Un lieu ouvert la journée, où l’on puisse
concevoir des rêveries autour des spectacles. Comme
une troisième salle, avec de grandes tables, une nef
très simple sans cet escalier qui écrase le spectateur
dès l’entrée et empêche la circulation du public.»
Quant à la pluridisciplinarité, elle représente pour
Macha Makeïeff «le prolongement naturel des missions
du Centre dramatique. Comment ne pas collaborer avec
le MuCEM qui se construit, le Festival d’Avignon tout
proche ? comment ne pas accueillir de la danse sur
ce plateau qui est le plus beau de la région ? comment
ne pas travailler avec l’opéra qui est si près, et propose à son public de si beaux plateaux lyriques ?».
Lorsqu’on lui demande si la Criée va rester un Centre
dramatique, sa réponse est très claire : «La mission
de cette maison est de diffuser des textes et du répertoire, et il n’est pas question de se dérober à ce cahier
des charges, même si mon travail d’artiste m’emmène plutôt ailleurs. Vers un théâtre différent, où le
texte n’est qu’un élément de l’écriture, au même titre
que les décors ou la musique, les gestes et le jeu. Mais
le théâtre de texte sera bien évidemment présent.»
Pour l’heure elle répète les Apaches, un spectacle «sur
ces bandes ultraviolentes des années 30, ces jeunes
criminels qui ont fasciné l’art, et ces femmes libres qui,
comme Colette, se sont déclassées pour devenir artistes.» Est-elle heureuse à Marseille ? «J’y suis née et
je suis heureuse d’y être à nouveau installée. Cette
Macha Makeieff © France Keyser
ville ne ressemble pas aux autres, elle est rugueuse,
archaïque. Même les démarches des gens y sont différentes, plus décontractées, fanfaronnes. Marseille
a mauvais genre, elle est pasolinienne, et vivre ici n’est
pas gagné. Mais dès que l’on sent le confort il faut
savoir se déplacer… ici le foisonnement artistique doit
répondre au foisonnement de la ville, sinon c’est une
faute de goût.»
Les projets ? Travailler pour que Marseille Provence
2013 soit un succès populaire autour des Mille et
une nuits «qui rassemblent tout le monde, ont irrigué
toutes les cultures et parlent à tous les âges et tous
les milieux.» Et faire venir dans ce théâtre «tous
ceux pour lesquels franchir la porte d’un tel lieu reste
intimidant.»
AGNÈS FRESCHEL
Le retour d’Angelin
Cela faisait 7 ans qu’il n’était pas venu
à Marseille, et le voici à la Criée avec un
conte… Beau présage ! Blanche-Neige
sera dansé pour la 180e fois, chiffre
assez moyen pour une création de
Preljocaj… C’est que la production
est lourde ! 25 danseurs, des décors
Angelin Preljocaj © Agnès Mellon
imposants, des costumes nombreux
(de Jean-Paul Gaultier, magnifiques).
Le chorégraphe est très heureux de revenir dans cette ville, sur «ce plateau
magique où la danse est comme embrassée par le public.» Même s’il pense,
contrairement à Macha Makeïeff, que
«si la ville est différente, le public à la
Criée est le même qu’à Aix, avec les
mêmes attentes et le même profil social.»
Son Blanche Neige, merveilleux ballet
profond et terrifiant comme les contes,
a les accents romantiques de Mahler, et
regorgeant d’inventivité chorégraphique,
baigne dans un univers de symboles
muets, oniriques et personnels.
Le chorégraphe prépare lui aussi pour
2013 un conte des Mille et une Nuits,
et avant cela une création plus littéraire et sombre sur le dernier roman
de Laurent Mauvignier Ce que j’appelle l’oubli. Juste après la reprise à
l’Opéra de Paris de deux de ses pièces,
entre quelques tournées…
A.F.
Blanche-Neige
Du 23 au 26 nov
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Et demain,
la culture
des territoires ?
Les 20 et 21 octobre, le SAN Ouest Provence1 accueillait à Fos le colloque sur
l’intercommunalité culturelle, qui posait une question fondamentale à
l’heure de la réforme territoriale : quels
projets pour quelle gouvernance ?
Au terme des échanges et des débats
qui ont animé ces deux journées, et
malgré quelques divergences de points
de vue, les intervenants ne cachaient
pas leur satisfaction d’avoir fait progresser la réflexion sur un processus
en cours : la construction, dans le cadre
de l’intercommunalité, d’un projet culturel. Lors d’ateliers proposés durant
la première journée de travail, furent
débattues les questions des enjeux
juridiques, administratifs et managériaux des équipements et services
culturels intercommunaux, de la participation des habitants à la vie
artistique et culturelle d’un projet
intercommunal, et de la manière de
construire un espace territorial citoyen.
Lors de la restitution de ces ateliers,
Jean-Pierre Saez (directeur de l’OPC)
soulignait les avancées, les pistes de
travail débouchant «sur les moyens qui
permettraient de mieux inscrire la
culture dans la construction de la cité
de demain», faisant de fait référence
au débat critique et démocratique qui
en résulterait. Pour chacun la compétence culture doit plus que jamais être
une compétence partagée, gouvernance signifiant, rappelait Jean-Pierre
Saez, «responsabilité partagée». Autre
nécessité : une évaluation «obligatoirement» participative avec la
sollicitation des acteurs culturels, des
artistes, et de la société civile, chacun
devant être reconnu dans son rôle. «Il
faut sortir du dialogue professionnel
exclusif dit encore Jean-Pierre Saez,
frotter les expériences les unes aux autres, provoquer le débat.» Un nouvel
espace de vie est à construire, qui passera nécessairement par un temps
d’expérimentations et d’innovations.
Pour conclure ce colloque, première
étape dans la construction d’une
politique culturelle appropriée à des
territoires en mouvement., Yves Vidal,
vice-président de Ouest Provence en
charge de la culture et président de
Scènes et Cinés, prit l’engagement «de
la mise en place d’un conseil du développement culturel à l’échelle du
territoire intercommunal où élus, professionnels de la culture, associations
d’habitants et acteurs de la vie civile
seront réunis dans l’objectif d’optimiser
nos politiques culturelles, notamment
en terme de proximité avec la population.» Une mise en place qui pourrait
«s’inscrire à terme dans la démarche
de l’Agenda 21 de la culture.»
DOMINIQUE MARÇON
1
co-organisateur du colloque
sur l’intercommunalité culturelle
avec l’Assemblée des Communes
de France, la Fédération Nationale
des Collectivités territoriales pour
la Culture et en partenariat
avec l’Observatoire des politiques
culturelles
Olivier Bianchi, Florian Salazar-Martin, Laurence Lemouzy, Catherine Morin-Desailly, Jean-Louis Viard
© Caroline Chevalier, Mission Communication, Ouest Provence
08
ÉVÉNEMENTS
CANNES | MARSEILLE
Flamand sur la Croisette
Nommé pour deux éditions à la tête
de la Biennale de danse de Cannes,
le directeur du ballet National
de Marseille a élaboré
un programme enthousiasmant
The art of not looking back, Hofesh Shechter company © Dee Conway
Moving Target © Agnes Mellon
En une semaine, du 22 au 27 nov, Cannes va battre au
rythme de la danse, avec des rencontres, un colloque
international, du cinéma (Pina), une lecture (Chéreau lit
Nijinski), une semaine portes ouvertes à l’École Supérieure
de Danse Rosella Hightower… et deux ou trois spectacles
tous les soirs ! Le programme élaboré par Frédéric Flamand
pour cette première édition consacrée aux Nouvelles
Mythologies invite des chorégraphes internationaux que
l’on a peu l’occasion de voir dans la région, et met au jour
les tendances affirmées de la danse d’aujourd’hui. En effet,
il a programmé des pièces qui recoupent ses
préoccupations esthétiques : des danseurs rebelles,
transpercés par les images, les technologies, les éclats de
mémoire du monde vont s’emparer des grandes salles de
Cannes (Palais des festivals, Théâtres de la Croisette,
de la Licorne) pour donner à voir les Nouvelles
Mythologies qui remodèlent le corps contemporain, et sa
représentation.
Surgis des fables antiques, Orphée et Narcisse révèlent
leur modernité, liée aux nouvelles technologies de
l’image: les pièces d’Eric Oberdorff, Hiroaki Umeda,
Joanne Leighton et Emio Greco sont peuplées de reflets,
de reproductions et de doubles, avatars de Narcisse, tandis
que celles d’Hervieu et Montalvo (Orphée), ou d’Edouard
Lock (La la la human step), travaillent sur les enfers et les
joies du mythe orphique.
D’autres thématiques traversent ce programme avec la
force des mythes naissants. Le danseur contemporain,
Sisyphe moderne, semble plongé dans une interminable
lutte contre le bombardement d’images et de sons qui
l’effacent (Installation de N+N Corsino). Lutte qui le
réduit parfois à une inquiétante animalité comme dans
les pièces coup de poing de Hofesh Shechter (également
aux Salins de Martigues), ou le coupe de lui-même
comme dans Moving Target de Frédéric Flamand.
Face à cette menace d’isolement des résistances
s’élaborent, à travers l’intimité (To intimate, de Loejmi et
Lorimer), la transmission (Vivian Leighton, Copy only) et
le rapport avec la musique, qu’elle soit baroque
(Montalvo-Hervieu, Lock), rock (Come, been and gone
de Mickael Clark) ou flamenca (El
cielo de tu boca, Andrès Marin).
L’histoire interne de la danse est
aussi visitée comme un rempart
contre l’effacement : les souvenirs de
Nijinski, des ballets mythiques
(Installation chorégraphique de
Thierry de Mey), sont des lieux de
référence et de lutte. Comme
l’irrévérence et l’humour tapageur de
Christophe Haleb (Evelyn house of
shame). Quant à Hofesh Shechter,
Prométhée assumé, il prône
l’insurrection et veut triompher
frontalement. Car la danse, plongée
dans le virtuel, réaffirme la
matérialité du corps, jusque dans son
émouvante finitude (Thierry Thieû
Niang, Le Sacre du printemps).
Élaborant des mythologies nouvelles,
elle reste sans doute un des miroirs
les plus lucides du temps.
AGNÈS FRESCHEL
Festival de danse
Palais des festivals, Cannes
Du 22 au 27 nov
04 92 99 33 83
www.festivaldedanse-cannes.com
L’Air du large
Un nouveau lieu amené par grand
vent et force labeur vient de s’ouvrir
à Marseille rue Joliette : L’R de la
mer. Un entrepôt de voitures de 6 m
de haut, peint en noir, réhabilité par
l’architecte Michel Coulange. Écrin
pour créations insolites ancrées dans
le réel, mais aussi laboratoire
d’expériences poétiques et lieu de
transmission. Courage et énergie
animent l’équipe du Théâtre de la
mer : depuis 30 ans Akel Akian et
Frédérique Fuzibet mettent en
scène et scénographient textes
d’auteurs et textes issus d’ateliers
pratiqués dans les quartiers
populaires de Marseille, notamment à
la Busserine, créations qui trouvent
refuge auprès de structures
accueillantes comme la Minoterie.
Avec, ancré au cœur, le désir
d’installer des passerelles entre les
deux rives de la Méditerranée.
La mise à l’eau du navire aura lieu le
3 déc en présence d’amis artistes
dont la merveilleuse chanteuse Dalila
Khatir. En novembre, déjà, ils
présenteront une première étape des
recherches sur le public des
supporters de football avec Foot in(g)
Marseille, projet qui s’inscrit dans le
programme Marseille-Provence 2013.
CHRIS BOURGUE
L’R de la mer
Théâtre de la mer
Marseille 2e
09 53 29 03 53
http://letheatredelamer.fr
10
ÉVÉNEMENTS
CMCA | FOTOKINO | BANCS PUBLICS | CAVAILLON
Du 6 au 9 déc, pour la 3e fois à Marseille, se tiendra
le PRIMED, nouvelle appellation du Prix International
du Documentaire et du Reportage méditerranéen,
organisé par le CMCA. Parmi les thématiques principales, les transformations politiques et sociales
en Tunisie et en Égypte ainsi que la condition de la
femme dans la Méditerranée d’aujourd’hui. Cette
édition sera marquée par une augmentation du nombre de projections offertes au public et la création
de deux nouvelles catégories : les courts métrages
et les WEB-docus.
Ce sera l’occasion pour le public de voir, parmi les
316 inscrits, les 31 films sélectionnés dans les différentes sections : Enjeux méditerranéens ; Mémoire
de la Méditerranée ; Première œuvre ; Art, patrimoine
et culture ; Reportages d’investigation, venus d’Europe, d’Algérie, d’Israël, du Liban, du Maroc, de Palestine,
de Syrie, de Turquie. Les projections auront lieu à la
Maison de la Région et à l’Alcazar qui offrira aussi,
comme en 2010, les visionnements à la demande durant 2 mois. Une souplesse qui permet à tous de
disposer d’un fonds documentaire exceptionnel.
À l’Alcazar, le 7 dec de 14h à 19h, seront proposés les
films de la filière audiovisuelle corse, en présence
des réalisateurs ; le 8 de18h à 21h, une séance sera
consacrée à l’Égypte et
à la Tunisie avec des
documentaires sur le
printemps arabe, et le
10 de 14h à 19h, ce
sont les films primés qui
seront projetés.
Le 9 déc, à la Chambre de
commerce se tiendront à
9h30 une conférence
débat sur les écrans du
Printemps arabe, et à
17h30 la remise des prix
en présence de tous les
réalisateurs. Le tout
sera retransmis sur le
site de PRIMED.
Les Imams vont à l'école de Kaouther Ben Hania
Le reportage méditerranéen
ANNIE GAVA
Primed
Du 6 au 9 déc
04 91 42 03 02
www.cmca-med.org
Les images font la loi
© L'Articho
Rendez-vous incontournable des arts de l’image,
Laterna Magica, concocté par l’équipe de Fotokino,
propose durant un mois expositions, projections, spectacles, rencontres et ateliers, dans leur nouveau lieu,
le Studio, ainsi que dans une quinzaine de salles et
galeries marseillaises complices.
Parmi les temps forts, deux grandes expositions : Ed
Fella Documents qui offre une rétrospective, inédite
en Europe, de l’œuvre de l’artiste américain, à l’Atelier
de Visu jusqu’au 2 déc, au Studio Fotokino jusqu’au 24 déc et au CIPM du 26 nov au 14 jan (voir
p 62) ; Le livre, l’enfant et la photographe permet de
découvrir des ouvrages photographiques pour enfants : Sarah Moon, Katy Couprie, Dominique Darbois,
Tana Hoban et Ylla sont les artistes exposées (du 24
nov au 21 jan à l’Alcazar, une rencontre avec Sarah
Moon et Katy Couprie précédera l’inauguration le
24 nov à 9h30). Le reste de la programmation fourmille de découvertes en tous genres, parmi lesquelles :
le travail de l’association L’Articho, qui diffuse le
travail d’illustrateurs contemporains et qui publie la
revue Les Cahiers de L’Articho, sera visible au Lièvre
de Mars du 28 nov au 31 déc ; Les Particules élémentaires de Bettina Henni, dessins et images imprimées
de formes découpées dans du bois ou du zinc (du
26 nov au 14 jan à la Galerie Territoires Partagés) ; au Waaw, transformé en bureau d’information
du festival, Pixel apparition, le grand dessin collectif de Yassine auquel vous pouvez participer (le
26 nov dès 11h) ; les perles rares du cinéma d’animation, du monde entier, accueillies à La Criée
dans une Boîte à images durant la durée du festival ; du cinéma, au CIPM (le 25 nov), aux Variétés
(nov et déc), à L’Alhambra (le 11 déc) ; La Criée
transformée en Grand Bazar d’images le temps d’un
week-end (les 17 et 18 déc) ; et le Studio Fotokino
qui propose de nombreux ateliers, avec GUSto,
Patrick Lindsay, Bettina Henni…
DO.M.
L’Intime
et le Politique
Julie Kretzschmar, directrice des Rencontres à
L’Echelle, affirme plus que jamais ce qui fait sa discrète singularité en ces temps de renoncement
claironné au collectif : pluridisciplinarité, complicité et surtout partage. Les Bancs publics continuent
à expérimenter, pas à pas dans l’incertain. Cette année l’Égypte, forte de son énergie retrouvée, est
présente avec les Short Films d’Hamed Nabil, le
film-monstre Mafrouza d’Emmanuelle Demoris
(12h30 en compagnie des habitants du bidonville) qui
a ouvert le festival le 6 nov, des performers et chorégraphes comme Hamed el Attar, Mohamed Shafik
ou Mounir Saeed ; venu d’Algérie, fidèle «autre rive»,
le romancier Kamel Daoud sera interprété par le chorégraphe israélien Haïm Dridi. Plus proches des
lectures d’auteurs-femmes, «parisienne» comme Clyde
Chabot, «ex-libanaise» comme Darina Al Joundi,
se constituent une identité imaginaire par le retour
à une terre (Sicilia) ou l’acquisition d’une nationalité
(Ma Marseillaise sur le terme troublant de naturalisation) ; Sabine Tamisier à travers ses textes sensibles
et mesurés, exprime quant à elle un rêve d’ailleurs
en soi.
Florence Pazzottu, poète, vidéaste, a offert le 10
nov un moment de subtile émotion en confiant La
Tête de l’Homme, récit intime d’un événement dont
la violence relative convoque les mots de la narratrice, à l’actrice Marion Bottolier qui, sans autre effet
qu’une voix juste, transmet la profondeur de l’onde
de choc. Une lumière ciselante accompagne à l’économie la parole qui laisse entendre le vers, la césure
et le passage à la ligne, en donnant à voir les cinq
doigts d’une main ouverte ou la moitié d’un visage
étonné.
Que Julie Kretzschmar se rassure : les moyens du
bord sont ceux qui invitent le mieux à la traversée !
MARIE-JO DHO
Laterna Magica
Du 24 nov au 24 déc
Divers lieux, Marseille
Fotokino
09 81 65 26 44
www.fotokino.org
Les Rencontres à l’Echelle
jusqu’au 3 déc
Les Bancs Publics, La Friche… Marseille
04 91 64 60 00
www.lesrencontresalechelle.com
Heureux les fêlés !
À Cavaillon, on se souviendra de l’étrange lumière de ce soir d’automne et de
ses quelques grains de douce folie. Pour l’inauguration de la première Exclamation sur le chemin de la folie, imaginée par la Scène nationale, un orchestre de
mégaphones dirigé par Sylvain Mazens en joueur de flûte adepte du soundpainting (60 gestes savamment indiqués aux musiciens composent une improvisation
charmante) a déambulé dans la ville, transportant dans son sillage public et
habitants aux divers lieux d’exposition.
Un grand chahut parti de la chapelle du grand-couvent où les Chœurs de Mâkhi
Xenakis étaient installés. L’artiste y présentait un panel de son travail, de ses
muettes et inquiétantes Folles d’enfer, témoignage sculpté et écrit de l’enfermement des femmes à la Salpêtrière sous Louis XIV, aux rondeurs de la Pompadour
et à la série des Vides dont un dessin créé pour l’occasion. Étape captivante
dans la chapelle de la cathédrale Saint-Véran où les Mystiques de l’immanence
de Matthias Olmeta attendaient patiemment de leurs sublimes regards. De véritables ambrotypes aux noirs intenses vibrants d’émotion indicible. Dans le
cloître, la fanfare continuait la visite des portraits de l’institution psychiatrique
de Cuba, sobrement punaisés sur des châssis légers. Puis, sur la route du retour,
les artistes de l’Atelier Marie Laurencin, Peau d’âme et Lumière du centre Hospitalier de Montfavet, hospitalisés ou non, avaient envahi les vitrines de leurs
productions insolites. Objets détournés, sculptures sur chaussures, poupées aux
multiples visages composent une poétique du bazar absolument passionnante.
Un vrai Truc de fou ! que cette triple exposition qui, escortée par les policiers
municipaux, promenait le visiteur dans la poésie de la ville, l’art à portée de mains.
Puis, avec Louise, elle est folle, d’après un texte inédit de Leslie Kaplan, le
théâtre des Lucioles dans la poursuite de sa recherche autour du langage présentait un savant dialogue de sourdes emmené par deux actrices magistrales,
Frédérique Loliée et Élise Vigier. Dans un décor très étudié enrichi par la vidéo, deux femmes, dans la fragilité du quotidien et du dire, se renvoient la balle
de l’étrangeté et de l’enfermement dans les mots. Entre divagations et incohérences, elles préfèrent accuser Louise, l’absente, de toutes leurs bizarreries.
DELPHINE MICHELANGELI
Un truc de fou ! a été inauguré le 10 novembre
dans les rues et à la Scène nationale de Cavaillon.
À venir :
Makhi Xenakis au milieu de l'installation Les Folles d'enfer © Delphine Michelangeli
Le Libertin par l’Autre
Scène (le 17 nov), Une
phrase pour ma mère
avec Christian Prigent
(le 18 nov) et l’Appel des
39 contre la Nuit Sécuritaire (en entrée libre) dont
le documentaire de Philippe Borrel, Un monde
sans Fou, introduira la
question de la place que
notre société réserve à
la folie avec le nouveau
projet de loi sur la psychiatrie (le 19 nov).
Il n’y a pas de cœur
étanche clôturera cette
Exclamation (le 19 nov)
au Grenier.
Expositions visibles
jusqu’au 10 déc.
Théâtre de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
12
ÉVÉNEMENTS
LE KLAP | DANSEM
Vive la danse !
dans le lieu. Il faudra que ça change,
si l’on veut que Klap conserve sa belle
âme !
AGNÈS FRESCHEL
À venir
Inauguration du Klap © Agnès Mellon
À l’heure où Frédéric Flamand va diriger un Festival de danse de Cannes
à la programmation enthousiasmante
(voir p8), où Angelin Preljocaj repasse
enfin par Marseille après une absence
de sept ans (voir p6), Michel Kéléménis installe une nouvelle Maison
pour la danse au potentiel splendide,
et ouvre ses portes à Dansem… La
danse contemporaine prend-elle un
nouvel élan ?
Le 21 oct la première soirée de son
KLAP fut émouvante et magique : un
morceau d’Henriette et Matisse en guise
de mise en bouche, puis quelques
discours officiels chaleureux et bienveillants. Car Kéléménis sait remercier
ceux qui le financent : «La Ville de
Marseille a consacré 3.7 millions d’euros pour le développement d’un lieu
entièrement dédié à l’art chorégraphique, sa culture et ses dialogues. C’est
incroyable !» La danse à Marseille
dispose dorénavant d’un outil de
création exceptionnel, et les danseurs
venus d’horizons lointains s’en sont
réjouis en offrant des extraits de plusieurs œuvres du chorégraphe, reliés
avec malice par la complice de longue
date, Caroline Blanc. L’occasion de
réaffirmer la plasticité d’écriture du
chorégraphe : Fana Tshabalala, danseur
sud africain très émouvant, dansa un
solo subtil et politique fait d’arrêts et
d’attentes intérieures, de jeux aux
frontières (à revoir le 1er déc au Klap
à 19h) ; le jeune Thomas Birzan de
la Cie Grenade reprit avec fougue et
une très belle vitesse Faune Fomitch,
réinterprétation, avec force citations,
du faune de Nijinski ; tandis que Sara
Lupoli et Erik Odriozola, magnifiques interprètes du Ballet d’Europe,
montraient l’étendue de son talent
d’écriture dans un duo plus classique
aux portés sensuels, le Ballet de Genève révélait le côté parodique et mutin
de sa version amusée de Cendrillon, puis
le BNM enfonçait ses pointes dans le
sol comme autant de piquets de torture, dans Tattoo, une pièce nettement
plus dialectique…
Varié Kéléménis ? les propositions dans
sa maison ne le sont pas moins ! Rencontres publiques, cartes blanches,
avant-premières, stages et cours ouverts… le programme s’annonce riche !
Et pauvre : ces propositions ne sont
que des monstrations de travaux en
cours, et si le Klap est né, il n’a pour
l’heure aucun argent pour fonctionner, si ce n’est celui de la compagnie,
insuffisant à programmer vraiment
Coline
Chorégraphies de Mathilde Monnier,
Edmond Russo et Slhomi Tuizer
Le 22 nov à 19h
Fana Tshabalala en solo
Le 1er déc à 19h
Pardi
Sortie de résidence de la Vouivre
Le 1er déc à 20h30
Les Ci-Giselles d’Olivia Granddville
Ballet National de Marseille
Big Mouth de Niv Sheinfeld et Oren Laor
Les 6 et 7 déc
Cartes Blanches à l’ENSDM
Le 13 déc à 19h
ENSDM
Chorégraphies de Rita Quaglia et JeanChristophe Paré
Les 15 déc à 20h30 et le 16 déc à 14h30
Klap, Marseille 3e
04 96 11 11 20
www.kelemenis.fr
Dansem continue sa route !
Comme chaque année le festival de danse en Méditerranée a commencé par les Questions de danse
animées par Kéléménis, aux Bernardines et… au
Klap ! Gabor Halasz, du BNM, a présenté Burn in
Flames, 18 mn de l’exploration gestuelle du solo,
suivie d’une rencontre où il révèle ce que son solo
élaboré autour de l’énergie et non du mouvement
doit au bouddhisme. À cette rencontre succéda une
«vraie leçon de danse», dirigée par Fabrice Ramalingom et les interprètes de sa prochaine création.
Un commentaire précis, pédagogique du travail de
création d’un chorégraphe. Fabrice Ramalingom construit sa danse en termes de circulation, d’espace,
de fluidité, de solidarité du groupe, de centre et de
satellites, de diagonales, de sorties, de percées, d’impact… Toutes les pensées -même les plus saugrenues
comme imaginer le groupe coincé dans une minuscule cuisine- sont mises à nu.
La semaine suivante Dyana Hammoud interpréta
Mahalli, un solo tout en lenteur et en force pourtant,
en ondulations orientales et soubresauts électroniques, paradoxes soulignés par un regard vrillant
puis absent… Un très beau travail, mystérieux, suivi
par le duo Embrace d’Edmond Russo et Shlomi Tuizer,
à l’opposé fondé sur une danse rapide et athlétique,
d’une grande précision spatiale, explorant une relation des corps abstraite et charnelle à la fois…
Si ces Questions de Danse s’avèrent passionnantes,
les formes spectaculaires proposées par Dansem,
en collaboration étroite avec chacun des lieux qui
l’accueille, ne le sont pas moins. La programmation
se déploie jusqu’au 9 déc : au Merlan et à Arles
(voir p28), à la Poissonnerie avec Barbara Sarreau,
aux Bernardines avec quelques Torgnoles d’Appaix,
au Lenche avec Sabine de Viviès puis Rita Quaglia,
au Bois de l’Aune (Aix) avec Taoufiq Izediou, au
Klap bien sûr (voir ci-dessus), puis à la Minoterie
pour finir avec le magnifique solo de Rachid Ouramdane créé cet été au Festival d’Avignon :
Exposition universelle.
A.F. ET M.G-G
Dansem
04 91 55 68 06
www.officina.fr
Embrace
© Agnès Mellon
ENSEMBLE TÉLÉMAQUE
La musique
contemporaine
est populaire !
Enfin, Télémaque va disposer d’un vrai lieu :
le Rio, ancien cinéma à l’Estaque se transforme
en Pôle Instrumental Contemporain, le PIC
Correspondant à l’esprit de l’Ensemble,
le PIC, pour l’heure en travaux, se dédiera dès septembre à la musique en
création. S’il va permettre d’entreposer le matériel de l’Ensemble, et lui
servir de lieu de répétition et de création, le PIC se veut aussi un laboratoire
ouvert : les formations de chambre,
solistes, ensembles contemporains,
mixtes ou actuels y trouveront un lieu
de répétition et de monstration. Disposant de 100 places, il sera aussi un
lieu de transmission en direction des
publics les plus variés, avec fort attachement aux plus jeunes, dans un souci
d’éveil, de formation et d’éducation.
C’est pourquoi Télémaque collabore
d’ores et déjà avec deux lycées et deux
collèges, quatre écoles primaires et un
centre social… Ateliers de sensibilisation, de pratique, rencontres avec les
artistes, l’ensemble s’ancre dans le territoire de l’Estaque et s’inscrit dans
son tissu social et culturel. Car, explique Raoul Lay «la musique ne peut
se résoudre à appartenir à une élite qui
en possède les clés : l’art doit devenir
populaire non par une culture de l’allégé, mais en offrant des portes d’entrée,
tout en refusant la compromission simpliste, la tentation grand public.» À
Télémaque, depuis bientôt 20 ans les
Raoul Lay © Agnès Mellon
arts se croisent, la musique contemporaine s’associe au théâtre, à la danse,
au cirque, dans une perpétuelle dynamique de renouvellement des esthétiques,
et avec un franc succès public.
Et un orchestre !
Ces métissages, ces audaces se retrouvent dans l’orchestre européen ECO
(European Contemporary Orchestra)
porté par Télémaque dans la perspective de MarseilleProvence 2013, puis
de Mons 2015. Pourquoi cet orchestre ? «L’ECO est issu de trois ensembles
européens atypiques, explique Raoul
Lay : Télémaque, l’ensemble Musiques
Nouvelles de Mons, et l’ensemble De
Ereprijs de Arnhem forment, réunis, un
nouvel outil complètement dévolu à la
musique contemporaine, qui propose
un nouveau standard sonore. Il combine la dimension symphonique avec
les nouvelles technologies, les voix et la
lutherie électronique, la force de frappe
d’un orchestre et la ductilité d’un ensemble. C’est un orchestre de base de
33 musiciens différencié à la fois du
Symphonique traditionnel et de la
musique de chambre… Et l’ECO va sonner ! Avec 10 instruments à vents, de
nombreuses percussions, deux guitares
amplifiées, des performeurs son mais
aussi un fonds d’instruments à cordes...
Pour Varèse l’orchestre de jazz était un
Tigre par rapport au lourd orchestre
Philharmonique : l’ECO sera le tigre de
la musique contemporaine, capable de
sonner comme une fanfare, un quatuor
à cordes ou un big band.»
Dans ce cadre européen, après plusieurs
concerts en Belgique, aux Pays-Bas et
aux Archives départementales à
Marseille, un Atelier de l’Euroméditerranée a accueilli la compositrice
italienne Alice Berni, et son œuvre a
été créée le 10 nov à la caserne des
pompiers de Saumaty. Elle sera reprise le 9 déc à l’Alhambra pour le concert
Looking for ECO, hommage à Frank
Zappa, qui proposera une réorchestration de Black page par Olivier Stalla,
des œuvres de Ezequiel Menalled, de
Xénakis, les créations de Luca Macchi et d’Alice Berni.
En avant-première à la Caserne et le 8
nov pour un concert lecture à l’Alcazar, les solistes de Télémaque ont fait
preuve de leur virtuosité. Ainsi, à l’accordéon, Jean-Marc Fabiano, après
une époustouflante adaptation d’Asturias d’Albéniz, avec une respiration
humaine au cœur d’une ivresse virtuose, sert la puissante Toccata Burlesque
de Zubitsky, travail d’une complexité
folle, aux liens acrobatiques… Les percussions de Christian Bini n’en sont
pas moins étonnantes, avec un Crystal
Silence de Chick Coréa et Gary Burton,
au vibraphone aérien, large, rêveur, au
tempo suggéré … Puis, Rebonds de
Xenakis, qui tient de la performance
physique autant que musicale, «algorithmique et tribale». Rythme ostinato
sur lequel s’orchestre une construction
au cordeau (Xenakis n’était-il pas architecte !) toute d’échos et de fausses
symétries. Une périlleuse introduction
à ce nouvel univers sonore qui se dessine, et dont on attend avec impatience,
ÉVÉNEMENTS
13
après le concert d’ensemble du 9 déc,
les formes orchestrales dès juin 2011.
Tournée
Nokto, c’est la nuit en Espéranto, et le
langage de ce spectacle musical pour
les tout-petits, petits et femmes enceintes est accessible en effet à tous
les enfants du monde… Mêmes réactions chez les bébés de France ou du
Japon, délicieusement emportés par
les sons, et les lumières et images
subtiles de Jean-Pascal Viault (cie
jeune public L’Yonne en scène). Bâtons de pluie, souffles, silences, flûte
qui s’étire, voix aux aigus fascinants
de fragilité …murmures… un monde
de sensations, une immersion dans la
matière musicale primordiale. Une
composition fine et sensible de Raoul
Lay, jouée près de 150 fois sur tous
les continents, et programmée par la
Régie Culturelle Paca dans toute la
région.
MARYVONNE COLOMBANI
Looking for ECO
le 9 déc
Alhambra Cinémarseille
Nokto
Le 27 nov 11h et 15h
Salle des Lices, Marseille
Le 28 nov 15h30
Le 29 nov 9h et 10h30
Vélo théâtre, Apt
Le 1e déc 9h30, 11h et 17h30
Théâtre de Cavaillon
Le 12 déc 15h et 16h30
Cinéma les Variétés,Veynes
Le 14 déc 11h et 15h30
Théâtre Durance, Château-Arnoux
Le 16 déc 9h45 et 14h30
Le Carré, Sainte Maxime
www.laregie-paca.com
04 91 39 29 13
www.ensemble-telemaque.com
Nokto © Pascal Perennec
14
THÉÂTRE
LA CRIÉE | MARTIGUES | OUEST PROVENCE
End them ?
Depuis presque un quart de siècle Daniel Mesguish
parcourt, traverse et revisite activement la pièce la plus
jouée, la plus glosée, la plus parodiée sans atteindre le
noyau dur de mystères et de leurres sémantiques dont
elle est pétrie. Mission impossible sans doute, même si
le metteur en scène incarnait en 1986 un troublant Hamlet.
Pour cette quatrième tentative, au sens noble du terme,
le jeune homme mélancolique (?) est joué par William,
fils Mesguish, dont la présence acidulée et adolescente
donne le ton et le tempo : le prince fait rebondir son ballon
comme on mâche un chewing-gum, fait des passessurprises à ses partenaires ; saisir la balle au bond semble
être la mission de chacun des acteurs et la traduction /
adaptation du texte qui court, vole et tord le cou aux
morceaux de bravoure induit le rythme (inégal d’ailleurs,
essoufflé dans la 2e partie) ; un brin Lorenzaccio dans les
poses du personnage double au gant rouge et au verbe
acéré (le «words, words ,words» devient «word, sword,
sword», mot-épée plus romantique que shakespearien),
un brin hollywoodien dans la chambre nuptiale avec
mère-au-bain-peignoir-de-soie ou avec les deux Ophélie,
brune et blonde, sorties de chez David Lynch, l’acteur
omniprésent est un peu la clé de ce spectacle qui rend
hommage à la représentation : pas de spectre ici, sinon
entre les lourds rideaux de velours rouge, une scène
entraperçue, ou les paroles volantes de tous les Hamlet
déjà vus ou entendus ; de la fumée pour brouiller et beaucoup, beaucoup de musique pour... rien ? Mesguish père,
toujours à l’aise dans l’hétérogène (ah, la bouffonne perruque Grand Siècle de Polonius) et le baroque du premier
coup d’œil, livre une mise en scène d’artificier ouverte
aux quatre vents qui laisse une impression parfaitement
contradictoire de trop et de trop peu ; le «rotten» du
royaume du Danemark ayant été traduit par «tordu»
plutôt que par «pourri», on s’intéresse effectivement à
ce qui se passe sur le plateau, pas en-dessous !
MARIE-JO DHÖ
© BM Palazon
Hamlet de Shakespeare, traduit, adapté
et mis en scène par Daniel Mesguish,
a été joué à La Criée du 19 au 22 octobre
Successions
Alain Françon en avait fait une mise en
scène mémorable il y a 20 ans : Dans
la compagnie des hommes est la pièce
qui dans les années 90 a fait connaître
Edward Bond en France, où il était
jusqu’alors peu traduit. Succéder à ce
qui fut un des grands succès de Françon n’est pas une mince affaire… mais
Selim Alik propose un regard très différent, moins universel, centré sur la
cruauté particulière, masculine (les
hommes du titre sont la traduction de
men), qui sévit dans le monde du capitalisme industriel (la compagnie du
titre). Une réduction du propos ? sans
doute, puisque chaque pièce de Bond
donne à voir la même violence universelle de la relation humaine ; mais aussi
un recentrage pertinent sur les particularités de cette pièce de Bond, aujourd’hui
que toutes sont traduites, et que la violence du capitalisme répand ses effets
dans un immense fracas destructeur.
La cie Cithéa montre donc avec rigueur
les luttes d’un monde tragique privé de
dieux, mais aussi de prolétaires (en dehors d’un valet alcoolique et servile) et
de femmes : aucun désir, aucun amour
d’administration. D’une entreprise d’armement bien sûr, les Pièces de guerre ne
sont pas loin. L’indifférence entre le père
et le fils, qui ne s’aiment ni se détestent,
sont animés, jusqu’à l’homme de main,
ou à la «loque humaine» qui a perdu
son entreprise au jeu. Les six comédiens
parviennent avec talent à rendre les
facettes diverses et mystérieuses de
ces personnages. Sauf l’ironie de certaines situations, qui semble échapper
à la mise en scène, alourdie par un
espace trop petit, un couloir volontairement écrasant. Ce qui n’allège pas
vraiment les 3 heures d’un texte franchement verbeux par moments, qui
aurait gagné à garder ses respirations
comiques, et quelques échappées
spatiales.
AGNÈS FRESCHEL
Dans la cie des hommes a été créé
à La Criée du 3 au 9 novembre
À venir :
© Clement Puig
non plus dans cet univers où le seul
aiguillon est un argent dématérialisé, la
seule lutte celle du contrôle du conseil
entre les concurrents, qui se tuent et
se trahissent sans haïr ni pardonner, n’a
d’égale que l’incroyable orgueil dont tous
Le 22 nov
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Utopie numérique
Situer L’Île des Esclaves dans l’univers pixellisé d’un jeu
de rôle numérique, voilà qui est surprenant : la comédie
de Marivaux est si ancrée dans son époque, avec sa
relation maitres-valets teintée de despotisme, et ce désir
© Adrian Althaus
de vengeance cruel des classes opprimées, qui sera à
l’œuvre sanglante quelques années plus tard ! Rien dans
le texte, ni la caricature de la coquetterie féminine, ni
les figures du renversement social, ni le désir de transgresser amoureusement les frontières des classes, ne
semble justifier une telle transposition… qui marche
pourtant ! C’est que le côté expérimentateur du dramaturge des Lumières, du type prenons quelques spécimens
humains et plaçons-les dans un environnement inédit,
relève de la même liberté matérielle que la création
numérique !
Avec quelques aménagements dans le texte (essentiellement des ajouts), un décor impressionnant fait de
cubes, d’écrans et d’eau pour évoquer l’Île, la machination et les pixels (décor hélas très écrasé dans la
petite salle), de beaux costumes punks pour mieux
décaler le tout et un quatuor de jeunes comédiens volontairement (mais parfois un peu trop) hystériques, cette
mise en scène de Paulo Correia parvient à la fois à faire
entendre la teneur d’une œuvre majeure, tout en l’épiçant d’un sel nouveau. Étonnant !
A.F.
L’île des esclaves a été jouée à La Criée
du 12 au 15 octobre
À venir :
Le 24 nov
Théâtre La Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
www.scenesetcines.fr
LA MINOTERIE | LE MERLAN | LE GYPTIS | AUBAGNE
THÉÂTRE 15
Roméo et voyelle
poir de cause se met littéralement à nu
devant les yeux horrifiés du directeur.
Mélangeant acteurs et personnages,
jouant sans arrêt sur les mots, mêlant la
vie des coulisses avec celle de la scène
puis celle de la salle, Valletti démonte les
mécanismes de la création théâtrale et
se moque avec férocité de certains metteurs en scène... L‘inventivité réjouissante
de la mise en scène de Michel Froehly,
les costumes de Sabine Siegwalt, le jeu
inspiré de Stéphanie Marc en amoureuse bafouée par son metteur en scène. Un
spectacle revigorant !
CHRIS BOURGUE
Romea et Joliette par la Cie L’heure du
loup s’est joué du 19 au 23 octobre à
La Minoterie
© Dan Warzy
Les six personnages de Roméa et Joliette
ont trouvé leur auteur, sans aucun doute :
Valletti, inventif et caustique à l’envi,
débridé pour le plus grand plaisir du spectateur ! Un directeur de théâtre paumé
(sublime Christian Mazzucchini) accueille une troupe déjantée, qui s’imagine faire
du bon théâtre. «Putain ! C’est moderne !»
clame le directeur qui se croit inspiré. Ainsi
ils transforment par un jeu de voyelles le
classique de Shakespeare en une galégeade marseillaise que quatre acteurs
tentent de répéter (jouer ?). Or le texte
n’est qu’une «béquille» pour ces mauvais
acteurs, un «biscuit» que leur jette le metteur en scène (Philippe Gouin), emporté
dans son délire créatif, méprisant tout à
la fois l’auteur, le public et les acteurs ;
ainsi Désiré (Désiré Saorin) en déses-
Illusion et libre
arbitre
Sobrissime
© Christian Dresse
La Scène nationale du Merlan cultive l’art de surprendre
et de proposer des formes qu’on ne voit pas ailleurs.
Vertu cardinale, même si elle l’expose parfois à des
déconvenues, risques de l’aventure. Avec Thierry
Collet la plongée du théâtre dans le monde de la magie
n’est pas décevante. Pas spectaculaire non plus, mais
atteignant franchement son but : celui de nous faire
douter de notre perception, et de nous donner à
mesurer l’ampleur des techniques de manipulation
mentale à l’œuvre dans nos démocraties de la
communication. Comment ? en démontrant comment
nos préférences a priori anodines, de couleur, d’étage,
de chiffre, révèlent nos choix plus profonds.
Déstabilisant, mettant à mal notre douce illusion de
posséder un véritable libre arbitre, sa manipulation
mentale révèle honnêtement sa présence, mais pas ses
ficelles, et le public ne sait comment il fait… À mi-chemin
entre le cours de psychologie collective et le spectacle
de divination, Influences dérange. Les isoloirs et les
urnes qui composent le décor, le côté VRP du
manipulateur, sonnent familièrement et alertent : quelles
sont donc les raisons de nos choix ? Dans une société
si manipulatrice, quel est le sens de la démocratie (voir
à ce propos p 91) ?
AGNÈS FRESCHEL
Bérénice a été créé au Gyptis, Marseille,
du 18 au 22 octobre, et au Comoedia d’Aubagne le 3 novembre
AGNÈS FRESCHEL
Influences a été joué les 9 et 10 novembre au Merlan
© Le Phalene - Nathaniel Baruch
Il faut avoir un certain culot aujourd’hui pour monter du Racine sans «relecture» et en
toge : cela surprend, laisse les acteurs à découvert, et met l’accent sur le texte plutôt
que sur la mise en scène. Jean-Claude Nieto se situe là franchement et sans
complexe à contre-courant de ce qui se fait ! Et Racine tient le choc, ce Bérénice
laisse admirablement entendre la beauté de sa langue : de l’inquiétude au désespoir
puis à la résignation, Bérénice fait couler ses pleurs, tandis que Titus dissimule puis
avoue, menace et console, et que l’amoureux Antiochus laisse éclater son aveu, ses
espoirs, sa résignation… Évidemment un tel parti pris de mise en scène, sur une telle
tragédie, la moins active, la plus linéaire de Racine, nécessite des acteurs
exceptionnels. Floriane Jourdain (Bérénice), naturelle si on peut l’être dans ce rôle,
et Fabio Ezechiele Sforzini (Titus), césar affublé d’un accent étonnant dans le vers
racinien, s’en tirent avec les honneurs –et ce n’est pas rien dans cette tâche– mais
Rafaël Gimenez (Antiochus) annone comme un débutant ses hémistiches… Les deux
confidents ont nettement plus de métier mais Jean-Serge Dunet (Paulin, confident
de Titus), acteur d’un certain âge et embonpoint en toge courte et en sandales, est
placé plusieurs fois dans une position difficile. Dommage car le décor, dans sa
symbolique spatiale, et les costumes, romains mais discrètement et élégamment
revisités, font très bien leur office, devant un public, comme toujours au Gyptis,
composé pour partie de classes bien préparées qui ne viennent pas des «bons» lycées
de la ville : ils y auront entendu et compris Racine, malgré quelques rires lorsque Paulin
devait courir, ou Antiochus, mal à l’aise, partir mais rester…
16
THÉÂTRE
TOURSKY | GYMNASE | OUEST PROVENCE
Télé irréalité
Entre le temps de la télé réalité -la vie
des femmes d’un immeuble voué à la
destruction- et celui des feuilletons Dans le tourbillon de l’amour, où des
gens très très riches et très très chics
vivent des amours affolantes et
compliquées- il y a des femmes, avec
leur quotidien, les maladies, les fins de
mois qui débutent le 2, les problèmes
d’embauche, les enfants, les
compagnons pas toujours amènes, le
racisme, les menaces d’expulsion… Un
parfum de résistance plane sur les
tableaux qui dessinent ces destins
(mot cher au feuilleton susnommé). Le
décor est simple, composé de cartons
qui modulent différents espaces,
écrans sur lesquels se projettent les
images des grands travaux destinés à
propos qui cherche à appréhender une
réalité sociale, et à dénoncer la
destruction des lieux et des personnes,
jusque dans le vocabulaire : la verve
d’Edmonde Franchi fait mouche
dans cette pièce si humaine, si
simplement revigorante dans un
monde où la réalité s’aseptise. De
toutes Beautés ? oui, ces personnages
sont beaux, dans leurs difficultés, leur
liberté, leur courage. Les saluts
ovationnés par un public enthousiaste
ont pour toile de fond des images de
manif, «Mañana sara el sol»…
MARYVONNE COLOMBANI
© maxminniti
détruire l’immeuble vétuste ; et le fil
musical est joyeusement mis en place
par le couple des voisins musiciens,
palmas, percus, chants…. Le rythme se
resserre au fur à mesure de la
représentation, pour souligner un
De toutes beautés a été créé
au Toursky les 14 et 15 oct
L’art du palindrome
libre qui s’efforce d’analyser les causes, dénonce les
peurs qui engendrent le rejet de l’autre, symbolisé
par un passager clandestin. La croisière s’amuse, on
rit beaucoup, avant que d’en pleurer : le
commandant du navire se range à l’avis de Pinson,
expert en palindromes, qui l’éblouit par ses
sophismes et ses jeux d’esprit creux. Face à la
conjuration de la bêtise, Johanna trouve un allié en la
personne du serveur lui aussi méprisé de par sa
fonction. Nos deux sceptiques sont les seuls à
analyser sans proposer de système, à revendiquer la
liberté individuelle. Dans cette Traversée sans histoire,
le jeudi noir de 1929 aiguise les passions, tisse des
échos avec notre temps… La pièce de Michel
Dossetto, qui joue sur différents niveaux de lecture,
jouit d’une belle interprétation, juste et intelligente.
Un vrai régal, même si la première manquait un peu
de liant entre les scènes.
M.C.
Une traversée sans histoire, mes. Isabelle FaillardPancol, a été créé au Toursky le 4 novembre
© Frederic Stephan
Un Diogène en queue de pie descend sur scène. Des
sirènes de bateau installent une atmosphère de
départ. Transatlantique de luxe, rite des repas qui
rythment le temps, salon de lecture où l’on cause,
pont propice aux exercices gymniques, aux
confidences. Ce monde de luxe se peuple de
personnages bien typés dont la dimension ironique
est jubilatoire. La belle Johanna (jouée avec finesse
par Astrid Veillon) peut ressembler à une Hannah
Arendt indépendante et progressiste ; Louis Pinson,
par ironie magnat de la dentelle est impressionnant
d’étroitesse, d’auto-satisfaction et de lourdeur. La
rencontre de ces deux personnages, si cocasse
qu’elle soit, résonne comme la figure allégorique du
heurt de deux mondes, un passé confit dans des
principes antiféministes et racistes face à une pensée
Politiquement contestable
Même si ils n’ont pas besoin de Zibeline pour remplir et ravir les salles, on a voulu
voir ce que l’époustouflante technique et le sublime sens de la démesure de
Michel Fau pouvaient faire de Guitry, et de miss Depardieu la pétulante… Que
dire ? Qu’on y a ri, tant les jeux de mots, la richesse et la souplesse de la langue,
l’efficacité de la mécanique dramatique font fine mouche. Et tant Xavier Gallais
en fils de famille débauché, Michel Fau en désabusé snob en proie à un retour
tardif de désir, Julie Depardieu en cocotte inculte et velléitaire, sont parfaits.
© Getty images Marcel Hartmann
Au-delà même : on a vu Julie Depardieu à côté de ses pompes sur les planches,
mais le rôle de Nono lui va littéralement à ravir. Quant à la scénographie, faite de
décors peints et de fausses perspectives comme il y a un siècle, mais
délicieusement allégés en voiles comme en un boudoir, elle indique discrètement
la teneur du propos : il s’agit d’aller pêcher là, dans ce répertoire bourgeois qui
savait faire rouler la mécanique théâtrale, quelques recettes qu’on a négligées et
qui ont une saveur intéressante, pour peu qu’on les allège.
Certes. Mais le théâtre n’a-t-il rien d’autre à dire ? Ces personnages étriqués qui
ne savent pas aimer ni même regarder l’autre, encore moins le monde, ont-ils un
intérêt ? Cette atroce misogynie, dont nous souffrons encore, et qui gagne, a-telle besoin de ce relais sur nos scènes, qui devraient être des lieux de résistance,
et non de renoncement douillet ? Ces oisifs mesquins qui attendent d’hériter en
méprisant leurs parents, les valets et la province, qui se trahissent entre amis,
dont le désir de l’autre n’est qu’une soif d’apaiser le leur, sont-ils des
représentations anodines ?
Le théâtre ne doit pas être politiquement correct, et peut tout dire, y compris le
réac. Mais si l’art peut changer les hommes, la représentation sans
désapprobation d’une telle société a forcément des conséquences sur le public,
et participe de son aliénation.
AGNÈS FRESCHEL
Nono a été joué à La Colonne, Miramas,
le 13 oct, et au Gymnase du 14 au 22 oct
18
THÉÂTRE
LENCHE | THÉÂTRE OFF | MERLAN | GYMNASE
Bonnes à lier
En cette rentrée théâtrale, Yvan Romeuf et la compagnie L’Egrégore nous ont
offert sur le plateau du Lenche une intéressante lecture de la première pièce de
Jean Genet, Les Bonnes. Solange et Claire, deux domestiques sans doute
inspirées des tristement célèbres sœurs Papin, y jouent et rejouent leur condition
aliénante, singeant les relations qu’elles ont avec leur patronne dans une
«cérémonie» malsaine qui est leur raison de vivre et qui finira mal. Les Bonnes, ou
comment fantasmer la mort de cette Madame si belle, si bonne, qu’on admire et
qu’on hait, devant laquelle on finit toujours pourtant par se soumettre… Le huis
clos mortifère et feutré imaginé par Genet suinte dans le gris du décor et des
fleurs séchées qui traînent partout. Seule note vive, celle des robes de Madame
suspendues en fond de scène, dans une armoire qui n’est pas sans rappeler le
cabinet de Barbe-Bleue. Genet parlait d’un conte, on y est. Mais on est surtout au
théâtre, sur une scène que des effets de voilage, de lumières et une passerelle
latérale façonnent, et dans un jeu de rôles étourdissant, dont les trois acteurs
distillent toute la subtilité perverse. Acteurs, oui, vous avez bien lu ; car le rôle de
Madame a été confié à Maurice Vinçon, impérial en demi-mondaine, et si juste
dans la fausse largesse et le dédain à fleur de peau. Quant aux bonnes, elles sont
magistralement interprétées par Manon Allouche et Claire Calvi, qui donnent
un beau relief aux mots, et à la folie, des deux sœurs.
© Joelle Brover
FRED ROBERT
Les bonnes de Jean Genet a été joué
au théâtre de Lenche du 11 au 28 octobre
Sans dot !
© Agnes Mellon
écœurant, dominé par la possession
sensuelle de l’or et de la chair jeune
des filles, battant son personnel, animé
de désir de meurtre et n’aimant
personne, surtout pas ses enfants.
C’est que son obsession n’est ni le
Comme il grince et sonne actuel, cet
Harpagon là ! On sait que Molière a
peint son Avare sans aucune
tendresse : parmi ses personnages
d’obsessionnels monomaniaques il est
le seul véritablement haïssable,
rang, ni la maladie, ni le langage, ni le
sexe, mais l’argent. Maladie fatale,
bourgeoise, péché capital infâme dans
l’ancien régime… Le rapport que notre
société entretient avec l’argent n’est
pas plus simple, et l’idée de réactiver
l’Avare pour l’interroger est formidable.
Car il ne s’agit ni d’une mise en scène
que nous propose la Cie Vol Plané, ni
d’un détournement, mais bien d’une
réactivation. Sans trahir le texte le
quatuor d’acteurs le met à cru, en
garde la mécanique, le joue vite, sans
décor et sans fioriture, sans artifice,
avec un naturel surprenant. En
rappelant très simplement notre
distance à cette histoire : ainsi le «Êtesvous un Juif, un Arabe ?», cauchemar
des metteurs en scène, est dit, puis
immédiatement récusé ; les artifices
de théâtre, comme le bâton en
mousse, sont mis à nu avec une force
comique qui ne doit rien à Molière,
mais à l’ironie de notre temps ; les
relations père-fils ont la violence d’une
relation moderne, où les jeunes sont
privés d’avenir et dépendants ; quant
au rapport au public, appelé sans
ménagement à répondre à des
questions directes (combien as-tu
payé ta place ?) ou à attraper au vol
des oranges, il relève évidement d’une
dramaturgie contemporaine.
Après leur Malade Imaginaire, que l’on
pourra retrouver au Gyptis et à
Aubagne (voir p23), nos quatre
comédiens confirment la constance de
leur talent, faisant preuve d’un
abattage qui n’a d’égale que leur
justesse, pimentée par un beau sens
de la démesure. Pierre Laneyrie est
un Harpagon vraiment épatant.
AGNÈS FRESCHEL
L’Avare a été crée au Gymnase
du 8 au 12 novembre
Homme à femmes
Frederic Ortiz © X-D.R.
L’acteur prend place. Sur une chaise
plantée entre deux grandes lampes, tel
un otage aveuglé par d’immenses
écouteurs d’un casque acoustique,
d’une voix radiophonique, l’homme
seul commence sa symphonie. Il lit. Et
un «je» féminin prend peu à peu le pas
sur son «jeu» masculin. Tandis qu’on
pénètre dans l’univers carcéral, l’huis
se referme sur le corps du comédien
qui souffre aux ordres scandés dans un
micro
amplifiant
cris
et
chuchotements… Cliquetis d’écrous,
fouilles au corps, clichés certifiés,
douches humiliantes, parloir rituel…
Frédéric Ortiz lit, sans accroc, des
textes de femmes incarcérées à la
prison des Baumettes. Ils sont tracés
à l’encre frémissante d’un stylo
malhabile, disent l’urgence et le
soulagement, dépassent l’insoutenable
sentiment de culpabilité, s’évadent
vers des rêves de maternité, des
souvenirs d’enfance, de la beauté
perdue et de la puanteur
omniprésente, jusqu’à la démence… et
la littérature ! Au rythme d’une bandeson soignée, les feuillets s’enchaînent,
architecturés comme les pièces
chantées d’un cycle lyrique : voix de
femmes qui barytonent. Au final,
l’acteur tente de s’effacer derrière le
recueil qu’il désigne du doigt. On
applaudit les deux !
JACQUES FRESCHEL
Le bout du vide a été crée du 6 au 22
octobre au 4e mur / Théâtre Off,
Marseille
20
THÉÂTRE
VITEZ | JEU DE PAUME | ARLES | OUEST PROVENCE
Mon voisin s’appelle Woyzeck...
© Denise Oliver Fierro
Dernière image d’une représentation forte comme il
se doit : le cadavre de Marie au centre de la piste
circulaire disparaît peu à peu dans une ombre dense
tandis que restent éclairés les sachets en plastique
informes avec lesquels on l’aura vue se déplacer tout
au long de la pièce ; d’un déchet l’autre... «Drame de
la jalousie» et de bien d’autres choses dans une ville
de garnison, le texte de Büchner (1836), œuvre
ouverte s’il en est puisque constituée de fragments,
est propice au renouvellement des interprétations. Le
parti pris de Marie Lamachère est clair et efficace:
en ausculter les résonances au présent grâce à un
travail sur la «présence» des corps et de la voix, danse
et chant compris ; les acteurs caracolent, hennissent,
sont traversés par des mouvements-réflexes, des
influx nerveux incontrôlés, et pas seulement ce «fou»
de Woyzeck ; la pantomime animale ou la bestialité
des comportements prennent au pied de la lettre la
scène-matrice de la baraque de foire où le
bonimenteur discourt sur l’humain : «Voyez la bête...»
Jeu de proximité dans le temps avec battle-dress et
rangers, caisses de bière, et dans l’espace : les
acteurs circulent dans les travées et lorsque Woyzeck
poignarde Marie qui hurle au fond de la salle hors de
portée du regard, ça fait vraiment froid dans le dos du
spectateur ! Où se termine la tragédie, où commence
le fait divers ? L’intégralité des fragments est travaillée
et on voit ainsi apparaître une grand-mère conteuse
et un chat (la présence d’un animal vivant sur le
plateau reste surprenante) ce qui déplace les
habitudes de lecture de la pièce. Très efficace donc
et... émouvant !
MARIE-JO DHÔ
Woyzeck a été joué
au théâtre Vitez, Aix le 9 novembre
A venir :
Du 13 au 15 déc
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
La poésie en partage
Trintignant © Brigitte Enguerand
«Elle est discrète, elle est légère, un frisson d’eau sur de la mousse» murmurait
Verlaine. Ton intime des textes dits en
confidence, jeux sur les mots, plaisir
du verbe, piques délicieusement provocatrices, art de dire l’absurde beauté
humaine, de dénoncer l’insoutenable,
la bêtise, l’horreur des guerres, de faire
un pied de nez à la mort tant qu’un
souffle subsiste… Boris Vian, Desnos,
Prévert, convoqués par la voix de JeanLouis Trintignant, renaissent, sourient,
respirent, rêvent, s’indignent encore.
On entre dans «la maison aux piments
rouges» de Prévert, même si ce n’est pas
sa maison, on «n’aime plus la rue SaintMartin» avec Desnos dont l’ami a été
arrêté, on sourit à la définition du poète
de Boris Vian, cet «être à plusieurs milliers
d’exemplaires»… Foin de la censure,
c’est la première version du Déserteur
qui est donnée, plus forte et résistante.
La diction dépouillée se conjugue avec
la voix humaine du violoncelle de Gré-
goire Korniluk et l’accompagnement
subtil et distancié de l’accordéon de
Daniel Mille. Il ne s’agit pas de textes
dits sur la musique : les performances
se lient, se chevauchent parfois, mais
se répondent, s’équilibrent, en subtils
échos, dans une atmosphère feutrée
et familière ; assis dans un grand fauteuil
rouge, Jean-Louis Trintignant raconte à
un public suspendu. «Pourquoi que je vis ?»
interrogeait Boris Vian. Pour écouter
Trintignant, voudrait-on répondre. En
cadeau aux applaudissements déchaînés, Barbara, qui ne cesse de courir sous
la pluie de Brest, «souriante, épanouie».
Une provision de bonheur.
MARYVONNE COLOMBANI
Trois poètes libertaires donné
au Jeu de Paume le 12 novembre
Spectacle disponible sur le CD
Vian Prévert Desnos
chez Après la pluie,
prix 20euros
Prise de conscience
C’est la rentrée : affectation aléatoire des groupes
(quatre classes), discours de bienvenue du proviseur,
présentation des profs, en rang deux par deux direction
les salles. Quatre cours vont se succéder –anglais, SVT,
techno et français-, entrecoupés par la récré, quatre
saynètes plus vraies que nature qui transforment peu
à peu les spectateurs en élèves, et font remonter à la
surface des souvenirs enfouis, et des réflexes parfois
inattendus. L’Opéra Pagaï ne cherche manifestement pas à susciter la nostalgie, ou à caricaturer un
corps enseignant qui n’en a pas besoin, mais bien à
réveiller les consciences en les confrontant directement à quelques situations extrêmes : une prof se
rebiffe quand le questionnaire familial devient flicage,
un brigadier en tenue remplace le conseiller d’éducation, chanter la marseillaise est une des nouvelles
directives, le proviseur-prof de français, désabusé, ne
tente plus de cacher son alcoolisme, une élève en
difficulté passe de classe en classe sans oublier de
demander au passage ce qu’est la société… Le jeu se
poursuit hors des scènes dédiées, force le trait pour
faire réagir, et rend hommage à ceux qui font l’école
avec leurs fougues et leurs failles, élèves et profs.
Sans didactisme, mais avec une fraîcheur qui provoque réactions et réflexions, que chacun partage lors
d’un final paniqué au son de la sirène qui résonne
comme un cri.
DOMINIQUE MARÇON
80% de réussite a été joué à l’école Joseph d’Arbaud à
Fos-sur-Mer le 11 novembre
CHÂTEAU-ARNOUX
THÉÂTRE 21
Dieu,
qu’il était
fou
© Maelstaf
En 2007, Ludovic Longelin met en scène, sur une
commande de «Boulevard Sainte Beuve,
Rencontres de la Critique et de la Culture» de
Boulogne-sur-Mer, les interviews radiophoniques
de Céline durant les années 50. Cette pièce,
jouée plus de 200 fois, est reprise au Théâtre
Durance en 2011, cinquantenaire de la mort de
l’auteur controversé. Le metteur en scène joue luimême un speaker, présent sans l’être en quasi
voix off. Marc-Henri Lamande au milieu de la
scène noire, surgit de l’ombre du passé, assis
dans un siège «design 1970» sur une estrade. La
voix enregistrée de Céline ânonne une petite
chanson haineuse et vindicative. Le décor est
planté d’une pièce-procès ambivalente comme
son personnage. Lamande habite de façon
fascinante la dualité du brillant littérateur Jekyl et
de son Hyde historique hideux, servi par une mise
en scène aussi minimale que convaincante. Le
débat qui suit la pièce révèle le questionnement.
Est-ce seulement le 50e anniversaire de la mort
de l’écrivain nazillon qui justifie ce type
d’autopsies ? Ne cherche-t-on pas plutôt, en ces
périodes troubles et troublées, à exhumer
l’expression de souffrances et de révoltes moins
médiocres quoique infiniment plus infâmes que
les ersatz dégoulinants que nombre d’auteurs
actuels nous infligent ? Une façon de couvrir de
l’opprobre stylistique pestilentiel de l’histoire,
l’odeur fade du «mieux disant culturel» actuel.
YVES BERCHADSKY
Dieu qu’ils étaient lourds a été joué
au théâtre Durance le 16 oct
22
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Diptyque
© Christian Ganet
Une nuit arabe et Le dragon d’or de Roland
Schimmelpfennig constituent pour le metteur en
scène, Claudia Stavisky les deux pans d’un
diptyque, avec les mêmes acteurs, 3 hommes 2
femmes pour chaque pièce, un même lieu, que ce
soit l’immeuble d’une barre d’HLM ou celui d’une
vaste métropole occidentale, avec des solitudes qui
se heurtent, la peur de l’autre, la mondialisation…
peuplé d’êtres qui cherchent désespérément à
exister dans un monde qui a oublié l’humain.
Sans
théâtre
Russe
En exposant à sec ce qui se joue sur une scène
quand on n’y joue pas, François-Michel Pesenti est
revenu à Marseille, après des années d’absence,
avec un spectacle fort et dérangeant. Qui sonne aussi
comme un adieu, dans la cruauté fascinante d’une
mise à nu de ses comédiens, puis le vide qui persiste
dans son exposition. Car que faire une fois qu’on est
nu, sinon revêtir d’autres habits ?
À sec
Du 22 au 26 nov
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Une nuit arabe et Le dragon d’or
Du 29 nov au 3 déc
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Cohabitation
Aux limites de l’absurde, la famille Coleman survit
dans le plus grand dénuement. Les questions de
l’individu, de la survie, de l’espace personnel et social
de chacun se posent dans une pièce où l’on rit
beaucoup, jusqu’aux incertaines frontières de
l’absurde. L’auteur argentin Claudio Tolcachir
s’appuie pour l’interprétation de son œuvre sur la
troupe de la Compagnie Timbre 4 qu’il a fondée en
2001 à Buenos Aires. Un théâtre novateur et déjanté,
publié
aux
éditions
Voix
navigables
(www.voixnavigables.eu).
La Omission de la familia Coleman
Du 6 au 10 déc
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Les 17 et 18 fév
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
© Giampaolo Sama
© F. Mouren-Provensal
© Francis Blaise
Plastique
Suite à une résidence de création à La Caldera,
centre de danse et des arts scéniques de Barcelone
en juin 2011, et une première au festival d’Athènes
de juillet dernier dans le Musée d’Art Contemporain
de la capitale grecque, le théâtre des Bernardines
accueille cette nouvelle production au titre
énigmatique de Spectacle, dans laquelle des
architectures humaines mobiles interrogent la société
contemporaine, ses limites, ses enjeux, dans la mise
en scène d’Argyro Chioti à la recherche des fissures
qui se creusent dans un monde que les règles figées
assèchent.
Spectacle
Du 1e au 3 déc
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Milliardaire
Olivier Maltinti reprend le solo accompagné qu’il
avait créé à la Minoterie durant la saison dernière.
Un texte qui raconte avec une verve certaine le délire
paranoïaque d’un Jr qui va mourir et veut se venger en
dilapidant ses biens.
JR (Me, Myself and I)
Du 13 au 17 déc
Les Bernardines
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
Andonis Vouyoucas le dit avec émotion : «Je suis
malade, ce sera peut être ma dernière mise en
scène…» Mais son appétit de théâtre est intact. C’est
la première fois qu’il monte un texte de Gogol, parce
qu’il «préfère explorer encore le nouveau plutôt que
de revenir au même.» Pourtant, il parle de ce texte
comme s’il y avait passé sa vie… Il a confié le rôle à
Hervé Lavigne, qui incarnera ce personnage décalé et
insatisfait qui sombre peu à peu dans le délire,
incapable de vivre sa vie misérable et solitaire dans
la Russie des Tsars, mesquine et rigide…
Le journal d’un fou
Jusqu’au 26 nov
Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
Contemporains
La petite salle du bout de la nuit accueille deux spectacles mis en scène par Jean-Claude Berutti, artiste
associé au théâtre cette année : Super heureux !, de
Silke Hassler, réunit un homme et une femme,
voisins de palier, qui vont questionner l’amour au
temps d’Internet et de l’image toute puissante ; Sans
toit et avec toi est composé de deux pièces, Gueux de
René Zahnd, et Survie de Paul Edmond, deux duos
comiques qui auront auparavant été accueillis dans
des appartements ou maisons à Martigues.
Super heureux !
Les 26 et 30 nov et le 1er déc
Sans toit et avec toi
Les 8 et 9 déc
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
THÉÂTRE
23
Amer
Indien
L’art du feuilleton, qui atteint certains abyssaux
commandé une pièce à Mustafa Benfodil, et a
obtenu un très beau texte, variations sur la mer,
l’amer, la mère… Il met en jeu le dialogue d’une mère
algérienne avec son fils, depuis sa conception,
violente, jusqu’à sa fin durant la mortelle traversée
clandestine de la Méditerranée. Le texte, non
dramatique, fait de soliloques entrecroisés, est mis
en scène dans sa fragmentation même, et le fils est
porté par diverses voix et plusieurs corps…
sommets à la tv, reprend ses lettres de noblesse dans
la forme que Sylviane Simonet lui donne : lectures
fractionnées en 10 épisodes de 50 mns assortis d’un
court résumé, qui permet de rejoindre l’histoire à tout
moment. À la grâce de Marseille de James Welch
raconte l’incroyable histoire de Charging Helk (élan
qui charge) abandonné par le cirque de Buffalo Bill
dans un hôpital de Marseille… Choc des cultures,
destinée hors du commun… Un point de vue unique
sur Marseille de la fin du XIXe… Passionnant et
rocambolesque !
Une relecture de Macbeth passionnante, par la cie
Anitya et l’ensemble New Yorkais Strike Anywhere,
avec des musiciens sur scène, une cantatrice, des
marionnettes, de la danse… Une volonté de
spectacle total, dans une interprétation forte de la
pièce. Un travail précis et intelligent dans cette mise
en abîme du théâtre où le songe et la vie se côtoient
et se confondent dangereusement. Texte original en
anglais, traduction française, italien lyrique se
croisent. Une nouvelle esthétique émerge…
© Audrey Ruzafa
Macbeth Variations
Du 1e au 3 déc
La Minoterie
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
À la grâce de Marseille
Lecture feuilleton en 10 épisodes
Du 22 nov au 10 déc
Le Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Faconde
© X-D.R.
De mon hublot utérin…
Du 8 au 10 déc
Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
© Helene de Grandpre
Noyé
Variations
Julie Kretzschmar, directrice des bancs publics, a
Jubilatoire
C’est un plaisir de retrouver à Marseille les quatre Duel
comédiens (Carole Costantini, Sophie Delage, Pierre Richard Martin et Michaël Lonsdale s’affrontent en
Laneyrie, Alexis Moati) de la Cie Vol Plane. Ils viennent
d’emporter un franc succès avec la création de leur
Avare au Gymnase (voir p 18) et leur Malade
Imaginaire a beaucoup voyagé depuis sa création en
2009… C’est que leur mise en scène est d’une
finesse, d’une intelligence et d’une drôlerie peu
communes, et qu’ils ont l’art de surprendre avec le
plus classique des classiques (il faut dire que Molière
avait un certain sens du rythme…).
Le Malade imaginaire
Du 13 au 17 déc
Théâtre Gyptis
04 91 11 00 91
poésie, l’un aux côtés de Rimbaud, Verlaine, Artaud,
Aragon, Ferré, l’autre, avec Saint Augustin, Victor
Hugo, Péguy, Claudel… Ces deux champions du
verbe servent, comme les héros de La Rose et le
Réséda une même belle, dans un spectacle magique
où les mots livreront toute leur charge de
significations, de rêves, de vérité, d’illusions,
d’espoir… Car la Belle, c’est la Poésie, n’est-ce pas !
Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas…
Les 24 et 25 nov
Théâtre Toursky
0 820 300 033
www.toursky.org
www.theatregyptis.com
Le 10 janv
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
© Cie Vol Plane
Michael Lonsdale et Richard Martin © Jean-Luc Pikovsky
Il y a des textes que l’on a tellement vus représentés,
que l’on croit qu’ils ne peuvent plus rien nous
apporter. Et pourtant, Marius n’a pas cessé de nous
étonner ni de nous séduire. Avec la cie Il est une fois
et le théâtre du Gaucher, Catherine Sparta met
en scène le texte de Pagnol, le vrai, pas celui du
cinéma, que les acteurs avaient modifié ! Une
occasion de renouer avec l’auteur marseillais, sa
poésie, sa faconde… Un travail passionné pour
dévoiler l’authenticité des personnages et la tension
dramatique qui sous-tend toute la pièce, construite
comme une tragédie méditerranéenne.
Marius
Du 1erau 3 déc
Le Gymnase
0820 000 422
24
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Enfer
Innovant
Yves Beaunesne met en scène Pionniers à
Ingolstadt, un texte de l’auteure dramatique Marieluise Fleisser, compagne et collaboratrice d’écriture
du jeune Brecht, bannie par les nazis pour déviance
et anticonformisme, avant d’être redécouverte après
la guerre. À Ingolstadt, en Bavière, une compagnie
de soldats du génie arrive pour réparer un pont de
bois. Dans cette ville où l’ennui pèse, les jeunes
femmes, séduites, vont s’aventurer avec eux dans
des jeux de désirs, offrant ou vendant leur amour à
ces hommes. Dans «cette antichambre tout à fait
quelconque de l’enfer», pour reprendre les mots de
l’auteure, Beaunesne montre des êtres qui veulent
être libres et ne le sont pas.
Pionniers à Ingolstadt
Les 18 et 19 nov
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Idéaux
© X-D.R.
Autour d’un lit à baldaquin surdimensionné, sujet
central et seul élément de décor, la cie théâtrale de
l’Esquisse joue un Malade imaginaire où l’onirisme le
dispute au baroque dans un univers à la Tim Burton.
Sans dénaturer le texte, la mise en scène de Franck
Biagiotti révèle les cauchemars, la souffrance mais
aussi les rêves, l’amour et l’apaisement…
© E. Tissot
Après Hamlet en 2010, La cie Machine Théâtre
revient à Fos avec Platonov de Tchekhov. Anti-héros
par excellence, ou plutôt héros sans cause, Platonov,
aristocrate désargenté devenu amer instituteur dans
une petite ville de Russie, évolue au sein d’une cour
d’amis et de voisins tiraillé entre les remords, la peur
de l’ennui. Les quinze comédiens sont servis par la
mise en scène de Nicolas Oton qui privilégie
l’intelligence du texte.
Le Malade imaginaire
Le 9 déc
Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis
04 42 48 52 31
www.scenesetcines.fr
Du 13 au 15 déc
La Criée
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
Jeunesse
Dans le cadre de l’Académie –espace de trans-
© X-D.R.
Secousses
Par le titre tout est dit… Outrage au public, vous êtes
avertis. La pièce de Peter Handke, qui fit scandale
à sa création dans les années 60, est jouée par la
compagnie flamande De Koe dans une mise en
scène de Peter Van den Eede. Pris à partie, le
public suit les questionnements de l’auteur sur le
théâtre, la réalité, les mots, les actes. En rapprochant
le mensonge («Le mensonge est-il non vrai ?») du
fonctionnement social.
La Place royale
Le 6 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Merveilleux
© Marie-Anna Tsagouris
mission et laboratoire de théâtre-, un projet qu’il
mène à Lorient sur trois années, Éric Vigner met en
scène La Place royale de Corneille avec sept jeunes
comédiens de nationalité française ou étrangère.
Cette réjouissante méditation sur l’amour et la liberté
s’en trouve vivifiée, les alexandrins de Corneille
prenant d’autres tons aux accents des comédiens.
Platonov
Le 1er déc
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Le 8 déc
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
© Alain Fonteray
Outrage au public
Du 22 au 25 nov
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Destin
«Une ode à la vie». C’est ainsi que Jean-Pierre Baro
met en scène Ivanov de Tchekhov, avec l’Extime
cie, «Ivanov, l’histoire d’un homme qui ne reconnaît
plus sa vie, et qui décide -passif, inconscient- de la
changer, de la transformer. Un homme en mutation»
explique Baro. Avec une approche sonore, visuelle et
physique, le metteur en scène revisite le drame loin
de tout lyrisme larmoyant.
Ivanov (ce qui reste dans vie…)
Les 24 et 25 nov
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Nourrie principalement de la version de Jean Anouilh,
l’Antigone de Philippe Car et Valérie Bournet mêle
la tragédie au clownesque et au dérisoire (une
habitude avec l’Agence de voyages imaginaires !)
avec Séraphin -Valérie Bournet-, clown unique qui
joue tous les rôles, et surtout celui de cette
«résistante» magnifique.
Sur le chemin d’Antigone
Le 25 nov
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.fr
THÉÂTRE
25
Paroles,
paroles
Après Nos ancêtres les Grenouilles, Eugène Durif
Emmanuelle Brunschwig et Jacqueline Zouary,
pour raconter à deux voix le récit d’une étonnante
voyageuse autrichienne, Ida Pfeiffer. Une femme libre
et libérée dans l’Europe du XIXe, qui plaque tout pour
accomplir son rêve d’exploratrice et découvrir un
monde inconnu. La troupe Les Réminiscences axe
son travail sur le mémoriel, s’imprégnant de grands
récits pour toucher à l’intime et au sublime.
continue de fourmiller autour de l’univers de
François Rabelais. Accompagné musicalement par
Pierre-Jules Billon, il fait du théâtre avec trois fois
rien, juste une dégelée de paroles savamment dosée.
Sans rime ni raison, mais avec calembours,
contrepèteries, recettes de cuisines et blagues, motsvalises et coqs à l’âne, ces deux-là remettent les
langues mortes au goût du jour.
Ida Pfeiffer, une étonnante voyageuse
Le 18 nov
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 86 58 11
www.chenenoir.fr
Univers
Un voyage la tête dans les étoiles : l’astronome JeanLouis Heudier, converti au spectacle, s’interroge
sur notre place supposée au centre de l’univers. Une
vision qui bouscule de ses questions fondamentales
les croyances les mieux établies. Quand l’observation
du ciel devient déterminante pour la survie de notre
espèce, l’Homme, tiraillé entre certitude, scepticisme
et curiosité, devient majeur et se plie à la raison. Pour
continuer le questionnement, un débat...
Notre terre qui êtes aux cieux
Les 24, 25 nov
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 86 58 11
www.chenenoir.fr
© Les Carboni
Voyageuse
Galéjade
Une lecture-spectacle offerte par deux femmes,
Les Carboni, visages poudrés, pommettes
peinturlurées, bretelles et marcels blancs, viennent
dynamiter la vieille dame, en musique, sur la scène du
Chêne Noir. En reprenant l’opérette marseillaise
d’anthologie Un de la Canebière, créée par Scotto,
Sarvil et Alibert, les comédiens du Panier font revivre
la nostalgie marseillaise des années 30, lorsque la
ville vibrait encore de tous les lointains, des bad boys
et des filles de mauvaise vie.
C’est la faute à Rabelais
Les 8, 9 déc
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
Épopée
Un de la Canebière
Les 8, 9 déc
Théâtre du Chêne Noir, Avignon
04 90 86 58 11
www.chenenoir.fr
Corrida
Après Kaos au festival Off, la Cie Interface revient au
© X-D.R.
Balcon pour évoquer dans Teruel le rituel de la
corrida, inspiré librement de textes tirés de Rhône
Saga de Pierre Imhasly. Faisant référence à la force
de la femme, à l’amour et la sensualité, les trois
danseurs révèlent le sentiment du beau qui surgit de
la corrida. La semaine précédente, sur le même
thème, Serge Barbuscia reprendra son Tango
Neruda, au succès jamais démenti depuis sa création
en 2004.
Teruel
Les 25, 26 nov
Théâtre du Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
Tango Neruda
Les 18, 19 nov
Théâtre du Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
Fondateur
Poursuivant le travail entamé l’an passé sur l’Illiade
d’Homère, les élèves du Conservatoire du Grand
Avignon, dirigés par Jean-Yves Picq, associeront à
leur recherche le génie d’Euripide, Sénèque et
Hanokh Levin pour présenter La Chute de Troie au
théâtre des Halles. Partant d’un récit fondateur, les
apprentis comédiens nous questionneront sur le
principe et les conséquences de la guerre.
La chute de Troie
Les 18, 19, 20 nov
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
© Cie Irina Brook
Adaptation délurée des mésaventures d’Ulysse «pour
un banc et quatre comédiens» signé Irina Brook,
cette Odyssée librement inspirée d’Homère voit les
comédiens jouer tour à tour les personnages
loufoques de cette épopée avec une énergie
débordante. Ici, les sirènes chantent le blues, Hermès
roule en trottinette et Circé est danseuse du ventre.
Une traduction à cent à l’heure de la littérature
antique !
Une Odyssée
Le 18 nov
Théâtre des Carmes, Avignon
04 90 82 20 47
www.theatredescarmes.com
Recette
Tempête, la nouvelle création d’Irina Brook d’après
Shakespeare, demeure fidèle au texte tout en rendant
hommage au cinéma et à la chanson. Dans le décor
d’un restaurant italien perdu sur une île déserte,
prenez un Prospero en exil, une Miranda découvrant
l’amour, un Caliban furibond, un Ariel en chanteur
mélancolique, ajoutez un Ferdinand en jeune premier
et quelques autres personnages tourbillonnants, et
vous obtiendrez la recette de la Tempête ! sauce Irina
Brook.
Tempête !
Le 19 nov
Théâtre des Carmes, Avignon
04 90 82 20 47
www.theatredescarmes.com
26
THÉÂTRE
AU PROGRAMME
Résidence
Comédie
Un premier apéro poétique comme une invitation à
Millénaire
Dans Pays Natal, Dimitris Daskas et Pierre-Marie
une soirée ouverte et conviviale à la rencontre de
Sonia Chiambretto, dans le cadre de sa résidence
au théâtre Durance. Thierry Raynaud, comédien
formidable, et l’auteure associée liront pour
l’occasion son roman Zone d’Éducation prioritaire,
édité chez Actes Sud-Papiers (voir Zib 27). L’histoire
de deux adolescentes marseillaises qui font la visite
commentée de leur lycée, sous le contrôle des
caméras de vidéosurveillance.
Poirier confrontent la jeunesse de quatre jeunes
artistes, deux français et deux grecs, dans la
mémoire collective et la philosophie grave du Léthé
de Dimitris Dimitriadis. Un texte magistral sur
l’identité, la patrie et la mémoire portant sur la
nécessité de laisser son histoire derrière soi pour
avancer. Et une anticipation de la crise grecque d’une
incroyable lucidité.
Apéro poétique
Le 25 nov
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Pays Natal
Du 16 au 20 nov
Théâtre Liberté, Toulon
04 90 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
© Agnes Mellon
Assourdissant
© Lucia Baldini
Le chef-d’œuvre d’Eduardo De Filippo mis en
scène par Philippe Berling (voir Zib 45). Dans la
veine des variations napolitaines, règnent en maître
le rire et l’ironie, tandis que le réel cède peu à peu le
pas à une réjouissante folie. Lorsque la prise de
fonction d’un nouveau préfet donne lieu à une farce
à la morale aussi déroutante qu’édifiante : ce dont
nous sommes témoins est-il réel ?
L’Île
L’art de la comédie
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
Le 19 nov
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
© Maddalena Rodrigez-Antoniotti
Plongée
Le dramaturge Daniel Danis nous transporte avec la
Appassionatamente
Le 9 déc
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Feuilleton
Nouvelle création en résidence de Joël Pommerat,
Ma chambre froide
Du 24 au 26 nov
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Bleu Conrad
Les 25, 26 nov
Théâtre Liberté, Toulon
04 90 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
La Scaphandrière
Le 22 nov
PôleJeunePublic, Le Revest
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.com
Fondateur
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
Le 30 nov
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Les 24, 25 nov
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
© Ludovic Fouquet
Ma Chambre froide se déroule comme un feuilleton
réservant une large place au rire. Le dispositif est
celui d’un cirque dans lequel nous découvrons dans
sa vie quotidienne une jeune femme simple, exploitée
sans vergogne. Une aventure ponctuée d’hommages
discrets à Brecht ou Shakespeare et un art du récit
qui n’appartient qu’à l’auteur.
Cie Songes Mécaniques et le metteur en scène
Olivier Letellier dans un vertigineux récit
vidéographique, retraçant l’émerveillement des
premières plongées sous marines. Pierre et sa sœur
Philomène vivent au bord d’un Lac de Perles jusqu’à
ce que réalité et fiction se confondent. La
Scaphandrière entraine les jeunes et leurs familles au
cœur des émotions et des thèmes universels qui se
mêlent en chacun d’entre nous. Un spectacle de tact
et de poésie.
© Pascal Victor
La compagnie italienne Nerval Teatro, en résidence
de création, présente Appassionatamente, inspiré par
la rencontre de Maurizio Lupinelli avec l’auteur
autrichien Werner Schwab, doté d’une écriture
visionnaire emportant tout sur son passage. Ils nous
racontent le présent à travers la nature psychique du
monde. Images saisissantes, détails signifiants, mots
originels, le silence même devient parole.
Le metteur en scène Jean-Yves Lazennec extrait du
récit fiction de Magdalena Rodriguez-Antoniotti,
Bleu Conrad ou le Destin méditerranéen de Joseph
Conrad, des pépites évoquant la mer, l’amitié,
l’aventure et la réalité. Michel Albertini et le groupe
de polyphonie corses Barbara Furtuna mêlent leur
voix sur les traces de l’écrivain voyageur dans le pays
de son mentor, un marin corse à la stature d’Ulysse.
Une fascinante relecture de l’Odyssée signée Botho
Strauss et une épopée théâtrale portée par le
couple Charles Berling/Roni Elkabetz. Inspiré des
Chants du retour d’Homère, le dramaturge allemand
redonne toute leur mesure aux personnages et aux
situations décrits dans le texte initial, passant de
l’onirisme au réalisme, de l’antique à l’actuel.
Ithaque
Du 1er au 4 déc
Théâtre Liberté, Toulon
04 90 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Attente
© Patrice Claire
Danielle Bré reprend et complète Récréation, créant une version approfondie de
ce spectacle sur l’adolescence, moment d‘attente, de bouleversement et d’éveil,
écrit d’après les textes de Robert Walser, et joué par de très jeunes comédiens à
peine sortis d’apprentissage.
Récréation
Théâtre Vitez, Aix
Les 29 et 30 nov
04 42 59 94 37
www.theatre-vitez.com
Le Comoedia, Aubagne
Le 25 nov
04 42 18 19 88
www.aubagne.com
La Minoterie, Marseille
Du 17 au 19 nov
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Régals !
Monstres, Songes et songs
Les 1er et 2 déc
Entremets-Entremots
Du 7 au 9 déc
Le Bois de l’aune, Aix
04 42 93 85 40
www.agglo-paysdaix.fr
Deux formes festives de théâtre cabaret
au nouveau théâtre du Jas de Bouffan :
le Maquis promène les étranges animaux rock de ses jolis délires, puis le
Nono marie ses mets et ses mots, tous
les deux fort goûteux et étranges…
Intérieur
Une Affaire d’âme
Du 9 au 17 déc
Jeu de Paume, Aix
0 820 000 422
www.lestheatres.net
© Nathalie Eno
Bénédicte Acolas adapte et met en
scène le scénario du cinéaste Ingmar
Bergman, Une Affaire de femme, avec
Sophie Marceau dans le rôle-titre. En
pleine introspection, Viktoria se parle à
elle-même, convoque vivants et morts
pour jouer et rejouer sa vie en dévoilant
son intimité et ses fantasmes. Une rêverie intérieure qui démultiplie la parole
pour cerner au mieux les méandres de
cette personnalité.
Jeunesse
La compagnie marseillaise Soleil vert, dans une mise en scène de Laurent de
Richemond, monte L’Étang, œuvre de jeunesse de Robert Walser dans laquelle
il met en scène le suicide simulé du jeune Fritz pour gagner l’amour de sa mère.
L’Étang
Les 7 et 8 déc
Théâtre Vitez, Aix
04 42 59 94 37
www.theatre-vitez.com
28
DANSE
AU PROGRAMME
accueille deux créations d’un chorégraphe que la
scène nationale aime à suivre : Virgilio Sieni
pratique un art du raffinement et du partage. Avec
les gens, quels que soient leurs corps, parce que tous
ont des gestes, et que sa danse s’en nourrit. Dans
Nei Volti ce superbe danseur crée un solo à partir des
luttes et des combats qu’il a captés «dans les
visages» tandis que Visitation recrée les gestes des
tableaux de Pontormo et Angelico… en face du
Corbusier, avec les habitants, à la Magalone.
Cette proposition autour de L’art du geste en
Méditerranée se poursuit à Arles, toujours autour de
la maternité, avec des Mères et filles…
Nei Volti (dans les visages)
Les 17 et 19 nov
Visitation
Les 25 et 26 nov
Le Merlan, Marseille
Mères et filles
Les 3 et 4 déc
Théâtre d’Arles
04 91 55 68 06
www.officina.fr
© Luk Monsaert
Gestes
Platel !
En partenariat avec Dansem (voir p12), le Merlan
Il est si rare dans la région, si bouleversant et
essentiel au monde contemporain de la danse
(théâtre) qu’il ne faut pas rater son Gardénia, même
si ce n’est pas forcément le meilleur de ses
spectacles. Allégorique, ce défilé d’êtres décalés (des
transsexuels sexagénaires) refonde le sens du mot
humanité. Gardénia, malgré quelques temps un peu
mous parfois, est magnifiquement émouvant… Un
spectacle accueilli au Merlan en coréalisation avec
le Gymnase (tarifs du Gymnase).
Gardénia
Du 13 au 17déc
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
Monstres
Un texte de Pascal Quignard… une chorégraphie de
Carlotta Ikeda… les deux monstres sacrés, à l’écriture
si profondément bouleversante, s’allient pour créer le
solo unique de la mère infanticide. L’écrivain, sur scène,
lit son texte, pour accompagner la danse de fantôme
d’Ikeda, soulignée par la musique d’Alain Mahé.
Rencontre lecture
Le 24 nov à 18h30
Medea
Le 25 nov
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Indienne
Elle est une figure de la danse classique indienne : Madhavi Mudgal vient danser Vistaar à Aix, avec 5 autres
danseuses au raffinement extrême, et cinq musiciens
qui jouent de la vraie musique indienne. Celle qui n’a
pas abandonné ses modes et ses tiers de tons. Du grand
et beau spectacle, fascinant…
Vistaar
Du 30 nov au 3 déc
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Trois
fois deux
Fou ? Waow !
Dans le cadre du dispositif saison 13, le Ballet Il pratique l’art du pastiche savant, Foofwa d’imobd’Europe fait tourner des formes duelles subtiles, et
diverses, de Jean-Charles Gil, Christophe Garcia
(Cie la parenthèse) et Philippe Henrion (du ballet
d’Europe). Une occasion de donner à voir, à
proximité, de la belle danse.
Duos
Le 18 nov
La manare, Saint-Mitre-les-Remparts
04 42 49 18 93
www.balletdeurope.org
ilité semble avoir intégré et digéré tous les styles et
manières de la danse contemporaine, y compris celle
de Mickael… Il les mixe dans un grand éclat de rire autodérisoire, si sérieux pourtant. Une forme d’hommage à
Merce et Pina, qui dit son amour, mais se «fou» de la
nostalgie…
Pina Jackson in mercemoriam
Les 7 et 8 déc
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
Carré
blanc
Avec quatre danseurs et en quatre parties (solo, duo, Eblouissement
trio, quatuor), Hervé Chaussard, ancien danseur du Chorégraphe indépendant, Boris Eifman à rompu, il
Ballet Preljocaj, revient y créer des portraits en blanc
d’une humanité qui explore ses relations, et ses
pulsions.
Nei Volti © Pasquale Juzzolino
Transe
Dans le cadre de Dansem (voir p12), Nacera Belaza
vient danser ses spirales spirituelles avec sa sœur.
Une danse minimale, habitée non de force, mais de
douleur, sensible par éclairs, foudroyants.
Le temps scellé
Le 8 déc
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
La Boîte blanche
Les 17 et 18 nov
Pavillon Noir, Aix
0811 020 111
www.preljocaj.org
© JC Carbonne
y a trente ans, avec l’académisme officiel russe pour créer
sa propre compagnie à Saint-Pétersbourg. S’attachant
plutôt à l’intensité dramatique qu’à la seule plastique
de la chorégraphie, il transpose l’action de Don Quichotte, sa dernière chorégraphie, dans un asile où le
héros chevaleresque de Cervantès, toujours entre
rêve et réalité, échappe par l’amour et la bonté à son
enfermement.
Don Quichotte
Le 11 déc
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Le 13 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
DANSE
29
Temporalités
Destinées
La Zampa s’installe à l’Odéon pour présenter un
Autobiographique
Je cherchai dans mes poches est une partition chorale
parcours chorégraphique réunissant 3 œuvres, 3
chorégraphies de ses deux fondateurs. Deux solos :
Dream on Tracks 1 place Magali Milian sous les auspices du Marquis de Sade et la projette dans les
affres du désir, tandis que Dream on Tracks 2 soumet
Romuald Luydlin à une décompression physique
et mentale, un duel consenti dans lequel son corps
recherche l’abandon. Dans La Tombe du plongeur,
tous deux expérimentent l’apesanteur dans un saut
qui va de la vie à la mort avec un dispositif vidéo ravageur de Bruno Geslin. Dans Requiem, leur dernière
création, ils évoquent un entre-deux de la chair et de
la conscience, une prière pour le repos du corps et de
l’âme, un rituel funèbre porté par la musique de Marc
Sens et les textes de Casey.
orchestrée par Thierry Baë (Cie Traits de Ciel) avec
le musicien Benoît Delbecq, l’auteure et danseuse
Sabine Macher et la danseuse Corinne Garcia. Des
fragments de vies singulières tissés en une histoire
commune de peurs et de rêves, d’obstacles et de désirs.
Je cherchai dans mes poches raconte ce qui transforme :
une image, une musique, une anecdote de l’enfance…
et tout ce qu’ils ne sont pas (encore) devenus.
Dream on Tracks 1 et 2
Le 30 nov
La Tombe du plongeur
Le 7 déc
Requiem
Les 9 et 10 déc
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Je cherchai dans mes poches
Le 3 déc
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
© Xavier Cantat
La 5e création d’Artur Ribeiro et André Curti prolonge une recherche d’écriture scénique entre
théâtre, danse et manipulation d’objets et de décors.
Ici, nulle unité de lieu et de temps mais un éclatement
de la narration comme une suite de tableaux oniriques
où les mots et les gestes, les poses et les mouvements suggèrent avec acuité et tendresse la difficulté
de vivre de quatre solitudes.
Dream on Tracks © Pierre Duprat
Fragments du désir
Le 19 nov
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Mythique…
Pourquoi Mickaël Jackson est-il gravé dans la mémoire
Vibrations
Dirigés par le chorégraphe québécois Benoît Lachambre, les jeunes danseurs suédois du Ballet Cullberg
pénètrent l’univers de Janis Joplin, usant de leur grande
technicité pour explorer les différentes voix de la
chanteuse, révéler ce qui est à la source du mouvement et donner forme à ce qui précède l’expression
du chant. Une danse fragile mais intense, bel hommage rendu à la détermination rageuse de Janis Joplin.
JJ’s voices
Le 18 nov
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Transversalités
Michel Schweizer, qui revendique la transversalité
artistique, signe une œuvre hybride, un lâchage de
Fauves qu’il serait vain de tenter de dompter. Une
dizaine de jeunes de 17 à 19 ans ont travaillé sous sa
direction, ni danseurs ni comédiens, prêts à revendiquer spontanéité et énergie pour réinventer leur vie,
et tester leurs limites, le temps d’un spectacle.
Fauves
Le 9 déc
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
collective s’interroge Raphaëlle Delaunay ? Quelles
sont les raisons de son succès ? La danseuse et
chorégraphe s’inspire du parcours de cette idole
universelle pour dresser, entre tragique et burlesque,
une radiographie en creux de notre propension à créer
des mythes. Créée en résidence à Châteauvallon, Eikon,
Hommage à Mickaël Jackson croise sur son chemin Fred
Astaire et James Brown, Marcel Marceau et Diana Ross…
Eikon, Hommage à Mickaël Jackson
Les 18 et 19 nov
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Le 26 nov
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Le 10 fév
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Éco-citoyen
Doublement inspiré par Moby Dick d’Herman Melville
et le Protocole de Kyoto, Éric Oberdorff (Cie Humaine)
crée Léviathan comme la métaphore chorégraphique
d’un monde en sursis, pris dans l’étau des soubresauts économique et écologique. Son sentiment
d’urgence apparaît dans son écriture tendue à l’extrême, nerveuse, théâtralisée parfois. Une manière
de dire à haute voix ses doutes d’artiste et de citoyen,
autour d’un thème qui lui est cher : la relation à l’autre
et à la nature.
Léviathan
Les 9 et 10 déc
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Vivifiant
Extasis © Marc Coudrais
© X-D.R
Dans les années 80 les deux premières pièces de
Mathilde Monnier et Jean-François Duroure,
Pudique acide & Extasis, firent un tabac au point de
les recréer aujourd’hui. Et surtout de les transmettre
à deux jeunes danseurs qui, à leur tour, se vêtiront
de kilts écossais puis de volants froufroutant sous
des vestes d’hommes ! Tels des anges -mariage du
féminin et du masculin- ou des chats sauvages et
belliqueux…
Pudique acide & Extasis
Le 2 déc
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
30
DANSE
PAVILLON NOIR | VAUCLUSE
Afriques dansent !
Après Germaine Acogny, Bouchra Ouizguen, Nacera Belaza, Robyn Orlin,
le Pavillon Noir tend à nouveau son miroir à la danse contemporaine
africaine, plurielle et dénuée d’«exotisme»
Sarkhozi says «non» to the Venus est un
scénario de 25 minutes écrit par la
sud-africaine Nelisiwe Xaba pour le
Musée du quai Branly. Elle n’y ménage
pas ses effets pour tordre le cou aux
clichés et aux stéréotypes croisant
librement les époques et les histoires :
celle de Saartjie Baartman, la Vénus
hottentote exhibée comme un animal
de foire, et la sienne, danseuse et
chorégraphe formée à la Johannesburg
Dance Foundation, interprète de
Robyn Orlin. Juchée sur des talons
vertigineux, élégante dans sa jupe
plissée gris argenté, féline et mordante,
elle saisit dans sa bouche un os
blanc… n’hésitant pas à courber
l’échine tandis qu’elle se transforme en
esclave disciplinée. Mais son numéro
de bête de cirque ne dure pas
longtemps : Nelisiwe Xaba n’est pas
du genre à se laisser enfermer, même
au musée des arts premiers.
Bénéficiaires
d’une
tournée
internationale, les lauréats de la 8e
biennale Danse l’Afrique danse ! de
Bamako font un stop chez Preljocaj, qui
fut membre du jury qui les a
couronnés. Sur le plateau de Orobroy,
stop ! du mozambicain Horacio
Macuacua, les danseurs s’affublent
de robes, grimacent, prennent la pose
dans des situations comiques et
absurdes. Ils-elles glissent du flamenco
au contemporain, à la danse de cour
et au hip hop à grands coups claquant
au sol. Comme dans un jeu de rôles,
ils-elles préfèrent la dérision au pathos,
sauf quand, masqués, ils miment dans
une gestuelle simiesque l’évolution de
l’espèce humaine. Scène glaçante…
Légèreté et gravité encore dans le
quatuor de Florent Mahoukou, du
Congo Brazzaville, qui met en scène
deux dualités, deux tempos : dans la
précipitation, les corps manipulés et
instables mettent à l’épreuve leur
résistance par des gestes et des
déplacements empêchés, dans des
rixes tantôt joyeuses et fugaces, tantôt
désespérées. Plus solennel, le
malgache Junior Zafialison offre un
court solo au titre en pied de nez : Ail ?
Aïe ! Aïe !. Musique techno et lumière
stroboscopique introduisent sa danse
tout en délié, muscles et mouvements
Orobroy, stop © Antoine Tempe
étirés comme le temps qu’il prend à
ôter sa chemise, piétiner les gousses,
piler l’ail dans un mortier, bavarder «sur
les pensées pécheresses» ou entamer
un gospel. Son corps est rageur et son
cri colérique, reste à deviner
pourquoi…
Sarkhozi says «non» to the Venus
a été joué les 25, 26 et 27
octobre ; la soirée Lauréats
a été présentée
les 3, 4 et 5 novembre
au Pavillon Noir, Aix
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Le Hip Hop, en quête d’identité ?
Trois semaines de formations, concerts, films et
spectacles hip hop ont donné du rythme au
Vaucluse. De quoi regorger d’énergie jusqu’à la
prochaine biennale, composée par un collectif de
partenaires cohérent, des MJC aux
théâtres institutionnels, malgré les
limites de ce regroupement spontané,
sans direction artistique globale ni
budget
alloué.
D’où
une
programmation parfois inégale et sans
grande prise de risques.
Très alléchant, Kaiju de la Cie Shonen
a déçu par excès conceptuel, malgré
la tentative novatrice de créer un
laboratoire entre deux danseurs et un
graphiste, à l’heure du tout numérique.
Entre hip hop, butô et 3D, la pièce
d’Eric Minh Cuong Castaing s’est
empêtrée dans la recherche virtuelle :
un accouchement dans la douleur
d’une
«bête
mystérieuse»
plastiquement inaboutie, qui laissait
ses interprètes coincés dans le dispositif scénique,
une grande bâche transparente exploitée de
projections vidéo maladroites en pliages incertains.
Techniquement imparable, Urban Ballet et ses 4
tableaux a été par son côté hybride la pièce la plus
surprenante. Musique contemporaine et classique
Back to the roots, a ému. Un retour aux racines, avec
témoignages familiaux, pour cet «orphelin de mère»
qui s’est reconstruit grâce à la danse. Et une belle
association avec un Dj qui évite les gros sons,
déployant une palette musicale
Urban Ballet © Belinda Lawley
passionnante, des vieux blues aux
musiques africaines qui transportent
le «miraculé» sur des terrains inventifs.
Sincérité aussi avec Vis-à-vis par la cie
Stylistik avec un sujet déjà exploité
(le couple face à ses différences,
attirance, rejet) mais où les prouesses
techniques et les portés prodigieux
persuadent. Un duo qui laisse
s’exprimer la sensualité masculine
face à l’animalité de sa partenaire.
Quant à Né pour l’autre de la Cie
Alexandra N’Possee, en clôture au
théâtre Golovine, c’est à un voyage
vers l’autre que le duo masculin nous
a invités. Assez classique, sans grande
surprise,
mais
une
belle
complémentarité d’interprétation.
l’interprétation sculpturale du Boléro de Ravel ou la
création millimétrée d’un monstre à 3 têtes sur DELPHINE MICHELANGELI
Xenakis a dérouté certains, la pièce est très virtuose.
Une énergie jubilatoire où la danse, précise et véloce,
Drôle(s) d’Hip Hop s’est tenu
explose.
dans divers lieux du Vaucluse
Plus intime et identitaire, le solo de Zach Swagga,
du 18 octobre au 8 novembre
(sublime solo sur le Stabat Mater de Vivaldi) trouvent
une incroyable résonance avec la gestuelle hip hop,
associée ici au jazz et contemporain par Anthony
Egéa et les neuf danseurs de sa cie Rêvolution. Si
ARLES | MERLAN | CHÂTEAUVALLON | ISTRES | TOURSKY
© Alain Julien
DOMINIQUE MARÇON
Carnet d’une voleuse a été joué au Théâtre d’Arles,
dans le cadre de la manifestation Des cirques
indisciplinés, le 14 octobre
Magie de l’Empire
du milieu
déconcertante, mais d’une perfection virtuose.
L’orchestre suit les protagonistes avec précision, les
voix scandent les textes ou les modulent un registre
suraigu. Car l’opéra chinois invite à un spectacle
complet où musique, danse et acrobatie se fondent,
se fondent : pour les européens que nous sommes,
l’Académie Nationale a prévu un spectacle composé
d’extraits de différents opéras, ce qui nous initie aux
multiples facettes de cet art, combats de généraux,
dieu du feu, roi singe ou nonne éplorée à la poursuite
de son amoureux… Digest fascinant, qui donne envie
de poursuivre vers une tradition que le cirque chinois
cherche lui-même à retrouver.
PSY été joué au Merlan du 19 au 23 octobre
et à Châteauvallon du 13 au 16 octobre.
À venir :
Les 23 et 24 fév
Dans le cadre des Élancées
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
MARYVONNE COLOMBANI
L’Opéra de Pékin,
une féérie a été joué
les 8 et 9 novembre
C’est en partant d’une étude sur l’omniprésence de
la maladie psychique dans notre quotidien que la cie
Les 7 doigts de la Main a construit son nouveau
spectacle. La psychanalyse, la psychothérapie de
groupe, l’exploration des rêves, le transfert, le dédoublement et les fantasmes plantent le décor d’un
univers pathologique, et métaphorique, où les 11
acrobates laissent libre cours à de folles prouesses
techniques : acrobaties mirobolantes, jongleries avec
toutes sortes d’objets, agrès parfois drôles et insolites… Avec une grande maîtrise technique de son art,
ce cirque sensible et théâtral envoie le public se balader sur toute la gamme des émotions : le spectateur
glisse avec délice dans les méandres circonvolutifs
d’une jeune insomniaque, l’accompagnant dans ses
soubresauts délicieux et terrifiants le long de son mat
chinois. Il frémit devant la lanceuse de couteaux qui
menace à tout moment de plonger dans une colère
noire. Puis il s’enferme dans la dépendance que lui
suggère le jeu remarquable de ce loubard déchu avec
sa roue allemande, et se laisse enfin bercer par l’extrême douceur et maîtrise du trapéziste en proie à
des rêves qui tournent au cauchemar. Par un jeu de
scène particulièrement juste et poétique, ces circassiens
québécois transcendent la figure du cloisonnement
mental au point qu’il en devient un lieu de création, où
chacune de nos possibles maladies psychiques se
transforme en une matière vivante et joyeuse. Émue,
la salle s’est levée.
CLARISSE GUICHARD
© David Poulin
La première tournée européenne de l’Académie
Nationale de Tianjin est passée par le Toursky. Le
répertoire, la symbolique des gestes, des couleurs,
des costumes, tout y est facteur de dépaysement : on
reconnaît l’uniforme des généraux avec leurs fanions
dans le dos, le Renard à neuf queues présent dans
d’autres traditions asiatiques… Mais la symbolique
des costumes, des couleurs (le roi singe est en jaune,
couleur de la ruse) se dessine peu à peu, les gestes
savent avec une économie extrême signifier un
monde concret, la barque qui traverse le fleuve
d’automne, le combat en aveugle dans la nuit… Selon
les principes du tao la conjugaison entre réel et
imaginaire permet à l’œuvre d’art de représenter
l’authenticité du monde … L’esthétique est parfois
31
Y a-t-il
un paranoïaque
dans la salle ?
Un ange déchu
Emprisonnée pour vol et jetée en cellule, elle dénote
avec son long manteau noir cousu d’ailes d’ange, son
nez rouge et son visage blanchi, et ses grandes
godasses. Oui, mais pas n’importe lesquelles puisque
ce sont celles de Jean Genet dont elle hérite et qui
vont la façonner, au gré de son histoire, jusqu’à
incarner l’écrivain. Atypique, la clown Adèll NodéLanglois croise les univers, crée des passerelles
entre des mondes a priori très éloignés mais qui
finalement font résonner les voix de personnages
hors normes, voleurs et voyous qui sont des exclus
dont l’univers est empreint de poésie. De l’univers de
Genet ressort une noirceur dont elle s’empare pour
faire resurgir la solitude, le vide qu’illustre d’ailleurs
une scénographie dépouillée –un lit-cage qu’elle
déplace, une ampoule suspendue qui offre une
lumière chiche-, un espace qui laisse toute la place à
l’imaginaire de cette clown naïve et touchante. Dans
un coin de cette cellule sans murs visibles, le
musicien Mayeul Loisel distille une musique tour à
tour grave et légère, qui enferme ou libère.
CIRQUE
© X-D.R.
32
ARTS DE LA RUE
PORT-SAINT-LOUIS | SMALL IS BEAUTIFUL
Quand la rue entre en résistance
Pour la 3e année un quartier de PortSaint-Louis a chamboulé ses
habitudes pour accueillir Carrément à
l’Ouest, manifestation d’arts de la rue
coréalisée par Le Citron Jaune et
Scènes et Cinés Ouest Provence.
Et plus que jamais cette année
l’espace public s’est transformé,
notamment au cours de spectacles
itinérants au cœur de la cité Vauban,
quartier relevant d’une Zone Urbaine
Sensible. Après une résidence de
création au Citron, la cie
KompleXKapharnaüM a décliné son
Memento sur les murs des immeubles
du quartier : les résistances, d’hier et
d’aujourd’hui, ont servi de fil rouge à
une fiction créée presque pas à pas,
en temps réel. Les fresques prennent
forme sur les murs, les collages sont
élaborés, mêlés aux graffs, dessins,
tandis que résonnent des paroles, des
sons, qui racontent des résistances
historiques ou personnelles, des
parcours hors norme que soulignent
les projections vidéos. Le quartier
change de décor, durablement, les
façades gardant encore longtemps la
trace de ces questionnements
© Do.M
esthétiques.
La cie espagnole Kamchàtka a elle
aussi envahi l’espace public, dans un
spectacle itinérant transportant les
spectateurs-acteurs dans leur drôle de
migration. Huit personnages, valises à
la main, costumes élimés, sourires aux
lèvres, arrivent à pied et se posent face
au public. Quelles seront les réactions
des uns et des autres ? Sans un mot,
ils vont entraîner la foule avec eux,
faisant se confondre le jeu et la réalité,
réagissant aux regards, aux
mouvements, prenant à partie
certains, puis tous, pour raconter leur
histoire d’immigrés près à s’installer là.
Comme d’autres avant eux dans le
quartier.
Auparavant la cie BruitQuiCourt avait
dressé des «sonimaux», d’incroyables,
et véritables, sons d’animaux, euxmêmes invisibles mais rendus plus
vivants encore par les gesticulations du
dompteur Tony. Un peu froussard sur
les bords il fait appel aux enfants
téméraires qui ne s’en laissent pas
compter, surtout quand il s’agit de faire
revenir le lion dans sa cage… Un peu
plus loin, dans un étonnant petit coin
de verdure, c’est d’un autre
«domptage» dont il s’agit : suspendus
à des filins, des grands tubes d’acier
forment un Mobile, que Jörg Müller
manipule avec grâce et dextérité.
Cherchant l’équilibre parfait qui leur
permettra de se croiser sans se
heurter, l’artiste les lance, se faufile
entre, en un jonglage habile et
éphémère, une chorégraphie légère et
poétique.
DOMINIQUE MARÇON
Carrément à l’Ouest s’est déroulé
à Port-Saint-Louis
du 12 au 15 octobre
Il est grand ce petit
Commencé en beauté (voir zib’45), Small is beautiful
a continué de s’épanouir jusqu’à Aubagne, proposant
des actions et des spectacles souvent surprenants
qui interrogent sur la place de l’humain dans la ville.
Le 9 oct le Parc Longchamp accueillait le spectacle
d’Artonik pour 2 heures de déambulation, ...Et ainsi
de suite... Des baladeurs individuels diffusaient la
bande-son concoctée par Alain Beauchet, créateur
de la cie avec Caroline Sélig. Sur les bancs et les
pelouses, des personnages vêtus de rouge
déambulent, dansent, s’endorment. Ou bien sont
saisis de frénésie, poussant caddies et poussettes
jusqu’au télescopage : 54 figurants enchantés par
l’expérience avaient répété plus de 30 heures pour
cette action participative…
Du 11 au 13, Espaces sonores proposait à la Gare
St Charles Un pépin pour 2, une déambulation par
escaliers, quais et salles d’attente, guidée par les voix
des baladeurs qui racontent la ville sous le regard
interrogateur des voyageurs. Une intervention qui se
met à l’écoute de chaque lieu pour une restitution
intime qui fait place à l’humour. Humour encore avec
le FlashRue : les participants volontaires montent
les escaliers jusqu’à ce qu’un marteau-piqueur
déclenche des tremblements compulsifs ; une voix
sensuelle déclare : «Tu me fais vibrer !...», mais tout le
monde s’écroule ! En revanche c’est l’émotion qui
vous saisit lorsque trois danseurs s’installent sur
l’esplanade avec des marionnettes de latex. De tailles
différentes, trois vieilles dames ridées, à cheveux gris
et collants épais, sont manipulées, ou plutôt bercées,
par les danseurs, tandis que des haut-parleurs
diffusent les confidences de femmes âgées sur leur
solitude, leurs souvenirs. Quand la nuit tombe, des
projecteurs suivent les déplacements dans la
douceur et la lenteur. Moment de tendresse rare. Il
s’agit de Reprendre son souffle de la Cie Là où, sise
à Rennes.
Puis Aubagne, les 14 et 15. D’abord une rencontre
à la Chapelle des Pénitents noirs avec Olivier
Grossetête qui montre des vidéos de ses différentes
constructions participatives tout en devisant avec les
Artonik © Vincent Lucas
Step by step © Vincent Lucas
visiteurs autour d’un apéritif convivial. En avant pour
la Mission Roosevelt de Tony Clitton Circus, troupe
italienne culottée ! Il s’agit de mettre les bien portants
dans la situation des handicapés, sur des fauteuils
roulants. Laetitia, handicapée de naissance expliquait
quant à elle : «J’ai apprécié de rencontrer des gens à
ma hauteur. Mais le parcours proposé était beaucoup
plus difficile que celui de ma vie de tous les jours.
Aubagne est d’ordinaire une ville plutôt accessible.»
Enfin Divadlo Na Peróne, troupe de Ko ice en
Slovaquie, et Là hors de, de Lyon, ont présenté dans
un entrepôt une étape de leur projet sériel sur l’exil
pour 2013 (voir zib’ 45). Étape Varian Fry dans un
climat d’angoisse : éclairs de lumière, projections
d’images, bande-son inquiétante avec textes dits au
micro dans les deux langues, interrogeant sur les
errances des artistes chassés par les régimes
totalitaires. Spectacle coup de poing qui ne ménage
pas les spectateurs, mis en cage durant de longues
minutes au cours du spectacle.
Ainsi, fidèle à ses principes, Lieux publics propose un
art de rue parfois small, mais toujours loin du
divertissement... on ne s’en plaint pas !
CHRIS BOURGUE
AU PROGRAMME
CIRQUE/ARTS DE LA RUE 33
Phénix ?
apporte une gravité supplémentaire.
Puis les sculptures de cartons brandies
comme des corps sont enflammées.
Une renaissance possible ?
CHRIS BOURGUE
Atlas but not list de Christophe Haleb
s’est donné le 2 novembre
À venir :
Le trauma du fa # par Délices Dada
Le 7 déc
Lieux Publics
04 91 03 81 28
www.lieuxpublics.fr
© Vincent Lucas
Une accalmie en temps d’orage a
permis à La Zouze de présenter Atlas
but no list, étape d’une proposition
artistique pour 2013. Six comédiensdanseurs et quelques participants,
dont un enfant, enveloppés de cartons
d’emballage, investissent peu à peu
l’espace. La voix de Thomas Gonzales
dit des extraits de Conquistators d’Éric
Vuillard, un texte de chair et de sang,
violent et cruel, rappel de la très
sombre conquête du Pérou. Il y est
question de la répétition et de la
mémoire des gestes, les corps
s’épuisent, se rencontrent, glissent. La
musique de Lionel Kasparian
(violoncelle, voix et électronique)
Acrobatique
Féérique
Vitalité
Un conte de fées moderne et acrobatique avec musi- Ce Lac des Cygnes version cirque, créé par Madona Dix artistes guinéens du Cirque Mandingue nous
que live, chorégraphies originales, acrobaties et voltige…
Comment sept hommes vont-ils s’y prendre pour
attirer l’attention de la seule demoiselle en piste ? Laissez-vous embarquer dans le cirque de la compagnie
Akoreacro dans un voyage plein d’énergie, de pirouettes surprenantes, de musique et d’humour.
Pffffff !
Les 10, 11 déc
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Bouglione, est empli de grâce, de poésie et de
féérie. Il revient sur le plateau du théâtre de l’Olivier
où il a été créé il y a tout juste un an après une belle
tournée française. Acrobates, jongleurs, trapézistes
et clowns marient leurs arts traditionnels aux formes
d’expression plus contemporaines.
Pentimento
Le 9 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Les 16, 17 déc
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Foté Foré
Le 13 déc
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Bambous
© X-D.R
Solo
clownesque
Bobitch, vieux petit bonhomme, employé fidèle et
Burlesque
Avec Les Fuyantes, danse, acrobatie, cirque aérien,
One day à la Bobitch
Le 25 nov
Forum de Berre l’Etang
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
© Massimo Baesi
Du 14 au 16 déc
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 03
www.theatredegrasse.com
Le 18 fév
13e Festival les Élancées, Fos-sur-Mer
04 42 56 31 88
www.scenesetcines.fr
dévoué, va vivre une journée exceptionnelle. Une
heure durant, Boris Arquier fait exister de multiples
personnages d’un lieu à l’autre grâce à son talent
vertigineux de bruiteur-beat boxer. Un clown hors du
commun pour un voyage futuriste et captivant.
Le 26 nov
Théâtre Marelios, La-Valette-du-Var
04 94 23 62 06
livrent leur première création commune, une fresque
tout en poésie à l’image de leur vie contée en
acrobaties. Dans un rapport au temps singulier
propre au continent africain, les circassiens,
danseurs, contorsionnistes réinventent leurs
débrouilles et leurs jeux. Des acrobaties hautes en
couleurs et des rythmes à la joie communicative.
Le nouveau cirque du Vietnam offre une invitation
au voyage mêlant acrobatie, danse, jonglage,
contorsion et équilibre. Quatorze circassiens
virtuoses et cinq musiciens, sur des agrès éphémères
de bambous, racontent et chantent une vie
traditionnelle lointaine dans des numéros d’une
grande virtuosité. Un cirque époustouflant et joyeux,
traversé par un souffle épique et quelques clichés, à
partager en famille.
Lang Toï (mon village)
Le 3 déc
Carré Léon Gaumont, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com www.lavalette83.fr
théâtre visuel, musique et nouvelles technologies se
mêlent et s’emmêlent pour créer une forme inédite
de poésie visuelle inspirée par les dessins d’Escher.
Dans un habile jeu d’éclairage, de vidéos et un décor
mouvant, les cinq acrobates en mouvement
perpétuel, sous la houlette de Camille Boitel et
Boris Gibé, emmènent le public vers des territoires
instables.
Les Fuyantes
Le 6 déc
Théâtre la Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
34
JEUNE PUBLIC
MOMAIX | MASSALIA | ARLES | AVIGNON | FOS
Par, avec et pour
Momaix comme chaque automne regroupe et impulse les
spectacles pour enfants dans les salles aixoises
Certaines labellisent «Jeune public» les
propositions qui peuvent les
concerner (les Duos de Preljocaj au
Pavillon Noir), d’autres en proposent
des versions adaptées et explicatives
(Le roi danse au GTP, voir p 44), ou,
comme au Théâtre Vitez, proposent
des spectacles fabriqués pour des
enfants spectateurs. Dans le nouveau
Bois de l’Aune on avait choisi de les
faire aussi monter sur scène : sur la
musique des Doors (20 mns de The
end, balancé trop fort, comme s’il fallait
que la musique soit assourdissante
pour avoir de l’intensité…), une
douzaine d’ados recrutés dans les
centres sociaux aixois sautent sur
place, avec quelques variations
collectives. Peu à peu épuisés ils laissent
clairement apparaître, comme à leur
insu, leurs différentes personnalités,
dans cette répétition ultime conçue
par la chorégraphe Julie Nioche. Un
concept intéressant, mais qui, en
dehors des familles des ados,
concernait peu un public très
enfantin… heureusement comblé par
le duo d’excellents acrobates (La Vie
tendre et cruelle des animaux sauvages,
Cie Azeïn) qui les fit s’envoler vers des
rêves moins mortifères à coup de
sauts périlleux, de poursuites et
étreintes
rocambolesques,
délicieusement accompagnés par
l’inventivité musicale d’un drôle de
multi-instrumentiste, capable aussi
d’ascension…
Géographie scandinave
Aux Ateliers Alain Simon mettait en
scène le célèbre roman de Selma
Lagerlöf. Le Fabuleux voyage de Nils
Holgersson, qui a bercé bien des
enfances, est une commande des
enseignants suédois pour un livre de
géographie destiné aux enfants, mais il
dépassa largement le statut de manuel
scolaire pour connaître une destinée
internationale ! Les difficultés liées à sa
transcription théâtrale sont résolues
avec finesse et humour par l’équipe de
Lectures Plus : un rétroprojecteur…
et le théâtre d’ombre apparaît, les
barreaux d’une cage se dessinent et
s’estompent, le tomte du conte surgit,
le chat devient un géant à côté d’un
Nils minuscule ; un bonnet orange,
voilà notre héros et son rire coquin ;
nuages en carton, nous sommes dans
le ciel en compagnie du jars Martin ;
une oie géante au plafond en
contreplaqué apporte une touche
poétique. Le quatuor de comédiens
joue avec brio des artifices utilisés, pour
la plus grande joie d’un public d’enfants
impatients. Puis avec les gâteaux et les
rafraîchissements se dévoilent les
secrets de fabrication des costumes,
Étrange Odyssée
2084, un futur plein d’avenir est un spectacle de marionnettes destiné aux enfants
à partir de 9 ans, que les adultes partagent avec plaisir tant les niveaux de lecture
sont multiples. Philippe Dorin a écrit un texte plein d’invention, s’amusant avec les
mots et prenant plaisir à déformer notre langue dans la bouche de robots ou
d’êtres hybrides, mélange d’humain et d’animal. Le titre évoque 1984 de Georges
Orwell et l’intrigue, plus légère, met en garde contre les mêmes menaces :
standardisation des esprits, abolition de toute vie privée, menace totalitaire. Les
robots sont nommés par des initiales, les personnages par des numéros. L’un
d’entre eux a des velléités d’indépendance et des rêves d’un temps «antérieur»!
On ne le lui pardonnera pas. Ces marionnettes très originales, conçues et réalisées
par Michel Klein, sont manipulées par trois comédiens exceptionnels pour leurs
performances vocales et leur maîtrise. Un spectacle intelligent mis en scène par
Ismaïl Safwan
© Michel Klein
CHRIS BOURGUE
Ce spectacle de la Cie Flash
Marionettes s’est joué
à L’Astronef à Marseille
les 4 et 5 novembre dans
le cadre de
la programmation
du Massalia, et au théâtre
d’Arles le 9 novembre
Le Fabuleux voyage...© X-D.R.
Sysiphe
© C. Martinez CPA
des bruitages. L’évocation des scratchs
et autres révélations pratiques ne
détruisent pas la magie initiale… Car
aux Ateliers on aime à se retrouver
ensemble !
A.F ET M.C.
À venir
Le Fabuleux voyage de Nils Holgersson
au théâtre des Ateliers les 16, 23 et
30 nov
04 42 38 10 45
www.theatre-des-ateliers-aix.com
Des morts bien vivants
Il est tombé dans la marmite à histoires
ce Fred Pellerin. Un conteur et
improvisateur né qui porte bien son
nom, véhiculant jusqu’à notre coin du
monde son cabochon rempli des
légendes de son Québec natal. Plus
précisément Saint-Elie de Caxton,
1500 habitants au compteur. L’écouter
raconter avec son accent et ses gestes
chantants les histoires et superstitions
de son village, que lui-même entendait
de la bouche de sa grand-mère, est un
enchantement. De digressions en
chansonnettes, les mots sont
réinventés, remaniés, tarabiscotés, le
récit ponctué de rires rafraîchissants et
d’adresses complices au public. Un
public soufflé par l’art du
rebondissement et de la «parlure» de
ce jeune homme, star dans son pays,
pour qui «parler français est une
résistance quotidienne» et qui
l’emmène, au final, derrière le comique,
vers un terrain inattendu. Il y a le
forgeron et sa fille, le coiffeur du village
et le curé neuf, Stroop la sorcière,
Lurette,Toussaint et Jeannette. Et il y a
Bernadette, cette grand-mère qui lui
avait promis que dans son village la
mort ne passait plus. Un hommage
vibrant à son pays, son enfance et aux
absents. Une Arracheuse de Temps
immanquable.
DELPHINE MICHELANGELI
L’Arracheuse de temps
a été présenté les 5 et 6 novembre
au théâtre du Chêne Noir, Avignon,
et à Fos-sur-Mer le 8 novembre
CAVAILLON | MARTIGUES | LENCHE
Silence, ça tourne !
mouvements, à mesure que la parole
et l’imagination prennent le pouvoir. Et
à ce jeu de la narration associée à la
technique, Opéra Pagaï a de la fantaisie
à revendre grâce à une ingénieuse
scénographie à portée des enfants. Le
récit se tricote en séquences, «silence
moteur ça tourne» et explications du
conteur à l’appui, et les effets spéciaux
sont divulgués devant les yeux ravis des
enfants, habitués à l’image dans tous ses
états. Un aller-retour entre le
comédien de chair et d’os et la petite
marionnette pour un spectacle plein
d’humour, interactif et pédagogique.
Après ça, les petits oseront-ils rendre
leur liberté à leur doudou ?
À qui appartient la terre ? Peut-on
s’approprier un endroit simplement en
le voulant ? Et qu’est-ce que la
propriété d’ailleurs ? D’où viennent les
frontières ? Ces questions-là les
protagonistes vont les soulever petit à
petit, pas aussi clairement mais de
façon induite, au fil du récit. Au terme
d’un long périple, Kétal et Aride
prennent possession d’une terre dont
un panneau mentionne qu’elle est
«propriété privée», un coin de paradis
décident-ils dont ils vont rapidement
délimiter les contours. Mais
rapidement arrive l’Autre qui prétend
avoir retrouvé cette terre qui
appartient à son peuple depuis des
siècles. Et malgré l’intervention d’une
femme libre et sans attache, dont le
nom change à chaque apparition, la
Les Excuses de Victor a été joué au
théâtre de Cavaillon le 21 octobre
Forêt interactive
Western
Du 22 nov au 3 déc et du 5 au 10 déc pour débuter
la 3e édition de Minots, Marmaille & cie
Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
© Daniela Neri
Nouvelle création jeune public de la cie Itinerrances,
À pas contés, dans la forêt… est un solo chorégraphié
par Christine Fricker mêlé à un court métrage (signé
Yann Marquis). Lieux et personnages récurrents des
contes rythment le parcours du personnage à
l’écran : Elle (Yendi Nammour) s’invente un alter ego
qui vit de nombreuses aventures dans la forêt de ses
rêves, lieu du merveilleux qui raconte les peurs
enfantines. Un imaginaire visible par tous, sauf par ellemême. Cette «jumelle» sera tentée de désobéir, ne
voulant plus correspondre à l’image figée de sa
créatrice. Deux mondes se côtoient, le réel et le rêvé,
ce que l’on est déjà et ce que l’on rêve d’être. Un
hommage à l’imagination enfantine, programmé dans
le cadre de la 3e édition Minots Marmailles et Cie, dès
6 ans.
A pas contés, dans la forêt…
Du 14 au 21 déc
Théâtre de Lenche, Marseille
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
© Herve Milliard
Bienvenue dans l’univers follement inventif de
Massimo Schuster ! Avec Western, il part à la
conquête de l’ouest ; dans son théâtre de papier, une
forme qu’il affectionne et qui permet des libertés
visuelles dignes d’Hollywood, défilent cowboys et
indiens, une ville et son saloon, des pistolets, des
chevaux et bien sûr des histoires d’amour et de
trahison, de vengeance, de suspens…
guerre est déclenchée… Très simple,
la scénographie créée par Nino
D’Introna est entièrement centrée sur
un grand bac à sable que des jeux de
lumières transforment habilement en
terre jaune convoitée par des adultes
belliqueux ou en terrain de jeux pour
enfants possessifs. Belle métaphore de
l’impossibilité du vivre ensemble, du
partage de la propriété, le texte de
Lise Martin met en lumière l’absurdité
d’une situation qui n’a pas d’autres
solutions que la violence. Une situation
somme toute universelle, et si
actuelle…
DOMINIQUE MARÇON
Terres ! a été joué au Théâtre des Salins
à Martigues le 18 octobre
© Emile Zeizig
DELPHINE MICHELANGELI
Mythique
35
Qui a raison ?
© Opéra Pagaï
Avec Les Excuses de Victor, la
compagnie Opéra Pagaï donne aux
enfants un excellent alibi pour ne plus
croire tout ce qu’ils voient ! «Ce
spectacle se regarde ici et là en même
temps, et toi tu regardes et tu crois ce
que tu as envie» expliquent en se
présentant le marionnettiste conteur,
le technicien et la régisseuse qui
opèrent à vue la manipulation d’un
adorable théâtre d’objets miniature et
des trucages vidéo élémentaires mais
tout à fait pédagogiques. Arrive le petit
Victor, marionnette hirsute craquante
d’innocence, qui débarque avec deux
heures de retard à l’école parce qu’il a
perdu son doudou Ouisti Steve.
S’ensuivent une série d’excuses
abracadabrantesques, où la fiction se
fabrique à l’aide de quatre caméras
commandées en direct, transformant
la réalité en deux temps trois
JEUNE PUBLIC
36
JEUNE PUBLIC
AU PROGRAMME
Éclectique
Après avoir organisé un temps fort petite enfance
pour l’ouverture d’une crèche sur le site de La Friche,
et imaginé avec Philippe Dorin «un futur plein
d’avenir» en 2084, le Théâtre Massalia part à la
conquête d’un trésor… Mais pas n’importe lequel !
Celui de Robert Louis Stevenson caché quelque part
sur une île mystérieuse où se retrouvent Long John
Silver -et sa célèbre jambe de bois-, l’enfant Jim, le
docteur Livesey, Monsieur Trelawney et le Capitaine
Smolett. L’île au trésor donc, magnifique roman
d’aventures, d’apprentissage et de découvertes
raconté par les marionnettes du Théâtre de la
Poudrière. Puis les mondes imaginaires laisseront
place au monde réel et à la politique avec un projet
novateur, Politoï, autour de deux pièces du Teatro
delle Briciole qui allient rigueur historique, humour et
légèreté : Les Grands dictateurs avec Bruno Stori dans
un grand monologue tragi-comique, Scholé ou le
temps qu’il faut pour devenir une personne ou la
rencontre entre un maître et son élève consacrée à
la connaissance… Un temps libre pour évoquer la
«chose publique» aux jeunes et réfléchir sur la
citoyenneté, le savoir et el dialogue.
L’île au trésor
Du 22 au 25 nov
Z2 Festival de Zik
Vu de la lune (Le Merlan), Hyphen Hyphen (Cabaret
aléatoire), Sound, vision et sucré-salé (Cabaret aléatoire)
Les 2, 6 et 7 déc
Les grands dictateurs
Du 8 au 10 déc
Scholé
Le 14 déc
Théâtre Massalia
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
L'Ile au tresor © Jeremy Voita
Entre les deux, la musique se taille une part de choix
avec le Z2 Festival de Zik conçu avec Tandem et le
PôleJeunePublic (29 nov-10 dec dans le Var). De la
poésie rock’n roll de Abel (Vu de la lune) au concertgoûter de Markovo & Olivier Lubeck (Sound, vision
et sucré-salé), en passant les enfants terribles de
l’électro/dance/rock du groupe niçois Hyphen
Hyphen, les musiques actuelles forment la jeunesse !
M.G.-G.
Z2 Festival de Zik
9 concerts à Six-Fours, Le Pradet, La Valette-du-Var,
La Garde et La Crau
PôleJeunePublic, Le Revest
Du 29 nov au 10 déc
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.com
Chansons
Malicieux
Avec les Weepers Circus la récré a un goût de rock,
Haïku
Adapté par Elise Clary du premier roman de
swing, jazz et boogie… Les 6 musiciens mêlent dans
leurs chansons des histoires de sorcières et d’ogres
déglingués, des reprises de comptines célèbres, des
tours de magie… De quoi égayer les récrés !
À la récré
Le 29 nov
PôleJeunePublic, Le Revest
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.com
Maxence Fermine (éd. Arléa), Neige est un long
poème, une quête d’absolu que trois personnages
vont vivre. D’une image obsédante, celle d’une
femme disparue dans la neige, vont naître les relations
deYuko, jeune homme qui veut devenir poète, Soseki,
peintre aveugle qui l’initie aux haïkus, et Neige, lien
ténu qui les unit.
Neige
Le 19 nov
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
© P. Stokart
Des boîtes emboîtées, déboîtées, superposées, empilées qui rangent, cachent… les tout-petits seront
ravis de suivre les expérimentations de Catchou et
Cécile qui analysent minutieusement leurs découvertes et les possibilités qu’elles engendrent.
© X-D.R.
Frousse
En sondant l’animal qui nous habite, Nathalie
Boîtes
Le 30 nov
Théâtre La Colonne, Miramas
04 90 58 37 86
Le 3 déc
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Les 7 et 9 déc
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Pernette crée La peur du loup, fantasme par
excellence né de nos peurs et désirs enfouis. Usant
de technologies numériques, elle mêle à sa
chorégraphie et sa danse des jeux de projections
entre les corps, des images inquiétantes mais aussi
fantaisistes qui finissent par libérer les corps et les
esprits.
La Peur du loup
Le 7 déc
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Botanique
L’installation plastique et sonore de la cie Skappa !, In
1 et 2, inspirée par la recherche du jardinier-botaniste
Gilles Clément, interroge la relation qu’entretient
l’homme avec la nature.Avec In 1, quatre sculptures sonores et animées surprennent par les images étranges
et poétiques qu’elles projettent, tel l’arrosoir qui
asperge une plante de lumière… Dans In 2 des personnages aux mains vertes redessinent les contours
d’un jardin féérique.
In 1 et 2
Les 26 et 30 nov
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
© Franck Gervais
Le 3 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Ainsi font font font
Je me rappelle a toi © S. Freby
Scènes et Cinés réserve un Coup de projecteur au théâtre de marionnette du 16
au 23 nov. 7 spectacles dans 6 lieux pour savourer la richesse de l’art de la
marionnette dont les disciplines et thèmes se croisent pour livrer des spectacles
singuliers et audacieux. Dès le 16, au théâtre de la Colonne de Miramas, Johnny
d’après Jack London par le Tara Théâtre nous promet une réflexion sociale,
poétique et burlesque, sans misérabilisme, sur le droit à l’enfance (également au
théâtre du Golfe de la Ciotat le 18 nov et à la salle culturelle de Simiane le 4 fév).
Le 18 nov, Dormir, moi ? Jamais ! ravira le jeune public dès 4 ans avec l’histoire d’un
enfant roi rythmée par un violoncelle.
À Fos, Je me rappelle à toi offrira des moments magiques et fragiles, emportés dans
un petit théâtre d’objets lumineux (19 et 20 nov), tout comme cette admirable
Madame Bovary d’Agnès Limbos, une adaptation très réussie du roman de
Flaubert en théâtre d’objets (19 et 20 nov).
Le théâtre de l’Olivier, à Istres, accueillera Hand Stories (le 20 nov), un spectacle
de marionnettes à gaine signé Yeung Faï qui évoque la destinée de sa famille et
l’histoire universelle de la marionnette chinoise. Un ravissement pour les yeux (à
découvrir également au théâtre des Salins à Martigues les 5 et 6 déc et au théâtre
de Draguignan le 21 janv). Puis dans le très poétique VY la conteuse Michèle
Nguyen (Molière 2011 jeune public) ouvrira le 22 nov la malle de ses souvenirs
d’enfance pour démêler l’écheveau des émotions enfouies.
Magic Dust sera à l’espace Robert Hossein de Grans (le 23 nov) signé par la cie
azHar qui réussit un subtil équilibre des genres, entre théâtre, images numériques
et marionnettes de taille humaine.
DE.M.
Coup de projecteur sur le théâtre de Marionnette
Du 16 au 23 nov
La Colonne, Miramas, 04 90 58 37 86
Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis, 04 42 48 52 31
Théâtre de Fos, 04 42 11 01 99
Théâtre de l’Olivier, Istres, 04 42 56 48 48
Espace Robert Hossein, Grans, 04 90 55 71 53
www.scenesetcines.fr
Théâtre des Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Théâtre du Golfe, La Ciotat
04 42 08 92 87
www.laciotat.com
Salle culturelle, Simiane-Collongue
04 42 22 62 34
www.culture.simiane-collongue.fr
38
MUSIQUE
AU PROGRAMME
Italien
Dans le cadre des 150 ans de l’Unité Italienne, ce
Festival est un signe dynamique pour une Europe
de la Culture : 25 Conservatoires italiens sont
impliqués ! De la musique baroque à l’électronique,
nos voisins transalpins présentent une série de
concerts dans toute la France. Cette manifestation
majeure est le miroir de Suona Francese (2008) qui
avait fait connaître, en Italie, la musique française.
Tissés par le ministère italien des Affaires
étrangères, la Fondation Musica per Roma, le
ministère des Biens et des Activités Culturelles, les
deux ambassades, ces liens veulent renforcer les
croisements entre les créateurs. À Marseille,
l’Institut Culturel et la Chambre de Commerce
italiens proposent 4 concerts : à l’Institut
Culturel, le 16 nov, Almanach des morts présumées
(Conservatoire de Trapani en Sicile : voix, quatuor,
bande magnétique) ; le 13 déc Venosa Jazz
Ensemble : jazz napolitain décapant. Au Gmem (
organisé par le GRIM hors les murs) : le 14 déc,
musique électronique (Conservatoire Verdi de
Turin) ; le 15 déc flûte et musique concrète
(Conservatoire de Cagliari).
Cycles
Pianistique
Musique & littérature
Les Amours du Poète de Schumann et Les Nuits d’été
de Berlioz, chantés par Jean-Christophe Maurice
(baryton) avec Elisabeth Guironnet (piano).
MARSEILLE. Le 18 nov à 20h30 La Magalone
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Fratelli
Eric (ténor) et Stefano (baryton) Venezia chantent
100% Verdi.
Le 18 nov à 20h45. Auditorium du Casino
HYERES. 04 94 12 80 80
Lyrique
La soprano Aude Sardier et le baryton Bernard
Imbert chantent Opéra mon amour, récital lyrique
d’extraits d’opéras et opérettes.
TRETS. Le 18 nov. Cinéma Casino
04 42 61 23 75
Pitchouns
Le bateau de Nino, spectacle chanté conçu par
Hélène Bohy mis en scène par Fabrice Guérin.
MARTIGUES. Le 19 nov à 19h. En famille dès 4 ans.
Les Salins
04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr
Sax & orgue
André Rossi (orgue) et Joël Versavaud (saxophone) dans Bach, Stanley, Haendel.
LES PENNES-MIRABEAU. Le 20 nov à 16h30.
Eglise St-Blaise
Municipal
Le 7e festival de Musiques baroques et classiques
se poursuit avec l’orgue de l’Eglise St-Michel allié aux
Cuivres du Conservatoire de Marseille dans Bach,
Dukas et Gounod (le 20 nov à 16h), Siècle d’or de la
Mandoline par Vincent Beer-Demander et l’Orchestre à Plectre du Conservatoire pour Vivaldi, Scarlatti
et Haendel (le 27 nov à 16h), et pour conclure en majesté,
le Concerto pour 4 claviers de Bach joué par Nathalie
et Fabrice Lanoe, Evelina Pitti, Annie Ghiradelli, l’Orchestre du CNRR dirigé par Philip Bride(le 30 nov à 20h30).
MARSEILLE. Concerts à l’Église St-Michel.
Entrée libre.
04 91 14 66 76 http://opera.marseille.fr
Mélanie Zhao dans Liszt : Douze Etudes d’Exécution
Transcendante (AIX. le 21 nov à 18h Conservatoire
06 16 77 60 89) ou Menahem Pressler (piano) et
le Fine Arts Quartet dans Haydn, Schumann et
Dvorak (LES PENNES-MIRABEAU. le 23 nov. à 19h
Salle Tino Rossi 04 42 02 55 14) parmi une dizaine
de concerts qui nous conduisent à la fin du festival.
www.lesnuitspianistiques.com
Bel canto
Roberto Devereux (1837), chef-d’œuvre belcantiste
de Donizetti est une tragédie lyrique vaguement
inspirée de l’histoire d’Elisabeth 1re d’Angleterre
(son ouverture est fameuse pour comporter une variante de God Save the Queen). Donné dans une version
concertante, sans décor, ni mise en scène, l’art du chant
rayonne : ses vocalises, aigus survoltés, cavatines
tendres, lignes mélodiques suaves… Marielle Devia,
Béatrice Uria-Monzon, Stefano Secco et Fabio
Maria Capitani forment un magnifique quatuor vocal
soutenu par les Chœurs et l’Orchestre de l’Opéra
(dir. Alain Guingal).
MARSEILLE .Les 22, 24, 29 nov à 20h
et le 27 nov à 14h30. Opéra
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
Conférences rencontres le 18 nov à 17h à l’Alcazar
et le 19 nov à 15h au Foyer de l’Opéra.
Piano
Jean-Efflam Bavouzet joue le Concerto en sol de
Ravel en compagnie de l’Orchestre Symphonique
de l’Opéra et Giuliano Carella qui dirige également la Symphonie «Ecossaise» de Mendelssohn.
TOULON. Le 23 nov à 20h30. Opéra
04 94 92 70 78
www.operadetoulon.fr
Saint-Victor
Fin du 45e festival avec André Bernard et l’orchestre I Virtuosi Italiani qui jouent la Symphonie
n°4 de Mahler (soprano Li-Chin Huang) et le Septuor
de Beethoven (le 24 nov) avant le Carnaval des Animaux de Saint-Saëns et le rare Dixtuor de Théodore
Dubois par l’Orchestre des Siècles (le 8 déc).
MARSEILLE. Église St-Cannat les Prêcheurs, 20h
04 91 05 84 48
www.chez.com/saintvictor
YVES BERGÉ
Suona italiano
Institut Culturel Italien
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
Vie musicale d’une bastide baroque premier concert
d’un cycle avec des airs pour soprano (Anne Perissé dit Préchacq) et hautbois (Blandine Bacqué)
de Bach et Haendel et textes de Philippe Sollers,
Pascal Quignard… et vidéo. Continuo : Isabelle Chevalier (orgue) et Anne-Garance Fabre dit Garrus
(violoncelle baroque).
MARSEILLE. Le 25 nov. Bastide La Magalone
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Double-Mozart
Un opéra en création au grand Théâtre de Provence ! Après Toulon, la comédie facétieuse Le Directeur
de Théâtre et la pastorale Bastien et Bastienne
arrivent à Aix. Les deux opéras courts de Mozart sont
réunis par Frédéric Bélier-Garcia pour une nouvelle co-production que dirige Pascal Verrot à la
tête de l’Orchestre de l’Opéra de Toulon.
AIX. Le 25 nov à 20h30 et le 27 nov à 15h. GTP
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
Frederic Belier-Garcia © X-D.R.
MUSIQUE 39
Bicentenaire
Vladik Polionov donne une conférence sur Franz
Liszt avant de laisser la place à un récital d’Anahid
Ter Boghossian et de Marjorie Bourgois pour des
pièces du compositeur et pianiste virtuose d’origine
hongroise et également de Robert Schuman.
VELAUX. Le 25 nov à 19h (conférence sur inscription
à la médiathèque 04 42 46 34 00) et 21h (récital.
Réserv. 04 42 87 75 00) Espace NoVa
www.espacenova.com / www.velaux.fr
Méjan
Un week-end en compagnie du Quatuor Sine
Nomine (le 25 nov), du Cuarteto Arriaga (le 26 nov)
et du Quatuor Girard (le 27 nov à 11h). De grands
classiques de Haydn, Beethoven, Schumann à Bartok,
Reger et Berg.
Le Mâle entendu lecture-concert mise en forme par
Nancy Huston avec le Trio Viret (contrebasse, piano,
batterie. le 6 déc). Prise de bec pour ensemble de
saxophones (le 9 déc), le Septuor op.20 de Beethoven et l’Octuor D.803 de Schubert par les Solistes
de l’Orchestre de Paris (le 11 déc à 11h – 9e
Biennale de Quintette à vent).
Solidaire
Concert solidaire auquel au profit des enfants du
Cambodge : Vents et chants.
MARSEILLE. Le 26 nov à 15h. Église des Chartreux
Bébés
La Régie culturelle PACA programme une forme
pour bébés et femmes enceintes par l’ensemble
Télémaque : Raoul Lay a composé une partition apaisante et nocturne, à écouter dans l’intimité d’une
tente, sans parole, avec juste des sons, la voix, des
lumières… (voir tournée p13).
RÉGION. Du 27 nov au 16 déc www.laregie-paca.com
04 91 39 29 13
www.ensemble-telemaque.com
Nokto © Pascal Perennec
Récital de mélodies françaises (Duparc, Debussy)
et création de Un brasier d’étoiles de Lionel Ginoux par
Cynthia Ranguis (soprano) et Marion Liotard (piano).
MARSEILLE. Les 25 et 26 nov Théâtre du Parvis des
Arts 04 91 64 06 37
Exposition Danielle Lorin Chrysalides et autres
petits monstres
Vernissage le 25 nov à 19h
Swing
La chanteuse de jazz Elizabeth Kontomanou avec
Laurent Courthaliac au piano.
MARSEILLE. Le 25 nov. à 21h. Station Alexandre
04 91 00 90 00
www.station-alexandre.org
Festival
L’association Jade/Compagnie Henri Agnel propose
le festival (3e édition) La Dame, L’Amour, Le Vin,
des musiques de la grande Méditerranée
ARLES. Les 25 et 26 nov. Église des Frères
Prêcheurs 04 90 54 34 39
Opérette
L’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigé
par Benjamin Pionnier interprète des extraits
d’opérettes avec Jacques Duparc, Catherine Dune,
Anne Constantin, Francis Dudziak.
MARSEILLE. Le 26 nov à 20h. Opéra. Entrée libre sur
réserv
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
Une semaine consacrée à l’instrument : expo, stages,
colloques, performances, concerts…
MARSEILLE. Du 28 nov au 3 déc.
Cité de la musique
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Trio
Le Trio Dali joue Mozart (Trio K.542 en mi majeur),
Ravel (Trio en la mineur) et Beethoven (Trio op. 70
n°1 en ré majeur).
MARSEILLE. Le 29 nov.
Auditorium Faculté de médecine
04 96 11 04 60
www.musiquedechambremarseille.org
Liszt 3
3e concert du cycle des «Raretés» du compositeur par
Philippe Gueit. Des opus de la fin de l’existence de
Liszt qui annoncent le XXe siècle.
MARSEILLE. Le 2 déc La Magalone
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
ARLES. Concerts à la Chapelle du Méjan
04 90 49 56 78
www.lemejan.com
Stellaire
Mandoline
Saisonnier
À cette période de l’année, les Chœurs de Provence donnent deux concerts. Cette saison : Lauda
Sion de Mendelssohn et Magnificat de Schönherr.
MARSEILLE. Le 27 nov. à 17h
Église Notre-Dame du Mont
AIX. Le 4 déc à 16h30
Chapelle du Lycée du Sacré Cœur
Thaïs par Mula
L’opéra Thaïs de Massenet baigne dans un climat
sulpicien, typique de l’époque (1894), et une volupté sonore unique où les airs fameux, comme la
célèbre « méditation » religieuse confiée au violon
seul, brillent au firmament des constellations classiques. On ne manque pas Inva Mula dans le rôle
de cette courtisane convertie au christianisme et
mourant dans la rédemption. En compagnie du baryton Marc Barrard (le moine Athanël) et Florian
Laconi (Nicias), la grande soprano est dirigée par
Jean-Yves Ossonce dans une nouvelle production
signée Nadine Duffaut.
AVIGNON. Le 27 nov à 14h30 et le 29 nov à 20h.
Opéra
04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr
Conte
Georges Aperghis met en musique Le petit chaperon rouge dans l’ancienne version de 1697 de
Charles Perrault… et ça finit mal. Avec les comédiens-musiciens de l’Ensemble Reflex.
AIX. Le 28 nov.à 19h au Jeu de Paume. Dès 6 ans
0 820 000 422
www.lestheatres.net
«Neige rien»
Spectacle musical sur des poèmes de Valérie Rouzeau.
MARSEILLE. Le 2 déc.à 18h30 (rencontre)
et à 19h30 (concert)
Auditorium Bibliothèque départementale
www.biblio13.fr
04 13 31 82 00
Tournée
Bientôt vingt ans que le Conseil Général des Bouches-du-Rhône organise la tournée Les Chants de
Noël ! Dans son église de village ou de quartier, on
accède à des concerts gratuits, de haut niveau, qui
élargissent notre univers culturel. 55 concerts sont
au programme, pour cinq productions différentes :
la moitié à Marseille le reste dans les communes
du département. Ils s’achèvent au pied du sapin,
juste avant la dinde aux marrons : Noël swing, Noël
des Amériques, Noëls nomades, Noël napolitain
et Noël de l’Europe baroque balayent de vastes
champs stylistique, historique et géographique.
Les Chants de Noël du CG13 du 3 au 23 déc.
Entrée libre
www.culture-13.fr
Hommage
Au ténor Georges Luccioni (en présence de l’artiste).
MARSEILLE. Le 3 déc. à 15h. Foyer de l’Opéra
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
40
MUSIQUE
AU PROGRAMME
Top Russe
Échos de la Folle Journée de Nantes de René Martin,
La Folle Nuit nîmoise reprend pour thème la
musique russe de Tchaïkovski ou Rachmaninov, met
à l’honneur en particulier celle des «Cinq» (Balakirev, Cui, Rimski-Korsakov, Borodine, Moussorgski) et
les générations suivantes de Scriabine à Stravinsky,
Prokofiev, Chostakovitch. Les artistes invités sont
au top ! Andrei Korobeinikov et Adam Laloum
(piano), Dmitri Makhtin (violon), Henri Demarquette (violoncelle) et le Quatuor Ardeo.
NÎMES. Le 3 déc à 20h. Lieu à préciser
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Vents
Frédéric Baron (basson), Renaud Taupinard (cor),
Daniel Paloyan (clarinette), Thomas Saulet (flûte)
et Bernard Giraud (hautbois) forment le Quintette
à vent de Marseille qui, depuis de nombreuses
années, constitue la cheville ouvrière de la Biennale internationale de Quintette à vent attendue
par les amateurs d’anches et d’embouchures. En
compagnie de l’Harmonie municipale d’Aubagne,
l’ensemble joue, entre autres, une œuvre spécialement
commandée par l’Institut Français des Instruments
à Vents : Comptinerie de François Michels.
AUBAGNE. Le 3 déc. à 21h. Comoedia
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
Des Equilibres
Agnès Pyka (violon) créatrice de l’ensemble Des
Equilibres (voir p71) et Edouard Sapey-Triomphe
(violoncelle) jouent la Sonate de Ravel et le Duo
opus 7 de Kodaly.
DRAGUIGNAN. Le 3 déc. Théâtre
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Violoncelle
Anne Gastinel, formidable violoncelliste française
joue le Concerto en mi mineur d’Elgar en compagnie
de l’Orchestre philharmonique de Marseille et
Jonathan Weeb qui dirige également la 5e symphonie de Chostakovitch.
MARSEILLE. Le 4 déc. à 17h. Opéra
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
Chambre
Le Quatuor Artémis joue le Quatuor en ré majeur op.76
n°5 de Haydn, le 1er Quatuor de Bartok et l’unique
Quatuor de Ravel.
AVIGNON. Le 6 déc Opéra
04 90 82 42 42
www.operatheatredavignon.fr
Ballades
Des chansons de Louis Armstrong, Woody Guthrie,
Ray Charles, les Animals, Elvis Presley, Kurt Cobain…
«Ballades» revues par Dick Annegarn.
CAVAILLON. Le 6 déc. Théâtre
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
D’Ascoli
On ne s’arrête plus depuis longtemps à la cécité de
Bernard d’Ascoli. C’est un grand pianiste virtuose qui
a dépassé, comme quelques uns de ses pairs (voyants), les
problèmes techniques de son instrument pour façonner de vraies interprétations personnelles. On l’attend
dans Liszt, la Bénédiction de Dieu dans la solitude (Harmonie Poétique et Religieuse n° 3), Jeux d’eau à la
Villa d’Este (3e Année de pèlerinage), La leggierezza
(étude de concert n° 2), mais aussi la 32e Sonate de Beethoven et les 4e Ballade en fa mineur op. 52, Andante
Spianato et Grande Polonaise Brillante op. 22 de Chopin.
MARSEILLE. Le 6 déc au Théâtre Toursky
0 820 300 033
www.toursky.org
Selon Brook
Choral
Le Chœur Carpe Diem chante Mozart (Six Nocturnes)
et Gounod (Gallia) sous la direction de Michèle Arnaud.
AIX. Le 6 déc à 19h.
Chapelle des Oblats
04 42 99 37 11
www.orphee.org
M.I.M.
Solange Baron (accordéon) et Nicolas Bauffe (flûte)
jouent des pièces avec électroacoustique, interactive audiovisuelle de Franck Dufour, Philippe Bootz
et Marcel Frémiot, Philippe Festou, Pascal Gobin…
(laboratoire Musique et Informatique de Marseille - www.labo-mim.org)
MARSEILLE. Le 8 déc.
Auditorium de la Cité de la Musique
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Premières
Télémaque vient jouer à Marseille avec ses
compères de l’orchestre européen contemporain
(ECO), à l’estaque, pas très loin du Pôle Instrumental contemporain où l’ensemble va s’installer :
Looking for ECO, un concert de créations, en attendant l’ouverture…
MARSEILLE. Le 9 décembre à l’Alhambra
04 91 39 39 13
www.ensemble-telemaque.com
Baroque
Le théâtre de Nîmes, après le Ring wagnérien et avant
La Belle Hélène d’Offenbach accueille le «Molière
2011» du Théâtre Musical. Une Flûte enchantée
adaptée librement de Mozart et Schikaneder par le
metteur en scène octogénaire Peter Brook (après
Les Noces de Figaro et Don Giovanni), est accompagnée au piano et jouée par une troupe de chanteurs
et de comédiens. Les Varois se déplaceront quant à
eux du côté d’Ollioules pour la découvrir.
La compagnie Les Bijoux Indiscrets, Etienne
Mangot (violoncelle) et Claire Bodin (direction)
jouent des Sonates de Vivaldi.
Chateauvallon. Du 8 au 10 déc. Amphithéâtre
04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
NÎMES. Les 13 déc à 20h et le 14 déc à 19h. Théâtre
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Manu Théron (chant) Bijan Chemirami (zarb et daf)
et Tarek Abdallah (oud) improvisent et réinventent
l’art médiéval du Trobar, développent et s’inspirent
de mélodies du XIIIe siècle, réconcilient orient et
occident, savant et populaire, poésie et musique…
Une flute enchantee © P. Victor - Dima Bawab et Thomas Dolie
TOULON. Le 9 déc à 19h. Foyer de l’Opéra
04 94 92 70 78
www.operadetoulon.fr
Troubadours
MARSEILLE. Le 9 déc
Auditorium de la Cité de la Musique
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Fête
Djazz-Oratorio
Drame lyrico-jazz avec le quintette Sudaméris, le
slam d’Aïssa Mallouk et un ensemble vocal (dir.
Marylène Olivier).
MARSEILLE. Le 5 déc. Auditorium de la Cité de la
Musique
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
La municipalité phocéenne propose à nouveau concert
gratuit pour noël.
MARSEILLE. Le 9 déc à 20h30 Église Saint-Michel
(sans réservation - placement libre). 04 91 55 11 10
En trio
L’ensemble instrumental Da Camera joue des Sonates
en trio de Loeillet, Haendel, Bach…
MARSEILLE. Le 9 déc Entrée libre
Harmonie
L’Orchestre d’Harmonie donne son concert de la
Sainte Cécile.
LAMBESC. Le 10 déc. à 18h. Salle Sévigné. Entrée libre
Piccolo slave
Compositeurs de l’Est de l’Europe par Jean-Louis
Beaumadier (piccolo) et Christelle Abnasr (piano).
MARSEILLE. Le 10 déc. à 17h. Foyer de l’Opéra
04 91 55 11 10
http://opera.marseille.fr
Phi-Phi
La compagnie Les Brigands, depuis dix ans, exhume avec succès des ouvrages peu joués d’Offenbach
(Barbe-Bleue, Geneviève de Brabant, Le Docteur Ox,
Les brigands), ou des opérettes des Années-folles :
Ta Bouche de Maurice Yvain, Toi c’est moi de Moïse
Simmons. C’est avec l’esprit léger, propre à l’après
Grande-guerre, qu’elle produit Phi-Phi d’Henri Christiné, pièce en chansons, bourrée de calembours et
double-sens grivois, créée aux Bouffes Parisiens en
1918 et narrant l’histoire pastichée du sculpteur
grec Phidias atteint par le démon de midi au siècle
de Périclès. Johanny Bert évite les incontournables
poses égrillardes en transposant la mise en scène
en théâtre de marionnettes.
TOULON. Le 10 déc. à 20h30 et le 11 déc. à 16h
Théâtre Liberté
04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr
Nativité
Des Cantates de Noël de Bach autour du thème de
la Nativité pour cinq solistes et orchestre avec
l’ensemble Ricercar Consort dirigé par Philippe Pierlot.
NÎMES. Le 10 déc à 20h. Église Sainte-Perpétue
04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com
Orgue
Les auditions du marché, le 2e mardi de chaque
mois à la mi-journée. En décembre, c’est l’organiste
Annick Chevalier qui passe à la console.
MARSEILLE. Le 13 déc à 12h30.
Église Notre-Dame du Mont
Entrée libre
Sept & huit
Le Septuor op.20 de Beethoven et l’Octuor D.803 de
Schubert par les Solistes de l’Orchestre de Paris dans
le cadre de la 9e Biennale de Quintette à vent.
MARSEILLE. Le 13 déc Auditorium Faculté de
médecine
04 96 11 04 60
www.musiquedechambremarseille.org
Octuor
Les huit chanteurs de l’ensemble londonien Voces8
interprètent a cappella, avec jubilation et originalité, des chants traditionnels de noël, Palestrina,
Holst, Mendelssohn.
MARSEILLE. Le 13 déc. Le Gymnase
0 820 000 422
www.lestheatres.net
Voix russes
Chœur orthodoxes, chants traditionnels de Noëls russes par Les nouvelles voix de St Petersbourg (dir.
Mikhaïl Golikov).
TOULON. Le 13 déc Église Saint-Jean Bosco
04 94 18 53 07
www.festivalmusiquetoulon.com
Traditionnel
Programme de Noël avec la pastorale d’André Campra.
Autour de la danse
Récital de piano de Guillaume Coppola et Jérémie
Honnoré dans Chopin, Brahms, Granados et Dvorak.
SALON. Le 11 déc à 15h. Abbaye de Ste-Croix
04 90 56 24 55 www.musiquealabbaye.com
Provence
Musiques provençales, Trabadores provenzales, chants à
la vierge par l’Ensemble Amadis.
VENELLES. Le 11 déc à 17h Église
04 42 54 16 16
Duo
Récital de piano et violon avec Christine Généraux
et Yves Desmond.
MARSEILLE. Le 12 déc. à 18h30 Conservatoire
Entrée libre 04 91 55 35 74
Electroacoustique
Les Acousmonautes invitent le compositeur Michel
Pascal. Avec la participation de Claude Crousier
(clarinette), Philippe Renault (trombone), Pascal
Gobin (guitare électronique).
MARSEILLE. Le 12 déc. à 18h15 (rencontre médiathèque) et 20h30 (concert - auditorium)
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
AIX. Le 14 déc Eglise réformée évangélique 0
4 42 99 37 11
04 42 99 37 11
www.orphee.org
Serge
Philippe Duquesne fait revivre L’homme à la tête
de chou, ses chansons, ses tics… Par hasard et pas
rasé mis en scène par Camille Grandville, en compagnie d’un groupe de musiciens, sera ensuite à la Criée.
NÎMES. Les 15 et 16 déc. Odéon
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
C.N.I.P.A.L
Récitals du Centre National d’Insertion des Artistes Lyriques.
MARSEILLE. Les 14, 15 et 16 déc. à 17h 15. Opéra
04 91 18 43 14 http://opera.marseille.fr
AVIGNON. Le 17 déc. à 17h. Opéra
04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr
JACQUES FRESCHEL
42
MUSIQUE
LYRIQUE
Vérone ivoirine
truculente quand Nicolas Testé, grâce
à une déclamation noble, optimise le
personnage de Frère Laurent. La distribution, à l’image du baryton Pierre
Doyen (Mercutio) ou d’Eduarda Melo,
travestie en Stéphano, magnifie le
chant français.
Sur la scène, le blanc domine (murs,
costumes du chœur), peut-être pour
accentuer le contraste entre la pureté
d’un amour juvénile et la cruauté du
drame, l’aveuglement de la vengeance, la morbidité des combats...
Sur ce fond immaculé, des colonnes
dorées, de somptueux costumes colorés se détachent et les lumières
passent d’un bleu nocturne au noir
abyssal du tombeau.
Pour apprécier à sa juste mesure la
nouvelle production marseillaise du
Roméo et Juliette de Gounod, il faut
faire abstraction de l’interprétation
de couples légendaires. Le fait est
que le succès de l’ouvrage repose a
priori sur le duo incarnant les amants
de Vérone. Si Patrizia Ciofi est une
tragédienne née, sa voix semble
fatiguée. Elle lance courageusement
ses aigus, mais ne s’y attarde pas !
Nonobstant, sa grande scène du 4e
acte, jouée avec énergie, recueille un
succès mérité et fait oublier un «Je
veux vivre…» décevant. Le jeune
ténor roumain Teodor Llincai l’emporte à l’applaudimètre grâce à un
timbre d’airain, des aigus de stentor
et un bon usage de la mezza-voce,
mais il devra gagner en naturel et
intelligence sur le texte pour émouvoir davantage. À leurs côtés
Isabelle Vernet joue une nurse
JACQUES FRESCHEL
Roméo et Juliette a été représenté du
11 au 19 octobre à l’Opéra de
Marseille
© Christian Dresse
Chaleur ibérique
Maria Bayo © X-D.R.
Dans le sillage de ses célèbres compatriotes, Maria
Bayo perpétue cette tradition de beau chant. Elle
a offert le 6 novembre à l’Opéra de Marseille un
programme de musique espagnole avec des clins
d’œil antillais : Cinco Canciones Negras de Xavier
Montsalvatge, sublimes pépites, dont la Cuna
(berceuse), pizzicati des cordes sur mélodies
chaloupées, est un moment de bonheur. Le
Caléidoscope symphonique du même compositeur
est une pièce de Ballet, polytonale, privilégiant les
bois. Dans Poema en forma de Canciones de
Joaquín Turina, Maria Bayo poitrine des «Ay»
ornés, très andalous rappelant le Polo de Manuel
de Falla. Puis distille de sa voix souple chaque
intention dramatique ; les aigus manquent parfois
d’éclat, mais la maîtrise de la ligne est parfaite.
L’orchestre, dirigé chaleureusement par Ernest
Martínez Izquierdo, est enlevé. Chaque pupitre
apporte ce mélange fascinant de timbres,
d’accents. On découvre les merveilles mélodiques
de Jesús Garcia Leoz, Gerónimo Giménez, Manuel
Fernández Caballero, dans des extraits de Zarzuelas,
genre typiquement espagnol, mêlant texte, danse,
chant. La Salida de Cecilia de Gonzalo Roig, permet
à la soprano une danse envoûtante sur des rythmes
de Habanera. L’orchestre est déchaîné, le public se
régale. Initiative originale pour découvrir la
richesse de cette musique et ses prolongements.
YVES BERGÉ
Océan Vocal Naturellement Insolent
Balakirev !), puis graves, sombres ou
sensuelles (le merveilleux Désir de
César Cui !). Borodina adapte sa voix
magique, airain mêlé de velours, à
ses atmosphères contrastées. Graves
somptueux, aigus pleins, pianissimi
planants : une incroyable palette de
beautés sonores. La deuxième partie,
plus audacieuse, nous fait découvrir
les dissonances de Gueorgui Sviridov
et le cycle Spanish Songs de
Chostakovitch : ornements, lignes
orientalisantes rappelant Ravel,
Granados. Entre Moscou et Séville, les
envolées lyriques sont tout aussi
maîtrisées. En bis, la surprise vint de
Olga Borodina © Marty Umans
Olga Borodina est un OVNI ! Depuis le
célèbre Théâtre Mariinsky de ses
débuts, à Saint Petersbourg,
jusqu’aux plus grandes scènes
internationales, Olga Borodina offre
son timbre magnifique aux
spectateurs toujours étonnés. Sa
somptueuse Dalila de la saison
passée, à Marseille, est dans toutes
les mémoires. Le Groupe des Cinq au
complet (Rimsky, Moussorgsky,
Balakirev, Borodine, Cui) constituait
la première partie de ce récital du 13
oct à l’Opéra de Marseille : des
mélodies riches, frétillantes (Clair de
lune impressionniste et dansant de
Falla avec sa berceuse issue des Sept
chansons populaires «Nana» que
Borodina distilla comme l’intimité
d’une caresse : un «au revoir», ciselé,
subtil après ses insolentes
plénitudes. Le pianiste Dmitri
Yefimov fut tout au long du récital
un complice majeur, remarquable,
sobre, sans emphase et si présent. Le
public debout réclama Dalila, bien
sûr ! «Mon cœur s’ouvre à ta voix». La
Volga vint nous envouter…
Y.B.
MUSIQUE
43
Tétralogie de poche...
…mais la poche
reste conséquente !
On a parfois envie de penser follement que la
musique a été inventée pour que Wagner la déploie
dans toute sa complexité et la donne à voir généreusement ; ce sont pourtant retenue et simplicité
qui fondent le projet de Ring Saga, «réduction»
musicale de la Tétralogie à 9 heures de spectacle
opérée dans les années 90 par Jonathan Dove et
Graham Vick. Le théâtre de Nîmes en accueillait
l’intégrale les 5 et 6 nov sous la direction musicale
de Peter Rundel et dans la mise en scène d’Antoine Gindt. Une réduction destinée à contrecarrer la
formule lapidaire de Rossini… «de beaux moments
mais de bien mauvais quart d’heures» ?
Le grand orchestre wagnérien est ramené à 18 musiciens, mais les miracles existent au Walhalla et le
Remix Ensemble Casa da Musica sonne à merveille dans le contexte wagnérien : contre toute
attente, les héros étaient aussi dans l’orchestre. Les
coupes claires de la partition ne laissent pas les
bords à vif : l’Ensemble fait sonner les couleurs de
la harpe, de la flûte et du hautbois qui n’enlèvent
rien aux cuivres traditionnellement wagnériens.
Destinée à des lieux sortant de l’institution lyrique,
la mise en scène parachève la «réduction» et présente des décors épurés basés sur deux plateaux
obliques séparés par une travée au service de la
symbolique : Le Rhin, une grotte, une hutte, un
passage… Un double plateau quasiment vide, à
«entrailles», d’où montent les chanteurs en se
hissant, où chantent les filles du Rhin, où disparaîtra l’anneau dans des flots bien sombres qui
recouvrent tout. En fond de scène sont projetés des
motifs schématisés qui créent une sorte de mouvement du dedans : lever de rideau dessiné avec un
pinceau de lumière, images captées et bouleversées
qui accompagnent la mort mentale de Siegfried,
visages au ralenti de Brünnhilde ; rien d’illustratif,
un accompagnement visuel de la musique et du
chant. Les chanteurs semblent obéir à un leitmotiv
spatial et glissent sur le plateau quasiment en
apesanteur.
L'Or du Rhin © Philippe Stirnweiss
À partir de ces fondamentaux se développe l’argument en trois jours et quatre représentations :
réécrite par Wagner, la mythologie nordique donne
corps à l’appât de la richesse et du pouvoir, symbolisés par la possession de l’anneau du Nibelung,
maléfique, qui mènera à l’anéantissement final.
Inceste, lâcheté, tromperie mais aussi quête de
l’absolu, rédemption par l’amour et les sentiments
nobles font de ces pages une illustration saisissante de la destinée humaine, rappelant d’autres
chevauchées économiques et arrangements internationaux… Un monde de Fricka où Siegfried en
sale gosse fait son apprentissage initiatique au sein
des leitmotivs. Dans cette configuration, avec un
orchestre qui n’est pas en fosse, les voix tiennent
leur rôle de mélodie continue mais ne sont pas
toujours comprises : la voix de Piia Komsi-
Brünnhilde, soprano colorature finnoise pleine de
grâce, est trop souvent couverte par le flot
instrumental, seule faiblesse perçue dans la
distribution.
Mais depuis la pédale fascinante en mib majeur du
prologue de l’Or du Rhin jusqu’à l’embrasement
lumineux de la conclusion du Crépuscule des Dieux
en passant par l’incontournable Chevauchée des
Walkyries, on se laisse embarquer dans cette production démesurée, mise à portée des hommes.
Rassurons donc Woody Allen : nulle envie
«d’envahir la Pologne» après une telle leçon de
mesure et de subtilité !
PIERRE-ALAIN HOYET ET MARIE-JO DHO
Étoiles méridionales
Maria cristina Kiehr et Jean-Marc Aymes © Catherine Peillon
Alors que de l’autre côté du Vieux-Port, la diva
russe Olga Borodina triomphe à l’Opéra municipal,
une chanteuse d’un autre gabarit distille ses couleurs vocales finement cuivrées dans un répertoire
baroque peu commun, quoique lié à notre région.
En l’église bordant la rue de la République, au son
des violes, violons et claviers de l’ensemble
Concerto Soave (dir. Jean-Marc Aymes), MariaCristina Kiehr ornemente habilement les courbes
gracieuses de Campra, soupire aux déplorations de
Villeneuve…
Au-delà d’un intérêt purement esthétique, le
deuxième récital du festival de St Victor est le fruit
d’une collaboration avec le Comité du Vieux
Marseille qui fête son centenaire. Il propose deux
recréations : un motet de Chalabreuil et deux
extraits d’un magnifique Dies Irae d’Alexandre
Loüet, partition de la Bibliothèque Nationale
exhumée par le musicologue Marcel Frémiot. Cette
page de style «opéra» montre cependant les limites
d’un chant trop «à plat», alors qu’on préfèrerait une
vocalité mozartienne plus lyrique. On apprécie
également le jeu élégant et l’expression tendre de
la violoniste Marie Rouquié dans des pièces
instrumentales de Buffardin et Vachon, autres
étoiles baroques locales.
J.F.
Marseille et la Provence baroque,
concert donné le 13 octobre
à St-Cannat les Prêcheurs
44
MUSIQUE
LYRIQUE | RÉCITALS
Suonare si
Pour son premier concert de la saison, le Festival
de Toulon a eu l’audace de proposer aux auditeurs
un répertoire peu familier de chansons écrites à la
mode Napolitaine par des compositeurs italiens du
XVIe siècle. Comme c’est souvent le cas avec ce type
de répertoire que le mélomane se plaît à fantasmer
faute d’enregistrements convaincants, la vérité
musicologique de l’interprétation relève avant tout
des choix esthétiques et techniques opérés par les
interprètes. Les musiciens de l’ensemble Suonare
e cantare ont voulu relever ce défi, et ont proposé
au public venu en masse une vision singulière mais
discutable de ce répertoire.
On pouvait en effet être surpris par le choix du lieu
du concert qui ne se prêtait sans doute pas au mieux
à ce type de répertoire, mais assez curieusement
l’acoustique s’est révélée propice à la découverte
de sonorités instrumentales inattendues, fondues
en une belle harmonie de timbres délicieusement
surannés sur instruments d’époque. Malheureusement, l’immensité de la salle Albert Camus dans le
nouveau Théâtre Liberté ne rendait pas du tout
grâce à la voix du chanteur soliste, Francisco Orozco, qui tout en joignant le geste à la parole avec
une implication physique évidente ne valorisait pas
© Francoise Enock
ce répertoire, malgré un timbre très travaillé oscillant allègrement entre le nasillard et l’engorgé.
Ainsi, la voix sonnait poussif alors même que la
frivolité ou la grivoiserie des textes chantés
auraient mérité une interprétation plus vigoureuse,
et une théâtralité plus assumée.
ÉMILIEN MOREAU
Opérette au congrès
Pour la première opérette de la saison de l’Odéon, délocalisée pour cause de
travaux au Palais des Congrès, l’auditorium est plein : La route fleurie de Francis
Lopez fut immortalisé par Georges Guétary, Bourvil et Annie Cordy en 1952 !
Devant un mur de 1200 personnes, la jeune troupe n’est pas impressionnée,
et les numéros fantaisistes de Charlotte Filou et Grégory Juppin font mouche
(«Da ga da Tsoin Tsoin», «Les haricots», «Pas d’chance»…) quand le jeunepremier Alain Tournay déçoit. Hormis le soprano d’Amélie Robinault (Mimi),
c’est du côté de l’excellent Chœur Phocéen (dir. Rémy Littolf) qu’on entend
les voix les plus lyriques. Aux sons d’un orchestre délicat qui, hors fosse, sait
jouer en sourdine, les interventions chorégraphiées et les petits rôles assumés
participent au succès d’un spectacle (mise en scène Jacques Gervais) dont le
kitsch revendiqué fait sourire…
J.F.
Boris Mersson 90 ans, dirige le petit Nicolas, 13
ans, sous l’œil avisé de son père, Michel Bourdoncle : jeu de regards, fuite du temps, passage
de relais entre le «vieux» chef, encore assez performant au piano dans le concerto Le couronnement de
Mozart, et le novice, à l’aube de sa carrière. L’ombre
de la figure patriarcale, déjà oppressante, enveloppe la scène quand le père prend la baguette pour
diriger sa progéniture dans le premier concerto de
Liszt. Les notes défilent, les traits se dénouent, l’élève apprend le métier, se forge une carapace. Et
rentre la grande Evelina Pitti… Sous ses doigts de
concertiste affirmée se déroule le deuxième concerto du maître hongrois : le geste est sûr, les phrases
sont belles, la musique jaillit des gerbes de notes
enflammées. Dans les coulisses, l’enfant écoute et
mesure, à l’aune de cette grande interprétation, le
chemin qui lui reste à parcourir. Dernière image,
tous sur scène, main dans la main, ou l’allégorie de
la transmission du savoir.
C.F.
Concert donné le 22 octobre dans le cadre
des nuits pianistiques au Jeu de Paume, Aix
Evelina Pitti © Gerard Pau
De génération en génération
Chœur singulier
En début de saison le 18 oct, l’Opéra-théâtre
d’Avignon a reçu Sigiswald Kuijken accompagné
des musiciens de l’Académie Baroque européenne
d’Ambronay. Dans la Messe en si mineur de Bach,
les voix remarquables, une exactitude et une homogénéité extraordinaires dans les départs et arrêts,
des cordes merveilleuses, des bois enchanteurs ont
participé à une interprétation riche en couleurs…
altérées par des sonorités fausses aux clairons et
au cor. Leurs interventions ponctuelles, mais fréquentes, ont souvent brisé le charme. Et si,
l’extraordinair Christe Eleison, les chœurs Crucifixus
etiam pro nobis et Et exspecto resurrectionem mortuorum du Symbolum Niceum ont ému, le mot
«chœur» employé et voulu par Bach n’a pas eu sa
place à l’Eglise St-Pierre : en guise d’ensemble
choral, 4 ou 5 solistes en chantaient les parties…
restituant malgré tout la force exceptionnelle de
cette œuvre emblématique, testament musical du
Kantor. Il est toujours agréable d’accueillir sur des
scènes régionales des grands noms, et Kuijken en
est un !
CHRISTINE REY
MUSIQUE
45
Temps suspendu
Le monument des Années de pèlerinage de Liszt impressionne par la
durée (trois heures) et les difficultés
monstrueuses de la partition, tant
par la rapidité des traits, des trilles,
des mouvements arpégés, que par la
multiplicité des registres, et la finesse d’interprétation qu’elle réclame.
C’est un défi de l’aborder, surtout
dans la version intégrale en live (le
pianiste vient de les enregistrer, voir
p 70). Performance aux enjeux esthétiques autant que physiques !
Voguant entre l’élégie, l’expression de
la passion amoureuse et du sentiment
religieux, Bertrand Chamayou nous
convie, avec une éblouissante virtuosité, à une plongée dans l’univers de
Liszt qui narre ses voyages en Suisse
(1er livre), puis en Italie (2e livre), aux
côtés de la charmante Marie d’Agoult.
À l’interdit qui frappe ces amours
répond la passion, trois enfants, des
lieux complices, un élargissement
littéraire avec l’évocation de Pétrarque,
poète de la métaphore amoureuse par
excellence, ou de Dante… Marie, nouvelle Béatrice ? Ces deux premières
parties ont un caractère brillant et
virtuose, les mains du pianiste volent
sur le clavier ou s’y appesantissent
avec la douceur d’une caresse. Conjugaison parfaite de l’empâtement et
de la légèreté… La 3e partie (livre 3)
Bertrand Chamayou
© Richard Dumas - Naive
Pluie
enchantée
est plus recueillie, plus intime, le
musicien poète se replie sur une
conscience de soi empreinte de
spiritualité : il a rejoint l’ordre des
Franciscains en 1865. Bertrand Chamayou rend sensible l’aspiration à ce
développement plus intérieur par un
Vivaldifiant !
La talentueuse formation de chambre
de l’Akadémie für alte musik Berlin
et le somptueux violoncelliste JeanGuihen Queyras auront fait taire les
mauvaises langues qui accusent Vivaldi d’avoir composé cent fois le
même concerto ! Chaque pièce, forte
d’un motorisme rythmique halluciAkademie fur Alte Musik © Kristof Fischer
jeu nettement plus dépouillé, d’une
autre virtuosité, comme envolée…
MARYVONNE COLOMBANI
Les Années de Pèlerinage de Liszt par
Bertrand Chamayou au théâtre des
Salins de Martigues le 10 novembre
nant, est un modèle d’inventivité,
que ce soit au niveau du langage,
dans la fugue du concerto en ré.m,
de l’agogie, pour les contrastes de
tempi étonnants dans le concerto en
mi.m ou de la mise en espace, dans la
pièce pour deux violons RV 565. Un
Antonio en cachant un autre, Caldara
fut mis également à l’honneur, permettant à l’auditoire d’apprécier
toute la finesse et l’habileté technique du compositeur italien,
notamment dans la fugue de la
Sinfonia 12, dont le sujet repose sur
un surprenant intervalle de septième ! Mais, incontestablement, les
talents de rythmicien de Vivaldi,
magnifiés par l’interprétation croustillante des musiciens, laissent le
public du GTP savourer l’ivresse de
moments rares…
CHRISTOPHE FLOQUET
Concert donné
le 20 octobre au GTP
Pluie torrentielle dehors, fluidité virtuose au théâtre… Une matinée de
bonheur que celle offerte le 6 novembre par le compositeur et interprète
marseillais Cyprien Katsaris au public du Comoedia d’Aubagne. Dans
un programme où Liszt règne sans
partage, de la superbe improvisation
sur des thèmes du compositeur hongrois à ses transcriptions de lieder de
Schubert, Sérénade, Le meunier et le
ruisseau, l’Ave Maria. Richesse de la
recherche, subtilité de l’agencement
des thèmes, intelligence de la partition, lecture personnelle et sensible
des œuvres dans un jeu virtuose
jamais gratuit, et là-dessus un sourire
à la fois malicieux et émerveillé… On
se laisse conduire dans l’œuvre de
Liszt, de ses morceaux d’avant-garde
qui explorent les limites musicales de
son temps, à son interprétation des
poètes, Toni Raab, Lamartine, aux
rapsodies hongroises où la musique
populaire se fond au travail savant.
Enfin, cadeau de l’artiste, l’interprétation pour la première fois en Europe
de son adaptation du Concerto pour
piano et orchestre n° 2 en la majeur.
Une puissance qui s’apaise dans le
rappel sage et délicat de la transcription par Ziloti d’un prélude de
Bach. Quelle saveur la pluie !
MARYVONNE COLOMBANI
Cyprien Katsaris © X-D.R.
46
MUSIQUE
SYMPHONIQUE
Yin et Yang
Francois-Xavier Roth © Agnes Mellon
Deux compositeurs contemporains,
deux regards sur le monde : la Dante
symphonie de Liszt et Harold en Italie
de Berlioz puise à la même source
d’inspiration, l’Italie. Celle de Dante,
où les vers de la Divine Comédie prirent
vie musicalement à travers la frénésie
orchestrale incarnée par les cuivres et
les tutti instrumentaux symboles de
l’Inferno puis, par le truchement de
mélodies diatoniques diaphanes portées par les cordes dans le Purgatoire
trouvant leur salut dans un divin
Magnificat empreint de spiritualité,
sublimé par les voix angéliques de la
Maîtrise des Bouches-du-Rhône. Et
l’Italie du compositeur français, douce rêverie mélancolique fruit de
pérégrinations dans les Abruzzes,
occasion pour Berlioz de montrer
toute sa science de l’orchestration.
Une palette de timbres inouïs, alchimie
d’associations sonores inhabituelles,
jaillit de l’Ensemble les Siècles et
vint se mêler au grain de l’alto, splendide Stradivarius transcendé par le
jeu d’Antoine Tamestit. L’intelligence et la finesse d’interprétation de
François-Xavier Roth dévoila au
public aixois du GTP la modernité du
grand Hector et vint confirmer l’adage : nul n’est prophète en son pays !
CHRISTOPHE FLOQUET
Concert donné le 13 octobre au GTP
Tanz contre danses
Le couple franco-allemand
mène la danse… de Cour
Reinhard Goebel, à la tête de l’Orchestre français des jeunes baroques,
opta les 5 nov pour une découpe bipartite des Caractères de la danse,
isolant d’un côté la paire Rebel-Campra et de l’autre Haendel-Bach.
Binarité primaire, à l’image de nombreuses danses du baroque tardif, qui
s’inscrit certainement de la part du
chef dans une démarche didactique
visant à montrer combien la danse,
symbole de pouvoir à la cour de Louis
XIV, fut un formidable vecteur
d’inspiration chez les compositeurs
allemands. Mais l’ancrage de la musique dans un utilitarisme scénique,
miroir de la fatuité du monarque qui
se voulait soleil, éclata dans les
quatre Pièces de Ballet du compo-
siteur versaillais -Rebel le mal nomméou dans les Fêtes vénitiennes de Campra l’Aixois : alternances rythmiques
basiques, légèreté emphatique, style
archaïsant… autant de marqueurs
peu reluisants, de surcroît desservis
par une interprétation pompeuse
bien mal inspirée. Une difficulté à
interpréter la musique française de la
part du chef allemand ? Haendel le
saxon et le vieux Bach ne furent
guère mieux lotis ! La Sonate en trio
et la Suite en DoM furent réduites à
une virtuosité gratuite par un pupitre
de violons en surnombre -Goebel est
aussi violoniste- laissant peu de
place aux quelques bois perdus sur la
grande scène du Grand Théâtre de
Provence. Décevant !
C.F.
Maturités
Mémoire vive
Alors que s’élève le violon suraigu d’Hélène Deleuze, par
delà l’écho rebondi du piano de Pierre Morabia, on se dit
qu’assurément le Quatuor pour la fin du temps de Messiaen
est un chef-d’œuvre ! Des minutes passées avec les
© X-D.R.
excellents musiciens de l’Opéra de Marseille, on retient
ces instants de grâce où le public, suspendu aux vocalises
de l’Ange de l’Apocalypse, fige sa respiration aux
vibrations du violoncelle de François Torresani, à la
plainte de l’oiseau-clarinette d’Alain Geng... On se
souvient du contexte de la création de l’opus, en 1940, au
Stalag où le musicien prisonnier voyait dans la parole de
Jean l’allégorie d’un monde en proie au chaos, mais où
l’espoir subsistait, tenace comme la mémoire obstinée.
C’est dans cette mémoire que s’immisce l’esprit du Festival
des Musiques Interdites, qui exhume des artistes
martyrisés, déportés, exilés, jugés «dégénérés» par des
régimes totalitaires, tel le compositeur Franz Schreker mis
à l’index par les nazis. Inlassable pêcheur de perles,
Michel Pastore ravive un inédit en France : De la vie
éternelle, la quintessence du Lied chez Schreker. Au timbre
galbé de la soprano Emilie Pictet, vestale conception
parée d’un blanc immaculé, les poèmes chantés retrouvent
leur parfum années vingt. Valdik Polionov la seconde au
piano et préfigure l’alchimie orchestrale qu’on découvrira
en juillet 2012 au château Pastré, en hommage aux Justes
et à la comtesse Lily Pastré, femme protectrice des artistes
persécutés, juifs, à Marseille durant l’occupation.
J.F.
Concert hommage à Lily Pastré
donné le 18 octobre à St Cannat-les-Prêcheurs
Dans la série des concerts
programmés à l’Opéra de Toulon,
l’orchestre de la maison inaugurait
cette année la saison en accueillant
dans ses murs le violoniste Laurent
Korcia, invité à jouer le fameux
concerto pour violon op.177 de
Brahms : réputée techniquement
difficile, la pièce impose à son
interprète une grande virtuosité. D’un
jeu plein d’assurance, alternant
décontraction et tranchant extrême,
le soliste a fait chanter son
stradivarius offrant une version de
référence de l’œuvre grâce à l’écoute
et au soutien précieux de ses
accompagnateurs. Encadrant cet
incontournable du répertoire, la
symphonie n°2 op.36 où Beethoven
révélait déjà une maîtrise parfaite
des codes du classicisme qu’il avait
appris de Haydn, dont l’orchestre fit
entendre l’ouverture de L’Isola
Disabitata. À l’image de leurs
précédentes prestations, l’ensemble
et son chef Giuliano Carella n’ont eu
aucun mal à mettre en lumière ces
savantes architectures : une réussite,
assise sur l’expérience et la maîtrise.
ÉMILIEN MOREAU
Désenflures baroques
Perché sur un minuscule tricycle rouge, plume de paon plantée sur le casque
et goupillon à l’arrière du vélocipède… Voilà un don Quichotte fringant qui
manie les rimes les plus cocasses («ardeur grégeoise»/«âme pantoise»), en se
plaignant des froideurs de sa dulcinée, tandis que Sancho Pança l’engage à
d’autres amours. Le ton est donné : avec ces cantates narratives, alliant style
formel et distanciation, un nouveau miroir est posé dans l’univers du baroque,
qui lui permet un retour ironique. Les trilles, les phrases alanguies s’exagèrent,
la voix de haute-contre de Dominique Visse se glisse avec un humour jubilatoire dans les différents personnages. La matrone d’Éphèse de Granval est un
petit bijou de drôlerie et de virtuosité. La mort et l’inconstance de la vie s’y
transforment en pieds de nez. Le public s’amuse lorsque le chanteur joue un
compositeur présentant sa Cantate (Pierre De La Garde). Parodie des histoires
de bergers et de bergères, du sentiment de la nature, avec une baguette de chef
d’orchestre qui grossit jusqu’à prendre la taille d’un gourdin… (sic). «À bon chat
bon rat» reprend le rappel. Une parodie bienvenue, qui fronde le baroque avec
bonheur, rappelant qu’il fut un art de cour ridicule…
MARYVONNE COLOMBANI
Cantates comiques par l’ensemble Café Zimmermann
donné au Jeu de Paume le 7 novembre
© Agnes Mellon
Reprise classique
Quatuor Rosamonde © X-D.R.
Pour sa rentrée, la Société de Musique de Chambre de Marseille, dans un auditorium aux assises rénovées, a proposé à ses membres fidèles un programme
classique. C’est en quatuor, formation phare du genre, qu’on a entendu trois opus
majeurs du répertoire : Le Cavalier de Haydn, l’unique Quatuor en fa majeur de
Ravel et La jeune fille et la mort de Schubert. Si les Français du Quatuor Rosamonde jouent partout depuis une trentaine d’années, c’était la première fois,
le 8 nov, qu’on les entendait à la Faculté de médecine. Leur performance soignée, dominée par un premier violon assumé (Agnès Sulem-Bialobroda), tirée
par un violoncelle-moteur (Xavier Gagnepain),
a cheminé sans faux-pas
de l’essence traditionnelle du quatuor vers
des échos néo-classiques colorés, tendres et
jubilatoires, et un ballet sonore implacable
et tragique…
J.F.
50
MUSIQUE
LA FIESTA | BERRE
Une Fiesta qui prolonge l’été
Evénement populaire, le festival
marseillais de musiques du monde a
enflammé le Dock des Suds, bravant
le contexte de crise
Groundation © Agnès Mellon
annonce une nouvelle étape pour ce temps fort de
la vie culturelle marseillaise. La double décennie
du festival d’art et de musiques du monde se fêtera
l’an prochain, comme un tour de chauffe d’une
cuvée 2013 qui s’annonce exceptionnelle.
Téléphone- et dont ils sont les seuls rescapés, leurs
alter ego ayant glissé hors du monde du rock. Sur
scène, Catherine comme Louis n’en sont pas moins
généreux, énergiques, jamais démodés.
La Fiesta serait partielle sans sa programmation électro souvent en pointe. Citons particulièrement les
Marseillais Oil et Nasser, les Mexicains Nortec Collective et l’Américain Robert Hood. Avec plus de
55 000 spectateurs, cette 20e édition rallongée
THOMAS DALICANTE
La Fiesta des Suds s’est déroulée
du 14 au 30 octobre à Marseille
Complicités
Le Forum à Berre l’Étang le 14 oct : en première
partie, le duo formé par Olivier Roussel à la guitare
et Frédéric Pasqua à la batterie a souligné leur
grande complicité avec une musique très originale,
construite au moyen d’effets électroniques parfaitement maîtrisés.
Peu après, la chanteuse coréenne Youn Sun Nah
apparaît. À la guitare pour l’accompagner, Ulf Wakenius. Calypso Blues, une composition de Nat King
Cole, nous permet de découvrir cette femme aux
facettes multiples, un kazoo en bouche pour le
solo, et ses mains qui guident la hauteur de l’impro.
Les quelques notes émises par des lames de métal
(kalimba) résonnent dans notre mémoire d’où remonte
le son du saxophone de Coltrane… My favourite
Things est transfiguré et procure une grande émotion. Suit une composition de Ulf Wakenius, très
inspirée du groupe Shakti, en unisson parfait entre
guitare et voix, sur un rythme débridé. Léo Ferré,
Tom Waits ou encore Metallica auront inspiré ce duo
qui nous a proposé une soirée empreinte d’une
grande chaleur humaine, de beaucoup d’humilité
avec un énorme talent.
DAN WARZY
CD Same Girl Label ACT
Youn Sun Nah © Dan Warzy
D’Amadou et Mariam à Honest Jon’s Chop Up de
Damon Albarn, la 20e Fiesta des Suds a fait la part
belle aux musiques d’Afrique ou héritières du
continent noir. Pour la soirée d’ouverture, le duo
malien connu du grand public depuis son Dimanche
à Bamako a défloré des titres de son prochain
album. Des morceaux dans la lignée de leur répertoire métissé, mariant instruments traditionnels et
électriques. Autre rendez-vous, le retour du sémillant sexagénaire Kid Créole, flanqué de ses Coconuts,
nouvelle génération, pour un show latino-funk fait
de trémoussements, de sape et de kitsch. Dans un
registre différent mais tout aussi efficace, Raphael
Saadiq a déployé son armada soul, parfois sirupeuse, de choristes et musiciens de haut vol. Un
brin édulcoré, le groove de Saadiq est un digne
hommage aux légendes de la Motown loin des
usurpateurs du type Ben l’Oncle Soul.
Si le reggae des Californiens de Groundation, revitalisé par des accents dub et jazzy, a connu un
succès inattendu, un des meilleurs moments de la
Fiesta 2011 restera le live de Seun Kuti, fils du
regretté fondateur de l’afrobeat, le Nigérian Fela.
C’est d’ailleurs accompagné d’Egypt 80, groupe dans
lequel son paternel a débuté, que Seun a fait la
démonstration de son talent, avec un mimétisme
parfois déroutant. Pour autant, le benjamin des
Kuti affirme sa personnalité et fait davantage figure
de réinventeur d’un style musical que de copie
d’une légende. Quant à l’intrigant Honest Jon’s Chop
Up, il a répondu à toutes les attentes d’un public
sous le charme de ce Big band afro. Pilotée en
toute discrétion par Damon Albarn, la distribution
de cet objet musical non identifié faisait rêver : Tony
Allen (ancien batteur de Fela), Flea (bassiste des
Red Hot Chili Peppers) et une flopée d’artistes
confirmés du continent voisin dont l’excellente
chanteuse Fatoumata Diawara et l’Hypnotic Brass
Ensemble, une fanfare roots.
Venus de l’est, la fanfare Ciocarlia de Roumanie et
Boban I Marko Markovic Orkestar de Serbie ont
rivalisé au cours d’un battle de cuivres euphorisant.
Contrainte de mettre brutalement un terme à sa
carrière pour raisons de santé, la Capverdienne Cesaria Evora a été remplacée au pied levé par le
guitariste flamenco Paco de Lucia. Difficile exercice
que celui de transmettre l’intensité d’une musique
puissante et intime dans l’immensité d’un chapiteau. Malgré une technique à couper le souffle, la
prestation du virtuose a souffert d’un public en
décalage avec l’ambiance d’un tablao andalou. La
faiblesse des musiciens et danseur qui l’entouraient
n’a pas servi l’ancien compagnon de route de Camarón de la Isla. À l’inverse, porte-drapeau d’une
cumbia dynamitée, le Mexicain Celso Piña et son
accordéon ont fait chavirer le Cabaret.
Quand deux icônes du rock français partagent la
même affiche, cela donne une des plus grosses
affluences de la Fiesta. Catherine Ringer et Louis
Bertignac ont bâti leur carrière au sein de formations dont les tubes perdurent -les Rita Mitsouko et
GTP | ROLL STUDIO | FIMÉ
MUSIQUE
51
Carmen plat
Le Festival International de Musique d’Ecran de
Toulon donne au cinéma muet, comme à son origine, un environnement sonore, fait généralement de
musiques inédites d’aujourd’hui. Il a débuté cette
année le 4 nov dans la grande salle du Théâtre Liberté pleine à craquer… Ouverture réjouissante
pour un festival qui, jusqu’alors, se battait pour se
produire dans une salle équipée et à sa mesure ! Sur
l’écran donc, Carmen de Cecil B DeMille (1915), et
à ses pieds l’Orchestre National de Jazz.
D’entrée le choix du film est surprenant : ce Carmen
là n’est pas un chef-d’œuvre, contrairement aux Temps
Modernes ou à la Passion de Jeanne d’Arc ou au film
de Man Ray projetés la semaine suivante. Quant à
la musique originale de l’ONJ, elle est magistralement jouée, et par moments sublime, parfois drôle,
intrigante… mais bavarde aussi, à l’excès, fuyant
ostensiblement le silence. Trop amplifiée d’ailleurs,
assourdissante. Surtout elle manque de cohérence
(chacun des 10 musiciens en a composé 6 minutes
sans projet d’ensemble, ni connaissance de ce que
les autres écrivaient) et de projet : Daniel Yvinec,
directeur artistique de l’ONJ, explique qu’il ne veut
pas illustrer le film. Ce que l’on comprend : la partition d’un film muet n’a pas à suivre forcément le
détail d’un film, ni à l’illustrer de figuralismes. Mais
en restituer l’ambiance, la souligner, la mettre à
distance ironique au moins ? Les passages électro-
Carmen © Hortense Hebrard
niques, qui prennent à contrepied la danse et la
corrida, sont les plus réussis… Si aucun lien
véritable ne s’établit entre l’image et le son,
pourquoi composer de la musique d’écran ?
AGNÈS FRESCHEL
Le corsaire des sens...
Ce sont probablement les sept mers traditionnelles
qui inspirent le contrebassiste Avishai Cohen venu
présenter son nouvel opus Seven Seas. De ses doigts
ou de son archet, il construit la musique comme
Avishai Cohen © Agnès Mellon
une divagation aux lignes mélodiques d’une grande
clarté, ajoute des ruptures rythmiques surprenantes
et part en échappées d’improvisations époustouflantes. Avishai Cohen chante aussi, dans la langue
judéo-espagnole du XVIe siècle. Le jeune batteur
Amir Bresler, doué d’une énergie phénoménale, est
à l’affût des moindres vibrations du trio et calme ou
relance la tension. Quant à Omri Mor, le pianiste,
il fait osciller les couleurs sonores entre Rachmaninov et Bach, pour produire un jazz des plus inspirés.
Un concert incantatoire et mémorable, qui fit passer
le public subjugué par toutes les humeurs marines : mer d’huile, brise, grain ou tempête.
DAN WARZY
Ce concert a eu lieu au GTP
à Aix le 18 octobre
Exploration sensitive
Dominique Bouzon fait partie des musiciennes à la
curiosité développée, surtout quand il s’agit d‘explorer de territoires musicaux loin des sentiers battus.
Son récent projet (CD) Flute Cake a été enregistré
au Point de Bascule, à Marseille. La palette de couleurs sonores qu’elle utilise est des plus originales,
passant, entre autres, par toute la tessiture des flûtes,
de la piccolo à l’octobasse, aujourd’hui jouée par
une demi-poignée de musiciens en Europe. Accompagnée de Nadine Estève aux claviers et autre
électronique, elle nous embarque pour une étrange
immersion sensorielle. Apnée voluptueuse ou adhésion empathique naturelle, on se trouve transporté
comme par surprise dans cette déambulation onirique où l’humour n’est jamais très loin. L’espace
cylindrique du Roll Studio a servi cette intimité
nécessaire avec le public. Une belle surprise !
DAN WARZY
Ce concert a eu lieu le 15 octobre à Marseille
dans le cadre de Jazz sur la Ville
Musique
et chanson
Depuis quelques années les chanteurs occupent les
cases «musique» des scènes nationales ou conventionnées, voire des centres dramatiques. Avec des
récitals, ou des formes de concerts littéraires, qui
relèvent souvent du réseau des industries culturelles. Ce type de culture privée, assujettie par nature
à des objectifs de rentabilité, fait-il dorénavant
partie des missions de service public de nos scènes
subventionnées ? Est-elle conciliable avec l’objectif
de création d’un répertoire d’aujourd’hui, qui était
jusqu’à peu la priorité de la politique culturelle d’État ?
En mettant en avant la diffusion et non plus la
création, et en fixant aux directeurs des objectifs
très exigeants en termes de «remplissage», les tutelles
poussent les scènes pluridisciplinaires à revoir à la
baisse leurs ambitions culturelles, et à choisir ce qui
remplit leurs salles. On en est pour l’heure à des formes
inventives créées pour ces scènes : Arnaud Cathrine
et Julie Rey à la Criée (du 22 au 26 nov), Philippe
Duquesne qui chante Gainsbourg à Nîmes (les 15
et 16 déc, et du 10 au 28 janv à la Criée), Gianmaria Testa qui chante Erri de Luca au Théâtre
Durance (le 23 nov). Autant de propositions plus
qu’intéressantes, sommets artistiques du genre de
la chanson, indéniablement littéraires. Mais musicales ? La création pluridisciplinaire est-elle si peu
exigeante avec nos oreilles ? Pour l’heure des artistes comme Dick Annegarn (à Cavaillon le 2 déc)
ou Thomas Dutronc (Martigues le 13 déc, Toulon
le lendemain) se produisent sur les scènes nationales lors de leurs tournées. Prenons garde à ce que
la logique des tourneurs ne prenne pas le pas sur
le service public de la culture.
AGNÈS FRESCHEL
52
MUSIQUE
AIX
Pasino : Adamo (18/11), La Nuit du Gospel
(6/12), Lynda Lemay (7/12), Serge Lama
(8/12), M. Pokora (15/12)
04 42 59 69 00
www.casinoaix.com
Théâtre et Chansons : Pendant les siestes (19 au 20/11), Praliné Safrané (3/12)
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
Seconde Nature : Modelisme Label Night
(18/11), Festival Gamerz #7 (du 19 au
25/11), Tokimonsta + 9th Cloud & Airsolid (25/11), Levon Vincent + Occult69
(2/12), Goldenberg & Schmuyle (6/12)
04 42 64 61 01
www.secondenature.org
ARLES
Cargo de nuit : Prince Miiaou (26/11),
Nasser + The FK Club (2/12), Fránçois &
The Atlas Moutain (3/12), Oldelaf (10/12)
04 90 49 55 99
www.cargodenuit.com
AUBAGNE
Escale : Gari Greu (19/11), Duval MC +
DJ Kafra (25/11), Dissonant Nation +Apple
Top + The Magnets (2/12)
04 42 18 17 18
www.mjcaubagne.fr
AVIGNON
Les Passagers du Zinc : Emir Kusturica &
The No Smoking Orchestra (18/11), The
Gladiators (21/11), Milow + Martin and
James (24/11), Loudblast + L’Esprit du
Clan (25/11), Apéro concert Madjahpol
(1/12), The Toxic Avenger +Mr Zan
(2/12), Jim Murple Memorial + Ugolin,
Baptistain & Commander sky (9/12), Liz
Cherhal & Papaya Cake (10/12)
04 90 89 30 77
www.passagersduzinc.com
BERRE L’ETANG
Forum de Berre : Ciné musique Choro Musique du Brésil (17/11), Boya Ispaïtché/
Ahmad Compaoré (09/12)
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
BRIANÇON
Théâtre du Briançonnais : Mayra Andrade
(18/11)
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
CAVAILLON
Scène Nationale : Dick Annegarn (6/12)
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE
Akwaba: Nuit Fatale de Juliette Dragon
(19/11), Fanfare Vagabontu + La Kumpania Beats (26/11), Soirée d’ouverture
AU PROGRAMME
des 10 ans d’Akwaba au Pub Z (30/11)
avec les Djettes Cristel Dutorchon et la
Biche, Slam’n’jam spéciale bouche (1/12),
Les Nuits Zébrées de Radio Nova (2/12),
Skip the Use + Phyltre (3/12), Le Balèti
des copains (9/12), Mega boom d’Anniversaire costumée (10/12)
04 90 22 55 54
www.akwaba.coop
DRAGUIGNAN
Théâtres en Dracénie : Yael Naïm (24/11),
Mistico Mediterraneo (26/11)
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
ISTRES
L’Usine : Syd Matters + Narrow Terence
(19/11), Yael Naim + Lise (26/11), Sinsemilia fête ses 20 ans (30/11), Stromae
(2/12), Lofofora + Jack Face (8/12), Moriarty + Lall Arad (9/12), No One is
Innocent (10/12)
04 42 56 02 21
www.scenesetcines.fr
LE THOR
Auditorium de Vaucluse : Julia Migenes
chante Bernstein (26/11), Urs Karpatz
(29/11), Dimanche accordéon (11/12),
Thomas Dutronc (16/12)
04 90 33 97 32
www.auditoriumdevaucluse.com/
MARSEILLE
Cabaret Aléatoire : Andromakers (16/11),
High Damage (18/11), Dub Syndicate +
Jahtari Riddim Force + Tom Fire (24/11),
1995 (26/11), Jay-Jay Johanson (26/11
concert déplacé au Poste à Galène),
Shantel Live (28/11), Arthur H (1/12),
Morbid Angel (2/12), Ahmad Compaoré
& Friends (3/12), Hyphen Hyphen (6/12),
Markovo et Olivier Lubeck (7/12 concert
goûter), Didier Wampas (8/12), Joey
Starr + Guest (9/12), DJ Djel (10/12)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
Cité de la Musique : In Extremis (8/12)
04 91 39 28 60
www.labo-mim.org
Espace Julien : Ahmad Compaore quintet
(17/11), La Fouine (18/11), Kyle Eastwood (20/11), Debout sur le Zinc (23/11),
Nneka (24/11), Bertrand Soulier (25/11),
The Puppini sisters (30/11), Humour et
chansons pour l’enfance (1/12), Femi
Kuti and the positive force (2/12), Game
(5/12), Lisa Ekdahl (6/12)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
La Criée : Il n’y a pas de cœur étanche,
Julie Rey et Arnaud Cathrine/Ninon Brétécher (du 22 au 26/11)
04 91 54 70 54
www.theatre-lacriee.com
La Machine à Coudre : Delacave + Trans
Upper Egypt (23/11), Fights and Fires +
No Opinion (24/11), Rent Boys (25/11),
Bare Wires (30/11)
04 91 55 62 65
www.lamachineacoudre.com
La Meson : Daniel Kahn & Painted Birds
(20/11), Unaesthetic Vertigo (2/12),
Stage de danse flamenco dirigé par Isabel
Pelaez (les 3 et 4/12), Tablao Flamenco
Isabel Pelaze (3/12), Carte blanche Ysae
(les 9 et 10/12)
04 91 50 11 61
www.lameson.com
Le Paradox : Snak the Ripper (22/11),
Big Fish (29/11), Hedena (1/12), Awek
Live blues (2/12), Transubtil (9/12)
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
Le Point de Bascule : La né(bulle)use,
soirée d’ouverture de la Sôzoup avec
Ottilie B, Boukan Bukal, Maartje (17/11)
06 14 31 69 66
www.lepointdebascule.fr
Le Poste à Galène : Meltones (19/11),
Nuit années 90 (19/11), Madina Lake +
My passion + The Happy super fan club
(22/11), The Love me nots + The Mockers
(23/11), Zamballarana (24/11), Ras
Daniel Ray +The Banyans (25/11), 1995
(26/11 concert déplacé au Cabaret Aléatoire), Jay-Jay Johanson (26/11), Nuit
années 80 (26/11), No Use for a name
+Wake the dead (29/11), Cyril Mokaiesh
(2/12), Boulevard des airs (10/12)
04 91 47 57 99
www.leposteagalene.com
L’Embobineuse : Temps des Alternatives
Solidaires (les 19 et 20/11), Cindytalk &
Philippe Petit duo + David Opetit (26/11)
04 91 50 66 09
www.lembobineuse.biz
Le Silo : Il était une fois Joe Dassin
(19/11), Milow (22/11), Merry Christmas
Tour (du 29 au 30/11), Véronique Sanson (1/12), Bernard Lavilliers (8/12),
Isabelle Boulay (11/12), Zucchero (13/12),
Nolwenn Leroy (15/12)
04 91 90 00 00
www.silo-marseille.fr
MARTIGUES
Théâtre des Salins : Incisif #1 avec
Stranded Horse et Piers Faccini (17/11),
Le Bateau de Nino (19/11), Nomad’s land
project (2/12), Thomas Dutronc (13/12)
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
MAUBEC
La Gare : No Mad ? (18/11), Slow Joe and
the ginger accident (20/11), Quelques
morceaux en forme de poire (25/11),
Voyage en Akwaba (3/12), Inga Liljeström (9/12), Mami Chan (14/12)
04 90 76 84 38
www.aveclagare.org
OLLIOULES
Châteauvallon : Kenny Barron (3/12)
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
PORT-DE-BOUC
Le Sémaphore : Du Vent dans les voix
(2/12)
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphoreportdebouc.com
SALON-DE-PROVENCE
Portail Coucou : Sir Samuel (19/11),
Moussu T e lei Jovents (26/11), Awek
(03/12), 4 Guys from the future + Kami
(10/12)
04 90 56 27 99
www.portail-coucou.com
SIX-FOURS
Espace Malraux : Oil Carter + Eon +
Indust. + The Martins (19/11), Milow
(23/11), Yael Naim + Mariama (25/11)
04 94 74 77 79
www.espace-malraux.fr
TOULON
Oméga Live : Smadj + Geoffroy Tamisier
+ Talvin Singh Selin (18/11), Festival Z
avec Hyphen Hyphen (9/12), Badass
Klub (10/12), Danko Jones + Guests
(13/12)
04 98 070 070
www.tandem83.com
Midi Hiver : Hannah et Girls (24/11 au
Crep des Lices), S.C.U.M., Trailer Trash
Tracys et Baxter Dury (25/11 à l’Opéra
de Toulon), Wise Blood, The Stepkids et
Blood Orange (26/11 au Crep des Lices).
04 94 93 03 76 Opéra de Toulon
04 94 24 72 72 Crep des Lices
www.midi-festival.com
Théâtre Liberté : Thomas Dutronc (14/12)
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Tandem : Z², Festival de Zik jeune public
avec Aldebert/le Revest-les-Eaux (26/11),
Weepers Circus/La Crau (29/11), Barcella/La Valette du Var (30/11), Wab/Le
Pradet (3/12), Abel/Le Revest-Les-Eaux
(4/12), Mr Lune/La Garde (6/12), Robinson/Six-Fours-les-Plages (7/12), Hyphen
Hyphen/Toulon (9/12), La Boum du
Z²/Le Revest-les-Eaux (10/12)
04 94 98 12 10
www.tandem83.com
AGEND’JAZZ
AIX-EN-PROVENCE
Cité du Livre
Omax at Lomax, cie Nine Spirit (16/11)
04 42 919 888 www.citedulivre-aix.com
Grand Théâtre de Provence
25 ans du TELETHON avec Massilia Orchestra (2/12)
04 42 916 969 www.grandtheatre.fr
AUBAGNE
Château des Creyssauds
Pas Dam’s 5tet (12/11)
04 91 248 445 www.creissauds.com
AVIGNON
AJMI
MeTal O PHoNe (18/11) Ingrid Laubrock trio &Aka Moon
(26/11) Jazz Story #2 Booker Little (1/12) Jazz en Scènes
- Louis Sclavis Atlas trio & Vincent Mondy 4tet (9/12)
Jam Session (15/12)
04 90 860 861 www.jazzalajmi.com
BRIANÇON
Théâtre du briançonnais
Mayra Andrade (18/11) Kaar Kaas Sonn (16/12)
04 92 255 242 www.theatre-du-brianconnais.eu
LAMBESC
ND de l’Assomption
T3G Gospel (10/12)
04 42 170 062
LA SEYNE
Fort Napoléon
Enzo Carniel 4tet (18/11)
04 94 094 718
LUBERON
Festival Jazz en Luberon / 10e édition de Rural Détour /
Concert itinérant Trio Grande (du 18 au 26/11)
St Saturnin les Apt/ Roussillon/Murs/St Martin de
Castillon/Cavaillon/Cereste/Lacoste/Goult
0490 745 598 www.luberonjazz.net
MARSEILLE
Auditorium du Parc Chanot
Soirée de clôture des 18e Rencontres d’Averroès avec Titi
Robin Les Rives (19/11)
04 96 110 461 www.espaceculture.net
Atelier des Arts
Gilad Hekselman trio (16/11)
04 91 145 350
La Caravelle
Nafas (25/11)
04 91 903 664
Cité de la Musique - Auditorium
Festival Argentine Tambor y Canto -Ishkaynin (17/11)Proyecto San Luca (18/11) Djazz Oratorio (5/12) In
Extremis (08/12) Sirventès-Manu Théron (9/12)
Cité de la Musique - La Cave
Jazz en Scène (21/11) Nougarotrement Trio Jazz
(28/11) Jazz en Scène (12/12)
04 91 392 828 www.citemusique-marseille.com
Inga des Riaux
Syl 4tet (18/11) Arobaze (24/11) Peggy Quetglass trio
(25/11) César Swing trio (2/12) Audrey Fougeret 4tet
(9/12) Juste un Swing (16/12)
06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr/music.html
Le Paradox
Messengers et Bongoaî (18/11) Snak the Ripper (22/11)
Big Fish (29/11) Hedena (1/12) Awek Live Blues (2/12)
Transubtil Session Markayn&Ayaska (9/12) Les Mardis
Jazz Avec ou Sans Jazz(13/12) Djanamango (16/12)
04 91 631 465 www.leparadox.fr
Planet Mundo K’fé
Philippe Renaud 4tet (24/11)
04 91 92 45 72
Roll’ Studio
Sonny Clark Project (19/11) Monique Zuppardi (26/11) Yves Laplane trio (3/12) Hip Jazz trio (10/12) Swinging Papy’s (17/11)
04 91 644 315 www.rollstudio.fr
Maison de la Région
5e Festival R.I.S.C Ciné-concert Imbert-Fenichel (27/11)
0491 914 549 www.pollymaggoo.org
Station Alexandre
Elisabeth Kontomanou (25/11)
04 91 009 004 www.station-alexandre.org
VENELLES
Tigran Hamasyan (20/11)
04 42 549 310 www.venelles.fr
Salle des fêtes
Imperial Tiger Orchestra (19/11), Blitz the Ambassador (30/11)
04 42 54 71 70
VITROLLES
Moulin à Jazz
Jacques Vidal 5tet (26/11) Nuit des Scènes Jazz - Farm
Job / Duo Léogé-Padovani (10/12)
04 42 796 360 www.charliefree.com
Musique innovante
4e édition du festival Les Inovendables du Leda Atomica
Musique, dédié aux musiques improvisées, au détournement d’instruments et à la lutherie expérimentale. Pendant
3 week-end (vendredi et samedi à 20h30 et dimanche à
17h), le rendez-vous des musiciens d’horizons divers, musique classique, ancienne, traditionnelle, contemporaine,
jazz, rock. Parmi les artistes, Jean-Louis Ruf-Costanzo
et son mandoloncelle (le 18 nov à 20h30), le duo flûte
traversière et accordéon chromatique Malena, (le 19 nov
à 20h30) suivi à 22h par Woambat avec Samuel de Agostini, batteur du Leda Atomica et Dupain, groupe phare de
la scène marseillaise. Musique improvisée pour films peints
avec Libertalia (le 25 nov à 22h). Dans la droite ligne de
la culture expérimentale du Leda Atomica, retrouvez les
Imposteurs (le 27 nov à 17h) entre musique et théâtre
d’impro. Pour le dernier week-end, carte blanche à Philippe
Petit (le 2 déc à 20h30) et Patrick Portella, compositeur
au GMEM (le 3 déc à 22h). Le créateur du Leda Atomica,
Phil Spectrum, clôturera le festival (le 4 déc à 17h).
DE.M.
Les Inovendables
Du 18 nov au 4 déc
Leda Atomica Musique
Marseille 5e
04 96 12 09 80
http://ledatomica.mus.free.fr
54
CINÉMA
RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Le 10e festival Portraits de femmes se poursuit
jusqu’au 11 déc, autour du thème De l’une à l’autre,
à Châteauvallon, Toulon, Six-Fours et La Seyne :
en tout 24 longs métrages représentant 14 pays et 12
courts.
Les Chantiers du Cinéma
04 94 09 05 31
www.festivalportraitsdefemmes.fr
Les projections Sous le signe d’Averroès continuent
jusqu’au 24 nov : le 16 à 21h au cinéma Le Méliès à
Port-de-Bouc Le Collier perdu de la colombe de
Nacer Khémir, suivi d’un concert ; le 17 à 20h au
cinéma Variétés à Marseille, Tahrir, place de la
libération de Stefano Savona, suivi d’un débat avec
Pénélope Bertoluzzi, productrice du film, et Thierry
Fabre.
Rencontres d’Averroès
04 96 11 04 76
www.rencontresaverroes.net
Tahrir, place de la liberation de Stefano Savona
Au Château de la Buzine, à Marseille, dans le cadre
du cycle De l’écrit à l’écran, le 18 nov à 18h, un documentaire de Danielle Jaeggi, Jean-Claude Carrière
l’enchanteur, et à 20h Cet obscur objet du désir de Luis
Buñuel, dont Carrière a co-écrit le scénario, d’après
le roman de Pierre Louÿs, La Femme et le Pantin.
Le 22 nov à 20h, en partenariat avec Les Variétés,
Jour2Fête et Judaïciné, Le livre de la grammaire intérieure de Nir Bergman d’après Intimate grammar de
David Grossman.
Le 25 nov à 18h, Nous, princesses de Clèves en présence du réalisateur Régis Sauder, et à 21h La belle
personne de Christophe Honoré.
Le 29 nov à 19h, en partenariat avec 13 Production, en
avant-première, Le voile brûlé en présence de Viviane
Candas, réalisatrice et auteur du roman éponyme.
Enfin une carte blanche à AFLAM, le 10 déc : à 16h
Les Révoltés de Tawfik Salah et à 21h La Sangsue
de Salah Abou Seif.
La Buzine
04 91 45 27 60
www.chateaudelabuzine.com
Les Mardis de la Cinémathèque proposent à 19h, à
l’Espace Cézanne du CRDP, Marseille, le 22 nov, le
dernier film hollywoodien de Max Ophüls avant son
retour en Europe, Les désemparés ; le 29, en hommage
à Franck Fernandel, Cherchez l’idole de Michel Boisrond, et le 6 déc, L’assassin a peur de la nuit de Jean
Delannoy.
Le 4 déc à 18h30, Art et Essai Lumière programme
au cinéma Lumière à La Ciotat Attenberg d’Athina Rachel Tsangari en présence de l’actrice Ariane Labed :
Marina, 23 ans, vit avec son père dans une ville industrielle de la côte, tenant à distance des êtres humains
qu’elle juge étranges. Un inconnu arrive en ville et la
défie au babyfoot…
www.artetessailumiere.fr
Le 9 déc à 20h à l’Alhambra Cinémarseille, Looking
for eco, un hommage à Frank Zappa : un concert de
Télémaque (voir p 13) suivi de la projection de 200
Motels de Zappa et Tony Palmer.
Le 12 déc, dans le cadre de la rétrospective Une histoire
de cinéma, à l’Alhambra Cinémarseille, à 19h, projection de Alain Cavalier, 7 chapitres, 5 jours, 2 pièces
cuisine de Jean-Pierre Limosin, d’une rencontre avec
Labarthe et Limosin ; à 21h, Pater avec Vincent Lindon et Alain Cavalier.
Le 11 déc à partir de 10h, dans le cadre de Laterna
Magica (voir p10), La fabuleuse fabrique de
l’image, projection de Le lion à la patte blanche
d’Andreï Khrjanovsky, suivie de 3 courts
métrages accompagnés par le Slapstick duo,
Philippe Boyer et Alexandre Barette ; à 17h30,
Le Tableau de Jean-François Laguionie.
Alhambra Cinémarseille
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
Pater de Alain Cavalier
La Cinémathèque de Marseille
04 91 50 64 48
http://cinememoire.net
Du 21 au 24 nov, l’Institut culturel italien de Marseille
propose un panorama de la récente production cinématographique italienne avec un hommage particulier
à Stefania Sandrelli, actrice et réalisatrice : entre
autres films, Una sconfinata giovinezza de Pupi Avati,
La prima cosa bella de Paolo Virzì, La nostra vita de
Daniele Luchetti, Fughe e approdi de Giovanna Taviani, Christine Cristina de Stefania Sandrelli…
Du 17 au 26 nov au Polygone étoilé à Marseille se
tiendra la nouvelle Semaine Asymétrique, un
moment où les cinéastes montrent leurs films et
échangent avec le public. Sont attendus de très
nombreux réalisateurs et deux cartes blanches sont
données au cinéaste belge Boris Lehman et à
l’Égyptien Ahmed Nabil invité par Les Bancs publics
dans le cadre des Rencontres à l’Echelle (voir p11).
Association Film Flamme
04 91 91 58 23
www.polygone-etoile.com
Institut Culturel Italien
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
Le 27 nov à 18h30, dans le cadre du mois du documentaire, Art et Essai Lumière propose au cinéma
Lumière à La Ciotat D’une seule voix de Xavier de
Lauzanne, un documentaire sur Jean-Yves Labat de
Rossi, un musicien qui réunit Israéliens et Palestiniens,
juifs, chrétiens et musulmans pour une tournée en
France pendant trois semaines…
www.moisdudoc.com
www.artetessailumiere.fr
Dans le cadre du mois du documentaire à l’Alcazar,
Marseille le 17 nov à 18h, Green card sous les Tropiques d’Andréa Haug en sa présence ; le 18 à 14h
L’enfant aveugle de Johann Van Der Keuken ; le 25
à 18h, La République Marseille de Denis Gheerbrant ;
le 26 à 18h, Faces de Maximin Gérard en sa présence.
04 91 55 36 95
www.moisdudoc.com
www.bmvr.marseille.fr
Le 1er déc à 18h30, au cinéma Actes Sud à Arles, en
partenariat avec l’Université Citoyenne et Populaire
du Pays d’Arles, Le Complexe du Santon de Christian Philibert, réalisateur des 4 saisons d’Espigoule,
suivi d’un échange avec les écrivains Roland Pécout
et Philippe Gardy.
04 90 49 09 12
www.actes-sud.fr/cinemas-actes-sud
Le 18 nov à 20h30, au cinéma Les Variétés,
Marseille, en partenariat avec la Région PACA,
L’art d’aimer en présence d’Emmanuel Mouret.
Le 28 nov à 20h, Donoma de Djinn Carrenard en
présence de l’équipe du film : des histoires
croisées trouvant une symbolique dans le lever de
soleil qui donne son nom au film Donoma (Le jour
est là).
Le 6 déc à 19h, en partenariat avec la Ligue des
droits de l’homme, projection du documentaire
d’Inès Compan, À ciel ouvert, en sa présence :
deux histoires parallèles qui nous emmènent sur
les hauts plateaux du Nord-Ouest argentin.
Cinéma Les Variétés
09 75 83 53 19
Le 25 nov à 20h30, au cinéma Renoir à Martigues,
en partenariat avec Ensemble Citoyens, le GNCR
et l’ACID, projection de Noces Ephémères en
présence du réalisateur Reza Serkanian : dans
une ville iranienne se pratique une coutume
étrange, le mariage à durée déterminée…
Le 13 déc à 20h30, La Grotte des rêves perdus de
Werner Herzog en présence de Jean
Chausserie-Laprée, archéologue, et Jean
Courtin, préhistorien, en partenariat avec la
librairie l’Alinéa.
http://cinemajeanrenoir.blogspot.com
CINAMBULE | DIGNE | AIX
CINÉMA 55
Des p’tits courts, encore des p’tits courts !
Du 17 au 20 nov à Cabrières d’Avignon se tiendra
la 18e édition des Rencontres Court c’est Court !
organisées par Cinambule : 10 programmes, 22
séances, 73 films venus de France et d’ailleurs.
Courts animés, courts en Méditerranée, documentaires, expérimentaux, courts étranges, premiers
films, ciné mômes, il y en a pour tous les goûts et
tous les âges ! Ne ratez surtout pas Garagouz
d’Abdenour Zahzah, Anne et les tremblements de
Solveig Anspach, Casus Belli de Georgios Zois,
J’aurais pu être une pute de Baya Kasmi ou
Tasnim d’Elite Zexer. Bien sûr, il y aura aussi des
rencontres, des invités, des ateliers et l’exposition
Dans le cinéma, l’enfant-spectateur de JeanClaude Meyer (voir Zib’43).
Cinambule
04 90 74 08 84
http://cinambule.org
J'aurais pu etre une pute de Baya Kasmi
La grande Cour du court
interactive réalisée par Emmanuel
Mâa Berriet. Un atelier public permettra de découvrir les secrets du
bruitage et un autre, destiné aux jeunes
auteurs, ceux du scénario. Et pendant toute la durée du festival, des
rencontres avec les réalisateurs et
professionnels du cinéma présents…
L’ouverture aura lieu le 5 déc à 20h
au Centre des Congrès : projection
de Court par Excellence, six films
dont les excellents On ne mourra
pas d’Amal Kateb ou Casus Belli de
Yorgos Zois.
Du 5 au 10 déc à Aix se tiendra le 29e
Festival Tous Courts, un des rendezvous incontournables des amateurs
de courts métrages dans la région.
La compétition internationale propose 12 programmes, soit 62 films
parmi les 1774 issus de 85 pays !
En dehors de la compétition, il y a
aussi Courts en liberté... Animation(s), des Carnets de voyage au
Portugal, en Suède et Crossing Borders 2 proposé par L’Agence du Court
Métrage ; Du Court au Long, deux
films du réalisateur syrien Meyar Al
Roumi, une carte blanche à l’Association des Auteurs Réalisateurs du
Sud-Est et La Nuit Du Court, qui
cette année sera une Nuit sans
faim, sur le thème de la nourriture,
le 9 déc de 23h jusqu’à l’aube, complétée par La Grande Bouffe de
Marco Ferreri, film du patrimoine
proposé par l’Institut de l’Image.
29 Images Seconde propose Le
Floating Point, une œuvre numérique
A.G.
On ne mourra pas d'Amal Kateb
Festival Tous Courts
Rencontres Cinématographiques
d’Aix-en-Provence
04 42 27 08 64
www.festivaltouscourts.com
La terre de la folie de Luc Moullet
Hier est aujourd’hui
Du 21 au 24 nov, Les Rencontres Cinématographiques de Digne consacrent Histoire(s) du
Cinéma à Luc Moullet dont on verra les courts
métrages ainsi que Les Sièges de l’Alcazar et La
Terre de la Folie. Le cinéaste portera un «regard
d’aujourd’hui» sur le cinéma d’hier : l’occasion de
revoir Le Rebelle de King Vidor, Shock corridor
de Samuel Fuller, La Chatte des montagnes d’Ernst
Lubitsch, Contes de la lune vague après la pluie
de Mizoguchi, Klimt de Raoul Ruiz…
Luc Moullet invite également de jeunes cinéastes
à dialoguer autour de leurs œuvres avec le public :
Isabelle Prim pour Mademoiselle Else, d’après le
roman d’Arthur Schnitzler et Mickael Herz pour
Primrose Hill.
Rencontres cinématographiques de Digne
04 92 32 29 33
www.unautrecinema.com
56
CINÉMA
ENTRETIEN AVEC MOHAMED DIAB | AFLAM | RÉGION
Bus à risques
Mohamed Diab © A.G.
Faiza, Nelly et Seba, issues de milieux différents,
subissent comme bon nombre de femmes en
Égypte le harcèlement sexuel, en particulier dans
les transports en commun. Faiza, jeune femme
pauvre et voilée, s’y heurte quotidiennement durant
son trajet dans le bus 678. Nelly, poursuit son
agresseur et veut porter plainte, ce qui n’est pas
du goût de sa future belle famille ! Quant à Saba,
qui donne des cours d’auto-défense et conseille
aux femmes de piquer leurs agresseurs avec une
épingle, elle est «attaquée» sur un stade de foot,
après une victoire de l’équipe nationale… Avec Les
Femmes du bus 678 Mohamed Diab signe là un
premier film-constat, engagé, ovationné lors de la
projection au CINEMED où il a obtenu les Prix du
Public et Jeune Public.
Zibeline : Comment en êtes-vous venu à vous
emparer de ce sujet ?
Mohamed Diab : Il n’y avait pas eu en Égypte de
film sur ce problème, pourtant très grave. Le
harcèlement des femmes était tabou. Nous
entendions parler du problème, mais nous
n’avions pas connaissance de l’ampleur du
phénomène, entouré de silence : dans les bus, en
pleine rue, au travail, dans les stades, les
Égyptiennes subissent attouchements et
harcèlements. Les histoires que je mets en scène
sont inspirées de faits réels. La plupart du temps,
les policiers conseillent de ne pas porter plainte.
L’une des protagonistes, Nelly, incarne un
personnage véridique qui vient de gagner le
premier procès en Égypte pour harcèlement.
Comment expliquez-vous cette situation ?
La moyenne d’âge pour se marier c’est 35 ans, vu
le contexte économique. Donc entre la puberté et
35 ans, les relations étant interdites hors mariage
la frustration est terrible. Si un homme harcèle une
femme, c’est elle la coupable, elle l’a provoqué ! Ce
point de vue est profondément ancré dans la
mentalité collective. D’où le silence. Je suis fier
d’avoir réalisé ce film : si une femme l’avait fait,
cela aurait eu moins de force ; on l’aurait accusée
de modifier la réalité. Je voulais que les hommes
comprennent qu’ils ont un rôle à jouer pour que ce
phénomène de société cesse.
Quel a été l’accueil du film en Egypte ?
Il a suscité beaucoup de réactions : lorsque l’on
brise un tabou, c’est normal ! Certains hommes
sont dans le déni total, ils se sentent insultés. Mais
le silence est brisé, une loi a été promulguée en
Égypte contre le harcèlement sexuel. Même s’il y a
toujours un décalage entre la loi et les mentalités :
les femmes aussi doivent changer et arrêter de
participer à ce silence. Les hommes peuvent les y
aider !
PROPOS RECUEILLIS À CINEMED PAR ANNIE GAVA
Les Femmes du bus 678 a été présenté en avantpremière à Marseille, le 8 nov au cinéma Variétes
dans le cadre de Cinéma(s) d’Egypte par AFLAM.
Il sera aussi projeté le 16 nov à 18h
au cinéma Actes Sud à Arles
et le 17 nov à 20h30 à l’Institut de l’image à Aix.
Voyage en Egypte
AFLAM nous invite à poursuivre le voyage au cœur
du cinéma égyptien, de 1953 à 2011, un cinéma de
première importance puisque plus de 4000 films
ont été tournés depuis les débuts du 7e Art. AFLAM
en a sélectionné une soixantaine qui sont projetés
dans toute la région. Une programmation riche et
variée permettant de montrer des films représentatifs des différents genres, mélodrames, adaptations
littéraires, comédies musicales, films sociaux, sans
oublier documentaires et courts métrages.
À noter en particulier une semaine au cinéma
Actes Sud à Arles, du 16 au 22 nov, avec une table
ronde sur l’adaptation dans le cinéma égyptien le
17 à 18h ; 28 séances à L’Institut de l’Image à Aix,
du 17 au 29, dont une table ronde sur «Le ciné
égyptien, art du mélange des genres» le 18 à 18h ;
sans oublier le Méliès à Port-de-Bouc avec notamment Les eaux noires, un film rare de Youssef Chahine,
le récit d’une grève tourné à Alexandrie en 1956.
Les séances continuent aux Variétés à Marseille
où Mohamed Khan sera présent le 20 nov à 20h
pour présenter L’Epouse d’un homme important.
Une programmation riche et variée permettant de
montrer des films représentatifs des différents
genres, mélodrames, adaptations littéraires,
comédies musicales, films sociaux, sans oublier
documentaires et courts métrages. A.G.
AFLAM
04 91 47 73 94
www.aflam.fr
Sous
le signe
de l’eau
Une ile de Anne Alix
Le 2 nov, «La Région suit son court» et a projetté
trois courts métrages, sous le signe de l’eau,
qu’elle a aidés. Dans Étreinte, Sébastien Jaudeau
met en scène Rachida Brakni, enceinte de sept
mois, et Eric Cantona dans des paysages du Cap
Corse. Après avoir contemplé le ventre de la femme, l’homme prend son fusil et part : images
d’eau, d’algues, de corps, images oniriques, un
peu gratuites parfois ; un film sans dialogues dont
l’intérêt réside surtout dans la musique.
Dans Blue Line -qui représente la frontière israélo
libanaise, gardée à la fois par l’ONU et les Casques Bleus indiens-, Alain Sauma raconte l’histoire
d’une vache gardée par un jeune berger, venue se
désaltérer, qui s’aventure du côté israélien sous
les jumelles et les armes, et provoque affolement
des deux côtés… Un court métrage sympathique.
Mais le plus intéressant est sans conteste Une île !
Anne Alix a su y créer un vrai univers de cinéma et
des personnages forts. Lui (Thierry Levaret, excellent !), gueule du «mec» qui a traversé pas mal
d’épreuves, arrive à Oléron et, sur recommandation, se fait embaucher dans une exploitation
ostréicole. «Je sors de prison», confie-t-il lors d’un
jeu de langage à la femme qu’il a rencontrée
(Caroline Ducey). Pourquoi ? Il n’en dira pas plus
et le spectateur n’en saura rien. Il est en pleine
rédemption. Les paysages sont superbes ainsi
que toutes les scènes d’ostréiculture. Seul bémol :
la voix off qui lit des passages de la genèse à
intervalles réguliers n’apporte pas grand-chose
au film. Tourné avec une majorité d’acteurs non
professionnels, le dernier film d’Anne Alix, presque un long métrage, nous entraîne poétiquement
sur l’île. Une promenade qui laisse des traces
dans la mémoire.
ANNIE GAVA
CINÉMED | GARDANNE
CINÉMA
57
La Méditerranée du cinéma…
à Montpellier
Du 21 au 29 oct s’est tenue la 33e
édition du CINEMED, une programmation riche et variée, marrainée par
Carmen Saura, avec en compétition
12 longs métrages de fiction, 10
documentaires et 23 courts de 22
pays de la Méditerranée ! Mais aussi
des tables rondes, des débats avec
les réalisateurs, des rétrospectives,
des hommages, des cartes blanches,
des leçons de cinéma, dont celle
donnée par Emmanuel Mouret et
son équipe à plus d’une centaine de
spectateurs, très jeunes pour la
plupart. C’est en effet le dernier film
de ce cinéaste, né à Marseille, L’Art
d’aimer, qui faisait l’ouverture.
L’Art d’aimer ? Normal ! commente
Mouret : Ovide a écrit le 1er best seller
de la littérature ! Mouret aime filmer
l’amour : dans ce film choral au
casting de choc, chacun des 12 personnages vit une histoire d’amour, de
désir, séparée par un intertitre : le
1er est emprunté à Ovide, et la voix off
de Philippe Torreton installe dans
chacune distance et humour. Le
spectateur est entraîné avec plaisir
dans une ronde alerte ; on pense à
Lubitsch, Rohmer ou Woody Allen, on
rit et on se pose des questions sur le
«moment où l’on devient amoureux,
à cet instant précis, où il se produit
en nous une musique particulière.»
Une toute autre atmosphère règne
dans le dernier film de Philippe Faucon, La Désintégration. Ali, Nasser et
Nicolas qui se fait appeler Hamza,
des jeunes de la banlieue lilloise
déçus socialement, se font entraîner
par Djamel, leur aîné, dans une dérive islamiste. Un engrenage infernal
que filme magistralement Faucon,
dans un film âpre, intense. Peu à peu
le cadre se resserre, enfermant les
personnages (excellent Rashid Debbouze) dans une mécanique qui va
les désintégrer dans tous les sens du
terme. On n’en sort pas indemne !
Troisième film tourné dans la région :
Beau rivage de Julien Donada met
en scène un commandant de police
Man without a cell phone de Sameh Zoabi
âgé d’une cinquantaine d’années
(joué superbement par Daniel Duval)
dont la vie va changer quand il découvre le suicide d’une jeune femme.
Le spectateur est embarqué dans
une histoire fantastique, se demandant sans cesse si les belles scènes
d’amour sont les fantasmes obsessionnels de Michel ou des flashbacks.
On pense à Laura de Preminger et
même si Chiara Caselli n’est pas
Gene Tierney, Beau rivage vaut le
détour !
Le Jury de CINEMED a attribué
l’Antigone d’or à Man Without a Cell
Phone de Sameh Zoabi. Nous y
reviendrons.
ANNIE GAVA
www.cinemed.tm.fr
Marée humaine
Plus de 8000 spectateurs, «une vraie marée
humaine» se réjouit Régine Juin, directrice du
cinéma, certaines projections refusent même du
monde ! La qualité du Festival d’automne de Gardanne, hymne d’amour au cinéma, n’est plus à
prouver, avec ses coups de cœur, ses rencontres,
son caractère éclectique, de la soirée Bollywood à
l’hommage au cinéma iranien, de
The Artist de Michel Hazanivicius
qui joue sur l’histoire et les mises en
abîme du cinéma, à l’étrange Ceci
n’est pas un film de Jafar Panahi,
où le cinéaste interdit de création de
même que d’exil transforme le rien
qui lui reste en objet filmique, cette
obscure matière qui se transmute
en œuvre d’art.
On retiendra de superbes avantpremières, comme La source des
femmes de Radu Mihaileanu (d’une
intense poésie et en même temps
engagé et féministe, avec ses Lysistrata modernes) presque ex aequo
avec Tous au Larzac de Christian
Rouaud qui remporte le prix du
public : un documentaire remarquablement scénarisé, qui mêle témoignages et
documents d’époque, des années 70 à 81. À la
beauté de la photographie, des effets de brume
sur un paysage sublime, se joint le propos fort de
la construction d’une pensée politique : le refus
s’organise, se réfléchit, avec les apports des
diverses tendances, de Lanza del Vasto et des non
violents aux Maos, désireux d’une résistance
«musclée». Occupation des lieux, manifestation
avec des tracteurs, des troupeaux, grande marche silencieuse… la force de ce combat trouve de
nouvelles formes aujourd’hui, dans la lutte contre
les OGM ou la mondialisation : ce documentaire
aux allures de témoignage interroge l’actualité, et
prend une valeur exemplaire.
débat sur le film de Rouaud, la discussion laisse
percevoir les difficultés d’entente : la cinéaste est
clairement menacée de mort, et censurée par le
nouveau pouvoir…
Emmanuelle Millet dans La brindille traite du
délicat problème de l’accouchement sous x : un
film lumineux porté par la jeune Christa Théret,
qui sait évoquer sans juger, avec
humanité. Marseille, lieu de l’action,
qui est filmée avec une rare justesse, un cadrage de photographe
échappant à tous les clichés.
Prix du jeune public le très bel Art
d’Aimer d’Emmanuel Mouret (voir
ci-contre). Film de bonheur enfin
que celui de Roland Cottet, De
Erevan à l’Estaque, avec la cantatrice Gayane Hovhannisyan qui,
contrainte de quitter Erevan se
retrouve à Marseille et développe la
chorale des enfants de l’Estaque,
d’une qualité vocale qui laisse
pantois, avec des jeunes gens qui
percent, comme la délicate soprane
Armelle Khourdoian ou Sylvain
La Source des femmes de Radu Mihaileanu
Pauchard. Une leçon d’humanité et
D’autres évoquent une réalité plus récente encode musique réjouissante !
re, comme Laïcité inch’Allah de Nadia El Fani qui MARYVONNE COLOMBANI
s’attache au mouvement des «dé-jeûneurs», à la
lutte pour le droit des femmes et celui essentiel
Le 23e Festival d’automne a eu lieu à Gardanne du
de la laïcité sur fond de printemps arabe, espoirs
21 octobre au 1er novembre
et désillusions, ou démonstration de l’impossibilité de démocratie sans liberté individuelle
consentie par la constitution. Contrairement au
58
CINÉMA
ROBERT GUÉDIGUIAN | ALHAMBRA
Guédiguian, le retour
Quand Robert Guédiguian revient à
l’Estaque, il mobilise les foules marseillaises ! Plus de 900 personnes à
Marseille aux avant-premières le 9
novembre. Pendant que sa tribu présentait Les Neiges du Kilimandjaro
dans les salles des Variétés, Prado
et Pathé-Madeleine, c’est à l’Alhambra Cinémarseille, qui rouvrait ses
portes après quatre mois de travaux,
que le cinéaste a présenté la première projection numérique. Les
heureux spectateurs qui ont pu
entrer -plus d’une centaine sont
repartis déçus- ont ainsi testé les
fauteuils tout neufs de ce cinéma,
«lumière dans un quartier» que
Robert fréquentait ado. Résonnance
entre le film et l’Alhambra qui «labourent le même territoire», a précisé
William Benedetto, le directeur.
«Ici, je me sens chez moi. Les Neiges,
comme les deux autres films qui se
déroulent à l’Estaque, est une chronique du monde ouvrier, comme un
feuilleton ; la jeune Josiane du Dernier été aurait trente ans de plus. On
pourrait parler de Contes de l’Estaque… L’Estaque comme le Monde.
Si vous voulez parler du monde entier, parlez de votre village !»
Plus tard, c’est au Prado, dans une
salle toute refaite, que l’équipe, très
complice, s’est retrouvée pour parler avec le public de tout ce qui leur
tient à cœur.
La parole à la tribu !
Robert Guédigian : La solidarité fait
partie des valeurs qu’il faut remettre
au goût du jour. À travers les différents
personnages, j’ai voulu représenter
les diverses positions de la classe
ouvrière au sens large du terme. «Le
drame dans ce monde, c’est que
chacun a ses raisons» disait Renoir.
Les pauvres gens sont divisés, et
celui qui en tire profit est le patron…
À Cannes, j’ai dit qu’il fallait réévaluer la conscience de classe dans
les deux sens du terme : évaluer à nouveau et gonfler artificiellement. Il
faut réévaluer le monde de Jaurès,
réenchanter le monde avec le cinéma.
Gérard Meylan : Revenir à l’Estaque,
c’est revenir sur les lieux du crime :
revoir dans quel état est le monde
ouvrier ; c’est aussi voir l’état du cinéma, faire le point sur la société. Des
Raoul, j’en connais et je joue ce personnage avec ce que je suis. Ce
cinéma vrai m’émeut.
Jean-Pierre Darroussin : En tant
qu’acteur, on incarne des gens qu’on
connaît. On tourne ensemble depuis
longtemps (depuis 1985 ndrl), on
travaille dans la confiance et chaque
film est comme une reprise du travail
antérieur. Ce film d’amour, d’amitié,
de camaraderie, pose des questions
essentielles : que vont devenir les
gosses ? Nos gosses sont confrontés
à des situations que nous n’avons
pas connues. Il faut arrêter de les
angoisser. Il faut qu’ils inventent leur
propre vie. Ariane Ascaride : Nous n’avons pas
su donner à nos enfants la possibilité de prendre en main leur vie. On
a essayé d’anticiper les choses pour
eux, parce qu’on a eu peur pour eux
et on leur a transmis la peur. Les
enfants de Michel et Marie-Claire
sont ainsi repliés sur leur propre vie
et ne voient pas le monde ; quand
Marie-Claire va au café toute seule,
elle commence à regarder le monde
et elle veut comprendre. MarieClaire, je l’incarne avec mon corps,
ma voix mais ce n’est pas moi. Je
passe ma vie à regarder les gens, à
leur «voler» des gestes, j’engrange
des comportements et je compose
ainsi mon personnage. Ma façon de
Robert Guediguian © A.G.
travailler avec Robert est de faire
comme un déménagement dans
ma tête : chaque personnage m’y
laisse un meuble et cela peut avoir
un retentissement sur ce que je
suis. Je ne joue pas n’importe quoi
et j’essaye de rester en harmonie
avec ce que j’étais à vingt ans.
Tout un programme !
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA ET ÉLISE
PADOVANI
Neiges sur l’Estaque
Trente ans après Dernier été, quinze ans après Marius
et Jeannette, «la bande à Robert» revient à l’Estaque
avec Les Neiges du Kilimandjaro sur fond de crise
économique, sociale et morale pour s’interroger sur la
classe ouvrière. Plus vieux, nantis de petites maisons
avec terrasses, barbecue et vue imprenable sur la rade,
les «pauvres gens» gardent les mêmes convictions
politiques, la même sincérité face à leurs choix. Des
choix pourtant bousculés par la réalité. Faut-il accepter
les compromis de dupe du patronat ? Que penser de
celui qu’on a considéré comme un camarade et qui vole
sans scrupules un vieux syndicaliste qu’il voit comme un
bourgeois ? Comment comprendre
la relative
Les Neiges du Kilimandjaro © Pierre Milon
soumission des jeunes générations à l’horreur
économique qu’elles subissent ? Comment rendre le
monde plus juste quand les combats collectifs
s’essoufflent et se diluent ? Michel et Florence,
remarquablement incarnés par Jean-Pierre Darroussin
et Ariane Ascaride, trouvent tout naturellement la voie
d’un courage défini par Jaurès, une voie individuelle à
laquelle se rallieront peut-être les autres par la force de
l’exemple. La main qu’on tend aux petits frères de
l’agresseur de Michel livrés à eux-mêmes après
l’incarcération de leur grand frère, repassant leur linge,
préparant leur repas, regardant avec eux Les Triplettes
de Belleville au son du Kyrie Eleison de Mozart : la bonté
comme vertu cardinale. Il y a de la fable dans ce film à la
fois réaliste et stylisé où les méchants n’ont pas leur
place, de la rengaine populaire, des moments d’émotion
à la Pagnol, des scènes quotidiennes délicieuses
comme les enfants qui apprennent à manger des
sardines, une histoire d’amour qui se nourrit de
générosité et de partage dans la lumière du Sud. Il y a les
pauvres gens d’Hugo qui accueillent dans leur logis les
voisins orphelins, un Jean Valjean voleur par nécessité,
un ange servant dans un bistrot des remontants
consolateurs… du Metaxa pour les chagrins de la vie, en
pleine crise grecque, ça fait du bien ! Il y a surtout l’espoir
ténu mais têtu que les lendemains puissent encore
chanter.
E.P. ET A.G.
CINEHORIZONTES | APT
CINÉMA
59
Salle comble aux Variétés ce 14 oct pour l’ouverture de la 10e édition de Cinehorizontes : Carlos
Saura y présentait son Flamenco Flamenco, succession de spectacles saisis dans un espace
unique où des ciels peints figurent progressivement le passage du temps. Loin des espagnolades,
le réalisateur réaffirme sa fascination pour la
complexité d’un art vivant, intergénérationnel,
ouvert aux musiques et chorégraphies contemporaines. De musique il fut beaucoup question dans
cette fête du cinéma espagnol : jazz latino du nostalgique Chico y Rita de Trueba et Mariscal, tango
argentin prolongeant le voyage des héros de
Giorgelli dans Las Acacias, chant profond d’Enrique Morente dans le documentaire musical de
Barracchino projeté en clôture.
Sourire aux lèvres et à l’œil, verbe charmeur,
anecdote facile, c’est de lumière que Jose Luis
Alcaine, célèbre pour sa collaboration avec Almodovar, est venu parler avec trois films parmi les
quelque 120 de sa carrière, échantillon d’un talent
maintes fois récompensé auquel le festival rendait hommage. Le premier, de 83, El sur, un des
chefs-d’œuvre de Victor Erice, se décline en
clair-obscur, convoquant La Tour et Vermeer.
Ombres du passé paternel qu’Estrela passant de
l’enfance confiante à l’adolescence suspicieuse
arrivera à dissiper. Fil doré du pendule révélant
l’eau souterraine, fil blanc puis rouge sur la bicyclette de la jeune fille, fil de laine carmin d’une
pelote tombée au sol, les couleurs en fil narratif.
Somptueux. Le deuxième, Jamón Jamón de Bigas
Luna, film post movida de 93, un On ne badine pas
avec l’amour burlesque, déjanté, provocateur, parodie le machisme à l’espagnole et s’achève en
western par un duel fatal à coups de jambon. Alcaine éclaire le craquelé du désert et le velouté
de la peau de Pénélope Cruz. Jubilatoire. Le troisième, de Martinez Lázaro Las Trece Rosas (2007),
reconstitue l’histoire tragique de treize jeunes
militantes socialistes «amoureuses de vivre à en
mourir» exécutées peu après la victoire de Franco.
Éclosion au martyre de treize roses aux couleurs
gaies de leurs robes d’été, tremblantes devant le
peloton d’exécution. Bouleversant.
L’Espagne de 39 demeure un sujet que les jeunes
réalisateurs se réapproprient. Ainsi le catalan
Villaronga avec Pa negre (2010) dévoile dans un
réalisme magique un peu appuyé, à travers un
regard d’enfant, la perversité des vainqueurs, la
dérive des vaincus devant misère et préjugés.
Dans cette sélection riche en films bardés de
goyas, on retiendra En 80 jours de Garaño et Goenaga pour l’audace du propos (les retrouvailles
amoureuses de deux vieilles femmes) allié à la
finesse du traitement et La mosquitera d’Agustí
Vila qui nous ramène au présent formaté de nos
sociétés, au gré des extravagances d’une famille
névrosée que le politiquement correct asphyxie.
Monstres ordinaires très doux comme on en
El sur de Victor Erice
L’Espagne en lumière
croise chez Buñuel. Drôle, corrosif, remarquablement interprété par Emma Suárez et Géraldine
Chaplin devenue mutique telle la grand mère de
Cria cuervos. De très beaux moments de cinéma
partagés pour se fabriquer ensemble de nouveaux
souvenirs.
ELISE PADOVANI
Prix du jury : En 80 jours de Jon Garano
et José Mari Goenaga
Prix du public : Même la pluie d’Iciar Bollain
Prix du court métrage : La Lavadora d’Ana Aurora
Rodriguez
Liberté(s)
Le 9e Festival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt s’est ouvert le 4 nov
avec Les hommes libres d’Ismaël
Ferroukhi, un film avec tous les ingrédients du film de la France de
l’occupation, marché noir, miliciens,
scènes de rafle, collabos, poursuites… Sauf que là, les protagonistes
sont des «Mahométans» et que le
centre de l’action est la Mosquée de
Paris, avec son Recteur, Si Kaddour
Ben Ghabrit (Michael Lonsdale), personnage ambigu, fin diplomate, proche
du sultan du Maroc, qui reçoit les
Allemands, travaille avec Vichy pour
mieux sauver Juifs et communistes
condamnés à la déportation. Le film
montre la prise de conscience de
Younes (Tahar Rahim), qui passe du
marché noir et la délation au combat
contre le nazisme. Le personnage
du chanteur Salim Hallali (joué par
le superbe Mahmoud Shalaby et
auquel Pinhas Cohen prête sa voix)
permet de jolies scènes de musique
et de danse, en particulier la séquence de l’anniversaire de Maryvonne,
qui tient un café fréquenté par ces
travailleurs «invisibles». Si le film
manque un peu de rythme et
d’originalité artistique, il permet de
connaître cette histoire ignorée -
et montre comment Juifs et
Musulmans étaient proches et
s’entraidaient.
autour de la place du cinéma dans
les révolutions : faut-il filmer ou être
avec, sans caméra ? Filmer pour
témoigner dans le présent, pour le
futur ? Quelle démarche de cinéma
et quel statut pour ces images ?
Quelle place pour la caméra ? Les
interventions d’Ahmad Abdallah
(Microphone), de Walid Mattar
(Condamnations), d’Ibrahim El Batout (Hawi) et de Nadia El Fani
(Laicité, Inch’Allah, voir p56) ont
permis d’aborder aussi les questions de liberté d’expression, d’auto
censure, de laïcité, et le débat animé
par Olivier Barlet et Tahar Chikhaoui
a été passionné, et passionnant pour
la salle du cinéma César, pleine à
craquer malgré les orages…
ANNIE GAVA
Ismael Ferroukhi © A.G
Ismaël Ferroukhi a été conseillé
pour l’écriture du scénario par Benjamin Stora et Pascal Le Pautremat-
Autre moment intense, la table ronde du dimanche matin qui a réuni
cinéastes tunisiens et égyptiens
Le Festival des Cinémas
d’Afrique du Pays d’Apt
a eu lieu du 3 au 9 novembre
www.africapt-festival.fr
60
ARTS VISUELS
CG AIX | PAVILLON VENDÔME
Voyages immobiles
Rêvé, fantasmé, recréé, traversé :
l’Orient fascine les artistes de Pierre
Loti à Mona Hatoum…
© Shirin Neshat, Rebellious Silence (Women of Allah series), 1994
L’exposition embrasse d’un même mouvement
œuvres de maîtres, photographies anciennes et
contemporaines, objets décoratifs, éditions originales, sculptures et vidéos. Un grand écart
temporel et stylistique justifié par la permanence
du thème et de ses mythes depuis les récits du
19e siècle (Chateaubriand, Nerval, Flaubert) jusqu’au Printemps arabe et à la Révolution de
Jasmin, souvent évoqués dans le catalogue par
Éric Mézil, le commissaire d’exposition, directeur
de la Collection Lambert en Avignon.
Frontalement et dès l’entrée, aquarelles et huiles
sur toile de Jougouno et Dequenne cohabitent
avec la captation de David Claerbout autour de
l’illusion d’un Orient rêvé. Dans The Algier’ Sections of a Happy Moment il reconstitue sur
ordinateur un moment de liesse sur les toits
d’Alger, avec un envol symbolique de mouettes
vers la liberté… Ainsi se construit la scénographie,
dans ces allers-retours entre réalité et fiction,
ancien et contemporain, qui mettent en évidence
autant de paradoxes. Pierre Loti, imprégné
d’Orient se déguise en Ramsès II, en cheik et en
bédouin, reconstitue un salon marocain à Rochefort ; croquis, portraits et paysages idéalisés,
exécutés en atelier ou réinventés d’après photos ;
carnets de notes et photos sur le vif à l’occasion
notamment de voyages anthropologiques. Des
œuvres à l’iconographie riche, reflets d’une
société révolue, qui ont notablement influencé
l’histoire de l’art.
En contrepoint, plus percutants, les regards contemporains des deux rives. Points de vue de
l’américain Jason Dodge, installé à Berlin, qui
anoblit de ses métaphores la couverture traditionnelle en poils de chameau ; de l’écossais Douglas
Gordon fasciné par les charmeurs de serpents de
Marrakech qui «chorégraphie» leur danse ; du
pakistanais Idris Khan, aujourd’hui à Londres, qui
photographie les pages du Coran en les décontextualisant. Points de vue de femmes : New
Yorkaise née en Iran, la photographe et réalisatrice Shirin Neshat recouvre les visages et les mains
des femmes voilées «de messages de paix ou de
guérillas courageuses» ; la Libanaise Mona Hatoum, «révolutionnaire avant l’heure» réalise en
verre soufflé une Nature morte aux grenades…
Bombe à retardement ou trait d’union entre
Orient et Occident ?
M.G.-G.
Voyage en Orient, De Pierre Loti à Nan Goldin
jusqu’au 29 janv
Galerie d’art du Conseil général, Aix
04 13 31 50 70
www.culture-13.fr
Sa planète…
blanc profond, immaculé, contrasté,
d’une grande précision dans les
contours, avec un grain poudré qui
adoucit sa perception.
Changement radical à Erevan en
Arménie en 2009 avec de troublan-
que paraît La couleur est un trompe
l’œil aux éditions Le Temps qu’il fait.
On ne saurait mieux dire.
tes représentations d’un paysage
que l’on croirait truqué. Décor figuré,
fausses ressemblances, et pourtant
tout n’est que réalité ! Paradoxalement, c’est la seule série en
couleurs de l’exposition alors même
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
© Gérard Macé
Gérard Macé tisse depuis 1974 une
œuvre littéraire féconde mais c’est
à l’âge de 50 ans qu’il passe des mots
à la pratique photographique. Jusqu’à allier images et écrits dans des
livres illustrés, notamment La photographie sans appareil, Mirages et
solitudes, Kyôto, un monde qui ressemble au monde. Doux mariage
qui explique, peut-être, une photographie narrative plus que documentaire,
onirique plus que descriptive même
quand il s’agit de raconter le monde…
On l’accompagne en Ethiopie, au
Japon, au Mali à travers quatre thématiques singulières : «Costumes,
coutumes» ou l’art de s’attacher à
l’ornement pour dire la vérité d’un
portrait ; «Fantômes et fantasmes»,
images spectrales qui cachent et
révèlent à la fois ; «Comme dans un
miroir» saturées d’images dédoublées, de reflets, d’informations
superposées ; «Pierres de rêves,
Rêves de pierre», cartographie macroscopique d’un vaste monde. Du
noir et blanc, rien que de noir et
Photographies 2000/2010
Gérard Macé
jusqu’au 31 déc
Pavillon de Vendôme, Aix
04 42 91 88 75
www.mairieaixenprovence.fr/Pavillon-Vendome
À Lire
Gérard Macé, La couleur est un
trompe l’œil
Préface de Georges Monti
Co-édition Le Temps qu’il fait et
La Photographie à Aix-en-Provence
MAC | INSTANTS VIDÉO
ARTS VISUELS 61
L’homme de fers (à béton)
Le [mac] offre sa première exposition personnelle
à Boris Chouvellon. Une belle occasion de rencontrer
les œuvres d’un artiste qui manie le fer et le béton
avec désenchantement
En proposant une exposition
monographique à un jeune artiste
marseillais, Thierry Ollat, directeur
du [mac], maintient en cette période
de vaches maigres (voir p.6) la raison
d’être d’un musée d’art contemporain : donner à voir la création la
plus actuelle. Running on empty
(pourquoi passer par l’anglais pour
dire «tourner à vide» ?) présente une
vingtaine d’œuvres réalisées depuis
2005, dont certaines pour l’évènement. Cette mini-rétrospective
compile sculptures, vidéos, photographies et installations mettant en
scènes le désenchantement de ce
monde producteur d’objets dérisoires.
Certaines sont des réinterprétations
refaçonnées ou récréées de pièces
déjà connues (Ma ruine avant la vôtre,
Détournements de fonds, Reponcer
le monde). D’autres ont été construites pour l’occasion avec les
matériaux emblématiques, fer et
béton.
Ainsi, désignés anonymement Sans
titre, 2011, les échelles incohérentes
dans la cour mais surtout à l’in-
térieur les gradins décharnés sont
atteints par la déchéance physique,
fonctionnelle et symbolique. À l’opposé des prouesses monumentales
de Vincent Ganivet, les constructions
de Boris Chouvellon jouent le double
de ruines inversées (par différence
avec le genre rocaille) et de ruines
par anticipation, à l’instar des entropies de Robert Smithson exposées
au [mac] dès 1994. Dans le hall,
Reconstruction Style (2009/2011)
justement n’en a aucun : ni édifice,
ni objet, ni sculpture, ni vestige, ces
mornes panneaux préfabriqués de
palissade ajourée et atteints d’achromatisme, multipliés et amoncelés
ont perdu de leur valeur fonctionnelle et éventuellement plastique.
Boris Chouvellon réussit à reconstruire une non-forme, une hyperréalité insensée, la ruine du sens. Et
pour suivre Anne Cauquelin dans
son Petit traité d’art contemporain
(Le Seuil, 1996) : « …si cet art déçoit,
c’est l’époque qui veut ça ».
Nous manque un beau catalogue
critique pour appréhender plus fine-
Boris Chouvellon, Reconstruction style, elements en beton, dimensions variables, 2009,
installation pour le Mac de Marseille, 2011 © C. Lorin/Zibeline
ment chaque perspective ouverte
par Chouvellon, comme le [mac] a
pu le faire par le passé. Il est encore
des cas où le coût a un sens.
CLAUDE LORIN
Running on empty
Boris Chouvellon
jusqu’au 8 janv
[mac] musée d’art contemporain de
Marseille
04 91 25 01 07
www.marseille.fr
Adelante !
Les propositions marseillaises des Instants Vidéo sont closes, mais vous pouvez poursuivre votre exploration
des formes non conventionnelles des images électroniques jusque dans les faubourgs…
Devant une programmation si profuse (plus de
150 films pour Marseille) quelques frustrations
surgissent lors des éditions des Instants Vidéo.
Une dispersion (mais aussi un rayonnement !)
dans et hors la cité, des programmations uniques,
des horaires limitatifs, restreignent l’accès du
public au plus grand nombre d’œuvres. D’autant
qu’il faudrait pouvoir assister aux rencontres,
débats et conférences aux thèmes les plus
attrayants ! Les conditions climatiques n’ont fait
que rajouter aux difficultés de présentation à la
Friche. Les projets de rénovation laissent cependant espérer un accueil plus favorable des
visiteurs dans le futur (voir p.5). Car les formes
particulières portées par la création vidéo nécessitent souvent des mises en vue et d’écoute
spécifiques entre le visionnement intime et le
déploiement des installations. Comme les révolutions dont il était question lors de cette édition
2011, des évolutions deviennent indispensables
pour cet évènement unique, d’autant que l’équipe
prépare une célébration exceptionnelle pour le 50e
anniversaire de la naissance de l’art vidéo, et une
rétrospective internationale à l’occasion de
Marseille 2013.
Pour patienter, suite et fin à Vitrolles avec installations, projections, lecture poétique de Denis
Lapparent, cinéma, médiathèque et bibliothèque,
jusqu’au 20 nov ; à Port-de-Bouc, au cinéma le
Méliès le 26 nov, programmation internationale
sur le thème du portrait ; à
Dragon de Michel Jaffrenou, invite d'honneur des Instants video 2011 © X-D.R
Martigues au Musée Ziem,
jusqu’au 26 fév, Dark Continent de Marylène Negro
(2010) et Âmes fleurs de
Kacha Legrand (2007/2011),
installations vidéo et le 24 nov
à 17h30, Images mouvements
et images fixes, conférence et
projections par Marc Mercier.
Et un poil plus loin à Nice,
Moyen-Orient/MoyenOccident, en janvier 2012, à la
Villa Arson.
CLAUDE LORIN
www.instantsvideo.com
62
ARTS VISUELS
FOTOKINO | LA GAD
Ed Fella à la marge
Méconnue en Europe, la production polysémique
d’Edward Fella se répand comme une trainée
de poudre à Marseille…
Affiches et documents imprimés,
dessins et collages, papers and
parts au Studio Fotokino (voir p.10),
polaroïds à l’Atelier de visu et flyers
au Cipm… Plonger dans cet imagier
démesuré revient à voyager en
apnée dans les États-Unis, façon
road-movie à 2000 à l’heure, et à
zigzaguer entre les paysages urbains
saturés d’enseignes, d’annonces, de
pancartes lumineuses, et les horizons
perdus. À écouter sans discontinuer
un morceau de jazz, avec ses figures
imposées et ses envolées improvisées. Voilà pour les 1188 polaroïds
de la série Letters on America dont
le statut reste encore indéfini pour
l’artiste, ni archives ni modèles, et
s’apparentent à une prise de notes ;
une collecte photographique dédiée
à la typographie et non une série
documentaire. Il fut d’abord un pilier
du graphisme industriel commercial
avant de fomenter une œuvre libre !
À 47 ans, il débuta un Master of Fine
Arts à Cranbrook et enseigna à la
California Institute of the Arts où il
bouscula le graphisme en profondeur,
«transforma la lettre en matière
molle», marquant à jamais la nou-
velle génération. Dans toutes ses
expérimentations il déconstruit et
recycle des lettres, des formes
géométriques, il dérègle les lois
typographiques, il décadre les cadres, il use de citations, il pastiche
et parodie. Bref, il invente, mettant
en avant «un protocole expérimental
marqué par l’irrégularité des espaces et l’utilisation du vernaculaire».
«Celui que tout le monde apprécie,
dit-il, et celui issu de la culture de
masse». Muni d’un stylo Bic 4 couleurs made in France, tantôt il
surcharge la page de graphes, de
symboles, de taches, il sature la
lecture, tantôt il fait la part belle au
blanc vertigineux. Toujours il fragmente, dépèce, découpe dans la
matière. Agile comme jamais, il
dessine un archipel dont il n’a pas
encore fini de noircir les contours.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Studio Fotokino, Marseille 1er
jusqu’au 24 déc
09 81 65 26 44
www.fotokino.org
Exposition Ed Fella, Studio Fotokino, Marseille 2011 © X-D.R
Atelier de visu, Marseille 6e
jusqu’au 2 déc
04 91 47 60 07
www.atelierdevisu.fr
Cipm, Marseille 2e
du 26 nov au 17 déc
04 91 91 26 45
www.cipmarseille.com
À lire
Ed Fella Documents
Couverture Ed Fella,
conception graphique de
l’ouvrage Jérôme SaintLoubert Bié
Éd Festival international de
l’affiche et du graphisme de
Chaumont, Fotokino,
35 euros
Sur mesure
© Emilie Perotto, Noli me tangere, 2011, inox, topan, aluminium, 387 x 332 x295, La Gad Marseille, courtesy galerie ACDC
On ne voit qu’elle, et pour cause, elle occupe tout
l’espace de la Gad. Excepté le petit sas de découverte à
l’entrée. Le visiteur et l’habitant tombent littéralement
sur Noli me tangere de Émilie Perotto, dont la forme
interagit parfaitement avec la galerie et l’appartement.
Une double identité «de pièce à vivre et à fréquenter»
avec laquelle elle compose pour «tenter d’occuper le
maximum d’espace avec un minimum de matière» :
dimensions, profondeur, éclairage électrique et naturel
(côté jardin), parois de plexiglas (séparation avec
l’intime), murs et mobilier rouge (taches de couleurs
vives dans l’espace blanc). C’est la combinaison des
impossibles ! Topan gris anthracite teinté dans la masse,
aluminium et inox pour la légèreté, 387 x 332 x 295 cm
pour la monumentalité, et un résultat aérien,
dynamique. Un mouvement d’épure et une ligne infinie :
les appuis au sol, au bas du mur et contre la cloison
offrent autant de points de fuite. Malgré l’exiguïté, le
regard n’achoppe sur aucun obstacle…
Noli me tangere, comme ses pièces exposées à Art-ORama en 2009 et au centre d’art Les Capucins à Embrun
cet été, repose sur une réflexion dont le socle est le lieu
et son contexte, le rapport physique à l’œuvre. Toutes
sont pensées à l’échelle du corps, on les expérimente
physiquement… À l’origine liée aux paroles christiques
(Jésus mort, pas encore monté au ciel, exhorte Marie
Madeleine à ne pas [le] toucher) et à une chanson de
Rodolphe Burger qui évoque une
«trace sur le sol», la sculpture se
soustrait de l’objet de départ qui
flotte «comme un vague souvenir».
Elle s’en évade, invente des formes
et des lignes abstraites, en révèle
justement la trace, non pas au sol
mais dans l’espace.
Si le lieu est «double», l’œuvre elle
aussi se dédouble : Émilie Perotto
présente à La Gad You can only see
the shape, on the (back)ground, see
the shape, et réserve à la galerie
ACDC de Bordeaux une œuvre en
miroir, mais autonome : You can
only see the shape on the
(back)ground, see the shape. Deux
faces d’une même chanson.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
You can only see the shape, on the
(back)ground, see the shape
jusqu’au 31 déc
La Gad, Marseille 1er
06 75 67 20 96
www.lagad.eu
GALERIE DETAILLE | TROCADE
ARTS VISUELS 63
Affaire de famille
Rares sont aujourd’hui les lignées familiales
consacrées à l’art photographique, comme les
Sudre ou le studio Ely à Aix, les Detaille à Marseille. Leur galerie présente une sélection de
clichés historiques : trois générations héritières
de Nadar et plus d’un siècle de photographie à
Marseille, en Provence et en des contrées plus
lointaines.
En 1902, recommandé par le studio suisse Boissonnas, Fernand Detaille prend la succession de
l’atelier Nadar avec la bénédiction de ce dernier.
La Canebière se nommait alors rue Noailles.
Après plusieurs déménagements, le studio
Detaille s’est installé dans le quartier Périer pour
ouvrir une galerie dédiée à la photographie dans
la tradition de ses prestigieux ancêtres (voir
Zib’35). Plus d’une trentaine de clichés dont plusieurs vintage balisent cette saga familiale que
l’on retrouve dans le détail dans le livre intitulé
sobrement Detaille (voir p.68). Malgré le temps
passé et la pointe de nostalgie qui l’enveloppe,
l’exposition retrace en fait souvent l’histoire de
modernités, par le truchement de techniques
novatrices (l’avènement de la photographie au
19e, l’acétate, le procédé panoramique Linhof, le
numérique aujourd’hui, la digigraphie utilisée
© Albert Detaille, lecture du journal au soleil,
escaliers du Palais Longchamp, vers 1930
pour la majorité de ces tirages après numérisation des plaques de verre par Hélène Detaille),
de certains sujets (le Pont Transbordeur par
Albert) ou bien par une approche plus plastique
(les graphismes architecturaux de Gérard).
L’exposition s’ouvre par un superbe et très pictural tirage d’époque daté de 1899, La Bande des
cinq, par Fernand, dans lequel figurent les
portraits de deux protagonistes de l’image
moderne, Nadar et Auguste Lumière.
© Gerard Detaille, tour de l'armateur, CMA-CGM,
architecte Zaha Hadid, Marseille 2008
Générations
jusqu’au 28 janv
Galerie Detaille, Marseille
04 91 53 43 46
www.galeriedetaille.com
C.L.
Troquons (ceci n’est pas une insulte)
Comment débuter une collection
d’art contemporain sans débourser
un radis ? La Trocade peut vous
y aider. Sur le mode du troc,
une proposition alternative de
Mouvart et Marseille2013Off
Un des intérêts de MarseilleProvence2013 est
d’avoir suscité, par delà la grande aspiration
européenne, des propositions plus locales. Parmi
reçues) sera présentée fin novembre. Durant ces
trois jours d’exposition la visite est libre. Si une
œuvre vous intéresse, communiquez votre proposition de troc et vos coordonnées via un feuillet
autocollant que vous apposez sur le mur à côté
de l’élue (un bloc de feuilles en échange de
5euros). À l’issue de l’expo, si votre offre lui
convient, l’artiste vous contacte pour faire affaire
directement avec vous.
les dernières initiatives, la Trocade, née du
rapprochement des associations Mouvart et
Marseille2013Off, se positionne comme une
alternative aux principes imposés par le diktat du
marché de l’art. Trocade propose d’acquérir une
œuvre d’art contemporain en échange de tout
sauf de l’argent. Suite à un appel à contribution
auprès des artistes de Marseille et de la région,
toutes expressions confondues, une sélection
d’une centaine d’œuvres (sur près de deux cents
Échange non fossé
Gerard Traquandi © Malika Mokadem
Je troque une œuvre contre… une des miennes,
un objet, un service… En face de la valeur immatérielle que j’attribue de moi-même à une œuvre
d’art (elle me plait !) que puis-je offrir en équivalence ? Ce troc modifie-t-il la nature de ma
relation à cette œuvre et plus généralement à
toute œuvre d’art ? Cette peinture prend-elle un
sens identique selon que je l’échange contre mon
scooter, un voyage, la réfection design d’un salon
ou le récital de mes propres chansons ? Cela
limite-t-il la spéculation, suscite-t-il d’autres liens
que l’acte monnayé ? Un exemple : contre quoi
pourrai-je échanger un Traquandi ? (Gérard Traquandi, parrain de l’évènement et artiste reconnu
sur le marché de l’art, déclare rouler lui-même
dans une voiture troquée).
Alors artistes et collectionneurs de toutes obédiences trinquons à la Trocade !
C.L.
Trocade
les 24, 25, 26 nov
28 rue de la République, Marseille 2e
www.trocade.fr
64
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
Éphémère
Le temps d’un week-end l’Hôtel Burrhus est prêt à toutes les surprises, transformant 35
chambres en 35 mini galeries propices à la libre création de 35 artistes. Ce pari lancé en 2007 a
séduit, entre autres, Arnaud Vasseux, Harald Fernagu, Mourad Messoubeur, Caroline le
Méhauté, Moussa Sarr qui voient dans ce défi l’occasion, unique, de sortir leurs œuvres de
l’atelier pour la chambre à coucher… lieu de toutes les rencontres, de toutes les conversations.
Même les plus irréelles. M.G.-G
Supervues
16, 17 et 18 déc
Hôtel Burrhus, Vaison la Romaine
04 90 36 00 11
www.supervues.com
Chambre de Martine Lafon, Supervues 2010 © X-.D.R
Instantanés
Toulon «cet(te) autre, cet alter ego», port d’attache de Jean-Luc Charles, au cœur de sa vie, de ses
voyages et de sa pratique vidéo et photographique : des instantanés bruts argentiques, sans mise en
scène, du noir et blanc jusqu’aux objets filmiques, aux poèmes vidéo ; des paysages urbains aux
super-héros en passant par l’intime. Une exposition en forme de portrait ou… d’autoportrait ? M.G.-G.
La balade du soleil, Tarcisio Canonica © X-D.R
Toulon’s
Jean-Luc Charles
jusqu’au 3 déc
Maison de la Photographie, Toulon
04 94 93 07 59
www.toulon.com
Harmonie
© Jean Luc-Charles
À Saint-Chamas, l’ancienne chapelle dédiée aux pêcheurs offre ses vitraux et sa douce lumière
aux toiles et dessins de Tarcisio Canonica qui fête ses 50 ans de peinture. Abstraits, minéraux,
ses paysages d’un monde intérieur en quête d’harmonie vibrent d’infimes variations de
couleurs et de matières qui ont séduit l’âme des poètes. Ses œuvres ne figurent-elles pas dans
la collection de René Char ? M.G.-G.
Rétrospective
Tarcisio Canonica
jusqu’au 31 déc
Chapelle Saint-Pierre, Saint-Chamas
04 90 50 90 54
© Stéphane Le Mercier
À emporter
Pour son 5e anniversaire, Voyons voir art contemporain & territoire
organise le 19 nov au Théâtre du Bois de l’Aune une vente aux enchères
performative, ludique, décalée et participative ! Lever de rideau par la Cie
Arsène et l’Art tangent qui feront cohabiter arts visuels et théâtre sous les
coups de marteau de Maître Kaplan. Le tout au profit de la création
contemporaine, soutenue par l’association à travers expositions,
résidences et éditions. M.G.-G.
Vente aux enchères
le 19 nov à 18h (présentation des œuvres en présence des artistes), 19h30 (vente
aux enchères spectacle), 20h30 (retrait des œuvres)
Théâtre du Bois de l’Aune, Aix
04 42 93 85 48
www.voyonsvoir.org
ARTS VISUELS 65
Sommets
Accueillies dans le cadre des résidences photographiques du théâtre La Passerelle, les dernières
images de Sabine Delcour mettent à l’épreuve nos représentations mentales de la haute montagne.
Minéralité, sentiers, éboulis, neige, vide, pentes, vastitude, solitude, air, froidure ou lumières
fantasmées, transportés par le médium photographique pour se dreconstruire une poétique du
regard et du paysage.
C.L.
Une question d’épreuves
jusqu’au 14 janv
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
© Collectif Dardex-Mort2faim, Le Faussaire, installation robotique, 2011
L’art jeu
© Sabine Delcour
Quelles formes d’expression s’inventent dans la rencontre des nouvelles technologies,
du numérique, de l’Internet et de l’art contemporain ? Comment ce dernier intègre-til les pratiques ludiques et populaires ? Installations, dispositifs interactifs,
performances, concerts et conférences pour cette 7e édition dans divers lieux de la
bonne ville cézanienne. Entrées libres en bonus ! Déclic le 18 nov à 18h30 avec
vernissage à la Fondation Vasarely. C.L.
Achille Lauge, Portrait de Mme Astre © Musee des Beaux-arts de Carcassonne
Festival Gamerz 07
du 19 au 26 nov
Aix
M2F Créations
04 88 05 05 67
www.festival-gamerz.com
Pendants
D’ordinaire tourné vers le paysage, le musée Ziem offre pour un temps ses cimaises
à son homologue carcassonnais dans une approche des genres voisins (portraits, nature morte,
œuvres religieuses) et des écoles européennes en écho à l’école française. Rigaud, Chardin côtoient
Ribera, Moreelsee, Van Goyen… Deux installations vidéo de Marylène Negro (Dark Continent, autour
d’une sculpture de Pedro de Mena) et Kacha Legrand font le pendant contemporain. Conférences de
Marie-Noëlle Maynard, conservatrice du musée de Carcassonne le 17 nov, de Marc Mercier le 24 nov
pour les Instants Vidéo. C.L.
Chefs d’œuvre du musée des beaux-arts de Carcassonne
jusqu’au 26 fév
Musée Ziem, Martigues
04 42 41 39 60
www.musees-mediterranee.org
© Lilian Bourgeat, Biennale d'art contemporain, Anglet 2011
Gigantissime !
Déplacement duchampien, démesure à la Oldenburg… Maman ! Bourgeat
a rétréci le monde avec ses trucs démesurés (parpaing, gobelets, porte
manteau…jusqu’à l’échelle dix et plus) ! Les objets-sculpture
monumentaux de Lilian Bourgeat seront installés in situ à Istres et à
Grans. Parcours interactif VertiGineuses Virées avec le public hors les
murs le 16 nov, avec l’association Rio et la Cie En rang d’oignons,
performance du groupe Coline. Vernissage le 18 nov. Grandiose ! C.L.
Lilian Bourgeat
du 19 nov au 15 janv
Centre d’art contemporain intercommunal, Istres
04 42 55 17 10
www.ouestprovence.fr
66
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
Décalé
Coup double pour Michéa Jacobi qui fait paraître chez Parenthèses Le piéton chronique,
Carnet de promenades, recueil de courts textes illustrés d’une gravure sur linoleum, et expose
ces fameux linos dans les locaux de la maison d’édition marseillaise. 10 années à parcourir
le bitume pour nous donner à voir la cité phocéenne dans ses aspects les plus méconnus ;
et de manière irrésistiblement décalée : Le Jupiter des calanques, Physiologie du coureur de
corniche… À parcourir avec le mini guide dans la poche ! M.G.-G.
Michéa Jacobi
du 19 nov au 7 janv
Parenthèses, Marseille 6e
04 95 08 18 20
www.editionsparentheses.com
Physiologie du coureur de corniche © Michea Jacobi
Sculpture, Alain Peclard © X-D.R
Synthétique
L’œuvre d’Alain Péclard, artiste suisse installé à Paris, se décompose en plusieurs périodes ;
«les unes, descriptives, s’inspirent de la mythologie ; les autres, plus philosophiques, s’attachent au
fondement des choses». À la galerie Paradis, collages et sculptures aux formes abstraites
géométriques en sont une synthèse qui mettent en situation «tradition et modernité» à travers un
vocabulaire rigoureux : formes, signes, couleurs et techniques mixtes - fer, verre, bois peint. M.G.-G.
Alain Péclard
du 17 nov au 17 déc
Galerie Paradis, Marseille 6e
06 75 52 07 39
www.paradis-galerie.com
Chimere, Nicole Guidi © X-D.R
20/20
Sculpteurs, plasticiens, photographes, graveurs, pastellistes, collagistes ou assembleurs :
111 artistes se mobilisent pour soutenir la cause des enfants cancéreux ou leucémiques
hospitalisés dans les services du CHU de la Timone. Leurs créations, au format obligatoire
de 20/20, sont mises à la vente par Vœux d’artistes qui permet à tous de devenir un
collectionneur «citoyen». M.G.-G.
Vœux d’artistes
du 17 au 24 nov
Maison de l’artisanat et des métiers d’art, Marseille 1er
04 91 54 80 54
www.maisondelartisanat.org
Danielle Lorin, Serie des Chrysalides,
buste de femme, papier et beton cellulaire 2011 © D. Lorin
Métamorphoses
La poésie, la musique et la voix irriguent depuis peu les œuvres de Danielle Lorin, peintures
grand format avec objets du quotidien intégrés et sculptures peintes sur des bandes plâtrées
en terre, papiers de soie, latex fin comme une peau… Des matériaux qui vibrent au moindre
souffle de vent, miroir des chrysalides de la nature, fragile et légère. M.G.-G.
Chrysalides et autres petits monstres
Danielle Lorin
jusqu’au 19 déc
Parvis des Arts, Marseille 3e
04 91 64 06 37
www.parvisdesarts.com
© Didier Petit, Aaaaahhh...Zut !!! papiers noirs decoupes, 2011
Aaaarrrtaud !
La figure tutélaire d’Antonin gouverne le projet de Didier Petit pour
cette galerie installée dans un établissement d’enseignement :
comme pour l’écrivain la parole porteuse de savoir et de liberté y reste
fondamentale. Les dessins récents sur papier noir découpé donnent
le titre à l’exposition pour se mêler à d’autres plus anciens et réactualisés.
Les images prennent la parole et s’appliquent au corps du lieu pour
le transformer… temporairement. C.L.
Aaaaahhh…Zut !!! Essai pour une petite parole
Didier Petit
jusqu’au 16 déc
Artothèque, Lycée Antonin Artaud, Marseille
04 91 06 38 05
www.lyc-artaud.ac-aix-marseille.fr/artotheque/
A.M. Sentimentale
Dessiner comme jardiner le support, semer l’aquarelle par efflorescences,
bouturer le trait, effleurer d’encre transparente le papier, mémoire, rêves,
souvenirs, «pour échapper au poids des choses»… De tout petits dessins et
une installation lumière. Des fleurs uniquement. Du pavot. Pour accomplir
un «accompagnement sentimental de la peinture» dit-elle. C.L.
Peintures à étoiles
Anne-Marie Pêcheur
Du 29 nov au 23 déc
Table ronde autour
d’A.M. Pêcheur avec
F. Bazzoli, S. Bonn,
O. Domerg et notre
collaborateur C. Lorin,
le 1e déc à 18h30
Le Passage de
l’art/Lycée du
Rempart, Marseille
04 91 31 04 08
www.lepassagedelart.fr
Anne-Marie Pecheur,
serie «Tu dors -non»,
aquarelle et dessin sur papier,
21 x 29,7 cm, 2010
© J.C. Lette
68
LIVRES
PHOTO | BD
Force Detaille
Pendant qu’une sélection des clichés est aux cimaises
de la galerie rue Marius Jauffret (voir p.63) voici un
livre comme on en trouve pas si souvent en photographie. Ce Detaille rassemble trois générations d’une
famille de photographes, couvre un siècle de photographies depuis l’héritage de Nadar et offre un aperçu
de l’histoire de Marseille et la Provence principalement
jusqu’à notre période très récente. C’est aussi une
histoire de famille et de regards en prise avec leur
époque que l’on suit avec Gabriel Chakra, auteur d’un
des textes avec Pierre Echinard, proche des Detaille et
familier de cette saga commencée en Suisse avec le
pionnier Fernand Detaille, adoubé dans la cité phocéenne par le grand Nadar.
L’écueil serait de poser un regard nostalgique et pittoresque sur ces deux cents clichés en noir et blanc pour
la plupart. Fernand, Albert puis Gérard usent chacun
des outils de leur modernité, du daguerréotype au
numérique. Même si Gérard Detaille envisage quelques retouches pour une éventuelle réédition, la qualité
de reproduction est difficile à prendre en défaut. L’ouvrage s’organise autour de thématiques - portraits, ports,
industries, métiers, instantanés, ville, terre, mer qu’illustrent parfois en vis-à-vis les clichés d’un même
genre réalisés par l’un et par l’autre, avec en son centre
un quadruple volet, panorama du vieux port de
Marseille par le pionnier Fernand Detaille. L’ouvrage
se termine avec une photo du dernier des Detaille,
Edouard, comme pour assurer la relève, suivie d’une
biographie chronologique du studio, en français et en
anglais, d’une bibliographie des publications à
l’enseigne Detaille et chez d’autres éditeurs. Un beau
livre à l’approche des fêtes…
CLAUDE LORIN
Detaille
Trois générations de photographes
Marseille Provence Méditerranée
Pierre Echinard, Gabriel Chakra, Caroline Guiol
HC éditions, 45 €
N’oubliez jamais
La collection Quadrants Astrolabe vise à donner aux
lecteurs adolescents, par le biais de fictions BD longues
et documentées, des repères et des informations sur
certains épisodes peu ou pas connus de l’histoire récente. C’est dans cette perspective historique et
didactique que s’inscrit le dernier titre paru, Triangle
rose. Sur un scénario de Michel Dufranne, mis en
dessin et en couleurs par Milorad Vicanovic, Maza et
Christian Lerolle, cet album à l’évidente qualité
graphique déploie ses 144 pages pour relater les effroyables conséquences du «paragraphe 175», un
article du code pénal allemand qui, dès 1794, condamnait l’homosexualité masculine et a perduré dans
la loi jusqu’en 1994 ! Car c’est de cela qu’il s’agit,
d’aborder le sujet de la déportation en masse de ceux
que l’on reconnaissait dans les camps au triangle rose
cousu sur leur veste.
Trois lycéens doivent faire un exposé sur les camps de
concentration ; l’un d’eux propose d’aller interroger
son arrière-grand-père qui en est revenu, mais il est
loin de tout savoir sur le vieillard aigri qu’est devenu
Andreas Müller. Entre les pages en couleurs de
l’époque actuelle s’étend le récit du vieil homme :
dominante de brun pour le Berlin des années 30, celui
de la jeunesse d’Andreas et de ses amis, sur fond de
montée du nazisme ; d’anthracite pour les «années
noires» du camp et les «années de larmes» qui ont
suivi. Une composition un peu démonstrative mais
très efficace. Et des pleines pages superbes.
FRED ROBERT
Triangle rose
Soleil, 17 €
Revoir du ciel
Le très grand livre (34x28cm) édité par Jeanne Laffitte
en ces temps d’ouverture de la chasse aux cadeaux est
une très belle surprise. Intitulé sobrement Marseille la
métropole, composé pour l’essentiel de photographies
de Camille Moirenc, prises d’hélicoptère, il est un
exemple de réussite éditoriale : les vues aériennes sont
superbes, variées dans leurs angles, leurs cadres, leur
profondeur, leurs couleurs, leur lumière, leurs objets.
Remarquables aussi dans le parcours territorial qu’elles
tracent, partant de la ville centre pour longer la côte
vers Cassis, revenir vers la côte bleue, et finir à Marseille… dressant un panorama exhaustif qui passe par
tous les massifs qui enclavent la ville –Marseilleveyre,
Garlaban, la Nerthe, l’Etoile- et donne à voir une ville
baignée de mer et de lumière, dominée par la pierre
blanche, faite d’escarpement successifs, et visiblement
édifiée des urbanistes animés d’une volonté d’ordre.
Ordonnée, Marseille ? C’est ce qu’affirment les architectes Charles Bové et Pascal Urbain dans leur texte
d’ouverture, et qu’ils démontrent dans chacune des
légendes qui accompagnent la centaine de photo, pour
la plupart pleine page, qui révèlent effectivement des
plans de ville au cordeau fondé sur des quartiers successifs. Les légendes sont intelligemment regroupées
sur des pages que l’on peut déplier pour les lire confortablement, en face de l’image qu’elles commentent…
et découvrir ainsi des points de vues inédits, parfois
insolites, sur des lieux familiers dont on croyait
connaître l’ordonnancement, qui échappe de fait à
l’œil terrestre.
AGNÈS FRESCHEL
Marseille la métropole
Jeanne Laffitte , 49,50 €
70
LIVRES/DISQUES
MUSIQUE
Russe, pas rustre
Boris Godounov fonctionne, pour Xavier Lacavalerie,
comme le point de départ de son approche biographique du compositeur. Après Wagner et Manuel de
Falla le journaliste et musicologue s’intéresse à Modeste Moussorgski (1839-1881), suppute et imagine,
explore les rares documents que nous possédons sur
l’homme, si mystérieux, et dont les chefs-d’œuvre
doivent autant à son génie propre, pianiste virtuose et
musicien autodidacte, qu’à l’intervention de tiers
(Ravel, Rimski-Korsakov…), pour les Tableaux d’une
exposition, Une nuit sur le mont chauve… Il incite le
lecteur à se libérer des clichés sur la prétendue rusticité
de l’homme, son incompétence, et rend encore
davantage le personnage attachant.
JACQUES FRESCHEL
Moussorgski
Xavier Lacavallerie
Actes Sud / Classica, 18 €
Beethoven selon Jude
On connaît l’étendue du talent de Marie-Josèphe
Jude, la plastique sereine avec laquelle elle aborde tous
les répertoires, du Brahms romantique, joué avec une
sonorité somptueuse, aux opus plus modernes de
Jolivet ou Ohana : sous ses doigts ils adoptent une élégance toute «classique». Aussi est-on heureux de
l’entendre dans Beethoven… et quelles pages elle propose aux micros des Gambini ! Trois sonates : les
Pathétique (8ème), Appassionata (23ème) et Les Adieux
(26ème), jouées avec une flamme contenue, maîtrisée.
La sonorité est claire, l’articulation souveraine. L’artiste
trace un chemin, des opus 13 à 81, d’un monde qui
s’éteint avec le 18è siècle, vers une ère où de nouvelles
tensions bousculent les règles.
J.F.
CD Lyrinx LYR 2273
Marie-Josèphe Jude
a donné un récital
Beethoven le 4 nov
au Musée du terroir
marseillais (ChâteauGombert). Expo «35 ans
Lyrinx» jusqu’au 30/11
Cycle monumental
«Ce qui est frappant, dans ce cycle, c’est que tout l’aspect
superflu, brillant, disparaît peu à peu au profit d’une
quête de plus en plus spirituelle, intérieure» commente
Bertrand Chamayou à propos des Années de Pèlerinage de Liszt qu’il vient d’enregistrer chez Naïve.
Dans ce monument de la littérature pour piano,
Chamayou trace un chemin romantique, pénètre la
complexité du compositeur, explore son existence
fabuleuse, de l’enfance prodige à la fuite amoureuse,
vers la maturité mystique… La technique puissante,
nécessaire et «transcendante» du virtuose français
fascine toujours dans les musts des premières années
du voyage passionné avec Marie d’Agoult (Suisse «La
vallée d’Oberman», Italie «Après une lecture de Dante»),
comme l’épure relative, chantante et coloriste, des
ajouts tardifs («Venezie e Napoli» et Rome). Une
fresque sonore lumineuse !
Bertrand Chamayou
a joué l’intégrale des
Années de pèlerinage
en concert à Martigues
le 10 nov au théâtre
des Salins (voir p 45)
JACQUES FRESCHEL
Coffret 3CD Naïve V5260
Odyssée sacrée
Créé en 1997 par Joël Suhubiette, le Chœur de
chambre Les éléments s’est vite affirmé comme un
maillon indispensable de la vie chorale de haut niveau.
«Ensemble de l’année» aux Victoires de la Musique
2006, ces voix s’aventurent dans les répertoires a cappella acquis à Accentus, Musicatreize, voire à des
unités spécialisées dans les musiques anciennes. Le
chœur établit un lien privilégié avec le compositeur
libanais Zad Moultaka, dont l’originalité du style
provient du mariage de la musique moyen-orientale et
de l’écriture contemporaine occidentale. Pas étonnant
donc que l’on retrouve deux pièces du musicien dans
cette anthologie de chants de la «Méditerranée sacrée» publié par le label «l’empreinte digitale» basé à
Marseille : une lecture envoûtante de la mystique arabe
d’Hallâj, et un retour vers la langue syriaque de l’Evangile (Sept Dernières Paroles du Christ en Croix).
Le programme est chanté en cinq langues (hébreu,
arabe, araméen, latin et grec ancien), couvre huit siècles
d’histoire musicale, d’allers-retours Orient-Occident,
transcende les religions et, à l’instar de ce que l’étymologie «religare» suggère, «relie» les cultures autour d’un
berceau commun. Avec éclat, les pupitres se répondent, comme d’une rive à l’autre de la Méditerranée,
de la Catalogne médiévale, à l’Italie renaissante ou
l’Espagne baroque, de la Lombardie juive du 17ème
siècle de Rossi à la Venise de Lotti, jusqu’à la vision
moderne et fantasmée de la Grèce antique d’Alexandros Markeas. J.F.
Beaumadier et chez ses compères «locaux» : André
Gabriel (tambourin), Jacques Raynaud (piano), Yves
Desmond et Philip Bride (violons), Yannick Callier
(violoncelle)… Toute une famille, qu’on a plaisir à
entendre sous la direction artistique de Marcel
Frémiot.
Jean-Louis Beaumadier
et le Concert Buffardin
ont joué Il pastor fido
de Nicholas Chédeville
à Marseille, le 8 nov
dans le cadre du Festival
de musiques baroques
& classiques
CD l’empreinte digitale
ED13235
Piccolo et C°
Voici un disque qui fleure la France, sa nature et ses
paysages, ses mélodies populaires… Derrière son titre
«Pastoral» se cachent des pages rares de «l’entre-deux
guerre et l’immédiat après-guerre», signées de membres
du groupe des Six (Milhaud, Auric, Poulenc, Honegger, Tailleferre), élargi à Ibert, Roussel, Gaubert ou des
opus satellites de Casella (1914), Migot (1970), Tomasi ou un inédit de Pierre Barbizet ! Il y a de la
Provence dans le piccolo champêtre de Jean-Louis
J.F.
CD Skarbo DSK4117
LIVRES/DISQUES 71
Veress varois
Sándor Veress (1907-1992) est considéré en Hongrie
comme un maillon primordial entre la tradition de
Bartok et Kodaly vers un modernisme plus radical
incarné par Ligeti et Kurtag. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que la chape stalinienne
enveloppe Budapest, Veress s’exile à Berne où il exerce
une importante activité de pédagogue, marquant la
jeune génération des musiciens suisses. Sa musique est
peu jouée sous nos longitudes, si bien que certains de
ses opus n’ont jamais été enregistrés, comme son 2ème
quatuor à cordes (1937). Il faut que ce soit une formation varoise qui répare cet oubli regrettable ! C’est ainsi
que l’ensemble Des Equilibres a pendu ses cordes à
La
mouche du Roi
Le Carnaval des animaux, fantaisie musicale zoologique imaginé par Camille Saint-Saëns, en a vu de toutes
les couleurs, de la relecture textuelle loufoque de Francis Blanche aux différents ballets, dessins animés
pédago-interactifs… De grands noms du théâtre, du
music hall ou du cinéma ont joué les Monsieur (voire
Madame !) Loyal pour initier les enfants au monde de
la musique classique (un opus qui du reste, à l’origine,
n’était pas réellement destiné à cela). Yann Walker
Poésie chantée
Pour André Tubeuf, octogénaire puits de sciences, le
Lied est véritablement né en 1814 avec Schubert et
son Marguerite au Rouet. On le croit sur parole dès
l’introduction… encore davantage au fil des pages de
ce pavé, révisé par l’auteur depuis sa sortie en librairie
il y a bientôt vingt ans. Le sous-titre « poètes et paysages »
est formidablement illustré au moyen d’une langue
d’aède, d’un souffle romantique qui trace des portraits
panoramiques, dessine une symphonie en quatre mouvements (Schubert, Schumann, Brahms et Wolf)
Violoncelle chantant
Ceux qui ont entendu au Grand Théâtre de Provence
le violoncelliste Jean-Guihen Queyras dans des
concertos de Vivaldi, en compagnie de l’Akademie
für alte Musik Berlin, prolongent le plaisir ; ceux qui
n’ont pas pu s’y rendre découvrent un très beau disque. Après une symphonie festive, où l’on entend en
do majeur le thème pastoral du premier mouvement
du «printemps», la tonalité sombre de sol mineur
prend le pas sur la douce clarté vénitienne. Alors,
l’archet fait des prouesses, virevolte, tel un baryton à la
voix moirée effectuant des vocalises, les cordes graves
son sac pour se rendre dans la capitale magyare et graver cette magnifique partition, son 1er quatuor (1931)
et le Trio pour violon, alto et violoncelle (1954) qui
constituent, de fait, un portrait stylistique de l’auteur.
On connaît les protagonistes de ce haut fait musical.
Certains brillent au premier rang de l’orchestre de
l’Opéra de Marseille, comme Magali Demesse brillante altiste qu’on remarque au premier coup d’oreille,
ou l’élégante violoniste Cécile Gouiran, qui vient de
rejoindre l’Orchestre de Paris. Agnès Pyka, violon
solo, professeur au Conservatoire de Toulon, et le
violoncelliste Yannick Callier, exerçant à Marseille (et
à l’Orchestre des Pays de Savoie), complètent un
invente une histoire de mouche avalée par le Roi-Lion
Maxime que les animaux, tour à tour, tentent de
soigner. Au fil du récit conté par Enzo Enzo, les animaux s’immiscent entre les tableaux sonores, illustrés
dans un livre grand format par Marion Billet.
J.F.
Livre & CD Gallimard Jeunesse 22 €
suivis d’une coda diffractée en étoiles lyriques, de
Mozart à Strauss en passant par Beethoven, Loewe,
Mendelssohn, Cornelius, Wagner, Liszt, Mahler…
Des chapitres d’un passionné qui chante la légende
d’un siècle.
J.F.
Le Lied
Actes Sud. 29 €
chantent à merveille… L’instrument rappelle sa
cousine la viole de gambe dans les mouvements lents,
les phrasés sont souples, les articulations sensibles
quand l’orchestre lui fournit une palette contrastée.
J.F.
CD Harmonia Mundi HMC 902095
Jean-Guihen Queyras a joué des concertos de
Vivaldi en compagnie de l’Akademie für alte Musik
Berlin à Aix le 20 oct au GTP (voir p.45)
quatuor dont la cohésion et l’implication lyrique saisissent, et qui fait rayonner le sud musical.
JACQUES FRESCHEL
CD Hungaroton classic
HCD 32691www.hungaroton.hu
Des Equilibres en
concert le 15 nov. à 20h
à Toulon au Conservatoire
(voir p.39)
La Carnaval
des Animaux sera joué
le 8 déc à Marseille.
Eglise St-Cannat
(Festival de St Victor voir p.38)
72
LIVRES
LITTÉRATURE
Parenthèse italienne
La trame n’est pas nouvelle : un jeune auteur est invité
en résidence en Italie, dans une villa viscontienne aux
hôtes cosmopolites. Déjà, dans La secrète mélancolie
des marionnettes (voir Zib’41), Denis Grozdanovitch
situait son narrateur près de Florence, mais prenait
prétexte de ce déracinement pour fourbir débats
d’idées, références littéraires, religieuses et historiques
et jeux de séduction. Srdjan Valjarevic préfère, lui, les
rives sombres du lac de Côme et le mont San Primo
comme terre d’exil pour ce novice jamais sorti de sa
Serbie natale. Si le premier est un homme brillant,
jamais à cours d’idées et de citations, naviguant dans
les hautes sphères de l’intelligentsia internationale, le
second est en panne d’inspiration et versé à boire plus
que de raison… L’alcool étant ici un personnage à
part entière ! Ignorant les us et coutumes en vigueur
dans ce milieu feutré d’universitaires, de chercheurs
de haut vol et autres historiens prestigieux ; engourdi
par son changement de vie, de cadre (trois villas au
charme bourgeois sur les hauteurs de Côme, incon-
nues des villageois) ; anesthésié par la bonne chère et
les vins exquis (au point de se lier d’amitié avec deux
serveurs et deux cafetiers du hameau), il vit sa vie en
spectateur. Et nous en complice amusé de son décalage
permanent, son humour et sa légèreté, l’indolence de
son improductivité. Tout lui est source de jouissance
contemplative ! Mais deux micros électrochocs viendront fissurer son ravissement béat et lui faire entrevoir
son retour au pays comme une possible renaissance.
Un roman attachant, déstabilisant par sa relative inaction, dont on se surprend à tourner les pages de plus
en plus lentement au rythme des ascensions solitaires
du héros. On en savoure les silences, on frissonne au
bord du lac enveloppé d’une ouate de félicité !
Côme, lauréat du
Prix des lecteurs
du Var, Fête du
livre de Toulon
(p.80)
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Côme
Srdjan Valjarevic
Traduit du serbe par Aleksandar Grujicic
Actes Sud, 21,80 €
Un impossible amour
Cristina Comencini n’est pas seulement la fille de :
réalisatrice, scénariste, elle est l’auteure de six romans
dont Quand la nuit, récit à deux voix d’un impossible
amour. Deux voix qui laissent filtrer leurs pensées, leur
âme et les pulsations de leur chair : Marina, jeune
mère fragile du petit Marco, partie se reposer dans un
hameau des Dolomites ; et Manfred, guide de haute
montagne peu disert, rude comme ses rides. Deux
voix qui s’entrecroisent sans cesse, se répondent en
silence - ou en maugréant - et n’ont en commun qu’une
incompressible solitude. Leurs souvenirs affleurent à la
surface du roman comme un jeu de dominos, dans
un entrelacs de souvenirs, de désirs refoulés, de maladresses, d’hésitations et de regrets : du coup le récit
est décousu et l’écriture hachée pour mieux adhérer
aux digressions de leur pensée.
C’est un vaste écheveau en deux parties, La Nuit et Le
Retour : on tire le fil et tout se délie autour de leur
incapacité à être parent (la chute de l’enfant est un secret
lourd à partager), des relations familiales (toujours
noueuses et rugueuses) et des figures absentes (femme,
mère)… À l’image du paysage minéral, âpre, que l’une
découvre et apprivoise, que l’autre admire, leurs relations se construisent dans l’adversité, le soupçon,
véritable jeu du chat et de la souris : ils se domptent
mutuellement, se testent, se jaugent, s’épient même.
La tension, d’abord en pointillés, fait exploser au grand
jour rancœurs fratricides et non dits. Quand la nuit
vient, l’amour sera-t-il possible ?
Cristina Comencini construit son roman avec l’agilité
d’une montagnarde aguerrie aux chemins escarpés,
ménageant de temps à autre une halte reposante.
Bientôt on atteindra le col et tout s’éclaircira.
Quand la nuit
figure parmi la
sélection du Prix
des lecteurs du
Var, Fête du livre
de Toulon (p.80)
M.G-G.
Quand la nuit
Cristina Comencini
Traduit de l’italien par Jean Baisnée
Grasset, 18,50 €
Vagabondage au long cours
Trois parties à l’origine, puis 4, et finalement 5 agrémentées d’un «répertoire des principaux personnages» :
942 pages suffisent à peine à Eugène Nicole pour
raconter les histoires de son archipel natal, SaintPierre-et-Miquelon. Dans une langue qui prend son
temps, classique, piquée de mots d’une autre époque
(maréchaussée pour police, négoces au lieu de magasins…), cette fresque épique vagabonde entre
descriptions et souvenirs, réflexions et observations,
figures pittoresques et documents d’archives, faisant
revivre de manière déconstruite et foisonnante menus
événements et grands bouleversements. La lecture est
ardue car le texte est un écheveau d’anecdotes savoureuses, d’épisodes tragiques, de références historiques,
de mille et un détails topographiques, météorologiques, voir géologiques ! Le lecteur louvoie néanmoins
avec bonheur dans ce torrent de phrases magnifique-
ment balancées qui l’invitent à prendre le large, au
propre comme au figuré. Il croise les âmes chères au
jeune enfant qu’il fut (Monsieur l’instituteur, la grandmère Jeanne, Gabie, la Première Touriste et de
nombreux autres personnages fantômes) ; il imagine
les lieux magiques (le théâtre paroissial L’œuvre en
mer, la Maison Jacquet quasi indestructible à ses yeux,
le Café du nord ou l’épicentre de l’archipel…) ; il
franchit les bornes de l’intime pour atteindre à l’universel à grand renfort de plans, de cartes et de repères.
De chansons anciennes et de cartes postales jaunies,
depuis les récifs du cap de l’Aigle au bitume newyorkais arpenté par l’auteur depuis 20 ans. Et si le
récit-fleuve dévore l’histoire en l’écrivant, c’est pour
mieux faire entendre le rythme de ce «caillou» du bout
du monde.
M.G.-G.
L’œuvre des mers
Eugène Nicole
L’Olivier, 26 €
LIVRES 73
Rêve d’idéal
Thierry Discepolo est éditeur, cofondateur de la
maison d’édition marseillaise Agone qui annonce dans
sa présentation «la prétention de donner à lire ce que
l’université, des sciences à la philosophie et à l’histoire,
produit encore de connaissance subversive», «de ne jamais
publier un livre pour le seul motif de sa rentabilité, de ne
pas choisir un auteur sur le seul critère de sa notoriété
[…]» Un parti pris qu’il est bon de connaître avant
d’aborder la lecture de son pamphlet, dans lequel il
s’attaque aux éditeurs dits «indépendants» mais qui,
pour l’auteur, ont renoncé à leur indépendance éditoriale (Gallimard dans la ligne de mire), ceux qui sont
devenus des «galaxies» («petites» maisons agrégées au
système d’un éditeur plus important, en l’occurrence
Actes Sud pour la démonstration), mais qui devancent
la demande, c’est-à-dire, comme les grands groupes de
communication (Hachette-Lagardère tient la corde)
se soumettent aux lois du marché, l’édition étant une
entreprise commerciale qui se doit d’être aussi rentable
que possible, et le livre un produit commercial.
Qu’en est-il alors de la prise de conscience des auteur(e)s
qui profitent de l’efficacité des moyens de promotion
et de distribution des ces éditeurs, ceux qui «animent le
marché», alors même qu’ils contestent dans leurs écrits
ce système ? Car nombreux sont les éditeurs qui
«récupèrent» les écrits contestataires qui peuvent se
révéler lucratifs. Comment allier alors fins et moyens,
collaboration et contestation ? L’alternative existe écrit
Discepolo, avec des maisons qui «perdurent sur des
lignes éditoriales claires et exigeantes sans s’adapter au
marché suivant l’alternative dominante : nourrir les plus
gros ou se nourrir des plus petits».
S’il est contestable sur certains points, l’ouvrage n’en
est pas moins stimulant, et pose, entre autres, les bases
d’une réflexion sur les responsabilités sociales et
politiques du métier d’éditeur tout en démythifiant
l’histoire des grandes maisons.
DOMINIQUE MARÇON
Un souffle de liberté
Fresque historique ? Réflexion sur les dérives du pouvoir ? Polar politique ? Contre-utopie antique ? Il y a
de tout cela dans le dernier roman de Diane Meur
écrit dans une langue superbement maîtrisée. Deux
villes antiques, situées dans la plaine d’un Orient indéfini, sont rivales : entourée de hautes murailles Sir
méprise Hénab ouverte à tous les vents. Quand le récit
commence, le scribe Asral, chargé de copier les lois qui
régissent la ville, engage un montagnard étranger dont
le regard neuf lui ouvre les yeux. Peu à peu, à travers
métaphores et mots sibyllins, vont sourdre des significations troublantes. Et si ces lois n’étaient destinées
qu’à tromper et asservir le peuple de Sir, sous prétexte
d’organiser le bonheur de tous ? La situation des femmes, obligées chaque mois d’aller laver le linge de leurs
menstrues à un lavoir spécial, subissant ainsi un
contrôle odieux sur leur vie intime et leur moralité,
est un exemple éloquent ! Le vernis se craquelle jusqu’au moment où les conflits éclatent. Et voilà que se
renouvelle l’affrontement qui, quelques siècles plus
tôt, avait donné lieu à la partition des deux villes !
Le roman morcelle la linéarité de l’histoire par une mise
en abyme de la reconstitution romanesque : quelques
siècles plus tard, des archéologues tentent de comprendre ce qui s’est passé, et de l’écrire... Un récit dense
qui met à l’honneur le pouvoir des mots et salue la
lucidité de celui qui questionne la doctrine, et
reconquiert la liberté.
CHRIS BOURGUE
Les villes de la plaine
Diane Meur
Sabine Wespieser, 23 €
Ex fille des 80’s
Énigmatique, le titre du dernier roman de Marie
Darrieussecq. Clèves. Aurait-il à voir avec la princesse
du même nom, très médiatisée ces derniers temps ? A
priori pas grand-chose. Ou alors par antiphrase. Car
dans ce Clèves-ci, pas de bal à la cour, pas de beau duc
raffiné, et surtout pas de renoncement ! Clèves, c’est le
nom d’un patelin de l’arrière-pays basque, plus vraiment village, pas tout à fait ville. Dans cette bourgade
agréable, mais un peu loin de tout, Solange, l’héroïne,
grandit. Et change. Et essaie de comprendre. Ce qui se
passe autour d’elle : son père faux pilote de ligne et vrai
coureur de jupons, sa mère qui déprime dans sa boutique, l’étrange monsieur Bihotz qui lui sert de nounou…
Mais surtout ce qui se passe en elle, tous ces chamboulements intimes que les définitions qu’elle glane
dans le dictionnaire n’éclairent que vaguement, et que
les discussions entre copines rendent encore plus
fumeux… Inspirée de cassettes personnelles que la
romancière aurait exhumées, cette chronique de l’éveil
à la sexualité d’une jeune provinciale des années 80
épouse avec bonheur le rythme fébrile des émotions
adolescentes, leur violence, leur côté cash. Succession
de paragraphes, brefs le plus souvent, comme autant
de tentatives de saisir des sensations qui passent. Scènes
narrées au ras du geste, de la perception. Langage cru,
brandi comme un bouclier pour tenir l’émotion à
distance. Les avoir, le faire, le refaire : tels sont les 3 actes
de la métamorphose d’une fillette en femme. Menés
tambour battant par une Darrieussecq très en forme.
FRED ROBERT
Clèves
Marie Darrieussecq
POL, 19 €
La Trahison des éditeurs
Thierry Discepolo
Agone, coll. Contre-feux, 15 €
74
LIVRES
LITTÉRATURE
De l’autre côté du miroir
Franz Stangl est un des rares nazis rattrapé et condamné à la perpétuité, dans les années 70. Artisan émérite,
puis officier SS zélé, il participe au programme T4
d’extermination des handicapés mentaux avant de
diriger les camps d’extermination de Sobibor puis de
Treblinka. Travailleur consciencieux, mari aimant :
propre sur lui. Il n’a pas, dit-il, participé aux raffinements brutaux des sbires - tuer les enfants à coup de
clous ou d’une balle en vol, par exemple - mais, en
administrateur méthodique, a eu le goût d’installer un
jardin zoologique pimpant ou la reconstitution minutieuse d’une fausse gare pour accueillir les fourgons
vers la chambre à gaz : organisation harmonieuse de
l’horreur, efficacité du déni. 24 heures avant sa mort,
Stangl confie pourtant lors de ses entretiens en prison
avec la journaliste Gitta Sereny sa «part de responsabilité», il n’a «plus d’espoir». Ces formules, singulières
chez les génocidaires enclins à ne pas vouloir, ni peutêtre même pouvoir, se voir en face, est le point de
départ du livre de Dominique Sigaud. Par là, le tortionnaire franchit la ligne pour rejoindre ses victimes,
dans l’incompréhensible inhumanité de ce que
l’auteur appelle du nom étymologique de la guerre, la
werra : la planification du désastre et la négation de
l’individu. Ce livre hybride mêle ainsi l’essai historique
documenté, la compilation terrifiante des atrocités, les
citations bouleversantes des témoins de la Shoah, les
reconstitutions biographiques, les échappées allégoriques sur la permanence universelle de la werra, dragon
à mille têtes dans l’Allemagne nazie comme au Rwanda, à des bribes autobiographiques et à une fiction de
psychanalyse où le «moi» de l’auteur, comme la surface
lisse du miroir, reflète et regarde les dernières heures de
Stangl. Si la position de ce «moi» est fuyante et pas
toujours très convaincante, elle a néanmoins l’intérêt
et l’originalité de reprendre l’histoire depuis le point de
vue le plus commun, qui mobilise notre vigilance audelà des commémorations incantatoires : comment
n’étant ni témoin, ni victime, ni acteur du désastre,
chacun d’entre nous peut-il regarder, et se sentir à son
tour regardé par ça ?
AUDE FANLO
Compagnes d’armes
Reconnue en Argentine comme dans le monde anglosaxon, très appréciée des « gender studies » universitaires,
l’oeuvre de Louisa Valenzuela reste toutefois peu
traduite en français, sinon dans des anthologies – avec
par exemple une publication de quelques-uns de ses
microrelatos dans le petit ouvrage En marge de la
frontière aux éditions de la Marelle. La visite de
l’écrivain en France est donc l’occasion de revenir sur
la traduction de cinq de ses nouvelles. Une actrice en
gloire s’éprend d’un diplomate fantasque : les affinités
raffinées de la fête et de la mort jouent le jeu feutré et
désespéré de la neutralité d’une ambassade tandis que
l’étau de la dictature se resserre. Une femme vit une
dernière nuit d’amour, réelle ou fantasmée, avant
l’exécution sommaire de celui qu’elle aime. L’une
choisit de rompre avec son compagnon clandestin,
tandis qu’une autre est fascinée par le passé violent de
son amant, et que la dernière est l’objet sexuel de son
tortionnaire. Le livre est habité par la présence
silencieuse et opaque de la répression qui œuvre à
l’intérieur des couples, quand le sexe rejoue et ritualise
le politique. Interdit sous la dictature militaire, il
superpose habilement la contestation politique et le
militantisme féministe : aux armes citoyennes !
AUDE FANLO
Louisa Valenzuela était invitée aux Littorales en oct
À lire
Passes d’armes, L’Harmattan, 14 €,
En marge de la frontière, La Marelle, 17 €
Le temps est relatif
Histoire intemporelle que celle de Roméo et Juliette…
Alors pourquoi ne pas retrouver le couple maudit
quelque part à Copenhague de nos jours ? Dans Oh,
Roméo, l’auteure danoise Merete Pryds Helle, dont
c’est le premier roman, reprend les personnages, leur
nom, fait de Juliette une thésarde en médecine légale
quand son père est candidat aux élections sous la
bannière du parti national, de Roméo un chauffeur
de taxi d’origine iranienne et de son père un professeur
dans une école coranique. Ils ne devaient pas se
rencontrer, mais… Cet ancrage de l’amour impossible
dans la réalité politique du pays promettait beaucoup ;
le souffle est court hélas, et se dilue quelque peu dans
les pages que l’héroïne, très fleur bleue, consacre à son
blog, sans réel intérêt.
Dans son second roman, L’Etreinte du scorpion,
l’archéologue de formation qu’elle est croise écritures
romanesque et scientifique dans un récit fait de
phrases courtes, qui frappent autant que la chaleur du
désert jordanien dans lequel Edith participe aux
fouilles du village de Shkârat Masaied. Piquée par un
scorpion, et clouée dans sa chambre d’hôtel, elle en
profite pour écrire sa thèse. Et imagine un double
vivant à l’âge de pierre, une ère qu’elle resserre, «pour
le faire vivre par une seule génération, afin que la fiction
ait aussi sa réalité.» Une reconstitution inexacte, mais
assumée, qui entremêle le réel et l’imaginé, le connu
et l’intuitif, une porte d’entrée brillamment ouverte
sur l’évolution des espèces.
DOMINIQUE MARÇON
Oh, Roméo
Merete Pryds Helle
Gaïa, 19 €
L’étreinte du scorpion
Merete Pryds Helle
Gaïa, 20 €
Elle était présente à Marseille lors de la dernière édition
des Littorales.
Frantz Stangl et moi
Dominique Sigaud
Stock, 18 €
Dominique Sigaud était l’invitée des Littorales
LIVRES 75
Îles cicatrices des eaux
Comment résister au bonheur de citer Aimé Césaire ?
Si son esprit irrigue encore et toujours l’œuvre de
Daniel Maximin, romancier, poète, essayiste guadeloupéen, l’exigence de liberté de ce dernier permet
affranchissement et dépassement sans reniement
aucun. Faisant sienne la théorie de «géopoétique» forgée par Kenneth White, Daniel Maximin interroge
scrupuleusement, à bonne distance, le rapport de
l’homme-caraïbe dans ses créations les plus diverses, sa
culture au sens large, avec sa terre et son ciel, ouragans
et cyclones compris ! Constitué d’entretiens thématiques avec la philosophe Valérie Picaudé-Baraban (d’où
certaines reprises ou répétitions, constitutives cependant d’une méthode d’approche qui lève les voiles des
représentations figées) l’ouvrage met au clair les processus de créativité qui ont permis aux peuples de
l’archipel de passer au XXe siècle de «l’injure au
diamant». La figure dominante du paradoxe, loin d’une
rhétorique de la surprise attendue, rend compte à
travers les notions locales et historiques de marronnage,
de créolité ou de géographie exubérante, du cheminement vers la dignité universelle ; apprivoiser le cyclique
et n’en pas faire une fatalité c’est donc la seule façon
de récolter Les fruits du cyclone ! Sont convoqués dans
quatre chapitres aux larges horizons la case et le
madras, l’esclave et les Glaneuses de Millet, l’hommeplante et l’identité rhizome, le gros-Ka et le «son»
cubain, avec la même légitimité théorique que les
écrits des poètes Derek Walcott ou Nicolàs Guillén.
Emblématiques de ces questionnements, les pages
lumineuses sur le monde pictural de Wilfredo Lam
qui opère la métamorphose de l’outrage à l’œuvre
d’art... Dans la compagnie des poètes et dans une
langue de grande tenue où affleure pudiquement le
«brutal vouvoiement français des remontrances
paternelles» Daniel Maximin démontre que l’artiste
engagé doit «refuser d’être prisonnier de l’histoire de
sa prison» .
MARIE-JO DHO
Les fruits du cyclone , Une géopoétique de la Caraïbe
Daniel Maximin
Le Seuil, 22 €
Morceaux choisis
Comment dire un monde à la dérive, marqué par la
césure, peuplé d’orphelins, d’hommes sans tête, d’êtres
murés dans leur solitude ou leur folie ? Comment, à
travers le dédale de ces «would be lifes», de ces «ramifictions», évoquer un deuil plus personnel ? En les
livrant «en vrac», toutes ces bribes de vies, et en les
commentant, afin de les relier, de les tisser en un fil
fragile, «à l’image du monde, de nos vies en morceaux».
«Je ne peux offrir mieux que ça : des fragments, des
débris», écrit Camille de Toledo, au cœur de Vies potentielles, son dernier livre qu’il appelle «roman» ; un
ouvrage qui déroute au départ, puis rapidement captive. 47 fictions brèves, aux titres souvent étranges, s’y
succèdent, comme autant de pièces éparses d’un puzzle qui peu à peu prend forme. On y croise (et recroise)
quelques destins d’une humanité post-moderne,
personnages en quête de sens inspirés par des lectures,
À toi
1842 : la marine anglaise bombarde Baltimore.
L’hymne national U.S. naîtra de cette abomination.
1969, Final du festival de Woodstock, un métisse
noir/blanc/cherokee de vingt six ans triture le symbole
dans un déluge mêlé d’apocalypse électrique. Une
légende rock contre l’horreur de l’usage des valeurs
américaines au Vietnam. À partir de cet évènement, et
s’appuyant sur des faits précis de l’histoire (peu
héroïque) nord américaine comme de la vie de Jimi
Hendrix, Lydie Salvayre réécrit avec une bonne dose
de ses tripes une biographie passionnée du trop timide
guitar heroe. Est-ce un roman ou bien un cri d’écriture ? La forme affirmée de l’auteure, au début agaçante
dans ses répétitions obsessionnelles (les date, heure,
minutes, lieu de l’évènement) devient un équivalent
stylistique à la version musicale tonitruante infligée au
Star Sprangled Banner. Contextualisé par touches, cet
des mythes, des faits divers, des épisodes vécus. Chacune de ces «vies potentielles» est suivie d’une «exégèse»
menée par le dénommé Abraham, sous lequel perce
assez vite la figure de l’auteur. 9 «genèses» ponctuent
l’ensemble, apocalyptiques (et poétiques) contrepoints
à la narration centrale. De fait, dans cette entreprise
littéraire originale et émouvante, qui emprunte aux
contes, à la bio et à l’autobiographie, à la tradition biblique et aux coupures de presse, on sent l’urgence à
ordonner un tant soit peu le monde. Tout sauf du
vrac, en fin de compte.
FRED ROBERT
Vies potentielles
Camille de Toledo
Seuil, 19 €
Camille de Toledo était présent aux Littorales
hommage brise le miroir du mythe fumette dans les
étoiles, rock/sex/drugs pour l’ancrer dans le réel, celui
d’un gamin qui n’a pas trouvé, pour résister et survivre
insuffisamment longtemps, d’autre salut qu’une
planche de bois électrifiée et l’appui bienveillant d’une
grand-mère indienne lucide. Mais être obligé par
contrat signé à la hâte avec un manager avide d’assurer
jusqu’à 255 concerts par an relevait d’une inhumaine
exploitation. Le système économique prédateur de
l’entertainment se mettait en place. Hendrix a tenu
avec des expédients, fournis en quantité par ce même
manager, jusqu’à épuisement de ses ressources humaines, tant physiques qu’artistiques. C’est ce que cet
Hymne élégiaque et cruel prolonge dans ses résonances actuelles. Rest in peace monsieur Hendrix.
CLAUDE LORIN
Hymne
Lydie Salvayre
Seuil, Fiction & Cie, 18 €
76
LIVRES
LITTORALES | ACTORAL
Quand glissent
les frontières…
L’été a brillé sur la dernière édition des
Littorales. Les parasols installés entre
les chapiteaux en ont abrité plus d’un,
venus se poser un instant entre une
flânerie ou une séance de signature sur
les stands des libraires, une balade parmi des merveilleux livres-objets du
Book Project International, une rencontre littéraire, une escale au forum
radiophonique, un atelier d’écriture…
Le festival littéraire marseillais rassemble
polyphonique de Simonetta Greggio,
Luisa Valenzuela (voir p.74) et Metin
Arditi (voir Zib’45) ; périple ultramarin
en compagnie de Daniel Maximin (voir
p.73), d’Eugène Nicole (voir p.72) et
de Roland Brival…Mais c’est l’Afrique
qui a été au centre des débats. Probablement parce que la plupart des Africains
y restent aujourd’hui parqués, ne pouvant en sortir que par le hasard (et les
risques) des réseaux clandestins. La fron-
© Juliette Luck
tière, pour eux, n’est pas une vue de
l’esprit. C’est sans doute pour cette raison que le premier invité de la journée
de réflexion était Frédéric Valabrègue.
Quand nous l’avions rencontré début
2011, à propos de son roman Le Candidat (voir Zib’37), il avait insisté sur
cette terrible injustice : les jeunes de
tous les pays circulent librement dans le
monde, pas les jeunes africains ! L’Afrique est un «continent qu’on assigne à
ses frontières» a-t-il redit. C’est pourquoi
ce «bloc d’Afrique», cette «cagnotte de
sensations» dans laquelle il a pioché
pour écrire Le Candidat, c’est son cadeau
au Niger. Et le voyage d’Abdou, c’est
l’espoir d’une Afrique qui avance libre…
Pas gagné !
Pourtant, elle bouge, elle vibre, l’Afrique ! Et pas seulement En novembre à
Bamako. Si le titre du très bel ouvrage
de Valérie Marin La Meslée et Christine Fleurent est né d’une boutade en
écho au tube mondial d’Amadou et
Mariam, il reflète aussi une certaine
réalité de la vie artistique malienne, qui
se concentre dans la capitale ce mois-là.
kora de Chérif Soumano.
Les Littorales ont aussi convié à d’autres
glissements de frontières. Dominique
Sigaud (voir p74) et Laurent Binet se
sont interrogé sur le lien entre éthique
et esthétique ; comment raconter l’Histoire sans la trahir, comment surtout
éviter ses bégaiements ? Écrire sur hier
pour réfléchir sur aujourd’hui. Abolir
les frontières entre les vivants et les
morts, c’est ce que tente également Robert Bober, dont toute l’œuvre, d’écrivain,
de réalisateur, est une tentative pour
«montrer l’absence» ; ce que la projection émouvante de son documentaire
consacré à l’émission Lectures pour tous
de Dumayet a mis en évidence.
À noter enfin le bel échange qu’ont eu
Lydie Salvayre (voir p.71), Camille de
Toledo (voir p.75) et Marie Cosnay
autour de leurs «fragments de vie» ;
autant de façons de repousser les limites de son
existence en écrivant celles
d’autres, célèbres comme
Jimi Hendrix (Salvayre),
anonymes interrogés dans
les centres de rétention du
Sud-Ouest (Cosnay), ou
«potentielles» (de Toledo).
Et à la fin le pouvoir des
mots, lus, dessinés se leva
et souffla, emporté par un
membre du commando
poétique. Des mots pour
s’ouvrir au monde et en
être littoralement transporté. FRED ROBERT
© Juliette Luck
chaque automne de plus en plus de
monde. Et si la journée de réflexion du
vendredi n’a pas attiré suffisamment de
public, espérons que, dans les années à
venir, les passionnés sauront prendre le
chemin de la Bibliothèque départementale (en tram, c’est facile !) comme
ils savent désormais emprunter les escaliers qui montent à La Bo[a]te. Une
programmation éclectique de qualité,
des formules et des lieux variés ; la manifestation organisée par les librairies
indépendantes de la ville offre à tous
une approche sensible de la littérature
et de la création contemporaines. Pour
cette édition 2011, le thème était celui
des «frontières en mouvements» : une
jolie invitation à s’interroger sur la
notion même de frontière et à franchir
les barrières de temps, de lieux, de
genres et de pratiques artistiques.
Lorsqu’on prononce le mot «frontière»,
on pense d’abord à celles qui séparent
des pays. Il a donc été largement question de géographie et de voyages durant
ces quelques jours : traversée des langues et des cultures avec la rencontre
© Juliette Luck
C’est pour aller plus loin et livrer un
état des lieux de la création contemporaine dans une capitale comme Bamako
que la journaliste littéraire et la photographe, après plusieurs séjours au
Mali, ont réalisé ce superbe carnet de
voyage, promenade fluctuante entre les
quartiers et les disciplines, les artistes et
les gens de la rue, les aînés et les plus
jeunes. Dans la courette ornée de bambous de La Bo[a]te, après le vernissage
de l’exposition photographique, la
rencontre avec ces deux amoureuses de
l’Afrique, véritables passeuses de la culture malienne d’aujourd’hui (elles se
sont débrouillées pour faire coéditer le
livre au Mali, ce qui n’est pas aisé), fut
un enchantement. Quelques heures plus
tard, on y retrouvait la pétillante Valérie
en dialogue avec son confrère africain
Sami Tchack, juste avant le concert de
Les Littorales,
festival littéraire
organisé par l’association
Libraires à Marseille,
s’est déroulé
du 12 au 16 oct.
Derniers actoraux
Monter le Socle des Vertiges sur le grand plateau de la Criée, c’est comme
mettre en scène l’Iliade avec variantes et commentaires ; c’est oser
crânement la démesure en ces temps de petites voix… Confronté à
l’univers puissant de Dieudonné Niangouna, auteur, metteur en scène
et acteur, le spectateur se sent tout petit : pas assez d’oreille pour
entendre, trop peu d’yeux pour voir ; quant à tout comprendre...
L’Histoire nationale (Congo/Brazzaville) et ses bifurcations brutales,
l’histoire familiale et ses labyrinthes universels, se croisent, se superposent
sans répit. Temps du mythe et rythme de la rue, lenteur extrême,
accélération, répétition… Un grand entrepôt en chantier permanent,
mur du fond drapé de sacs genre aide alimentaire, accueille tout un
monde qui parle à travers les personnages, le hurlement du saxo, les
slogans politiques et même par la voix fantôme d’Omar Bongo ; au
milieu des parpaings et des barbelés, de la terre glaise façonnée par trois
acteurs démiurges (grand moment qui s’étire dans la durée efficacement) ou sur un plateau vide délimité par des images fortes cruellement
énigmatiques (coqs de combat, zébu cou coupé dont le sang gicle en
rafale), les corps des hommes se campent solidement et monologuent
puissamment, verbe haut et mains mobiles... Epopée balèze, texte
souverain qui écrase parfois le jeu ou déroute l’attention : du théâtre
pour les vivants, «éprouvant» au sens plein du terme, gage sans doute
d’une véritable liberté d’expression !
Deux jours avant le Congo Actoral était au Mexique avec Catherine
Marnas. La metteur en scène, privée de la création de Pancho Villa après
l’annulation de l’Année du Mexique, a présenté quelques extraits de
cette commande «qui ne verra jamais le jour», suivie d’une lecture
théâtralisée de Usted està aqui, toujours de Barbara Colio. Un texte qui
frappe par la violence du monde évoqué (au Mexique les morts de la
guerre actuelle entre narcos, état et citoyens se comptent par dizaine de
milliers chaque année), mais aussi par la force simple de son écriture
dramaturgique. L’auteure réinvente Antigone, incarnée par une mère
Mexicaine qui veut retrouver et enterrer son enfant, et qui se bat contre
un Créon écœurant de mauvaise foi et de couardise, des assassins
monstrueux d’inconscience, une famille qui veut oublier, une société
qui s’abîme dans la consommation effrénée, jusqu’à ce que la violence
du réel vienne interrompre la représentation tragique, faisant planer une
menace de mort palpable sur les acteurs eux-mêmes… La théâtralisation, habitée par Bénédicte Simon et Franck Manzoni, s’affranchit de
la table et du micro, rythme l’espace de la scène juste entre lecture et
représentation : sans jamais aller au bout de l’incarnation, en faisant
frissonner pourtant, comme si l’on y plongeait. Un jeu avec le jeu d’une
grande virtuosité…
MARIE JO DHÔ ET AGNÈS FRESCHEL
Usted està aqui a été présenté à La Friche le 10 oct,
Le Socle des Vertiges à la Criée le 11 et 12 oct
Dieudonne Nangounia © X-D.R
78
RENCONTRES
COLLOQUE ARTAUD | RENCONTRES CAPITALES
Deux jours avec Artaud
Denis Guenoun, metteur en scene de Artaud - Barrault a La Minoterie © X-D.R
Difficile de suivre les routes d’Artaud. Chemins de
traverses, voyages imaginés tout autant que vécus,
impasses, les voies d’Artaud semblent impénétrables… C’est pour tenter de démêler l’écheveau d’une
œuvre géniale et tourmentée que Denis Guénoun a
organisé deux jours d’hommage au poète. Ni colloque
universitaire, ni rencontre littéraire. Plutôt «une sorte
de conversation» entre des intervenants divers et un
public actif de passionnés et d’étudiants. Histoire de
croiser des points de vue souvent divergents, de sortir
des ornières préconçues creusées autour de cet homme
inclassable.
Durant la première de ces deux journées particulières,
l’universitaire Jacob Rogozinski a retracé les «routes
et déroutes» d’Artaud, suivant pas à pas son Journal et
ses Lettres pour montrer combien chaque voyage, au
Mexique, en Irlande, est la recherche d’une introuvable issue : «on ne va jamais que nulle part». La folie
serait-elle la seule évasion réussie ? Pour Rogozinski,
la folie d’Artaud n’est pas une dérive créatrice ; elle est
déportation, exil à soi. La seule voie pour sortir de cet
enfer(mement) reste la création. L’écriture serait donc
pour Artaud une marque de son combat acharné
contre ce qu’il nomme «la poche noire».
Pour le psychiatre et psychanalyste Renaud de Portzamparc, au contraire, Artaud est l’exemple d’une
«folie pas du tout invalidante», puisqu’il n’a pas été
diminué par les années d’internement. En témoignent
ses nombreux Cahiers (l’édition complète est désormais disponible dans la collection Quarto), qui offrent
un véritable travail d’autoanalyse. Une manne pour
les cliniciens que ce «personnage en quête d’auteur»,
ce sujet qui se dérobe sans cesse, fascine.
Quant au philosophe et metteur en scène Olivier
Saccomano, il a rappelé que, pour Artaud, le théâtre
constitue le «lieu d’union de la pensée, de l’acte et du
geste» et s’est élevé contre certaines idées reçues, récurrentes dans les lectures contemporaines de ce théoricien
Stanislas Rouquette dans Artaud - Barrault mis en scene
par Denis Guenoun a La Minoterie © Emile Zeizig
novateur. Saccomano voit dans ce théâtre, comme
chez Jouvet, un type spécifique de pensée, qui advient
sur la scène, vivifiée par l’acte. Même s’il pointe les
paradoxes d’une théorie qui peine à articuler l’écrit (la
parole, le texte) et le mouvement de la scène, ainsi que
les limites d’un théâtre rêvé plutôt que pratiqué.
Point d’orgue des deux journées : le spectacle Artaud/
Barrault au Théâtre de La Minoterie. Habilement
conçu et mis en scène par Denis Guénoun, brillamment interprété par le jeune Stanislas Rouquette, ce
montage de souvenirs de J-L Barrault et de lettres
qu’Artaud lui avait envoyées entre 1935 et 1945 est un
pur enchantement. Hommage de Barrault à celui qui
lui révéla la «métaphysique du théâtre» ; hommage
aussi au jeu théâtral, à sa magie qui opère là sur le
plateau et ressuscite deux monstres sacrés. Béret bas !
Les Routes d’Artaud ont eu lieu les 4 et 5 nov
Les actes seront édités aux Solitaires intempestifs
À venir
Artaud, voyant de l’éternel
exposition photographique
jusqu’au 7 janv
ABD Gaston Defferre, Marseille
04 91 08 61 00
Sur les traces d’Artaud
Balade littéraire avec Sabine Günther
Le 20 nov à 11h
Passage & Co
gratuit sur inscription au 04 13 31 82 00
FRED ROBERT
Rencontres de sourds
semble réaliste, même s’il prédit que l’aide proposée
aux affamés par les pays riches sera réduite comme
peau de chagrin en raison de la crise. À ma gauche,
l’écrivain philosophe et agriculteur, le frêle et
Collectif La Choucroute © X-D.R
Accéder au Palais du Pharo, et passer deux jours à
choisir parmi plusieurs tables rondes celle qui sera la
plus stimulante, ce n’est pas mal. Tout ne fut pas
agaçant dans ces Rencontres Capitales, il fut même
drôle d’assister à un débat intitulé «Comment
imaginer un nouveau capitalisme ?» sans qu’une
alternative, décroissante ou socialiste, ne soit évoquée
en contrepoint. Cependant, il était délicieux de voir
tant de monde se poser la question de notre avenir,
interpeller les intervenants avec impertinence et
suggérer des pistes de réflexions (parfois fumeuses,
parfois frappées au coin du bon sens) pour «sauver la
planète». Indéniablement, les Marseillais apprécient
l’art de la controverse en direct et font preuve d’une
intense curiosité…
La palme du dialogue improbable peut être décernée
au duo Pierre Rabhi / Jean-Christophe Rufin,
cherchant des solutions à la crise alimentaire dans le
monde... À ma droite, le médecin-diplomate-écrivain
ne croit pas à un changement de paradigme qui
permettrait à l’humanité de survivre. Face à l’ampleur
des problèmes, une simple réforme de l’existant lui
néanmoins charismatique Pierre Rabhi. Ses
propositions sont concrètes, son discours mobilisateur.
Lorsqu’il raconte l’histoire désormais célèbre du colibri
qui part à l’assaut d’un grand incendie avec les
quelques gouttes contenues dans son bec, satisfait de
«faire sa part» pour la collectivité, Rufin bougonne
«C’est bien joli, mais le colibri tout seul serait moribond
dans un champ de ruines !». Rabhi réplique : «La planète
recèle tellement de ressources qu’elle peut nourrir tout le
monde. Il faut croire en l’inventivité de la société civile et
mobiliser notre imaginaire tétanisé par un système qui
dit «on fait tout pour vous»».
Quant au prix du public, il reviendra au collectif La
Choucroute, qui attendait la sortie des débats pour
rassembler ses ouailles autour d’une messe en latin,
manière de souhaiter bienvenue «en humanisme» aux
personnalités conviées par les organisateurs. Tant il est
vrai que si nous espérons changer le monde, il vaudrait
mieux ne pas en laisser l’initiative à certaines têtes
d’affiches de ces Rencontres, tels Luc Ferry, Bernard
Kouchner ou Henri Guaino !
GAËLLE CLOAREC
MAUPETIT | PAYS D’AIX | ABD DEFFERRE
RENCONTRES
LIVRES 79
79
L’imagination au pouvoir
Pour sa 3e édition, le Festival de l’Imaginaire du Pays d’Aix prend une allure
de croisière, avec animations, tables rondes,
lectures, projections, dans une ambiance bon enfant. Les festivités s’égaient
entre Rognes, Les Pennes-Mirabeau et
Lambesc. Les auteurs se rencontrent,
tissent des liens, se lisent… pour une introduction à la littérature fantastique
qui constitue le cœur d’une fête où le public est convié à activement participer.
La jeune association Terre de Jeux propose des ateliers de confection de costumes
et d’armes pour des jeux de rôle grandeur
nature, transmis in situ avec l’association Rêvalité au format plateau pour
les enfants qui le souhaitent : l’imagination est cultivée par le conteur, qui
propose des schémas d’improvisation,
avec possibilité de le transformer…
Les dessins de Nicolas Fructus, le compositeur de l’affiche du festival de cette
année, construisent d’improbables architectures entre minéral et vivant, travail
d’une extrême minutie où l’on peut
trouver les influences de Moebius ou de
Druillet, avec les cités flottantes d’un
Miyazaki, des monstres cauchemardesques, des villes immenses où la question
de la place de l’humain se pose. Nicolas
Fructus présente son dernier ouvrage,
Kadath, où ses illustrations, qui endossent une fonction dramatique, se marient
aux textes de 4 auteurs, dont Laurent
Poujois qui cultive l’uchronie avec son
Ange Blond. (Et si Napoléon avait remporté la guerre, quelle serait notre histoire ?).
On rencontre aussi : Vincent Corlaix et
son anthologie, 14 nouvelles par 14
auteurs à partir de l’écoute du Requiem
Arrière-cours
et arrière-mondes
Dans le cadre des Écrivains en dialo- une perception insolite, qui les excède.
gue, Pascal Jourdana animait une Il y a aussi, dans cet art consom-mé du
détail et de la digression, à la fois
rencontre réunissant Christian
une ironie mélancolique,
Garcin et Jean Rolin. Leurs
une fantaisie discrète et
œuvres respectives sont
réjouissante,
un
unies par d’évidentes
humour distancé, tenu
affinités électives, à
et précis comme leurs
commencer par un
langues, que la
goût commun pour les
rencontre avec les
arrière-mondes
écrivains
permet
comme les arrièred’entendre dans leurs
cours, les confins déserts
propos et leurs échan-ges
comme les culs de sacs.
Christian Garcin © X-D.R comme dans leurs récits,
Les deux hommes aiment
dont de larges extraits sont lus par
aller au bout du monde, et même
un peu plus loin, vers les espaces sau- le comé-dien Jean-Marc Bourg, à la
vages et râpeux de l’Extrême-Orient fois sobre et chaleureux. Un bon
russe, ou du Tadjikistan, habités d’aigles moment, en bonne compagnie.
et de marmottes fluorescentes (ou pas). AUDE FANLO
Ils aiment aussi, et peut-être de
Jean Rolin © Francois Bon
la même manière, les
La rencontre du 8 nov
espaces urbains à la
à la BDP Gaston Defferre
destination équivoque (un partenariat
ruelles à chiens, cours
La Marelle/CG 13) est à
vides, terrains vagues,
retrouver prochainement
périphériques, paliers
sur France Culture
d’immeuble - pour leur
banalité étrange et
À lire
universelle.
Écrivains
Le ravissement de Britney Spears
voyageurs ? Pas vraiment, et
(voir Zib’45), Jean Rolin POL, 17 €
sûrement pas pour l’exotisme
Des femmes disparaissent, Christian
romanesque
que
suggèrerait
Garcin, Verdier, 16 €
l’expression. Il s’agit au contraire
En descendant les fleuves, Christian
d’arpenter les zones grises et les espaces
Garcin et Éric Faye, Stock
vides, de se nourrir de lieux vus et de
Le minimum visible, recueil collectif,
rencontres fortuites, que la fiction
le Bec en l’air.
restitue avec un souci d’exac-titude
quasi-maniaque pour les déplacer vers
férences aux initiations des indiens Mic
Mac ; Fabrice Bourland et ses polars
pétris de culture et de suspens ; Claude
Ecken qui excelle dans la nouvelle de
SF ; Sylvie Lainé à la prose fluide et
poétique, qui joue aux frontières du
fantastique. Tous accomplissent un
énorme travail de recherche pour construire leurs univers respectifs… pour le
plaisir des lecteurs !
M.C.
Faelh, spectacle deambulatoire de la Cie Les
Dragons du Cormyr © Cie Les Dragons du Cormyr
du feu de Nicholas Lens ; Eric Simard
et ses romans jeunesse empreints de ré-
Le Festival de l’Imaginaire du Pays
d’Aix a eu lieu du 20 au 23 oct
Le miroir aux éperluettes,
Sylvie Lainé, ActuSF
Le monde, tous droits réservés,
Claude Ecken, Pocket Science-fiction
La dernière enquête du chevalier
Dupin, Fabrice Bourland, 10/18
Philo pour tous
La philo fait des incursions en maternelle ; on parle de l’enseigner
dès la classe de seconde et, de cafés philo en ouvrages de vulgarisation à destination de publics non spécialistes, la discipline de Platon
connaît une vogue certaine. C’est ce qu’on a pu vérifier à la librairie
Maupetit, dont le nouveau gérant, Damien Bouticourt, a proposé
à Valérie Dufayet d’animer une série de rencontres joliment
intitulées Phil’Osons. Première session, principalement destinée
aux enfants. Assise en tailleur au milieu de participants de 4 à 12 ans
(dont les parents étaient là, et aussi quelques adultes curieux), la
dynamique professeure de philo lance la séance. Une heure, trois
thèmes, et non des moindres : la violence, la vie, l’amour et l’amitié.
Chacun est introduit par la lecture d’un conte tiré des Philo-Fables
(éd. Albin Michel), histoire de susciter les réflexions… qui ne manquent pas de fuser, en particulier de la bouche d’une étonnante
Rosalie de 6 ans, authentique philosophe en herbe. Bien sûr,
l’échange est bref et les thèmes tout juste abordés ; mais ce genre de
rencontre lance des débats que parents et enfants pourront poursuivre à la maison… livres à l’appui !
FRED ROBERT
À lire, à offrir
Les grands sages parlent aux petits sages (Milan Jeunesse, 14 €)
Le monde, les autres et moi, 120 réponses à de vraies questions d’enfants
(Bayard Jeunesse, dès 8 ans, 20 €)
Le livre qui fait parler les parents et les enfants de 7 à 10 ans
(Flammarion, 15 €)
Citons aussi deux collections bien faites, Les petits Platons
(agrémentée de belles illustrations) et, aux éd Nathan,
PhiloZenfants
Phil’Osons a commencé le 5 nov
à la Librairie Maupetit, Marseille
Ces rendez-vous philoludiques animés
par Valérie Dufayet auront lieu tous les mois.
Le prochain, destiné à un public adulte, se déroulera le 26 nov
à 17h: une heure de Ballade en art contemporain
à travers la photographie
04 91 36 50 50
80
RENCONTRES
TOULON | AIX | AUBAGNE | MARSEILLE
Deux en une
François Beaune, Morgan Sportes, le
tout nouveau «goncourtisé» Alexis
Jenni, Jean-François Khan, Serge
Moati… Boualem Sansal, Alexandre
Najjar, Yahia Belaskri… Et l’écrivain
égyptien Gilbert Sinoué, Grand prix
de littérature policière pour Les silences
de Dieu, président du Prix des lecteurs
du Var décerné au Serbe Srdjan
Valjarevic pour son roman Côme (voir
p.72).
maire de Toulon Hubert Falco, qui
balaye d’un revers de manche d’éventuels arbitrages financiers (tu expliques
exactement ou tu enlèves…)
Coup double donc, pour une édition propice à l’échange entre le public (50 000
visiteurs l’an derbier), les professionnels,
les auteurs (300 dont 40 varois) et les
artistes (Irène Jacob, Antonio Zambujo,
Claude Tchamitchian, Georges Appaix,
Franck Micheletti…) qui donneront à
lire, voir et entendre la richesse artistique «des pays frères». Les cafés littéraires
accueilleront Michel Déon comme
Enki Bilal, les débats professionnels
évoqueront les musiques actuelles en
Méditerranée comme la littérature
jeunesse dans le monde arabe. Le
spectre étant très large, «tous les écrivains
qui ont du succès et ceux qui le recherchent
seront là car la volonté du département est
de valoriser toutes les écritures». Pêle-mêle
Désir d’avenir ?
L’Agence Régionale du Livre PACA organise le second colloque sur Les métamorphoses numériques du livre. Deux journées de réflexion gratuites, ouvertes à
tous sur inscription (bulletin téléchargeable sur le site), et dont la première édition
fut passionnante. Les questions essentielles pour l’avenir du livre y furent posées
dans un contexte de crise du droit d’auteur et de tâtonnement quant aux
performances réelles du livre numérique. Cette seconde édition verra se succéder
des intervenants passionnants, universitaires, sociologues (Olivier Donnat),
artistes, directeurs des stratégies numériques au sein de maisons d’éditions,
techniciens de l’information… Un colloque qui affiche clairement ses orientations,
puisqu’il est question de «penser la transition» de la culture écrite à la culture
M.G.-G.
Gilbert Sinoué © X-D.R
Pour la première fois, la 15e Fête du livre
de Toulon intègre à sa programmation
les Rencontres méditerranéennes pour
répondre, selon Horace Lanfranchi,
Président du Conseil général du Var, à
une « volonté d’enrichir la manifestation
et d’utiliser toutes les richesses du territoire». Citant au passage le Théâtre
Liberté, nouveau venu parmi les structures culturelles partenaires, publiques
et privées. Le cœur de la Fête demeure
l’immense chapiteau dressé place d’Armes où convergeront notamment cinq
éditeurs du bassin méditerranéen (Barzach/Algérie, Tamyras/Liban, Le
Fennec/Maroc, Elysad/Tunisie, Portaparole/Italie) et deux éditeurs français
spécialisés dans la littérature méditerranéenne (Actes sud-Sindbad et Encre
d’Orient). Un rapprochement qui s’annonce fédérateur, justifié comme «une
envie de ne pas se diluer» par le sénateur-
Couleurs littéraires
Fête du livre de Toulon
du 18 au 20 nov
www.fetedulivreduvar.fr
numérique, et qu’il n’invite pas d’écrivains. Il s’agira, avec Milad Doueihi, de
construire un «humanisme numérique», penser le livre numérique est-ce penser sa
disparition de la littérature ? sa transformation, ou sa séparation d’avec le livre
scientifique ? A.F.
Les métamorphoses numériques du livre
Les 28 et 29 nov
Cité du Livre, Aix
04 42 91 65 24
www.livre-paca.org
Pour attraper les mots
Laurent Corvaisier, l'un des invité de Grains de Sel, Aubagne 2011 © X-D.R
Aubagne, ville d’oiseleurs, jette ses grains de sel pour
attraper les livres ! Nouvelle mouture cette année pour
la fête du livre jeunesse d’Aubagne. Ce rendez-vous
incontournable pour les fans de littérature jeunesse
quitte la périphérie de la ville pour oser le centre
d’Aubagne, se répartissant entre trois salons aux noms
évocateurs, Peter Pan, Shéhérazade, Gulliver ; huit
pagodes aux délicieux noms d’oiseaux - des prémisses
d’évasion ! - linotte, calao, bulbul, toucan, chouette,
héron, caracara, colibri, avec leurs spectacles, leurs
contes, leurs ateliers ; et quatre autres pagodes où
s’affiche la parole pour la Tanchô (carpe du Japon,
sic !), où l’on voit l’autre côté du miroir, avec l’espace
presse de la Jabberwock, où l’on se détend en trouvant
un espace dédié à la lecture, histoire de se vivifier et
de renaître, dans la «Quetzalcóatl» ou la «Phénix».
Spectacles gratuits (pensez à vous inscrire !) dans les
pagodes et au théâtre Comoedia, rencontres et
conférences au cinéma Le Pagnol, spectacle dans la
rue (le 20 nov à 17h30 au cours Voltaire, L’effet Sphère
par la compagnie Les Quidams), parcours de
découverte, goûters au pain d’épice, expositions,
ateliers philo, rencontres avec les écrivains, nombreux,
et les illustrateurs d’ici et d’ailleurs, tous de qualité. Les
17 et 18 nov sont plutôt consacrés aux scolaires, et les
19 et 20 au public familial.
Quatre journées d’effervescence littéraire que les
librairies partenaires entretiennent toute l’année. Et
qui affirme la continuité d’une politique culturelle de
la lecture… Un Grains de sel pourtant étrangement
défendu, pour une addition sans doute salée, dans des
spots publicitaires télé. Le meilleur média pour
défendre le livre ?
M.C.
Grains de sel
Journées du livre jeunesse d’Aubagne
du 17 au 20 nov
04 42 18 17 77
www.aubagne.fr/grainsdesel
Méditerranée, toujours
DO.M.
Ecrimed, 3e édition
Les 3 et 4 déc
Espace Bargemon, Marseille 2e
www.salonecrimed.fr
Maissa Bey © X-D.R.
Tahar Ben Jelloun © C. Helie Gallimard
Pour sa 3e édition, le Salon littéraire
des écritures Méditerranéennes occupera l’Espace Bargemon, les 3 et 4 déc,
dans un espace, à des dates et avec des
thèmes qui tiennent compte cette année des grands rendez-vous intellectuels
et littéraires «méditerranéens» de la région, comme les Rencontres d’Averroès
ou le salon méditerranéen de Toulon, et
évitent d’entrer en concurrence en proposant des thèmes différents. Durant
deux jours, sous le parrainage du poète
et critique littéraire syrien Adonis et de
l’écrivain franco-marocain Tahar Ben
Jelloun, se succèderont des tables rondes, des rencontres lors des «Bistrots
Picouly», un moment dédié aux dédicaces, un espace Contes de la Méditerranée
animé par Lise Couzinier pour les
enfants, et, comme l’an dernier, une
exposition de portraits d’auteurs pris
par Olivier Monge depuis le 1er Salon.
Le programme des tables rondes mérite
une attention particulière, et notamment :
le 3 déc de 11h à 12h30, la tunisienne
Azza Filali, l’algérienne Maïssa Bey, le
turc séfarade Mario Levi, la grecque
Ersi Sotiropoulos et l’espagnol Sergi
Pamiès se pencheront sur l’identité méditerranéenne et le thème de l’eau ;
l’après-midi du même jour, de 15h15 à
15h45, un questionnement brûlant :
Où étaient les écrivains dans le printemps
arabe ? Pour en débattre prendront place Tahar Ben Jelloun, le lybien Kamal
Ben Hamada, l’égyptien Khaled el
Khamissi, le palestinien Najwan Darwish et l’israëlien Mosche Sakal. Le
lendemain seront abordés les thèmes de
la traduction (de 10h à 11h30) avec
Sylvie Cohen, Antoine Jockey, Mosche
Sakal, Colette Fellous, Rosetta Loy et
Ersi Sotiropoulos.
Un programme qui permet d’assister
aussi aux discussions animées par Daniel Picouly, et notamment celles qui
réuniront Rosetta Loy et Tahar Ben
Jelloun autour de la bibliothèque méditerranéenne idéale (3 déc de 10h à 10h45),
Azza Filali et Maïssa Bey, Deux femmes
maghrébines dans le printemps arabe (3
déc de 14h15 à 15h), ou encore Colette
Fellous et Ersi Sotiropoulos sur le thème
Réalité et fiction (4 déc de 14h15 à 15h).
82
RENCONTRES
AU PROGRAMME
Approches Culture(s) et Territoires – 04 91 63 59 88
Mémoire en chantier : 1re biennale du Réseau pour
l’Histoire et la Mémoire des Immigrations et des
Territoires. Exposition visuelle et sonore Nous venus
d’ailleurs, immigrer, vivre et travailler à la Seyne-sur-Mer
jusqu’au 15 déc à la Maison du patrimoine à La
Seyne ; expo Du bateau à la cité, l’enfermement à
Marseille XVIIIe-XX e siècles, jusqu’au 21 jan aux
Archives départementales des B-d-R Marseille ; expo
photos Portraits d’anciens combattants de l’armée
d’Afrique, jusqu’au 19 nov à la médiathèque
intercommunale de Miramas ; expo de Moustafa
Goudil, Des valises sous les yeux, du 7 au 14 déc à la
Friche du Panier Marseille ; rencontre-débat avec
Laurence Americi (Une main d’œuvre immigrée
depuis… 1916), Cesare Mattina (De la ville-usine à
l’urbanité sans usine) et Ali Mekki (Sidi Aïch sur
Durance) le 18 nov à 19h à la MJC Saint-Auban à
Château-Arnoux ; conférence de Jean-Marie Guillon,
historien, et Jean-Michel Guiraud, animateur de
l’assoc. Varian Fry, sur La seconde guerre : La Provence
refuge et piège, le 24 nov à 18h30 aux ABD Gaston
Defferre Marseille ; conférence de l’historien Gérard
Noiriel sur le massacre des italiens survenu à Aigues
Mortes en 1893, le 26 nov à 13h30 à la médiathèque
de La Destrousse ; conférence du neurologue Boris
Cyrulnik dans le cadre de l’exposition Harkis, portraits
au camp des invisibles, le 29 nov à 18h30 au centre
aixois des Archives départementales des B-d-R ; 3
tables rondes dans le cadre de Immigrer, vivre et
travailler à la Seyne-sur-Mer de 1945 à nos jours :
entrées dans la ville, témoignages pour l’histoire et des
objets pour mémoire, le 1er déc de 9h à 18h30 à la
salle L’Impasse à La Seyne-sur-Mer ; Rencontre(S) en
pays minier avec la cie KARNaVIrES qui présente
Traces et publications de Mémoire des migrations en pays
minier, ACT qui anime une table ronde sur Mémoire
et culture en pays minier et l’assoc. Contacts qui
organise une rencontre sur Exil et Mémoire (3 déc à
15h), le 2 déc à la médiathèque de Gardanne ;
conférence de Jean-Jacques Jordi sur La fin des colonies,
le 6 déc à 18h30 aux ABD Gaston Defferre Marseille
; colloque sur Histoire – Mémoire des immigrations et
des territoires, les initiatives des réseaux régionaux : état
des lieux, perspective d’avenir avec la Direction
Régionale Jeunesse, Sport et Cohésion Sociale Paca,
le 8 déc de 9h à 17h à la salle les Aiguades à Port-deBouc ; journée d’étude Du bidonville à la cité animée
par Xavier Thomas avec J.-L. Bonillo, Y. Gastaud, T.
Durousseau, N. Mémain, M. Quer, M. Fabre, la cie
des Pas Perdus, N. Mekmouche, A. Paul et N.
Cyrulnik, le 9 déc de 13h30 à 19h30 aux ABD
Gaston Defferre Marseille.
Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42
Rencontres : avec Dominique Resch pour son
ouvrage Mots de tête (Autrement) le 16 nov à 17h30 à
la librairie Prado Paradis (Marseille) ; avec Julien
Campredon pour la parution de L’Attaque des
dauphins tueurs (Monsieur Toussaint Louverture) le
16 nov à 19h à la librairie Histoire de l’œil
(Marseille) ; avec Yann Miralles pour Jondura Jondura
(Jacques Brémond) et Sylvie Durbec, prix Jean
Follain, le 17 nov à 18h à la librairie Apostille
(Marseille) ; avec Renaud de Rochebrune pour son
ouvrage La guerre d’Algérie vue par les Algériens
(Denoël) le 18 nov à 19h30 à la librairie Masséna
(Nice) ; avec Jacques Roubaud le 18 nov à 18h30 à la
librairie Histoire de l’œil (Marseille) ; avec Valentine
Goby pour Banquises (Albin Michel) le 18 nov à 19h
à la librairie de l’Horloge (Carpentras) ; avec
Dominique et Pierre Bar pour leur BD Jean Baptiste
Fouque, le téméraire de la Charité (Triomphe) le 18 nov
à 18h30 à la librairie Saint Paul (Marseille) ; avec Jean
Riser pour la sortie de son roman Requiem pour un
incinérateur (Velours) le 24 nov à 18h à la librairie
l’Alinéa (Martigues) ; avec Pierre Guéry pour son livre
La Rhétorique des culs (Zulma) le 3 déc à 17h à la
librairie Histoire de l’œil (Marseille)
Itinérances littéraires : rencontre avec Guia Risari
dans le cadre de la Fête du Livre de Toulon, pour son
livre Le Chat d’âme (Mémo), le 18 nov à 17h30 à la
librairie La Réserve à bulles (Marseille) et le 19 nov à
15h30 à la librairie Contrebandes (Toulon) ; avec
Ingrid Thobois pour son livre Sollicciano (Zulma) le
30 nov à 19h à la librairie La Mémoire du monde
(Avignon), le 1er déc à 17h30 à la librairie Prado
Paradis (Marseille) et le 2 déc à 18h à la librairie
Goulard (Aix).
AIX
Cité du livre – 04 42 91 98 88
Conférence de Jean-Marie Guillon, professeur des
universités, sur La résistance en Provence, nouvelle
approche, le 17 nov à 18h30, salle Armand Lunel.
Rencontre avec Dominique Sorrente, poète, qui vient
de recevoir le Prix Georges Perros, le 18 nov à 19h à
la bibliothèque Méjanes.
Rencontre-lecture avec Pascal Quignard à l’occasion
de la création de Medea au Pavillon Noir, le 24 nov à
18h30, amphithéâtre de la Verrière.
7e édition du Forum des métiers de la musique et de
la danse organisé par l’Ecole de musique du Pays
d’Aix : concerts, ateliers, danse, projections,
exposition… Conférence Omax at Lomax :
improvisation, nouvelles technologies, recherches avec R.
Imbert, B. Lévy et G. Assayag (le 16 nov à 18h30) ;
conférence Rencontre Jeudis de la coopération culturelle :
la mobilité dans l’espace euro-méditerranéen avec C.
Castan et L. Ozolina (le 17 nov à 15h30) ; conférence
AB_Time : musique, danse et vidéo en réseau (le 17 nov
à 18h30) ; conférence La formation des enseignants en
structure associative (le 19 nov à 10h30).
Fondation Saint-John Perse – 04 42 91 98 85
Exposition Poésie et typographie autour de deux
caractères utilisés par Saint-John Perse, le Grandjean et
le Garamont, dont les poinçons originaux de
l’Imprimerie nationale sont présentés, jusqu’au 31
déc.
Université de Provence – 04 42 95 30 30
Colloque sur les Frontières poétiques contemporaines
par l’équipe Transpositions qui rassemble des
chercheurs en Littérature comparée rattachés au
Cielam (Centre interdisciplinaire d’étude des
littératures, Aix-Marseille), du 17 au 19 nov.
Ailleurs en vers : colloque dédié aux thèmes de
l’ailleurs et de l’éloignement dans la poésie depuis le
Moyen Âge avec Giuseppina Brunetti (Université de
Bologne), Riccardo Donati (Universtié de Florence),
Antonio Prete (Université de Sienne) et le poète
Matteo Marchesini.
Galerie IPSAA ESDAC- 04 42 91 66 90
Exposition des œuvres des «nouveaux talents»
artistiques du Pays d’Aix et d’ailleurs, du 6 au 23 déc ;
exposition des œuvres de Leslie Moreau, du 1er au 3
déc, vernissage le 1er déc à partir de 18h30.
Galerie La Non-Maison – 06 29 46 33 98
Exposition Contrevoies [1], jusqu’au 31 déc ;
conférence de l’auteur Renaud Ego, dans le cadre d’un
cycle de conférences sur le thème des «Contrevoies»,
le 19 nov à 17h.
Galerie du Lézard – 06 12 23 35 03
Expositions des œuvres de Corinne De Battista et
Alain Legendre, jusqu’au 29 nov.
ALLAUCH
Musée – 04 91 10 49 00
Exposition Petits miracles à Mexico, ex-voto mexicains et
contemporains, jusqu’au 28 janvier.
ARLES
Collège international des traducteurs littéraires –
04 90 52 05 50
Exposition de photos d’Arno Schmidt, écrivain et
photographe, jusqu’au 10 déc à l’Espace Van Gogh.
AVIGNON
Collection Lambert – 04 90 16 56 20
Double exposition consacrée à Lawrence Weiner, After
crossing the river, et Vik Muniz, Le Musée imaginaire,
du 11 déc au 13 mai ; vernissage le 10 déc.
BOULBON
La petite librairie des champs – 04 90 43 94 82
Rencontre-débat autour des éditions Jacques
Brémond en présence des auteurs Yann Miralle,
Michaël Glück, Pierre Cosse… Les 10 et 11 déc.
FOS-SUR-MER
Centre Culturel Marcel Pagnol – 04 42 11 01 99
Dans le cadre du coup de projecteur sur le théâtre de
marionnettes, la POPARTs présente l’exposition
photographique d’Anne Loubet, Correspondances, du
16 au 23 nov.
MARSEILLE
BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00
Dans le cadre du mois de l’Egypte, avec AFLAM,
table ronde avec Khaled Al Khamissi, Farouk
Mardam-Bey, Richard Jacquemond, May Telmisanny,
Michel Serceau le 19 nov de 18h à 20h30.
Dans le cadre de l’expo Le livre, l’enfant et la
photographie (du 24 nov au 21 jan), rencontreconférence avec Sarah Moon et Katy Couprie, le 24
nov.
Colloque Paroles entendues : la parole de l’enfant avec
Marcel Ruffo, Boris Cyrulnik, François Pion, Jérôme
Gavaudan, Arnauld Gruselle, Marie-Claude Talin,
Françoise Llaurens, Jean-Pierre Rosenczveig, Elisabeth
Audouard, Michel Dugnat, Françoise Grégoire, le 30
nov de 8h30 à 17h30.
Conférence, modérée par Marc Bassoni, maître de
conférence à l’EJCM, sur La presse en ligne : un avenir
pour la presse, le 30 nov à 18h.
ABD Gaston Defferre - 04 91 08 61 00
Exposition Mexique, carnets de route, photographies
de Pedro Tzontémoc, jusqu’au 7 jan ; rencontre entre
Pedro Tzontémoc et Bernard Plossu le 17 nov à
18h30.
Exposition Ils écrivent l’histoire – La grande guerre dans
les Bouches-du-Rhône, jusqu’au 31 jan.
Dans le cadre de Ces étonnants voyageurs, conférence
de Jean-Marie Guillon et Jean-Yves Le Naour sur La
légende noire des soldats du Midi, le 10 nov à 18h30 ;
rencontre-débat avec Robert Mencherini, historien,
Pierre Laborie, historien, et Raymond Aubrac, grand
résistant, sur les Nouveaux regards sur la Résistance et
sa mémoire, le 15 nov à 18h30 ; balade-atelier avec
Marc Quer et Hendrik Sturm, plasticiens et
RENCONTRES
LIVRES 79
83
promeneurs urbains dans les quartiers nords sur les pas
de la veuve Z, le 26 nov de 14h à 17h.
Rencontre-débat avec Abdelfattah Kilito, grand
spécialiste de la littérature narrative arabe classique,
poéticien et arabisant érudit, essayiste et écrivain, le 25
nov à 18h30.
Conférence de Pierre-Philippe Combes, économiste :
Pourquoi les salaires sont-ils plus élevés à Paris qu’à
Marseille ?, le 29 nov à 18h30 ; conférence de Suzanne
de Cheveigné, sociologue, sur Le traitement des
questions environnementales par les médias, le 13 déc à
18h30.
Tables rondes sur Le travail en crise ?, animées par Paul
Bouffartigue, dir. de recherche au CNRS, avec Y. Clos,
titulaire de la chaire de psycho du travail au CNAM
Paris, D. Linhardt, sociologue, P. Roche, sociologue,
H. Eckert, sociologue et N. Moncel, économiste. Le
10 déc de 14h à 18h.
MuCEM – www.mucem.org
Les mardis du MuCEM : Israël/Palestine, récits de
frontières, avec Riccardo Bocco, professeur de
sociologie politique à l’Institut des Hautes Etudes
Internationales à Genève, Stéphanie Latte Abdallah,
historienne, politologue et chercheure à l’Institut de
recherches et d’études sur le monde arabe et
musulman à Aix, et Cédric Parizot, chercheur au
CNRS, responsable du pôle Euro-Méditerranée à la
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme. Le
22 nov à 18h30 à l’Alcazar ; Ecrire la guerre d’Algérie,
entre littérature et histoire, avec Sofiane Hadjadj et
Alexis Jenni, le 13 déc à 18h30 à l’Alcazar.
La Friche la Belle de Mai – 04 95 04 95 04
Conférence de Sylviane Germain, auteure de Les mères
qui travaillent sont-elles coupables ? (Albin Michel), le
26 nov de 10h à 12h.
La Marelle organise une lecture-rencontre avec Charles
Berling qui lit Les Vieux fous de Mathieu Belezi, le 18
nov à 20h.
Librairie Apostille – 09 51 83 15 27
Rencontre-débat avec Hubert Mingarelli pour
la sortie de son dernier ouvrage La lettre de Buenos Aires
(Buchet Chastel), le 10 déc à 18h.
Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94
Dans le cadre d’un cycle de conférences sur l’art :
Le mystère de l’origine des Etrusques par Laure Humel,
le 6 déc à 18h.
À l’occasion des célébrations du 150e anniversaire de
l’Unité de l’Italie, exposition de photos UN.it –
Unesco Italia. Jusqu’au 2 déc.
Librairie Maupetit – 04 91 36 50 58
Exposition d’illustrations de Mario Ramos,
jusqu’au 26 nov.
Maison de l’Architecture et de la Ville – 04 96 12 24 10
Installation-atelier La Maison inachevée : ensemble de
construction dans lequel les enfants de 3 à 7 ans
collaborent pour monter les murs d’une habitation.
Jusqu’au 16 déc.
Hors les murs/HLM – 04 91 90 46 76
Dans le cadre des Rencontres à l’échelle et des Rencontres d’Averroès, les Ateliers de l’image et Les Bancs
publics présentent Ce qui est perdu, un cycle méditerranéen de Mehdi Meddaci, jusqu’au 3 déc.
Mairie des 9e et 10e – 04 91 14 63 50
Dans le cadre de la 15aine israélienne, dans les salons de
Maison Blanche, exposition des dessins d’Ilana Salama
Ortar, Traces urbaines : palimpsestes du camp d’Arénas,
Marseille. Du 16 au 28 nov, vernissage le 17 nov à 18h30.
La compagnie – 04 91 90 04 26
Exposition Quasi una fantasia (Anaïs Belmont, Joël
Belouet, Charlotte Benedittini, Kathialyn Borissoff,
Mathias Isouard et Guillaume Loiseau) / opus 1 :
jusqu’au 26 nov ; opus 2 : du 30 nov au 17 déc,
performance de Mathias Isouard le 30 nov à 19h,
vernissage le 30 nov à 18h.
Présentation-lecture de l’édition Alors de Florence
Pazzottu (Flammarion), à l’issue de sa résidence le 22
nov à 19h.
Espace Ecureuil – 04 91 57 26 49
Conférence d’initiation L’art en France, l’art français
III : La peinture du Grand siècle, par Jean-Noël Bret. Le
22 déc à 18h.
MARTIGUES
Médiathèque Louis Aragon – 04 42 80 27 97
Nuit et Jour : dans le cadre des 30 ans de la médiathèque, rencontres, dédicaces, spectacle, nuit de la
lecture, musique… Du 18 au 20 nov.
PUIMOISSON
Les Correspondances de Manosque – 04 92 75 67 83
Rencontre-débat avec Arnaud Cathrine autour de son
dernier livre Nos vies romancées (Stock), le 27 nov à
12h.
VERS-PONT-DU-GARD
Pont du Gard – 0 820 903 330
Exposition des œuvres de Daniel Deleuze, Patrick
Saytour et Claude Viallat, jusqu’au 13 mars.
VILLELAURE
Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 52
Rencontre-débat avec Abdelfattah Kilito, auteur et
essayiste marocain, pour une rencontre autour des
Mille et une nuits ; lecture par la comédienne Sofia
Teillet. Le 26 nov à 18h à la bibliothèque municipale.
Concours
Le concours national artistique Mélodie 7 est ouvert
à tous les artistes amateurs de musique, chant, danse,
théâtre et vidéo, sans niveau préalable requis. À la clé,
un Premier Prix par discipline, de 5000 € chacun, et
un spectacle à Marseille en 2013. À Marseille,
l’audition de l’épreuve de présélection a lieu le 14
janvier, la clôture des inscriptions (sur le site Internet)
est fixée au 4 janvier. Les demi-finales et finales auront
lieu à Marseille en juin.
0 892 420 101
www.concours.melodie7.fr
En partenariat avec Bibliothèque Municipale de Marseille L’Alcazar, CorteX organise les mercredis de 17
à 19h un cycle de conférences autour thème Esprit
critique et Sciences.
Le 16 nov Conférence : La conscience laïque dans les
sciences par Guillaume Lecointre
BMVR L’Alcazar, Marseille
http://cortecs.org/actualites/466-cycle-de-conferencesa-lalcazar
Le 17 nov à 19h Conférence par Véronique Receveur-Bréchot, Chargée de Recherche au CNRS. La
Vie ailleurs que sur Terre : sommes-nous vraiment seuls dans
l’Univers ? Planétarium Peiresc, Aix
www.aix-planetarium.fr
Du 17 au 22 nov Parcours ouvriers et migrants Cent
ans d’usine à Saint-Auban.
Exposition, lectures et rencontres-débats
ACT-AD04- Assos. du Patrimoine
MJC,Château-Arnoux Saint-Auban
www.approches.fr/Parcours-ouvriers-et-migrants-Cent
Du 22 au 27 nov, 12ème édition du Mois du film documentaire (voir p54). Dans ce cadre la 5ème édition des
Rencontres Internationales Sciences et Cinémas
(RISC) croise regards de cinéastes et de scientifiques
à travers une programmation singulière de films rarement diffusés. Présence de cinéastes et de scientifiques
et/ou de spécialistes des thématiques. Une anifestation,
organisée par l’Association Polly Maggoo
Maison de la Région, Marseille
www.pollymaggoo.org
Les 23 et 24 nov 1er Partenariat entre l’Inserm et l’École Nationale Supérieure de Photographie d’Arles : Tous
Chercheurs organise un stage intitulé Comment se
fabrique une photographie scientifique?
INMED, Luminy, Marseille
www.touschercheurs.fr
7e édition de la manifestation Lire Ensemble, initiée
par Agglopole Provence, qui se tiendra du 6 au 8 avril,
et 3e édition des concours littéraires :
-concours de nouvelles adultes, ouvert à toute
personne de plus de 18 ans n’ayant jamais publié, sur
le thème «a.i.M.e comme Méditerranée. M, un pont
entre 2 rives»
-concours de nouvelles jeunes ouvert cette année
encore à tous les collégiens et lycéens habitant ou
scolarisés sur la Communauté d’Agglomération sur le
même thème
-concours création de marque-page pour les enfants
de la maternelle au CP et de création de poésie libre
illustrée pour les enfants du CP au CM2 sur le thème
«autour du M»
La date limite des envois est fixée au 1er mars.
04 90 44 77 41
www.agglopole-provence.fr
[email protected]
Une grande richesse
des manifestations
scientifiques et
techniques proposées
ce mois-ci !
/
Dans le cadre de sa deuxième saison sur le thème Vérité,
fiction, connaissance, sous titrée cette année Miracles
et Mirages de la représentation, Echange et Diffusion
des Savoirs accueille le 1e déc à 18h45 Lionel Naccache, neurologue, pour une conférence intitulée Le
malaise contemporain de la connaissance
Hôtel du département, Marseille
www.cg13.fr/cadre-de-vie/culture/conferences.html
Jusqu’au 20 déc, quatre soirées contes et performances grand public : Les Safaris Sombres. Contes,
installation vidéos et performances adultes (danse
contemporaine et marionnettes) dans la galerie du
Muséum : à la lumière lampe électrique, dans collection permanente animaux. Le 22 nov à 18h30 et
20h00 : Circuit Plume pour enfants et adultes.
Museum d’Histoire Naturelle
Palais Longchamp, Marseille
www.museum-marseille.org/marseille_animations.htm
84
RENCONTRES
MEXIQUE
«Nos classiques sont vivants»
Les Écritures Croisées ont su préserver leur âme, une
façon de travailler conjuguant l’exigence de qualité et
l’ouverture au public, toujours débordant... Annie
Terrier, maître d’œuvre, rappelle que cette fête particulière permet la découverte, la reconnaissance d’écrivains,
auxquels toute la parole est donnée : ils vivent trois
jours pleinement, établissant des liens privilégiés avec
leurs lecteurs, et entre eux. Grâce à cette fidélité à son
engagement éthique, esthétique, intellectuel, politique,
Annie Terrier, merveilleuse «monolinguiste» (dixit
Fuentes), donne une empreinte unique à cette célébration de la création littéraire mondiale. Les auteurs
lui en savent gré et répondent présent à chaque invitation !
Cette année, la 28e édition, malgré l’annulation de
l’année du Mexique, recevait Carlos Fuentes. Autour
de lui, ses invités… Le public des Écritures Croisées
eut ainsi le privilège de voir et entendre la fine fleur
de la littérature d’Amérique Latine et d’Espagne, avec
des spécialistes, des traducteurs, des journalistes
internationaux. Lectures superbes et inspirées, que ce
soit celle d’Anne Alvaro (Aura) ou d’Alain Simon et
JM Broucaret aux Ateliers (L’instinct d’Inez) en
marathon complice ; tables rondes thématiques ; films
présentés par Fuentes, exposition, concert… une passionnante émulation où les arts et les mots se «croisent»
comme la manifestation le désire, pour que les analyses
s’aiguisent, les textes s’orchestrent et se diaprent de
sens nouveaux, cherchant à cerner la nature du génie
«fuentésien»… Celui-ci, avec un regard à la fois sombre et pétillant, mexicain de fait, se plie au jeu, apporte
précisions et anecdotes, évoque avec son complice, le
peintre Valerio Adami ce bateau espagnol décoré de
tableaux de naufrages (sic !), les danses, les fêtes…
«J’aimerais dessiner la carte du tendre de tous les moments
vécus avec Carlos. On dansait beaucoup»… Mais la désinvolture du dandy n’est que le masque pudique d’une
culture encyclopédique, d’une véritable approche
historique de l’art romanesque, judicieuse, documentée, engagée… Sa vision politique clairvoyante s’assombrit
d’ailleurs dans ses dernières œuvres - le Mexique s’enfonçant dans les problèmes de drogue et de mafia.
«Comment écrire sur les narcos sans écrire un pamphlet ?
J’emploie l’humour comme réalité… J’espère que l’humour se retrouve dans toute mon œuvre». Sa relecture à
chaque printemps n’est-elle pas Don Quichotte ?
Juan Goytisolo rappelle leur demi-siècle d’amitié sous
le signe cervantin. Il évoque la passion littéraire omnivore qui anime Fuentes à l’instar de Borges ; son
œuvre, véritable encyclopédie de l’espèce humaine,
comparable à celle de Balzac, se forgeant dans la tension permanente entre les deux pôles opposés que sont
le Mexique - pays de passions, de violences et de
diversité extrême - et l’aspiration à la modernité. C’est
à la lecture de Fuentes que, selon lui, l’on devient un
vrai lecteur, l’œuvre s’élevant contre la tradition racornie du roman de mœurs. «Toute œuvre qui veut se
projeter dans le futur doit retrouver ses racines multiples.
La diversité, le métissage contre l’obscurantisme !». Ignacio Padilla insiste sur le génie créateur, sur cet art du
récit qui se coule comme le djinn de la lampe merveilleuse pour rendre la fiction réelle et lier intimement
action et réflexion. Fuentes compose de nouvelles
cartes du monde et des villes qui deviennent réalité…
Carlos Fuentes, Fete du livre 2011 © Lusetti
Carmen Iglesias, spécialiste d’histoire moderne
européenne et espagnole, Présidente du Groupe Unidad Editorial S.A., livre une étude fine et brillante de
Fete des morts,Mariachi © Juliette Luck/Zibeline
31 octobre. Dia de Los Muertos aux Grandes Tables
de La Friche. Dans une ambiance de fête mexicaine
(papeles picados multicolores, autel à Frida Kalho, bougies, spécialités culinaires et mariachi), Juan Manuel
Villalobos est venu dire quelques mots de sa résidence
à La Marelle qui vient de s’achever. Une expérience
heureuse qui lui a permis d’achever un roman commencé à Madrid, Los secretos de la luz, dont il a lu
quelques lignes et dont on espère la prochaine traduction… F.R.
l’œuvre de ce «classique» qui sait transmuter par son
écriture les faits, les personnes, atteignant la grâce d’une
profondeur universelle. Elle évoque la bouffée d’oxygène, l’enthousiasme suscité par les œuvres de Fuentes
dans l’Espagne étouffée par des années de franquisme,
cette écriture kaléidoscopique, loin de tout manichéisme, ses personnages issus du réel mais avec une dimension
tragique, sophocléenne, empreints d’un pessimisme
existentiel. Chacun évoque la fascinante manière
d’écrire de Fuentes, «d’un illusionniste» pour Palou
Garcia, écriture «protéiforme» pour Rios. Sa traductrice, Céline Zins - qui restitue à la perfection la fluidité
d’une narration éminemment complexe - explique ses
recherches pour rendre au mieux le mouvement de
l’écrivain, la difficulté de la structure, «les télescopages
du temps» dira Scarpetta qui souligne la liaison profonde éros/thanatos dans une certaine volupté de la
cruauté. Cette liberté du langage, Gamboa remercie
Fuentes de la lui avoir transmise...
Lors d’une autre table ronde, Carlos Fuentes rappelle
les grands principes du roman : il ne décrit pas la
réalité, il nous en montre une nouvelle. On n’écrit pas
pour reproduire ce que nous voyons, mais pour construire une réalité qui n’existe que dans notre roman.
C’est cette réalité nouvelle qui est intéressante, pas la
mimesis du réel. Chance de l’Amérique Latine, sourit
Volpi, «nous avons nos classiques vivants !». «La patrie
d’un écrivain c’est sa bibliothèque», dit Padilla. Leçon
d’universalité… dont les auditeurs assidus garderont
certainement l’empreinte émerveillée.
MARYVONNE COLOMBANI
La fête du Livre s’est déroulée
à la Cité du livre, Aix, du 13 au 16 oct
RENCONTRES
LIVRES 79
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De bronze et de feu
Les Écritures croisées présentent également à la galerie
Zola une sélection d’œuvres de quatre plasticiens
mexicains enveloppées d’une lumière diffuse. Des
bronzes massifs de Juan Soriano aux formes géométriques (Oiseau XIII aux ailes déployées), ramassées
et épineuses (Vagues), arrondies et évidées (Escargot,
Daphné II). Un vocabulaire formel développé par un
artiste autodidacte qui fut au centre de l’activité
artistique et intellectuelle mexicaine des années 50, et
permit à l’art mexicain d’être reconnu - loin des arts
premiers ! - aux côtés des avant-gardes européennes.
En comparaison les grès de Saül Kaminer semblent
frêles, pourtant ses personnages géométrisés se dressent
fièrement, fruits d’un puzzle complexe… De facture
plus classique, les dessins de José Luis Cuevas cherchent une intimité, une finesse que l’on devine en
approchant… mais qu’on aurait aimée plus éclairée !
La touche flamboyante, épique et monumentale, à la
manière de la figure nationale Diego Rivera, est
incarnée par Camilla Adami dont la voix off nous
accompagne à travers un texte de son ami Edouard
Glissant. La vidéo Retroscena permet d’embrasser plus
largement une œuvre dont l’exposition révèle un bestiaire peint en 2010-2011, Héritage, frise exubérante
évocatrice d’un Eden panthéiste et romantique où,
«nous sommes inconsciemment les héros, c’est nous le
tigre, le monstre, le vent et le feu, la peur et la fureur»… Une œuvre «magique» par ses multiples codes
de représentation et de lecture, et qui entre en
résonance profonde, par sa sauvagerie, son
érotisme et la complexité de sa composition,
avec l’œuvre de Fuentes, dont elle parlait avec
une admiration émue...
Ptak o dwoch twarzach,
Juan Soriano
© X-D.R
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Dafne,
Juan Soriano
© X-D.R
Jusqu’au 3 déc
Galerie Zola, Cité du livre, Aix
04 42 26 16 85
www.citedulivre-aix.com
Flûte et chuchotements
Sànchez-Verdù, Carlos Fuentes : quel
plaisir de voir réunis sur scène compositeur et librettiste à l’orée d’une création!
L’émotion était visiblement partagée
par les musiciens et les spectateurs, une
communion à laquelle chacun fut sensible ce soir-là, avec une qualité d’écoute
rare pour un concert «chuchoté», un
accès délicat aux frontières du son et du
silence, dans un amphithéâtre pourtant
bondé, débordant sur ses hauteurs jusqu’aux deux écrans vidéo qui restituaient
par leurs gros plans serrés la concentration extrême de chacun… Murmures,
souffles infimes, infinis frémissements
de l’air, de l’être, confusion des signes et
des sens… les bustes des spectateurs
s’inclinent, attentifs, et la magie opère…
Entre Aura et sa tante, Consuelo, le jeune
historien Felipe se perd : les personnages féminins, incarnés par les deux
flûtes, jouent en écho, se rejoignent lorsque les barrières du temps s’affaissent ;
les mirages passent, laissent une atmosphère trouble où les époques se catapultent,
où Eros et Thanatos se transcendent.
L’Ensemble Télémaque interprète avec
délicatesse la partition précise, qui évo-
que sensuellement le texte de Fuentes.
Les instruments jouent sur la trame,
racontent l’indicible en une dentelle
minutieuse de rythmes complexes et
d’intervalles infimes. La fêlure entre réalité et fiction s’insinue au cœur même
de la composition. L’étrangeté se retrouve aussi dans l’apparition d’une
flûte basse, à bec, qui ressemble à un
Giacometti cubiste ou une statue aztèque, jouée avec virtuosité, souffle et
claquements par Antje Hensel. Puis il
y a la voix de Brigitte Peyré, dramatique
et sensuelle, ses incroyables pianissimi,
ses éclats, les modulations de son timbre, et sa présence scénique toute de
tension tragique. Là-dessus, la direction
fine, complice et volontaire de Raoul
Lay… Un moment rare de partage
sensible !
M.C.
Les trois extraits de l’opéra Aura
ont été donnés le 13 oct
dans l’amphithéâtre de la Verrière,
lors des Écritures Croisées
Paradis perdu
Le jardin dévasté de Jorge Volpi se constitue en parabole éclatée du paradis perdu. Fragmentation des
chapitres parfois réduits à une phrase, ellipse de récits,
formes lapidaires, aphorismes étranges, (ainsi page 38,
le chapitre intitulé Deux, en fait le 21ème) «Où l’on est
deux, il y a un abîme.»… On est invité à naviguer dans
le temps et l’espace, entre l’Irak, pays du paradis perdu
avec l’histoire tragique de Leïla, et les tribulations d’un
narrateur du Mexique à L’Europe ou aux États-Unis,
avec ses hésitations, ses aventures amoureuses énigmatiques. Le lecteur s’égare parmi ces mondes qui se
juxtaposent, dont le rapprochement ne prend de sens
que pour un regard extérieur. Confusion volontaire
des discours, basculement permanent des genres,
apparition du Djinn des Mille et une nuits dans un
contexte d’horreur guerrière, métaphysique de la quête
ici, qui se heurte aux non-sens d’autres univers là-bas,
narration fluide ici, forme poétique syncopée ailleurs…
Dislocation du monde, effarement devant les impossibles violences qui pourtant sont, comme celle des
avions fous de septembre, des martyrs qui explosent,
alors que celle déjà naturelle du scandale de la mort
«prive le monde de sa syntaxe»… Un travail d’écriture
à la fois dépouillé et érudit, par les multiples échos
littéraires qu’il évoque. Une simplicité où la révolte et
le désespoir se mêlent, dans une exploration des limites
auxquelles les différents personnages sont confrontés.
Solitude de l’être, avec une conscience d’un bonheur
possible, mais sans cesse éloigné : un romantisme
contemporain déchiré. M.C.
Le jardin dévasté
Jorge Volpi
Traduit par Gabriel
Iaculli
Seuil, 18 €
86
RENCONTRES
RENCONTRES D’AVERROÈS
À la table d’Averroès
(le pluriel est délibéré), pour distinguer
derrière la surface médiatique ce qu’il
en est des immigrations aujourd’hui,
avec un recul de plusieurs décennies.
Deux femmes et deux hommes participeront au débat, parité de bon augure
amenant fort à propos la dimension de
mixité nécessitée par le sujet.
La troisième table ronde, le 19 nov à
15h, est centrée sur l’actualité récente :
les Printemps arabes sont-ils «un rendez-vous des civilisations, une utopie
Les débats auront lieu à l’auditorium du
Parc Chanot et seront précédés d’une
avant-première, celle du film Tahrir de
Stefano Savona. Ils se concluront de
façon emblématique sur les notes farouches du guitariste Titi Robin, lequel, à
choisir entre la liberté ou la peur, n’a pas
hésité longtemps ! Son dernier album a
été enregistré en Turquie, et c’est l’opus
final d’un triptyque justement intitulé
Rives, qui reflète les divers visages de la
Méditerranée...
sans lendemain, ou une promesse
d’avenir ?». Pour répondre à cette question sans tomber dans les travers stériles
de la prospective, le romancier égyptien
Alaa El Aswany, le psychanalyste tunisien Fethi Benslama1 et un diplomate
français évalueront les courants profonds qui traversent le monde arabe,
entre politique et religion. Mais sans
femme cette fois, alors que leur place
dans les sociétés musulmanes est au
centre de bien des nœuds gordiens…
GAËLLE CLOAREC
Rencontres d’Averroes
Jusqu’au 3 déc
04 96 11 04 61
www.espaceculture.net
www.rencontresaverroes.net
Tahrir, film de Stefano Savona
Qui fait l’Histoire, qui la rédige, et qui
la lit ? Loin de l’ethnocentrisme européen, les Rencontres d’Averroès depuis
18 ans rassemblent autour d’un thème
des méditerranéens de tous les horizons,
pour battre différemment les cartes depuis longtemps dessinées par notre
vieille Clio. N’hésitant pas à tirer un
sujet brûlant du paquet, et à parier sur
la capacité de dialogue des participants.
Il en faut, de l’audace et de l’espoir, pour
demander «L’Europe et l’Islam, la liberté ou la peur ?», à l’heure où la majorité
des Européens ressentent l’Islam comme une menace.
Trois tables rondes réuniront historiens,
géographes, islamologues, analystes politiques, diplomates et sociologues. La
première, le 18 nov à 15h, portera sur les
rivalités historiques qui résonnent encore puissamment entres les deux rives, et
pas seulement sur nos écrans de cinéma. Des siècles de croisades, d’invasions
et de Reconquista, soit, mais encore ?
Ne s’est-il passé «que» cela entre les peuples d’un bord à l’autre ? Et les échanges
féconds, les difficultés communes, les
périodes de paix, de rapprochement ?
La seconde, le 19 nov à 10h, s’intéressera aux Islams contemporains en Europe
1.Auteur entre autres de :
La Psychanalyse à l’épreuve de l’Islam
[Flammarion]
et Soudain la révolution !
De la Tunisie au monde arabe :
la signification d’un soulèvement
[Denoël]
La caverne sans Platon
On connaît la portée symbolique de la caverne, métaphore de l’erreur aveuglée ou de la gangue matricielle,
mais une autre histoire lui est attachée, qui unit toutes
les religions chrétiennes et musulmanes en une mythologie commune. Cela commence comme un conte
de fées (qui d’ailleurs, pour certains, y puisent inspiration), «il était une fois», sept jeunes chrétiens persécutés
par l’empereur romain Dèce (IIIème s.). Ce dernier les fit
emmurer dans la caverne où ils avaient trouvé refuge.
Deux cents ans plus tard, (à peu près), ils se réveillent
intacts. L’évêque d’Éphèse constate le miracle (en
448). Rapporté au VIe siècle par Grégoire de Tours, puis
relayé par la Légende dorée de Voragine au XIIIe, le
récit des sept martyrs d’Éphèse engendre de nombreux
sites de dévotion, et s’oublie au XVIIIe en Europe occidentale alors qu’il perdure pour les chrétiens d’Orient.
Les Sept Dormants d’Éphèse constituent aussi un
thème coranique majeur dans la Sourate XVIII, appe-
lée Al Kahf, la Caverne. Vivace, la lecture de cette sourate
est recommandée par certains Hadiths chaque vendredi. La légende a, pour les deux religions, la même
portée : elle témoigne de la résurrection des corps.
Seule variante notable, la version musulmane ajoute
un huitième dormant, le chien Qitmir, fidèle gardien
des jeunes martyrs. De nombreux sites réclament la
paternité du mythe, de la Méditerranée, à la Bretagne…
Aujourd’hui encore, le mythe accompagne les artistes
du printemps arabe !
Suivant les traces de l’orientaliste Louis Massignon
(1883-1962), l’auteur et anthropologue Manoël Pénicaud a effectué plusieurs voyages en Méditerranée,
compulsé les recherches de son prédécesseur, les a
enrichies de nouvelles collectes. L’exposition La
Méditerranée des 7 Dormants aux Pénitents Noirs d’Aubagne retrace ainsi quatre années de travail. Hommage
à Louis Massignon, cartes sans frontières et post-it
d’étudiant, photographies, reproductions, textes, sont
lumineusement mis en espace, dans une scénarisation
intelligente de l’histoire et des lieux (Claudine Bertomeu), avec des explications qui se mettent à portée
de plaisir du visiteur. Un parcours passionnant enrichi
de conférences et de miniatures dansées sur l’amour
(voir p12), qui nous offre de nouvelles racines fraternelles. Quel merveilleux symbole pour les Rencontres
d’Averroès !
MARYVONNE COLOMBANI
La Méditerranée des 7 Dormants
Jusqu’au 24 nov
Chapelle des Pénitents Noirs, Aubagne
04 42 18 17 26
www.aubagne.fr
La Mediterranee des 7 Dormants - Chapelle syriaque orthodoxe a Damas - © Manoel Penicaud
MUCEM
RENCONTRES
LIVRES 79
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Tariq Ali en live !
Être né
quelque
part
À l’heure où Jean-Marie Le Pen prend
sous son aile un musulman pratiquant
(Omar Djellil, président de l’association Présence Citoyenne) et estime que
les cinq piliers de l’islam ne sont pas
incompatibles avec les idées du Front
National, il n’est pas malvenu de visionner quelques images d’archives, où
on le voit éructant à longueur de journaux télévisés sa haine de l’autre. Une
plongée dans le racisme du monde politique des années 80… mais remettre
en perspective l’histoire de l’immigration en France, c’est aussi entendre ce
que l’on n’a pas l’habitude d’évoquer
dans les médias. Un imam bordelais qui
parle de ceux qui quittent la religion,
plutôt que de se focaliser sur ceux qui y
entrent. Puis ces trentenaires qui ont
réussi leur intégration, mais ne la vivent
pourtant pas sans blessure : une «fille
de» faisant le grand écart entre son
richissime cabinet d’audit à Neuilly et
la banlieue où vivent ses parents. Et le
patron des éditions de bandes-dessinées
Soleil, Mourad Boudjellal, qui a réalisé
un CA de 40 millions d’euros en 2010
: il avoue tomber dans le racisme social
lorsqu’on lui fait sentir ses origines :
«Sortez votre feuille d’impôts, comparezla avec la mienne, et on verra qui va être
renvoyé de ce pays !».
GAËLLE CLOAREC
Musulmans de France de Karim
Miske et Mohamed Joseph
et Fils et filles de… de Jean-Thomas
Ceccaldi ont été projetés le 4 nov
dans le cadre des Écrans d’Averroès,
manifestation organisée par
les Rencontres d’Averroès, l’INA
et le CMCA
© Musulmans
de France,
film de
Karim Miske
et Mohamed
Joseph
Tariq ali © X-D.R
Il était déçu, Thierry Fabre, de voir l’amphithéâtre de Sciences Po peiner à se
remplir pour accueillir Tariq Ali : «Les
étudiants aixois n’ont pas mesuré leur
chance.» Pourtant le Street fighting man1
pakistanais s’est avéré passionnant, qu’il
évoque son cycle romanesque2 consacré à l’islam du Moyen-Age à nos jours,
tre» gouvernant une démocratie factice
et traitant la crise financière comme un
non-événement. «Aujourd’hui en Occident les jeunes occupent les centres
névralgiques des grandes villes pour
protester contre tous les politiques. (...)
Quant aux révolutions arabes, on peut
les apparenter à ce qui s’est passé en
1848 en Europe : c’est un processus en
cours qui sera peut-être parachevé des
années plus tard.»
GAËLLE CLOAREC
ou qu’il se livre à une analyse acide des
politiques contemporaines. «Les différents soulèvements du monde arabe
montrent que les musulmans ne sont
pas génétiquement opposés à la démocratie, croyance très répandue depuis le
11 septembre, et ils seront sûrement
déçus par ceux qu’ils éliront, comme les
occidentaux avant eux. (...) Obama a
lancé plus d’attaques de drones que Bush
pendant 10 ans, et il a relâché moins de
prisonniers de Guantànamo. Mais les
Européens sont tellement heureux qu’il
ait été élu qu’ils ne l’ont pas encore
réalisé.»
Tariq Ali ne pense pas comme son ami
Noam Chomsky que le monde doive
faire face à un nouveau type de fascisme ;
le plus grand danger à ses yeux est ce
qu’il décrit comme un «extrême cen-
1.D’après la chanson
des Rolling Stones écrite en 1968,
inspirée par Tariq Ali.
2.Le Quintet de l’Islam, dont le
dernier volet La nuit du papillon d’or
vient de paraître aux éditions Sabine
Wespieser.
Arménie Turquie,
les chemins de la reconnaissance ?
velle des kurdes et des mouvements
musulmans dans la société. Progressivement, toute la mémoire du pays refait
surface après une longue amnésie organisée par les autorités. Même le mot
génocide n’est plus tabou.
Le deuxième extrait vidéo rappelle le vote
des lois mémorielles. Pour Cengiz Aktar
ces lois, votées par une vingtaine de pays,
sont sans impact sur la Turquie. Si personne ne croit plus en Turquie au mythe
de la répression qui aurait mal tourné,
on le doit à des gestes tel le pardon donné par la petite fille d’un diplomate turc
assassiné. La société turque bouge ! Si
l’Etat refuse de parler du génocide c’est
qu’il ne veut pas s’excuser ! Seule reste
inflexible la fraction nationaliste kemaliste arcboutée sur la prétendue traitrise
arménienne de 1915. Mais l’enjeu de
mémoire est-il pressant dans une population turque dont 90% a moins de
50 ans ?
Dans le dernier extrait de l’INA on voit
une jeune fille arménienne, cachée dans
une famille musulmane, reconvertie au
christianisme. Aktar confirme que nombre de fillettes orphelines furent données
à des familles Kurdes et converties à
l’Islam. Marian ajoute qu’il y beaucoup
d’arméniens dans les familles Turques
et désormais des Arméniens de confession musulmane ! Cette situation remet
en cause le discours nationaliste sur l’homogénéité raciale de la société et conduit
à une redécouverte des non-musulmans.
Pour finir, Thierry Fabre inclina le débat
vers l’Europe. La demande d’adhésion
est-elle susceptible de faire évoluer la
situation? Les atermoiements désespèrent et diminuent l’attractivité de
l’Union, pour un pays émergent au dynamisme économique remarquable…
RENÉ DIAZ
À venir
Cengiz Aktar © X-D.R
Les mardis du MuCEM ouvraient leur
deuxième saison avec un cycle Questions
de mémoires, questions de frontières, la
relation Arménie-Turquie posant le
premier regard sur cette dialectique de
l’histoire et du présent. Thierry Fabre
précisait d’ailleurs qu’il s’agissait de trouver une juste mémoire, dégagée des
pressions collectives, pour mieux comprendre les enjeux actuels.
La conférence débuta par une projection d’archive, fruit d’une collaboration
avec l’INA. L’actualité télévisée retraçait
à l’occasion du procès pour terrorisme
d’un arménien à Aix en 1982, un retour
en images sur l’histoire de l’Arménie
depuis la fin du XIXe siècle. Massacres,
déportations, génocide, les meurtrissures des Arméniens prenaient corps.
Thierry Fabre questionna ses invités :
Qu’est-ce-qui a changé depuis cette période ?
Michel Marcian (maître de conférences à l’IEP de Paris, membre du comité
de rédaction de la revue Esprit) expliqua
que les attentats avaient permis la prise
de conscience du problème arménien.
Le remarquable travail historique effectué par les chercheurs arméniens, qui a
permis la prise de conscience par les
sociétés d’accueil de la diaspora arménienne, est accablant : l’extermination a
bien été pensée. En Turquie, la pétition
d’excuses de 2008 a montré une évolution. Cengiz Aktar, directeur du
Centre pour l’Union européenne à
l’Université d’Istanbul, relie ce changement à l’effacement des militaires, au
pouvoir depuis 1980, et à la place nou-
Israël Palestine, Récits de frontières
Avec Riccardo Bocco,
Stéphanie Latte-Abdallah
et Cédric Parizot
Le 22 nov à 18h30
Écrire la Guerre d’Algérie :
entre littérature et histoire
Avec Sofiane Hadjaj
et Alexis Jenni
Le 13 déc à 18h30
BMVR Alcazar, Marseille
www.mucem.org
88
HISTOIRE
MdAA | ÉCHANGE ET DIFF
Le passé restitué
Le Musée Bleu bourdonne comme une
ruche, derniers coups de marteau, vérification des accrochages, attente de
l’arrivée de la table tactile qui a pris du
retard, frisson de fête… lié tant à la qualité
du travail présenté qu’à la personnalité
chaleureuse du maître d’œuvre, JeanClaude Golvin. Archéologue, architecte,
ancien directeur du Centre franco-égyptien d’études des temples de Karnak,
directeur de recherche émérite au
CNRS… Ajoutez à ce curriculum impressionnant un talent fou, une aisance
qu’il exerce avec la simplicité de l’évidence : Jean-Claude Golvin sait faire
ressurgir du passé des architectures enfouies, mais aussi les personnes, les
attitudes…
Ses aquarelles et dessins redonnent vie à
l’Égypte ancienne, à la Grèce ou à la
Rome antique, entre autres. Tous leurs
détails proviennent du savoir savant de
spécialistes du monument restitué, d’observations personnelles et de déductions
logiques, liées à sa formation d’architecte. Lorsque les données fournies par
les restes archéologiques sont trop maigres, il adopte la méthode d’un historien,
procédant par hypothèses, étayant par
les textes, les documents concernant
l’époque représentée. Chaque vue peut
en effet être datée. Il n’y a pas de représentation d’une antiquité vague et
romancée. JC Golvin situe ses œuvres à
telle ou telle période, tient compte des
évolutions. Pour faire vivre les lieux, il
recherche la solution la plus vraisemblable, la plus proche de la réalité possible.
Ainsi, on pourra découvrir, au sol, une
immense représentation d’Arelate dont
toutes les rues mènent quelque part, et
dont le fonctionnement est rationnel.
C’est par cette méthode que Golvin arrive à la conclusion que le chemin de
halage le long du Rhône se situait sur la
rive gauche.
C’est un cadeau formidable qu’il accorde au musée en lui léguant la plus grande
partie de ses travaux (plus de 1000 dessins originaux, sans compter les dossiers,
les esquisses préparatoires). Conscient
de la nécessité de garder l’unité de la
collection, il veut ainsi la préserver, généreux de ce savoir destiné à former les
générations futures.
L’exposition Un architecte au cœur de
l’histoire se mêle d’ailleurs intimement
aux collections permanentes : agrandissements de tableaux, tiroirs comprenant
des points de comparaison, cartes (dont
une unique, qui évoque l’ensemble du
L’Histoir
des identi
Le theatre vers 10 av JC aquarelle 2011 JC Golvin MDAA © editions errance
Vue de la ville d’Arles depuis le nord-est, 4e siècle aquarelle 1991 JC Golvin MDAA © editions errance
monde romain, avec les reliefs et les
moyens de communication)… personnages issus de la vie quotidienne avec leurs
instruments de travail, table interactive
qui permet un approfondissement des
connaissances sur le mode ludique…
Une salle est consacrée aux mystères de
l’atelier du savant, dans lequel son image commente sa méthode !
Un ouvrage remarquable accompagne
cette exposition, synthétisant l’œuvre
de Golvin, évoquant sa vie, sa démarche, son œuvre, avec des reproductions
d’aquarelles et de dessins. Essentiel pour
mieux comprendre l’importance
capitale de ce travail.
MARYVONNE COLOMBANI
À voir
Jean-Claude Golvin,
Un architecte au cœur de l’histoire
Musée départemental de l’Arles
Antique, Arles
jusqu’au 6 mai 2012
04 90 18 88 88
www.arles-antique.cg13.fr
À lire
Jean-Claude Golvin,
Un architecte au cœur de l’histoire
Catalogue + DVD
Éd. Errance, 29 €
Pour commencer son cycle sur «miracles et mirages de la représentation»,
Échange et diffusion des savoirs avait décidé, le 10 nov, d’inviter Jean-Claude
Monod. La conférence, fictionnalisation
de l’histoire et construction idéologique des
identités collectives, voulait explorer les
liens de l’histoire avec la formation de
l’identité collective.
Si la distinction classique entre histoire
racontée, la fable, et l’Histoire comme
science, a un sens dans le vocabulaire,
notre conférencier refuse cette partition
classique : l’histoire est un procédé de
narration, une sorte de roman avéré. Il
embauche, pour soutenir son propos,
Michel de Certeau : l’histoire établit les
faits mais sa pratique d’écriture la rapproche de la fiction. De même suit-il
Paul Ricœur : l’histoire est une mise en
intrigue, une synthèse de l’hétérogène.
Sa particularité provient de ce qu’elle a
des comptes à rendre à ses lecteurs, et à
étayer ses affirmations.
De fait la science histoire nait entre la
fiction et le mythe. Si dans les sociétés
primitives le mythe raconte le temps
long et fabrique une histoire propre
pour les êtres, l’histoire (enquête en
grec) procède d’une ambition nouvelle :
connaître le passé proche et la vérité.
Pour Thucydide, il faut écarter les mythes et s’appuyer sur les témoignages
pour trouver les causes des événements.
Hérodote, lui aussi, veut transmettre la
mémoire collective. Avec eux, l’histoire
devient ce que la société raconte sur
elle-même et la description de la relation à l’autre. Elle apparaît comme le
constructeur du collectif.
Identités collective
et individuelle
Bien plus tard, Jules Michelet, vrai historien, au motif que la France aurait
pour destinée d’apporter la liberté au
QUINSON
HISTOIRE
89
Thrillers
préhistoriques
e, ciment
ités
Jean-Claude Monod © X-D.R
monde, se retrouve à fonder une mythologie nationale. C’est que l’histoire,
même lorsqu’elle devient une discipline
scientifique, est occasion d’exaltation.
Elle produit le récit national. Elle participe à la construction idéologique des
identités collectives.
L’identité devient l’appropriation d’une
narration du présent par rapport à un
passé dont on a privilégié certains moments. L’identité individuelle peut alors
se dégager car, comme le souligne Jacques Derrida, il n’existe pas d’identité
sans l’autre : tout soi est construit par
intégration de la composante étrangère ;
tout pays se fabrique à partir d’emprunts aux autres cultures. L’autre n’est
pas le même que moi mais un semblable,
il n’est pas un absolu mais il entre dans
la construction individuelle ou collective.
L’identité personnelle, hybride et relationnelle, passe par l’identification partielle
avec d’autres : famille, village, le groupe
religieux… Cela signifie que l’identité
personnelle et l’identité collective sont
toujours imbriquées. L’exploration de
l’identité personnelle dévoile alors une
histoire collective. L’histoire-science, en
ce qu’elle met en scène un passé, produit
une fiction vraie qui assemble les individus épars dans l’histoire collective.
Que conclure ? Que supprimer l’histoire
en terminale S permettra sûrement de
renforcer le projet d’une société hyper
individualiste !
RENÉ DIAZ
Si le terme «histoire» vient du mot grec qui signifie enquête,
et institue le savant en détective, à l’instar d’un Hérodote, le
spécialiste de préhistoire, lui, prend des allures de super Sherlock Holmes : les documents, les indices par leur rareté, leur
difficulté d’interprétation constituent un jeu de pistes complexe et délicat. Une aventure bien éloignée de celles d’Indiana
Jones à qui il suffit de trouver un vestige pour en déterminer
la fonction et l’époque sourit Caroline Luzi, commissaire de
l’exposition qui marque les dix ans du Musée de la Préhistoire des Gorges du Verdon : D’Homo Georgicus à Ötzi,
l’homme des glaces.
Une exposition particulière, qui rend aussi hommage au premier directeur du Musée, Jean Gagnepain, disparu trop tôt,
sous forme d’une sélection des expositions marquantes :
l’ancêtre sapiens, l’art et l’apparition de la métallurgie qui clôt
les temps préhistoriques avec l’homme d’Ötzi, objet de la
première exposition en 2001 et dont on fête les 20 ans de la
découverte.
Un musée grotte
Le premier pan de l’exposition est consacré à l’histoire du musée, sa conception par Lord Norman Foster. Parfaitement
intégré au paysage, jouant entre les courbes et les contre
courbes, avec son atmosphère de grotte, le musée est d’abord
celui d’un territoire : les habitants se sont impliqués dans les
fouilles bien avant les années 50 (en 1946, Bernard Bottet
effectue des sondages archéologiques sur le site de la Baume
Bonne). Un maillage s’est tissé entre la commune, le département le conseil général et EDF. En effet, la création des
barrages sur le Verdon fut déterminante : en prévision des
travaux une campagne de repérage des grottes en aval des
futures retenues d’eau est lancée par EDF… plus de 60 gisements préhistoriques sont découverts et fouillés. En rappel, les
maquettes des barrages avec leurs étonnantes fondations…
Reconstitutions
Consacrée au remodelage des traits perdus, la dermoplastie
s’appuie sur l’observation anatomique,
l’étude des muscles, l’établissement de
mesures moyennes. Recherche de
l’exactitude scientifique et objet esthétique à la fois, cette discipline est de
fait marquée par son époque : ainsi,
on peut comparer la représentation de
l’homme de Néandertal de 1927, lourd,
bestial, avec une connotation raciste, à
celle d’aujourd’hui, aux traits «saisissants d’humanité» ! Imaginaire et
représentations du passé se liguent
parfois contre l’objectivité scientifique.
Actuellement, la subjectivité reste attachée à ce que l’on ne peut démontrer,
comme la couleur des yeux. Sculpteur-reconstructeur en anthropologie,
Elisabeth Daynès propose un travail
qui a pour but de «réhabiliter les Hommes préhistoriques».
Jamais ils n’ont été aussi proches !
Par leurs activités également : l’art est une des manifestations
spécifiquement humaines. L’exposition des instruments de
musique, avec interprétations de fragments, reconstitution
d’objets, expérimentation et comparaison avec des musiques
traditionnelles, est troublante. Les sons créés, l’étaient-ils pour
des rites, des appels, avaient-ils une fonction esthétique ? Flûtes,
rhombe, grattoirs, lithophone (les pierres chantent, les stalactites ont été les premières orgues !) ne répondent pas à ces
questions, mais la préhistoire acquiert des sons…
Iceman
L’homme venu du froid, ce corps congelé trouvé en 1991, a
émergé d’un glacier alpin. Quelle mine d’informations ! Sa
hache «high tech» avec sa lame de cuivre, sa cape, ses bottes
fourrées de paille, ses vêtements, son nécessaire à feu, son «sac
à dos», les traces des derniers repas esquissent une nouvelle
représenation des premiers temps de la métallurgie… Quelle
capacité d’invention que celle de nos lointains ancêtres !
Inquiétante, une pointe de flèche logée sous la clavicule laisse
à penser à une mort violente, et les scénarios s’échafaudent
autour des conditions de sa momification….
Prolongeant cette exceptionnelle exposition, le catalogue, avec
des textes d’une remarquable clarté.
MARYVONNE COLOMBANI
D’Homo Georgicus
à Ötzi, l’homme des glaces
Récits d’enquêtes
en Préhistoire
jusqu’au 15 déc
Musée de Préhistoire
des Gorges du Verdon, Quinson
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Hominidés © P.PLailly-E.Daynes-Eurelios
90
SCIENCES ET TECHNIQUES
LA CHIMIE
2011 année
internationale
de la chimie…
science
nourricière,
fêtée un an,
exploitée
toujours !
Équations et images
© elapela / 2011 iStockphoto
comme le disait un
slogan soixantehuitard à propos du
jour des mères…
C’est à la fin du 17ème siècle qu’émerge, de l’ensemble des écrits et de la
multitude des recettes alchimiques,
un regard nouveau mécaniste sur la
substantialité du monde. Mais ce n’est
qu’au milieu du 18ème siècle qu’Antoine Lavoisier «comprend» et décrit le
phénomène de combustion et donc
du transfert de masse dans le processus d’oxydation. Le classement des
substances devient possible par ce
nouveau regard sur ce qui ne se voit
pas mais qui peut s’écrire en équations chimiques. Sur cette base, la
chimie se fonde sur une nomenclature strictement écrite du monde.
Aujourd’hui, bien que les microscopes
Damnée chimie
Même si l’étymologie du mot chimie
est controversée, ses racines plongent
toutes dans la noirceur inquiétante
de terres calcinées et de magie… noire.
Passé sulfureux
L’arabe al kemi viendrait de l’ancien
égyptien Khemet, la terre noire. Ce qui
trouve écho dans le mot copte chame
signifiant «noire» couleur de la terre
de la vallée du Nil. Ainsi les usages
magiques de la kemi pourraient être,
à l’origine imaginaire, de la «magie
noire». Tandis que le grec ancien évoque l’élément liquide, χυμεία, khumeia,
«mélange de liquides» (de χυμός,
khumos, «suc, jus») comme eau mère
de la science chimique, l’arabe kemi
teinterait donc de «magie noire» la
future science des substances, en
plongeant dans les profondeurs de
l’égyptien ancien kem qui désignait
aussi la couleur noire.
De fait la connaissance se nourrit
depuis toujours des opérations de
séparation, de différenciation, de
distinction des perceptions sensorielles, ceci afin de classer pour mémoriser,
et transmettre. Rien d’étonnant donc
si ce processus, fondateur d’une logique cognitive, s’est teinté de caractère
magique, sinon de religion du moins
de fortes superstitions. Déjà les ocres
et autres charbons de bois qui teintaient les gravures rupestres étaient
les traces de faits de chasse, mais
aussi les témoins de la connaissance
archaïque des substances colorantes,
de leur séparation et de leur purification. Le caractère magique de la gravure
rupestre résulte de ce compromis
complexe entre le message scriptural
et la substance dont il est fait, son
tracé, sa persistance.
Séparation et écriture
L’alchimie naît de cette volonté séparatrice de la connaissance humaine et
part de la différenciation des formes
perceptibles : l’état solide ou «terre» ;
l’état liquide ou «eau» et sa fluidité
analogue à la vie elle-même (ce qui
fait du mercure métallique le «vif
argent», couleur et éclat de l’argent
métal et fluidité vivante de l’eau) ;
l’état gazeux ou «air» et le «feu» qui
constituent les troisième et quatrième
Éléments alchimiques. L’utilisation de
substances volatiles dans des processus de distillation et de sublimation,
permet d’extraire l’ «esprit» d’un corps
et de l’y réintroduire. Il est médiateur
du transfert des substances. Le jeune
Aristote et Philippe d’Oponte (l’au-
teur de l’Épinomis) ajouteront un
cinquième Élément, qui est donc la
quinte essence (future quintessence) ou
Éther ; ce dernier Élément, qui constitue le substrat des corps célestes,
n’est pas soumis à la génération et à
la corruption, aux changements de
qualité ou de dimension. Il se déplace,
non en ligne droite comme les autres,
mais en cercle.
De cette séparation des éléments, à
l’origine de toute analyse (littéralement ana-, en retour, -lyse, coupure),
naît aussi l’écriture ésotérique de
transmission de ce savoir-faire. Car
l’alchimie est une pratique sans théorie rationnelle, un mélange admirable
entre la logique séparatrice humaine,
et l’invention poétique d’une
méthode et de son écriture. Transcription de ce qui ne se voit pas mais
se fait, écriture de «recettes» - au sens
de recevoir un don de la nature - dans
une langue spécifique qui contient en
elle-même son propre développement
logique… son propre pouvoir (c’est
d’ailleurs exactement ce que l’on
retrouve aujourd’hui dans les écrits et
les prédicats des gourous de l’économie dite scientifique. Nouvelle magie
noire ?)
électroniques les plus puissants permettent de «voir» des macromolécules
(très gros enchaînements d’atomes)
et certains très gros atomes dans des
structures cristallines, la connaissance de la structure intime de la matière
reste essentiellement scripturale :
nous formons nos représentations au
travers de médiateurs technologiques
complexes qui ne nous permettent que
de percevoir puis d’écrire une image
instantanée d’un état de l’objet étudié.
Spectrométrie de Résonance Magnétique, Spectrométrie de Masse, Raman,
Absorption Atomique, Rayons X…
nous livrent leurs courbes et autres
spectres auxquels nous associons les
images des «propriétés» qu’ils nous
révèlent. La somme colossale des
«publications» scientifiques, digne de
la bibliothèque de Babel des Fictions
de Borgès, donne une peinture rupestre de l’univers substantiel. Mais qui
peut lire cette somme ? Qui peut avoir
l’image totale de la substantialité du
monde ?
Reste à le rêver. Et au travers de nos
démarches scientifiques, notre œuvre
de fourmi est de dévoiler l’immensité
du réel par ce minuscule trou dans le
rideau de scène.
YVES BERCHADSKY
LIBRE ARBITRE PHILOSOPHIE 91
Élections pièges à con ?
Pourquoi critiquer les élections ? Sans élections auxquelles tous les citoyens sont conviés, sans suffrage
universel quel régime aurions-nous ? Une dictature
ou une aristocratie. Vraiment ? D’ailleurs s’il s’agissait
vraiment d’aristocratie ce ne serait peut-être pas si
mal, puisque les meilleurs (aristos en grec) seraient
élus. N’est-ce pas ce qu’on cherche ? En s’entendant
sur qui sont les meilleurs, en rajoutant qu’ils doivent
penser au bien commun et non au leur ou à celui de
leur caste, en précisant encore que les meilleurs ne
sont pas des techniciens ou des hommes d’argent,
mais des politiques sachant conjuguer la réalité
technique et financière en vue du bien social… bref
avec toutes ces précautions on pourrait imaginer qu’une
aristocratie serait apte à soumettre la technocratie et la
ploutocratie (ploutos : la richesse en grec), et agir pour
le bien de tous.
Pouvoir de l’apparence,
apparence de représentation
Le problème de nos formes de gouvernement est que
ce ne sont pas des aristocraties mais des « eïdocraties »
(eïdos : l’image ou l’apparence en grec). C’est là-dessus
que les hommes politiques se font élire, sur des programmes dont l’effectivité n’est que d’apparence ;
ensuite ils gouvernent en donnant l’apparence de
résoudre les problèmes, et en soignant leur image.
En fait les prétendues démocraties ont reconduit les
aristocraties par le biais d’élections libres. Car nos démocraties modernes ne sont pas au sens propre des
démocraties : le peuple n’y est pas représenté. Les exemples de désaccord total entre le peuple et ses représentants
sont nombreux, depuis le référendum de 2005 où le
peuple s’est prononcé à 55% pour le non quand la
représentation parlementaire y adhérait à 90%, jusqu’au peuple grec dont on redoutait qu’il s’exprimât
par référendum.
Précisément le peuple vote pour des hommes et des
femmes qui ne les représentent pas mais qui donnent
l’apparence de le faire : des ouvriers, des pauvres votent
massivement pour des grands bourgeois qui leur font
croire qu’ils les représentent. Comment est-ce possible ? Le sujet est traversé par un imaginaire qu’il
pense réel, un système de représentation auquel il est
aliéné. Ainsi les sujets citoyens ne votent pas pour leurs
pairs ; des ouvriers n’ont pas confiance en des ouvriers
pour les représenter ; les femmes n’ont pas confiance
© ALiJA / 2011 iStockphoto
Comment comprendre
cette phrase ?
Est-ce un constat,
un projet politique ?
Peut-on en imaginer
une société politique
sans élections ?
en des femmes pour les représenter. On le sait : la
domination n’est possible qu’avec la complicité des
dominés.
Cette aliénation-domination remonte d’ailleurs aux
origines du suffrage universel : elle fut bien comprise
par les élites politiques de l’époque qui savaient qu’ils
pouvaient conserver leur pouvoir avec la confiance du
peuple ; ce qui leur conférait plus de légitimité. Historiquement, l’élection par la masse n’a pas souvent
modifié la classe politique : elle en a assis et conforté
le pouvoir.
L’illusion du choix
Cette croyance en des élections libres a en fait son
fondement (et non son origine) dans l’invention du
libre arbitre ; cette idée que le sujet seul peut décider
A ou B et manifester une terrible puissance de sa
volonté : Il n’y a que la seule volonté, que j’expérimente
en moi être si grande, que je ne conçois point l’idée
d’aucune autre plus ample et plus étendue : en sorte que
c’est elle principalement qui me fait connaître que je porte
l’image et la ressemblance de Dieu écrit Descartes dans
ses Méditations Métaphysiques. Où il ne parle pas
d’élections bien sûr, mais vise simplement à rendre
compte de l’erreur humaine : notre intelligence est
finie, notre volonté infinie, donc on se trompe, pense
Descartes.
Son erreur à lui, profonde, est de croire en des facultés
distinctes de l’esprit : la volonté est-elle vraiment distincte de l’intelligence comme le pense le philosophe
des Méditations ? Et est-elle distincte du choix ?
Lorsque j’ai choisi j’ai l’impression d’avoir eu le choix :
ce que l’on pourra qualifier d’illusion rétrospective.
Ainsi quelques années plus tard Spinoza nous
apprend que cette affaire de choix n’est qu’une supercherie : nous faisons des choses parce que des raisons
que nous ne connaissons pas nous ont poussés à les
faire ; et comme nous ne connaissons pas ces raisons,
nous nous inventons une faculté imaginaire, la
volonté, comme cause de ce choix : Telle est cette liberté
humaine, que tous les hommes se vantent d’avoir, et qui
consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs
désirs, et ignorants des causes qui les déterminent,
explique-t-il dans la Lettre à Schuller. Donc, notre
conscience n’est pas du tout une connaissance de
nous-mêmes et du monde : elle n’est qu’un coup de
projecteur sur un instant ; elle éclaire l’action, qui n’est
en fait qu’un effet. Mais la conscience croit voir, et
savoir : ce que je choisis, comme je ne connais pas les
causes réelles qui me l’ont fait choisir, je crois que c’est
ma volonté qui en est à l’origine.
Alors, élections pièges à cons ? Non, mais pièges à
consciences, d’autant plus que nous vivons dans une
société du spectacle qui falsifie nos désirs, et piège les
alternatives. À ce sujet on peut reprendre ce que déclarait Noam Chomsky lors de la publication de La
Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie. (Agone 2008, voir Zib’14): Les
élections sont conduites par l’industrie des relations
publiques qui marquète les candidats à la manière des
spots télés. Le but du marketing est de créer des
consommateurs non informés faisant des choix
irrationnels. Les mêmes techniques sont utilisées pour
saper la démocratie.
RÉGIS VLACHOS
92
HORIZONS
BIENNALE DES JEUNES CRÉATEURS
Embarquée par l’Espaceculture_Marseille à Thessalonique pour la BJCEM, la délégation française1
dévoile un ensemble de productions de belle facture. Scénographie inventive, sélection plus
rigoureuse, conditions techniques améliorées : la 15e édition tient ses promesses
Les docks, à Thessalonique. Zone de
transit en partie en friche, en partie
réhabilitée, avec à perte de vue des
hangars et des grues, vestiges d’une
gare maritime autrefois florissante…
C’est là, sur les quais, que la 15e Biennale des jeunes créateurs d’Europe
et de la Méditerranée a installé son
quartier général, réussissant l’exploit
d’accueillir près de 300 artistes-plasticiens en un temps record (la BJCEM
devait se dérouler à Casablanca) dans
un contexte économique catastrophique. La ville elle-même en est la vitrine
confuse : derrière quelques façades
rutilantes et un front de mer magnifique - mélange entre la baie de Naples,
la rade de Toulon et la Joliette à Marseille - des immeubles en ruines,
chantiers stoppés net, magasins
fermés, terrains à l’abandon… Si les
terrasses de café restent bondées, la
récession est là témoigne Marianthie
Paschou, Responsable du service culturel à l’Institut Français de Thessalonique :
«Depuis septembre il n’y a plus d’embouteillages ! Les taxis sont au chômage
et l’essence est trop chère, tous les
projets urbains sont en stand-by.
Certains habitants ont vu leur niveau de
vie baisser de 50 %, d’autres sont obligés de prendre leur retraite… mais le
peuple grec reste fier». Comment, dans
ces conditions, la Ville peut-elle organiser concomitamment la BJCEM et la
3e Biennale d’art contemporain ?
Terminal
Passengers
at Thessaloniki
l’hôtel Ariston transformé en galerie à
ciel ouvert jusque tard la nuit… Sans
compter l’ouverture de Facing Mirrors
au Thessaloniki Museum of Photography, seul musée national consacré à
ce médium, et acteur de nombreux
de l’organisation. Arts visuels, design,
architecture, arts appliqués : la circulation est cohérente, et, quel que soit le
hangar, le travail de mise en lumière
est efficace de jour comme de nuit. Le
projet in situ de Mathias Isouard
Bientôt Rome…
et Nottingham !
Un signe fort
Parce que «maintenir les événements
culturels est un acte courageux et symbolique» selon les édiles et les acteurs
culturels. Parce qu’inaugurer la BJCEM,
même perturbée par quelques manifestants, et maintenir la 3e Biennale a
du sens. D’autant qu’en 1986, la BJCEM
y tenait déjà sa deuxième édition… Les
jeunes artistes ont pris toute la mesure
de l’enjeu à travers les programmes
officiels et parallèles : inaugurations,
rencontres, performances, concerts à
la Tour Blanche, monument emblématique et historique qui abrite le musée
d’art byzantin, au Musée d’art contemporain-Moni Lazariston (pour un
judicieux face à face entre la collection
Georges Costakis de l’Avant-garde
russe et des pièces contemporaines),
à l’Université Aristote. Et dans de
nombreux lieux désaffectés réquisitionnés pour l’art : l’ex-Caserne Pavlos
Melas habitée par de jeunes plasticiens internationaux en résidence,
(Espagne), aussi drôle qu’impeccablement réalisée ; l’installation poétique
de Rita Correddu (Italie) qui mêle avec
justesse photos, voix et écrits ; le
montage à cent à l’heure de Samuel
Spreckley (U.K) pour dire l’impermanence du monde ; ou encore les bruyants
éclats de porcelaine brisée par les pas
d’une danse traditionnelle dans In
Ruins d’Andreas Pashias (Grèce), trace
présente d’un passé émietté…
BJCEM 2011, Thessalonique © Gwenola Gabellec
festivals, workshops et éditions. Encore une transformation réussie du
patrimoine industriel !
Moins spectaculaire mais tout aussi
remarquable, la rencontre avec 7 élèves
à l’Institut Français de Thessalonique qui
ont concocté la performance Élèves
dans le brouillard en écho à leurs œuvres, belles suggestions et moment
d’émotion garanti.
Une exhibition réussie
De l’eau a coulé sous les ponts depuis
les errements techniques de Skopje en
2009 (voir Zib 22) et un commissariat
artistique inégal… l’Association internationale pour la BJCEM a retroussé
ses manches et la Ville de Thessalonique a déployé imagination et sens
trouve sa juste intégration dans l’espace ; Sophie Guerrive «redécouvre»
avec curiosité ses dessins dans une
configuration inhabituelle sans cimaise ;
d’autres comme Sandra Lorenzi sont
heureusement surpris par l’agencement des productions entre elles ;
JRM et son installation interactive
Flashballs font mouche auprès des
visiteurs à l’instar… du minuscule dispositif vidéo sur lecteur MP4 de
Moussa Sarr, Fredi la mouche ! Il faut
dire que la majorité des créations bénéficient de beaux volumes d’exposition
et s’inscrivent intelligemment avec
leurs homologues étrangers. Particulièrement dans le hangar 15 où la photo
et la vidéo sont majoritaires : l’irrévérencieuse «Cène» de Jesus Hernandez
D’ici 2013 et la 16e biennale conçue
comme un parcours à travers la Croatie,
la Slovénie et l’Italie, l’Association internationale poursuivra son travail de
réflexion et de mutation d’un réseau
unique en son genre. Pour preuve le 1er
World Event Young Artists qui se
tiendra à l’automne 2012 à Nottingham, librement inspiré de la BJCEM
par l’un de ses membres actifs, le Arts
Council. En attendant, rendez-vous à
Rome les 16 et 17 déc avec les jeunes
réalisateurs, musiciens et écrivains d’une
BJCEM qui n’a pas dit son dernier mot…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
1
Artistes de Marseille, Pays d’Aix,
Toulon Provence Méditerranée
et Montpellier sélectionnés en arts
appliqués : Sophie Guerrive et
Arnaud Kwiatkowski ; en arts
visuels : Younès Baba Ali, Vincent
Betbeze, Jérémie Delhome,
Sébastien Duranté, JRM, Mathias
Isouard, Sandra Lorenzi, Audrey
Marton, Sophie Pellegrino,
Moussa Sarr
www.bjcem.org et www.bjcem.net
94
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Edité par Zibeline SARL
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Dépôt légal : janvier 2008
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Jeunesse, livres et arts visuels
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06 64 97 51 56
Histoire et patrimoine
René Diaz
[email protected]
Philosophie
Régis Vlachos
[email protected]
Sciences et techniques
Yves Berchadsky
[email protected]
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Yves Bergé, Émilien Moreau, Gaëlle
Cloarec,Christophe Floquet, Thomas
Dalicante, Aude Fanlo, Clarisse
Guichard, Pierre-Alain Hoyet,
Christine Rey
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