Spécial Dijon La grande bataille du rail

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Spécial Dijon La grande bataille du rail
Spécial Dijon
Photo du terminal rail-route de Perrigny-lès-Dijon, inauguré début 2003
La grande bataille du rail
Défi La survie économique de l’agglomération dijonnaise dépend du développement du trafic
de marchandises par la ligne TGV Rhin-Rhône. Mais la municipalité cherche également à
renforcer le transit interurbain et les dessertes aériennes.
PAR ARNAUD MOREL
onnez trompettes, battez tambours ! Dijon, toujours aussi belle, sort de sa torpeur, mue par de nouvelles ambitions.
L’équipe en place dans l’enceinte du palais des ducs de Bourgogne, conduite par le socialiste François Rebsamen, le clame
haut et fort : la ville tient son créneau, sa filière qui la mettra tout droit sur les rails d’un développement économique fort, la
logistique. Pour ce faire, il est vrai, la cité ducale ne manque pas d’atouts. Idéalement placée au centre d’un triangle Paris-Lyon
Strasbourg, Dijon lorgne sur le fort trafic de marchandises du centre de l’Europe : 65% du fret français et 40% du fret européen
s’échangent à moins de 100 kilomètres de la capitale régionale et la gare de triage de Gevrey-Chambertin reste la seconde de
France en termes de passage marchandise, avec 2500 wagons qui s’y écoulent chaque jour. Capter une partie de ce trafic pour
le transformer en plus-value économique semble donc largement justifié.
Reste que, pour l’heure, les ambitions affichées manquent de concrétisations tangibles : élément clé du dispositif, la ligne TGV
Rhin-Rhône qui doit connecter la ville à l’Europe centrale reste encore dans les cartons. « Notre dossier TGV est en bonne
voie ; de tous les projets actuels il demeure le plus avancé, le plus rentable économiquement parlant et le moins coûteux »,
affirme pourtant Jean-Pierre Soisson, le président du conseil régional. Même son de cloche du côté municipal, où l’on décrète la
mobilisation générale, notamment au sein du service d’urbanisme de la communauté d’agglomération, autour du rail. « Tout ce
qui pourra être fait pour assurer la captation des TGV le sera », martèle Pierre Pribetich adjoint au maire chargé du contrat
d’agglomération.
L’Etat hésite
L’unanimité politique sur le sujet n’est pas que façade. Le projet de TGV Rhin-Rhône, qui reliera Francfort à Lyon, bénéficie du
lobbying actif de l’association de soutien au TGV Rhin-Rhône-Méditerrannée, présidée par Jean-Marie Bockel, maire de
Mulhouse, qui regroupe les collectivités territoriales intéressées au projet, régions de Rhônes-Alpes, d’Alsace, de FrancheComté et de Bourgogne, et villes et départements afférents. Les Suisses poussent, eux aussi, dans le même sens. Seul hic de
l’affaire, l’Etat n’a toujours pas donné son feu vert et s’abrite derrière le débat parlementaire qui doit prochainement programmer
les grandes infrastructures ferroviaires. Pour l’heure le flou persiste et, quand le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique
Bussereau, vient en Bourgogne témoigner de l’intérêt du dossier, il va dans la foulée à Bordeaux dire la même chose à Alain
Juppé concernant le TGV Aquitaine, grand concurrent du TGV Rhin-Rhône. « J’ai vu Alain Juppé récemment et il m’a confirmé
que son projet de TGV Aquitaine n’était pas prêt », assène Jean-Pierre Soisson. Méthode Coué ? Possible. Si l’intérêt du TGV
Rhin-Rhône semble évident et le dossier bouclé, le poids politique du maire de Bordeaux pèsera lourd à l’heure du choix. Indice
inquiétant, la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (Datar) présentait le 24 avril son rapport sur les
grandes infrastructures de transport en omettant presque de citer le TGV Rhin-Rhône. « Seul l’union de toutes les collectivités
territoriales concernées peut contrecarrer le poids d’Alain Juppé, qui semble le véritable vice-premier ministre du gouvernement
Raffarin « , opine François Rebsamen, en profitant au passage pour décocher une méchante flèche au président de l’UMP

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