La photographe Helena Almeida refuse qu`on la dise féministe, et
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La photographe Helena Almeida refuse qu`on la dise féministe, et
Daté du 09/02/206, par Lauren Provost La photographe Helena Almeida refuse qu'on la dise féministe, et pourtant... CULTURE - "Féministe, non". Voilà ce que répond l'artiste portugaise Helena Almeida quand on l'interroge sur sa posture. L'œuvre de cette photographe, à l'honneur à partir du 9 février au musée du Jeu de Paume à Paris, nous paraît pourtant féministe à bien des égards. Quasiment inconnue en France, Helena Almeida est considérée comme l'une des plus grandes artistes contemporaines au Portugal et en Amérique Latine. Née en 1934 à Lisbonne, cette fille de sculpteur a choisi son corps pour sujet principal. Comme la photographe américaine Cindy Sherman, elle pratique l'autoportrait. Mais pas seulement. En peinture, en photo, en dessin ou en vidéo, Helena Almeida occupe l'espace avec son corps et pour une femme, cela n'a rien d'anodin. "Mon œuvre est mon corps" Ça n'est pas pour rien si la première rétrospective dédiée à Helena Almeida en France s'intitule "Corpus". "Corpus" comme l'ensemble des documents qui constituent le travail de quelqu'un (l'exposition couvre 50 années de son œuvre), mais aussi "corpus" comme "corps". Au musée d'art contemporain Serralves de Porto d'où nous arrive l'exposition, elle portait le titre de "Ma peinture est mon corps, mon œuvre est mon corps". De la première à la dernière salle de l'exposition, le corps d'Helena Almeida est partout. On le sent même derrière les toiles dans lesquelles l'artiste détruit les supports traditionnels de la peinture dans les années 1960. On le voit clairement apparaître dès qu'elle se met à la photographie, après avoir atteint ses limites en peinture. Qui a tiré la toile ainsi? "Helena Almeida expérimente toujours les limites d'un médium avant de passer à un nouveau. Les limites de la peinture l'ont ainsi amenée vers la photographie, les limites de la photographie l'ont amenée vers la vidéo", a expliqué au HuffPost João Ribas, l'un des commissaires de l'exposition. L'artiste commence ainsi à mêler peinture et photo. Elle explore les images mais surtout sa propre image. Et malgré les traits bleu au pinceau ou les lignes noires sur les photos, Helena Almeida occupe tout l'espace. À la fois modèle et artiste Elle est à la fois modèle, comme elle l'a été pour son sculpteur de père dès l'âge de 10 ans et comme le sont généralement les femmes dans l'art. Mais elle occupe aussi la place de l'artiste, généralement masculin à l'époque. Helena Almeida est aussi une artiste qui demande à ce qu'on l'écoute. Avec "Ouve Me" ("écoutemoi") en 1979, la photographe se met en scène bâillonnée ou la bouche comme cousue par ces mots. Une réponse à la situation politique en Iran en 1979, date à laquelle l'artiste a réalisé cette série. Mais pas seulement pour João Ribas, convaincu qu'Helena Almeida est bel est bien féministe. Féministe "dans le contexte où elle exerce son art", avant et après la révolution portugaise. Féministe par" sa démarche artistique". Féministe "car elle se concentre sur le corps de la femme". Féministe "car c'est une femme qui crie 'écoute-moi'". "Elle refuse cependant de se définir comme tel, c'est peut être une question de génération", tente d'expliquer le commissaire de l'exposition incapable de résoudre cette énigme. Quand Helena Almeida travaille autour de la "séduction", dessine, chorégraphie, photographie et peint le corps en souffrance, les pieds de la femme rouge sang, on ne comprend pas non plus pourquoi on ne devrait pas voir du féminisme là-dedans. Vraiment pas.