LA POLLINISATION TRADITIONNELLE ET SEMI MECANIQUE DU

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LA POLLINISATION TRADITIONNELLE ET SEMI MECANIQUE DU
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE LA PECHE
INSTITUT TECHNIQUE DE DEVELOPPEMENT DE L’AGRONOMIE SAHARIENNE
LA POLLINISATION
TRADITIONNELLE ET
SEMI MECANIQUE
DU PALMIER DATTIER
Phoenix dactyliféra, L
La fécondation du palmier dattier pose des problèmes particuliers dus à sa
nature dioïque.
Les sexes étant séparés, il existe donc des palmiers mâles et des palmiers femelles.
Les uns et les autres portent leurs fleurs en régimes entourés d’une spathe ligneuse qui
éclate à la maturité florale.
Il va de soi que ni le vent ni les insectes ne suffisent à assurer la fécondation des
fleurs, et qu’une fécondation artificielle par l’homme s’impose.
1. Historique
En 1885 Bonavir a proposé l’emploi d’une poire en caoutchouc pour la
pollinisation.
Dès 1945 M.A.Moncéero, chef de la station expérimentale d’El-Arfiane (Oued-Righ)
s’est intéressé à la modernisation de la technique de fécondation du palmier dattier.
En 1952 Alexandre a fait évoluer l’idée de la pollinisation mécanique lorsqu’il a
utilisé un tube en cuivre soutenu par une rallonge en aluminium, la projection du
pollen s’effectue par une pression manuelle sur une poire en caoutchouc.
En Iraq, pour la première fois en 1952, les phoeniciculteurs ont employés un appareil
à poudrage semblable à celle l’utilisée pour les insectes (Fly-Tox).
En 1952 à la station expérimentale d’Ain-Ben-Noui (Biskra) un système de poudrage
du pollen a été mis au point grâce à une poudreuse munie de tubes en alliage léger et
flexibles (Cadmium) auxquels le pollen n’adhère pas. Il suffit de manier le levier du
soufflet pour que la projection du pollen se propage sur les inflorescences femelles.
Aux Etat-Unis en 1963. Preston a fait polliniser par avion de type (Air plane) une
palmeraie de 1964 palmiers, dans une oasis en Californie en additionnant un support
de soutien (farine de blé), le taux de nouaison a été de l’ordre de 44%.
Une technique de pollinisation semi-mécanique a été mise au point à la station mère
de l’ITDAS au cours de la compagne 86-87. Nous en décrivons ici les différentes
phases du processus suivi.
2. Préparation du pollen
2.1- . Production des pollens
-
Un dokkar (palmier mâle) donne des inflorescences à spadice large et fournit en
moyenne 250 à 750 g de pollen et comprend environ 160 épillets. Il est choisi selon
les caractéristiques suivantes :
Floraison correspondant à celle des dattiers femelles.
Fleurs très pollinifères.
Production de nombreuses inflorescences.
Pollen a indice de nouaison élevé.
-
2.2- . Qualité germinative
Avant la plantation d’un dokkar, on tiendra compte de la valeur de son pollen car il
influe sur la récolte et sur l’époque de maturation selon Khova (1966).
Pereau Leroy (1957) en Algérie à la station expérimentale d’El-Arfiane, dans l’OuedRigh (Djamaa, ) a confirmé par les résultats de ses travaux l’avancement de la
maturité de deux semaines dus au pollen issu du dokkars connus par sa maturation
précoce.
En outre certains dokkars semblent donner de meilleurs résultats que d’autres dans la
fécondation des mêmes palmiers. Il s’agira donc de choisir dans la mesure du possible
des dokkars dont les caractéres phénologiques rappellent ceux de la variété cultivée.
A ce propos, une fécondation dirigée a été suivie à la station expérimentale d’Ain Ben
Noui (Biskra).
Dokkar de type Deglet-Nour
Sur variété Deglet-Nour, Mech Degla, Ghars (le taux de réussite est de 90%)
Dokkar de type Mech-Degla
Sur variété Degla-Nour, Mech Degla, Ghars (le taux de réussite est de 60%).
Dokkar de type Ghars
Sur variété Deglet Nour, Mech Degla, Ghars (le taux de réussite est de 80%).
2.3- . Effet de métaxémie
La métaxèmie est l’action directe du pollen sur la morphologie des fruits, des noyaux
et sur le tissu de la plante mère autre que l’endosperme. Sous la direction de Single,
R.W.Nixon entame en 1925, les premiers travaux de recherche sur la métaxémie chez
le palmier dattier. Après ses expériences faites en 1925, 1926 et 1927 ; Nixon rapporte
que la dimension des fruits et des noyaux ainsi que l’époque de maturité présentent
des différences significatives suivant les pollens utilisés.
L’influence du pollen se manifeste :
Sur la grosseur du fruit, grosseur de la graine, rapport pulpe noyau, précocité de la
maturation, etc…
2.4- . L’indice de nouaison
La nouaison est le résultat de la fécondation. D’après Nixon (1928), plus le
croisement est lointain (c’est-à-dire les palmiers mâles et femelles appartiennent à des
variétés différentes) plus la nouaison est médiocre. Mais pour Pereau Leroy (1958) la
nouaison dépend beaucoup plus de la variété femelle que de l’origine du pollen.
Munier (1973) cite que le pourcentage de nouaison, chez le palmier dattier est
d’autant plus élevé que la pollinisation est effectuée dès l’épanouissement des
inflorescences femelles en raison de la réceptivité florale. Il établit justement des
relations entre la période de pollinisation et le pourcentage de nouaison.
Pollinisation effectuée
Le jour même : 90 à 95 %
6 jours après : 80 à 90 %
8 jours après: 70 à 80 %
10 jours après : 40 à 60 %
Jusqu’au quatrième jour après l’ouverture des spathes, l’indice se maintient autour de
90 %, il est donc impératif d’effectuer la pollinisation dans le délai et de ne pas
dépasser six jours.
Selon Werheeimer en 1957 à Ain-Ben-Noui, affirme que la durée de réceptivité est
comme suit :
Variété
Deglet Nour
Mech Degla
Ghars
Durée de réceptivité
après éclatement
A l’épillet
A la poudreuse
10 jours
12 jours
07 jours
10 jours
06 jours
07 jours
2.5- . Importance de la période de pollinisation
La période de la pollinisation s’étend avec beaucoup de régularité sur 40 jours en
moyenne (Mars-avril). Au cours des quatre dernières compagnes dattières à la station
de Ain-Ben-Noui, la durée de pollinisation la plus courte a été de 37 jours et la plus
langue 42 jours pour la variété Deglet-Nour, mais ces périodes se déplacent
légèrement dans le temps en rapport naturellement avec les conditions
météorologiques de l’année. De même au niveau de la station on a eu l’occasion de
relever quelques constatations sur la période critique de maturation des spathes
femelles qui représente une légère avance par rapport à celle des spadices mâles.
C’est la dichogamie protogénique, le cas contraire est une dichogamie protandrique.
La pollinisation doit être effectuée par temps calme, sec et chaud. La pluie survenant
pendant la pollinisation peut entraîner le pollen ou le faire germer avant la
fécondation.
Pereau Leroy a montré que la pluie survenant quatre heures après la pollinisation était
pratiquement sans effet mais lorsque la pollinisation est pratiquée 10 à 12 heures
après une pluie, la nouaison est réduite de 25 à 30 %. Les fruits parthénocarpiques
sont sans valeur et déprécient la récolte.
3. Technique de la pollinisation
La pollinisation du palmier dattier est assurée depuis toujours avec un succès suffisant
de la façon suivante :
On récolte les inflorescences sur les palmiers mâles dès l’éclatement de la spathe. Ces
inflorescences sont constituées par un spadice épais portant de très nombreux
rameaux ou épillets sur lesquels sont fixées les fleurs.
Les épillets détachés du spadice, utilisés aussitôt ou mis à sécher sur des claies.
3.1- . Période de pollinisation
En général, la période de fécondation s’étend du début mars à fin avril.
Cependant, elle peut être décalée selon les années (climat) et le milieu de culture.
-
3.2- . Durée de réceptivité des fleurs femelles à la fécondation.
Il est important de connaître pendant combien de temps le régime femelle, réputé mûr
pour la fécondation, garde cette maturité permettant à ses fruits d’être fécondés sans
encourir le risque d’avoir des fruits parthénocarpiques.
La durée de réceptivité pour les principales variétés est comme suit :
Deglet-Nour : 12 jours
Mech-Degla : 9 jours
Ghars : 8 jours
Degla-Beida : 8 jours
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3.3- . Pollinisation proprement dite
Il existe deux moyens :
 La fécondation traditionnelle
L’opération nécessite de 6 à 10 ascensions sur le palmier, l’ouvrier chargé de la
pollinisation passe en moyenne deux fois par semaine, il circule entre les palmiers et
pollinisation semi-mécanique : projection du nuage de pollen autour de la spathe.
Monte aux arbres sur lesquels il aperçoit une ou plusieurs spathes entrouvertes et
introduit à l’intérieur des régimes un ou deux brins de fleurs mâles ensuite il attache
l’inflorescence.
Quelque soit le temps, vent pluie ou soleil il peut toujours accomplir son travail.
Cette méthode présente cependant quelques inconvénients :
Nécessite d’une main d’œuvre importante et spécialisée.
Risque d’accident élevé.
Affaissement de la couronne basale du palmier.
Nécessité de grimpées fréquentes.
 Fécondation semi-mécanique
Cette technique vise essentiellement à éviter les montées nombreuses pénibles et
préjudiciables aux palmiers en projetant le pollen sur les inflorescences femelles
depuis le sol.
L’utilisation d’une poudreuse munie de long tube en cadmium ou aluminium en est la
solution.
 Technique de récolte du pollen
Il s’agit de cueillir les inflorescences mâles au moment de leur maturité mais avant
que les fleurs ne soient trop ouvertes et ne perdent leur pollen.
Les inflorescences ainsi secouées dès leur cueillette contiennent encore beaucoup de
pollen qui ne pourra être extrait que lors de la dessiccation des fleurs qui seront mises
à sécher sur des claies.
 L’appareillage
L’utilisation de la poudreuse à dos munie de tubes en cadmium ou aluminium est
relativement aisée, elle permet de propulser le pollen à la hauteur des inflorescences.
Le débit de diffusion est d’environ 1g de pollen par coup de soufflet. C et appareil
peut traiter à des hauteurs allant jusqu’à 10 m.
La poudreuse utilisée pour politiser les palmiers dattiers
 Technique de poudrage
La poudreuse et sa lance sont portées par deux ouvriers, l’un porte la poudreuse et
manie le levier du soufflet, l’autre tient la lance.
S’arrêtant devant chaque palmier, l’ouvrier porte-lance, repère les régimes dont la
spathe est éclatée, place l’extrémité de son tuyau contre la partie où l’éclatement est
visible.
L’ouvrier qui porte la poudreuse donne alors un simple coup de soufflet émettant ainsi
un très léger nuage de pollen sur le régime.
Le débit de diffusion est de 6 à 8 g de pollen sur chaque palmier, en 6 ou 8 opérations
successives durant le temps de fécondation.
La technique de poudrage semi-mécanique
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Conclusion
La méthode de pollinisation semi-mécanique ainsi éprouvée à l’Institut a permis
d’enregistrer des résultats satisfaisants :
Sur le plan technique
Rendement : Les rendements ont connu un accroissement de l’ordre de 10%. Des
sujets Deglet Nour âgés de 72 ans ont donné une production moyenne de 54 kg tout
facteur de production étant égal par ailleurs par rapport à 48,6 kg en 1985/1986.
Critères d’appréciation
Indice de nouaison élevé de l’ordre de 98,5%.
Faible taux de fruits parthénocarpiques dû au mélange du pollen de plusieurs
variétés : 1,5 %.
Non affaissement des palmes de la couronne.
Sur le plan économique
Réduction du coût horaire de travail (2/3)
Gain de temps
Possibilités de polliniser jusqu’à 250 palmiers/jour.
Possibilités de faire plusieurs passages pour chaque palmier.

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