Plaidoyer pour une surveillance surveillée

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Plaidoyer pour une surveillance surveillée
Pearl Harbor, ce jour
d’infamie aux É.-U. Page A 4
375e de Montréal Deux
contrats annulés Page A 2
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VO L . C V I I
DE
LA
No 2 7 9
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AU
LE
Q UÉBEC
www.ledevoir.com
DEVOIR,
LE
MERCREDI
EN PASSANT PAR LA
7
Les écoles autochtones
prises à la gorge Page A 2
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DÉCEMBRE
1 , 3 0 S| +
2016
T URQUIE
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= 1 , 5 0 S|
PRIVÉE
Plaidoyer
pour une
surveillance
surveillée
HÉLÈNE BUZZETTI
Correspondante parlementaire
à Ottawa
près une décennie d’élargissement des ouA
tils policiers de lutte contre le terrorisme,
l’heure est à la consolidation des garde-fous ci-
GUILLAUME LEVASSEUR LE DEVOIR
Mar wa Dar wish reçoit un accueil chaleureux Rafaëlle Sinave.
Les Darwish sont finalement arrivés
LISA-MARIE GERVAIS
ris et larmes, embrassades et effusion de
C
joie. Les Dar wish ont été accueillis en superstars à l’aéroport Trudeau par la famille de
Québécois qui les par raine. Sous l’œil de
quelques caméras, les « mercis » et « shukran »
ont fusé de part et d’autre. « Ils sont là », ont crié
Maude Ménard-Dunn et Rafaëlle Sinave, les
leaders du groupe de parrainage. Cela faisait
déjà une bonne heure qu’elles et leurs amis
A UJOURD ’ HUI
Actualités ›
Quatrième essai et
les buts. Une chronique de Denis Ferland sur la réforme
démocratique promise par les libéraux. Page A 3
Le Monde › Planète Terre. La Corée
du Sud à l’orée de la paralysie.
Page B 5
Culture › Grammy. Beyoncé domine
les nominations. Page B 7
Avis légaux.................. A 4
Décès............................ B 6
Météo............................ B 2
Mots croisés............... B 3
Petites annonces ...... B 6
Sudoku......................... B 5
avaient les yeux rivés sur la sortie des passagers, le cœur battant la chamade, lorsque
« leurs » réfugiés syriens ont franchi les grandes
por tes de ver re des ar rivées de l’aéropor t.
« She’s my angel, my hero », ne cessait de répéter
le papa, Feras Dar wish, à l’agent de douanes
qui leur transmettait les derniers papiers.
Le vol TK 035 a atterri à l’avance, comme si
le pilote connaissait l’empressement qu’avaient
les deux familles à enfin se rencontrer. Dès
15 h, dans un petit café de l’aéroport, les deux
C AVALE
toyens. Les 13 commissaires à la protection de
la vie privée du Canada adressent à Ottawa un
mémoire commun dans lequel ils l’invitent à
« tirer des leçons » des révélations d’Edward
Snowden et de la surveillance récente de journalistes québécois.
Ottawa mène cet automne un examen du cadre de sécurité nationale au pays. Si la consultation se penche évidemment sur le controversé
projet de loi antiterroriste C-51 adopté par les
conser vateurs, elle ne s’y limite pas non plus.
Le livre vert qui guide les débats fait état de diverses demandes d’élargissement de pouvoirs
d’enquête. C’est dans ce contexte que le commissaire à la protection de la vie privée du Canada, Daniel Therrien, a présenté mardi un mémoire cosigné par ses 12 homologues provinciaux et territoriaux.
Le principe de base qui guide M. Therrien
est simple : « Le gouvernement ne devrait proposer, et le Parlement approuver, l’octroi de nouveaux pouvoirs à l’État que s’il est prouvé qu’ils
sont nécessaires et proportionnés — et non simplement [parce qu’ils seraient] pratiques », a-t-il
expliqué en conférence de presse. M. Therrien
estime que les seuils de preuve exigés pour obtenir des mandats d’écoute ou de collecte d’informations sont déjà suffisamment bas et n’ont
pas besoin d’être abaissés encore davantage.
marraines exultaient de joie et de fébrilité.
« C’est le plus beau jour de toute ma vie », a lancé
Rafaëlle, les yeux pétillants. Sur la petite table,
près d’elles, les af fiches écrites en arabe
qu’elles ont préparées avec leur professeur de
langue. Tout au long de cet après-midi, d’ultime
attente, les deux amies ont pleuré, papoté, rigolé. L’heure était au bilan. Plus d’un an a passé
depuis que Maude, qui étudie à la maîtrise en
Des métadonnées inquiétantes
Les métadonnées préoccupent particulièrement les commissaires. Selon eux, trop de
gens — dont les juges qui autorisent leur collecte — pensent encore que celles-ci sont inoffensives parce qu’elles ne révèlent pas le
contenu d’une conversation ou d’un courriel,
les comparant à « l’information figurant sur une
enveloppe ou dans un annuaire téléphonique ».
Or, il n’en est rien, assurent-ils. Ils citent même
VOIR PA GE A 8 : DAR WISH
VOIR PA GE A 8 : VIE PRIVÉE
MEUR TRIÈRE ET SANTÉ MENTALE
Quatre accusations… et beaucoup de questions
GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ
D
eux accusations de meurtres prémédités, deux autres de tentatives
de meur tre : Frédérick Gingras,
auteur d’une cavale meurtrière dimanche soir, subira une évaluation
psychiatrique à l’Institut Pinel afin de déterminer s’il est apte à subir un procès. Mais son dossier soulève une série de questions sur la capacité des milieux de la santé et de la justice à
prévenir ce genre d’événements.
Âgé de 21 ans, M. Gingras a comparu mardi
après-midi au palais de justice de Montréal. À la
sortie de l’audience, son avocat a évoqué une
« problématique de santé mentale » qui justifie
une demande d’évaluation psychiatrique qui
sera faite dans les cinq prochains jours. Il demeurera détenu au fil du processus.
Son histoire a beaucoup fait réagir mardi.
« Pourquoi, en santé mentale, il faut attendre
qu’une personne soit dangereuse avant qu’elle
puisse être soignée autrement que volontairement ? demande en entretien Hélène Fradet, directrice générale de la Fédération des familles
VOIR PA GE A 8 : CAVA LE
MARK HUBSKYI GETTY IMAGES
La loi P-38 vise la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes
ou pour autrui.