Être riche - ACTE

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Être riche
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pour investir dans
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Les politiciens et les églises désapprouvent
la délocalisation à l’étranger d’usines
de fabrication établies en Allemagne
– y compris des entreprises qui à l’origine
ont profité de subventions pour s’établir
(par exemple Nokia à Bochum en Allemagne). De nombreux emplois, y compris
ceux des sous-traitants sont supprimés,
même si des profits ont été réalisés.
L’interview qui suit avec l’un des plus
importants entrepreneurs allemand,
le Professeur Heinz-Horst Deichmann,
a pour thèmes : le capitalisme, l’économie
de marché, les salaires des PDG, etc.
Le Professeur Deichmann est en Allemagne
le plus important détaillant de chaussures
avec 26 000 employés.
Professeur Deichmann, une délocalisation
pourrait-elle avoir lieu dans votre entreprise
aussi ?
Personne ne devrait prendre une décision
de cette importance, décision qui affecte
l’existence de nombreux employés et
de sous-traitants. Pour cette raison, je comprends la réaction indignée des salariés
et leur crainte de l’imminence d’une crise.
La décision à court terme de fermer une
usine serait impensable pour nous, parce
que nous essayons de planifier à long
terme. Par ailleurs, nous ne prenons pas
de décision concernant l’investissement
lorsque celui-ci dépend de subventions.
Nous effectuons notre planification avec
notre propre argent. Nous voulons rester
totalement libres et indépendants dans nos
décisions.
Les entreprises justifient leur délocalisation
à l’étranger avec l’argument qu’en Allemagne.
Les coûts de production sont trop élevés...
Ceci est bien connu depuis longtemps.
Le fait que les entreprises s’établissent
en dépit de ce fait, puis font des profits en
recevant d’importantes subventions, est
malheureusement typique d’une mentalité
d’actionnaires : le profit est ce qui compte.
Naturellement, tous les actionnaires
ont un rôle à cet égard. Naturellement,
ils attendent beaucoup de profits des
entreprises dans lesquelles ils possèdent
des actions. Par conséquent, les entreprises
pensent devoir fonder leurs décisions
uniquement sur le profit. La plupart du
temps, cela se fait au détriment des salariés.
Je n’aime pas du tout ce système.
Nous sommes une entreprise familiale.
Sur chaque chose, nous portons la responsabilité nous-mêmes et nous devons
certainement aussi en supporter le risque
nous-mêmes. Nous avons délibérément
inclus le comité d’entreprise dans notre
planification.
D’influents magazines comme “Spiegel”
et “Stern” expriment des critiques à propos de
ce qu’ils considèrent comme une injustice
croissante en Allemagne, avec un écart entre
riches et pauvres en expansion constante.
Naturellement, les salaires de tous les
employés doivent être calculés en fonction
des bénéfices. En tout cas, je n’entends
aucune plainte dans notre entreprise au
sujet de la trop grande différence entre
les salaires. Bien sûr, les managers portant
une plus grande responsabilité doivent
avoir un salaire plus élevé que le personnel
de vente.
Les hauts responsables allemands ne doivent
pas gagner 43 fois plus que les employés,
comme c’est le cas avec les gestionnaires
des 100 meilleures entreprises. En 2006,
les salaires étaient en moyenne 16,9% plus
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élevés qu’en 2005. Chaque chef d’entreprise
des sociétés les plus importantes a reçu en
moyenne un salaire annuel de 5,17 millions
d’euros.
C’est vraiment trop. Personne ne peut
gagner autant et on n’a pas besoin d’autant
d’argent. Ici, l’avidité est clairement
impliquée. C’est pourquoi rien n’est aussi
durement condamné dans la Bible que
l’amour de “Mammon”. On a besoin de se
contenter de ce qu’on a. Cela devrait être
plus facile pour quelqu’un ayant un niveau
de salaire élevé que pour quelqu’un qui a
besoin d’aide.
L’économie sociale de marché
est-elle en danger ?
Oui. Si cette tendance se poursuit il pourrait
y avoir des bouleversements qui menacent
l’ensemble – le système d’économie de marché et de protection sociale. Les politiques
devraient assurer l’équilibre.
Défendez-vous un salaire minimum ?
Je ne crois pas que ce serait effectivement
un bénéfice pour notre économie. Je pense
qu’il serait mieux que l’État et les entreprises facilitent l’emploi à de nombreuses
personnes, basé sur de bonnes conditions
économiques pour que tous reçoivent
un juste salaire. Cela nécessite aussi que,
non seulement ceux qui ont des salaires
élevés, mais que tous doivent effectuer
un travail avec diligence et responsabilité.
On pourrait facilement vous rétorquer :
c’est facile à dire ! Vous roulez sur des
milliards. Que signifie l’argent pour vous ?
En tant que chrétien, je suis responsable
devant Dieu comme un intendant à l’égard
de l’argent.
Je ne suis pas riche, pour être constamment
en mesure de me payer de très bonnes
choses, mais plutôt dans le but d’investir
dans le Royaume de Dieu.
Cela semble trop beau pour être vrai...
Naturellement, une entreprise qui veut
survivre, doit viser un but lucratif.
Ce bénéfice doit être gagné et imposé en
toute honnêteté. Une grande partie de ce
bénéfice sera nécessaire pour de nouveaux
investissements sans lesquels la société ne
sera pas en mesure de rester concurrentielle
très longtemps.
De cette façon les emplois sont préservés
et de nouveaux sont créés. Une autre partie
des profits pourra être utilisée à donner
des avantages sociaux spécifiques pour
les employés, comme un généreux fonds
de secours, un plan de retraite d’entreprise,
ou une semaine de vacances en Suisse.
Ils seront en outre utilisés pour couvrir
les frais du responsable de la société et
sa famille, car il doit payer aussi pour son
pain et son beurre comme ses employés.
Une quantité importante des bénéfices de
mon entreprise sont alloués à la fondation
sans but lucratif Deichmann. Les fonds
sont utilisés pour aider des sans-abris et
des personnes qui souffrent de dépendance
à la drogue en Allemagne. En Afrique, nous
apportons une aide médicale, fournissons
l’éducation et l’eau potable à environ
10 000 personnes. Cependant, la part
la plus importante, va en Inde, où nous
soutenons des villages atteints de la lèpre,
des hôpitaux, des orphelinats, des écoles et
des ateliers pour environ 90 000 personnes.
Interview : Helmut Matthies
(Source : ideaSpektrum 5 / 2008)
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