Etude du clip de la chanson « Anne, ma sœur Anne » de Louis

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Etude du clip de la chanson « Anne, ma sœur Anne » de Louis
Etude du clip de la chanson « Anne, ma sœur Anne » de Louis Chédid
Problématique : Comment l’artiste incite-t-il à toujours se rappeler du passé ?
Ce type de chanson s’appelle une chanson engagée (qui défend un point de vue, qui
veut faire passer un message (utilisation de figures de style comme la métaphore, l’hyperbole,
ect.))
Le vidéo-clip d’« Anne, ma sœur Anne » présente une histoire centrée sur la vie
quotidienne d’une personne âgée, on la voit :
* faire son jardin
* donner à manger aux animaux
* aller chercher son courrier
* se préparer à manger
* regarder la télévision
* promener son chien
Le vieil homme croise dans ce clip plusieurs personnes : un facteur / des chasseurs / des
jeunes mariés / des ouvriers et leur contremaître / des enfants et leur grand-mère
-> Tout porte à croire que cette personne âgée est inoffensive / tout à fait normale
Mais en fin de clip on assiste à une « chute » (élément imprévisible) : le vieillard est en fait un
ancien nazi. Des détails rapprochent le vieil homme du jeune officier qui apparaît à l’écran :
lunettes / même place dans le plan où il se trouve face à la fenêtre et face à l’armoire.
Cette chute amène à une « relecture » et à une nouvelle compréhension des actions faites par
le vieillard.
1 / Facteur : le grillage symbolise la séparation de deux mondes (rappel des camps) et fait
ressortir l’aspect asocial de l’homme (pas de bonjour). Un rapport qui est souligné par la
couleur de peau du facteur (noir) qui amène l’idée du racisme.
2 / Préparation du repas : découpe du lapin (rappel des actes de cruauté nazis)
3 / Le vieil homme nargue le lapin enfermé avec de la nourriture (camps de concentration)
4 / Il regarde les ouvriers (d’origine étrangère) se faire donner des ordres par leur contremaître
(habit : rappel de la gestapo) : le vieil homme ne s’en mêle pas et reste à l’arrière-plan.
5 / Lorsqu’il cueille des roses, le vieillard semble être fasciné par le sang.
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6 / Lorsqu’il promène son chien, le vieillard croise des chasseurs qui peuvent être assimilés à
ceux qui « traque » le gibier / aux soldats allemands (tour de garde). L’utilisation du ralenti
souligne l’importance de l’image.
7 / Le vieil homme regarde pensivement une manifestation avec des skinheads (groupe dont
certains membres se rapprochent parfois de l’extrême droite) : souvenirs/nostalgie de sa
jeunesse.
8 / Lorsque l’homme est entouré de deux petites filles, on peut penser aux jeunesses
hitlériennes et aux chantiers de jeunesse du régime de Vichy.
9 / L’homme passe à côté d’un mariage juif (kippa) : la ligne de regard traduit le mépris
qu’éprouve l’homme pour ce qui se passe juste à côté de lui.
Le choix du noir et blanc pour l’image s’explique par le récit de quelque chose de
passé (qu’on ne doit pas oublier, mais que l’on a tendance à effacer de notre mémoire car « ça
ne peut pas se reproduire »), comme on peut aussi le voir dans le film-documentaire d’Alain
Resnais Nuit et Brouillard (1955). Le noir et blanc peut aussi marquer l’idée de différence
ethnique, et par la relecture donner une dimension nostalgique puisque c’est ce qui environne
le vieil homme.
L’acteur jouant le rôle de l’homme est choisi pour son ambiguïté physique : nez »
crochu » : caractéristique juive selon l’exposition parisienne du palais Berlitz « le juif et la
France » (1941-1942) [3:51]
A plusieurs moments, on voit le vieil homme « pensif ». On peut imaginer que les
paroles de la chanson sont ses pensées (ambiguïté) mais une fois le clip visionné, on peut
comprendre que la chanson et les images sont deux choses différentes (d’où les plans sur
Louis Chédid en train de chanter)
Analyse des paroles :
« Anne » : Anne Frank : fillette juive déportée et morte dans le camp de BergenBelsen : « écrivant ton journal » / « du fond de ton placard » / « petite fille martyre »
« Ma sœur » : pas en terme de famille mais comme « famille humaine » (littéralement
« nous sommes tous frères et sœurs ») : souligne l’absence de discrimination.
« Si j’te disais » : subordonnée d’hypothèse : Anne n’est pas là (plus là) : il voudrait
lui raconter directement mais ne peut pas. Cette impuissance de Chédid de s’adresser
directement à Anne revient dans « j’aurais tant voulu te dire » : le conditionnel passé met en
évidence une action souhaitée mais non réalisée (Anne est morte / la vermine revient).
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Vocabulaire négatif / dépréciatif pour désigner le racisme / fascisme : « cauchemar » /
« nazi-nostalgie » / « historique hystérie » / « vermine » / « tanière » (monstre –animal : Art
Spiegelman « Maus » / Calvo La Bête est morte (Hitler dessiné comme un loup)
Chédid met en évidence les similitudes entre le nazisme et le parti d’extrême droite qui
« perce » en 1983 le Front National, mais sans jamais le nommer : « les mêmes discours » /
« les mêmes slogans » / « les mêmes aboiements » (l’énumération est dégressive : discours
(paroles compréhensibles) / aboiements (éléments incompréhensibles).
« Croix gammée, bottes à clous et toute la panoplie » : déguisement : Chédid mentionne que
les nouveaux extrémistes ont l’apparence des nazis de la 2 nde guerre mondiale.
La chanson ne se veut pas optimiste (les deux derniers vers comportent « cauchemar »
/ « cafard ». Mais elle incite à se méfier, elle a une valeur de mise en garde (« hier » v.28 :
passé proche : les événements de la 2nde guerre sont à considérer comme des événements
récents). (Comme l’indique aussi le narrateur Michel Bouquet à la fin de Nuit et brouillard).
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