Etude relative à la rédaction d`un Guide méthodologique
Transcription
Etude relative à la rédaction d`un Guide méthodologique
AUTORITE DU BASSIN DE LA VOLTA VOLTA BASIN AUTHORITY Bénin- Burkina- Côte d’Ivoire- Ghana- Mali- Togo Etude relative à la rédaction d’un Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une Charte de l’eau du Bassin de la volta Juillet 2015 GARANE Amidou 1 SOMMAIRE 1. Contexte de l’étude relative à l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta 2. Objectifs et résultats attendus de l’étude 2.1 Objectif général 2.2 Objectifs spécifiques 2 .3 Résultats attendus 3. Méthodologie pour la réalisation de l’étude 3.1 Phases de l’étude 3.2 Approche pour la réalisation de l’étude Annexe 1. Retour d’expérience de l’élaboration d’une charte de l’eau de bassin transfrontalier en Afrique. Annexe 2. Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. 2 SIGLES ET ABREVIATIONS ABN : Autorité du Bassin du Niger BAD : Banque Africaine de Développement ABV : CBLT : CEDEAO : CEEAC : CICOS : GIRE : OIG : PAGE : PAS : PNUD : UICN : Autorité du Bassin de la Volta Commission du Bassin du Lac Tchad Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-sangha Gestion Intégrée des ressources en Eau Organisation Inter-Gouvernementale Partenariat pour la gouvernance environnementale en Afrique de l’Ouest Programme d’Action Stratégique (Bassin du Lac Tchad) Programme des Nations Unies pour le Développement Union Internationale pour la Conservation de la Nature 3 RESUME EXECUTIF Depuis le début des années 2000, certaines organisations de bassin en Afrique ont adopté des chartes de l’eau, en complément aux conventions de base qui régissent la gestion de ces bassins. Le besoin d’élaboration de nouveaux instruments conventionnels complémentaires résulte du constat que les conventions de base, en raison de leur caractère général, ne sont pas aptes à réguler le comportement des Etats pour la prévention des conflits interétatique liés à l’eau et une gestion durable desdits bassins. C’est ainsi que nos jours, trois chartes de l’eau ont été adoptées à savoir la Charte des eaux du fleuve Sénégal, la charte de l’eau du bassin du Niger et la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. C’est expériences de chartes de l’eau, bien que relativement récentes, ouvrent de nouveaux espoirs pour la gestion durable de ces bassins car elles assurent une utilisation et une protection durables des ressources en eau et de l’environnement de ces bassins hydrographiques. Elles déterminent en effet le rôle et les responsabilités des principaux acteurs, les procédures et les règles d’utilisation et de protection des ressources en eau et de l’environnement pour la prévention des conflits entre Etats. Elles mettent également en place des organes spécifiques chargés d’appliquer ces règles et procédures. C’est dans ce contexte que l’Autorité du Bassin de la Volta a décidé de se doter d’une charte de l’eau du bassin de la Volta, avec l’appui de partenaires extérieurs. A cette fin, elle a décidé d’élaborer un « Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta ». Le Guide méthodologique est conçu comme un document d’orientation qui doit guider les acteurs dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. Il a été élaboré en capitalisant les expériences d’élaboration des chartes de l’eau en Afrique, particulièrement la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad qui est la dernière en date et qui a elle-même bénéficié de l’expérience des deux premières chartes de l’eau. Le Guide méthodologique décrit en premier lieu le contexte d’élaboration de la charte de l’eau du bassin de la Volta et détermine la portée et les enjeux de la charte de l’eau en termes de prévention des conflits, de renforcement de la coopération et de la solidarité sous régionale pour la gestion équitable et durable de ce bassin partagé. Elle expose ensuite les différentes étapes d’élaboration d’une charte de l’eau et les contraintes qui sont liées au respect de ces étapes. Elle détermine également le rôle et les responsabilités des principales catégories d’acteurs ainsi que les modalités de leur implication effective dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. Elle insiste enfin sur le rôle de l’Autorité du Bassin de la Volta et des Etats dans le pilotage de la Charte de l’eau en tant qu’instrument de gestion d’un bassin partagé et destinée à promouvoir la communauté d’intérêt qui lie les Etats du bassin. 4 INTRODUCTION 1. Contexte de l’étude relative à l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta La Volta est un fleuve transfrontalier partagé par six (6) pays d’Afrique de l'Ouest qui dépendent de ses ressources naturelles pour leur développement (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Mali et le Togo). Afin d'instituer des mesures de gestion durable des ressources en eau transfrontalières, les Ministres en charge des ressources en eau des pays riverains ont approuvé les projets de Convention et de Statuts de l'Autorité du bassin de la Volta (ABV) le 16 juillet 2006 à Lomé. Le 19 janvier 2007, les Chefs d'Etats et de gouvernement des Etats du Bassin de la Volta ont adopté la Convention portant statut du fleuve Volta et création de l'ABV. Suite à cette adoption, la première réunion du Conseil des Ministres, tenue le 16 novembre 2007 à Ouagadougou, a approuvé les Statuts et le cadre institutionnel de l'ABV. La Convention portant Statut du Fleuve Volta et création de l'Autorité du Bassin de la Volta est entrée en vigueur le 14 août 2009 après sa ratification par quatre des six Etats membres. Depuis sa création, l’ABV a entrepris de nombreuses initiatives pour la gestion durable du bassin de la Volta. Dans la perspective de développement futur de ses activités, l’ABV a décidé, conformément à son Plan Stratégique 2015-2019, de doter le bassin d’une charte de l’eau. Le Plan Stratégique qui détermine les objectifs stratégiques de l’ABV pour les cinq ans concernés, constitue le cadre d’intervention à moyen terme de l’institution. Son objectif stratégique 4 est consacré en effet au renforcement du cadre législatif du bassin de la Volta dans lequel s’inscrit l’élaboration de la charte de l’eau. Cette initiative de développement d’une Charte de l’eau est soutenue par de nombreux partenaires dont l’UICN à travers son programme « Partenariat pour la gouvernance environnementale en Afrique de l’Ouest (Programme PAGE / UICN) afin de développer la gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin. Cette institution a décidé de soutenir, une activité préalable à l’élaboration de la charte de l’eau, à savoir la conception d’un « Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta ». Ce Guide méthodologique doit permettre aux parties prenantes de l’ABV de s’imprégner de leur nécessaire implication dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de cette Charte. Il sera donc mis à la disposition des différentes catégories d’acteurs du développement du Bassin de la Volta, notamment ceux du Forum des Parties prenantes pour le développement durable du bassin de la Volta qui regroupe les différents usagers de l’eau, la société civile concernée par la gestion de l’eau, les collectivités décentralisées dans la portion du bassin, les structures focales nationales). 5 2. Objectifs et résultats attendus de l’Etude relative à l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta 2.1 Objectif général L'objectif général de l’étude est de réaliser un Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l'eau du Bassin de la Volta. 2.2 Objectifs spécifiques Les objectifs spécifiques de l’étude sont : valoriser les expériences d’élaboration et de mise en œuvre de Charte de l’eau dans des bassins transfrontaliers homologues, au bénéfice de la Charte du bassin de la Volta; préciser et valoriser le rôle des parties prenantes dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau de l’ABV ; définir les modalités d’implication des parties prenantes et d’échanges d’informations ; éditer le guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau ; déterminer les méthodes de dissémination du guide méthodologique à travers des activités de formation/sensibilisation des parties prenantes ; former des représentants des différentes catégories d’acteurs à la participation à l’élaboration et à la mise en œuvre de la Charte de l’eau de l’ABV (formation de formateurs pour la dissémination du Guide méthodologique produit). 2.3 Résultats attendus l’expérience d’élaboration de la charte de l’eau dans un bassin hydrologique africain, faisant le point du processus suivi, des difficultés rencontrées, de leçons tirées et des suggestions, est analysée et prise en compte pour la rédaction du Guide méthodologique ; le projet de Guide méthodologique, y compris les outils de diffusion, est élaboré et validé ; le Guide méthodologique est édité et diffusé auprès des parties prenantes à travers des séances de formation des acteurs. 3. Méthodologie pour la réalisation de l’étude 3.1 Phases de l’Etude Phase 1. Rencontre de cadrage avec l’ABV Cette rencontre de cadrage a permis aux deux parties de confirmer leur compréhension commune de l’Etude, d’adopter le chronogramme consolidé avec les dates réelles de remise des rapports. Elle a été aussi l’occasion pour le Consultant de solliciter la 6 documentation disponible au sein de l’ABV et susceptible d’aider à la rédaction du rapport. Phase 2. Elaboration du rapport sur le retour d’expérience d’élaboration d’une Charte de l’eau dans un bassin transfrontalier en Afrique Il s’agit de capitaliser une expérience réussie d’élaboration d’une Charte de l’eau dans un bassin transfrontalier en Afrique. A ce propos, il convient de rappeler que sur le continent, trois expériences de charte de l’eau ont été conduites à nos jours avec succès. Il s’agit successivement de la Charte de l’eau du fleuve Sénégal (2002), la Charte de l’eau du Bassin du Niger (2008) et la Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad (2012). Dans le cadre de l’élaboration de ces chartes, les deux dernières ont capitalisé l’expérience des chartes précédentes. Dans le cadre de la présente étude, le Consultant propose de retenir l’expérience d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad et ce, pour une triple raison : en premier lieu, il s’agit de nos jours, de l’expérience la plus récente et la plus achevée des chartes de l’eau en ce qu’elle a pris en compte l’expérience des deux chartes précédentes du fleuve Sénégal et du bassin Niger, en tirant les leçons du processus suivi, des difficultés rencontrées, des leçons tirées ; en second lieu, l’élaboration de cette charte a été la plus participative avec un processus long et complet ayant permis à tous les acteurs d’être largement impliqués aux différentes phases d’évolution du processus ; en troisième lieu, le consultant qui élabore le présent rapport, a une excellente connaissance de l’expérience de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad pour avoir été le Consultant juriste, Chef de mission, qui a conduit l’élaboration de cette Charte sur une période de 20 mois. Il convient de préciser cependant que le choix porté sur une expérience d’élaboration et de mise en œuvre d’une Charte de l’eau dans un bassin transfrontalier africain ne signifie pas que le Consultant se privera de prendre en compte des éléments pertinents de l’élaboration d’autres chartes pour autant que cette prise en compte puisse aider l’ABV dans l’élaboration de sa future charte. Le rapport provisoire qui porte sur le retour d’expérience d’une charte de l’eau sera soumis en interne à l’ABV pour amendement. L’ABV formulera ses observations et celles qui seront consensuelles y seront intégrées. Les éléments de ce rapport seront pris en compte pour l’exécution de l’étape suivante qui consiste en la réalisation du Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. 7 Phase 3. Elaboration du Guide méthodologique Le Guide méthodologique devrait aider l’ABV dans l’élaboration de la future Charte de l’eau du Bassin de la Volta. Il comportera notamment les aspects majeurs suivants : les différentes phases d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta (diagnostic, projet de charte de l’eau, adoption, vulgarisation, ratification et entrée en vigueur) ; le rôle des parties prenantes et les modalités de leur implication dans l’élaboration de la Charte de l’eau de l’ABV ; la mise en œuvre de la Charte de l’eau de l’ABV. Le Guide méthodologique sera soumis à l’ABV pour observations. Les observations consensuelles seront intégrées dans le projet de Guide méthodologique pour être soumis aux acteurs du bassin dans le cadre d’un atelier de l’UICN/ PAGE qui tiendra lieu d’atelier de validation. Il s’agit en effet de profiter d’ateliers futurs du PAGE pour faire valider le Guide méthodologique. Phase 4. Diffusion du Guide méthodologique auprès des parties prenantes Le Guide méthodologique, après sa validation, sera présenté aux parties prenantes du Bassin de la Volta dans le cadre d’ateliers organisés par l’UICN/PAGE et l’ABV. A cet effet, le Consultant produira des outils de diffusion du Guide méthodologique dont : un Power-point ; une plaquette de synthèse du Guide méthodologique ; une maquette du Guide à éditer ; un planning des ateliers de diffusion. Phase 5. Edition du Guide méthodologique et formation des acteurs Il est prévu que le Guide soit par la suite édité par l’ABV et que des sessions de formation soient organisées à l’attention des parties prenantes au développement du bassin. Mais ces aspects ne font pas partie de la présente mission. 3.2 Approche participative pour la réalisation de l’Etude L’Etude sera réalisée en étroite collaboration avec l’ABV et particulièrement avec l’Unité juridique de l’ABV afin de s’assurer de la prise en compte des préoccupations de l’institution mais aussi de contribuer au renforcement des capacités de l’Unité juridique dans la perspective de l’élaboration de la future Charte de l’eau du bassin de la Volta. Il importe en effet que dans le processus d’activités préparatoires de l’élaboration et de 8 mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta, l’Unité juridique s’approprie l’ensemble du processus. Durant l’élaboration du Guide méthodologique, toutes les rencontres de l’ABV seront l’occasion pour le Consultant d’échanger avec les parties prenantes au développement du bassin pour s’assurer que leurs préoccupations sont effectivement prises en compte dans le cadre de l’élaboration de la future charte de l’eau. Le présent rapport d’étude sur l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta comporte deux parties correspondant aux deux annexes du rapport. La première partie qui correspond à l’Annexe 1 décrit et analyse une expérience d’élaboration d’une charte de l’eau d’un bassin transfrontalier en Afrique, en l’espèce, la Charte de l’eau du Bassin du Lac Tchad. La seconde partie qui correspond à l’Annexe 2 du présent rapport constitue le Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du Bassin de la Volta. 9 Annexe 1. Retour d’expérience de l’élaboration d’une charte de l’eau de bassin transfrontalier en Afrique 10 SOMMAIRE I. Contexte général du bassin du Lac Tchad 1.1 Rappel des enjeux et défis dans le bassin du Lac Tchad 1.2 Décision d’élaboration d’une charte de l’eau II. Etapes d’élaboration de la Charte de l’eau 2.1 Conceptualisation et diagnostic 2.2 Création d’un projet de charte de l’eau 2.3 Validation, adoption et vulgarisation de la Charte de l’eau III. Pilotage de la Charte de l’eau 3.1 Rôle de la CBLT 3.2 Rôle des Etats membres 11 SIGLES ET ABREVIATIONS ABN : Autorité du Bassin du Niger BAD : Banque Africaine de Développement ABV : CBLT : CEDEAO : CEEAC : CICOS : GIRE : OIG : PAGE : PAS : PNUD : UICN : Autorité du Bassin de la Volta Commission du Bassin du Lac Tchad Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-sangha Gestion Intégrée des ressources en Eau Organisation Inter-Gouvernementale Partenariat pour la gouvernance environnementale en Afrique de l’Ouest Programme d’Action Stratégique (Bassin du Lac Tchad) Programme des Nations Unies pour le Développement Union Internationale pour la Conservation de la Nature 12 Introduction Dans le cadre du processus d’élaboration de la Charte de l’eau du Bassin de la Volta, il est paru nécessaire de s’inspirer et de capitaliser les expériences précédentes d’élaboration et de mise en œuvre de charte de l’eau de bassins transfrontaliers en Afrique. De nos jours, trois grandes expériences d’élaboration de charte de l’eau existent sur le contiennent et la présente étude retient celle de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad pour les raisons précédemment évoquées. Le présent rapport sur le retour d’expérience de l’élaboration et de la mise en œuvre d’une charte de l’eau de bassins transfrontaliers en Afrique comporte trois parties. La première partie expose le contexte général du bassin du lac Tchad et l’avènement de l’idée d’élaboration d’une charte de l’eau. La seconde partie examine les différentes étapes du processus d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad en mettant particulièrement en exergue l’implication des acteurs. La troisième partie porte sur le pilotage de l’élaboration de la Charte de l’eau et en particulier sur le rôle de deux acteurs majeurs que sont la CBLT et les Etats membres. I. CONTEXTE GENERAL DU BASSIN DU LAC TCHAD 1.1 Rappel des enjeux et défis dans le bassin du Lac Tchad Le Bassin du Lac Tchad est le plus grand bassin versant endoréique (continental et sans débouché maritime) en Afrique. Il couvre une superficie d’environ 2 355 000 km2 et occupe près de 8 % de la superficie du continent, couvrant plusieurs pays (Algérie, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Libye, Niger, Nigeria, Soudan). Quant au bassin conventionnel (hydrologiquement actif), qui est sous la juridiction de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), il couvre une superficie de 966 955 km2 (initialement de 427 500 Km2). C’est un bassin « politique » en ce qu’il s’agit d’une zone délimitée conjointement par les Etats membres de la CBLT et qui ne correspond pas à une définition topographique ou hydrographique du bassin. Ses limites sont donc le fruit d’une décision politique. Le Lac Tchad est essentiellement approvisionné par le Fleuve Chari-Logone, qui fournit environ 90 % des apports, les 10 % restants provenant du Fleuve Komadougou-Yobe prenant naissance au Nigéria et formant la frontière entre ce pays et le Niger sur une centaine de kilomètres avant de se jeter dans le Lac Tchad. Le bassin du Lac Tchad comporte de nos jours une population de 28 millions de personnes inégalement répartie dans les portions nationales du bassin (la portion nigériane comporte 59% de la population du bassin). Les projections indiquent une population de 50 millions de personnes en 2025 en raison du fort taux de croissance 13 démographique. Cette population généralement pauvre, est étroitement tributaire des ressources naturelles du bassin qui assurent donc sa survie1. Le bassin du Lac Tchad a été doté depuis le début des années 60 d’un cadre juridique et institutionnel de gestion avec l’adoption de la Convention de Fort-Lamy du 22 mai 1964 portant création de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). La CBLT regroupait à sa création quatre Etats (Cameroun, Niger, Nigéria et Tchad) et par la suite, deux autres Etats ont adhéré à l’institution à savoir la République centrafricaine (1994) et la Libye (2008). Elle compte aussi quatre Etats observateurs (Egypte, Congo, République Démocratique du Congo, Soudan). La Convention CBLT de 1964 institue trois organes : un Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement, organe suprême de la Commission, se réunit tous les deux ans ; un Conseil des Ministres, composé de deux ministres de chaque Etat Membre, se réunit au moins une fois par an et approuve le budget et le plan de travail de la Commission ; un Secrétariat Exécutif met en œuvre les décisions du Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que les résolutions du Conseil des Ministres. Le principal défi du Bassin du Lac Tchad est de nos jours son assèchement progressif. Le Lac qui était autrefois un des plus grands réservoirs d’eau du monde, a vu sa superficie se réduire de 90%, passant de 25 000 km2 en 1963 à 2 500 km2 en 20062. 1 Ces données proviennent essentiellement de deux sources : CBLT. Création et vulgarisation d’une Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic technique de phase 1. Les défis de gestion de l’eau et des écosystèmes à relever en commun, 2010. CBLT. Termes de références pour l’élaboration d’une Annexe à la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, relative aux modalités et conditions de gestion coordonnée des ouvrages hydrauliques dans le bassin du lac Tchad, 2015. 2 PNUD. Rapport mondial sur le développement humain : au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau, 2006, p. 211. 14 Carte n° 1. Rétrécissement du lac Tchad Sources. PNUD. Rapport mondial sur le développement humain : au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau, 2006, p. 211. Cette situation catastrophique résultant du rétrécissement progressif du lac qui pourrait compromettre gravement sa pérennité et la survie de dizaines de millions de populations étroitement dépendantes des ressources naturelles du bassin, résulte en partie, de ce que le PNUD qualifie de « coût de la non-coopération » sur les ressources en eau partagées en général et sur le bassin du lac Tchad en particulier, comme cela ressort de l’encadré ci-dessous. Encadré n° 1. Facteurs de dégradation du lac Tchad « Certaines des catastrophes écologiques les plus flagrantes dans le monde témoignent du coût sur le développement humain, de la non-coopération en matière de gestion de l’eau transfrontalière. Le lac Tchad en est l’une des illustrations. Aujourd’hui, la superficie du lac ne représente plus qu’un dixième de la taille qu’il avait il y a 40 ans. Les déficits pluviométriques et la sécheresse y ont largement contribué – mais l’action de l’homme n’a pas été en reste. Entre 1966 et 1975, tandis que le lac perdait un tiers de sa superficie, la responsabilité était presque totalement imputable à la faiblesse des précipitations. Cependant, entre 1983 et 1994, les demandes en irrigation ont 15 quadruplé, épuisant rapidement une ressource déjà sur le déclin et occasionnant des pertes d’eau rapides. La faiblesse de la coopération entre les pays du bassin du lac Tchad explique partiellement le phénomène. Le déclin environnemental et la dégradation des moyens de subsistance et du potentiel de production sont allés de pair. La surexploitation des richesses halieutiques est désormais institutionnalisée, les dispositions visant à réguler l’usage de l’eau entre le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria étant bien peu observées. Des projets d’irrigation mal planifiés ont également contribué à la crise. Les barrages sur le fleuve Hadejia au Nigeria ont menacé les communautés dépendant de la pêche, des pâturages et des cultures de décrue implantées en aval, et les accords visant à préserver les cours d’eau ont tardé à être appliqués. Par le passé, les fleuves Komadougou et Yobe, partagés par le Niger et le Nigeria, déversaient 7 kilomètres cubes dans le lac Tchad. Aujourd’hui, avec l’eau retenue dans les réservoirs, ces fleuves n’apportent plus qu’un demi kilomètre cube, ce qui a un impact majeur sur la partie Nord du bassin lacustre ». PNUD. Rapport mondial sur le développement humain : au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau, 2006, pp. 211-212. 1.2 Décision d’élaboration d’une charte de l’eau La réduction drastique de la superficie du Lac Tchad constatée au cours des dernières décennies, si elle résulte des déficits pluviométriques et de la sécheresse de la décennie 1966-1975, a été aggravée par les pressions anthropiques. Ainsi, entre 1983 et 1994, les demandes en irrigation ont quadruplé, épuisant rapidement une ressource déjà sur le déclin. La modification du régime hydrologique du Lac Tchad a entraîné une perturbation de la production agricole et une diminution de la production halieutique. Les problèmes de coopération entre les pays du bassin du lac Tchad expliquent partiellement le phénomène : le manque de planification concertée de l’exploitation des ressources naturelles a conduit à leur surexploitation ou à des projets avec de graves impacts à l’aval au niveau du Lac Tchad3. Pour renverser cette tendance à la dégradation du Lac et favoriser la coopération entre les Etats en vue d’une gestion concertée et durable du bassin, les Etats membres de la CBLT ont adopté, depuis le début des années 90, divers documents politiques ou opérationnels dont les plus importants sont le Plan directeur de la CBLT (1992), le Plan d’Action Stratégique (1998), la Vision 2025 (2000) et plus récemment le Programme d’Action Stratégique (PAS, 2008). La Vision 2025 a retenu le choix d’une politique de gestion intégrée et durable du bassin, ce qui suppose un processus participatif pour permettre une restauration et une gestion durables du Lac Tchad et de ses écosystèmes. Quant au PAS, il a mis en exergue les problèmes transfrontaliers prioritaires de gestion durable du bassin. Encadré n° 2. Problèmes prioritaires de gestion durable du bassin identifiés dans le PAS Le PAS a relevé entre autres, parmi les problèmes transfrontaliers prioritaires du 3 PNUD. Rapport mondial sur le développement humain op cit., p. 212. 16 bassin du Lac Tchad, le renforcement de la participation et des capacités des parties prenantes ainsi que du cadre juridique et institutionnel pour la gestion durable de l’environnement du Bassin. Il a aussi fait ressortir les défis institutionnels de la CBLT qui « en tant qu'institution régionale n'est pas actuellement en mesure d’aborder les problèmes régionaux. Il n’a pas le pouvoir d'arbitrer des conflits liés à l'eau dans le bassin et ne peut sanctionner des Etats membres. La CBLT n'a aucun mécanisme pour stimuler la gestion intégrée des ressources à l’échelle du bassin de manière à obtenir des agences administratives des Etats membres, une harmonisation de leurs programmes de gestion des ressources en eau. La CBLT manque des fonds nécessaires pour des activités techniques courantes telles que le suivi hydrologique... ». Source : CBLT. Termes de références pour l’élaboration d’une Annexe à la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, relative aux modalités et conditions de gestion coordonnée des ouvrages hydrauliques dans le bassin du lac Tchad, 2015. Malgré l’adoption de ces instruments, il est apparu que la CBLT n’avait pas réussi à mobiliser les acteurs majeurs du bassin ni à coordonner leurs activités de manière à les mettre en conformité avec la vision 2025 pour une gestion durable du bassin. La raison était que ces instruments politiques et opérationnels n’étaient pas sous-tendus par un cadre juridique approprié permettant de réguler efficacement le comportement des acteurs dans le bassin. La Convention CBLT de 1964 ne répond pas aux exigences de gestion durable du bassin en ce qu’elle contient peu de principes et règles modernes de gestion durable des eaux partagées. Elle ne contient aucune des règles substantielles de gestion des eaux partagées. Elle ne consacre qu’une règle procédurale, la règle de la notification préalable des mesures projetées (art. 5)4. Elle ne comporte aucune disposition sur la préservation de l’environnement et particulièrement des écosystèmes humides contre les pollutions ou les situations dommageables. C’est dans ce contexte que la CBLT a décidé d’élaborer, avec l’appui de la Banque Africaine de Développement, une charte de l’eau du bassin du Lac Tchad en tant qu’instrument conventionnel complémentaire de la Convention CBLT de 19645. La décision de réalisation d’une Charte de l’Eau, était mue par la volonté des Etats d’instituer un cadre juridique et institutionnel devant soutenir les actions de développement durable, en tant qu’élément indispensable pour la nouvelle approche de gestion intégrée, raisonnable, équitable et durable des ressources en eau partagées du bassin. Il s’agit de créer les conditions d’un environnement favorable à la mise en œuvre des synergies d’actions pour la gestion équitable et le développement efficace et durable des ressources en eau du bassin du Lac Tchad6. 4 Pour une vue d’ensemble sur l’insuffisance de la Convention CBLT en matière de principes et règles de gestion des eaux partagées. Voir. CBLT. Création et vulgarisation d’une charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic du cadre juridique et institutionnel, Rapport final de phase 1, 2010, pp. 60-61. 5 Il importe de rappeler que la CBLT avait déjà tenté dans le passé, d’élaborer une convention complémentaire à la Convention CBLT de 1964 pour assurer une gestion durable du bassin. En 1971, elle avait rédigé, avec l’appui de la FAO, un projet d’Accord relatif à l’utilisation et au développement de l’eau dans le bassin du Lac Tchad » (mai 1971). En 2004, elle élaborait un autre texte, le projet de «Protocole d’Accord relatif à l’utilisation, le développement, la conservation, la gestion et la protection équitables et raisonnables des 17 Ce cadre juridique devra : II. faciliter le dialogue et la concertation entre les Etats membres dans la conception et la réalisation des programmes et projets affectant les ressources en eau ; renforcer la solidarité et promouvoir l’intégration et la coopération économique sous-régionales entre les Etats membres ; définir les principes et règles d’allocation des ressources en eau ainsi que des bénéfices associés entre les différents secteurs d’utilisation et les différents pays ; déterminer les règles relatives à la préservation et à la protection de l’environnement en particulier s’agissant de la qualité des eaux ; définir les modalités de participation des usagers de l’eau dans la prise des décisions relative à la gestion des ressources en eau du Lac Tchad ; fixer les principes et les règles de prévention et de résolution des conflits liés à l’usage des ressources en eau du Lac Tchad. PROCESSUS D’ELABORATION DE LA CHARTE DE l’EAU Le processus d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad a duré 20 mois pour une prévision initiale de 18 mois. Il a débuté le 04 novembre 2009 avec la tenue de l’atelier de démarrage et s’est achevé le 1er juin 2011 avec la tenue du dernier atelier de vulgarisation de la Charte de l’eau et le dépôt du rapport final de la mission un mois après la tenue dudit atelier. Le processus n’a donc pas accusé un véritable retard. Le processus d’élaboration a été conçu en trois grandes étapes que sont i) la conceptualisation et le diagnostic, ii) la création d’une Charte de l’Eau provisoire du bassin du Lac Tchad et iii) la validation, l’adoption et la vulgarisation de la Charte de l’Eau. Il convient d’examiner successivement ces trois importantes étapes mais aussi l’étape de la ratification, d’entrée en vigueur et de la mise en œuvre de la Charte de l’eau. 2.1Conceptualisation et diagnostic Cette phase a consisté en la tenue d’un atelier de conceptualisation et l’établissement d’un diagnostic juridique et technique. 2.1.1 Atelier de conceptualisation pour l’élaboration de la Charte de l’eau L’étude a démarré par la tenue de la rencontre de cadrage, intitulée « Atelier de conceptualisation pour l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad ». Cette rencontre a été d’une importance particulière parce qu’elle a permis d’harmoniser la conception de la CBLT et du Consultant sur la conduite de la mission. Il s’agissait en particulier de s’accorder sur les responsabilités des deux parties ainsi que sur le processus convenu pour la réalisation de la mission. eaux internationales du bassin conventionnel du Lac Tchad » (février 2004). Aucune de ces deux initiatives n’a abouti et les deux textes sont restés au stade de projets. 6 CBLT. Termes de référence de l’étude pour l’élaboration et la vulgarisation de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, 2008. 18 L’Atelier de conceptualisation a réuni la CBLT, les représentants des Etats et les partenaires techniques et financiers (y compris la BAD qui finançait le projet). La participation à cet atelier n’était pas maximale. Deux Etats n’y étaient pas représentés (Cameroun et Nigéria)7. Toutes les catégories d’acteurs du bassin n’y étaient pas non plus représentées. Ainsi les représentants des collectivités locales, des usagers de l’eau ainsi que des organisations de la société civile du bassin n’y ont pas participé. Il en est de même des représentants des autres organisations de bassin hydrographique dont certains Etats de la CBLT sont membres. Leçons apprises : nécessité pour tous les Etats membres de participer à la rencontre de cadrage pour exprimer leur attachement au processus en cours, exprimer leurs préoccupations majeures et les faire prendre en compte dès cette première phase du processus ; nécessité pour la CBLT, de prendre les mesures nécessaires pour assurer la participation effective de tous les Etats membres (les invitations doivent être faites suffisamment tôt à l’avance) ; nécessité d’inviter le maximum d’acteurs, dans les limites du budget, afin de les informer et les associer dès le départ, au processus de la Charte de l’eau. 2.1.2 Etablissement du diagnostic de la situation des ressources en eau et de l’environnement du bassin du lac Tchad Ont été réalisés, un diagnostic technique ayant porté sur les usages de l’eau dans le bassin et un diagnostic juridique et institutionnel. Il importe aussi d’examiner la participation des acteurs à cette étape du processus. 2.1.2.1 Diagnostic technique Le diagnostic technique qui a porté sur les usages de l’eau dans le bassin, a permis en premier lieu, de déterminer les grands défis de gestion de l’eau dans le bassin du lac Tchad et en second lieu, de faire, sur la base de ces défis, des propositions qui sont autant d’engagements pris par les Etats et qui ont été inscrits dans la Charte de l’eau. Ce diagnostic technique a permis d’identifier 11 défis majeurs auxquels il importait d’apporter urgemment des réponses dans le cadre de la Charte. Parmi ces défis, on peut relever : les importantes variations intra et interannuelles des pluies dans le bassin, incluant de longues périodes de sécheresse ; les impacts importants sur les hydrosystèmes, des barrages construits sur les cours d’eau alimentant le lac ; le déficit de gestion dans l’exploitation des eaux souterraines, les risques sur la diversité biologique ; la forte sensibilité des services rendus par les écosystèmes à la variation des apports en eau ; 7 CBLT. Création et vulgarisation de la Charte de l’eau du Bassin du lac Tchad. Rapport de synthèse de l’atelier de conceptualisation de l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, novembre 2009. 19 l’insuffisance des échanges de données pour la connaissance et la gestion transfrontalière des ressources en eau et de l’environnement8. Sur la base des grands défis de gestion de l’eau du bassin, le diagnostic technique a fait des propositions sous forme d’engagements pratiques à destination des Etats et qui ont été traduits dans la Charte de l’eau. Ces engagements pratiques portent en particulier sur la limitation des prélèvements et le respect des débits environnementaux en période d’étiage ou en période de crue. Les principales propositions provenant du diagnostic technique et qui ont été consacrés par la Charte (plus précisément par les annexes qui en font partie intégrante) sont notamment : une nouvelle superficie du bassin du lac Tchad a été proposée, différente du bassin conventionnel de la CBLT. Le diagnostic technique a retenu le bassin hydrographique ou topographique d’une superficie de 2 415 370 km2 en lieu et place du bassin conventionnel jadis utilisé par la CBLT d’une superficie de 967 000 km29. Une nouvelle carte du bassin hydrographique du bassin du lac Tchad a été élaborée et jointe en Annexe 1 à la Charte de l’eau du lac Tchad ; les critères et facteurs à prendre en compte pour déterminer le caractère équitable et raisonnable de l’utilisation d’un cours d’eau international par un Etat, tels que déterminés par la Convention des Nations Unies de 1997 sur les cours d’eau, ont été enrichis et développés pour prendre en compte les caractéristiques particulières du lac Tchad (caractéristiques physiques, hydrologiques, socio-économiques) . Ces critères sont au nombre de 18 contre 7 proposés par la Convention des Nations Unies10. On peut mentionner notamment le droit à l’eau des populations du Bassin ; le caractère endoréique du Lac qui accroît les risques (i) d’accumulation de pollution et ii) d’un impact cumulé, sur les niveaux du Lac, des prélèvements dans le Lac, ses contributeurs, les nappes alluviales de ses contributeurs et les aquifères en lien avec le Lac ; les transferts d’eau interbassins susceptibles d’influer sur l’hydrologie et les ressources en eau du Lac et des cours d’eau associés ; les effets néfastes de la variabilité et des changements climatiques (Charte eau, art. 13) ; la détermination des volumes maximaux à prélever dans le Lac, ses contributeurs ou leur nappe alluviale à l’’échelle du Bassin, sur la base des apports d’eau et des prélèvements (Annexe 2 relative aux volumes maximaux à prélever dans le Lac, ses contributeurs ou leur nappe alluviale à l’échelle du Bassin) ; 8 CBLT. Création et vulgarisation d’une charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Phase 1. Diagnostic technique. Les défis de gestion de l’eau et des écosystèmes à relever en commun, Rapport, Version finale, 2010, chapitre 2. 9 CBLT. Création et vulgarisation d’une Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic technique de phase 1. Les défis de gestion de l’eau et des écosystèmes à relever en commun, novembre 2010, pp. 1-3. 10 La Charte de l’eau du Bassin du Niger retenait déjà 15 critères pour apprécier le caractère équitable et raisonnable du cours d’eau international par un Etat donné (Charte de l’eau du bassin du Niger, art. 4). 20 la détermination des débits environnementaux en périodes de basses eaux ainsi que des points clés de référence (au nombre de 12) qui ont été positionnés au niveau de stations hydrométriques existantes pour faciliter le contrôle des débits. Des débits environnementaux ont été également définis pour les périodes de hautes eaux et cinq points clés ont été retenus pour mesurer ces débits. (Annexe 3 relative aux débits environnementaux à maintenir en des points clefs du Bassin et volumes prélevables sur les tronçons délimités par ces points) ; la détermination des volumes de prélèvement qui nécessitent soit une autorisation préalable de la CBLT soit une simple déclaration dans le but d’informer la CBLT et tenir compte des effets cumulatifs des petits prélèvements (Annexe 4 relative aux régimes d’enregistrement des prélèvements). Le diagnostic technique a été conduit par un spécialiste GIRE, appuyé de six experts sectoriels dans divers domaines (écosystèmes, pêche, hydrologie, agronomie). Leçons apprises : le diagnostic technique a permis de déterminer les principaux défis qui se posent en termes de gestion de l’eau et de l’environnement dans le bassin ; il a rendu possible l’élaboration de certaines dispositions de la Charte et particulièrement les quatre annexes techniques, en fournissant les données nécessaires ; il doit être entrepris chaque fois qu’il n’existe pas de données disponibles pour répondre à des défis majeurs auxquels est confronté un bassin hydrographique et auxquels la Charte de l’eau doit apporter une réponse. 2.1.2.2 Diagnostic juridique et institutionnel Le diagnostic juridique et institutionnel a permis d’analyser le cadre normatif et institutionnel concernant le bassin du lac Tchad, en faisant ressortir, les forces et les faiblesses, les convergences et les incohérences. L’analyse a porté sur les trois niveaux que sont le niveau national (Etats membres de la CBLT), le niveau régional (CBLT, organisations régionales d’intégration ou de coordination), et le niveau mondial (instruments internationaux conventionnels ou documents des institutions financières internationales). L’objectif de ce diagnostic juridique et institutionnel était, au plan juridique, de contribuer à l’harmonisation du cadre normatif de la gestion de l’eau et de l’environnement du bassin fondé sur des règles et procédures modernes facilitant la gestion durable des ressources dudit bassin. Ce diagnostic a ainsi recensé les principes et les règles de gestion modernes des eaux partagées qui doivent alimenter la Charte. Sur le plan institutionnel, l’objectif était de proposer des mécanismes institutionnels appropriés pour la mise en œuvre des règles et procédures convenues de commun accord. Le diagnostic juridique et institutionnel a été conduit par une équipe de sept consultants dont le Juriste, Chef de mission, assisté de six experts nationaux recrutés dans les Etats membres de la CBLT. Les experts nationaux ont produit des rapports nationaux, conformément à un canevas commun produit par le chef de mission. Un rapport régional a été établi par l’expert juriste international, sur la base de ces rapports nationaux. 21 Dans l’ensemble, les experts nationaux ont produit des rapports satisfaisants qui ont permis à l’expert international d’établir le rapport régional. Cependant, la qualité de certains rapports nationaux était moyenne. En effet, si certains rapports nationaux reflétaient le fruit d’un véritable effort de recherches, d’autres par contre, ne contenaient que des informations parcellaires qui ne permettaient pas de tirer des conclusions utiles. C’est ainsi que l’expert juriste international, Chef de mission, a été obligé de se rendre dans l’un des Etats pour faire aboutir le rapport sur le diagnostic juridique et institutionnel. Pour un autre Etat, il a dû mener des recherches complémentaires pour améliorer le rapport national avant de procéder à la rédaction du rapport régional. Leçons apprises : la forte implication des juristes nationaux qui connaissent mieux les cadres juridiques et institutionnels des Etats a permis d’obtenir des rapports, dans l’ensemble, satisfaisants ; l’élaboration et la mise à disposition des experts nationaux, d’un canevas unique, leur a facilité la recherche et l’analyse des informations ainsi que l’élaboration du rapport régional par le chef de mission ; la nécessité de bien sélectionner les experts nationaux pour éviter des retards dans la production des rapports nationaux (bonne coordination du choix des consultants nationaux entre le Chef de mission et les points focaux nationaux) ; 2.1.2.3 Participation des acteurs Durant la phase d’établissement du diagnostic, la participation des acteurs a été faiblement assurée en ce qu’il n’y a pas eu véritablement de rencontres des acteurs dans les Etats. Si l’élaboration du diagnostic technique a permis à l’équipe qui en avait la charge, de rencontrer certains acteurs dans certains Etats, ces rencontres ont essentiellement porté sur la collecte d’informations et de données auprès d’acteurs qui produisent ou détiennent des données (particulièrement les Etats, institutions de recherches, organisations sous régionales). Il en a été de même pour le diagnostic juridique et institutionnel pour lequel les consultants nationaux ont rencontré quelques acteurs pour obtenir de la documentation. Cette phase n’a donc pas connu de rencontres systématiques des représentants des grandes catégories d’acteurs afin de prendre en compte leurs préoccupations. Cette phase n’a donc pas permis d’organiser une véritable participation des acteurs au processus d’élaboration de la charte de l’eau alors que la rencontre des acteurs à cette étape s’avérait nécessaire non seulement pour les informer du démarrage de l’élaboration de la Charte de l’eau mais également pour prendre en compte leurs préoccupations dès les premiers moments du processus. Les bonnes pratiques internationales en matière de gestion de l’eau commandent en effet que le public soit associé au processus de prise de décision dès les premiers moments. Le diagnostic juridique et technique s’est achevé par la tenue d’un atelier régional de validation qui n’a pu non plus compenser le déficit de participation des acteurs car très peu de participants par Etats, pouvaient y être invités, en raison des contraintes financières. 22 Cet atelier avait pour objectifs de : obtenir les avis et les amendements des acteurs sur le rapport diagnostic technique et juridique; valider le rapport diagnostic technique et juridique ; obtenir le consentement des acteurs pour le passage à la prochaine étape du processus. Dans la perspective de l’Atelier régional, certains Etats avaient eux-mêmes pris l’initiative d’organiser un atelier national d’examen du rapport diagnostic. Ces Etats ont recueilli ainsi les observations de l’ensemble des acteurs nationaux, qu’ils ont synthétisé et qu’ils ont présenté à l’atelier régional de validation. Dans ce cas, le déficit de participation initial a été atténuer car tous les acteurs nationaux ont eu l’occasion d’examiner le rapport diagnostic. Dans d’autres Etats par contre, les observations ont été seulement celles du point focal CBLT ou l’opinion individuelle des représentants de ces Etats à l’atelier régional. Le déficit de participation des acteurs n’a pas été comblé. Par ailleurs, la composition des délégations était disparate selon les Etats. Elle n’était pas suffisamment diversifiée pour prendre en compte les questions majeures de la Charte de l’eau (absence d’environnementalistes ou de juristes). Souvent lorsque la délégation comportait un juriste, il s’agissait d’un juriste généraliste d’une institution publique ou privée. Pourtant, en l’espèce, un juriste de l’environnement ou de l’eau était le mieux indiqué. Leçons apprises : nécessité, pour l’équipe de consultants et de la CBLT, de rencontrer les acteurs par pays, lors de la phase diagnostique pour assurer leur implication effective dès les premiers moments du processus d’élaboration de la charte. En effet, l’implication du public dans le processus décisionnel nécessite son implication dès la première phase du processus ; nécessité d’organiser au niveau de chaque Etat, en préparation de l’atelier régional, une réunion de restitution du rapport provisoire diagnostic pour s’assurer de la participation la plus large et légitime possible au niveau national et d’éviter que le rapport d’étude ne soit perçu comme le document intéressant le seul département ministériel chargé de l’eau. Ces ateliers nationaux doivent être soutenus financièrement par les Etats mais un appui de l’organisation de bassin pourrait faciliter leur tenue ; nécessité de faire participer au moins trois représentants par Etat aux profils diversifiés (un spécialiste des RE ; un spécialiste de l’environnement ; un juriste de l’environnement ou de l’eau). 2.2Création d’un projet de charte de l’eau du bassin du lac Tchad La création de la charte de l’eau qui constitue la seconde étape du processus d’élaboration de la charte de l’eau, a connu deux phases, à savoir les entretiens avec les acteurs dans les Etats et la rédaction du projet de charte de l’eau. 2.2.1 Entretiens dans les Etats et les options possibles 23 La rédaction du projet de Charte de l’eau a été précédée de visites dans les Etats membres de la CBLT. Ces rencontres de pays ont constitué la première véritable consultation des acteurs dans le cadre du processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Elles avaient pour objectif d’informer les acteurs sur le concept de Charte de l’eau (signification, portée, enjeux, processus, rôle des acteurs), de prendre en compte leurs préoccupations et d’obtenir leur engagement pour la suite du processus et la mise en œuvre ultérieure de la Charte. Les rencontres de pays qui ont été conduits par les deux experts internationaux (le juriste, chef de mission et le spécialiste GIRE) ont été surtout consacrées à l’examen des options possibles à prendre en compte dans la future charte de l’eau. Pour l’établissement de la Charte de l’eau, de nombreuses options se posaient en effet tant en termes techniques, juridiques qu’institutionnels. Au plan technique, les Etats devraient en particulier s’accorder sur : les niveaux de limitation des prélèvements dans le bassin; les niveaux des débits environnementaux et les points clés de référence pour mesurer ces débits. Au plan juridique et institutionnel, des options ont été également présentées aux Etats et qui ont constitué autant de choix dans la perspective de la Charte de l’eau : l’absence ou non de priorité dans l’utilisation de l’eau par les Etats du bassin ; la notification préalable des mesures projetées peut faire l’objet de modalités diverses de mise en œuvre : concerne-t-elle toutes les mesures projetées ou certaines d’entre elles ? Quelles informations à notifier ? quelles procédures et quels délais ? l’obligation de notification d’urgence : elle peut être accompagnée ou non, d’une obligation d’assistance des autres Etats à l’Etat affecté ; le règlement des différends se prête à une multitude d’options car il existe deux grands modes de règlement des différends internationaux que sont les modes politiques ou diplomatiques et les modes juridictionnels, qui sont eux-mêmes susceptibles de plusieurs variantes (niveau bilatéral ; niveau de la CBLT ; niveau des organisations sous régionales ; niveau des organisations régionales ; niveau des organisations universelles). La démarche suivie pour la présentation de ces options a consisté pour le Consultant à retenir les questions susceptibles de faire l’objet d’au moins deux options possibles, car toutes les dispositions de la Charte ne se prêtent pas à l’existence de plusieurs options (notamment les règles substantielles de gestion des eaux partagées ou les règles de protection de l’environnement). Lorsqu’il existe au moins deux options, chaque option a fait ensuite l’objet d’une présentation, à travers les avantages et les inconvénients qu’elle présente pour les Etats et la CBLT. La présentation et l’analyse des options sont enfin systématiquement suivies de recommandations, faites aux Etats et à la CBLT par le Consultant, d’une option justifiée par son efficacité à permettre à la CBLT d’assurer sa mission de gestion durable du bassin. La consultation des acteurs a été opérée de manière formelle. Ce sont les structures légales qui ont été rencontrées. Des lettres officielles ont été adressées aux 24 représentants d’acteurs identifiés comme majeurs dans le bassin. Les représentants des acteurs ont justifié de leur qualité de représentants légaux. Des rapports de concertation ont été élaborés et diffusés. Les acteurs ayant été consultés lors des entretiens de pays, ont été privilégiés dans la participation aux concertations ultérieures notamment aux ateliers nationaux ou régionaux. Leçons apprises : - il est important d’identifier à l’avance les questions il n’existe pas d’options et celles qui se prêtent à plusieurs options ; porter à la connaissance des acteurs les différentes options et les éclairer sur les avantages et les inconvénients des unes et des autres afin qu’ils puissent faire des choix de manière éclairée. 2.2.2 Rédaction de la version provisoire de Charte de l’eau La rédaction du projet de charte de l’eau s’est fondée sur les propositions faites dans le cadre du diagnostic technique et juridique et des options proposées aux Etats et à la CBLT. Elle a tenu compte d’un certain nombre d’impératifs qui sont autant de leçons apprises : s’assurer que la Charte de l’eau est conforme à la Convention CBLT de 1964 dont il n’est qu’un instrument de mise en œuvre ; s’assurer que la Charte est conforme aux politiques sous régionales de l’eau et de l’environnement (CEDEAO, CEEAC, UMA) ; définitions et principes : retenir en premier lieu ceux qui sont convergents dans les législations nationales ; à défaut, retenir ceux contenus dans les textes des organisations sous régionales (CBLT, CEDEAO, CEAAC, UMA) ; enfin, à défaut, retenir ceux consacrés par les instruments internationaux conventionnels ou non conventionnels ; prendre en compte les autres conventions de bassin hydrographique dont font partie certains Etats de la CBLT. Il s’agit notamment de la Charte de l’eau du bassin du Niger (4 Etats de la CBLT sont aussi membres de l’ABN : Cameroun, Niger, Nigéria et Tchad) et de l’Additif de la CICOS (2 Etats de la CBLT sont aussi membres de la CICOS : Cameroun et RCA) ; les engagements pratiques (objectifs quantitatifs) ont été intégrés dans les annexes qui sont plus faciles à modifier par la suite (leur amendement est du ressort du Conseil des ministres) ; élaborer quelques annexes, si possible, pour assurer la mise en œuvre de certaines dispositions importantes de la Charte de l’eau dès son entrée en vigueur ; engager le processus d’élaboration des annexes restantes dès l’adoption de la Charte. 25 De nombreuses innovations ont été faites dans la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad par rapport à la Charte de l’eau du bassin du Niger puisque la première a capitalisé l’expérience de la première. Au titre de ces innovations, sans prétendre à l’exhaustivité, on peut mentionner : la charte de l’eau du bassin du lac Tchad est plus étoffée (100) articles que celle du bassin du Niger (36 articles) ; elle est en effet plus développée sur de nombreux points : le préambule prend en compte les politiques sous régionales et se réfère aux problèmes concrets du bassin; les définitions sont plus nombreuses (Etat observateur, associé, à participation partielle ; gestion stratégique, tactique ou opérationnelle des ouvrages hydrauliques) et elles ont souvent été améliorées (un ouvrage commun peut appartenir à un groupe d’Etats et non à tous les Etats membres comme c’est le cas pour l’ABN) ; les principes sont au nombre de 18 contre 6 pour la Charte du Niger ; les critères à prendre en compte pour déterminer le caractère équitable et raisonnable de ressources en eau partagées sont plus nombreux . Des chapitres ou sections entières sont consacrées à des questions diverses comme les eaux souterraines, les situations de crise, les maladies d’origine hydrique ou les échanges d’informations et de données ; elle comporte de dispositions nouvelles : autorisations et déclarations préalables pour prélèvement et rejets polluants ; pêche, pastoralisme ; navigation ; accès aux ressources génétiques et partage des bénéfices résultant de leur exploitation ; activités promotrices ; partenariats ; en prenant en compte les annexes, la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad est plus pratique sur de nombreux points, les propositions faites en matière de volumes d’eau prélevables et de débits environnementaux sont ainsi basées sur les données réelles du bassin. Leçons apprises : - s’inspirer des chartes de l’eau existantes : s’inscrire dans une logique d’innovation en développant davantage les dispositions existantes dans d’autres chartes et en apportant des dispositions nouvelles ; s’efforcer de proposer des réponses adaptées aux besoins spécifiques du bassin. 2.3 Validation, adoption et vulgarisation de la Charte de l’eau 2.3.1 Validation Elle s’est opérée en deux phases. Des ateliers nationaux de validation ont été organisés par la CBLT dans les Etats membres, suivis d’un atelier régional de validation. 2.3.1.1 Ateliers nationaux de validation Les ateliers nationaux de validation ont permis d’assurer la participation la plus large possible des acteurs au processus d’adoption de la Charte. Il s’agissait de s’assurer au niveau national, de la prise en compte des préoccupations fondamentales des acteurs nationaux avant la tenue de l’atelier régional. Chaque atelier national de validation de la Charte a donné lieu à un rapport qui contient les principales réflexions, observations, perspectives et suggestions dégagées par les participants sur la version provisoire de la Charte. 26 Le Consultant et la CBLT ont participé aux ateliers nationaux de validation. Sur de nombreuses dispositions de la Charte, il n’a pas été possible d’obtenir un consensus des Etats. Ces questions qui n’ont pas pu faire l’objet de réponses consensuelles ont été recensées par le Consultant et renvoyées en atelier régional de validation pour être définitivement tranchées. Encadré n°3. Liste des questions n’ayant pas fait l’objet de réponses consensuelles lors des ateliers nationales 1. Absence ou non de priorité dans l’utilisation des ressources en eau partagées par les Etats ? 2. Délai de 5 ans donné aux opérateurs pour se conformer à la Charte à compter de son entrée en vigueur : délai approprié ou non ? 3. Délai de 6 mois accordé aux Etats pour réagir à une notification préalable de mesures projetées : trop court ou trop long ? 4. Avis du Comité des ressources en eau et du Comité planification, Science et environnement dans le cadre de l’instruction des dossiers de notification préalable: avis simple ou avis conforme donné à la CBLT ? 5. Ratification de la Charte par les 2/3 des Etats ou par tous les Etats ? 6. Annexes : la Charte doit-elle être adoptée en même temps que quelques annexes ou avec toutes les annexes énoncées ? 2.3.1.2 Atelier régional de validation du projet de charte de l’eau L’atelier régional de validation du projet de charte de l’eau qui s’est tenu du 1er au 3 mars 2011 avait pour objectifs de : s’assurer de la prise en compte des préoccupations exprimées par les ateliers nationaux ; harmoniser la position des Etats sur des questions essentielles, n’ayant pas fait l’objet de réponses consensuelles entre les Etats ; amender et valider le projet de charte de l’eau ; sensibiliser les acteurs sur la nécessité d’un engagement des autorités nationales pour la suite du processus. Participants La participation fut disparate en termes de diversité des compétences. Des spécialistes en environnement ainsi que des juristes de l’environnement et de l’eau ne faisaient pas partie de toutes les délégations11. 11 CBLT. Rapport de l’Atelier régional de validation du projet de charte de l’eau du bassin du lac Tchad, 03 mars 2011. 27 Leçons apprises utilité certaine des ateliers nationaux de validation : ils ont permis d’assurer la participation du plus grand nombre d’acteurs nationaux, une bonne préparation de l’atelier régional de validation qui a été consacré essentiellement à l’examen des questions n’ayant pas fait l’objet de réponses consensuelles ; inviter au moins trois représentants par Etat à l’atelier régional de validation: spécialiste des ressources en eau ; spécialiste en environnement ; juriste de l’environnement ou de l’eau. A ces trois, il est souhaitable, dans la mesure des possibilités financières, d’y ajouter un représentant du Ministère chargé des affaires étrangères pour les exigences de ratification. 2.3.2 Vulgarisation de la Charte La vulgarisation de la charte de l’eau a été assurée à travers des ateliers nationaux de vulgarisation. Ces ateliers nationaux, tels que conçus dans les TDR, avaient principalement pour objectifs de : informer les acteurs du texte définitif de la charte de l’eau ; favoriser la ratification de la Charte de l’eau par les Etats ; obtenir l’adhésion des acteurs à la Charte de l’eau et en faciliter sa mise en œuvre. La vulgarisation de la Charte de l’eau devrait initialement s’opérer après l’adoption du projet de charte par le Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement. Mais pour des exigences liées à des retards dans le démarrage du projet de la Charte de l’eau et au regard des contraintes financières qui y étaient liées, les ateliers nationaux de vulgarisation se sont tenus avant l’adoption du projet de charte de l’eau par le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement. En effet, le processus de Charte de l’eau devrait être bouclé au plus tard le 15 juin 2011 car le projet BAD dans le cadre duquel était élaborée la charte de l’eau, venait à échéance. Il s’avérait alors impératif de boucler le projet Charte de l’eau dans ce délai, faute de quoi les financements seraient perdus. C’est dans ce contexte que la CBLT a décidé de procéder à l’exécution des ateliers de vulgarisation avant l’adoption du projet de charte de l’eau par le Sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement. Il était convenu au niveau de la CBLT, que bien que l’ordre des choses ne soit pas respecté, ces sessions de vulgarisation exécutées avant la signature de la charte, pouvaient cependant en faciliter l’adoption. Le risque d’une telle option était que le projet de Charte de l’eau ne soit par la suite modifié par le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement alors qu’il a été déjà vulgarisé dans les Etats. Mais ce risque fut cependant moindre comme l’atteste l’adoption, en l’état, du projet de charte, par le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Malgré tout, des ateliers de vulgarisation furent à nouveau organisés à la suite de l’adoption de la charte de l’eau par les Chefs d’Etats et de Gouvernement en 2012. Ces ateliers de vulgarisation furent exécutés avec l’appui de l’Office International de l’Eau durant l’année 2013. 28 Les ateliers de vulgarisation ont particulièrement mis l’accent sur les grands points suivants : les enjeux de la Charte : équilibre entre conservation des écosystèmes et développement économique, prévention et gestion des conflits, renforcement de l’intégration et de la coopération sous régionale, lutte contre la pauvreté, renforcement de la bonne gouvernance ; les engagements de bonne pratique contenus dans la Charte : respect de débits minimums, respect de volumes maximums prélevables, respect de normes de rejet, pratique durable de la pêche et de l’élevage, autorisation des prélèvements et déclaration des prélèvements, échange de données et d’informations, préservation de l’environnement ; les mécanismes de prévention des conflits ou risques de conflits : utilisation équitable et raisonnable, gestion concertée des mesures projetées, ouvrages communs ou d’intérêt commun, interdiction de causer des dommages significatifs à d’autres Etats ; les mécanismes institutionnels mis en place par la Charte : organes d’orientation et de décision, organes consultatifs ; les modes de résolution des conflits : négociation, médiation, arbitrage, recours à la Cour Internationale de Justice. Les ateliers nationaux de vulgarisation ont été l’occasion pour la CBLT, de rencontrer les autorités ministérielles pour plaider la cause de la ratification de la Charte. C’est pourquoi, ces ateliers ne doivent pas être assurés uniquement par des consultants. Ils doivent comporter la présence de hauts responsables de l’organisation de bassin qui doivent non seulement participer à ces ateliers pour prouver l’importance qu’elles accordent à la Charte de l’eau, mais aussi pour solliciter des rencontres avec les autorités politiques dans la perspective de sa ratification. Les ateliers de vulgarisation ont ainsi à la fois un caractère technique (expliquer le contenu de la Charte) et un caractère politique (lobbying pour la ratification de la Charte). L’organisation de bassin ne doit pas donc pas être représentée à ces ateliers uniquement par le chargé de projet Charte de l’eau mais par des responsables institutionnels. Difficultés rencontrées : le retard dans le démarrage du projet de la Charte de l’eau qui explique l’exécution anticipée des ateliers nationaux de vulgarisation de la Charte de l’eau ; l’insécurité dans la région : l’atelier de vulgarisation n’a pu se tenir en Libye en raison du contexte de conflits armés internes en cours en 2011 ; l’atelier du Niger n’a pu bénéficier de la participation de toute l’équipe d’experts internationaux, les européens ne pouvant se rendre dans la région du Sahel pour cause d’enlèvement d’occidentaux durant la même période. Seul le Chef de mission, ressortissant d’un Etat du Sahel, y a participé. Leçons apprises : les projets sont toujours susceptibles d’accuser du retard dans leur exécution et il faut veiller à anticiper sur de telles situations ; les ateliers nationaux de validation doivent se tenir en prélude à l’atelier régional de validation pour assurer une large participation des acteurs et doivent être financés par l’organisation de bassin ; 29 le commanditaire de l’étude et les consultants doivent dresser la liste indicative des participants à l’atelier régional de validation pour assurer la représentation des compétences minimales (spécialistes en ressources en eau ; spécialiste en environnement ; juriste de l’environnement ou de l’eau). Un représentant du Ministère des affaires étrangères pourrait y être invité dans la limite des moyens financiers disponibles ; l’équipe chargée de l’animation des ateliers de vulgarisation doit comporter outre, les consultants, de hauts responsables de l’organisation de bassin qui doivent montrer leur attachement à la Charte et en profiter pour rencontrer les plus autorités ministérielles pour les sensibiliser à sa ratification ; les ateliers de vulgarisation devraient se tenir après l’adoption de la charte de l’eau par le Sommet des Chefs d’Etats. 2.3.3 Adoption de la Charte La Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad a été adoptée par le 14ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres de la CBLT le 30 avril 2012 soit un an après l’atelier régional de validation. En comparaison, la Charte de l’eau du bassin du Niger a été validée au niveau régional le 13 février 2008 et adopté par la Conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement le 30 avril 2008 soit un mois et demi après. L’ABN a ainsi fait preuve d’anticipation en la matière. Le délai d’un an pour l’adoption de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad semble raisonnable au regard de la fréquence des sessions du Sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement qui se tiennent tous les deux ans. Le 13ème Sommet s’étant tenu le 1er novembre 2010, le 14ème Sommet était prévu pour 2012. C’est ce dernier qui a effectivement adopté la Charte de l’eau validée en 2011 par l’Atelier régional. Il est donc particulièrement important de tenir compte, dans le processus d’élaboration de la charte de l’eau, des échéances de réunion de l’organe d’adoption (Sommet ou Conférence des chefs d’Etat) pour faire en sorte à éviter des longs délais entre la validation et l’adoption de la charte. Cela permettra d’organiser rapidement les séances de vulgarisation et de porter le plus rapidement à la connaissance des acteurs, le texte définitif de la charte de l’eau. Leçons apprises : lors de l’élaboration de la Charte, il importe de garder constamment en vue, les échéances de réunion de l’organe d’adoption afin d’éviter des longs délais dans l’adoption de la charte ; entamer le processus de vulgarisation dès l’adoption de la charte et non avant cette dernière. 30 2.3.4 Ratification et mise en œuvre de la Charte de l’eau 2.3.4.1 Ratification et entrée en vigueur En tant convention internationale, la Charte de l’eau exige d’être ratifiée par les Etats membres avant qu’elle ne les lie d’un point de vue juridique. Conformément à l’article 95 de la Charte, celle-ci entre en vigueur trente jours à compter de la date du dépôt, par les deux tiers des Etats membres de la Commission (soit quatre Etats), de leurs instruments de ratification. En juin 2015, soit plus de trois ans après l’adoption de la charte, seuls deux Etats l’ont ratifiée (Niger, Tchad). Cette situation est inquiétante car deux ans semblent un délai raisonnable pour la ratification et l’entrée en vigueur d’un instrument conventionnel complémentaire d’une convention constitutive d’organisation internationale. Par ailleurs, le nombre peu élevé d’Etats milite en faveur d’une ratification rapide de la Charte. En comparaison, la Charte de l’eau du bassin du Niger qui a été adoptée en avril 2008, est entrée en vigueur en juillet 2010 après sa ratification par le nombre d’Etats requis, doit deux ans et trois mois après son adoption, conformément à l’article 35 de la Charte qui dispose que la Charte entre en vigueur soixante (60) jours après le dépôt des instruments de ratification par les 2/3 des Etats membres de l’ABN. Pour accélérer la ratification de la Charte de l’eau, il aurait été important dès le départ pour la CBLT, de se doter d’une stratégie régionale de ratification de la Charte. Cette stratégie régionale de ratification devrait déterminer les échéances et se donner les moyens de les faire respecter par les Etats. 2.3.4.2 Mise en œuvre de la Charte Bien que la Charte de l’eau ne soit pas encore entrée en vigueur, des activités sont mises en œuvre pour préparer justement cette entrée en vigueur. Il s’agit précisément de l’élaboration des annexes. La CBLT a lancé en effet le processus d’élaboration des annexes manquantes (en rappel, cinq annexes avaient été élaborées en même temps que la charte de l’eau). A ce propos, l’équipe de consultants avait déterminé les annexes prioritaires à élaborer le plus rapidement possible. De nos jours, une annexe a été ainsi élaborée et adoptée par le Conseil des ministres (Annexe à la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad relative à la protection de l’environnement). En mai 2015, des avis d’appel d’offres ont été lancés pour le recrutement de consultants pour l’élaboration de deux annexes, à savoir l’Annexe relative à la notification préalable de mesures projetées et l’Annexe relative à la gestion coordonnée des ouvrages hydrauliques dans le bassin du lac Tchad. Leçons apprises : nécessité d’élaboration par la CBLT, en coopération avec les Etats, d’une stratégie régionale de ratification de la charte de l’eau afin d’éviter les retards injustifiés pour son entrée en vigueur. Cette stratégie doit fixer des échéances et se donner les moyens de les respecter ; 31 III. nécessité de déterminer rédiger ultérieurement. l’ordre des annexes prioritaires à PILOTAGE DE L’ELABORATION DE LA CHARTE DE L’EAU 3.1Rôle de la CBLT 3.1.1 Rôle de la CBLT en général La CBLT a joué un rôle majeur dans le processus d’élaboration de la charte de l’eau mais aussi dans le début de sa mise en œuvre. En tant que de maître d’ouvrage, elle a assuré l’organisation et la supervision d’ensemble du processus d’élaboration. De manière spécifique, elle s’est chargée de : élaborer les termes de référence de l’étude, en concertation avec les Etats ; recruter le Consultant qui a réalisé la mission ; organiser et planifier, avec les consultants, les entretiens des acteurs dans les Etats ; transmettre régulièrement les rapports des activités aux Etats membres ; organiser et participer aux ateliers de validation (nationaux et régional) ; faire approuver le projet de Charte de l’eau par le Conseil des ministres ; faire adopter la Charte de l’eau par le Sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement ; organiser et participer aux ateliers de vulgarisation ; entreprendre l’élaboration des annexes manquantes. Par la suite, elle devra veiller à : la ratification de la Charte de l’eau par les Etats membres dans un délai raisonnable ; l’adoption des annexes manquantes ; l’organisation de l’entrée en vigueur de la Charte (cérémonie spéciale d’entrée en vigueur) ; mettre en œuvre la Charte de l’eau. 32 Si la CBLT s’est acquittée avec plus ou moins de succès de ces tâches, le processus d’élaboration de la Charte de l’eau a cependant révélé que malgré l’existence de l’institution depuis une cinquantaine d’années, les principaux acteurs que sont la CBLT et les Etats n’ont pas toujours une bonne compréhension, de la coopération sur la gestion des ressources naturelles partagées du Bassin qui doit reposer sur les concepts de partage , de solidarité, de communauté d’intérêts et d’intégration sous régionale. En ce qui concerne particulièrement le personnel de la CBLT, celui-ci ne semble pas avoir toujours une bonne compréhension du rôle véritable d’une Organisation InterGouvernementale (OIG) qu’est la CBLT. Lors du processus d’élaboration de la charte de l’eau, le personnel avait souvent tendance à se comporter comme le représentant de son Etat d’origine, ce qui est de nature à ne pas faciliter le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau dont le fondement majeur repose sur la solidarité sous régionale. Le personnel de la CBLT, comme celui de toute OIG, est constitué d’agents internationaux qui sont au service de l’organisation pour lui permettre de réaliser sa mission de gestion durable du bassin. Ce personnel n’a pas pour vocation de défendre la position de tel ou tel Etat, mais de contribuer à la réalisation des objectifs de l’institution, à travers la promotion des intérêts collectifs des Etats. Au regard de la persistance de cette situation, durant le processus d’élaboration de la Charte, la CBLT a décidé d’entreprendre, l’organisation, au profit de ces agents, d’une session de renforcement des capacités à travers une formation en coopération internationale. La formation a été réalisée autour de deux modules, à savoir les Organisations Internationales et les principes et règles de gestion des bassins transfrontaliers. Le premier module a contribué à sensibiliser le personnel sur le statut d’agent international au service d’une OIG. Le second module a exposé les principes, règles et procédures en matière de gestion des ressources en eau partagées. 3.1.2 Rôle du Conseiller juridique Dans le processus d’élaboration de la charte de l’eau, le rôle du conseiller juridique est d’une importance fondamentale. En effet, l’élaboration d’une charte de l’eau, bien qu’elle comporte des aspects techniques, demeure essentiellement un processus juridique. Le processus est juridique parce qu’il s’agit en premier lieu d’élaborer une convention, qui doit respecter les règles d’élaboration des traités, conformément à la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969. Il est aussi juridique parce qu’il s’agit de consacrer des principes et règles qui s’imposent aux Etats en matière de gestion des ressources en eau dont la CBLT doit veiller au respect. Au regard de la nature juridique de la Charte de l’eau (traité international) et de l’ampleur des obligations qu’elle impose aux futurs Etats parties, il importe dès lors que dans le processus d’élaboration d’une charte de l’eau, l’organisation de bassin dispose dès le départ d’un conseiller ou service juridique approprié qui puisse porter et capitaliser l’ensemble du processus dans la perspective de la mise en œuvre efficiente de la charte. Le rôle du service juridique s’avère alors capital dans le processus car il doit assurer la coordination ou supervision technique de la Charte. Lorsqu’elle dispose déjà d’un service juridique, l’organisation de bassin doit veiller à renforcer celui-ci dans la perspective d’élaboration de la charte de l’eau. Les principales attributions d’un Conseiller ou Service juridique dans le processus d’élaboration d’une charte de l’eau sont, entre autres : 33 rédiger, en collaboration avec les spécialistes des ressources en eau, le projet de TDR pour le compte de l’institution. Ce projet de TDR sera soumis au processus de validation interne ; participer à la sélection du Consultant, en accordant une attention particulière à l’expérience de ce dernier en matière d’élaboration de chartes de l’eau sur le continent africain ; assurer la liaison entre l’organisation de bassin et le chef de mission de l’étude ; participer à la présentation et aux choix des options possibles ; participer aux entretiens et rencontres dans les Etats, au nom de l’organisation de bassin ; veiller à la composition des délégations de pays pour les ateliers régionaux en s’assurant de la présence des juristes de l’environnement et de l’eau dans les équipes ; participer aux ateliers nationaux de vulgarisation de la Charte ; concevoir la stratégie de ratification, suivre la ratification et l’entrée en vigueur de la charte de l’eau ; Dans le cas de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, force est de constater que le Conseiller juridique n’a pas pu véritablement s’acquitter de ses attributions, en raison de l’inexistence d’un poste de conseiller juridique au sein de la CBLT au moment du démarrage de l’étude sur l’élaboration de la Charte de l’eau. C’est par la suite qu’un conseiller juridique a été recruté au sein de l’institution. Ce dernier, en raison de son recrutement tardif, n’a pas pu suivre l’ensemble du processus d’élaboration de la charte de l’eau, ce qui réduit sa capacité à s’approprier le processus d’élaboration de la Charte. C’est conscient du rôle stratégique du service juridique dans l’élaboration de la charte de l’eau que la CBLT, a sollicité dans le cadre d’un autre projet exécuté en son sein, le renforcement des capacités du Conseiller juridique dans la perspective de la mise en œuvre de la Charte de l’eau. Ces sessions de renforcement de capacités avaient pour but de responsabiliser le Conseiller juridique dans la suite du processus et la mise en œuvre de la Charte. Il s’agissait, comme cela ressort des termes de référence du Consultant chargé d’exécuter cette mission, de « contribuer à construire et renforcer le dispositif juridique de la CBLT en aidant le Secrétariat Exécutif (SE) à disposer à court, moyen et long terme de conseils juridiques appropriés pour la réalisation de la mission qui lui est confiée et particulièrement dans la perspective de la mise en œuvre de la future Charte de l’eau du Bassin du Lac Tchad ». Dans le cadre de cette mission, les attributions du Conseiller juridique ont été précisées et une proposition de recrutement d’un assistant juridique a été faite en vue de renforcer le service juridique 12. Le Conseiller juridique a également bénéficié de sessions de formation organisées qui ont été organisées au profit de l’ensemble du personnel de la CBLT. 12 CBLT. Détermination des attributions du Conseiller juridique de la CBLT, Programme des Gestion Intégrée des Ressources des Bassins Transfrontaliers en Afrique-Composante du Lac Tchad FED/2009/2009/219-387, Rapport final, octobre 2010. 34 3.1.2 Rôle du service de communication La communication en matière d’environnement et de ressources en eau a été un aspect important durant la phase d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Chaque atelier national ou régional a été l’occasion pour la CBLT, à travers son service de communication, de porter l’information au plus grand nombre de populations. Le maximum d’organes de presse a été invité aux activités. Le projet Charte de l’eau a systématiquement fait l’objet d’une présentation lors des rencontres internationales auxquelles était conviée la CBLT. Le consultant, en collaboration avec le service de communication de la CBLT, a réalisé un Poster géant sur le projet de charte de l’eau qui est affiché dans les salles d’ateliers et présenté lors des rencontres internationales auxquelles a participé la CBLT. La communication a permis de faire mieux connaitre la Charte de l’eau durant sa phase d’élaboration en tant qu’instrument de gestion durable du bassin. Pour engranger plus de succès en matière de communication, il aurait fallu élaborer dès le départ, une stratégie ou un plan de communication à mettre en œuvre durant la phase d’élaboration de la Charte. 3.2 Rôle des Etats Tout au long du processus d’élaboration de la Charte, certains Etats continuaient à raisonner en termes de souveraineté des Etats ou d’intérêt national, alors que dans un bassin partagé, il s’agit de la préservation de l’intérêt collectif des Etats car chacun d’eux à plus intérêt que les ressources naturelles soient bien gérées. Une telle attitude, tout en ne favorisant pas la coopération et l’intégration sous régionales, est de nature à porter préjudice à la gestion durable du bassin. C’est ce coût de la non-coopération ou de la faible coopération que paient de nos jours les Etats du bassin avec l’assèchement progressif du lac. Une formation au bénéfice des Etats sur la gestion des ressources naturelles partagées pourrait aider à inculquer les valeurs de partage, d’intérêts communs, de solidarité et d’intégration sous régionale dans un bassin international. Leçons apprises nécessité d’assurer la formation du personnel de l’organisation de bassin pour l’inscrire dans les valeurs de partage, de solidarité, d’intérêts communs, d’intégration sous régionale en matière de gestion des bassins transfrontaliers ; nécessité de responsabiliser et de renforcer, le cas échéant, le service juridique et d’en faire la pièce maîtresse dans le processus d’élaboration de la charte de l’eau et dans sa mise en œuvre ; formation des représentants des Etats pour inculquer davantage les valeurs de de partage, d’intérêts communs, de solidarité et d’intégration sous régionale dans un bassin international ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie ou un plan communication sur le projet Charte de l’eau, y compris la réalisation d’un Poster géant comme outil de communication. Conclusion 35 L’élaboration d’une Charte de l’eau est un processus qui nécessite l’engagement de tous les acteurs dans une entreprise commune dont l’objectif final est de promouvoir la gestion durable du bassin. La Charte instaure des principes, règles, mécanismes, processus destinés à répondre aux problèmes spécifiques du bassin et dont la mise en œuvre est assurée par des organes spécifiques de coopération. Elle nécessite la forte implication des acteurs pour garantir l’aboutissement du processus sur un document consensuel mais aussi assurer une mise en œuvre réussie. Elle est un instrument qui favorise la gestion coordonnée et pacifique d’un bassin partagé et partant, la solidarité et la coopération sous régionales. 36 BIBLIOGRAPHIE CBLT. Termes de référence de l’étude pour l’élaboration et la vulgarisation de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, 2008. CBLT. Création et vulgarisation de la Charte de l’eau du Bassin du lac Tchad. Rapport de synthèse de l’atelier de conceptualisation de l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, novembre 2009. CBLT. Création et vulgarisation d’une charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic du cadre juridique et institutionnel, Rapport final de phase 1, 2010. CBLT. Création et vulgarisation d’une Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic technique de phase 1. Les défis de gestion de l’eau et des écosystèmes à relever en commun, 2010. CBLT. Rapport de l’Atelier régional de validation du rapport diagnostic de l’étude sur la charte de l’eau du bassin du lac Tchad, 29 avril 2010. CBLT. Rapport de l’Atelier régional de validation du projet de charte de l’eau du bassin du lac Tchad, 03 mars 2011. Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. CBLT. Termes de références pour l’élaboration d’une Annexe à la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad, relative aux modalités et conditions de gestion coordonnée des ouvrages hydrauliques dans le bassin du lac Tchad, 2015. PNUD. Rapport mondial sur le développement humain : au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau, 2006. 37 Annexe 2. Guide méthodologique d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. 38 SOMMAIRE Avant-propos Sigles et abréviations Introduction 1. Contexte d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta 2. Fondements de la décision d’élaboration de la Charte de l’eau 3. Définition, objet et portée de la Charte de l’eau 4. Objectifs du Guide méthodologique 5. Approche méthodologique 6. Annonce du Plan Chapitre I. Etapes d’élaboration de la Charte de l’eau 1. Phase préparatoire 2. Phase de diagnostic juridique, institutionnel et technique 3. Phase de rédaction du projet de Charte de l’eau 4 Phase d’adoption, de vulgarisation et de ratification Chapitre II. Participation des acteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau 1 Portée de la participation des acteurs 2 Détermination des acteurs 3 Modalités d’implication des acteurs 4. Implication spéciale du genre Chapitre III. Pilotage de l’élaboration et de la mise en œuvre de la Charte de l’eau 1. Rôle de l’ABV 2. Rôle des Etats membres 39 AVANT-PROPOS 40 SIGLES ET ABREVIATIONS ABN : Autorité du Bassin du Niger BAD : Banque Africaine de Développement ABV : CBLT : CEDEAO : CICOS : FAE : GIRE : GCPTF : OIG : OMVS : PAGE : PAS : PNUD : PTF : SFN : UEMOA : UICN : TDR : Autorité du Bassin de la Volta Commission du Bassin du Lac Tchad Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha Facilité Africaine de l’Eau/BAD Gestion Intégrée des Ressources en Eau Groupe Consultatif des Partenaires Techniques et Financiers Organisation Inter-Gouvernementale Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal Partenariat pour la Gouvernance Environnementale en Afrique de l’Ouest Programme d’Action Stratégique/Bassin de la Volta Programme des Nations Unies pour le Développement Partenaires Techniques et Financiers Structures Focales Nationales Union Economique et Monétaire Ouest Africaine Union Internationale pour la Conservation de la Nature Termes de Références 41 INTRODUCTION 1. Contexte d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta La Volta est un fleuve transfrontalier partagé par six (6) Etats d’Afrique de l'Ouest qui dépendent de ses ressources naturelles pour leur développement (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Mali et Togo). Afin d'instituer des mesures de gestion durable des ressources en eau transfrontalières, les Ministres en charge des ressources en eau des pays du bassin, ont approuvé le 16 juillet 2006 à Lomé, les projets de Convention et de Statuts de l'Autorité du Bassin de la Volta (ABV). Le 19 janvier 2007, les Chefs d'Etats et de Gouvernement des Etats du Bassin de la Volta ont adopté la Convention portant statut du fleuve Volta et création de l'Autorité du Bassin de la Volta (ABV). Suite à l’adoption de la Convention, la première réunion du Conseil des Ministres, tenue le 16 novembre 2007 à Ouagadougou, a approuvé les Statuts et le cadre institutionnel de l'ABV. La Convention portant Statut du Fleuve Volta et création de l'Autorité du Bassin de la Volta est entrée en vigueur le 14 août 2009 après sa ratification par quatre des six Etats membres13. De nos jours, tous les six Etats ont ratifié la Convention et sont ainsi parties à la Convention et aux Statuts ABV. L'ABV a pour mandats de : promouvoir les outils de concertation permanente entre les parties prenantes au développement du Bassin; promouvoir la mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en eau et le partage équitable des bénéfices découlant de leurs différentes utilisations; autoriser la réalisation des ouvrages et des projets envisagés par les Etats Parties et pouvant avoir un impact significatif sur les ressources en eau du Bassin; réaliser des projets et des ouvrages communs; contribuer à la réduction de la pauvreté, au développement durable des Etats Parties et à une meilleure intégration socio-économique sous régionale. 2. Fondements de la décision d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta La décision d’élaborer une charte de l’eau du bassin de la Volta résulte du constat que les dispositions de la Convention ABV ne sont pas suffisamment précises pour assurer sa mise en œuvre effective en vue d’assurer une gestion durable du bassin. En effet, lorsque la Convention ABV comporte des principes et règles de gestion des eaux partagées, ces derniers sont simplement énoncés sans que les modalités et les procédures de leur mise en œuvre ne soient déterminées. Il en est ainsi du principe de l’utilisation équitable et raisonnable qui est simplement énoncé alors que de nos jours les facteurs et critères à prendre en compte pour déterminer le caractère équitable et raisonnable d’une utilisation sont connus. Il en est de même de la règle de notification préalable des mesures projetées qui est simplement énoncée bien que les modalités et procédures de 13 « La présente Convention entre en vigueur trente (30) jours après le dépôt par le quatrième Etat Partie des instruments de ratification », Convention ABV, art. 20. 42 mise en œuvre de cette règle soient amplement développées dans de nombreux instruments conventionnels. On peut mentionner de nombreuses autres règles qui ne peuvent être mises en œuvre en l’état actuel de la Convention ABV car elles sont énoncées de manière laconique. Il s’agit de de l’interdiction de causer des dommages significatifs aux autres Etats du cours d’eau, l’obligation d’échanges de données et d’informations, la notification d’urgence, la protection de l’environnement ou encore la liberté de navigation sur le cours d’eau international. Une telle situation n’est pas cependant propre à l’ABV car la plupart des conventions initiales de bassins hydrographiques transfrontaliers sont caractérisées par leur généralité, ce qui explique le recours ultérieur aux conventions complémentaires de mise en œuvre que sont les chartes de l’eau ou les conventions additives. Une charte de l’eau du bassin de la Volta permettra ainsi d’une part, de prendre en compte les règles et les principes de gestion des cours d’eau internationaux qui ne sont pas consacrés par la Convention ABV et d’autre part, de préciser et développer ceux qui y sont sommairement consacrés, en vue de faciliter leur mise en œuvre concrète. La décision d’élaborer une charte de l’eau du bassin de la Volta trouve son fondement juridique dans plusieurs documents de l’ABV : 14 la 3ème réunion du Conseil des ministres de l’ABV, tenue en 2010, adoptait la Résolution n°3 invitait les Partenaires Techniques et Financiers à « renforcer leur appui à l’ABV dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta »14 ; le premier Plan Stratégique de l’ABV pour la période 2010-2014, adopté également en 2010, comportait comme l’une des activités majeures, l’élaboration d’une Charte de l’eau du bassin de la Volta. Mais cette activité n’a pas pu être réalisée dans le cadre de ce premier Plan stratégique. Elle a été reconduite dans le nouveau Plan Stratégique 2015-2019. L’Objectif Stratégique 4 du Plan stratégique actuel est ainsi consacré au renforcement du cadre législatif du bassin de la Volta dans lequel s’inscrit l’élaboration de la charte de l’eau du bassin de la Volta. L’Objectif stratégique 4 comporte en outre, dans le cadre de la mise en œuvre de la Charte de l’eau, une activité de communication et une activité d’harmonisation des législations nationales pour les rendre conformes à la future charte de l’eau ; le Programme d’Action Stratégique (PAS) du bassin de la Volta adopté en 201415 comporte entre autres, pour activités, l’élaboration d’une Charte de l’eau du bassin de la Volta. Le PAS justifie la nécessité d’une charte de l’eau par le constat que « Les instruments juridiques actuels relatifs à l’ABV ne sont pas suffisants pour assurer une gestion optimale du bassin. La Convention ABV est un accord qui définit un cadre global de coopération et elle fait implicitement référence à des instruments complémentaires qui seraient nécessaires pour sa mise en Résolution n°3 du 15 décembre 2009 portant invitation des partenaires techniques et financiers à apporter leur appui au développement de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. 15 ème ABV. 5 réunion du Conseil des ministres, 17 mars 2014. Résolution n°18 portant adoption et processus d’endossement du programme d’action stratégique du bassin de la volta . 43 œuvre effective. Cependant, elle contient beaucoup de principes et ne définit pas le champ d’application ni la portée ou les détails de sa mise en œuvre »16. Dans le cadre de l’Action D « Renforcer la gouvernance et améliorer la qualité des informations sur la gestion de la ressource », il est prévu une activité D1 consacrée à la préparation de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. L’initiative de développement d’une Charte de l’eau prise par l’ABV est soutenue par de nombreux partenaires dont : l’Union Européenne, à travers le « Projet de renforcement des capacités de l’ABV pour la mise en œuvre des actions prioritaires de son Plan stratégique 20102014 » qui s’est achevé en 2015. Ce renforcement des capacités de l’ABV a concerné tous les aspects de fonctionnement de cette institution dont les aspects juridiques. Une activité a concerné en effet le renforcement de l’’Unité juridique de l’ABV. Un article a été ainsi rédigé, par un expert juriste, en collaboration avec le Chef de l’Unité juridique, sur la contribution de la Convention des Nations sur l’utilisation des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation. Cet article est une contribution à l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta ; l’UICN à travers son Programme « Partenariat pour la gouvernance environnementale en Afrique de l’Ouest (Programme PAGE/UICN) afin de développer la gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin. C’est ainsi que cette institution a décidé de soutenir, une activité préalable à l’élaboration de la charte de l’eau, à savoir la conception d’un « Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta ». Ce Guide méthodologique doit permettre aux parties prenantes de l’ABV d’être mieux impliquées dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de cette Charte. Le Guide méthodologique sera donc mis à la disposition des différentes catégories d’acteurs du développement du Bassin de la Volta, à travers notamment le Forum des Parties prenantes pour le développement du bassin de la Volta qui les regroupe ; la Banque Mondiale, à travers un projet d’appui à l’ABV à partir de 2015. La composante principale de ce projet (Composante 1) est le développement d’une Charte de l’eau du bassin de la Volta. La Composante 2 concerne la facilitation du dialogue, de la communication et du suivi du projet. La Composante 3 porte sur la mise en œuvre des actions prioritaires du Programme d’Action Stratégique (PAS). La Composante 4 porte sur la gestion du projet. Encadré 1. Activités prévues par le PAS dans le cadre de l’élaboration de la Charte de l’eau du Bassin de la Volta Définir le cadre, le calendrier (y compris les procédures de révision) et les modalités de rédaction de la Charte de l’eau ; 16 ABV. Programme d’action stratégique du bassin de la Volta, février 2013, §3.2. 44 Déterminer les règles d’utilisation des ressources en eau par les Etats membres pour la conservation et la protection des écosystèmes partagés ; Définir les principes et les procédures d’allocation des ressources en eau entre les différents secteurs d’utilisation y compris les nouveaux projets qui sont susceptibles d’avoir des impacts négatifs significatifs sur l’eau ; Harmonier les politiques nationales et les législations relatives à l’utilisation des ressources en eau, les connaissances et la protection qui permettent de prévenir et de régler les conflits transfrontaliers liés à la gestion partagée des ressources en eau ; Définir le cadre de partage de l’information et de participation des populations du Bassin ; Identifier les principaux acteurs du Bassin de la Volta parmi lesquels des juristes et des parlementaires, les décideurs et la société civile pertinente ; Organiser et exécuter le processus de mise en œuvre (rédaction, revue, approbation et intégration) de la Charte de l’eau par ou en collaboration avec les gouvernements et les parlements ; Diffuser la Charte de l’eau dans tout le bassin de la Volta et faire de la sensibilisation autour de cet instrument régional ; Créer aux niveaux national et régional des structures chargées de la Charte de l’eau qui veilleront au respect de la Charte de l’eau. Source : ABV. Programme d’Action Stratégique, Action D.1. 3. Définition, objet et portée de la Charte de l’eau La Charte de l’eau du bassin de la Volta sera une convention internationale ou un traité entre les Etats parties à la Convention ABV de 2007. Il s’agira d’un accord international conclu par écrit entre ces États et régi par le droit international. Il s’agit donc d’un texte de nature contraignante qui engagera juridiquement les Etats membres de l’ABV qui l’auront signé et ratifié. C’est pourquoi la Charte de l’eau sera soumise à ratification avant son entrée en vigueur. La Charte de l’eau comportera aussi des annexes qui en feront parties intégrantes et qui seront adoptées par le Conseil des ministres et entreront en vigueur dès leur adoption par ce dernier. Certaines annexes seront élaborées en même temps que la Charte de l’eau alors que d’autres le seront bien plus tard. Il est en effet impossible d’élaborer toutes les annexes dans le délai d’élaboration d’une Charte de l’eau qui est en moyenne de 18 mois. Les quatre grandes annexes qui accompagnent traditionnellement les chartes de l’eau nécessitent chacune, un délai d’élaboration de six mois car elles nécessitent les mêmes concertations que celles utilisées pour élaborer les chartes de l’eau elles-mêmes. C’est pourquoi, il est souhaitable d’élaborer quelques annexes simples en même temps que la Charte de l’eau. Cependant, bien que la Convention ABV et la charte de l’eau soient toutes les deux des conventions internationales, la Charte de l’eau est un instrument complémentaire à la convention ABV dont elle doit favoriser la mise en œuvre. En effet, la Charte de l’eau doit, d’une part, préciser les règles et principes consacrés par la Convention ABV et d’autre part, développer ladite convention en consacrant les principes et règles du droit international de l’eau qui ne figurent pas dans ladite Convention. 45 En tant qu’instrument conventionnel complémentaire à la Convention ABV, la Charte de l’eau aurait pu prendre des dénominations diverses tels que Convention, Traité, Protocole, Pacte, Mémorandum, Acte, Modus Vivendi. Le concept de charte de l’eau a été retenu pour le bassin de la Volta parce que d’autres organisations de bassin avaient déjà opté pour celui-ci. Il en est ainsi des chartes de l’eau de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS, 2002), de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN, 2008) et de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT, 2012)17. Par contre, la Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (CICOS), a privilégié le concept d’Additif pour désigner la convention complémentaire de 2007 à l’Accord instituant un régime fluvial uniforme et créant la Commission Internationale du Bassin CongoOubangui-Sangha (06 novembre 1999)18 qui constitue la convention de base. Cet Additif a été adopté pour combler les insuffisances de l’Accord CICOS de 1999 en matière de gestion durable desdits bassins partagés. La Charte de l’eau du bassin de la Volta doit être conçue comme un instrument conventionnel qui vient renforcer la coopération entre les Etats du bassin dont les bases ont été établies par la Convention ABV de 2007. Il s’agit d’assurer davantage le partage des coûts et des bénéfices résultant de la coopération interétatique sur un bassin partagé et ce, dans le cadre de la communauté d’intérêts qui lie lesdits Etats. Il s’agit comme le souligne le PNUD, d’optimiser les avantages potentiels de solutions partagées». A ce propos, le PNUD identifie quatre niveaux d’avantages potentiels découlant de la coopération en matière de gestion des eaux transfrontalières qui peuvent être utilement exploités par les Etats. Cette coopération renforcée entre les Etats de l’ABV sur la gestion des ressources naturelles du Bassin devrait permettre de relever les principaux défis liés à la gestion de l’eau et de l’environnement dans le bassin et de trouver ainsi un équilibre entre la préservation du bon état écologique du cours d’eau et la satisfaction des usages préleveurs (eau potable, irrigation, industrie) et non préleveurs (hydroélectricité, navigation) des populations du bassin. Cet équilibre doit offrir le cadre d’un développement harmonieux aux populations du bassin et participer ainsi à la lutte contre la pauvreté et au renforcement de la coopération et de l’intégration entre les Etats membres de l’ABV. 17 - Charte des eaux du fleuve Sénégal (28 mai 2002) adoptée dans le cadre de la Convention relative au statut du fleuve Sénégal et de la Convention portant création de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (11 mars 1972) ; - Charte de l’eau du bassin du Niger (30 avril 2008) adoptée dans le cadre de la Convention portant création de l’Autorité du bassin du Niger (Faranah, 21 novembre 1981, révisée à N’Djamena le 29 octobre 1987) ; Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad (30 avril 2012) adoptée dans le cadre de la Convention portant création de la Commission du Bassin du Lac Tchad (22 mai 1964). 18 Additif à l’Accord instituant un régime fluvial uniforme et créant la Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (22 février 2007) adopté dans le cadre dudit Accord. 46 Encadré 2. Niveaux d’avantages résultant de la coopération interétatique sur les eaux internationales Les avantages pour le fleuve : conserver, protéger et développer le fleuve peut avoir un impact positif sur tous les usagers. La protection du fleuve contre les pollutions, les situations dommageables (inondations, pénuries d’eau, épuisement des eaux souterraines, érosion des sols et disparition du couvert végétal) bénéficie autant aux populations qu’aux Etats riverains. La coopération entre États en vue de résoudre ces problèmes reflète la prise de conscience à l’égard du partage des risques et des bénéfices mutuels que permettent les réseaux fluviaux ; Les avantages issus du fleuve : le fait que l’eau soit une ressource limitée entraîne l’idée globalement fausse mais généralement admise selon laquelle le partage de cette ressource est un jeu à somme nulle. Cependant, la réalité est que la gestion des eaux des bassins hydrographiques peut être développée afin d’accroître les bénéfices de tous, l’utilisation de l’eau étant optimisée pour accroître la superficie des terres irriguées, la production d’énergie et les avantages pour l’environnement. Au niveau du bassin, la coopération peut promouvoir des techniques efficaces de stockage et de distribution de l’eau, contribuant ainsi au développement des surfaces irriguées. La réalisation d’infrastructures communes réduit aussi le coût de l’hydro-électricité ou du service de l’eau ; Les avantages en raison du fleuve : il s’agit des avantages issus de la coopération notamment les coûts évités en conséquence de la réduction des tensions et des différends de voisinage. Des relations tendues entre États à propos de la gestion de l’eau sont susceptibles d’inhiber la coopération régionale à un degré significatif et notamment dans les domaines du commerce, des transports, des télécommunications et des marchés de l’emploi. Une bonne coopération sur le fleuve permet au contraire de renforcer la coopération dans les autres domaines d’activités entre les Etats ; Les avantages au-delà du fleuve : l’accroissement des avantages issus du fleuve et la réduction des coûts qui en découle sont susceptibles de dégager un vaste potentiel de développement humain. Un tel potentiel peut se réaliser notamment à travers les projets lancés autour des bassins hydrographiques. Les approches coopératives aux cours d'eau internationaux peuvent également entraîner des avantages politiques beaucoup moins tangibles. En effet, lorsque les Etats riverains cherchent à passer d’une coopération minimale à des stratégies optimales et ambitieuses, on assiste inévitablement à une interaction politique dynamique entre la gouvernance de l’eau et l’effet secondaire probable de la coopération politique. Source : PNUD. Rapport mondial sur le développement humain : au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau, 2006, pp. 218-221. 4. Objectifs du Guide méthodologique Le Guide méthodologique pour l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta a pour objectif d’assurer la participation effective de toutes les parties prenantes au 47 développement durable du bassin, dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau. Les objectifs spécifiques poursuivis sont : exposer la démarche méthodologique d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau ; préciser et valoriser le rôle et les responsabilités des parties prenantes dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau ; définir les modalités d’implication des parties prenantes et d’échanges d’informations dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau ; éditer le Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau ; assurer la vulgarisation du Guide méthodologique, par la formation des représentants des différentes catégories d’acteurs à la participation à l’élaboration et à la mise en œuvre de la Charte de l’eau de l’ABV, l’accent devant être mis sur la formation de formateurs pour une meilleure dissémination du Guide méthodologique. 5. Approche méthodologique La méthodologie utilisée pour l’élaboration du Guide méthodologique a été la suivante : élaboration d’un rapport préliminaire, le « Rapport sur le retour d’expérience d’élaboration d’une charte de l’eau en Afrique »19. Il s’est agi d’examiner l’expérience d’élaboration de chartes de l’eau en Afrique pour s’en inspirer afin de réussir le processus d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. Ce rapport sur le retour d’expérience des chartes de l’eau en Afrique, tout en capitalisant l’expérience de l’élaboration des trois dernières chartes de l’eau sur le contient, s’est focalisé particulièrement sur le processus d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Le choix de l’expérience d’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad se justifie par le fait qu’il s’agit de nos jours, de l’expérience la plus achevée en matière d’élaboration de chartes de l’eau en ce qu’elle a pris en compte l’expérience des deux chartes précédentes du bassin du Sénégal et du Niger, notamment en termes de participation des acteurs. Les leçons tirées des processus qui ont été suivis, des difficultés rencontrées ou des opportunités existantes ont été analysées; 19 ABV. Rédaction d’un Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une Charte de l’eau dans le bassin de la volta. Rapport de phase 1. Retour d’expérience d’élaboration d’une charte de l’eau en Afrique, juillet 2015. 48 élaboration du Guide Méthodologique : le Guide méthodologique a été élaboré sur la base du rapport préliminaire sur l’expérience d’élaboration des chartes de l’eau dans un bassin hydrographique africain. Ont ainsi été capitalisées les leçons tirées de l’élaboration des chartes précédentes en termes de difficultés rencontrées ou d’opportunités existantes, ce qui a permis de faire des suggestions pour l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta ; validation du Guide Méthodologique : le Guide méthodologique a été soumis et approuvé par le Forum régional des acteurs sur la gouvernance de l’eau dans le bassin de la Volta, tenu à Abidjan en août 2015. 6. Annonce du plan Le Guide méthodologique comporte trois chapitres. Le premier chapitre décrit les principales étapes d’élaboration de la Charte de l’eau. Le deuxième chapitre expose les modalités de participation des acteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte. Le troisième chapitre porte sur le pilotage de l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau. 49 CHAPITRE I. ETAPES D’ELABORATION DE LA CHARTE DE L’EAU L’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta sera réalisée en plusieurs étapes. Elle comportera ainsi i) une phase préparatoire consistant en un ensemble d’activités préliminaires, ii) une phase de diagnostic juridique, institutionnel et technique, iii) une phase de rédaction du projet de charte de l’eau et enfin iv) une dernière phase qui consistera en l’adoption, la vulgarisation et la ratification de la Charte de l’eau. I. Phase préparatoire La phase préparatoire comporte cinq étapes qu’il convient d’examiner successivement. 1.1 Mobilisation des ressources financières L’élaboration d’une Charte de l’eau nécessite la mobilisation de ressources financières et humaines importantes. En plus des frais liés au recrutement d’un Consultant, l’élaboration d’une charte de l’eau, nécessite l’organisation de multiples concertations des acteurs tant au niveau national que régional. Il s’agit des entretiens dans les pays avec les acteurs et des ateliers nationaux ou régionaux prévus aux différents stades du processus. La faiblesse des ressources financières dont disposent les organisations de bassin en Afrique ne leur laisse d’autres choix que de recourir à des financements extérieurs pour appuyer de telles initiatives. Il en fut ainsi pour l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin du Niger et de celle du Lac Tchad20. Le recours à des financements extérieurs nécessite donc de s’y atteler très tôt car c’est une initiative qui nécessite de nombreuses concertations qui peuvent s’avérer onéreuses. En tout état de cause, l’élaboration de la Charte de l’eau ne doit être mise en route sans que les ressources financières ne soient mobilisées à cet effet. Il importe pour l’ABV de participer, en plus des ressources internationales, de mobiliser également de manière complémentaire, des ressources internes suffisantes, pour inscrire l’élaboration de la Charte de l’eau dans le cadre d’un véritable partenariat avec les bailleurs de fonds. 1.2 Mise en place d’un Comité technique de suivi de l’Etude L’élaboration de la Charte de l’eau du Bassin de la Volta, à l’instar de toutes les études d’ampleur entreprises par l’ABV, nécessite la mise en place, en son sein, d’un organe chargé de la coordination et de la supervision du processus, à savoir le Comité technique de suivi de l’étude. 20 ème La Charte de l’eau du bassin du Niger a été financée par le Fonds Européen de Développement (9 FED). La CBLT a bénéficié de l’appui financier de la Facilité Africaine de l’Eau (FAE) de la Banque Africaine de Développement (BAD), en réponse à la requête que lui a adressée la CBLT. 50 La mise en place du Comité technique de suivi doit être matérialisée par une Décision du Directeur exécutif de l’ABV qui précise ses attributions, sa composition et son mode de fonctionnement. Elle doit s’accompagner d’une note de service qui requiert la collaboration de tous les services de l’ABV et mobilise les différentes instances de dialogue et de concertation dans le bassin pour leur participation au processus. Ce Comité aura notamment les attributions suivantes : élaborer et approuver les termes de référence de l’étude ; assister le Consultant dans la réalisation de l’étude ; apprécier les rapports provisoires avant leur soumission aux ateliers nationaux d’examen des rapports et aux ateliers régionaux de validation ; organiser les sessions de validation technique des rapports ; veiller à la prise en compte par le Consultant, des amendements des ateliers. La Composition du Comité technique de suivi doit refléter la multiplicité des acteurs intervenant dans le bassin. Doivent y siéger, les représentants des organisations et catégories d’acteurs suivantes : ABV ; Etats, un membre du Comité technique par pays ; Collectivités locales, chaque catégorie de collectivités locale étant représentée ; usagers ; structures de gestion de l’eau par bassin ou sous bassin dans les Etats membres de l’ABV ; Organisations de la société civile et organisations communautaires de base; Organisations de bassins voisines ; centres de recherches dans le domaine de l’eau et de l’environnement ; partenaires techniques et financiers ; correspondants nationaux des services WEB de l’ABV. Pour minimiser les coûts de fonctionnement du Comité, les catégories d’acteurs autres que les Etats, participeront aux réunions dudit Comité à travers les représentants des structures homologues dans le pays qui abrite la réunion du Comité de suivi. Par exemple, les collectivités locales de l’ensemble des Etats du bassin seront représentées par une ou deux collectivités locales du pays où se tient la réunion du Comité de suivi, selon qu’il existe une ou deux catégories de collectivités locales. Dans ces conditions, il faudra cependant s’assurer du retour d’informations vers les structures représentées en application du principe de redevabilité. 1.3 Élaboration des termes de référence La rédaction des Termes de référence (TDR) de l’étude est une étape fondamentale dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Les TDR doivent contenir une description assez claire des objectifs recherchés à travers l’élaboration d’une charte de l’eau du bassin de la Volta. 51 Le projet de TDR doit être élaboré par un groupe restreint de personnes nommées au sein du Comité technique de suivi. Ce projet de TDR est ensuite soumis au Comité de suivi pour validation et transmis à la Direction exécutive de l’ABV. Dans le cadre de l’élaboration de la Charte de l’eau, il peut s’avérer utile de s’inspirer des TDR des récentes chartes de l’eau en Afrique notamment de ceux de l’ABN et de la CBLT21. Il peut être même particulièrement intéressant, afin de s’assurer de TDR appropriés, d’envoyer une mission de travail auprès de l’une des organisations de bassin qui a l’expérience d’élaboration d’une charte de l’eau. 1.4 Recrutement et contractualisation du Consultant Le Consultant (Bureau d’études) qui sera chargé de réaliser la Charte de l’eau du bassin de la Volta, devra justifier d’une expérience avérée dans la GIRE dans le monde et en Afrique en particulier et d’une expérience dans la réalisation d’une Charte de l’eau sur le continent. Le Consultant doit présenter une équipe d’experts composée au minimum d’un Juriste (Chef de mission) et d’un spécialiste des ressources en eau (GIRE), ayant chacun une solide expérience dans l’élaboration des chartes de l’eau en Afrique. Le Consultant pourra proposer des experts dont la participation s’avère indispensable pour assurer le succès de l’Etude, surtout au cas où un diagnostic technique est exigé. Il est de la plus grande importance de ne pas accuser un retard important dans le recrutement du Consultant à compter de la signature du protocole de financement entre l’ABV et le bailleur de fonds. Cela évitera de précipiter des activités vers la fin de l’Etude et de perdre des financements mobilisés pour l’élaboration de la Charte de l’eau. 1.5 Tenue de la rencontre de cadrage La rencontre de cadrage qui doit marquer le début de l’Etude poursuit les objectifs suivants : servir de réunion de lancement de l’Etude en lui donnant un caractère solennel au regard des défis à relever, des enjeux et de la portée de la Charte de l’eau ; informer les acteurs du bassin du démarrage effectif de l’Etude sur la Charte de l’eau, en application des principes de transparence et de partenariat ; forger une compréhension commune de l’Etude entre le client et le Consultant quant aux objectifs de l’étude, les produits attendus et le chronogramme de mise en œuvre des activités ; clarifier le rôle des acteurs qui interviendront dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau notamment en terme de modalités d’implication effective; 21 ABN. Etude relative à l’élaboration de la charte de l’eau dans le bassin du Niger, Volet 1, janvier 2007 ; CBLT. Création et vulgarisation d’une charte de l'eau du lac Tchad. Termes de références pour l’élaboration et la vulgarisation de la charte de l’eau du bassin du lac Tchad, mai 2008. 52 déterminer les principes directeurs qui doivent guider les parties prenantes dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau ; obtenir l’adhésion des acteurs aux futures étapes du processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Au regard de l’importance de la rencontre de cadrage, comme cela ressort des objectifs ci-dessus indiqués, il est particulièrement nécessaire d’assurer la participation de tous les Etats membres de l’ABV à la rencontre de cadrage pour exprimer leur attachement au processus en cours, exprimer leurs préoccupations majeures et les faire prendre en compte dès cette première phase du processus . L’ABV doit prendre à cet effet les mesures nécessaires pour assurer la participation effective de tous les Etats membres. En ce qui concerne les autres acteurs, il importe d’assurer leur implication afin de les associer dès les premières étapes du processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Ils seront représentés par les structures qui sont leurs homologues dans le pays où se tient la rencontre de cadrage qui est en général le pays siège de l’ABV. Il est aussi important de conférer un caractère solennel à cette rencontre de cadrage au regard des enjeux et de la portée de la Charte de l’eau, en lui assurant aussi la publicité nécessaire au moyen d’une communication appropriée. Encadré 3. Principes devant guider les acteurs du bassin dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau Principe de complémentarité, en vertu duquel, il convient de rechercher les complémentarités et les synergies entre les interventions des différents acteurs dans le bassin afin d’optimiser ces interventions; Principe genre, en vertu duquel l’intérêt et les contributions des femmes, des jeunes et des couches vulnérables dans la société, sont pris en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau ; Principe de participation et d’information en vertu duquel les principaux acteurs sont des parties prenantes dans le processus de prise et de mise en œuvre des décisions concernant le bassin et doivent à cet effet disposer de l’information appropriée pour une meilleure participation ; Principe de partenariat, en vertu duquel, les acteurs instituent un dialogue permanent pour la réalisation de l’objectif commun de gestion durable du bassin; Principe de redevabilité, en vertu duquel, chaque acteur doit rendre compte, aux 53 niveaux et aux organes appropriés, de sa participation à l’élaboration et à la mise en œuvre de la Charte de l’eau ; Principe de solidarité, en vertu duquel, la coopération interétatique sous régionale pour la gestion durable du bassin et la collaboration entre les autres acteurs doivent être fondées sur l’idée que le bassin est un patrimoine commun que les Etats s’engagent à préserver dans l’intérêt des générations présentes et futures ; Principe de transparence, en vertu duquel, la prise de décisions ainsi que leur mise en œuvre s’opèrent dans le partage approprié de l’information entre les différentes catégories d’acteurs. II. Phase de diagnostic juridique, institutionnel et technique La phase de diagnostic juridique, institutionnel et technique sera conduite en quatre séquences. 2.1 Les entretiens de pays Au début de la phase de diagnostic juridique, institutionnel et technique, le Consultant procédera à des entretiens avec les acteurs dans les Etats membres de l’ABV. Ces entretiens constituent une dimension essentielle de l’implication des acteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du Bassin de la Volta. Les modalités de conduite de ces entretiens pour une meilleure implication des acteurs seront détaillées dans le deuxième chapitre relatif à la participation des acteurs. 2.2 Elaboration de la version provisoire du rapport 2.2.1 Diagnostic juridique et institutionnel Le diagnostic juridique et institutionnel est une activité essentielle dans l’élaboration de la charte de l’eau du bassin de la Volta car il permet de faire le point en la matière en vue de l’harmonisation des législations nationales. S’il ne semble avoir été réalisé dans la cadre de l’élaboration de la Charte des eaux du fleuve Sénégal, le diagnostic juridique et institutionnel a été fait dans le cadre de l’élaboration des chartes de l’eau du bassin du Niger et du bassin du lac Tchad22. 22 ABN. Etat des lieux et diagnostic du cadre juridique et institutionnel des neufs Etats membres de l’ABN, Volet 1, mai 2007 ; CBLT. Création et vulgarisation d’une charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic du cadre juridique et institutionnel, Rapport final de phase 1, 2010. 54 Il permet d’analyser le cadre normatif et institutionnel concernant le bassin de la Volta, en faisant ressortir, les forces, les faiblesses, les convergences et les incohérences. L’analyse portera sur les trois niveaux que sont le niveau national (Etats), le niveau sous régional (CEDEAO, ABV, autres organisations sous régionales), le niveau régional (Union Africaine, NEPAD) et le niveau mondial (instruments internationaux conventionnels ou directives des institutions financières internationales notamment de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de développement). L’objectif ultime de ce diagnostic juridique sera, de contribuer à harmoniser le cadre normatif de la gestion de l’eau et de l’environnement du bassin, en le fondant sur des règles et procédures modernes facilitant la gestion durable des ressources dudit bassin. Ce diagnostic permettra de recenser les principes et les règles de gestion moderne des eaux partagées qui doivent alimenter la Charte. Sur le plan institutionnel, l’objectif sera de comparer les institutions existantes de gestion de l’eau dans le bassin et de proposer des mécanismes institutionnels appropriés pour la mise en œuvre des règles et procédures convenues de commun accord. Le diagnostic juridique et institutionnel devra être conduit selon les modalités suivantes : réalisation, éventuellement, d’entretiens avec les acteurs dans les Etats membres de l’ABV : recrutement d’experts juristes nationaux pour élaborer les rapports nationaux. Pour assurer la qualité des rapports, ils seront sélectionnés de manière rigoureuse par le Chef de mission, en coordination avec les Structures focales nationales et le Comité de suivi de l’étude; élaboration par le Chef de mission, d’un canevas pour faciliter d’une part, la recherche et l’analyse des informations par les juristes nationaux et d’autre part, du rapport régional par le Chef de mission ; supervision par le Chef de mission, de l’élaboration des rapports nationaux pour éviter les retards injustifiés et assurer leur qualité ; validation, au niveau de chaque Etat, des rapports diagnostics juridiques et institutionnels nationaux ; élaboration du rapport diagnostic juridique et institutionnel par le Chef de mission ; tenue des ateliers nationaux d’examen du rapport ; tenue de l’atelier régional de validation du rapport . Le diagnostic juridique et institutionnel est conduit par le juriste international, Chef de mission, appuyé par six experts juristes nationaux. Le juriste international effectue un déplacement dans les six Etats membres et s’entretient avec des acteurs du bassin, en compagnie du juriste national dans chaque pays. 55 2.2.2 Diagnostic technique Le diagnostic technique n’est pas toujours réalisé dans le cadre de l’élaboration des chartes de l’eau. Ce fut le cas de la Charte des eaux du fleuve Sénégal et de la Charte de l’eau du bassin du Niger. C’est la dernière charte de l’eau en date, celle du Bassin du lac Tchad qui a recouru au diagnostic technique23. Le recours au diagnostic technique dépend des besoins exprimés par l’organisation de bassin à l’origine de l’élaboration de la Charte de l’eau mais aussi et surtout, de l’état des données et informations techniques disponibles sur l’environnement et les ressources en eau. Lorsque ces données et informations sont disponibles et fiables, il ne sera pas nécessaire de recourir à un tel diagnostic. Par contre, lorsque ces dernières sont parcellaires, l’établissement d’un diagnostic s’impose au moment de l’élaboration de la charte de l’eau, surtout pour alimenter les annexes techniques. Mais ce diagnostic technique peut être également établi après l’adoption de la Charte de l’eau, dans le cadre des annexes à élaborer ultérieurement. Le diagnostic technique, s’il peut concerner des aspects divers, portera surtout sur les usages de l’eau dans le bassin, afin d’une part, de déterminer les grands défis de gestion de l’eau dans le bassin de la Volta et d’autre part, de faire, sur la base de ces défis, des propositions qui seront autant d’engagements pris par les Etats et qui seront inscrits dans la Charte de l’eau. Le diagnostic technique pourra être notamment d’une grande utilité dans : la détermination des critères et facteurs à prendre en compte pour déterminer le caractère équitable et raisonnable de l’utilisation d’un cours d’eau international par un Etat, tels que déterminés par la Convention des Nations Unies de 1997 sur les cours d’eau, en tenant compte des caractéristiques particulières du bassin de la Volta ; la détermination des volumes maximaux à prélever dans le bassin, sur la base des apports d’eau et des prélèvements ; la détermination des débits environnementaux en périodes de basses eaux ainsi que des points clés de référence qui seront positionnés au niveau de stations hydrométriques existantes pour faciliter le contrôle des débits. Des débits environnementaux seront également définis pour les périodes de hautes eaux et des points clés seront retenus pour mesurer ces débits ; la détermination des volumes de prélèvement qui nécessitent soit une autorisation préalable de l’ABV soit une simple déclaration dans le but d’informer l’ABV et tenir compte des effets cumulatifs des petits prélèvements. 23 Le diagnostic technique est conduit par le Consultant GIRE, assisté d’experts sectoriels dont le nombre sera déterminé en fonction des besoins en informations et données techniques sur le bassin. L’équipe de consultants pourra comporter entre autres des spécialistes en écosystèmes, en pêche, en hydrologie, en agronomie et en socio-économie. L’équipe devra travailler en étroite collaboration avec l’Observatoire du Bassin de la Volta et la Direction de la planification et de la GIRE. CBLT. Création et vulgarisation d’une Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic technique de phase 1. Les défis de gestion de l’eau et des écosystèmes à relever en commun, 2010. 56 Il est impératif que les membres de cette équipe ou certains d’entre eux se déplacent, avec le Consultant GIRE, dans les Etats durant cette phase de diagnostic technique pour réunir l’information scientifique nécessaire. Les visites dans les Etats, du juriste Chef de mission et des membres de l’équipe technique, sont effectuées simultanément. A défaut, ils doivent être coordonnés pour éviter de solliciter les acteurs à plusieurs reprises pour un même objet qui est la récolte de données pour l’élaboration de la Charte de l’eau. Le rapport diagnostic, juridique, institutionnel et technique sera soumis au Comité technique de suivi qui fera ses amendements. Ces derniers seront intégrés dans le rapport avant sa soumission aux ateliers nationaux d’examen du rapport. 2.3 Ateliers nationaux d’examen du rapport diagnostic Une fois que le rapport diagnostic juridique, institutionnel et technique a été amendé par le Comité technique de suivi, il sera transmis aux Etats pour examen. Chaque Etat devra organiser un atelier national d’examen du rapport qui regroupe l’ensemble des acteurs du bassin au niveau national. Les objectifs des ateliers nationaux d’examen du rapport diagnostic sont notamment : rassembler les acteurs nationaux intervenant dans le bassin pour apprécier le rapport qui leur est soumis ; examiner et amender le rapport diagnostic ; préparer l’atelier régional de validation du rapport diagnostic. Les modalités d’organisation de ces ateliers nationaux sont les suivantes : les rapports d’études produits par les consultants doivent être soumis suffisamment tôt à l’avance aux acteurs nationaux pour exploitation ; les consultants participent aux ateliers nationaux d’examen des rapports pour présenter lesdits rapports et éclairer les acteurs sur leur contenu afin d’assurer un maximum d’homogénéité et de cohérence au contenu du rapport après les ateliers nationaux ; les points focaux ont la responsabilité de l’organisation matérielle de ces ateliers et veillent à l’obtention de résultats pertinents pour alimenter le processus d’élaboration de la Charte de l’eau ; les ateliers nationaux doivent réunir l’ensemble des acteurs intervenant dans le bassin. Ils sont sélectionnés par les Etats, en collaboration avec le Consultant. Les acteurs qui ont été rencontrés dans le cadre des entretiens de pays doivent y participer ; les ateliers nationaux donnent lieu à un rapport national d’examen des rapports dont l’élaboration relève de la responsabilité de la SFN. Le rapport contient les principales réflexions, observations, perspectives et suggestions dégagées par les participants sur la version provisoire de la Charte ; les ateliers doivent se dérouler dans le respect des principes directeurs qui doivent guider les acteurs du bassin (complémentarité, solidarité..) ; 57 les rapports des ateliers nationaux sont destinés à la préparation des ateliers régionaux. Ils sont soumis, par l’intermédiaire de l’ABV, au Consultant qui les prend en compte pour élaborer la version du projet de Charte de l’eau qui doit être soumise à l’atelier régional de validation ; Le financement des ateliers nationaux d’examen des rapports est assuré par l’ABV. Ces ateliers nationaux constituent une phase essentielle de l’implication des acteurs. 2.4 Atelier régional de validation du rapport diagnostic L’Atelier régional de validation portera sur la version du rapport diagnostic qui a pris en compte les amendements des ateliers nationaux d’examen du rapport. Les objectifs de l’Atelier régional de validation du rapport diagnostic sont notamment : rassembler les représentants des acteurs au niveau régional pour apprécier ledit rapport qui leur sera soumis ; examiner, amender et valider le rapport diagnostic ; préparer l’étape suivante du processus d’élaboration de la Charte de l’eau. III. Phase de rédaction du projet de Charte de l’eau La rédaction de la Charte de l’eau devra s’opérer également en quatre séquences, à savoir i) les entretiens avec les acteurs dans les Etats, ii) la rédaction du projet de charte de l’eau, iii) l’organisation des ateliers nationaux d’examen du rapport et iv) la tenue de l’atelier régional de validation. 3.1 Entretiens dans les Etats et les options possibles La rédaction du projet de Charte de l’eau doit être précédée de visites dans les Etats membres de l’ABV. Ces rencontres de pays, conduites par les deux experts internationaux, le juriste (Volet juridique et institutionnel) et le spécialiste GIRE (Volet technique), seront surtout consacrées à l’examen des options possibles à prendre en compte dans la future charte de l’eau car en ce qui concerne l’établissement de la Charte de l’eau, de nombreuses options s’offrent aux acteurs tant en termes juridiques, institutionnels que techniques. La démarche suivie pour la présentation de ces options sera la suivante : identification à l’avance des questions qui se prêtent à plusieurs options et celles pour lesquelles il n’existe qu’une solution ; information des acteurs sur les différentes options possibles en leur exposant les avantages et les inconvénients des unes et des autres, en termes de promotion de gestion durable du bassin afin qu’ils puissent faire des choix de manière éclairée ; validation par les Etats des options choisies qui seront intégrées dans le projet de charte de l’eau par le Consultant ; soumission, pour décision, à l’atelier régional, des options non consensuelles, divergentes ou même contradictoires retenues par les Etats au niveau des ateliers nationaux. 58 3.2 Rédaction du projet de Charte de l’eau La rédaction du projet de charte de l’eau sera basée d’une part, sur les propositions faites dans le cadre du diagnostic juridique, institutionnel et technique et d’autre part, sur les options validées par les Etats au cours des entretiens de pays. La Charte de l’eau doit assurer constamment l’équilibre entre la préservation du bon état écologique du cours d’eau et la satisfaction des usages préleveurs (eau potable, irrigation, industrie) et non préleveurs (hydroélectricité, navigation, pêche) des populations du bassin. Elle tiendra compte d’un certain nombre d’impératifs : s’assurer que la Charte de l’eau est conforme à la Convention et aux Statuts ABV dont il constitue un instrument de mise en œuvre ; s’assurer que la Charte de l’eau est conforme aux politiques sous régionales de l’eau et de l’environnement notamment la Politique régionale des ressources en eau de l’Afrique de l’Ouest24 et la politique de l’environnement de la CEDEAO25 ; privilégier les définitions et principes convergents dans les législations nationales ; à défaut, retenir ceux contenus dans les textes des organisations sous régionales (ABV, CEDEAO, UEMOA) ; enfin, à défaut, retenir ceux consacrés par les instruments internationaux conventionnels ou non conventionnels ; prendre en compte l’expérience des autres chartes de l’eau et en particulier la Charte de l’eau du bassin du Niger (4 Etats de l’ABV sont aussi membres de l’ABN : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali) et la Charte de l’eau du bassin du lac Tchad qui est la plus récente ; élaborer quelques annexes, si possible, pour assurer la mise en œuvre de certaines dispositions importantes de la Charte de l’eau dès son entrée en vigueur ; prendre en compte les droits des communautés locales, particulièrement des femmes, des jeunes et autres groupes vulnérables. Le projet de charte de l’eau est soumis au Comité technique de suivi pour amendement. La version amendée est soumise aux ateliers nationaux d’examen du projet de charte de l’eau. 3.3 Ateliers nationaux d’examen du projet de charte de l’eau Les ateliers nationaux d’examen du projet de charte de l’eau doivent permettre de s’assurer de la prise en compte au niveau national, des préoccupations fondamentales des acteurs nationaux dans la perspective de la tenue de l’atelier régional. Il s’agit donc d’ateliers préparatoires de l’atelier régional de validation. Chaque atelier national d’examen de la Charte donnera lieu à un rapport qui contient les principales réflexions, observations, perspectives et suggestions dégagées par les participants sur la version provisoire de la Charte de l’eau. 24 Acte additionnel SA. 5/12/08 portant adoption de la politique des ressources en eau de l’Afrique de l’Ouest (19 décembre 2008). 25 Acte additionnel A/SA. 4/12/8 portant adoption de la politique environnementale de la CEDEAO (19 décembre 2008). 59 Ces rapports sont communiqués au Consultant et à l’ABV pour être pris en compte dans la finalisation du projet de charte de l’eau qui sera soumis à l’Atelier régional de validation. Le Consultant et l’ABV participent aux ateliers nationaux de validation pour exposer et expliquer le projet de charte de l’eau et éclairer les acteurs nationaux en cas de besoin. Ils doivent orienter les acteurs vers la recherche de l’intérêt général des Etats dans ce bassin partagé. L’intervention de ces deux acteurs doit contribuer à réduire les points de divergence entre les Etats sur certaines dispositions du projet de Charte de l’eau. 3.4 Atelier régional de validation du projet de charte de l’eau L’atelier régional de validation du projet de charte de l’eau aura pour objectifs de : s’assurer de la prise en compte des préoccupations exprimées par les ateliers nationaux d’examen du projet de charte de l’eau; harmoniser la position des Etats sur des questions essentielles, n’ayant pas fait l’objet de réponses consensuelles entre les Etats ; amender et valider le projet de charte de l’eau ; sensibiliser les acteurs sur la nécessité d’un engagement des autorités nationales pour la suite du processus, notamment la ratification de la Charte de l’eau. Le projet de charte de l’eau validé par l’atelier régional sera soumis à la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement pour adoption. IV. Phase d’adoption, de vulgarisation et de ratification de la Charte de l’eau 4.1 Adoption de la Charte de l’eau La Charte de l’eau du bassin de la Volta sera adoptée par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres de l’ABV. Il est donc particulièrement important de tenir compte, dans le processus d’élaboration de la charte de l’eau, des échéances de réunion de cet organe pour éviter de longs délais entre la validation régionale et l’adoption de la Charte de l’eau26. L’adoption rapide de la Charte de l’eau permettra en outre de déclencher les ateliers de vulgarisation et de porter le plus rapidement possible à la connaissance des acteurs, le texte définitif de la charte de l’eau. 26 Les délais entre la validation régionale et l’adoption par les Chefs d’Etats, des Chartes de l’eau varient selon les cas. La Charte de l’eau du bassin du Niger a été validée au niveau régional le 13 février 2008 et adopté par la Conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement le 30 avril 2008 soit seulement un mois et demi après. L’ABN a ainsi fait preuve d’anticipation en la matière. Quant à la Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad, elle a été validée le 03 mars 2011 et adoptée par le 14 ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres de la CBLT le 30 avril 2012 soit un peu plus d’un an après la validation régionale. Ce délai d’un an qui peut sembler long est cependant raisonnable au regard de la fréquence des sessions du Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernement de la CBLT qui se tiennent tous les deux ans. Le 13ème Sommet s’étant tenu le 1er novembre 2010, c’est le 14ème Sommet tenu le 30 avril 2012 qui a adopté la Charte de l’eau validée en 2011. 60 4.2 Vulgarisation de la Charte La vulgarisation de la Charte de l’eau sera assurée à travers des ateliers nationaux de vulgarisation. La vulgarisation de la Charte de l’eau consiste en sa diffusion à destination du plus grand nombre d’acteurs, en langage accessible. Trois ateliers nationaux seront organisés à l’intérieur de chaque pays, l’un dans la capitale et les autres dans deux villes situées dans le bassin. C’est le moyen d’atteindre le plus grand nombre d’acteurs. Ces ateliers nationaux auront pour but de : informer les acteurs du texte définitif de la Charte de l’eau ; permettre à l’ABV d’entreprendre les contacts nécessaires dans les Etats en vue de favoriser la ratification de la Charte de l’eau par les Etats ; obtenir l’adhésion des acteurs du bassin en vue d’en faciliter la mise en œuvre ultérieure. Les ateliers nationaux de vulgarisation mettront particulièrement l’accent sur les grands points suivants : les enjeux de la Charte : équilibre, d’une part, entre conservation des écosystèmes et d’autre part, développement économique, prévention et gestion des conflits, renforcement de l’intégration et de la coopération sous régionale, lutte contre la pauvreté, renforcement de la bonne gouvernance ; les mécanismes de prévention ou de gestion des conflits : utilisation équitable et raisonnable, gestion concertée des mesures projetées, ouvrages communs ou d’intérêt commun, interdiction de causer des dommages significatifs à d’autres Etats, règlement pacifique des différends entre Etats ; les mécanismes institutionnels mis en place par la Charte et leurs rapports avec les organes principaux de l’ABV ; les modes de résolution des conflits. Chaque atelier national de vulgarisation donnera lieu à un rapport. Un rapport général sera établi sur la base des rapports nationaux. Il est soumis au Comité technique de suivi pour approbation. 4.3 Ratification et entrée en vigueur En tant que convention internationale, la Charte de l’eau du bassin de la Volta exige d’être ratifiée par les Etats membres avant qu’elle ne les lie d’un point de vue juridique. C’est la Charte de l’eau qui déterminera elle-même le nombre de ratification nécessaire pour son entrée en vigueur. Elle se conformera aux dispositions de la Convention ABV en la matière. La situation des ratifications des chartes de l’eau, à l’instar de celle d’adoption, varie aussi en fonction des cas. La Charte de l’eau du bassin du Niger, adoptée le 30 avril 2008, est entrée en vigueur en juillet 2010 après sa ratification par le nombre d’Etats requis, soit deux ans et trois mois après son adoption, conformément à l’article 35 de la Charte de l’eau qui dispose qu’elle entre en vigueur soixante (60) jours après le dépôt des instruments de ratification par les deux tiers des Etats membres de l’ABN. Quant à la Charte du bassin du lac Tchad, conformément à l’article 95 de la Charte, elle entre en 61 vigueur 30 jours à compter de la date du dépôt, par les deux tiers des Etats membres de la Commission (soit quatre Etats), de leurs instruments de ratification. Adoptée le 30 avril 2012, elle n’est pas encore entrée en vigueur en juillet 2015, soit plus de trois ans après l’adoption de la charte, seuls deux Etats l’ont ratifiée (Niger, Tchad). Cette situation commence à être inquiétante, car deux ans semblent un délai raisonnable pour la ratification et l’entrée en vigueur d’un instrument conventionnel complémentaire d’une convention constitutive d’organisation internationale. Le nombre peu élevé d’Etats membres d’une organisation de bassin destinée à la promotion d’intérêts communs devrait militer en faveur d’une ratification rapide de la Charte. Pour éviter des retards importants dans l’adoption et la ratification de la Charte, il importe pour l’ABV, de se doter, dès le début du processus d’élaboration de la Charte de l’eau, d’une stratégie régionale de ratification de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. Cette stratégie régionale de ratification devrait déterminer les échéances et donner à l’ABV les moyens de les faire respecter par les Etats. Elle devrait être établie en ayant comme l’un des repères essentiels, la tenue de la Conférence des chefs d’Etats et de gouvernement de l’ABV. Une fois ratifiée, la Charte de l’eau du bassin de la Volta entrera en vigueur conformément à ses propres dispositions pertinentes. Les conditions d’entrée en vigueur de la Convention ABV seront sans doute privilégiées à cette occasion. 62 Graphique 1. Schéma récapitulatif des étapes d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau du Bassin de la Volta avec indication des grandes phases de participation des acteurs Phase 1 : Phase préliminaire Phase 2 : Diagnostic juridique, institutionnel et technique Phase 3 : Rédaction du projet de charte de l’eau Phase 4 : Adoption, vulgarisation et ratification Mobilisation des ressources financières Mise en place d’un Comité technique de suivi Elaboration des termes de références Recrutement et contractualisation du Consultant Tenue de la rencontre de démarrage Entretiens avec les acteurs dans les Etats Rédaction du rapport diagnostic Ateliers nationaux d’examen du rapport Atelier régional de validation Entretiens avec les acteurs dans les Etats Rédaction du projet de charte de l’eau Ateliers nationaux d’examen du rapport Atelier régional de validation Adoption Vulgarisation Ratification Entrée en vigueur Phase 5 : Mise en œuvre de la Charte de l’eau 63 Conclusion L’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta passe par de nombreuses étapes déterminées qu’il convient d’exploiter judicieusement pour aboutir à une charte de l’eau appropriée. Ces différentes étapes doivent également permettre d’assurer la participation des acteurs au processus d’élaboration de la Charte de l’eau à travers leur implication effective. 64 CHAPITRE II. PARTICIPATION DES ACTEURS A L’ELABORATION ET LA MISE EN ŒUVRE DE LA CHARTE DE L’EAU La participation des acteurs du bassin à l’élaboration et à la mise en œuvre de la Charte de l’eau est une condition essentielle de la réussite du processus. Elle vise à assurer la prise en compte des préoccupations de tous les acteurs. Il s’agit de répondre au mieux aux besoins, aux attentes, aux interrogations et aux inquiétudes exprimés par les populations tout au long du processus d’élaboration de la Charte de l’eau. La Charte de l’eau étant destinée à régir les comportements et les activités de tous les acteurs, il importe d’assurer leur participation effective afin qu’ils y inscrivent leurs interventions. La participation est mises en œuvre à travers la concertation. La concertation permet d’aboutir à un consensus des acteurs sur les priorités et permet d’obtenir ainsi la mobilisation de ces derniers pour la réussite de la mise en œuvre de la Charte de l’eau. Ce consensus se forge par une écoute réelle des avis des différentes parties prenantes, une prise en compte de leurs attentes et leur participation au processus de délibération collective. C’est pourquoi, il est nécessaire que les parties prenantes se sentent associées au processus d’élaboration de la Charte de l’eau. La participation des acteurs à la gestion durable du bassin ne peut être effective que dans la mesure où les acteurs qui ont la responsabilité principale d’élaborer et de mettre en œuvre la Charte de l’eau assurent l’implication des autres acteurs concernés. Ils doivent ainsi créer les conditions nécessaires à une participation réelle des autres acteurs. L’implication des acteurs apparaît ainsi comme une dimension essentielle de la participation dont elle contribue à rendre effective. Pourquoi assurer la participation de tous les acteurs ? Qui doit impliquer les acteurs ? Quels acteurs doit-on impliquer? Comment impliquer les acteurs concernés ? Nous examinerons ainsi successivement la portée de la participation des acteurs, la détermination des acteurs et leur rôle ainsi que les modalités d’implication des acteurs concernés. I. Portée de la participation des acteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau 1.1 Enjeux de la participation des acteurs au développement durable du bassin Le principe de participation est de nos jours au cœur de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles. Le Principe 10 de la Déclaration de Rio de Janeiro souligne avec force que « La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient… ». L’implication des acteurs n’est pas une simple formalité. C’est une condition de succès dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau. Elle comporte des enjeux qui se posent en termes de renforcement de la démocratie et de bonne gouvernance, 65 d’instauration de synergies dans les interventions des acteurs pour meilleures décisions. la prise de La participation des acteurs présente un certain nombre d’atouts qu’il convient de mettre en exergue : elle a une portée démocratique, car elle permet d’associer les acteurs concernés au processus de décision dans la gestion durable du bassin, légitimant ainsi les décisions qui sont adoptées et faisant ainsi obtenir un appui accru du public aux décisions prises ; elle a une haute portée en matière de gouvernance car elle favorise la transparence et la redevabilité dans la gestion des ressources naturelles du bassin ; elle favorise la coordination des actions et créé une synergie d’action, chaque acteur intervenant au niveau approprié, selon des approches spécifiques et des moyens propres ; elle favorise l’adoption de meilleures décisions et leur mise en œuvre effective en permettant notamment à l’ABV et aux autorités publiques, de bénéficier de l’ensemble de l’expertise dans le bassin, notamment de l’expérience de terrain des associations et ONG et de fonder ainsi la décision sur des données et informations fiables. 1.2 Principes de participation La participation des acteurs à l’élaboration et à la mise en œuvre de la Charte de l’eau doit obéir à un certain nombre de principes qui constituent autant de bonnes pratiques en la matière. Il s’agit de faire en sorte que la participation ne soit pas une simple formalité mais qu’elle puisse garantir l’implication effective de ces acteurs. Les principaux principes qui doivent garantir la participation notamment : des acteurs sont la participation des acteurs doit être assurée dès les premières phases du processus de prise de décision, à une étape où toutes les options sont encore ouvertes. C’est pourquoi le présent Guide méthodologique assure la participation des acteurs au Comité de suivi de l’Etude et à l’élaboration des termes de référence qui figurent parmi les premières étapes du processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Il importe par ailleurs de rappeler que depuis quelques années, dans le cadre des activités préparatoires à l’élaboration de la Charte de l’eau, l’ABV assure déjà la participation des acteurs. C’est ainsi que les initiatives suivantes ont été conduites pour une implication des acteurs du bassin dans l’élaboration de la future charte de l’eau du bassin de la Volta : 66 o une communication sur « Les grandes lignes des chartes de l’eau en Afrique et leur processus d’adoption (1ère Réunion du Forum des parties prenantes au développement du bassin de la Volta ; Ouagadougou, 18-19 janvier 2012) ; o Communication sur « Convention des NU sur les cours d’eau internationaux (CEI): Quelle contribution à l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta ? (ABV. Atelier final du projet d’appui au développement des capacités de l’ABV : Charte de l’eau et plan directeur, Ouagadougou, 28-29 avril 2015 ; o les acteurs ont été invités à participer à la validation du présent Guide méthodologique lors du Forum régional des acteurs sur la gouvernance de l’eau dans le bassin de la Volta (Abidjan, 3-6 août 2015). l’accès à l’information sur l’environnement et les ressources en eau du bassin doit être garanti en tant que condition préalable indispensable à une meilleure participation au processus décisionnel. A cet effet, l’ABV et les Etats doivent mettre à la disposition des acteurs, les informations, selon les modalités suivantes : o les informations sont transmises sous la forme demandée à moins i) qu'il soit raisonnable pour l'autorité publique de communiquer les informations en question sous une autre forme, auquel cas les raisons de ce choix devront être indiquées ou ii) que les informations en question aient déjà été rendues publiques sous une autre forme ; o les informations doivent être mises à la disposition des acteurs aussitôt que possible à moins que le volume et la complexité des éléments d'information demandés ne justifient un délai plus long, les acteurs de la demande étant informés de ce délai et des motifs qui la justifient; o Si l’ABV ou une autorité nationale n'est pas en possession des informations demandées sur l'environnement et l’eau, elle fait savoir aussi rapidement que possible aux auteurs de la demande, à quelle autorité publique ceux-ci peuvent, à sa connaissance, s'adresser pour obtenir les informations en question ou transmet la demande à cette autorité et en informe les auteurs. la participation doit être effective : les résultats de la participation doivent être pris en compte dans toute la mesure du possible. Tout refus de prise en compte d’une préoccupation majeure d’un groupe d’acteurs doit être motivé et se justifier par des exigences d’intérêt général. Il s’agit d’éviter que la participation des acteurs ne soit instrumentalisée et que les parties prenantes ne deviennent finalement des « parties prises » ; les acteurs doivent pouvoir exercer les recours administratifs ou juridictionnels internes contre les Etats au cas où ils estiment que l’information leur a été refusée ou que leur participation n’a pas été effective. 67 II. Détermination des acteurs et de leur rôle dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau 2.1 Principaux acteurs du bassin de la Volta Les acteurs du bassin de la Volta constituent une catégorie très large car ils concernent l’ensemble des intervenants dans le bassin. Pour déterminer les principaux acteurs du bassin, il convient de se reporter au Forum des parties prenantes pour le développement du bassin de la Volta qui est l’organe qui comporte toutes les catégories d’acteurs. Le Forum des parties prenantes pour le développement du bassin de la Volta est un organe consultatif institué auprès du Conseil des ministres (Convention ABV, art. 8). Le Forum soumet au Conseil, les avis et propositions des parties prenantes au développement du bassin et facilite l'information desdites parties sur les activités et les progrès réalisés par l'ABV. Il appuie la réalisation des activités de l'ABV par la promotion de l'éducation et la sensibilisation des populations du bassin aux questions communes de gestion intégrée des ressources en eau (Statuts de l’ABV, art. 7). Le Forum constitue un cadre d’échanges multi-acteurs qui favorise le dialogue et le partenariat dans les initiatives menées par l’ABV dans le bassin par les différents acteurs internes. Ces acteurs qui composent le Forum des parties prenantes sont de deux catégories. La première catégorie est composée de membres du Forum que sont les collectivités locales, les usagers de l’eau, les organisations de la société civile et les Structures Focales Nationales (SFN). La deuxième catégorie est composée d’observateurs que sont les organisations de bassins transfrontaliers voisins, les centres de recherches du domaine de l’eau et de l’environnement ainsi que les partenaires techniques et financiers27. 2.2Qui doit assurer l’implication des acteurs ? Il revient à deux acteurs majeurs, d’impliquer les autres, dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau, à savoir l’ABV et les Etats membres, acteurs qui assurent le pilotage de l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau. 2.2.1 Autorité du Bassin de la Volta L’ABV joue le rôle principal dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau. En tant que maître d’ouvrage, ayant pris l’initiative de l’élaboration de la Charte de l’eau, elle doit assurer l’organisation et la supervision de l’ensemble du processus d’élaboration. En raison de son rôle ainsi prépondérant dans le processus d’élaboration de la Charte, c’est à l’ABV qu’il revient d’assurer l’implication des autres acteurs dans l’élaboration de ladite charte. Cette implication s’opère étroitement avec les Etats membres de l’ABV. 27 ABV. Règlement intérieur du Forum des parties prenantes au développement du bassin de la Volta, 17 mars 2014. 68 2.2.2 Etats Outre l’ABV, ce sont les Etats qui constituent la seconde catégorie d’acteurs qui doivent favoriser l’implication des autres acteurs notamment les acteurs internes dans le processus d’élaboration de la Charte. Il revient ainsi aux Etats de créer les conditions internes nécessaires à une meilleure implication des acteurs, en application des orientations de l’ABV en la matière. Les SFN constituent la pièce maîtresse de cette implication des acteurs au niveau national. 2.3Quels acteurs doit-on impliquer ? L’implication des acteurs se justifie par le rôle majeur joué par ces derniers dans le bassin, en tant que relais importants de l’ABV et des Etats sur le terrain et aussi par le fait que leurs activités seront régies par la Charte de l’eau dès lors qu’elle entrera en vigueur. 2.3.1 Membres du Forum des parties prenantes Collectivités locales Les collectivités locales sont chargées de promouvoir le développement local sur leur territoire respectif. Elles exercent des compétences en matière de gestion des ressources naturelles dont les ressources en eau. Les plans communaux de développement qu’ils élaborent et appliquent doivent s’inscrire dans les outils et instruments de gestion des ressources en eau élaborés au plan national qui doivent s’inscrire à leur tour dans ceux élaborés par l’ABV dans le cadre du bassin transfrontalier. Elles favorisent la coopération transfrontalière entre les collectivités locales frontalières situées dans le bassin transfrontalier. Usagers de l’eau Les usagers de l’eau désignent toutes les personnes physiques ou morales qui utilisent la ressource en eau pour les activités qu’elles entreprennent dans le bassin. Leurs activités sont donc directement concernées par la Charte de l’eau dont l’objectif est de trouver un équilibre entre les prélèvements à des fins diverses et la nécessité de préserver les écosystèmes. Organisations de la société civile Les organisations de la société civile contribuent au renforcement des interactions entre les communautés locales et les autres acteurs, à la consolidation de l’appui technique et financier aux initiatives communautaires de base et à la promotion de l’éducation environnementale. Elles assurent la veille et le plaidoyer en matière de gestion durable de l’eau et de l’environnement, de l’assainissement et de la santé. Elles participent à la protection et à la conservation des ressources en eau et de l’environnement ainsi qu’à la sensibilisation, l’information et la formation des acteurs locaux. 69 De nombreux accords lient de nos jours l’ABV à des organisations de la société civile du bassin28. Structures de gestion des ressources en eau par bassin ou sous bassin au niveau national Bien que non prises en compte dans le Forum des acteurs, les structures de gestion des ressources en eau par bassin ou sous bassin hydrographique créées au sein des Etats, jouent un rôle majeur dans la gestion des ressources en eau et méritent de ce fait d’être intégrées au sein de cet organe consultatif multi-acteurs qu’est le Forum des parties prenantes. Elles ont en effet pour objet de valoriser ledit bassin ou sous bassin hydrographique qui constitue le cadre approprié de connaissance, de planification et de gestion des ressources en eau. Elles assurent, la coordination des actions y relatives, par la concertation, afin de préparer et de mettre en œuvre, dans les conditions optimales de rationalité, les orientations et les décisions prises dans le domaine de l’eau. 2.3.2 Observateurs au Forum des parties prenantes Outre les membres du Forum des parties prenantes au développement du bassin, il convient de prendre en compte les acteurs qui ont le statut d’observateur auprès dudit Forum. Ces observateurs sont des institutions intéressées par les objectifs de l'ABV mais qui ne remplissent pas les conditions pour en être membre. Il s’agit des organisations de bassins transfrontaliers voisins, des centres de recherche du domaine de l'eau et de l'environnement ainsi que des PTF. La participation à l’ABV n’est pas en effet ouverte à d’autres OIG, ni aux centres de recherches ni aux Etats qui ne sont pas situés dans le bassin. Organisations de bassins transfrontaliers voisins Les organisations de bassins transfrontaliers voisins au bassin de la Volta doivent être entendues dans leur sens large. Elles désignent : les organisations de bassin dont sont membres des Etats de l’ABV : il s’agit de l’ABN qui comporte quatre Etats membres de l’ABV (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali) et l’Autorité du Bassin du Mono composé de deux Etats qui sont tous de l’ABV ; les organisations de bassin ouest-africaines (OMVG, OMVS, Mano River Authority) ; toute organisation de bassin transfrontalier africain. L’ABV a conclu de nos jours, des accords de partenariat avec deux organisations de bassin de l’Afrique de l’Ouest, à savoir l’OMVS et l’ABN29. 28 Cooperation Agreement Between the Volta Bassin Authority (VBA) and the Global Water Partenership/West Africa (GWP/WA) (17 December 2010) ; Accord de collaboration entre l’Autorité du Bassin de la Volta (ABV et Green Cross/Burkina Faso, Programme régional Afrique de l’Ouest (PRAO, février 2012). 29 Protocole d’accord de partenariat entre l’Autorité du bassin de la Volta et l’Organisation pour la Mise en er Valeur du fleuve Sénégal (1 décembre 2010). Protocole d’accord de partenariat entre l’Autorité du Bassin du Niger et l’Autorité du Bassin de la Volta (17 août 2011 ). 70 L’octroi du statut d’observateur aux organisations de bassins transfrontaliers voisins permet de promouvoir la coopération entre ces dernières et l’ABV, au regard du fait que les bassins transfrontaliers ouest africains sont confrontés à des défis similaires liés au contexte de pauvreté généralisée, de pression sur les ressources naturelles et des effets néfastes des changements climatiques. L’ABV pourrait s’inspirer utilement de l’expérience de l’ABN dont la création remonte aux années 60 et qui a de nos jours développé de nombreux outils techniques ou instruments juridiques dont une charte de l’eau du bassin du Niger. La contribution des organisations de bassin au Forum des parties prenantes s’avère donc d’une grande utilité. Centres de recherche du domaine de l'eau et de l'environnement Le Bassin de la Volta abrite de nombreux centres de recherches dans le domaine de l’eau et de l’environnement. Certains sont nationaux alors que d’autres sont internationaux. Les centres de recherches jouent un rôle majeur dans la gestion durable des bassins en ce qu’ils contribuent à une meilleure connaissance des ressources naturelles existantes pour en promouvoir une gestion rationnelle. De nombreux défis techniques que la Charte de l’eau devrait contribuer à relever nécessitent le recours à la recherche pour leur identification ainsi que pour leur solution. Il en est ainsi des niveaux de limitation des prélèvements dans le bassin, des niveaux des débits environnementaux et des points clés de référence pour mesurer ces débits ou encore des changements climatiques. Ces centres de recherche peuvent être d’un apport inestimable au Forum des parties prenantes quant aux réponses à donner aux défis majeurs qui se posent dans le bassin. Leurs activités doivent être complémentaires de celles de l’Observatoire du Bassin de la Volta. Partenaires techniques et financiers Les partenaires techniques et financiers (PTF) apportent leur appui technique, financier et matériel aux acteurs du bassin. La contribution des PTF à l’ABV s’inscrit dans un cadre formel convenu de commun accord avec ces derniers qui est le Groupe Consultatif des Partenaires Techniques et Financiers (GCPTF) de l’ABV 30. Le Groupe Consultatif des PTF de l’ABV a pour principal objectif de promouvoir la coopération et la complémentarité en matière d’apports techniques et financiers à l’ABV. En outre, ce Groupe constitue une plate-forme à long terme pour garantir le développement durable du bassin de la Volta. Dans le cadre de cette coopération avec l’ABV, le GCPTF s’engage à : être une source d’inspiration et apporter un appui technique et financier à l’ABV pour réaliser ses objectifs stratégiques, opérationnels et de planification ; fournir à l’ABV les informations sur les politiques et les programmes techniques et financiers de ses différents membres ; Cadre de coopération du Groupe consultatif des partenaires techniques et financiers de l’Autorité du Bassin de la Volta du 27 avril 2010. 30 71 adopter, là où cela est possible, des mécanismes de cofinancement en vue d’assurer la cohérence de ses activités ; harmoniser les conditions d’appui et de suivi des projets de ses membres. Au regard des objectifs assignés à ce Groupe Consultatif, il ressort que l’implication effective des PTF dans le développement durable du bassin est d’une grande nécessité. III. Modalités d’implication des acteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau 3.1 Modalités d’implication des acteurs dans l’élaboration de la Charte de l’eau 3.1.1 Entretiens avec les acteurs Dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau, il importe de prévoir des entretiens avec les acteurs dans les différents Etats de l’ABV. Deux séries d’entretiens sont nécessaires. Il s’agit en premier lieu des entretiens durant la phase diagnostique consacrée à la récolte de données et informations et la rencontre des acteurs dans les Etats afin d’élaborer le rapport diagnostic. Si l’on fait abstraction de la rencontre de cadrage à laquelle participent quelques représentants d’acteurs du bassin, il convient de souligner que la phase diagnostique constitue la première véritable occasion d’implication de tous les acteurs dans l’élaboration de la Charte de l’eau. Il s’agit en second lieu des entretiens dans les Etats pour présenter et discuter des options possibles. Il s’agit non seulement de recuellir les préoccupations des acteurs mais aussi de leur présenter les réponses possibles que la Charte de l’eau peut apporter aux problèmes majeurs du bassin en terme de gestion durable de l’environnement et de l’eau. Il s’agit donc, à travers ces entretiens, de recueillir les préoccupations des acteurs sur l’objet de ces rencontres qui peut être, selon les cas, l’élaboration du rapport diagnostic ou celle du projet de charte de l’eau. Ces entretiens permettent aussi de s’assurer de l’adhésion des acteurs aux prochaines phases du processus d’élaboration de la Charte qui leur sont annoncées lors des entretiens. Les principales catégories d’acteurs qui doivent être impliqués dans les consultations au niveau national sont notamment : Etat : pouvoir exécutif (tous les ministères en charge d’activités ayant un impact sur les ressources en eau et l’environnement du bassin et particulièrement les départements ministériels du secteur rural auxquels il faut adjoindre le ministère en charge des affaires étrangères) ; le pouvoir législatif; le pouvoir judiciaire ; Collectivités locales ; Usagers ; 72 Structures de gestion de l’eau et de l’environnement par bassin ou sous bassin au niveau national ; Organisations de la société civile (associations et organisations non gouvernementales) ; Centres de recherches dans le domaine de l’eau et de l’environnement ; Partenaires techniques et financiers. Une attention particulière devrait être accordée à la représentation du genre et des autres groupes vulnérables. Les entretiens des acteurs dans les Etats sont réalisés, par le Consultant, sur la base d’un programme convenu de commun accord entre lui, l’ABV et les Etats concernés. Il est du plus grand intérêt qu’un représentant de l’ABV soit associé à l’équipe de consultants pour éclairer éventuellement les acteurs sur tel ou tel aspect relatif à cette institution. Les entretiens de pays sont en effet le plus souvent l’occasion pour les communautés locales d’exprimer des préoccupations diverses à l’attention de l’organisation de bassin et dont les réponses ne relèvent pas nécessairement de la compétence du Consultant. Par ailleurs, la présence d’un représentant de l’ABV dans l’équipe constitue un signe manifeste de l’intérêt majeur que l’institution accorde à la charte de l’eau. La présence des représentants des SFN est fortement souhaitable. La consultation des acteurs doit s’opérer de manière formelle. Ce sont les structures légales qui doivent être rencontrées. Des lettres officielles sont adressées aux représentants d’acteurs identifiés comme majeurs dans le bassin. Les représentants des acteurs doivent justifier de leur qualité de représentants légaux. Des compte-rendus de concertation sont élaborés et diffusés auprès des acteurs. Les entretiens de pays, dont l’organisation pratique incombe aux Etats, peuvent être menés selon plusieurs modalités pratiques : les entretiens individuels avec chaque acteur identifié, en veillant à la représentativité des différents acteurs dans la catégorie concernée d’acteurs. Au regard de la multiplicité des catégories d’acteurs et de la multiplicité des acteurs à l’intérieur de chaque catégorie, le risque est grand qu’un nombre très limité d’acteurs ne soit rencontré et que l’objectif d’implication du plus grand nombre d’acteurs ne soit pas atteint ; les entretiens avec chaque grande catégorie d’acteurs dont les représentants sont réunis, en veillant à rencontrer toutes les grandes catégories représentatives d’acteurs. Ainsi une rencontre pourrait être organisée avec les collectivités territoriales qui constituent une catégorie majeure d’acteurs. Cette rencontre doit veiller à la participation des différentes catagories de collectivités locales (régions, communes…). De même pour les communes, il sera important de 73 veiller à la représentation des différentes catégories de communes (communes urbaines ou rurales…); les entretiens avec l’ensemble des acteurs nationaux réunis en un seul lieu, avec la possibilité d’entretiens ponctuels, par la suite, avec des acteurs spécifiques afin d’approfondir telle ou telle problématique spéciale. Cette méthode présente le risque de limiter l’expression franche de certains acteurs en ce qui concerne leurs préoccupations. Le choix entre ces trois modalités d’implication des acteurs lors des entretiens de pays dépendra des circonstances nationales. C’est pourquoi il ne semble pas ici opportun de proposer l’une desdites modalités. Ces modalités seront déterminées au cas par cas en fonction des pratiques nationales. Une réunion de restitution est organisée à la fin des entretiens, avec les SFN et qui porte sur les grandes préoccupations des acteurs, les convergences ou divergences de vue entre les grandes catégories d’acteurs nationaux. Les acteurs ayant été consultés lors des entretiens de pays sont privilégiés dans la participation aux concertations ultérieures notamment aux ateliers nationaux ou régionaux. Encadré 4. Rôle particulier des parlementaires dans l’élaboration de la Charte de l’eau La Charte de l’eau est un accord en forme solennelle qui exige une ratification par les Etats membres de l’ABV avant son entrée en vigueur. La ratification constitue une étape sensible dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau car elle peut être source de retard injustifié dans l’entrée en vigueur de la Charte de l’eau. C’est pourquoi, il importe de veiller à ce qu’elle se réalise dans les meilleures conditions, du moins sans un retard excessif qui peut être un facteur de démobilisation des acteurs, L’implication des parlementaires est une condition essentielle d’un succès dans la ratification de la Charte de l’eau. C’est pourquoi ils doivent être impliqués le plus tôt possible dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Cette implication doit s’opérer dès la phase diagnostique pour permettre aux parlementaires de prendre conscience de la portée de la Charte de l’eau (engagements contraignants), l’ampleur des défis qu’elle doit relever (protection quantitative et qualitative de l’eau dans un contexte de changements climatiques), les enjeux qui y sont liés notamment en termes de développement durable et de lutte contre la pauvreté dans le bassin. Ainsi s’il n’est pas indispensable pour les consultants de rencontrer les parlementaires lors des entretiens conduits durant la phase diagnostique, leur participation doit être assurée à partir des ateliers nationaux d’examen du rapport diagnostic et de l’atelier régional de validation de ce rapport. L’implication des parlementaires doit être assurée à nouveau lors de la phase d’élaboration du projet de charte de l’eau. Ainsi les parlementaires doivent être impliqués dans les entretiens avec les acteurs dans le cadre des options possibles, dans 74 les ateliers nationaux d’examen du projet de charte de l’eau et dans l’atelier régional de validation de la Charte de l’eau. Ils doivent également participer aux ateliers nationaux de vulgarisation de la Charte de l’eau. L’implication des parlementaires dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau doit s’opérer, outre leur participation aux concertations nationales et régionales, à l’exercice d’un lobbying actif auprès i) des commissions parlementaires en charge des questions d’environnement et de ressources naturelles ; ii) des partis politiques verts ou écologistes ; iii) des réseaux de parlementaires pour l’environnement qui existent dans certains des Etats membres de l’ABV ; iv) de parlementaires à titre individuel en fonction de leur sensibilité aux questions environnementales et de ressources naturelles. Cette implication des parlementaires dans l’élaboration de la Charte de l’eau, en raison de son importance et du statut des personnes concernées, relève de la coresponsabilité de l’ABV et des Etats. La responsabilité de cette tâche ne peut être soustraitée au consultant dont le rôle est d’éclairer les acteurs. C’est pourquoi, il importe d’une part, que les SFN jouent pleinement le rôle qui leur imparti en matière de mobilisation des acteurs pour assurer le succès dans l’élaboration de la Charte et d’autre part, que les représentants de l’ABV mettent à profit les différentes concertations pour attirer l’attention des parlementaires sur la nécessité d’une ratification rapide de la Charte de l’eau en tant que corollaire de l’engagement des autorités exécutives à travers l’adoption de ladite Charte. L’objectif final recherché à travers l’implication des acteurs est d’obtenir dans chaque Etat membre de l’ABV, des parlementaires suffisamment informés sur les grands défis liés à la gestion de l’eau et de l’environnement du bassin, la portée et les enjeux de la charte de l’eau en termes de gestion durable du bassin et qui sont disposés à appuyer sa ratification dans un délai raisonnable. 3.1.2 Ateliers nationaux d’examen des rapports Les ateliers nationaux d’examen des rapports constituent la seconde occasion décisive d’implication des acteurs dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Deux ateliers nationaux d’examen des rapports doivent être organisés. Il s’agit des ateliers nationaux d’examen du rapport diagnostic et des ateliers nationaux d’examen du projet de charte de l’eau. Ces ateliers ont vocation à réunir les représentants de l’ensemble des acteurs intervenant dans le bassin afin de recueillir de manière exhaustive leurs observations. Ce sont les résultats de ces ateliers qui seront présentés en tant qu’amendements des Etats pour la préparation des ateliers régionaux. Ce sont donc des ateliers de préparation des ateliers régionaux. 75 3.1.3 Ateliers régionaux de validation des rapports Les ateliers régionaux de validation des rapports constituent la troisième phase importante de l’implication des acteurs dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau. Il s’agit de recueillir les dernières préoccupations des Etats, de les prendre en compte éventuellement et de finaliser les rapports en question afin de passer à l’étape suivante du processus d’élaboration de la charte. Deux ateliers régionaux de validation sont organisés dans le cadre de l’élaboration de la Charte de l’eau. Il s’agit de l’atelier régional de validation du rapport diagnostic juridique, institutionnel et technique et de l’atelier régional de validation du projet de Charte de l’eau. Les ateliers régionaux de validation des rapports ne peuvent, contrairement aux ateliers nationaux d’examen des rapports, connaître la participation d’un grand nombre d’acteurs en raison des coûts financiers qu’ils engendrent. Une présence massive d’acteurs à ces ateliers ne se justifierait pas d’ailleurs au regard de leur objectif. Ce sont en effet des ateliers durant lesquels les représentants des Etats viennent exposer les résultats des consultations nationales opérées à travers les ateliers nationaux et s’assurent de leur prise en compte. C’est pourquoi un nombre réduit de participants caractérise traditionnellement les ateliers régionaux. Il est souhaitable de faire participer au moins trois représentants par Etat aux ateliers régionaux de validation, avec des profils diversifiés : un spécialiste des RE ; un spécialiste des questions environnementales ; un juriste de l’environnement ou de l’eau. En ce qui concerne particulièrement l’atelier régional de validation du projet de charte, la présence d’un représentant du ministère des affaires étrangères pourrait faciliter ultérieurement le processus de ratification. 3.1.4 Ateliers de vulgarisation de la Charte de l’eau La vulgarisation de la charte de l’eau est assurée à travers des ateliers nationaux de vulgarisation qui doivent se tenir après l’adoption de la Charte de l’eau par le Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement. Les ateliers nationaux de vulgarisation ont pour objectif de porter à la connaissance des acteurs, le contenu définitif de la Charte de l’eau. Les ateliers de vulgarisation, pour atteindre cet objectif, doivent particulièrement mettre l’accent sur les grands points suivants : les enjeux de la Charte : équilibre entre conservation des écosystèmes et développement économique, prévention et gestion des conflits, renforcement de l’intégration et de la coopération sous régionale, lutte contre la pauvreté, renforcement de la bonne gouvernance ; les engagements de bonnes pratiques contenus dans la Charte : respect de débits environnementaux minimums, respect de volumes maximums prélevables, respect de normes de rejet, pratique durable de la pêche et de l’élevage, autorisation des prélèvements et déclaration des prélèvements, échange de données et d’informations, préservation de l’environnement ; 76 les mécanismes de prévention des conflits ou risques de conflits : utilisation équitable et raisonnable, gestion concertée des mesures projetées, ouvrages communs ou d’intérêt commun, interdiction de causer des dommages significatifs à d’autres Etats ; les organes complémentaires créés par la Charte de l’eau qui seront essentiellement des organes consultatifs ; les modes de résolution des conflits : négociation, médiation, arbitrage, recours à la Cour Internationale de Justice. Les ateliers nationaux de vulgarisation devront être l’occasion pour l’ABV, de rencontrer les autorités ministérielles des différents Etats pour plaider la cause de la ratification de la Charte. C’est pourquoi, ces ateliers ne doivent pas être assurés uniquement par des consultants. Ils doivent comporter la présence de hauts responsables de l’organisation de bassin qui doivent non seulement participer à ces ateliers pour prouver l’importance qu’elles accordent à la Charte de l’eau, mais aussi pour solliciter des rencontres avec les autorités politiques dans la perspective de sa ratification (ministres et parlementaires). Les ateliers de vulgarisation ont ainsi à la fois un caractère technique (expliquer le contenu de la Charte) et un caractère politique (lobbying pour la ratification de la Charte). L’organisation de bassin ne doit donc pas être représentée à ces ateliers uniquement par le chargé de projet Charte de l’eau ou le chef de l’Unité juridique mais par de hauts responsables institutionnels. Il peut s’agir du Directeur exécutif ou du Directeur exécutif adjoint ou de toute autre personne de rang élevé désigné par eux au sein de l’institution. 3.2 Implication des acteurs dans la mise en œuvre de la Charte de l’eau La Charte de l’eau du bassin de la Volta, une fois adoptée, ratifiée et entrée en vigueur doit commencer à être mise en œuvre. Cette mise en œuvre nécessitera l’exécution d’activités de nature diverse. Il peut s’agir d’activités juridiques (adoption des annexes ou harmonisation des législations nationales), d’activités de planification du basin (adoption d’outils de gestion des ressources en eau), d’activités opérationnelles (élaboration et exécution de programmes, projets, plans de développement durables). Dans tous les cas, les modalités d’implication sont identiques. Elles consisteront en des entretiens avec les acteurs, les ateliers nationaux d’examen des documents, les ateliers régionaux de validation et le cas échéant, les ateliers nationaux de vulgarisation. 3.2.1. Implication des acteurs dans les activités juridiques complémentaires à la Charte L’adoption de la Charte de l’eau n’épuise pas le processus juridique car il restera deux activités juridiques à réaliser. Il s’agit en premier lieu de l’adoption des annexes complémentaires à la Charte de l’eau. Au cas où certaines des annexes ont été élaborées en même temps que la Charte de l’eau, il s’agira d’adopter les annexes manquantes. Ces annexes seront identifiées et leur ordre de priorité sera indiqué. L’implication des acteurs dans l’élaboration des annexes empruntera les mêmes modalités que celles de l’élaboration de la Charte elle-même en assurant la participation effective des acteurs aux entretiens, aux ateliers nationaux d’examens et aux ateliers régionaux de validation qui seront organisés. Certaines annexes nécessiteront en effet d’importantes concertations des acteurs. 77 Il s’agit en second lieu de l’harmonisation des législations nationales en vue de les conformer à la Charte de l’eau. En effet, il est possible que certaines législations comportent des dispositions incompatibles avec celles de la Charte de l’eau. Il revient donc aux Etats concernés de réviser leur législation pour la rendre conforme à la Charte de l’eau. 3.2.2. Représentation appropriée des acteurs dans les organes institués par la Charte de l’eau La Charte de l’eau, pour assurer sa mise en œuvre effective, instituera de nouveaux organes. Certains de ces organes peuvent préexister à l’élaboration de la Charte de l’eau et dans ce cas, il s’agit de leur conférer un fondement juridique certain ou plus solide en les intégrant dans la Charte de l’eau. D’autres organes seront par contre créés par la Charte de l’eau. Ces organes qui seront essentiellement consultatifs appuieront les organes principaux de l’ABV dans la réalisation de leurs attributions 31. De manière plus précise, ils auront pour but d’éclairer ces organes dans le processus décisionnel en prodiguant des avis scientifiques qui prennent dûment en compte les caractéristiques spécifiques du bassin. Le nombre et les attributions de ces organes consultatifs seront déterminés en fonction des besoins de l’ABV en matière de gestion durable. Ce nombre et ces attributions varient selon les chartes de l’eau32. Une annexe définira les attributions, l’organisation et le fonctionnement de ces organes subsidiaires. 3.2.3 Implication des acteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre des instruments de gestion durable des ressources en eau L’adoption de la Charte de l’eau dont l’objectif est de favoriser la gestion durable du bassin, va consacrer la création ou le développement d’outils nécessaires de gestion des ressources en eau dans le respect de la GIRE. Dans tous les deux cas, il s’agira d’impliquer les acteurs pour prendre en compte leurs préoccupations. 3.2.3. Implication des acteurs dans la mise en œuvre des programmes et projets de développement L’entrée en vigueur de la Charte de l’eau nécessitera l’élaboration et l’exécution de plusieurs programmes, projets et plans de développement durable dans le bassin. Les acteurs doivent être considérés comme de véritables partenaires dans l’élaboration, l’exécution et le suivi-évaluation de ces derniers. Ce partenariat induit leur implication effective au niveau approprié et selon les préoccupations de chacun d’entre eux. 31 Conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement ; Conseil des ministres ; Forum des parties prenantes au développement du bassin ; Comité des experts ; Direction exécutive. 32 OMVS (Commission permanente des eaux) ; ABN (Comité technique permanent qui est à son tour appuyé par l’Observatoire du Bassin du Niger, les Structures focales nationales, les Commissions de sous bassin, le Groupe consultatif régional et le Panel des experts) ; CBLT (Comité technique ; Comité régional parlementaire ; Comité des Experts en Ressources en Eau ; le Comité sur l'Environnement, la Science et la Planification ; Agences nationales de la Commission du Bassin du Lac Tchad ; Forum des partenaires au développement durable du Bassin du Lac Tchad). 78 3.2.4 Implication des acteurs dans l’évaluation de la mise en œuvre de la Charte de l’eau La Charte de l’eau met à la charge des Etats des obligations en matière de gestion durable de l’environnement et de l’eau. Il importe que sa mise en œuvre fasse l’objet d’évaluations régulières pour examiner les progrès accomplis et les contraintes qu’il faudra veiller à lever et faire des propositions pour une meilleure mise en œuvre de la Charte de l’eau. La Charte doit, à cet effet, comporter des dispositions rendant obligatoires ces évaluations périodiques qui doivent être entreprises par la Directive exécutive de l’ABV. Qu’elles soient internes ou externes, ces évaluations doivent garantir l’implication de tous les acteurs. Cette implication concerne aussi bien la participation des acteurs aux évaluations que la mise à leur disposition des résultats de l’évaluation. Section 4. Implication spéciale du genre Aussi bien dans l’élaboration que dans la mise en œuvre de la Charte de l’eau, il convient d’accorder une place particulière à l’implication du genre. Le principe 20 de la Déclaration de Rio de Janeiro de 1992 souligne que «Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable ». L’implication des femmes dans la gestion de l’eau est l’un des quatre principes fondamentaux de la GIRE. Au-delà de la femme, il faut entendre par genre, les jeunes et de manière générale, les couches défavorisées de la population. Ces catégories, en raison de leur vulnérabilité, nécessitent une attention particulière que ce soit dans le processus d’élaboration que dans la mise en œuvre de la charte de l’eau. Les modalités d’implication du genre dans la gestion durable du bassin de la Volta devront être déterminées par l’ABV qui doit veiller à l’adoption d’une stratégie genre. Conclusion L’implication des acteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin est une étape essentielle dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta en ce qu’elle garantit la prise en compte des intérêts légitimes de toutes les catégories d’acteurs et partant, participe à la légitimation du processus. C’est pourquoi les acteurs qui assurent le pilotage du processus doivent particulièrement veiller à ce que l’implication des autres acteurs soit la plus effective possible. 79 Chapitre III. PILOTAGE DE LELABORATION ET DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA CHARTE DE L’EAU Le pilotage de l’élaboration et de la mise en œuvre de la charte de l’eau du bassin de la Volta incombe respectivement à l’ABV et aux Etats. I Il s’agit d’une activité importante car il conditionne la réussite des activités. L’engagement sans réserve de ces deux catégories d’acteurs dans le processus de la Charte de l’eau, leur capacité à mobiliser et impliquer les autres acteurs et à développer leurs capacités, à animer les concertations nécessaires sont autant de facteurs qui influent sur les résultats du processus de la Charte de l’eau. Il convient d’examiner brièvement le rôle attendu de ces acteurs dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta. I. Rôle principal de l’ABV 1.1 Rôle de l’ABV en général L’ABV jouera un rôle majeur dans le processus d’élaboration mais aussi de mise en œuvre de la Charte de l’eau. En tant que de maître d’ouvrage, elle assurera l’organisation et la supervision d’ensemble du processus d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau. En ce qui concerne l’élaboration de la Charte de l’eau, elle est chargée de : élaborer les termes de référence de l’étude, en concertation avec les Etats ; recruter le Consultant pour réaliser l’Etude ; organiser et planifier, avec les consultants, les entretiens des acteurs dans les Etats ; transmettre régulièrement les rapports d’activités aux Etats membres ; organiser et participer aux ateliers (nationaux et régionaux) ; faire approuver le projet de Charte de l’eau par le Conseil des ministres ; faire adopter la Charte de l’eau par le Sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement ; organiser et participer aux ateliers de vulgarisation. Par la suite, dans le cadre de la mise en œuvre de la Charte de l’eau, elle devra veiller à : entreprendre l’élaboration des annexes complémentaires ; assurer la ratification de la Charte de l’eau par les Etats membres dans un délai raisonnable ; organiser l’entrée en vigueur de la Charte (cérémonie spéciale d’entrée en vigueur) ; harmoniser les législations nationales en les conformant à la Charte de l’eau ; élaborer et mettre en œuvre les outils, programmes, projets et plans de développement durable du bassin. 80 Dans le processus d’élaboration de la charte de l’eau et plus encore dans sa mise en œuvre, il peut s’avérer utile de procéder, avant le début des activités ou pendant cellesci, au renforcement des capacités du personnel de l’ABV pour qu’il appréhende dans leur juste mesure, la portée, les défis et les enjeux liés à la charte de l’eau. Ces sessions de formation en coopération internationale, porteront spécifiquement sur deux modules, d’une part, les Organisations Inter-Gouvernementales (mission, fonctionnement, moyens en personnel et en ressources financières) et d’autre part, le droit des cours d’eau internationaux (principes et règles de gestion des bassins transfrontaliers). Le premier module contribuera à sensibiliser le personnel de l’ABV sur le statut d’agent international au service d’une OIG. Le second module exposera les principes, règles et procédures pour la prévention et la gestion pacifique des différends liés aux ressources en eau partagées. 1.2 Rôle de certains services de l’ABV en particulier 1.2.1 Rôle de la direction chargée de la GIRE La Charte de l’eau constitue un instrument privilégié de mise en œuvre de la GIRE dans le bassin transfrontalier de la Volta conformément aux dispositions de l’article 6 de la Convention ABV qui donne entre autres, comme mandat à l’ABV, de promouvoir la mise en œuvre de la GIRE et le partage équitable des bénéfices découlant des différentes utilisations des ressources en eau. Elle doit à ce titre amener progressivement les acteurs à intégrer les principes GIRE dans leurs interventions pour contribuer au développement durable du bassin de la Volta. Au regard de cette option stratégique en faveur de l’approche GIRE, la direction de l’ABV chargée de la GIRE a un grand rôle à jouer dans l’élaboration de la charte de l’eau. Elle doit en particulier veiller à la prise en compte effective des principes et outils GIRE dans la charte de l’eau qui doit non seulement les consacrer mais aussi déterminer les modalités de leur mise en œuvre. Cette direction devrait être également l’interlocuteur direct du membre de l’équipe de consultant, spécialiste de la GIRE. Dans la mesure du possible, un spécialiste GIRE de l’ABV devrait faire également partie de l’équipe du Consultant aussi bien lors des entretiens que des divers ateliers nationaux et régionaux de validation. 1.2.2 Rôle de l’Unité juridique Dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau, le rôle de l’Unité juridique de l’ABV est d’une importance fondamentale. En effet, l’élaboration d’une charte de l’eau, bien qu’elle comporte des aspects techniques, demeure essentiellement un processus juridique. Le processus est juridique parce qu’il s’agit en premier lieu d’élaborer une convention internationale qui doit respecter les règles d’élaboration des traités, conformément à la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969. Il est aussi juridique parce qu’il s’agit de consacrer des principes, des règles et des procédures qui s’imposent aux Etats en matière de gestion des ressources en eau et au respect desquels l’ABV doit particulièrement veiller. 81 Au regard de la nature juridique de la Charte de l’eau (traité international) et de l’ampleur des obligations qu’elle impose aux futurs Etats parties, il importe dès lors que dans le processus d’élaboration d’une charte de l’eau, l’organisation de bassin dispose dès le départ d’un service juridique approprié qui puisse porter et capitaliser l’ensemble du processus dans la perspective de la mise en œuvre efficiente de la charte. Le rôle de l’Unité juridique s’avère alors capital dans le processus car elle doit assurer la coordination ou supervision juridique de la Charte. Les principales attributions de l’Unité juridique de l’ABV dans le processus d’élaboration de la Charte de l’eau sont, entre autres : rédiger, en collaboration avec les spécialistes des ressources en eau, le projet de TDR pour le compte de l’institution et qui sera soumis au processus de validation ; participer à la sélection du Consultant, en accordant une attention particulière à l’expérience de ce dernier en matière d’élaboration de chartes de l’eau sur le continent africain ; assurer la liaison entre l’ABV et le Chef de mission de l’étude ; participer à la présentation et aux choix des options possibles ; participer aux entretiens et rencontres dans les Etats, au nom de l’ABV ; veiller à la composition des délégations de pays pour les ateliers régionaux en s’assurant de la présence des juristes de l’environnement et de l’eau ; participer aux ateliers nationaux d’examen du projet de Charte de l’eau ; concevoir la stratégie de ratification, suivre la ratification et l’entrée en vigueur de la charte de l’eau. 1.2.3 Rôle de l’Observatoire du Bassin de la Volta L’Observatoire du bassin de la Volta a un rôle primordial à jouer dans l’élaboration de la Charte de l’eau en ce qui concerne notamment toutes les questions relatives aux données et informations sur le bassin en raison de ces attributions en la matière. L’observatoire constitue en effet le premier outil opérationnel et fédérateur de l’ABV qui doit mettre en place les outils régionaux nécessaires d'information, de communication et d'aide à la décision de gestion des eaux et des milieux associés en vue de définir des priorités et des options de gestion durable du bassin et d'anticiper sur les impacts négatifs de la gestion des eaux. Au regard de l’importance de ce rôle, l’Observatoire contribuera de manière décisive à la décision de réaliser ou non un diagnostic technique parallèlement au diagnostic juridique et institutionnel. Cette décision sera fondée sur la disponibilité et la fiabilité des données et informations existantes mais aussi sur les objectifs de coopération qui seront fixés dans la Charte de l’eau. Par ailleurs, une fois que la décision de réaliser un diagnostic technique est prise, l’Observatoire jouera également un rôle décisif car il devrait travailler étroitement avec l’équipe d’experts techniques à établir le diagnostic sur les besoins en eau et la ressource réellement disponible, ainsi que sur la situation environnementale du bassin et de ses enjeux. 82 1.2.4 Rôle du service de communication La communication en matière d’environnement et de ressources en eau, au regard de son importance fondamentale pour obtenir l’adhésion des acteurs, doit constituer une activité permanente aussi bien durant la phase d’élaboration que de mise en œuvre de la Charte de l’eau. Chaque atelier national ou régional sera l’occasion pour l’ABV, à travers son service de communication, de porter l’information au plus grand nombre de populations. Le maximum d’organes de presse devrait être invité aux activités. Il est de la plus haute importance pour l’ABV de mettre en œuvre les dispositions de son Plan Stratégique en matière de communication, en ce qui concerne la Charte de l’eau. L’Objectif stratégique 8 du Plan stratégique est en effet consacré au développement de la communication dans le bassin de la Volta et prévoie l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie et d’un plan de communication. Par ailleurs, il importe de mentionner que l’Objectif stratégique 4 relatif à l’établissement d’un cadre législatif du bassin de la Volta prévoie un plan de communication pour la mise en œuvre de la Charte de l’eau. Ce plan doit intégrer aussi la phase d’élaboration de la Charte de l’eau. En attendant la mise en place de ces stratégies et plans de communication, les propositions suivantes peuvent être faites : réaliser un Poster géant sur le projet de charte de l’eau qui sera affiché dans les salles d’ateliers et présenté aux partenaires lors des rencontres internationales auxquelles participera l’ABV. Elle sera réalisée conjointement par l’Unité de coopération internationale et de la communication de l’ABV et le Consultant ; présenter systématiquement le projet Charte de l’eau du bassin de la Volta aux partenaires de l’ABV lors des rencontres internationales qu’elle organise ou auxquelles elle est conviée, et ce, aussi bien durant la phase d’élaboration que de mise en œuvre de la Charte de l’eau, en tant qu’instrument de gestion durable du bassin ; assigner une place de choix au Projet Charte de l’eau sur le site WEB de l’ABV ; associer les correspondants nationaux des services WEB de l’ABV dans les Etats membres pour relayer les informations sur la Charte de l’eau et maintenir constante, la mobilisation des acteurs nationaux sur la question. Nommés par les points focaux nationaux et formés par l’ABV, les correspondants nationaux des services Web de l’ABV sont chargés d’animer régulièrement, sous la responsabilité des Points Focaux Nationaux, leur « page-pays » sur le portail et le catalogue de métadonnées à travers l’apport d’informations (actualités, documents divers, informations évènementielles etc.). 83 Section 2. Rôle d’appui et d’accompagnement des Etats 2.1 Rôle général des Etats membres Si le pilotage de l’élaboration et de la mise en œuvre de la Charte de l’eau est de la compétence de l’ABV, les Etats membres de l’institution ont aussi un rôle important à y jouer. Les activités d’élaboration de la Charte de l’eau se déroulent sur leur territoire respectif. L’ampleur de l’implication des acteurs dépendra dans une large mesure des contextes nationaux car les modalités et procédures de consultation du public s’opèrent conformément aux droits nationaux. De même, après l’entrée en vigueur de la Charte de l’eau, c’est à eux que revient la responsabilité d’adapter les cadres juridiques nationaux à cet instrument conventionnel international en harmonisant les législations nationales pour les rendre conformes à la Charte de l’eau. 2.2 Rôle particulier d’animation des Structures Focales Nationales Les SFN constituent, au sein des Etats, la cheville ouvrière en matière d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau. Les SFN qui ont été instituées par les Statuts de l’ABV constituent les représentations de l’ABV dans les Etats. Elles ont pour mission de coordonner les activités de l'ABV à l'échelle du pays. En tant que représentantes de l’ABV dans les Etats, il incombe aux SFN la responsabilité particulière d’organiser les concertations nationales de manière à obtenir une mobilisation et une adhésion réelles des populations à la Charte de l’eau. Pour mieux s’acquitter de leur tâche dans la gestion durable du bassin et particulièrement dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau, il peut s’avérer nécessaire, d’organiser au profit du personnel de ces structures, des activités de renforcement de capacités dans le domaine des organisations internationales et de la coopération interétatique sur les ressources en eau partagées. Il s’agit, comme dans le cas de l’ABV, de renforcer cet engagement pour plus de solidarité dans la gestion de ressources naturelles partagées pour améliorer le bien-être des populations locales. L’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau est un processus dont les résultats seront étroitement liés à la qualité de pilotage du processus. La manière dont l’ABV et les Etats animeront les différentes étapes du processus et favoriseront en particulier la prise en compte des préoccupations légitimes des acteurs, contribuera à l’adoption d’une charte de l’eau basée sur les réalités du bassin et en facilitera la mise en œuvre. C’est pourquoi le pilotage du processus mérite la place particulière qui doit y être accordée. 84 Conclusion générale La décision d’élaborer et de mettre en œuvre une charte de l’eau du bassin de la Volta, s’est avérée pour l’ABV, une exigence pour opérationnaliser les dispositions de la Convention ABV de 2007 et permettre ainsi à l’institution de réaliser le mandat qui lui a été confié en matière de gestion durable du bassin. Le développement de la charte de l’eau a cependant ses exigences. C’est un processus qui se construit pas à pas et qui nécessite la participation effective des acteurs du bassin en termes d’engagements dans la gestion durable des ressources en eau partagées du bassin. A travers les multiples concertations des acteurs que nécessite la réalisation d’une charte de l’eau, il s’agit de s’assurer de l’adhésion des acteurs en tant que partenaires pour faciliter sa mise en œuvre ultérieure. C’est pourquoi, en matière de charte de l’eau, le processus d’élaboration et de mise en œuvre compte autant que la qualité des règles et procédures qui sont consacrées dans la Charte, assurant ainsi la légitimation d’une initiative commune. Par ailleurs, un processus inclusif, transparent et ordonné c’est-à-dire construit de manière méthodique, contribue nécessairement à renforcer chez les acteurs, le sentiment de solidarité et de communauté d’intérêts, indispensable à la gestion durable d’un bassin partagé. Un processus réussi d’élaboration et de mise en œuvre de la Charte de l’eau ouvre de nouvelles perspectives pour le bassin en terme de gestion durable du bassin, d’amélioration des conditions de vie des populations, de renforcement de la coopération et de la solidarité sous régionales. 85 BIBLIOGRAPHIE 1. Ouvrages - Boisson de Chazournes (L) et Salman (A.S) (Sous dir.). Les ressources en eau et le droit international, Leiden/Boston, Martinus Nijhoff Publishers, 2005 - CEDEAO-CSAO/OCDE. Atlas de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest, août 2006. - Garane (A). Le cadre juridique international du Bassin de la Volta, UICN, Droit et politique de l’environnement, Bonn, n° 73, 2009. - Niasse (M), Iza (A), Garane (A) et Varis (O). La gouvernance de l’eau en Afrique de l’Ouest, UICN, Bonn, Droit et Politique de l’environnement, n°50, 2004. - Sohnle (J). Le droit international des ressources en eau douce : solidarité contre souveraineté, Paris, La Documentation Française, 2002. 2. Articles - Caflisch (L). « Règles générales du droit des cours d’eau internationaux », RCADI, 1999VII, Vol. 219, pp.9-226. - Garane (A). « L’avènement d’un cadre juridique de gestion du Bassin de la Volta : Convention de Bassin et Code de conduite », pp.106-130 in Granier (L) (coordination), Aspects contemporains du droit de l’environnement en Afrique de l’Ouest et centrale, UICN, Droit et politique de l’environnement, n° 69, 2008. - Kamto (M). « Le droit international des ressources en eau continentales africaines », AFDI, 1990, pp.843-911. 3. Rapports - PNUD. Rapport mondial sur le développement humain : au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau, 2006. 4. Instruments communautaires - Acte additionnel A/SA. 4/12/8 portant adoption de la politique environnementale de la CEDEAO (19 décembre 2008). Acte additionnel SA. 5/12/08 portant adoption de la politique des ressources en eau de l’Afrique de l’Ouest (19 décembre 2008). Lignes directrices pour le développement d’infrastructures hydrauliques en Afrique de l’Ouest (octobre 2012). 5. Documents relatifs aux bassins hydrographiques 5.1 Bassin du Congo - Accord instituant un régime fluvial uniforme et créant la Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (08 novembre 1999). 86 - Additif à l’Accord instituant un régime fluvial uniforme et créant la Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (22 février 2007). 5.2 Bassin du Niger - Convention portant création de l’Autorité du Bassin du Niger (Faranah, 21 novembre 1981, révisée à N’Djamena le 29 octobre 1987). - ABN. Etat des lieux et diagnostic du cadre juridique et institutionnel des neufs Etats membres de l’ABN, Volet 1, mai 2007. - Charte de l’eau du bassin du Niger (30 avril 2008). 5.3 Bassin du fleuve Sénégal - Convention relative au statut du fleuve Sénégal. Convention portant création de l’Organisation pour la mise en Valeur du fleuve Sénégal (11 mars 1972) . - Charte des eaux du fleuve Sénégal (28 mai 2002). 5.4 Bassin de la Volta - Convention portant statut du fleuve Volta et création de l’Autorité du Bassin de la Volta (ABV) (19 janvier 2007). Statuts de l’Autorité du Bassin de la Volta (16 novembre 2007). Cadre de coopération du Groupe consultatif des partenaires techniques et financiers de l’Autorité du Bassin de la Volta (27 avril 2010). Règlement intérieur du Forum des parties prenantes au développement du bassin de la Volta (17 mars 2014). Plan Stratégique 2015-2019. Programme d’Action Stratégique du bassin de la Volta, 2014. Rédaction d’un Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une Charte de l’eau dans le bassin de la volta. Rapport de phase 1. Retour d’expérience d’élaboration d’une charte de l’eau en Afrique, juillet 2015. 5.5 Bassin du lac Tchad - Convention portant création de la Commission du Bassin du Lac Tchad (22 mai 1964). - CBLT. Création et vulgarisation d’une charte de l'eau du lac Tchad. Termes de références pour l’élaboration et la vulgarisation de la charte de l’eau du bassin du lac Tchad, mai 2008. - CBLT. Création et vulgarisation d’une Charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic technique de phase 1. Les défis de gestion de l’eau et des écosystèmes à relever en commun, 2010. - CBLT. Création et vulgarisation d’une charte de l’eau du bassin du lac Tchad. Diagnostic du cadre juridique et institutionnel, Rapport final de phase 1, 2010. - Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad (30 avril 2012). 87 TABLE DES MATIERES 1. Contexte de l’étude relative à l’élaboration de la Charte de l’eau du bassin de la Volta…………………………………………………………………………………………………………………….5 2. Objectifs et résultats attendus de l’étude……………………………………………………………..6 2.1 Objectif général 2.2 Objectifs spécifiques 2 .3 Résultats attendus 3. Méthodologie pour la réalisation de l’étude…………………………………………………………6 3.1 Phases de l’étude 3.2 Approche pour la réalisation de l’étude Annexe 1. Retour d’expérience de l’élaboration d’une charte de l’eau de bassin transfrontalier en Afrique…………………………………………………………………………………….10 Annexe 2. Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre de la Charte de l’eau du bassin de la Volta………………………………………………………………………………………38 88