A) Espagne: les athées veulent défiler pendant la semaine sainte

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A) Espagne: les athées veulent défiler pendant la semaine sainte
A) Espagne: les athées veulent défiler pendant
la semaine sainte
NATALIA TROUILLER
Le gouvernement local de Madrid a interdit hier une manifestation de l'Association
des Athées et Libres-Penseurs. Ces derniers voulaient en effet protester contre le
fait que le Jeudi Saint, selon eux, "l'Église catholique envahit nos rues". Le groupe
désire par ce geste protester contre l'attribution par l'État d'une subvention annuelle
à l'Eglise catholique de 14 milliards d'euros, alors que la crise affecte durement les
secteurs sociaux du pays. De son côté, le gouvernement local a précisé qu'une
telle marche porterait atteinte à l'ordre public, et que l'association avait déposé sa
demande de manifestation trop tard, ce qu'elle récuse.
B) L’Espagne pour les nuls – La Semaine
sainte
En Espagne il y a des choses qui changent : les jours fériés, le statut du
mariage homosexuel, le ministre de l’équipement, la personne à côté de
vous dans votre lit ; et d’autres pas : le temps, le samedi soir, vos parents,
la Semana santa
(photo LPJ)
Cette année, il a fallu vous adapter et
renoncer au gigot et à votre lundi de
Pâques. En échange on vous a offert le
Jeudi et le Vendredi saints pour aller
contempler les Vierges qui déambulent
dans les rues de toute l‘Espagne
catholique et de celles de Séville en
particulier.
Dans la nuit du jeudi, flanqué
contre un mur, vous avez vous aussi attendu la Virgen de la Macarena. Et
quand, épuisé par une journée de marche et par cette foule bigarrée de
touristes, religieux et fidèles, votre voisin se met à hurler "Macareeeena !", au
passage de la célèbre vierge, vous hurlez avec les milliers de personnes qui ont
veillé avec vous : "Guapa !". On applaudit le virage du cortège dans cette rue
étroite qui passe devant des terrasses silencieuses. Les bars se taisent :
premier miracle de la soirée.
La Semaine sainte a peu à voir avec la religion pratiquée dans le silence
des églises européennes. Il s’agit ici d’un spectacle rituel. On applaudit les
costaleros qui savent faire "danser"la vierge au son des trompettes de
l’apocalypse qui l’accompagnent dans son parcours. Même à la télévision, on
admire les idoles recouvertes de vrais cheveux longs et bruns pour les Christs
et les manteaux d’hermine pour les Vierges.
Croire aux miracles ?
On rit, on pleure, on boit, on chante à leur passage. Quand la
procession de Jesus del Gran Poder et ses 2.400 nazareos (ces pénitents aux
drôles de costume) défilent, toute la place reste en silence pendant près d’une
heure et demie : deuxième miracle de la soirée.
Alors au milieu de cette ferveur étrangère et hystérique, Silvia vous
guide dans une Séville matinale où les uns s’appuient sur leur croix pour avaler
une bière et les autres retirent leur chapeau pointu pour fumer une clope en
habit. Elle vous attrape la main et vous glisse dans son lit. C’est Vendredi saint
et elle entame avec vous une autre sorte de rite sacré. Mais le corps abruti de
processions, vous vous endormez en quelques secondes : troisième miracle de
la soirée.