Vers les eaux du repos Psaume 23 (22) Prier

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Vers les eaux du repos Psaume 23 (22) Prier
Retraite de Pentecôte 2010
Jour 3 • Mardi 18 mai
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Vers les eaux du repos
N
ous sommes en route ! Le pas léger du pèlerin qui vient de commencer son ascension
– même d’un petit mont ! – est déjà assuré par les promesses divines telles que nous
les rapporte aujourd’hui le psaume 23 (22) : le berger promet déjà «les eaux du repos» ; «son
bâton et sa houlette» rassurent contre les dangers de toutes sortes ; et il conduit vers la «demeure» où le
repas est prêt, qui réjouira le cœur – et le corps – de qui s’y laissera guider. Nul «ravin de ténèbres» – au
Mont-Saint-Michel, c’est même un «gouffre» ! – n’engloutira les brebis du Seigneur. L’amour du Seigneur
est concret. Son Esprit est aussi l’Esprit Paraclet : celui qui défend et protège. «Tel un aigle qui veille sur
son nid, plane au-dessus de ses petits ; il déploie ses ailes et me prend», rappelle le Deutéronome (32,7). Puisque «je ne manque de rien» et que «je ne crains aucun mal», je peux donc m’avancer sans inquiétude vers
la «demeure» où Dieu m’attend. «Entraîne-moi sur tes pas, courons !», crie l’amante du Cantique (1,4).
Courir n’est pas nécessairement la bonne solution – à moins d’un entraînement particulier ! –,
cherchons donc plutôt le pas calme et cadencé du pèlerin que l’envolée des marches du Grand Degré rappelle inexorablement à l’humilité. La vie, notre vie, est ce pèlerinage que nous contemplons
aujourd’hui. Ça monte un peu, c’est vrai, et nous pourrions avoir le sentiment que parfois «la vie est
difficile», mais, comme le dit Etty Hillesum avec autant de sérieux que de candeur, quelques mois avant
sa mort à Auschwitz, «ça n’est pas grave». L’Esprit du Dieu vivant nous accompagne et nous conduit ;
telle une huile, il apaise et fortifie, panse les blessures et assouplit toute raideur. Qu’il vienne sur nous
en ce jour !
Psaume 23 (22)
[1] Le Seigneur est mon berger,
je ne manque de rien ;
[2] sur des prés d’herbe fraîche
il me fait reposer ;
vers les eaux du repos il me mène
[3] pour y refaire mon âme.
près de moi ton bâton, ta houlette
sont là qui me consolent.
Il me guide par le juste chemin
pour l’amour de son nom ;
[4] passerais-je un ravin de ténèbres,
je ne crains aucun mal ;
[6] Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
ma demeure est la maison du Seigneur
en la longueur des jours.
[5] Devant moi tu apprêtes une table
face à mes adversaires ;
d’une onction tu me parfumes la tête
et ma coupe déborde.
Prier
S
eigneur, la route est belle par laquelle tu as choisi de me faire venir à toi. Certains jours, j’y
rencontre le brouillard et le doute ; d’autres, la chaleur et la foule de mes pensées bruyantes
et agitées ; mais tu es toujours là, bon berger, qui me guides et me rassures. Ton Esprit me précède et me porte ; qu’il augmente en moi la confiance en ton amour et le désir de monter toujours
plus à ta rencontre, jour après jour, marche après marche, jusqu’en ta demeure où tu m’as préparé
une place. Amen.
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Pour aller plus loin
En parcourant la Bible
Deutéronome 32,10-14
[10] Au pays du désert, il le trouve, dans la solitude lugubre de la steppe. Il l’entoure, il l’élève,
il le garde comme la prunelle de son œil. [11] Tel un aigle qui veille sur son nid, plane au-dessus de ses
petits ; il déploie ses ailes et le prend, il le soutient sur son pennage. [12] Le Seigneur est seul pour le
conduire ; point de dieu étranger avec lui. [13] Il lui fait chevaucher les hauteurs de la terre, il le nourrit
des produits des montagnes, il lui fait goûter le miel du rocher et l’huile de la pierre dure ; [14] le lait
caillé des vaches et le lait des brebis avec la graisse des pâturages, les béliers, race du Bashân, et les
boucs avec la graisse des grains du froment, et pour boisson le sang de la grappe qui fermente.
Cantique 1,2-4
[2] Qu’il me baise des baisers de sa bouche.Tes amours sont plus délicieuses que le vin ; [3] l’arôme
de tes parfums est exquis ; ton nom est une huile qui s’épanche, c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.
[4] Entraîne-moi sur tes pas, courons ! Le roi m’a introduite en ses appartements ; tu seras notre joie et
notre allégresse. Nous célébrerons tes amours plus que le vin ; comme on a raison de t’aimer !
À l’écoute des Pères de l’Église
De saint Augustin, évêque d’Hippone au IVe siècle
C
elui qui décrit le pèlerinage dans le psaume chante la Jérusalem de l’attente. C’est en effet un
cantique des degrés : je l’ai souvent dit, ces degrés qui descendent, ils montent.
Le pèlerin veut monter. Où monter ? Au ciel ? Que trouvera-t-il ? Désire-t-il atteindre le soleil, la
lune, les étoiles ? Non. Le ciel est une Jérusalem éternelle, où demeurent les anges, avec qui nous vivrons.
Sur cette terre, nous sommes en exil, loin d’eux. En route, nous poussons des soupirs, dans la patrie nous
tressaillerons d’allégresse. Au cours de notre voyage nous trouverons des compagnons : déjà ils ont vu
la cité et nous adjurent d’y porter nos pas. Ils ont arraché à David un cri de joie : «J’ai tressailli quand on
m’a dit : Nous irons dans la maison du Seigneur.»
Courons, courons, «nous irons dans la maison du Seigneur». Courons sans nous lasser : là-bas il n’est
pas de lassitude. Courons vers la maison du Seigneur et tressaillons d’allégresse avec ceux qui nous ont
appelés, qui les premiers ont contemplé notre patrie. «Nous irons dans la maison du Seigneur», crient-ils
de loin à ceux qui les suivent. Marchez, courez même ! Les apôtres ont vu cette maison et nous hèlent :
marchez, suivez ! Nous irons dans la maison de Dieu.
Que répond chacun de nous ? Les paroles entendues m’ont fait tressaillir : «Nous irons dans la
maison du Seigneur». Prophètes et apôtres ont mis mon cœur en émoi, tous m’ont dit : «Allons dans la
maison du Seigneur».
Commentaire du Psaume 121,2
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Le psaume à la loupe
L
e psaume 23, comme le psaume 8, s’ouvre et se ferme sur le nom du Seigneur ; et il est de
la même façon partagé en deux sections. Mais il s’agit ici d’un psaume de confiance, qui ne
loue plus le Dieu créateur, mais s’organise autour de deux images : le Dieu berger (v. 1-4) et le Dieu
hôte (v. 5-6).
La métaphore pastorale commence par une négation (v.1), mais c’est pour mieux affirmer la sécurité qu’assure le berger, qui permet d’échapper à la faim et à la soif (v. 2), à la fatigue et à l’égarement
(v. 3), à tous les dangers de l’ennemi (v. 4). Les allusions à l’exode, ce temps où le Seigneur guidait son
peuple au désert et prenait soin de lui, sont nombreuses en ces quelques versets. La métaphore hospitalière, centrée sur la table (v. 5), utilise les symboles de la joie et de l’abondance (la coupe et l’onction
d’huile), ainsi que de la maison (v. 6) pour décrire le bonheur apporté par la présence de Dieu.
Le dynamisme du psaume, en même temps que l’unité entre ses deux parties, est assuré par le
double passage du «il» (v. 1-3) au «tu» (v. 4 et v. 5), puis de nouveau au «il» (v. 6). Comme si, dans la
stabilité de la sécurité apportée par le berger et du bonheur donné par l’hôte, il y avait place pour des
événements périlleux (le «ravin de ténèbres» du v. 4a), des moments de crise, qui sont vite surmontés
(v. 4bc) et donnent lieu à un bonheur renouvelé «face aux adversaires» (v. 5a). Ainsi de l’enclos des «prés
d’herbe fraîche» (v. 2) à la «maison du Seigneur» (v. 10), un itinéraire spirituel se dessine, qui passe par les
«ravins de la mort» (v. 4), mais donne aussi de se réconforter à «la table» préparée (v. 5).
La notion de retour – que la traduction française ne parvient pas à rendre – apparaît deux fois :
aux versets 3 et 10, suggérant le retour à la vie que permettent la sollicitude du berger et la générosité
de l’hôte. À une vie aussi heureuse et durable qu’elle peut l’être avec Dieu.
À la découverte du Mont-Saint-Michel
Le Grand Degré
I
l faudrait plutôt le dire au pluriel : les Grands Degrés, puisqu’ils sont d’abord extérieurs puis, une
fois passé le «Châtelet», intérieurs à l’abbaye. En tout, il faut
compter un peu plus de 360 marches.
C’est dans le village, à l’extrémité de la grand rue,
que démarre le grand degré extérieur, série imposante de
marches construite au XIVe siècle, pour conduire à l’entrée
de l’abbaye. Large de 4 mètres, il était barré à mi-rampe par
une porte pivotante, défendant l’entrée de l’abbaye.
Au bout de ce premier ensemble, relativement rectiligne, le Châtelet constitue l’unique entrée de l’abbaye. Il fut
construit durant l’abbatiat de Pierre Le Roy vers la fin du
XIVe siècle. Entre les deux tours cylindriques qui le composent, un passage cintré permet de s’engager dans un sombre escalier portant le surnom de «Gouffre» et d’arriver à
la salle des gardes. Étagé sur trois niveaux, le sol de cette
salle particulièrement sonore suit la pente du rocher. Une
grande cheminée construite au XVe siècle permettait de
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chauffer convenablement ce lieu où les gardiens
passaient de longues nuits à attendre d’hypothétiques assaillants.
Une fois franchi ce seuil, on peut aborder
l’ultime envolée de marches : le grand degré intérieur. Ultime défense de l’abbaye (grâce aux
deux ponts qui le surmontent), le grand degré
intérieur est aussi le lieu de passage obligé des
processions liturgiques : au bout, ce sera l’entrée dans l’abbatiale. En l’empruntant, on longe, à main gauche, les logis abbatiaux où sont
aujourd’hui en partie installées les Fraternités
de Jérusalem. Qu’on n’imagine pas des lieux
luxueux. Si certaines salles sont de belle dimension et pourvues de grandes cheminées, l’ensemble est plutôt spartiate !
Cette journée est donc pour nous celle
de l’ascension... Aucune belle vue ne la récompense en route – le grand degré intérieur a
quelque chose d’un tunnel qui aurait perdu son
toit ! –, il faut attendre le terme, l’entrée dans
l’abbatiale et le passage par la très belle terrasse
de l’ouest pour retrouver un terrain plat et un horizon dégagé. Pour ne pas nous décourager, nous
ferons l’ascension en deux temps : demain, pause à Notre-Dame sous-Terre !
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