COMME UN COUP DE GONG, par Goldorak

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COMME UN COUP DE GONG, par Goldorak
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COMME UN COUP DE GONG, par Goldorak
Comme un coup de gong qui résonne dans ma tête,
des semaines d'excès et de nuits trop courtes
mais s'il fait mal, le réveil est un peu spécial
rendez-vous matinal sur la montagne Sainte-Geneviève
Intersection rues Thouin et Cardinal Lemoine
après quelques échanges électroniques avec de clandestines entremetteuses
la scène se passe dans un coin de café,
la baie vitrée s'ouvre sur un restaurant vietnamien
mon hôte qui a fait voeu de ponctualité
ne porte pas encore cette semaine là de tee-shirt AVENGERS.
« Eh toi là-bas dans la rue j'crois bien qu'on s'est déjà vu... »
Voilà près de douze ans que ses textes se mélangent dans mon crâne
l'Orient et l'Occident s'y côtoient, au confluent des cultures, des rythmes et de l'histoire
Voilà 5 ans qu'en paiënnes processions avec quelques partisans lysergiques,
je retrouve une jeunesse forcément tumultueuse,
hantée de trans-sibérien et de demoiselles de Vientiane...
Mais ce jour, c'est pas çà le propos ou plutôt pas complètement...
Car si Tai-Luc entonne depuis 77 un peu plus que des cantilènes keupon avec quelques copains
il a aussi traversé certains continents d'Est en Ouest et la banlieue parisienne du Nord au Sud
Alors forcément du Mékong à la Seine, de Saint-Ouen à Lhasa, de Villacoublay à Kunming
nombreux ont été les territoires et avec eux les histoires de quelques décennies d'une vie.
Le temps d'un quartier libre de circonstance après une tounée nam-bodgienne « des familles » ,
suivi d'un ecclectique et asianophile Mékong précédant une tournée trans-hexagonale
offrant un concert au Glaz’art sur support audio/vidéo,
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la Souris s'accordait à laisser à Tai-Luc le temps de sa nostalgie.
« Cest Victor November, le Viet Nam, la racine de cette fatalité »,
Tai-Luc n'a oublié ni son enfance ni son adolescence
et encore moins le goût de ses parents pour la danse.
Les samedis où son père l'emmenait vers ses premières trouvailles discographiques
Rue des Lombards,
au 58, chiffre fatidique,
chez ce disquaire version OPEN MARKET (devenu « BAZAR » pour les besoins de la rime)
par ailleurs siège du FAN CLUB français des bien nommés Flamin Groovies,
prémices d'une période forcément bordélique mais bel et bien prolifique
Alors, il y a le temps des premiers vinyles achetés,
écoutés chez soi ou dans des « mange-disques à péage »,
la trieuse accordéonneuse et le comptoir dézingué
et l'idée du jukebox comme appellation générique:
RAPPELLE-TOI QUARTIER LIBRE 88
MAXIMUM SWING AUJOURD'HUI ET DEMAIN 83
« Cette machine à musique dans les cafés, c'était une donnée fondamentale. Sur le comptoir
tu avais près de la table une extension du jukebox pour programmer la musique »,
Du bruit de sortie de garage, du groove au swing désarticulant et puis le ravage punk qui se profile.
Alors au moment de se retourner sur son parcours initiatique, Tai-Luc se souvient d'une certaine Amérique
de saloon un peu rance, de musique de cabaret et de français exilés, rejetés, enivrés de nuits montmartroises,
« Allez petit achète ce disque, écoute-le tous les soirs »,
Al Dexter revisité pour nous conter sur mode autobiographique
Que « c'était pas dans un cabaret rue des Lombards qu'il y avait de la zic à fond »,
« Il faut se replacer dans le contexte de l'époque
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aujourd'hui t'as pas envie d'aller aux Halles,
çà ressemble à n'importe quel centre commercial de banlieue.
A l'époque c'était plutôt un quartier déshérité, laissé en ruines.
Les marchands de fruits et légumes avaient déménagé à Rungis.
Mon père avait un pote, disc-jockey dans une boite de nuit qui s'appelait le Z, rue des anglais,
il tenait un magasin de disques avec des stores baissés,
au 58, rue des lombards, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le club afro jazz Le baiser salé.
T'avais des bacs à disques à moitié vides avec des bootlegs hollandais,
Jim Morrison et Jimi Hendrix sur le même disque
et puis des posters sur le mur
dont un grandeur nature d'Eddie Cochran:
« Don't forget Eddie Cochran ».
Il y était rajouté une dédicace « Dont' forget me »
et çà je l'ai pas oublié ».
« LES DISQUES C'EST UN COMME LA DROGUE: AU DEBUT C'EST GRATUIT ET APRES TU PAYES.»
« Y avait aussi plein de filles vénales sur le trottoir,
alors quand tu débarques là et que t'as quatorze ballets,
forcément t'y retournes mais sans ton père
et t'achètes tous les disques qu'on te fait écouter:
le Velvet, les Flamin groovies...
On m'a filé un disque,
c'est un peu comme la drogue: d'abord c'est gratuit et après tu paies.
Le vendeur s'appellait Bruno Carousso,
c'était un 45t des Flamin Groovies sorti chez GREASE.
Forcément t'en achètes un, il s'appellait SUPERSNAZZ
et dessus le dernier morceau ( en fait le 9e )
c'est un medley qui commence par Something Else d'Eddie Cochran
repris plus tard par Sid Vicious en solo
et derrière tu as Pistol packing mama.
Depuis longtemps je pensais qu'il fallait que je paye mon crédit à ce titre et je voulais l'introduire à la française ».
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La rue des lombards c'est donc le début d'une certaine émancipation juvénile,
des premiers conseils discographiques,
des recommandations heureuses,
la conquête de nouveaux territoires et l'addiction électrique qui s'installe solidement.
TRADE MARK DE QUALITE:
« 75-76: Le Velvet Underground c'est la coqueluche des ados »
T-L passe son bac et sa génération reçoit en pleine face
l'outrage sonore des précurseurs,
parrains d'une scène PUNK en vétérans assermentés.
Lou Reed donc, avant quelques prolongements de folk mystique humant d'autres aspirations.
L'uppercut de toute une jeunesse y trouvant radicalité, authenticité
et la source d'une vocation.
« Si tu pioches dans les groupes anglais des années 77, t'as toujours une reprise du Velvet Underground
forcément un jour quand on a commencé le groupe on faisait beaucoup de reprises du Velvet underground.
John Cale en était le bassiste, ce musicien Gallois exilé à New York, s'installa avec un certain Lou Reed et puis ensuite
il a produit le premier disque d'Iggy Pop (The Stooges 1969) et croisa aussi la route de Patti Smith (HORSES, 1975). »
Un exil dans les Yvelines, une prof d'Anglais pas si austère
et ses femmes intrigantes forcément inaccessibles,
version suprême de l'être,
l'attraction,
Définitivement fatale.
FEMMES (TOUTES) FATALES:
« Je te dirai que les femmes sont forcément fatales.
je suis assez fasciné par les femmes inaccessibles et çà renvoie à l'adolescence car quand t'as 14 ans ou 15 ans
et que tu arrives à l'âge de fréquenter ce dont tu rêves c'est pas des demoiselles du lycée d'à côté.
Tu rêves aux femmes, tu en pinces pour les femmes adultes
et tu as mis certaines femmes adultes sur un pied piédestal... »
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Et cette Julie la Rousse
tricotant des hanches et soignant d'un baiser plus d'un soldat perdu
des buttes montmartroises au fin fond des Abbesses,
entre Pigalle et Blanche
faire danser jusqu'à oublier...
Marguerita passion, Seasick Sarah, Teenage Mary et les autres,
de quoi vous rendre tremblant comme un enfant.
INTERLUDE TZIGANE
Walk Don't Run de Johnny Smith Jr
Puis l'hommage à la mère à travers cette Bohème pleine de délicatesse
deux instrumentaux annonçant en trois actes quelques vestiges de la chanson française d'époque
Aznavour repris par Tai-Luc: pas de surprise pour aucun amateur averti de la Souris,
« Ceux qui nous ont vu jouer en 86 se souviennent qu'on reprenait La bohème au début des concerts. En particulier au
Cirque d'hiver en version instrumentale ».
« Les instrumentaux ont en a toujours faits Malaysia hotel, Sortie de garage, la Varsovienne, Saint Sauveur instrumental,
Caravane, Granaadamok.
La pratique de l'instrumental, c'est bien pour trouver le son car quand on a commencé
les conditions n' étaient pas celles de la Star academy mais plutôt du bordel permanent.
Souvent tu ne jouais pas avec du bon matériel en concert, le public ne venait pas forcément pour écouter la musique.
On se disait que le 1er morceau allait être sacrifié et qu'il valait mieux que se soit un instrumental ».
« Walk don't run,, il fallait que çà sorte de ma tête. La version originale de ce morceau, au départ, c'est un jazz et puis il y
en a eu une reprise par Chet Adkins, avant qu'un groupe de surf 60's spécialisé dans les instrumentaux "THE
VENTURES" n’en fasse une version dont est issue celle de Jukebox ».
LE SOUVENIR QUE JE GARDE AU COEUR
« Moi qui ne crains pas les peines cruelles je ne vivrai pas sans souffrir un jour,
quand vous en serez en temps des cerises vous aurez aussi des chagrins d'Amour ».
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L'annonce de l'amitié par l'ancêtre du nord de la France avant que ne reprenne en choeurs avec lui une fillette qui n'est
autre que sa descendance
« La boucle est bouclée », la filiation tracée
Le temps des cerises décortiqué
Généalogie et spiritualité,
« PEU IMPORTE SI DEMAIN IL N'Y A PLUS RIEN »:
Il y a cet esprit bouddhiste
et cette affliction assumée
par le fonctionnement castique.
Pas de faux-semblant,
pas d'alternative,
l'acceptation du Destin
et la fatalité dans toute sa crudité.
Alors il y a cette petite respiration,
la nécessité d'une ouverture,
notamment vers une chrétienté source d'espérance
de cette douce utopie occidentale
que les chorales hankiennes portent en elles.
I saw the light:
« Je ne crois pas au créateur mais je crois au principe de création,
dans le monde occidental on a besoin d'Utopie, de croire en quelque chose de généreux,
les gens ont besoin de rester en vie, d'avoir un espoir en croyant,
En Asie les idéologies sont très matérialistes ou plus animistes et sans espoir.
La prédestination sociale est vécue comme définitive.
je suis assez fataliste aussi,
notamment avec les autres membres du groupe auxquels je répète parfois
si on a eu ce qu'on a, c'est qu'on le mérite.
Si on n'a pas encore ce qu'on n'a pas c'est qu'on le mérite pas! »
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Parenthèse birmane pour clore le premier titre et participation de CHOY, partenaire birman plus que décennal
représentant expatrié et intervenant confidentiel en épilogue du Bus n°47, période Tambour et soleil.
« Tous les étudiants du monde qui font des manifs sont des potaches en puissance mais pas forcément des victimes,
c'est la différence avec les manifs d'étudiants en Asie car la répression y est très sévère.
Il y a beaucoup d'étudiants birmans qui croient pouvoir installer la démocratie sur nos modèles mais je leur répète
souvent qu'il vaut mieux qu'ils restent en France s'ils veulent vivre dans une démocratie.
Il y a quand même pas mal de choses qui fonctionne ici:
t'as beaucoup de libertés, tu peux dire tout et son contraire.
Ces étudiants sont souvent chrétiens en plus d'être bouddhistes,
en plus de la discipline intellectuelle et philosophique,
ils ont besoin d'espoir et ils ont cette espérance dans la démocratie ».
« MAIS IL N'AVAIT PAS LES MEMES IDEES EN TETE »:
Il y a aussi ce grand-père au discours un brin péremptoire à recontextualiser.
Intransigeant mais pur dans sa démarche,
peu enclin à s'enthousiasmer pour toutes les lectures de la jeunesse
mais bien davantage à idolâtrer les cosmonautes soviets.
TU VOULAIS
On en arrive à l'instant-clef, purement biographique
quant à l'évocation de son grand-père, Tai-Luc énumère ce qu'il voulait de son petit-fils.
Et déjà les premières contradictions générationnelles
à cette nuance de l'intransigeance dans la démarche
Youri, Vladimir, Boris et Joseph, là où brille le soleil.
Instants de kermesse, d'allégresse communautaire
partage d'une époque
et « le sens de l'Histoire dans les poubelles des Kolkozes »,
DERNIER POGO
Pour conclure et en préambule à l'année du rat qui s'annonce
Tai-Luc rappelait sa préférence pour le « disque noir »
mais aussi une certaine méfiance pour les cycles fatidiques
de l'Astrologie chinoise.
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Alors avant de vous embarquer dans cette nouvelle aube,
si vous allez avoir 12, 24, 36, 48 ans l'année prochaine
et que vous êtes donc de l'année du Rat,
il ne serait peut-être pas inutile de suivre ces quelques recommandations:
« Il faut acheter un Talisman et faire gaffe
car c'est une époque charnière de ta vie.
L'année 82 j'ai fait gaffe.
En 94 j'ai vraiment fait gaffe et j'ai pris la décision de rester en retrait et de ne rien décider d'important.
Avec le groupe on n'a rien pu faire on est donc allés en Roumanie car Cambouis (batteur de la LSD depuis 94 et REMIX
2536)
était aussi de l'année du Chien.
Deux fatalités rassemblées au sein du même groupe, deux chiens ensemble c'était une vraie catastrophe.
Mais dès la fin de l'année chinoise les obstacles ont été levés. »
Run run run,
Alors si vous aussi vous avez un temps suivi les conseils de la patronne de l'hôtel de la ville du Lion
vous pouvez faire confiance à Tai-Luc dans ses prédictions
et redeviendrez vous aussi la jeunesse nostalgique
qui parcourt ce Jukebox kaléidoscopique
et finalement autobiographique.
Entretien libre du vendredi 14/12/2007
au café Descartes
Longues vies!
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