Israël/France : Une porte d`entrée pour l`Europe
Transcription
Israël/France : Une porte d`entrée pour l`Europe
Dossier Biotech Une porte d’entrée pour l’Europe DR Israël/France Partenariats scientifiques, collaborations industrielles, échanges de bonnes pratiques… Les relations franco-israéliennes peuvent jouer sur une large gamme en sciences de la vie. être compétitif dans tous les domaines des biotechnologies. Mais il en est un, en particulier, où le pays peut se positionner avantageusement et contribuer au progrès thérapeutique, à savoir les cellules souches. Et ce pari, cette volonté de consacrer ses efforts à ce sujet de pointe n’a pas été émis par un chercheur, par un médecin ou par un industriel... Non, il émane des plus hautes instances de l’Etat ; le président Shimon Peres, venu en personne inaugurer la conférence, y ayant exprimé avec force et clarté sa conviction dans le potentiel des cellules souches et dans la capacité des scientifiques d’Israël à relever les défis que soulève ce domaine en évolution constante et rapide. DR Réunis sous une même bannière LES ACTEURS DU RÉSEAU CONVERGENCES A lors que l’économie d’Israël est presque exclusivement basée sur les capacités de son industrie à exporter, les produits de santé représentent à eux seuls un peu plus de 8 % des exportations du pays, soit 6,5 milliards de dollars sur un total de 80 milliards de dollars en 2008. Face à une quasi-absence de marché interne, c’est dire la dimension vitale que représente, pour les sociétés et les centres de recherche israéliens, la conclusion de partenariats internationaux pour la commercialisation de leurs produits et la diffusion de leurs technologies. Mais si l’importance stratégique qu’Israël accorde à la high tech et plus particulièrement aux biotechnologies n’est ni un secret, ni une découverte, son engagement en faveur de l’innovation vient de trouver un écho majeur lors du tout dernier congrès ILSI Biomed Israël. La 8ème édition de cette conférence annuelle, qui s’est tenue mi-juin à Tel Aviv a en effet délivré un message particulièrement fort aux acteurs des industries des sciences de la vie. Certes, Israël ne peut 80 PHARMACEUTIQUES - SEPTEMBRE 2009 Au total, ce sont ainsi quelque 5 000 visiteurs internationaux qui ont parcouru les allées de l’exposition, rencontré de futurs partenaires potentiels ou encore assisté aux conférences économiques, scientifiques et technologiques. Du côté de l’industrie pharmaceutique, outre la présence incontournable du champion local, Teva Pharmaceutical Industries, présenté sur place comme captant très tôt les technologies israéliennes, on relèvera aussi l’importance que lui accorde Roche. Pour sa première participation officielle à la manifestation, le groupe suisse a clairement exprimé sa volonté d’investir rapidement dans la biotech israélienne, via son tout nouvel accord de partenariat avec une des principales sociétés de capital-risque du pays, Pontifax (voir dans ce même numéro « Roche s’offre une tête chercheuse en Israël »). De plus, si les Etats-Unis représentés notamment par BMS, J&J ou encore Merck&Co tiennent toujours la tête en terme de présence internationale, la France confirme la montée en puissance de sa présence et de son intérêt, se positionnant cette année comme la deuxième délégation étrangère présente en nombre à ILSI-BioMed. Voici cinq ans, seules quatre sociétés avaient pris part à la manifestation, tandis qu’en juin dernier 34 acteurs français des sciences de la vie ont participé aux quelque 450 rendezvous organisés par la mission économique de l’Ambassade PATRICK TRICOLI (SANOFI-AVENTIS) : « IL de France à Tel Aviv. Etaient non seulement présents, sous VA MAINTENANT une bannière unique, les sept pôles du secteur santé, à saFALLOIR TRANSFORMER voir Alsace BioValley, Atlantic Biothérapies, Cancer-BioSanté, Eurobiomed, LyonBiopôle, Nutrition-Santé-LonL’ESSAI ». gévité et Medicen, mais aussi l’ensemble des entreprises françaises, qu’il s’agisse de Sanofi-Aventis ou des CRO et PME biotech présentes. IMI et Europe DR C’est ainsi un panorama complet du potentiel des pôles de compétitivité français qui a pu être présenté aux interlocteurs israéliens, sur la base d’un message fédérateur. Certes, des ponts, parfois méconnus, existent déjà entre la France et Israël, notamment par l’intermédiaire de sociétés telles Novagali Pharma, créée sur la base des technologies développées par son co-fondateur Simon Benita de la faculté de pharmacie de l’Université hébraïque de Jérusalem ou Sepal Pharma créée par Max Herzberg, fondateur d’une des toutes premières sociétés biotech israéliennes, Orgenics, et président de l’organisation de transfert de technologie de l’EMBL. Avec cette bannière unique, il s’agissait ici de présenter la France comme une porte d’entrée sur l’Europe pour attirer et développer des collaborations et des partenariats scientifiques et industriels, en particulier au travers de l’Initiative Médicaments Innovants (IMI). Plusieurs des pôles présents étaient en effet demandeurs de partenariats notamment dans ce cadre du deuxième appel d’offres que l’IMI lancera cet automne dans les domaines du diagnostic des maladies infectieuses, qui concerne plus spécifiquement LyonBiopôle, et de l’oncologie. Dans ce dernier cas, ce sont les représentants du pôle Cancer-BioSanté, qui travaillent à la constitution d’un partenariat entre plusieurs clusters actifs dans le domaine du cancer, à savoir les clusters de Barcelone (Espagne), de Heidelberg (Allemagne), d’Oslo (Norvège) et de Lund (Suède) et ont établi des contacts avec de futurs partenaires potentiels en Israël. Du côté du pôle nantais d’Atlantic Biothérapies, l’actualité est la constitution d’un consortium pour l’industrialisation de la production de produits de thérapie cellulaire, ces der- C’est sur ce même message fédérateur d’une France, porte d’entrée pour l’accès au marché européen, que s’est constitué le réseau Convergences. Mis en place par quatre CRO françaises actives dans les domaines du médicament et du dispositif médical, Advanced Drug Development Services (ADDS), Centre Cap, Porsolt & Partners et Voisin Consulting, ce réseau propose un guichet unique pour accéder à l’ensemble de la chaîne des activités allant du domaine préclinique au réglementaire. L’objectif est notamment de fournir la palette des services des CRO aux PME biotech, moins familières de ces prestations que leurs grandes sœurs de l’industrie pharmaceutique. Le réseau Convergences, qui a vocation à s’élargir à des partenaires apportant des compétences complémentaires, a ainsi marqué ses premiers pas sur la scène internationale en organisant une conférence sur ce thème de l’accès au marché européen lors de la 8ème édition d’ILSI-BioMed. Cette session, introduite par Ruti Alon, co-présidente d’ILSI-BioMed 2009 et partenaire d’un des principaux fonds de capital-risque israélien, Pitango, a permis de présenter au public israélien le fonctionnement des études cliniques et les solutions de financements en Europe. niers étant utilisés soit seuls, soit en association avec des biomatériaux. Les échanges intervenus à l’occasion d’ILSI Biomed ont notamment permis de prendre des contacts pertinents dans ce deuxième axe de combinaisons biomatériaux/produits de thérapie cellulaire. L’ensemble de ces relations mises en place des pôles de compétitivité sont maintenant transmises à leurs sociétés et laboratoires membres, auxquels il revient de prendre le relais. Il va maintenant falloir transformer l’essai et concrétiser les contacts, ainsi que l’a souligné Patrick Tricoli, directeur Europe de l’innovation externe chez Sanofi Aventis. Réciprocité Au-delà de la coopération scientifique, les échanges de « bonnes pratiques » sont également à l’ordre du jour des relations franco-israéliennes. La fondation Sophia Antipolis vient ainsi de signer un accord de partenariat avec RAD BioMed, principal incubateur israélien dans le domaine des sciences de la vie. Ici, l’objectif est de transposer, à Sophia Antipolis, le modèle d’incubation à l’israélienne afin de faciliter l’émergence de projets. Basées sur un financement mixte, où l’argent apporté par l’Etat a vocation à faire office de levier pour susciter les apports du privé, ces structures fonctionnent en effet selon un modèle original. Il s’agit, sur la base d’un processus rigoureux de sélection des projets d’origine académique ou industrielle, de combiner un financement significatif d’amorçage et un rôle d’accompagnement et de suivi des projets, mettant notamment l’accent sur la préparation de la sortie de l’incubateur. ■ DR RUTI ALON, COPRÉSIDENTE D’ILSIBIOMED 2009 ET PARTENAIRE DU FONDS PITANGO. Convergences à ILSI-BioMed Anne-Lise Berthier LE STAND DE LA FRANCE AU CONGRÈS ILSI-BIOMED À TEL AVIV. 81 SEPTEMBRE 2009 - PHARMACEUTIQUES