hôpital 2007 ce qui marche, ce qui coince
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hôpital 2007 ce qui marche, ce qui coince
hopitalt2a 27/04/06 11:33 Page 10 28 S p é c i a l h ô p i t a l HÔPITAL 2007 CE QUI MARCHE, CE QUI COINCE La T2A et la nouvelle gouvernance, éléments clés de la réforme, sont sur les rails, mais les questions budgétaires persistent et le problème des médicaments onéreux et innovants n’est toujours pas tranché de façon claire. —————— L es divers volets du plan hôpigement en pôles de soins, la mise en tal 2007, promis par Jacques place de contrats d'objectifs et de Chirac dès son élection en moyens entre le directeur de l’hôpital 2002 pour moderniser l’instiet le chef de pôle et la création d'un tution hospitalière, devraient s’appliconseil exécutif composé de médequer d’ici à la fin de l’année. Après la cins et de responsables administratifs. relance de l’investissement, les réLes pôles d’activités. Première révoformes du mode de financement et de lution : les établissements doivent être l’organisation interne se mettent prodécoupés en pôles d’activités rassemgressivement en place. « L’objectif blant chacun plusieurs services sur un principal est d’adapter l’hôpital aux projet médical commun. Au sein du réalités du 21e siècle. » Le Dr Francis Fellinger, président de la Conférence pôle, les moyens devront être mutuades présidents de commission médilisés au lieu d’être éclatés, comme ils cale d’établissement (CME), ne le sont souvent, entre une multitude manque pas de lucidité sur la situade services aux chefs parfois peu désition : « le problème de la reux de partager matédémographie médicale, riel et personnel. « L’un le vieillissement de la podes grands maux de Une libre pulation, l’exigence des l’hôpital, dénoncé deorganisation patients, le coût de l’inpuis des dizaines d’aninterne novation ou encore l’ounées, c’est sa balkanisaverture à l’Europe nous tion en autant de obligent à changer l’hôbaronnies que sont les pital dont l’organisation interne en services. Chacun ayant sa secrétaire, services date du régime de Vichy ! » ses murs… Parfois même, des pots de Changer en profondeur, modernifleurs départagent les services lorsser, tel est l’objectif du plan, dont la qu’ils sont sur le même palier ! Munouvelle gouvernance est l’un des votualiser les moyens au sein du pôle, lets majeurs. Cette réforme vise noc’est essayer de voir ensemble comtamment à répondre aux problèmes ment utiliser des ressources comde prise en charge du patient et de munes. Utiliser tous les moyens hul’organisation du fonctionnement au mains d’une façon non propriétaire, plus près du terrain. Autres vertus esavec des objectifs communs », excomptées : l’amélioration de la perplique le Dr Stanislas Johanet, anesformance, l’optimisation des moyens thésiste-réanimateur à Trousseau, à et la maîtrise des coûts. Cette réorgaParis et membre du groupe « projet nisation interne s’articule autour de hôpital 2007 ». Pour cela, les établissetrois principaux éléments : un aménaments peuvent s’organiser comme ils PHARMACEUTIQUES _ MAI 2006 le souhaitent. Ainsi, comme l’affirme Jean-Olivier Arnaud, président du Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) et directeur de l’hôpital de Cannes, « la nouvelle gouvernance, c’est la libre organisation interne. Un changement fondamental que personne n’a encore vraiment perçu mais qui, sur le long cours, donnera des résultats ». De son côté, Jean Castex, directeur de l’Hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Santé, est bien décidé à ce que le monde hos- hopitalt2a 27/04/06 11:33 Page 11 29 ©BSIP mun », indique Stanislas Johanet. Les regroupements des services doivent ainsi être dictés par une logique liée au chemin de prise en charge du patient. Le décloisonnement des services amène des personnes qui n’en avaient pas l’habitude à co-piloter des projets. En effet, les pôles sont dirigés par un médecin « responsable de pôle » assisté par un conseil de pôle composé de représentants médicaux, d’administratifs et de soignants. Dotés d’autonomie et de responsabilités, les pôles se voient accorder une délégation de gestion et de décision. Les directeurs sont ainsi déchargés d’une partie de leurs missions au profit des pôles. « Accorder une délégation de gestion aux médecins, c’est leur dire notamment : les ressources seront forcément plus rares, à vous de les gérer de façon pertinente sur le plan médical. A vous de remédicaliser les priorités car vous êtes plus près du terrain. Cela vous incitera à faire plus d’efforts en terme d’organisation et d’optimisation des moyens », affirme Stanislas Johanet. pitalier puisse en appréhender la cohérence et la porter sur le terrain. « Je souhaite que nous fassions un gros effort d’information et de formation. Il faut s’appuyer sur ce qui marche, promouvoir les échanges d’expériences, de façon à ce que ceux qui se sont lancés dans les réformes puissent expliquer à leurs pairs comment ils ont fait, les difficultés rencontrées et pourquoi ça marche aujourd’hui. » Toutefois, « créer des pôles pour créer des pôles ne servirait à rien, il va falloir leur donner de l’esprit, une sorte d’idéal com- Culture de la responsabilité. La réforme de la gouvernance instaure une culture de la responsabilité. Elle déconcentre les décisions au niveau du pôle, véritable unité de gestion. De fait, le chef de pôle doit être responsable de l’utilisation de ses moyens pour atteindre un objectif d’activité. Il doit rendre des comptes, notamment par le biais des contrats qu’il passe chaque année avec le directeur. Outre les ressources allouées et la validation des projets de pôle, ces contrats déterminent les règles de fonctionnement que le médecin s’engage à respecter. Pour Francis Fellinger, « il faut d’abord définir très clairement un projet en associant l’ensemble des personnels. Un contrat de pôle sans projet n’a aucun sens ». La fonction de responsable de pôle est très exigeante. Celui-ci doit s’intéresser aux données financières, participer à la gestion, organiser, planifier, manager des confrères, savoir gérer les conflits… Et rendre les données d’activités beaucoup plus transparentes. Il se transforme ainsi en véritable manager. Autre nouveauté et non des moindres, la création du conseil exécutif, composé à parité de médecins et de responsables administratifs et pré- sidé par le directeur de l’établissement. Sa fonction : élaborer tous les projets importants de l’hôpital en étroite collaboration avec le CME et le comité technique d’établissement (CTE). « Les membres doivent représenter la totalité des secteurs gestionnaires et les médecins doivent y être investis de la confiance de la commission médicale afin de pouvoir décider. Le conseil exécutif doit être un organe de gestion stratégique des orientations fortes de l’hôpital », indique Jean-Olivier Arnaud. Ainsi, le co-pilotage s’effectue au niveau du pôle, mais aussi et surtout au conseil exécutif. « Je ne vois pas comment un établissement peut être dynamique si les dirigeants médicaux et administratifs ne partagent pas une vision commune », confie Francis Fellinger. Quant à la CME, elle devient « l’instance de régulation de la qualité des soins avec l’organisation de la formation médicale conResponsable tinue par exemple. pôle, une Elle donne aussi un fonction avis sur les contrats exigeante de bon usage du médicament et les dispositifs médicaux. Elle est un vrai lieu de débat, mais le pouvoir, in fine, est détenu par le conseil d’administration », poursuit-il. Dans cette organisation, quel sera le devenir des services et de leurs chefs ? Selon l’ordonnance sur la nouvelle gouvernance, les services demeurent ; ils « assurent l’organisation de la prise en charge médicale des malades et participent à l’évaluation des pratiques professionnelles ». Si certains militent pour le maintien des services, d’autres, à l’instar de Stanislas Johanet, prévoient leur disparition progressive. « Les services vont peu à peu s’effacer. Les hospitaliers sentent bien que la parcellisation des établissements en une myriade de services cloisonnés crée un environnement très défavorable. » Activités réelles. La charge des responsables de pôles sera donc de taille : mieux ajuster les moyens à l’activité. Une idée très liée à la tarification à l’activité (T2A), autre volet du plan hôpital 2007. Adoptée en 2003, elle se substitue progressivement à la dotation globale, en vigueur depuis 15 ans. Les hôpitaux ne sont plus financés en de MAI 2006 _ PHARMACEUTIQUES hopitalt2a 27/04/06 11:33 Page 13 S p é c i a l h ô p i t a l 31 fonction de leurs dépenses mais en fonction de leur activité réelle. Chaque acte réalisé leur est payé à un tarif précis. Pour tenir compte de la complexité des soins, quelques exceptions ont été prévues. Les médicaments onéreux et innovants et les dispositifs implantables, par exemple, sont facturés en sus, hors GHS, à l’euro près. Un moyen de faciliter l’accès de l’innovation thérapeutique à l’hôpital. Par ailleurs, une enveloppe annuelle complémentaire est versée à tous les établissements pour financer les missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation (Migac). Mais si la T2A finance 100 % de l’activité du privé, sa montée en puissance est progressive dans le public. La Fédération hospitalière de France (FHF) souhaiterait que « les hôpitaux puissent passer à 40 % pour se battre rapidement à armes égales avec les cliniques qui encaissent 100 % de recettes complémentaires quand elles augmentent leur activité », s’opposant ainsi au rapport d’enquête de l’Igas et de l’Igf 2 sur « le pilotage des dépenses hospitalières » qui avait sévèrement critiqué la montée en charge de la T2A. Ce n’est pas sans risques. Elle incite les hôpitaux à être plus actifs. D’où le dérapage de 625 millions d’euros des dépenses constaté l’année dernière. Ainsi, les hôpitaux invités à augmen- ter leur activité pour obtenir davantage de ressources ne se sont pas fait prier. Régulation prix/volume. Il était prévu que l’activité augmente de 1 % en volume, or elle a progressé de 3 %. Au total, la hausse des crédits a atteint 4,6 % en 2005, au lieu des 3,65 % prévus. Pour contenir la dérive inflationniste, le ministère de la Santé a prévu une progression de 2,6 % pour 2006, ce qui a conduit, pour la première fois, à une baisse de 1 % en moyenne des tarifs de soins facturés à la Sécurité sociale. C’est la régulation prix-volume. « Lorsque l’activité augmente, le chiffre d’affaires des hôpitaux et des cliniques INTERVIEW ROSE-MARIE VAN LERBERGHE (AP-HP) «L’AVANTAGE DE LA T2A EST IMMENSE » La directrice générale de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) explique ce que la T2A va changer pour l’hôpital et revient sur son plan de retour à l’équilibre des comptes de l’institution. @LUCPERENOM les mois le tableau de bord . En cas de problème, nous regarderons par hôpital, puis par discipline. L’idée n’étant pas de sanctionner mais de comprendre. Il faut passer de la méfiance à la confiance. La directrice de l’AP-HP est à la tête de 38 établissements et 93 000 salariés. Quels sont les grands objectifs de la nouvelle gouvernance ? > Elle doit faire converger les compétences des hospitaliers pour une meilleure prise en charge du malade. Il faut donner de l’initiative au plus près du terrain, faire confiance à des professionnels dont on souhaite qu’ils travaillent ensemble sur des objectifs communs. La clé du succès, c’est le tableau de bord. Il concrétise les objectifs d’activité, d’efficience, de qualité et d’attractivité que l’on va donner à l’équipe du pôle afin de la solidariser. Il va aussi permettre le contrôle de l’hôpital sur le pôle. Au niveau de l’AP-HP, nous vérifierons tous Quelle est votre appréciation sur la T2A ? > Il n’y a aucun système financier parfait. L’avantage de la T2A est immense : elle permet de mettre en rapport les moyens engagés et le résultat. Les GHS, mais aussi la liste hors GHS des médicaments particulièrement onéreux et dispositifs implantables, sont une garantie pour nos concitoyens de ne pas être rationnés sur le progrès médical. Ce qui n’était pas le cas en dotation globale. La T2A comporte certes un effet pervers possible : la course à l’activité rentable. Ce risque existe mais il faut le contrôler, grâce au tableau de bord notamment. Les promesses du plan de retour à l’équilibre conclu fin 2003 entre l’Etat et l’AP-HP pour résorber un report de charges cumulé, à l’époque de 230 millions d’euros, ont été tenues. De fait, en 2005, et pour la deuxième année consécutive, l’institution a clôturé son exercice sur un léger excédent, de près de 20 millions d’euros… > C’est un résultat exceptionnel car nous avons encore des postes vacants. Nous sommes à l’équilibre structurel depuis 2004. Nous avons aussi pu, à la fois par les cessions et par les excédents, absorber notre déficit. Nous débutons ainsi 2006 sans avoir de report de charges. Notre stratégie est simple : augmenter l’activité là où sont les besoins des patients en réallouant des moyens cliniques et, en même temps, faire des économies dans les supports et les plateaux médico-techniques. L’état prévisionnel des recettes et dépenses (EPRD) 2006 de l’AP-HP s’élevant à 5,8 milliards d’euros suscite la polémique. Certains craignent des suppressions d’emplois… > Notre EPRD correspond à un tableau des emplois à peu près stable. Des emplois nouveaux, surtout du personnel soignant, sont créés pour les plans d’action de santé publique ou d’actions prioritaires du plan stratégique 2005-2009. Mais il y a des suppressions de postes dans les services administratifs et supports où l’on peut, en réorganisant, apporter le même service avec moins de monde. Il n’y a aucune raison que cela ne se passe pas dans le public où il faut dégager des moyens pour financer ces priorités. ■ MAI 2006 _ PHARMACEUTIQUES hopitalt2a 27/04/06 11:33 Page 15 S p é c i a l h ô p i t a l 33 SOURCE : HCAAM contrat est un engagement de la part définissent des obmaladie, augmentent aussi. Du coup, de l’hôpital d’améliorer la gestion au jectifs quantifiés l’année suivante, on baisse les tarifs », sens large du médicament : dispend’activité pour chaexplique Gérard Vincent, délégué gésation, traçabilité, évaluation…», exque territoire de néral de la FHF. plique Jean-Olivier Arnaud. santé, qui seront en« Après, le problème est de savoir si suite déclinés par les hôpitaux ne facturent pas d’actes Missions de santé publique. Le Leem, établissement, au inutiles. Il faut donc monter parallèlepour sa part, a fait de l’actualisation de sein des contrats la liste T2A, un sujet majeur de ses rement un système de contrôle des ind’objectifs et de lations avec l’Etat : « lorsque l’autoridications médicales. Mais la logique, moyens. sation temporaire d’utilisation (ATU) c’est aussi payer mieux ceux qui tra« La tutelle va ainsi cesse et que l’AMM est octroyée, nous vaillent beaucoup et moins ceux qui affecter aux établisavons deux problèmes : la continuité travaillent moins. Personne ne peut sements des misdes soins du bénéficiaire d’ATU et la être contre ça. Le problème, c’est que sions de santé pul’activité médicale a tendance à se déperte de chance pour les patients non blique auxquelles ils velopper. Et, lorsque la bénéficiaires d’ATU et vont devoir réressource devient plus souhaitant accéder aux pondre que ça leur rare, cela crée des teninnovations. Car, après plaise ou non », affirme Stanislas JoStanislas Johanet, La course praticien hospitalier, sions avec la volonté la délivrance de l’AMM, hanet. Les Sros sont aussi opposables. membre du groupe à l’activité d’expansion et de déveil faut un certain temps Les établissements ne devront pas dé« projet hôpital 2007 » : « c’est au loppement », poursuit-il. pour que le médicapasser un certain volume d’activité rentable conseil exécutif de « Avec la T2A, les hôpiment puisse être inscrit sous peine d’être sanctionnés. Pour vérifier qu’un hôpital taux les plus dynamiques sur la liste T2A. Pendant Jean-Olivier Arnaud, « les objectifs ne segmente pas son activité en fonction doivent gagner », renchérit Francis ce temps, il est disponible mais il quantifiés permettront de limiter le de la rentabilité ». Fellinger. « Si on dit maintenant aux coûte trop cher. L’hôpital ne va donc caractère inflationniste de la T2A. hospitaliers : “ vous avez gagné un pepas l’acheter sur ses fonds et la caisse Mais aussi de fixer des parts de martit peu l’an dernier mais vous allez le ne pourra pas le rembourser ». ché entre les secteurs public et privé reperdre cette année parce que l’on a Autre écueil de la T2A : la course efpuisque ce sont des objectifs établis diminué les tarifs ”, ils vont être aux frénée à l’activité rentable et l’abanpour chaque établissement ». don des moins rentables. « C’est au abonnés absents. On ne peut pas réIls devront ainsi respecter des obconseil exécutif ou à l’ARH de vérifier former sans injecter au départ un injectifs quantifiés, mais encore faut-il qu’un hôpital ne segmente pas son vestissement », confie t-il. qu’ils en aient les moyens. La FHF et activité en fonction de la rentabilité les Conférences ont ainsi évalué cette Médicaments onéreux. Autre risque : mais plutôt en fonction des besoins année à 4,32 % l’augmentation minile manque de contrôle des dépenses de santé publique », note ainsi Stamum nécessaire des moyens par rapliées aux médicaments onéreux et innislas Johanet. C’est d’ailleurs l’objet port à 2005. « Or, nous n’avons obtenu novants1 pris en charge intégralement des schémas régionaux d’organisation qu’entre 1,5 et 2 % ! La progression (hors GHS) et faisant partie de la liste sanitaire (Sros) publiés le 31 mars derdes dépenses est en partie due aux déT2A. « Qu’inclut-on dans les GHS ? nier et qui doivent redessiner l’offre de cisions prises par les gouvernements Comment va évoluer la liste T2A ? soin pour les cinq années à venir. Ils en terme de salaires, de protocoles caImaginez deux molécules ayant la même cible thérapeutique, l’une pas FINANCEMENT DES SOINS HOSPITALIERS EN 2005 chère, l’autre chère. Si vous mettez la moins chère dans le GHS et l’autre Consultations Organismes complémentaires dans la liste T2A, pourquoi voudriezexternes et assurés vous que les hospitaliers utilisent la 2% moins chère, alors que la caisse va 5,4 % Molécules ainsi rembourser la plus chère à l’euro onéreuses, dispositifs près ? », s’interroge ainsi le Leem. De implantables et même, pour Jean-Olivier Arnaud, « il Le budget MCO (médecine, forfaits annuels chirurgie, onsttétrique) ne faudrait pas que la prescription 7,4 % des hôpitaux s’élevait en d’un médicament qui ne serait pas 2005 à 42,6 milliards d’euros, dont 78 % pour le dans la liste soit remplacée sans raison Migac secteur public. Ces médicale par un autre de la liste, pour dépenses représentent 10,2 % protéger les finances de l’hôpital. Il 63 % de la consommation médicale hospitalière. faut des listes stables et dont on L’assurance maladie a connaisse les critères ». Toutefois, les financé 94,6 % de ce budget, soit 40,2 milliards médicaments onéreux ne seront remd’euros. Le financement boursés à 100 % que si l’établissement fondé sur l’activité, y T2A compris les molécules respecte le contrat de bon usage qu’il 75 % onéreuses, représente plus passera désormais chaque année avec de 82 % des ressources. l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) et l’assurance maladie. « Ce MAI 2006 _ PHARMACEUTIQUES © PHANIE et donc, les dépenses de l’assurance- hopitalt2a 27/04/06 11:33 Page 17 tégoriels, de normes de sécurité (…) « des travaux sont en cours pour créer Aujourd’hui, je ne vois pas d’autres soune échelle de coûts commune, salutions que de réduire l’emploi. Cette chant que, conformément aux préannée, pour équilibrer le budget, c’est conisations du rapport, la converau moins 35 000 postes qu’il aurait gence ne pourra se faire que vers le fallu supprimer. Comparé aux 750 000 plus efficient », indique Jean Castex. emplois hospitaliers en France, ce Mais, est-il normal que pour traiter n’est pas négligeable ! Et l’an prochain, une même pathologie, un hôpital soit, c’est à nouveau la même chose, où vaaujourd’hui mieux payé qu’une clit-on comme ça ? », s’innique ? « Oui », selon les digne Gérard Vincent. Le hôpitaux publics, qui personnel représente en affirment ne pas effecComment effet 70 % du budget. Et récolter les fruits tuer les même activités cette année, les établisseque le privé : permadu plan hôpital nence des soins, prise ments doivent dégager 2007 ? 560 millions d’euros en charge de la précad’économie portant, serité, RTT, statuts plus lon le gouvernement, coûteux… Mais les cliprincipalement sur les achats. « Imniques, elles, revendiquent la converpossible, selon Gérard Vincent. Rien gence sur les activités comparables que la croissance du poste médica(appendicectomie par exemple). En ment (entre 10 et 20 %) anéantit par effet, « il n’y a aucune raison pour que un revers de manche toutes les écol’assurance maladie continue de nomies que l’on peut faire par payer à qualité égale un même acte ailleurs. » plus cher dans un établissement qu’un autre. La convergence mérite Loin de la réalité des coûts. Pour une adaptation mais elle doit être reFrancis Fellinger, « on ne peut pas cherchée à terme », confie Stanislas Jonous demander à la fois de faire avanhanet. En annonçant une évolution sicer le bateau tout en faisant des écomilaire des tarifs (moins 1 % en nomies, en étant obligé de payer les moyenne), le gouvernement aurait-il augmentations de salaires ». La revaenvisagé une pause dans la converlorisation du traitement des fonctiongence ? « Non », selon la FHF. « Nos naires en 2005 a coûté 100 millions premières études montrent qu’il y a d’euros. Le Parlement a fixé un calenune baisse des tarifs beaucoup plus drier ambitieux pour réduire les écarts forte pour les hôpitaux publics que de tarifs entre public et privé. La pour les cliniques. Le gouvernement convergence doit être achevée en fait, au final, de la convergence par le 2012 et réalisée à 50 % dès 2008. Or, un biais des tarifs », affirme Gérard Vinrapport de l’Igas juge « prématuré » un cent. Autre critique : « les tarifs ristel calendrier. Selon lui, les incertiquent d’être assez loin de la réalité des tudes sur les facteurs susceptibles coûts », note Jean-Olivier Arnaud. d’expliquer les écarts de tarifs (38 % en Pour que l’on puisse récolter pleinemoyenne) sont majeures. Toutefois, ment les fruits du plan hôpital 2007, DR S p é c i a l h ô p i t a l 35 des adaptations restent nécessaires et les interrogations sont nombreuses. Mais, comme l’affirme haut et fort Gérard Vincent, « l’hôpital n’est pas en crise. S’il l’était, il ne remplirait plus sa mission. Aujourd’hui, il subit comme tous les secteurs économiques et sociaux les turbulences du moment. Il se transforme, il évolue, il bouge », notamment par le biais des réformes actuelles. ■ HÉLIA HAKIMI (1) Depuis l’accord-cadre hospitalier du 30 mars 2004 signé entre le Leem et le CEPS, le prix des médicaments onéreux et innovants est fixé librement par les industriels. Le CEPS peut s’opposer à la décision s’il juge le prix disproportionné par rapport aux autres pays européens. Auparavant, le prix était négocié entre l’hôpital et les industriels et devait respecter le cadre des enveloppes budgétaires par classes thérapeutiques. (2) Voir pages 48-49. MAI 2006 _ PHARMACEUTIQUES