Je marche pour m`imprégner de la beauté du monde

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Je marche pour m`imprégner de la beauté du monde
10 | DIMANCHE 4 OCTOBRE 2015 | LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ
VOS LOISIRS
NOS IDÉES DE SORTIES
ALBERTVILLE | Axel Kahn sera le grand témoin du Grand Bivouac, du 15 au 18 octobre
« Je marche pour m’imprégner
de la beauté du monde »
ALBERTVILLE Mardi
au Dôme théâtre,
l’Ô vue par Thô Anothaï
Mardi 6 octobre, à 20 h 30, le Dôme théâtre accueillera
Thô Anothaï, chorégraphe annécien né au Laos. Depuis
2011, il réalise des spectacles en s’inspirant des éléments
naturels. Après “Nuage” en 2012, dans Ô, il s’intéresse à la
beauté de l’eau. Ce dialogue entre corps et Ô fera naître
souvenirs et images poignantes, résonnant avec le
changement climatique, la fuite des migrants, les
tsunamis… Photo Masahiko
> Durée : 50 minutes. À partir de 8 ans. Tarifs de 7 à 25 €.
HERMILLON 26e
édition du salon
du livre, les 10 et 11 octobre
Samedi et dimanche prochain, Hermillon, en Maurienne,
accueille la 26e édition de son salon du livre. Cette année,
45 auteurs seront présents, dont douze qui participeront
au prix Rosine Perrier, récompensant une œuvre de fiction
de langue française.
> Samedi de 10 à 18 heures, dimanche de 10 heures à 17 h 30,
à la salle polyvalente. Entrée et parkings gratuits. Programme
détaillé sur www.salon-du-livre.fr
Il a traversé la France
des Ardennes au Pays
Basque, puis de la
Bretagne à la Méditerranée. Deux livres sont nés
de ses 4000 kilomètres
à pied. Le généticien
et écrivain-voyageur sera
le grand témoin du Grand
Bivouac, du 15 au 18
octobre à Albertville.
Il raconte au Dauphiné
Libéré ce que la marche
lui a apporté depuis
des années qu’il met
le corps à l’unisson
de l’esprit.
«Quand je suis parti pour
la première fois, le 8 mai
2013, ma motivation prin­
cipale était la quête de la
beauté, qui m’enrichit et
m’inonde de joies immen­
ses. Je l’ai rencontrée et
j’en ai été extraordinaire­
ment ému. J’ai eu parfois
l’impression du sublime.
J’ai pleuré à chaudes lar­
mes tant cette beauté était
grande. J’ai eu l’impres­
sion dans ces moments­là
d’être profondément heu­
reux.»
«J’étais aussi totalement
libre, ce qui ne m’était ja­
mais arrivé auparavant.
J’ai été très tôt père de
famille, avant de diriger
des laboratoires, de prési­
der une université… Soit je
dépendais d’autrui, soit je
dépendais des responsabi­
lités que j’avais accepté
d’assumer. Quand je me
suis mis en route, je
n’avais plus aucune posi­
tion hiérarchique. Person­
ne ne dépendait plus de
moi. Cette sensation de li­
berté m’a aussi inondé de
bonheur.»
Ü Pas totalement libre.
Vous aviez programmé
des interviews, des
conférences, des rencontres.
«La plus belle des libertés
est de se fixer des objectifs
et de les atteindre. J’avais
accepté tous ces rendez­
vous pour partager ces ex­
périences et ces émotions
ressenties. Je cite souvent
ce proverbe gitan : “Tout
ce que l’on a qui n’est pas
partagé est perdu.”»
Ü Alors pourquoi partir
seul ?
«Si vous partez à plusieurs
et que vous êtes le plus
expérimenté, vous êtes en
situation de responsabili­
té. Je voulais être totale­
ment libre pour m’impré­
gner de la beauté de la
nature, du patrimoine et
des rencontres. Seul, vous
êtes beaucoup plus dispo­
nible pour les susciter.»
Ü Votre récit est aussi un
état des lieux de la France
que vous avez traversée.
Avez-vous été surpris ?
«En 2013, j’avais prévu
plusieurs étapes person­
nelles, liées à ma famille.
Mais je n’avais pas réalisé
que le parcours emprun­
tait ce que les économistes
appellent la diagonale du
vide, où rien ne reste de ce
qui a fait la prospérité de
ces régions. J’en étais per­
turbé dès mon départ. Sur­
tout que l’accueil n’était
pas toujours chaleureux.
Mais il y a eu aussi des
moments de générosité
magnifiques.»
«Dans la deuxième traver­
sée, j’ai rencontré des gens
vraiment optimistes, no­
tamment en Bretagne, en
Ardèche ou dans les Alpes
Il faut dire que le parcours
me faisait traverser des ré­
gions qui ont beaucoup
mieux résisté à la crise et
au chômage.»
« La marche
est une manière
très efficace
de retrouver
une pensée libre »
Ü En quoi la marche
nourrit-elle, stimule-t-elle
votre écriture ?
«Ce qui me passionne
dans la littérature est sa
capacité à éveiller l’émo­
tion ressentie uniquement
par les mots et la musicali­
té des phrases.»
«Et il n’y a pas de manière
L’INFO EN +
LES TEMPS FORTS
DU GRAND BIVOUAC
-Jeudi 15, 9 h 30 au 88bis :
projection intégrale de
Mafrouza (10 heures) dans
un bidonville d’Alexandrie.
- À 20 h 30 au Dôme :
concert d’ouverture avec la
chanteuse Elina Duni.
- Vendredi 14, 14h, Dôme
théâtre : Spécial Népal, le
retour de Katmandou. Film
de Guy Chaumereuil.
À 20 h 30, Dôme théâtre :
“Les semeuses de joie”, de
Caroline Riegel.
À 20 h 30, salle de Maistre :
Climat, le grand défi de
l’humanité.
-Samedi 17, 20 h 30, Dôme
théâtre : soirée “Les beaux
matins du monde” au
Groenland.
-Expositions, apéros, salon
du voyage, salon du livre et
marché artisanal pendant
les quatre jours.
Tous les renseignements
sur grandbivouac.com
“Je voulais être totalement libre pour m’imprégner de la beauté de la nature, du patrimoine et des rencontres.
Seul, vous êtes beaucoup plus disponible pour les susciter.” DR
plus efficace pour penser
que de marcher. On le sait
depuis des siècles. Mon­
taigne ne connaissait pas
de pensée intéressante qui
soit assise.»
Ü Est-ce une manière de
résister à la sollicitation
permanente des outils de
communication (portable,
mails, réseaux sociaux…)
qui produit une dispersion
des idées ?
«C’est un vrai sujet de ré­
flexion, auquel je consacre
un chapitre dans mon pro­
chain livre. Nous sommes
en permanence bombar­
dés d’informations. La
puissance des machines à
penser, les performances
incroyables et vexantes
des big data font que nous
avons de moins en moins
de temps pour penser par
nous­mêmes et non en
réaction à ce que nous en­
tendons et lisons.»
«La marche est une maniè­
re très efficace d’y résister
et de retrouver une pensée
libre.»
Ü Vos deux livres sont-ils
aussi une invitation à
prendre la route, quel que
soit son âge ?
«Oui, c’était un des objec­
tifs. Les réactions en té­
moignent. J’ai 71 ans mais
j’ai marché toute ma vie.
Je viens de traverser les
Hautes­Alpes et j’arrive
encore à monter à 500­600
mètres à l’heure. »
«Mais on peut se sentir
heureux en marchant
quelques kilomètres à la
découverte de beaux pay­
sages.»
Propos recueillis
par Jacques LELEU
Deux livres, un blog,
et des rencontres
A
xel Kahn a publié l’an
dernier “Pensées en
chemin” (Stock) dans le­
quel il raconte sa traver­
sée des Ardennes au Pays
Basque.
Au printemps est sorti
“Entre deux mers, voyage
au bout de soi” (Stock),
retraçant son périple de la
Bretagne à la Méditerra­
née. Il tient un blog sur
www.axelkahn.fr.
Rendez-vous avec
lui vendredi 16 à 11 h,
au 88 bis pour un apérorencontre, à 14 h sous
chapiteau. Samedi 17
à 13 h 30 au Dôme,
il sera le grand témoin
du Grand Bivouac.

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