Un généraliste parisien dénonce le dévoiement de la démarche

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Un généraliste parisien dénonce le dévoiement de la démarche
16 juin 2016
LE QUOTIDIEN DU MEDECIN
Le brûlot d'un farouche opposant à la ROSP
Un généraliste parisien dénonce le dévoiement de la
démarche qualité
Christophe Gattuso
| 16.06.2016
Dans « Qualité, mon Q », le Dr Dominique Dupagne dénonce la « toxicité » de la
rémunération à la performance considérée comme une arme de domination de la CNAM.
La rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) est dans son viseur depuis ses origines.
Dans un court ouvrage, le Dr Dominique Dupagne, agitateur d'idées et médecin influent sur les
réseaux sociaux, condamne la dictature de la qualité dans le monde de l'entreprise, mais aussi
depuis quelques années dans la sphère sanitaire.
Cette démarche qui a d'abord consisté, au début des années 1990, à accréditer les cliniques et les
hôpitaux, puis à évaluer les pratiques professionnelles (EPP) des médecins libéraux, aurait perdu
tout son sens dès lors qu'elle a été utilisée comme un « outil normatif et sclérosant », affirme le
généraliste parisien.
Pire, la démarche qualité n'aurait pour autre finalité, selon le Dr Dupagne, que d'assujettir les
médecins. « C'est un merveilleux outil de domination, permettant à des contrôleurs dépourvus de
compétences techniques d'exercer leur autorité sur des employés qualifiés et expérimentés »,
argumente le médecin autoproclamé « essayiste et expert en e-santé ». Le Dr Dupagne regrette
que l'approche originelle ait été abandonnée au prétexte qu'elle était trop onéreuse. « La démarche
qualité peut conduire au meilleur comme au pire ; dévoyée, elle peut devenir toxique », assure-t-il.
Indicateurs fragiles
Dominique Dupagne estime que l'assurance-maladie a même réussi une prouesse
en« réintroduisant le taylorisme dans le système de santé français » avec le contrat d'amélioration
des pratiques individuelles (CAPI) puis la fameuse ROSP.
La prime sur objectifs qui est calculée chaque année par la CNAM selon les résultats obtenus par
le médecin sur des indicateurs chiffrés (taux de génériques, suivi de maladies chroniques,
dépistage, vaccination…) « désespère ceux qui font du bon travail », affirme le généraliste.
Ce système assurerait au contraire « la fortune des escrocs tant les indicateurs sont faciles à
manipuler ». Il cite l'exemple d'un médecin qui récoltait les bons de vaccination en pharmacie, les
conservait au cabinet, vaccinait les patients volontaires et jetait à la poubelle les produits inutilisés.
Or l'assurance-maladie établit la réalité de la vaccination à partir du seul retrait du vaccin en
pharmacie.
Dénonçant « l'effet nul sur la qualité mais coûteux » des systèmes de rémunération à la
performance, le médecin appelle ses confrères à « résister » à la « domination déguisée
en démarche qualité ». Il souhaite également faire bouger les lignes du côté de la
CNAM. Dominique Dupagne a adressé un exemplaire de son ouvrage au directeur de l'assurance-
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16 juin 2016
LE QUOTIDIEN DU MEDECIN
maladie, qui va négocier ce jeudi les pistes pour... aménager la ROSP dans la future convention
médicale.
« Qualité, mon Q ! », éditeur Books on demand, 122 pages, 7,50 euros
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